Quelques réflexions sur le texte de l'Apocalypse
- Stephan H
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Quelques réflexions sur le texte de l'Apocalypse
Ecrit le 08 juin15, 08:11De tous les textes chrétiens qui ont fasciné, l’Apocalypse de Jean fut certainement le plus important. Ce texte fascina, car il annonçait l’avenir, la fin des temps. Pourtant le Discours eschatologique contenu dans les synoptiques est très intéressant, et quasi personne ne sait qu’il existe. C’est vrai que sa répartition sur trois évangiles ne rend pas sa lecture aisée. Nous l’avons reconstitué et annoté dans La Vie de Bannous. Mais revenons à l’Apocalypse. L’essénisme du texte ne fait pas de doute, mais une édition annotée serait trop longue dans le cadre de cet ouvrage, nous préparerons une édition bilingue annotée dans les années qui suivent. Mais ici, nos lecteurs devront se contenter d’éclaircissements.
Une première remarque, ce texte à cause de ces passages antiromains fut repoussé avec horreur par de nombreux chrétiens, il faudra toute la volonté des pères de l’Église pour l’imposer, et ce sera difficile. Si nous ne le voyons pas, les critiques voire satires de l’Empire Romain étaient très facilement comprises par les Romains de l’an 150 ; notre méconnaissance de l’Empire Romain et des guerres juives, nous fait donner à ce texte des sens qu’il n’a pas. De plus l’utilisation d’un vocabulaire messianique essénisant proche de celui utilisé par les chrétiens a fait illusion. La mention du Christ dans ce texte ne doit pas tromper, le Christ c’est le Messie, voire Dieu Lui-même, voire le dieu intérieur, mais pas forcément Jésus. Et dans le cas du présent texte, ce n’est pas Jésus, du moins excepté quelques interpolations.
Certains textes annoncent l’avenir, comme le Discours eschatologique des synoptiques, mais l’avenir n’est qu’une partie de l’Apocalypse qui comporte beaucoup d’allusions à la Première Guerre juive et aux familles royales judéennes que nous allons tenter de décrypter.
Nous avons dit que sa tendance n’est pas chrétienne. En fait ce texte est un texte nazaréen. Les Nazaréens sont des esséniens, en général non-juifs, et ils émergèrent à l’époque et vraisemblablement sous l’influence de Jean le Baptiste. Lorsque Flavius Josèphe se rendit à Vespasien, il travailla à établir à Rome un essénisme désicarisé et romano-compatible, et tenta alors de convaincre ses anciens compagnons à le rejoindre dans une révision complète de l’essénisme en tant que mouvement spirituel. L’ouvrage le plus abouti de cette tendance pacifique de l’essénisme se trouve dans les belles pages du Pasteur d’Hermas dont nous parlerons plus longuement un peu plus loin et que nous éditerons et commenterons dans le Volume II.
L’entreprise de Flavius Josèphe ne suscita pas que des compliments parmi les esséniens. Les esséniens juifs continuèrent de prendre les armes en différentes parties de l’Empire Romain, nombreuses révoltes en Égypte et en Cyrénaïque dans les années 70 et 80. Les Nazaréens, ces convertis ne restèrent pas inactifs, dans les années 110 Dieu leur suscita un nouveau prophète qui est passé dans l’histoire sous le nom d’Elkasaï ou de Alkasaï. Notons que ce mystérieux Elkasaï dont le nom pourrait signifier « Force Cachée » et provenir ainsi de l’hébreu ou de l’araméen hèl ou ‘èl_kasayâ (אל־כסיא ou הל־כסיא). Une encyclopédie qui décrit et réfute les hérésies et qui date du IIIe siècle, l’Elenchos parle d’un propagandiste de l’elkasaïsme appelé Alcibiade qu’il situe au début du IIIe siècle, mais peut-être faut-il voir dans ces passages Elkasaï lui-même et transformer le nom d’Alcibiade en Alcée, en effet Alcée se dit en grec Alkaios (Ἀλκαῖος) et est proche phonétiquement d’’èl_kasayâ. Il fut bien plus tard accusé d’être gnostique, magicien, etc. Ce qui n’est pas impossible, il y a certaines composantes planétaires dans l’Apocalypse, comme d’ailleurs dans l’essénisme. Même si nous approfondirons ces choses plus bas, nous devons quand même toucher quelques mots de l’hermétisme juif ou Gnose sethienne. Nous soupçonnons que sous l’influence de Flavius Josèphe, les esséniens alexandrins que l’on appelle les Thérapeutes se rapprochèrent de l’école hermétique juive. Le fondateur de cette école nous est inconnu, mais nous suspectons qu’il se soit appelé Jésus, Jésus d’Alexandrie. Ce nom pourrait expliquer certaines références à Jésus dans les textes gnostiques qui en font un alexandrin plutôt qu’un Judéen, mais aussi les importantes traces d’hermétisme au sein des épîtres pauliennes, point que nous développerons ailleurs. Parmi les disciples de Jésus mentionnés dans les évangiles, on trouve un certain Nathana’èl. Or, un important responsable de l’hermétisme dans le dernier quart du Ier siècle s’appelle Dosithée. Dosithée signifie « don de Dieu » en grec et Nathana’èl signifie « don de Dieu » en hébreu, peut-être est-ce plus qu’un simple hasard. Ce Dosithée fut le maître de Simon le Magicien, aussi appelé Simon de Samarie. Les rares enseignements de Dosithée qui nous sont parvenus le rapprochent de l’hermétisme et de la Gnose sethienne, citons La Révélation par Dosithée des Trois stèles de Seth, Père de la génération inébranlable qui fut retrouvée à Nag Hammadi. Nous pouvons donc imaginer que la convergence entre l’hermétisme et l’essénisme qui donna naissance au christianisme a probablement aussi existé chez les nazaréens ou elkasaïtes ou disciple d’’èl_kasayâ, qui pratiquent le baptême comme l’avait enseigné Jean le Baptiste. Les elqasaïtes entrèrent en révolte contre Rome lors de la guerre de Kitos en 115–118, que l’on appelle aussi la « révolte des exilés ». Elle éclatera dans l’Empire Romain, pendant les campagnes romaines contre les Parthes qui immobilisèrent de nombreuses légions pour des résultats assez faibles. Cette révolte ne semble pas avoir convaincu les Judéens et les Galiléens qui restèrent relativement calmes. Cyrène, Alexandrie et Chypre, mais aussi la province romaine de Mésopotamie entrent en révolte, pour être précis : les Juifs se révoltent, tout l’Orient romain s’embrase. Grecs et Romains sont massacrés, la situation devient telle que l’empereur Trajan nomme un légat consulaire, Lusius Quietus. L’arrivée des Légions entraînera une répression impitoyable, et l’expulsion d’une grande partie de ce qui subsistait des communautés juives vers la Judée et la Galilée. Cette révolte peu connue est celle qui, plus encore que la Première Guerre juive, provoquera la scission entre les Juifs et les Judaïsants, qui bientôt vont réviser le Judaïsme et se donner un nouveau nom : chrétiens. Les légions romaines comme nous le disions vont reprendre le dessus. Mais nous n’en sommes pas encore là. Vers 100, Elqasaï instituera un baptême du pardon de péchés et rénovera le baptisme. Il obtiendra de nombreuses conversions et comme nous disions, tous ces convertis participeront aux côtés des Juifs à la révolte de 115–118. Leurs origines romaines, grecques ou arméniennes ne les épargneront pas, ils seront exterminés avec leurs frères juifs. En 118, le calme semble être revenu, Elkasaï a probablement été tué par les Romains et ses disciples se réfugient à Petra. Les elkasaïtes ont une double postérité : les mandéens et l’islam. Les mandéens sont les derniers baptistes d’Irak, aujourd’hui livrés à l’extermination des sinistres bourreaux de l’État Islamique. L’Islam tient le djihad ou « guerre sainte » en haute estime, c’est un legs de l’essénisme ; les elkasaïtes avaient juré de délivrer Jérusalem afin que le Temple puisse être reconstruit ou de mourir. L’Islam tient aussi en haute estime les ablutions, comme les elkasaïtes, il y a d’autres similitudes, mais nous ne pourrons pas les énumérer toutes. Ce point d’histoire permet de comprendre la folie qui prend les gens quand une doctrine spirituelle est décontextualisée. Alors que les elkasaïtes avaient juré de restaurer le culte sacrificiel, aujourd’hui l’Islam tente d’empêcher que le Temple soit rebâti alors que leurs prédécesseurs s’y étaient engagés, et maintenant ils croient qu’ils sont les héritiers de Jérusalem et croient que leur Mosquée est le nouveau Temple de Dieu, comme si Dieu changeait d’avis.
