Chrétien a écrit :Et pour vous personnellement, c'est quoi un forum ?
Question intéressante... Allez je me mouille, qui ne tente rien n'a rien et puis de toutes façons, je risque rien planqué derrière mon écran
Et pour toi personnellement, c'est quoi un forum?
Ouais, je sais, elle était facile celle-là
Alors pour moi un forum, c'est l'occasion de 'jouer'. J'aime bien les débats, c'est stratégique, et la stratégie, j'aime ça aussi. Lorsqu'on parvient à correctement se conformer au minimum dans le processus d'échange, on s'aperçoit qu'un débat, c'est un peu le jeu de la séduction. On ne cherche pas véritablement à imposer son point de vue mais on cherche avant tout à 'séduire', à conquérir par la séduction, non pas pour dominer ensuite mais pour tenter d'amener l'autre à une forme de compréhension supérieure en l'incitant à toujours repousser les limites qu'il possède et qui l'empêche parfois d'améliorer ou d'élargir sa faculté de compréhension, de raisonner, de réflexion en générale et, surtout, ce qui me semble particulièrement vitale, d'enrichir une connaissance réaliste de lui-même tout en contribuant à faire de même avec soi-même. Un échange, c'est pas unilatéral.
Pour moi, un débat bien orchestré conduit invariablement tous les protagonistes à se remettre en question de façon saine et objective. Il suffit parfois d'un rien pour déclencher, au travers une vulgaire compréhension du point de vue de l'autre, un incroyable processus intérieur, une sorte de 'révélation' ou 'd'illumination' sur tout un tas de sujets qu'on avait laissé en plan ou même pas imaginé. Par exemple, je me souviens d'un très vieil échange particulier avec un membre sur un forum de jeu vidéo. Je ne sais plus comment on en était arrivé là mais on s'est retrouvé à débattre sur la notion de pragmatisme de l'éditeur. De mon point de vue, j'ai toujours considéré le pragmatisme comme étant l'apanage du cérébral, quelque chose de froid, d'impersonnel et lui de me dire 'non pas du tout' puis d'enchaîner derrière avec un procédé subtil destiné avant tout à me faire 'voir' son point de vue sur la question sans vraiment chercher ouvertement à me l'imposer. Il est parvenu, non sans mal tout de même, à m'obliger à revoir le mien sans m'y inviter formellement ou m'y contraindre.
Simplement avec du vrai pragmatisme, c'est-à-dire, le juste milieu entre l'irrationnel cérébral et l'irrationnel émotionnel
Il ne l'a jamais su mais ce banal débat autour d'un simple jeu a eu d'incroyables conséquences existentielles étant donné que, parmi tous mes hobbies, il se trouve aussi celui relatif au développement personnel.
Voilà ce que j'appelle un débat bien orchestré - là où d'autres parleraient de manipulation malsaine - même si, du fait de mon tempérament impulsif et franc, il y eut parfois des dérapages pas très glorieux
Depuis, j'essaie de me caler sur ce même but, ce même objectif parce qu'en réalité, ce qui m'intéresse, c'est l'amélioration de l'existence de la personne avec qui je parle. D'une certaine façon - puisque quoiqu'il arrive, je vais me mettre complètement à la place de l'autre - je me 'fiche' de ses problèmes, je me 'fiche' de son vécu, je me 'fiche' de son avis, de son opinion, de son ressenti ou de ses idées, la seule chose qui m'intéresse vraiment c'est qu'elle parvienne à surmonter tout ça pour continuer d'avancer et non pas tourner en rond dans ses propres conceptions parfois erronées d'elle-même. Toujours faire évoluer un concept intellectuel, religieux ou philosophique, le 'massacrer' jusqu'à ce que plus rien, hormis Dieu, un surhomme ou une intelligence artificielle, ne puisse le renverser parce que personne n'aime nager longtemps dans l'incertitude ou la crainte de s'engager dans une voie, qui s’avérerait bêtement désastreuse, par manque de compréhension ou d'analyse approfondie. Tout le monde cherche la meilleure façon de trouver un sens à son existence, à améliorer un individualisme nécessaire mais qui fait peur à cause de la tentation très grande de tomber dans l'égoïsme car le monde qui nous entoure passe son temps à nous demander de penser à lui sans se préoccuper de savoir s'il nous laisse du temps pour penser à nous-même. Parfois, à l'entendre, on jurerait que ça nous est interdit.
Et puis, pour moi, un forum, c'est aussi un vrai laboratoire dans lequel on peut faire toutes sortes 'd'expérimentations' sans jamais manquer de 'cobayes' et juste pour le prix d'une connexion internet
C'est aussi l'occasion d'améliorer et d'enrichir plein de choses. Sa grammaire, sa syntaxe, son vocabulaire, son orthographe mais aussi la structure et la composition d'un texte, la transformation d'un pavé pompeux en un pavé fluide, cohérent au mieux et agréable à lire, ses argumentaires, sa maîtrise de soi (ben oui, on est obligé d'attendre gentiment que l'interlocuteur, s'il est connecté, nous lise, réfléchisse et écrive sa réponse). Mine de rien, socialement, dans les échanges verbaux avec les autres, ça à un impact significatif et on s'en rend même pas compte. Suffit de regarder la génération Facebook ou Youtube par exemple, pour se rendre compte qu'IRL, elle s'exprime comme sur ce genre de support, c'est-à-dire sans retenu ni rien et comme un boucher enragé qui aurait oublié qu'il y avait une limite à la liberté d'expression et que cette limite s'appelle 'lois morales de politesse et de savoir-vivre intrinsèques au respect minimum d'autrui'
Cela dit, étant donné la diversité de notre espèce, parvenir à faire ce qui précède à tous les coups... c'est comme vouloir faire le tour du monde à bicyclette ou escalader l’Himalaya en slip-chaussettes. C'est pas impossible mais c'est très éprouvant et régulièrement suicidaire pour les nerfs.