Mais en voici assez, revenons à l’Apocalypse qui après tout contient peut-être des fragments des enseignements d’Elkasaï, ainsi que des restes d’enseignements nazaréens. Après un Prologue (1, 1–3), nous avons l’Adresse aux Sept Églises d’Asie (1, 4–8) et la mention des Sept Esprits présents devant le Trône. Ces esprits sont à la fois sept hiérarques angéliques, mentionnés dans Le Livre d’Henoch (20, 1–8), savoir Ouriel, Raphael, Ragouel, Michel, Sariel, Gabriel et Remiel, qui décrit leurs fonctions. Ces sept souffles sont les sept planètes qui déterminent l’existence humaine. Nous arrivons à la Vision préparatoire (1, 9–20) dans laquelle le visionnaire contemple le « Vivant » qui, juste avant, lui a ordonné de transcrire ces visions dans un livre et de l’envoyer aux Églises d’Éphèse (Ouest de la Turquie, face à la Méditerranée), de Smyrne (idem), de Pergame (ibidem), de Thyatire (idem, mais plus à l’intérieur de terres), de Sardes (idem, même remarque), de Philadelphie (idem, même remarque, on suppose que ce n’est pas la Philadelphie en Jordanie, actuelle Amman) et de Laodicée (probablement l’actuelle Denizli, aussi en Turquie, en direction de la Méditerranée, mais très à l’intérieur des terres ; signalons plusieurs villes du même nom au nord de la Turquie ou en Syrie, actuelle Lataquié, nous conservons l’attribution traditionnelle.) Rappelons que Jean affirme se trouver dans l’île de Patmos, c’est-à-dire face à toutes ces villes et utilisée par les Romains comme prison à ciel ouvert. Et donc vient le Vivant qui a été mort et qui maintenant est vivant pour des siècles. Tout ce symbolisme est assez clair, le « Vivant » qui était mort, c’est la partie divine qui réside en l’homme et qui est meurtrie lors de la naissance, c’est pour cela que Jean est à Patmos, île où on déporte des prisonniers.
Dans les chapitres II et III, le Vivant va ordonner à Jean d’écrire aux anges des églises des sept villes susmentionnées, avouons que ce serait plus facile si le Vivant s’adressait directement aux anges. Il est dommage que les adresses postales des anges n’aient pas été conservées. Nous sommes pour les sept villes en plein symbolisme planétaire, même s’il est parfois difficile à comprendre : Éphèse (2, 1–7) correspond à Saturne (« la constance ne te manque » et combattre les faux apôtres, qualité saturnienne de persévérance et de lutte contre le mensonge), Smyrne (2, 8–11) à Jupiter (« Je connais tes épreuves et ton indigence, tu es riche pourtant », la richesse est une qualité jovienne), Pergame (2, 12–17) à Mars (le vivant dit posséder l’épée à double tranchant, trône de Satan, Mars en suscitant des querelles et des guerres possède l’action destructrice du diable), Thyatire (2, 18–29) au soleil (« je lui donnerai pouvoir sur les nations », comme le soleil contrôle les autres planètes), Sardes (3, 1–6) à Vénus (« ranime ce qui te reste de vie défaillante », allusion à l’usure provoquée par les plaisirs vénusiens), Philadelphie (3, 7–13) à Mercure (« Je forcerai ceux de la synagogue de Satan, ils usurpent la qualité de Juifs, les menteurs », défauts mercuriens) et Laodicée (3, 14–22) à la Lune (« Je connais ta conduite : tu n’es ni chaud ni froid », l’influx lunaire est souvent difficile à définir, ni chaud ni froid). Notons enfin qu’à chaque fois on énonce des qualités du Vivant et des conseils qu’il donne. Les critiques des villes pourraient aussi viser les Juifs de ces communautés qui n’osèrent pas rejoindre les autres Juifs lors de la grande révolte en 66 ; mais ce n’est qu’une supposition parmi d’autres. Quelques passages ont des aspects politiques évidents, mais, faute de documents, nous ne sommes plus à même de les comprendre, ni de deviner les personnages exactement visés. Nous sommes à peine renseignés sur les métropoles, alors ce qui a pu se passer, qui plus est, au sein de groupes minoritaires, comme le sont les Juifs dans les villes grecques de Turquie, nous échappe complètement.
Le Chapitre V parle des vingt-quatre vieillards, il s’agit d’une référence aux vingt-quatre anges protégeant les vingt-quatre familles sacerdotales qui officient chacune deux semaines par an au Temple de Jérusalem. Nous avouons ne pas très bien comprendre le rapport avec les chapitres précédents, mais ce texte est très composite, il aurait été plus logique de trouver 12 et 72 vieillards pour conserver le symbolisme zodiacal. Notons enfin la mention des quatre vivants repris d’Ézéchiel qui semblent correspondre aux quatre éléments assujettis au Vivant primordial.
Le Chapitre VI commence par décrire un livre roulé, la mention qu’il est écrit au recto et au verso signifie que ce livre est le livre du jugement qui élira les uns et condamnera les autres. Cette précision peut paraître étrange, mais on doit savoir que les rouleaux dans l’Antiquité n’étaient écrits que sur une seule face, excepté les rouleaux des copistes qui étaient écrits sur les deux faces. Notons l’importante allusion à Isaïe 29, 10–12 :
Soyez saisis de surprise et de stupeur ! Soyez fascinés et éblouis, vous qui êtes ivres et non de vin, vous qui titubez, mais non par excès de boisson ! Car l’Éternel a répandu sur vous un esprit de torpeur, il a fermé vos yeux les prophètes et voilé vos têtes les voyants. Aussi la révélation de tous ces événements est-elle pour vous comme les mots de ce livre scellé, qu’on présente à un homme lettré en lui disant : « Lis donc ceci ! » Et lui de répondre : « Je ne puis, car le livre est scellé. » Et si on présente le livre à un homme illettré en lui disant : « Lis donc ceci ! » Il répond : « Je ne sais pas lire. »
Ce passage, que certains ignorants voient comme une annonce de Mohamet, « prophète illettré », prouve qu’ils ne comprennent pas grand-chose. Ce passage se réfère à la connaissance spirituelle que procure l’Esprit Saint, autant qu’à la nécessité de s’instruire. En effet, pour accéder à la compréhension des textes révélés, il faut savoir lire et écrire, ce qui exclut les illettrés ; mais la connaissance des lettres n’est pas suffisante pour comprendre de tels textes, il faut aussi quelque chose d’autre, ce que le texte ne mentionnera pas d’ailleurs ou très indirectement dans la suite, mais qui est connu par d’autres sources, c’est l’Esprit Saint qui donne la compréhension spirituelle des textes. Mais le livre dont il est question ici est principalement Le Livre de Vie ou Livre du Jugement où est écrit le nom des élus (recto) et le nom des réprouvés (verso).
Notons le retour aux qualités positives des planètes au verset 12 : « Digne est l’agneau égorgé de recevoir la puissance (Saturne), la richesse (Jupiter), la force (Mars), la sagesse (le soleil), l’honneur (Venus), la louange (Mercure) et la gloire (Lune).
Au chapitre VI, nous lisons les effets de l’ouverture de six premiers sceaux. Symbolisme planétaire à nouveau, mais assez confus.
Le chapitre VII est un interlude pour affirmer que les élus seront préservés, à savoir douze mille de chaque tribu. À notre sens le texte a interpolé des textes d’origines diverses, puisqu’après avoir limité le salut à 144 000 israélites, 12 000 par tribu, le texte enchaîne en parlant d’« une foule immense, impossible à dénombrer, de toute nation, race, peuple et langue ». Cette foule sont ceux qui ont passé l’épreuve du vent brûlant, c’est-à-dire la destruction irrévocable de l’ego.
Au chapitre VIII, le septième sceau est ouvert, et alors arrivent sept anges avec chacun une trompette, les six premiers anges y soufflent l’un après l’autre et les catastrophes s’amoncellent sur terre. Normalement, la terre devrait être complètement détruite dès les quatre premiers anges, le tiers de la terre est consumé, le tiers de la mer devient du sang, etc. Nous commençons maintenant le Chapitre IX. Malgré tout cela il reste des survivants, et à la cinquième trompette des scorpions et des sauterelles frappent les hommes, tous ces passages comportent des réminiscences de Joël. À la sixième trompette, les quatre cavaliers de l’Apocalypse sont libérés. Notons que la conclusion de tous ces fléaux, c’est que les hommes persévèrent dans l’obstination de leur cœur. Tout cela fait allusion à ce que quelques très rares hommes expérimentent parfois dans leur vie terrestre, à savoir la destruction de l’ego. La plupart des prophéties viennent de là, elles supposent que cette destruction de l’ego que quelques hommes ont accepté volontairement va un jour toucher l’humanité entière, et qu’alors nous assisterons à un carnage aussi terrible que si un dentiste nous arrachait sans anesthésie toutes nos dents, et sans le moindre égard pour notre souffrance.
Nouvel interlude au chapitre X, qui rappelle l’imminence du châtiment final, sept tonnerres se manifestent, sans qu’on voie trop le rapport avec ce qui précède. Jean voit un ange avec un petit livre, qu’il avale, le livre est doux dans sa bouche, mais il remplit ses entrailles d’amertume. Cela se rapporte à l’Esprit qui entre en l’homme et qui est aussi un purgatif, c’est-à-dire qu’il purge le mal en l’homme avec violence.
Le chapitre XI commence par parler des deux témoins. Ces deux témoins seraient d’après Israël Knohl à mettre en rapport avec l’Oracle d’Hystaspe, une courte apocalypse qui prédisait la fin de l’Empire Romain et dont la possession entraînait la mise à mort. Il situe l’apparition de ces deux témoins à l’époque de la mort du roi Hérode le Grand, mort qui aurait été le prélude à une insurrection messianique menée par Menahem l’Essénien et un autre personnage qu’Israël Knohl n’identifie pas, mais qui pourrait être le grand-prêtre Mathathias ben Theophilios l’Ancien. Cette insurrection n’est pas abordée par Flavius Josèphe excepté en termes peu explicites, ce qui est normal : l’insurrection fut menée par les esséniens (nous reparlerons plus loin des rapports entre les esséniens et Flavius Josèphe) et par le grand-prêtre Mathathias ben Theophilios qui a de fortes chances d’être l’arrière-grand-père de Flavius Josèphe, ce qui permet d’expliquer son silence sur ces événements. Toutes ses œuvres visent à convaincre que tant les esséniens que sa famille furent des Juifs pacifiques et sympathisants avec Rome, excepté quelques détails dont il se garde bien de parler. Si l’exécution de Menahem est quasi certaine, celle de Mathathias l’est moins. Nous pensons que l’auteur du passage savait parfaitement la responsabilité de sa famille dans cette insurrection et l’en félicite. Notons que les témoins ressusciteront après 3 jours et demi, ce qui se rapporte aux prophéties de Daniel, mais ici plus particulièrement aux insurrections sicaires que commenceront en 5, lors du recensement de la nouvelle préfecture de Judée, Judas le Galiléen et Sadoq. L’abîme qui engloutit les témoins semble un nom pour la puissance romaine qui engloutit des nations entières. Notons encore la mention d’un tremblement de terre, mais celui-ci semble avoir eu lieu en –31, donc des années avant ces événements.
Le chapitre XI se termine avec l’ange de la septième trompette qui au lieu d’un malheur annonce la venue du Christ.
On ne saisit pas trop le rapport de ce qui précède avec le chapitre XII. Notons que tous les chapitres qui suivent contiennent de violentes diatribes antiromaines, c’est la raison qui poussait de nombreux chrétiens à rejeter l’Apocalypse, en général ils servaient avec ferveur l’Empire romain et ne comprenaient rien à la volonté des Juifs de se révolter contre l’autorité bienfaisante de l’Empire. Précisons que cette autorité était bienfaisante quand les pays conquis payaient le tribut avec empressement afin que la population romaine ait du temps pour s’amuser en regardant les jeux du cirque. Toutes les distractions qu’inventaient les empereurs romains n’avaient d’autre but que de s’attacher le peuple de Rome ; et donc ils pressurisaient tellement les provinces romaines qu’elles entraient en rébellion. Presque toutes les provinces de l’Empire se révoltèrent, néanmoins celles en Judée étaient récurrentes, violentes, difficiles à contenir et longues. En général, les légions massacraient quelques centaines d’autochtones et les choses se calmaient ; en Judée ce fut très très différent.
Ce chapitre autant que les suivants combine des sources multiples et de tendances différentes, c’est ainsi que certains passages combinent des aspects spirituels et que d’autres combinent des aspects politiques et révolutionnaires. Ce que peut représenter un dragon dans un verset et ce qu’il représente dans un autre verset n’a pas forcément la même signification. Tout cela rend le texte effroyablement complexe, par exemple le dragon qui surgit dans le chapitre XII est identique à celui qui surgit dans le chapitre XIII, pourtant les narrations sont totalement différentes et les deux parties n’ont guère de rapports entre elles ; le texte devient alors très vite incompréhensible et c’est ce qui arrive quand des amateurs amalgament des textes aux origines diverses.
Le chapitre XII a un sens spirituel, la femme enceinte représente les puissances spirituelles et l’enfant dont elle accouche, ces mêmes puissances lorsqu’elles se manifestent dans la réalité des adeptes afin qu’il soit guidé ; le dragon, entendez l’ego, tente de le détruire afin que l’adepte reste prisonnier du prince de la puissance de l’air. Le combat entre ces forces opposées fait rage dans l’esprit de l’adepte, mais le triomphe final est assuré ; notons le thème du mépris de sa propre vie, c’est-à-dire l’abandon volontaire de l’ego. Nous développerons encore un autre sens, mais plus bas, parce que d’autres choses sont à expliquer avant.
Le chapitre XIII est nettement plus politique. Notons aussi les confusions entre le Dragon et les Bêtes. Le sens est assez transparent, le dragon blessé, c’est l’Empire Romain sous la domination de Néron, mis à mal par ses réformes du système fiscal et par l’augmentation généralisée des taxes afin de maintenir le train de vie des Romains. La première bête n’est pas compliquée à identifier, c’est Vespasien qui devint empereur et qui réorganisa l’Empire romain et qui renforça partout la domination impériale. Apparaît alors une seconde Bête dont le nombre est 666. Cette Bête est vraisemblablement le roi Hérode Agrippa II qui permit à Vespasien d’étendre sa domination sur toute la Judée. On sait que le nom Hérode s’écrit d’une multitude de façons, parmi celle-ci hôrôdôs (hébreu סודורוה), et on sait qu’en hébreu chaque lettre a une valeur ; le vav (hébreu ו), qui peut se prononcer « v », « ô » ou « û » vaut 6. Autrement dit, il y a eu une erreur le nombre de la Bête n’est pas 666 (six cent soixante-six), mais 6 6 6 (six six six). Revenons au nom d’Hérode Agrippa II. Quand les Juifs voyaient son nom, ils le lisaient Hôrôdôs, mais ils le voyaient comme h6r6d6s. De plus, ce roi fit frapper des pièces avec son effigie ou les effigies de l’empereur après la Première Guerre Judéo-Romaine, ce qui ne s’était jamais vu en Judée, c’est ce que le texte appelle « être marqué au nom de la Bête ou au chiffre de son nom ». Chaque juif devant utiliser des monnaies à effigies.
Le chapitre XIV est composé d’au moins trois parties. La première (14, 1–5) fait suite au Chapitre VII, partie I (celle des 144 000 élus) et la seconde (14, 6–13) fait suite à la partie II du même chapitre (celle des élus de toutes origines), ces deux parties sont reliées au chapitre XIII de manière très nébuleuse. Nous arrivons à une tierce partie (14, 14–20) qui parle de moissonner la terre, mais le lien avec ce qui précède ou ce qui suit n’est pas clair, ce passage parle de moissonner la vigne dans une cuve, dont le liquide qui s’écoulera ensuite hors de la ville (Jérusalem), les flots de sang atteindront 1,5 m de hauteur (le mors d’un cheval) et se propageront sur 320 km (1600 stades). Nous avouons ne pas comprendre le sens du passage peut-être est-ce une allusion à la destruction de la Forteresse de Betar faite par les Légions romaines pendant la Seconde Guerre judéo-romaine. Il doit s’agir d’une interpolation impossible à relier à l’ensemble.
Le chapitre XV commence par l’annonce que les Nations païennes (ou ce qu’il en reste, puisque normalement la terre a déjà été détruite quelquefois, c’est encore un passage d’autre provenance arbitrairement intercallé dans l’ensemble) vont finalement se tourner vers le vrai Dieu. Ensuite commence la partie relative aux sept coupes qui se poursuivra dans tout le chapitre XVI. Cette partie décrit sept nouveaux fléaux, dont le moindre serait suffisant pour exterminer toute vie sur terre, mais après sept, des humains vivront encore. Notons que cette partie est artificiellement reliée aux parties relatives à la Bête dont elle a peut-être interpolé l’une ou l’autre phrase. Notons aussi l’allusion à l’Égypte, lorsqu’il parles des « trois esprits impurs sous forme de grenouille », allusion probable aux gardiens occultes des Temples égyptiens.
Le chapitre XVII fait suite au chapitre XIII, et contient des allusions à la reine Bérénice de Judée, identifiée à la grande prostituée, la femme écarlate. On sait que cette reine fut la maîtresse de l’empereur Titus, le destructeur du Temple de Jérusalem. Tout le symbolisme est transparent, « les sept têtes [de la Bête], ce sont sept collines », autrement dit Rome, « sur lesquelles la femme est assise ». Allusion au fait que Bérénice de Judée pourrait épouser Titus et devenir impératrice du Monde. Mais les Romains menacèrent de se révolter et Titus devra s’en séparer. Nous avions dit que nous reparlerions de la femme enceinte du chapitre XII, celle-ci pourrait être en rapport avec la reine Bérénice. On sait, en effet que la reine Bérénice était une naziréenne, une moniale juive, or malgré ses vœux, elle entretenait une relation passionnée avec Titus. Le chapitre XII décrirait alors comment la reine Bérénice se présente, une vierge de qui va naître le messie, et le chapitre XVII, comme elle est réellement, une prostituée amante du destructeur du Temple de Jérusalem. La réalité de cette reine au caractère complexe est peut-être différente, mais ses amours avec Titus devaient horrifier ses contemporains. Bérénice sera très mal acceptée par les Romains, qui voyaient en elle une nouvelle Cléopâtre, quant aux ultra-païens qui entouraient Domitien, le frère de Titus, ils devaient redouter le pire, si Bérénice tombait enceinte et qu’un fils naissait de ses amours avec Titus, l’Empire romain deviendrait Juif. Nous parlerons ailleurs des ultra-païens. Nous arrivons donc au moment où Bérénice est forcée de quitter Rome et Titus (vers 78), ce à quoi fait allusion le passage suivant (17, 16) : « Mais ces dix cornes-là et la Bête, ils vont prendre en haine la Prostituée, ils la dépouilleront de ses vêtements, [elle sera] toute nue, ils en mangeront la chair, ils la consumeront par le feu. » Ceci pouvant faire allusion à un éventuel assassinat de Bérénice sur ordre de Domitien, on sait qu’elle mourut en 83, peu de temps après son accession à la tête de l’empire. Nous reviendrons sur les possibles sens ésotériques un peu plus bas.
Nouveau changement avec le chapitre XVIII, on annonce la chute de Babylone. Le peuple de Dieu doit quitter Babylone sinon il sera détruit avec cette cité, peut-être s’agit-il d’une allusion aux mois qui précédèrent la destruction de Jérusalem par Titus, période pendant laquelle Flavius Josèphe tentera les habitants qui voulaient être épargnés de se rendre et de se disperser en Judée ou en Galilée. Ce passage se poursuit au début du chapitre XIX (jusqu’au verset 10), dans lequel la Prostituée du chapitre XVII est identifiée à la ville de Babylone.
Les versets 11–21 du chapitre XIX décrivent un combat eschatologique entre Jésus et les Anges d’une part, La Bête et le faux prophète (vraisemblablement Hérode Agrippa), mais il pourrait s’agit d’une attaque contre Flavius Josèphe qui a rallié le camp romain. Ces passages nous semblent faire une apologie visant à déclencher une nouvelle révolte pour prendre une revanche contre les Romains et elle pourrait dater des années 85–90.
Nous arrivons au règne des 1000 ans du chapitre XX. Le dragon qui dans le chapitre précédent avait été tué, enfin au moins emprisonné, n’était peut-être finalement pas si emprisonné que cela, puisque ce n’est que dans ce chapitre qu’un ange le maîtrisera et le jettera dans l’abîme afin qu’il cesse de fourvoyer les nations. Ce passage mentionne aussi une première résurrection, celle des élus qui semblent encore différent des 144000 et de ceux de toutes nations des chapitres VII et XIV. Ces ressuscités deviennent prêtres de Jésus et la mystérieuse seconde mort n’aura pas prise sur eux. Après 1000 ans, le diable sera libéré, mais un feu du ciel mettra fin à sa courte sortie et ce sera sa fin. Commence alors la résurrection des morts et le jugement des hommes. Notons un passage important (20, 11) : « Puis je vis un trône blanc, très grand et celui qui siège dessus : le ciel et la terre s’enfuirent de devant sa face sans laisser de trace. »
Dans le chapitre XXI, est annoncée la venue de la nouvelle Jérusalem qui descend du ciel, dans les traditions rabbiniques, ce n’est que le troisième Temple qui descend du ciel. Nous arrivons à l’annonce de l’univers nouveau, régénéré. Les pieux seront alors nourris par la vie elle-même quant aux impies ils verront leur impiété se consumer dans un étang brûlant de feu et de soufre. On revient ensuite aux anges aux sept coupes qui semblent s’être apaisés et qui emmènent Jean au nouveau Temple, bien plus grand que le précédent, mais même plus grand que ce qu’envisageaient les esséniens dans le Rouleau du Temple, puisque la ville de Jérusalem sera alors cubique et que chaque côté fera 2400 km (12 000 stades) de côté, il vaudra d’ailleurs mieux ne pas monter sur le toit parce qu’outre l’absence d’oxygène, à cette hauteur on est en plein dans la ceinture van Allen dont les particules à haute énergie sont mortelles pour l’homme. Elle sera entourée d’un rempart de seulement 64 mètres... nous soupçonnons la fusion de deux textes. Les nations se sont converties.
Dans le chapitre XXII qui est le dernier, on dit qu’il n’y aura plus de malédictions et que l’univers connaîtra la paix. L’épilogue final certifie qu’on ne peut rien retrancher ni ajouter à l’Apocalypse (hum hum) et se termine par l’annonce du retour imminent de Jésus. Le texte est sans aucun doute composite, et les parties elles-mêmes souffrent de réécritures nombreuses. C’est plutôt un florilège pris à différentes Apocalypses, qu’un texte suivi. Certains passages font allusion à des événements historiques difficiles à déterminer exactement, ainsi les sept villes des premiers chapitres pourraient faire allusion aux comportements des communautés juives de ces villes pendant la Première Guerre judéo-romaine ou pendant la guerre du Qitos (115–118). On peut supposer que cette révolte fut suivie différemment par les communautés, certaines s’y joignant d’autres s’y refusant, malheureusement les documents historiques nous manquent pour pouvoir comprendre les allusions qui y sont contenues. La guerre du Qitos ne nous est connue que dans ses grandes lignes, quelques noms émergent, quelques points très chauds, mais les comportements de chaque communauté furent peut-être plus divers qu’on ne l’imagine.
Nous voudrions revenir sur certains aspects ésotériques de l’Apocalypse, et nous devons dire que notre grande difficulté à interpréter certaines parties du texte provient des réécritures, il nous est impossible de déterminer si des passages cruciaux relatifs à la femme écarlate et d’autres sont issus d’un texte ésotérique converti en satire politique ou s’ils sont issus d’une satire politique convertie en texte ésotérique. Donc il y a des ambiguïtés qu’il nous est impossible de lever.
Certains chapitres nous semblent provenir d’un texte dans lequel un homme aurait décrit une intense expérience spirituelle en termes cosmogoniques, attribuant au grand monde ce qui s’est déroulé dans le petit monde. La femme écarlate ou grande prostituée est évidemment le feu de la colère qui pousse l’homme à exister dans ce monde et à épouser la vie profane dont il peut, avec de la chance, retirer des avantages immédiats. Ce feu dans des textes très postérieurs sera assimilé au feu divin qui, si on se tourne vers le monde, use la vitalité prématurément et si on le tourne vers Dieu peut mener l’homme à la régénération. On peut imaginer que la progression spirituelle ne se fait pas sans étapes.
Une première étape serait de convertir ce feu afin qu’il serve Dieu au lieu de servir le monde, c’est alors que l’adepte devient réellement prêtre du Très-Haut, et une seconde étape qui se manifesterait par un anéantissement des réalités matérielles, le ciel et la terre qui s’effacent devant le trône de Dieu. Les méchants qui brûlent dans le feu et le soufre sont tous ceux qui ont refusé d’abandonner leur propre esprit dans cette vie-ci et qui après la mort sont purifiés de force. Le texte ne nous dit pas si leur condamnation est éternelle ou si elle ne dure que le temps qu’il leur sera nécessaire pour renoncer à eux-mêmes.
Ce n’est pas dans l’Apocalypse que nous trouverons des schémas sur l’avenir de l’homme. Ce mélange de textes fusionnés n’importe comment contient des aspects politiques et spirituels, qu’il devient impossible à démêler. Si les sources sont multiples, nous croyons bien qu’il n’y a qu’un rédacteur final. Nous doutons qu’il eût la pleine compréhension de ce qu’il mettait ensemble, les raccords qu’il établira sont mineurs et ne font aucune illusion sur la diversité des sources.
Nous avons été surpris dans nos études sur les évangiles de découvrir le curieux Discours eschatologique de Jésus divisé dans les synoptiques qui contient des parties très curieuses sur l’avenir de l’humanité, ce que l’Apocalypse de Jean ne contient assurément pas.
Difficile de savoir si ce texte fut influencé par les groupes nazaréens qui participèrent à la révolte de Qitos, mais cela ne peut être exclu. Leur doctrine comporterait des aspects eschatologiques de guerre sainte, autant qu’une doctrine de la destruction de l’ego, ce que l’islam réécrira en soumission à Dieu. Il ne s’agit pas de soumission, mais bien de destruction de l’ego. L’apparente soumission de l’ego peut se révéler un leurre dangereux dont il est après très difficile de se débarrasser.
Une première remarque, ce texte à cause de ces passages antiromains fut repoussé avec horreur par de nombreux chrétiens, il faudra toute la volonté des pères de l’Église pour l’imposer, et ce sera difficile. Si nous ne le voyons pas, les critiques voire satires de l’Empire Romain étaient très facilement comprises par les Romains de l’an 150 ; notre méconnaissance de l’Empire Romain et des guerres juives, nous fait donner à ce texte des sens qu’il n’a pas. De plus l’utilisation d’un vocabulaire messianique essénisant proche de celui utilisé par les chrétiens a fait illusion. La mention du Christ dans ce texte ne doit pas tromper, le Christ c’est le Messie, voire Dieu Lui-même, voire le dieu intérieur, mais pas forcément Jésus. Et dans le cas du présent texte, ce n’est pas Jésus, du moins excepté quelques interpolations.
Certains textes annoncent l’avenir, comme le Discours eschatologique des synoptiques, mais l’avenir n’est qu’une partie de l’Apocalypse qui comporte beaucoup d’allusions à la Première Guerre juive et aux familles royales judéennes que nous allons tenter de décrypter.
Nous avons dit que sa tendance n’est pas chrétienne. En fait ce texte est un texte nazaréen. Les Nazaréens sont des esséniens, en général non-juifs, et ils émergèrent à l’époque et vraisemblablement sous l’influence de Jean le Baptiste. Lorsque Flavius Josèphe se rendit à Vespasien, il travailla à établir à Rome un essénisme désicarisé et romano-compatible, et tenta alors de convaincre ses anciens compagnons à le rejoindre dans une révision complète de l’essénisme en tant que mouvement spirituel. L’ouvrage le plus abouti de cette tendance pacifique de l’essénisme se trouve dans les belles pages du Pasteur d’Hermas dont nous parlerons plus longuement un peu plus loin et que nous éditerons et commenterons dans le Volume II.
L’entreprise de Flavius Josèphe ne suscita pas que des compliments parmi les esséniens. Les esséniens juifs continuèrent de prendre les armes en différentes parties de l’Empire Romain, nombreuses révoltes en Égypte et en Cyrénaïque dans les années 70 et 80. Les Nazaréens, ces convertis ne restèrent pas inactifs, dans les années 110 Dieu leur suscita un nouveau prophète qui est passé dans l’histoire sous le nom d’Elkasaï ou de Alkasaï. Notons que ce mystérieux Elkasaï dont le nom pourrait signifier « Force Cachée » et provenir ainsi de l’hébreu ou de l’araméen hèl ou ‘èl_kasayâ (אל־כסיא ou הל־כסיא). Une encyclopédie qui décrit et réfute les hérésies et qui date du IIIe siècle, l’Elenchos parle d’un propagandiste de l’elkasaïsme appelé Alcibiade qu’il situe au début du IIIe siècle, mais peut-être faut-il voir dans ces passages Elkasaï lui-même et transformer le nom d’Alcibiade en Alcée, en effet Alcée se dit en grec Alkaios (Ἀλκαῖος) et est proche phonétiquement d’’èl_kasayâ. Il fut bien plus tard accusé d’être gnostique, magicien, etc. Ce qui n’est pas impossible, il y a certaines composantes planétaires dans l’Apocalypse, comme d’ailleurs dans l’essénisme. Même si nous approfondirons ces choses plus bas, nous devons quand même toucher quelques mots de l’hermétisme juif ou Gnose sethienne. Nous soupçonnons que sous l’influence de Flavius Josèphe, les esséniens alexandrins que l’on appelle les Thérapeutes se rapprochèrent de l’école hermétique juive. Le fondateur de cette école nous est inconnu, mais nous suspectons qu’il se soit appelé Jésus, Jésus d’Alexandrie. Ce nom pourrait expliquer certaines références à Jésus dans les textes gnostiques qui en font un alexandrin plutôt qu’un Judéen, mais aussi les importantes traces d’hermétisme au sein des épîtres pauliennes, point que nous développerons ailleurs. Parmi les disciples de Jésus mentionnés dans les évangiles, on trouve un certain Nathana’èl. Or, un important responsable de l’hermétisme dans le dernier quart du Ier siècle s’appelle Dosithée. Dosithée signifie « don de Dieu » en grec et Nathana’èl signifie « don de Dieu » en hébreu, peut-être est-ce plus qu’un simple hasard. Ce Dosithée fut le maître de Simon le Magicien, aussi appelé Simon de Samarie. Les rares enseignements de Dosithée qui nous sont parvenus le rapprochent de l’hermétisme et de la Gnose sethienne, citons La Révélation par Dosithée des Trois stèles de Seth, Père de la génération inébranlable qui fut retrouvée à Nag Hammadi. Nous pouvons donc imaginer que la convergence entre l’hermétisme et l’essénisme qui donna naissance au christianisme a probablement aussi existé chez les nazaréens ou elkasaïtes ou disciple d’’èl_kasayâ, qui pratiquent le baptême comme l’avait enseigné Jean le Baptiste. Les elqasaïtes entrèrent en révolte contre Rome lors de la guerre de Kitos en 115–118, que l’on appelle aussi la « révolte des exilés ». Elle éclatera dans l’Empire Romain, pendant les campagnes romaines contre les Parthes qui immobilisèrent de nombreuses légions pour des résultats assez faibles. Cette révolte ne semble pas avoir convaincu les Judéens et les Galiléens qui restèrent relativement calmes. Cyrène, Alexandrie et Chypre, mais aussi la province romaine de Mésopotamie entrent en révolte, pour être précis : les Juifs se révoltent, tout l’Orient romain s’embrase. Grecs et Romains sont massacrés, la situation devient telle que l’empereur Trajan nomme un légat consulaire, Lusius Quietus. L’arrivée des Légions entraînera une répression impitoyable, et l’expulsion d’une grande partie de ce qui subsistait des communautés juives vers la Judée et la Galilée. Cette révolte peu connue est celle qui, plus encore que la Première Guerre juive, provoquera la scission entre les Juifs et les Judaïsants, qui bientôt vont réviser le Judaïsme et se donner un nouveau nom : chrétiens. Les légions romaines comme nous le disions vont reprendre le dessus. Mais nous n’en sommes pas encore là. Vers 100, Elqasaï instituera un baptême du pardon de péchés et rénovera le baptisme. Il obtiendra de nombreuses conversions et comme nous disions, tous ces convertis participeront aux côtés des Juifs à la révolte de 115–118. Leurs origines romaines, grecques ou arméniennes ne les épargneront pas, ils seront exterminés avec leurs frères juifs. En 118, le calme semble être revenu, Elkasaï a probablement été tué par les Romains et ses disciples se réfugient à Petra. Les elkasaïtes ont une double postérité : les mandéens et l’islam. Les mandéens sont les derniers baptistes d’Irak, aujourd’hui livrés à l’extermination des sinistres bourreaux de l’État Islamique. L’Islam tient le djihad ou « guerre sainte » en haute estime, c’est un legs de l’essénisme ; les elkasaïtes avaient juré de délivrer Jérusalem afin que le Temple puisse être reconstruit ou de mourir. L’Islam tient aussi en haute estime les ablutions, comme les elkasaïtes, il y a d’autres similitudes, mais nous ne pourrons pas les énumérer toutes. Ce point d’histoire permet de comprendre la folie qui prend les gens quand une doctrine spirituelle est décontextualisée. Alors que les elkasaïtes avaient juré de restaurer le culte sacrificiel, aujourd’hui l’Islam tente d’empêcher que le Temple soit rebâti alors que leurs prédécesseurs s’y étaient engagés, et maintenant ils croient qu’ils sont les héritiers de Jérusalem et croient que leur Mosquée est le nouveau Temple de Dieu, comme si Dieu changeait d’avis.
Mais en voici assez, revenons à l’Apocalypse qui après tout contient peut-être des fragments des enseignements d’Elkasaï, ainsi que des restes d’enseignements nazaréens. Après un Prologue (1, 1–3), nous avons l’Adresse aux Sept Églises d’Asie (1, 4–8) et la mention des Sept Esprits présents devant le Trône. Ces esprits sont à la fois sept hiérarques angéliques, mentionnés dans Le Livre d’Henoch (20, 1–8), savoir Ouriel, Raphael, Ragouel, Michel, Sariel, Gabriel et Remiel, qui décrit leurs fonctions. Ces sept souffles sont les sept planètes qui déterminent l’existence humaine. Nous arrivons à la Vision préparatoire (1, 9–20) dans laquelle le visionnaire contemple le « Vivant » qui, juste avant, lui a ordonné de transcrire ces visions dans un livre et de l’envoyer aux Églises d’Éphèse (Ouest de la Turquie, face à la Méditerranée), de Smyrne (idem), de Pergame (ibidem), de Thyatire (idem, mais plus à l’intérieur de terres), de Sardes (idem, même remarque), de Philadelphie (idem, même remarque, on suppose que ce n’est pas la Philadelphie en Jordanie, actuelle Amman) et de Laodicée (probablement l’actuelle Denizli, aussi en Turquie, en direction de la Méditerranée, mais très à l’intérieur des terres ; signalons plusieurs villes du même nom au nord de la Turquie ou en Syrie, actuelle Lataquié, nous conservons l’attribution traditionnelle.) Rappelons que Jean affirme se trouver dans l’île de Patmos, c’est-à-dire face à toutes ces villes et utilisée par les Romains comme prison à ciel ouvert. Et donc vient le Vivant qui a été mort et qui maintenant est vivant pour des siècles. Tout ce symbolisme est assez clair, le « Vivant » qui était mort, c’est la partie divine qui réside en l’homme et qui est meurtrie lors de la naissance, c’est pour cela que Jean est à Patmos, île où on déporte des prisonniers.
Dans les chapitres II et III, le Vivant va ordonner à Jean d’écrire aux anges des églises des sept villes susmentionnées, avouons que ce serait plus facile si le Vivant s’adressait directement aux anges. Il est dommage que les adresses postales des anges n’aient pas été conservées. Nous sommes pour les sept villes en plein symbolisme planétaire, même s’il est parfois difficile à comprendre : Éphèse (2, 1–7) correspond à Saturne (« la constance ne te manque » et combattre les faux apôtres, qualité saturnienne de persévérance et de lutte contre le mensonge), Smyrne (2, 8–11) à Jupiter (« Je connais tes épreuves et ton indigence, tu es riche pourtant », la richesse est une qualité jovienne), Pergame (2, 12–17) à Mars (le vivant dit posséder l’épée à double tranchant, trône de Satan, Mars en suscitant des querelles et des guerres possède l’action destructrice du diable), Thyatire (2, 18–29) au soleil (« je lui donnerai pouvoir sur les nations », comme le soleil contrôle les autres planètes), Sardes (3, 1–6) à Vénus (« ranime ce qui te reste de vie défaillante », allusion à l’usure provoquée par les plaisirs vénusiens), Philadelphie (3, 7–13) à Mercure (« Je forcerai ceux de la synagogue de Satan, ils usurpent la qualité de Juifs, les menteurs », défauts mercuriens) et Laodicée (3, 14–22) à la Lune (« Je connais ta conduite : tu n’es ni chaud ni froid », l’influx lunaire est souvent difficile à définir, ni chaud ni froid). Notons enfin qu’à chaque fois on énonce des qualités du Vivant et des conseils qu’il donne. Les critiques des villes pourraient aussi viser les Juifs de ces communautés qui n’osèrent pas rejoindre les autres Juifs lors de la grande révolte en 66 ; mais ce n’est qu’une supposition parmi d’autres. Quelques passages ont des aspects politiques évidents, mais, faute de documents, nous ne sommes plus à même de les comprendre, ni de deviner les personnages exactement visés. Nous sommes à peine renseignés sur les métropoles, alors ce qui a pu se passer, qui plus est, au sein de groupes minoritaires, comme le sont les Juifs dans les villes grecques de Turquie, nous échappe complètement.
Le Chapitre V parle des vingt-quatre vieillards, il s’agit d’une référence aux vingt-quatre anges protégeant les vingt-quatre familles sacerdotales qui officient chacune deux semaines par an au Temple de Jérusalem. Nous avouons ne pas très bien comprendre le rapport avec les chapitres précédents, mais ce texte est très composite, il aurait été plus logique de trouver 12 et 72 vieillards pour conserver le symbolisme zodiacal. Notons enfin la mention des quatre vivants repris d’Ézéchiel qui semblent correspondre aux quatre éléments assujettis au Vivant primordial.
Le Chapitre VI commence par décrire un livre roulé, la mention qu’il est écrit au recto et au verso signifie que ce livre est le livre du jugement qui élira les uns et condamnera les autres. Cette précision peut paraître étrange, mais on doit savoir que les rouleaux dans l’Antiquité n’étaient écrits que sur une seule face, excepté les rouleaux des copistes qui étaient écrits sur les deux faces. Notons l’importante allusion à Isaïe 29, 10–12 :
Soyez saisis de surprise et de stupeur ! Soyez fascinés et éblouis, vous qui êtes ivres et non de vin, vous qui titubez, mais non par excès de boisson ! Car l’Éternel a répandu sur vous un esprit de torpeur, il a fermé vos yeux les prophètes et voilé vos têtes les voyants. Aussi la révélation de tous ces événements est-elle pour vous comme les mots de ce livre scellé, qu’on présente à un homme lettré en lui disant : « Lis donc ceci ! » Et lui de répondre : « Je ne puis, car le livre est scellé. » Et si on présente le livre à un homme illettré en lui disant : « Lis donc ceci ! » Il répond : « Je ne sais pas lire. »
Ce passage, que certains ignorants voient comme une annonce de Mohamet, « prophète illettré », prouve qu’ils ne comprennent pas grand-chose. Ce passage se réfère à la connaissance spirituelle que procure l’Esprit Saint, autant qu’à la nécessité de s’instruire. En effet, pour accéder à la compréhension des textes révélés, il faut savoir lire et écrire, ce qui exclut les illettrés ; mais la connaissance des lettres n’est pas suffisante pour comprendre de tels textes, il faut aussi quelque chose d’autre, ce que le texte ne mentionnera pas d’ailleurs ou très indirectement dans la suite, mais qui est connu par d’autres sources, c’est l’Esprit Saint qui donne la compréhension spirituelle des textes. Mais le livre dont il est question ici est principalement Le Livre de Vie ou Livre du Jugement où est écrit le nom des élus (recto) et le nom des réprouvés (verso).
Notons le retour aux qualités positives des planètes au verset 12 : « Digne est l’agneau égorgé de recevoir la puissance (Saturne), la richesse (Jupiter), la force (Mars), la sagesse (le soleil), l’honneur (Venus), la louange (Mercure) et la gloire (Lune).
Au chapitre VI, nous lisons les effets de l’ouverture de six premiers sceaux. Symbolisme planétaire à nouveau, mais assez confus.
Le chapitre VII est un interlude pour affirmer que les élus seront préservés, à savoir douze mille de chaque tribu. À notre sens le texte a interpolé des textes d’origines diverses, puisqu’après avoir limité le salut à 144 000 israélites, 12 000 par tribu, le texte enchaîne en parlant d’« une foule immense, impossible à dénombrer, de toute nation, race, peuple et langue ». Cette foule sont ceux qui ont passé l’épreuve du vent brûlant, c’est-à-dire la destruction irrévocable de l’ego.
Au chapitre VIII, le septième sceau est ouvert, et alors arrivent sept anges avec chacun une trompette, les six premiers anges y soufflent l’un après l’autre et les catastrophes s’amoncellent sur terre. Normalement, la terre devrait être complètement détruite dès les quatre premiers anges, le tiers de la terre est consumé, le tiers de la mer devient du sang, etc. Nous commençons maintenant le Chapitre IX. Malgré tout cela il reste des survivants, et à la cinquième trompette des scorpions et des sauterelles frappent les hommes, tous ces passages comportent des réminiscences de Joël. À la sixième trompette, les quatre cavaliers de l’Apocalypse sont libérés. Notons que la conclusion de tous ces fléaux, c’est que les hommes persévèrent dans l’obstination de leur cœur. Tout cela fait allusion à ce que quelques très rares hommes expérimentent parfois dans leur vie terrestre, à savoir la destruction de l’ego. La plupart des prophéties viennent de là, elles supposent que cette destruction de l’ego que quelques hommes ont accepté volontairement va un jour toucher l’humanité entière, et qu’alors nous assisterons à un carnage aussi terrible que si un dentiste nous arrachait sans anesthésie toutes nos dents, et sans le moindre égard pour notre souffrance.
Nouvel interlude au chapitre X, qui rappelle l’imminence du châtiment final, sept tonnerres se manifestent, sans qu’on voie trop le rapport avec ce qui précède. Jean voit un ange avec un petit livre, qu’il avale, le livre est doux dans sa bouche, mais il remplit ses entrailles d’amertume. Cela se rapporte à l’Esprit qui entre en l’homme et qui est aussi un purgatif, c’est-à-dire qu’il purge le mal en l’homme avec violence.
Le chapitre XI commence par parler des deux témoins. Ces deux témoins seraient d’après Israël Knohl à mettre en rapport avec l’Oracle d’Hystaspe, une courte apocalypse qui prédisait la fin de l’Empire Romain et dont la possession entraînait la mise à mort. Il situe l’apparition de ces deux témoins à l’époque de la mort du roi Hérode le Grand, mort qui aurait été le prélude à une insurrection messianique menée par Menahem l’Essénien et un autre personnage qu’Israël Knohl n’identifie pas, mais qui pourrait être le grand-prêtre Mathathias ben Theophilios l’Ancien. Cette insurrection n’est pas abordée par Flavius Josèphe excepté en termes peu explicites, ce qui est normal : l’insurrection fut menée par les esséniens (nous reparlerons plus loin des rapports entre les esséniens et Flavius Josèphe) et par le grand-prêtre Mathathias ben Theophilios qui a de fortes chances d’être l’arrière-grand-père de Flavius Josèphe, ce qui permet d’expliquer son silence sur ces événements. Toutes ses œuvres visent à convaincre que tant les esséniens que sa famille furent des Juifs pacifiques et sympathisants avec Rome, excepté quelques détails dont il se garde bien de parler. Si l’exécution de Menahem est quasi certaine, celle de Mathathias l’est moins. Nous pensons que l’auteur du passage savait parfaitement la responsabilité de sa famille dans cette insurrection et l’en félicite. Notons que les témoins ressusciteront après 3 jours et demi, ce qui se rapporte aux prophéties de Daniel, mais ici plus particulièrement aux insurrections sicaires que commenceront en 5, lors du recensement de la nouvelle préfecture de Judée, Judas le Galiléen et Sadoq. L’abîme qui engloutit les témoins semble un nom pour la puissance romaine qui engloutit des nations entières. Notons encore la mention d’un tremblement de terre, mais celui-ci semble avoir eu lieu en –31, donc des années avant ces événements.
Le chapitre XI se termine avec l’ange de la septième trompette qui au lieu d’un malheur annonce la venue du Christ.
On ne saisit pas trop le rapport de ce qui précède avec le chapitre XII. Notons que tous les chapitres qui suivent contiennent de violentes diatribes antiromaines, c’est la raison qui poussait de nombreux chrétiens à rejeter l’Apocalypse, en général ils servaient avec ferveur l’Empire romain et ne comprenaient rien à la volonté des Juifs de se révolter contre l’autorité bienfaisante de l’Empire. Précisons que cette autorité était bienfaisante quand les pays conquis payaient le tribut avec empressement afin que la population romaine ait du temps pour s’amuser en regardant les jeux du cirque. Toutes les distractions qu’inventaient les empereurs romains n’avaient d’autre but que de s’attacher le peuple de Rome ; et donc ils pressurisaient tellement les provinces romaines qu’elles entraient en rébellion. Presque toutes les provinces de l’Empire se révoltèrent, néanmoins celles en Judée étaient récurrentes, violentes, difficiles à contenir et longues. En général, les légions massacraient quelques centaines d’autochtones et les choses se calmaient ; en Judée ce fut très très différent.
Ce chapitre autant que les suivants combine des sources multiples et de tendances différentes, c’est ainsi que certains passages combinent des aspects spirituels et que d’autres combinent des aspects politiques et révolutionnaires. Ce que peut représenter un dragon dans un verset et ce qu’il représente dans un autre verset n’a pas forcément la même signification. Tout cela rend le texte effroyablement complexe, par exemple le dragon qui surgit dans le chapitre XII est identique à celui qui surgit dans le chapitre XIII, pourtant les narrations sont totalement différentes et les deux parties n’ont guère de rapports entre elles ; le texte devient alors très vite incompréhensible et c’est ce qui arrive quand des amateurs amalgament des textes aux origines diverses.
Le chapitre XII a un sens spirituel, la femme enceinte représente les puissances spirituelles et l’enfant dont elle accouche, ces mêmes puissances lorsqu’elles se manifestent dans la réalité des adeptes afin qu’il soit guidé ; le dragon, entendez l’ego, tente de le détruire afin que l’adepte reste prisonnier du prince de la puissance de l’air. Le combat entre ces forces opposées fait rage dans l’esprit de l’adepte, mais le triomphe final est assuré ; notons le thème du mépris de sa propre vie, c’est-à-dire l’abandon volontaire de l’ego. Nous développerons encore un autre sens, mais plus bas, parce que d’autres choses sont à expliquer avant.
Le chapitre XIII est nettement plus politique. Notons aussi les confusions entre le Dragon et les Bêtes. Le sens est assez transparent, le dragon blessé, c’est l’Empire Romain sous la domination de Néron, mis à mal par ses réformes du système fiscal et par l’augmentation généralisée des taxes afin de maintenir le train de vie des Romains. La première bête n’est pas compliquée à identifier, c’est Vespasien qui devint empereur et qui réorganisa l’Empire romain et qui renforça partout la domination impériale. Apparaît alors une seconde Bête dont le nombre est 666. Cette Bête est vraisemblablement le roi Hérode Agrippa II qui permit à Vespasien d’étendre sa domination sur toute la Judée. On sait que le nom Hérode s’écrit d’une multitude de façons, parmi celle-ci hôrôdôs (hébreu סודורוה), et on sait qu’en hébreu chaque lettre a une valeur ; le vav (hébreu ו), qui peut se prononcer « v », « ô » ou « û » vaut 6. Autrement dit, il y a eu une erreur le nombre de la Bête n’est pas 666 (six cent soixante-six), mais 6 6 6 (six six six). Revenons au nom d’Hérode Agrippa II. Quand les Juifs voyaient son nom, ils le lisaient Hôrôdôs, mais ils le voyaient comme h6r6d6s. De plus, ce roi fit frapper des pièces avec son effigie ou les effigies de l’empereur après la Première Guerre Judéo-Romaine, ce qui ne s’était jamais vu en Judée, c’est ce que le texte appelle « être marqué au nom de la Bête ou au chiffre de son nom ». Chaque juif devant utiliser des monnaies à effigies.
Le chapitre XIV est composé d’au moins trois parties. La première (14, 1–5) fait suite au Chapitre VII, partie I (celle des 144 000 élus) et la seconde (14, 6–13) fait suite à la partie II du même chapitre (celle des élus de toutes origines), ces deux parties sont reliées au chapitre XIII de manière très nébuleuse. Nous arrivons à une tierce partie (14, 14–20) qui parle de moissonner la terre, mais le lien avec ce qui précède ou ce qui suit n’est pas clair, ce passage parle de moissonner la vigne dans une cuve, dont le liquide qui s’écoulera ensuite hors de la ville (Jérusalem), les flots de sang atteindront 1,5 m de hauteur (le mors d’un cheval) et se propageront sur 320 km (1600 stades). Nous avouons ne pas comprendre le sens du passage peut-être est-ce une allusion à la destruction de la Forteresse de Betar faite par les Légions romaines pendant la Seconde Guerre judéo-romaine. Il doit s’agir d’une interpolation impossible à relier à l’ensemble.
Le chapitre XV commence par l’annonce que les Nations païennes (ou ce qu’il en reste, puisque normalement la terre a déjà été détruite quelquefois, c’est encore un passage d’autre provenance arbitrairement intercallé dans l’ensemble) vont finalement se tourner vers le vrai Dieu. Ensuite commence la partie relative aux sept coupes qui se poursuivra dans tout le chapitre XVI. Cette partie décrit sept nouveaux fléaux, dont le moindre serait suffisant pour exterminer toute vie sur terre, mais après sept, des humains vivront encore. Notons que cette partie est artificiellement reliée aux parties relatives à la Bête dont elle a peut-être interpolé l’une ou l’autre phrase. Notons aussi l’allusion à l’Égypte, lorsqu’il parles des « trois esprits impurs sous forme de grenouille », allusion probable aux gardiens occultes des Temples égyptiens.
Le chapitre XVII fait suite au chapitre XIII, et contient des allusions à la reine Bérénice de Judée, identifiée à la grande prostituée, la femme écarlate. On sait que cette reine fut la maîtresse de l’empereur Titus, le destructeur du Temple de Jérusalem. Tout le symbolisme est transparent, « les sept têtes [de la Bête], ce sont sept collines », autrement dit Rome, « sur lesquelles la femme est assise ». Allusion au fait que Bérénice de Judée pourrait épouser Titus et devenir impératrice du Monde. Mais les Romains menacèrent de se révolter et Titus devra s’en séparer. Nous avions dit que nous reparlerions de la femme enceinte du chapitre XII, celle-ci pourrait être en rapport avec la reine Bérénice. On sait, en effet que la reine Bérénice était une naziréenne, une moniale juive, or malgré ses vœux, elle entretenait une relation passionnée avec Titus. Le chapitre XII décrirait alors comment la reine Bérénice se présente, une vierge de qui va naître le messie, et le chapitre XVII, comme elle est réellement, une prostituée amante du destructeur du Temple de Jérusalem. La réalité de cette reine au caractère complexe est peut-être différente, mais ses amours avec Titus devaient horrifier ses contemporains. Bérénice sera très mal acceptée par les Romains, qui voyaient en elle une nouvelle Cléopâtre, quant aux ultra-païens qui entouraient Domitien, le frère de Titus, ils devaient redouter le pire, si Bérénice tombait enceinte et qu’un fils naissait de ses amours avec Titus, l’Empire romain deviendrait Juif. Nous parlerons ailleurs des ultra-païens. Nous arrivons donc au moment où Bérénice est forcée de quitter Rome et Titus (vers 78), ce à quoi fait allusion le passage suivant (17, 16) : « Mais ces dix cornes-là et la Bête, ils vont prendre en haine la Prostituée, ils la dépouilleront de ses vêtements, [elle sera] toute nue, ils en mangeront la chair, ils la consumeront par le feu. » Ceci pouvant faire allusion à un éventuel assassinat de Bérénice sur ordre de Domitien, on sait qu’elle mourut en 83, peu de temps après son accession à la tête de l’empire. Nous reviendrons sur les possibles sens ésotériques un peu plus bas.
Nouveau changement avec le chapitre XVIII, on annonce la chute de Babylone. Le peuple de Dieu doit quitter Babylone sinon il sera détruit avec cette cité, peut-être s’agit-il d’une allusion aux mois qui précédèrent la destruction de Jérusalem par Titus, période pendant laquelle Flavius Josèphe tentera les habitants qui voulaient être épargnés de se rendre et de se disperser en Judée ou en Galilée. Ce passage se poursuit au début du chapitre XIX (jusqu’au verset 10), dans lequel la Prostituée du chapitre XVII est identifiée à la ville de Babylone.
Les versets 11–21 du chapitre XIX décrivent un combat eschatologique entre Jésus et les Anges d’une part, La Bête et le faux prophète (vraisemblablement Hérode Agrippa), mais il pourrait s’agit d’une attaque contre Flavius Josèphe qui a rallié le camp romain. Ces passages nous semblent faire une apologie visant à déclencher une nouvelle révolte pour prendre une revanche contre les Romains et elle pourrait dater des années 85–90.
Nous arrivons au règne des 1000 ans du chapitre XX. Le dragon qui dans le chapitre précédent avait été tué, enfin au moins emprisonné, n’était peut-être finalement pas si emprisonné que cela, puisque ce n’est que dans ce chapitre qu’un ange le maîtrisera et le jettera dans l’abîme afin qu’il cesse de fourvoyer les nations. Ce passage mentionne aussi une première résurrection, celle des élus qui semblent encore différent des 144000 et de ceux de toutes nations des chapitres VII et XIV. Ces ressuscités deviennent prêtres de Jésus et la mystérieuse seconde mort n’aura pas prise sur eux. Après 1000 ans, le diable sera libéré, mais un feu du ciel mettra fin à sa courte sortie et ce sera sa fin. Commence alors la résurrection des morts et le jugement des hommes. Notons un passage important (20, 11) : « Puis je vis un trône blanc, très grand et celui qui siège dessus : le ciel et la terre s’enfuirent de devant sa face sans laisser de trace. »
Dans le chapitre XXI, est annoncée la venue de la nouvelle Jérusalem qui descend du ciel, dans les traditions rabbiniques, ce n’est que le troisième Temple qui descend du ciel. Nous arrivons à l’annonce de l’univers nouveau, régénéré. Les pieux seront alors nourris par la vie elle-même quant aux impies ils verront leur impiété se consumer dans un étang brûlant de feu et de soufre. On revient ensuite aux anges aux sept coupes qui semblent s’être apaisés et qui emmènent Jean au nouveau Temple, bien plus grand que le précédent, mais même plus grand que ce qu’envisageaient les esséniens dans le Rouleau du Temple, puisque la ville de Jérusalem sera alors cubique et que chaque côté fera 2400 km (12 000 stades) de côté, il vaudra d’ailleurs mieux ne pas monter sur le toit parce qu’outre l’absence d’oxygène, à cette hauteur on est en plein dans la ceinture van Allen dont les particules à haute énergie sont mortelles pour l’homme. Elle sera entourée d’un rempart de seulement 64 mètres... nous soupçonnons la fusion de deux textes. Les nations se sont converties.
Dans le chapitre XXII qui est le dernier, on dit qu’il n’y aura plus de malédictions et que l’univers connaîtra la paix. L’épilogue final certifie qu’on ne peut rien retrancher ni ajouter à l’Apocalypse (hum hum) et se termine par l’annonce du retour imminent de Jésus. Le texte est sans aucun doute composite, et les parties elles-mêmes souffrent de réécritures nombreuses. C’est plutôt un florilège pris à différentes Apocalypses, qu’un texte suivi. Certains passages font allusion à des événements historiques difficiles à déterminer exactement, ainsi les sept villes des premiers chapitres pourraient faire allusion aux comportements des communautés juives de ces villes pendant la Première Guerre judéo-romaine ou pendant la guerre du Qitos (115–118). On peut supposer que cette révolte fut suivie différemment par les communautés, certaines s’y joignant d’autres s’y refusant, malheureusement les documents historiques nous manquent pour pouvoir comprendre les allusions qui y sont contenues. La guerre du Qitos ne nous est connue que dans ses grandes lignes, quelques noms émergent, quelques points très chauds, mais les comportements de chaque communauté furent peut-être plus divers qu’on ne l’imagine.
Nous voudrions revenir sur certains aspects ésotériques de l’Apocalypse, et nous devons dire que notre grande difficulté à interpréter certaines parties du texte provient des réécritures, il nous est impossible de déterminer si des passages cruciaux relatifs à la femme écarlate et d’autres sont issus d’un texte ésotérique converti en satire politique ou s’ils sont issus d’une satire politique convertie en texte ésotérique. Donc il y a des ambiguïtés qu’il nous est impossible de lever.
Certains chapitres nous semblent provenir d’un texte dans lequel un homme aurait décrit une intense expérience spirituelle en termes cosmogoniques, attribuant au grand monde ce qui s’est déroulé dans le petit monde. La femme écarlate ou grande prostituée est évidemment le feu de la colère qui pousse l’homme à exister dans ce monde et à épouser la vie profane dont il peut, avec de la chance, retirer des avantages immédiats. Ce feu dans des textes très postérieurs sera assimilé au feu divin qui, si on se tourne vers le monde, use la vitalité prématurément et si on le tourne vers Dieu peut mener l’homme à la régénération. On peut imaginer que la progression spirituelle ne se fait pas sans étapes.
Une première étape serait de convertir ce feu afin qu’il serve Dieu au lieu de servir le monde, c’est alors que l’adepte devient réellement prêtre du Très-Haut, et une seconde étape qui se manifesterait par un anéantissement des réalités matérielles, le ciel et la terre qui s’effacent devant le trône de Dieu. Les méchants qui brûlent dans le feu et le soufre sont tous ceux qui ont refusé d’abandonner leur propre esprit dans cette vie-ci et qui après la mort sont purifiés de force. Le texte ne nous dit pas si leur condamnation est éternelle ou si elle ne dure que le temps qu’il leur sera nécessaire pour renoncer à eux-mêmes.
Ce n’est pas dans l’Apocalypse que nous trouverons des schémas sur l’avenir de l’homme. Ce mélange de textes fusionnés n’importe comment contient des aspects politiques et spirituels, qu’il devient impossible à démêler. Si les sources sont multiples, nous croyons bien qu’il n’y a qu’un rédacteur final. Nous doutons qu’il eût la pleine compréhension de ce qu’il mettait ensemble, les raccords qu’il établira sont mineurs et ne font aucune illusion sur la diversité des sources.
Nous avons été surpris dans nos études sur les évangiles de découvrir le curieux Discours eschatologique de Jésus divisé dans les synoptiques qui contient des parties très curieuses sur l’avenir de l’humanité, ce que l’Apocalypse de Jean ne contient assurément pas.
Difficile de savoir si ce texte fut influencé par les groupes nazaréens qui participèrent à la révolte de Qitos, mais cela ne peut être exclu. Leur doctrine comporterait des aspects eschatologiques de guerre sainte, autant qu’une doctrine de la destruction de l’ego, ce que l’islam réécrira en soumission à Dieu. Il ne s’agit pas de soumission, mais bien de destruction de l’ego. L’apparente soumission de l’ego peut se révéler un leurre dangereux dont il est après très difficile de se débarrasser.
La véritable doctrine de la Bible enseigne que l'homme doit réintégrer la Adamah, la terre spirituelle primordiale qu'il a quitté par accident...
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Re: Quelques réflexions sur le texte de l'Apocalypse
Ecrit le 09 juin15, 22:31Stephan H a écrit :
Mais en voici assez, revenons à l’Apocalypse qui après tout contient peut-être des fragments des enseignements d’Elkasaï, ainsi que des restes d’enseignements nazaréens.
mais merci beaucoup Stephan_H pour le prologue(je ne connaissais pas) et justement c'est important
oui c'est étonnant le lien qui lie le livre D'Henoch à l'apocalypse (il y a aussi cette histoire de bête qui monte de la terre et l'autre de la mer et qui sont des fausses images -des sortes de copie en négatif- de celles decrites dans le livre d'Henoch )Stephan H a écrit :
Après un Prologue (1, 1–3), nous avons l’Adresse aux Sept Églises d’Asie (1, 4–8) et la mention des Sept Esprits présents devant le Trône. Ces esprits sont à la fois sept hiérarques angéliques, mentionnés dans Le Livre d’Henoch (20, 1–8), savoir Ouriel, Raphael, Ragouel, Michel, Sariel, Gabriel et Remiel, qui décrit leurs fonctions.
je ne connaissais pas non plus pas cette interprétation tres interessanteStephan H a écrit :
Ces sept souffles sont les sept planètes qui déterminent l’existence humaine. Nous arrivons à la Vision préparatoire (1, 9–20) dans laquelle le visionnaire contemple le « Vivant » qui, juste avant, lui a ordonné de transcrire ces visions dans un livre et de l’envoyer aux Églises d’Éphèse (Ouest de la Turquie, face à la Méditerranée), de Smyrne (idem), de Pergame (ibidem), de Thyatire (idem, mais plus à l’intérieur de terres), de Sardes (idem, même remarque), de Philadelphie (idem, même remarque, on suppose que ce n’est pas la Philadelphie en Jordanie, actuelle Amman) et de Laodicée (probablement l’actuelle Denizli, aussi en Turquie, en direction de la Méditerranée, mais très à l’intérieur des terres ; signalons plusieurs villes du même nom au nord de la Turquie ou en Syrie, actuelle Lataquié, nous conservons l’attribution traditionnelle.) Rappelons que Jean affirme se trouver dans l’île de Patmos, c’est-à-dire face à toutes ces villes et utilisée par les Romains comme prison à ciel ouvert. Et donc vient le Vivant qui a été mort et qui maintenant est vivant pour des siècles. Tout ce symbolisme est assez clair, le « Vivant » qui était mort, c’est la partie divine qui réside en l’homme et qui est meurtrie lors de la naissance, c’est pour cela que Jean est à Patmos, île où on déporte des prisonniers.
Dans les chapitres II et III, le Vivant va ordonner à Jean d’écrire aux anges des églises des sept villes susmentionnées, avouons que ce serait plus facile si le Vivant s’adressait directement aux anges. Il est dommage que les adresses postales des anges n’aient pas été conservées. Nous sommes pour les sept villes en plein symbolisme planétaire, même s’il est parfois difficile à comprendre : Éphèse (2, 1–7) correspond à Saturne (« la constance ne te manque » et combattre les faux apôtres, qualité saturnienne de persévérance et de lutte contre le mensonge), Smyrne (2, 8–11) à Jupiter (« Je connais tes épreuves et ton indigence, tu es riche pourtant », la richesse est une qualité jovienne), Pergame (2, 12–17) à Mars (le vivant dit posséder l’épée à double tranchant, trône de Satan, Mars en suscitant des querelles et des guerres possède l’action destructrice du diable), Thyatire (2, 18–29) au soleil (« je lui donnerai pouvoir sur les nations », comme le soleil contrôle les autres planètes), Sardes (3, 1–6) à Vénus (« ranime ce qui te reste de vie défaillante », allusion à l’usure provoquée par les plaisirs vénusiens), Philadelphie (3, 7–13) à Mercure (« Je forcerai ceux de la synagogue de Satan, ils usurpent la qualité de Juifs, les menteurs », défauts mercuriens) et Laodicée (3, 14–22) à la Lune (« Je connais ta conduite : tu n’es ni chaud ni froid », l’influx lunaire est souvent difficile à définir, ni chaud ni froid). Notons enfin qu’à chaque fois on énonce des qualités du Vivant et des conseils qu’il donne. Les critiques des villes pourraient aussi viser les Juifs de ces communautés qui n’osèrent pas rejoindre les autres Juifs lors de la grande révolte en 66 ; mais ce n’est qu’une supposition parmi d’autres. Quelques passages ont des aspects politiques évidents, mais, faute de documents, nous ne sommes plus à même de les comprendre, ni de deviner les personnages exactement visés. Nous sommes à peine renseignés sur les métropoles, alors ce qui a pu se passer, qui plus est, au sein de groupes minoritaires, comme le sont les Juifs dans les villes grecques de Turquie, nous échappe complètement.
oui j'ai bien une interpretation personnelle à ce sujet qui rejoins plus ou moins cette approche si ça te dit (mais c'est pas le sujet)Stephan H a écrit :
Notons enfin la mention des quatre vivants repris d’Ézéchiel qui semblent correspondre aux quatre éléments assujettis au Vivant primordial.
à lire lentement pour moi ... il faut reflechir dessus ...au fait merci pour cet exposé Stephan_HStephan H a écrit : Le Chapitre VI commence par décrire un livre roulé, la mention qu’il est écrit au recto et au verso signifie que ce livre est le livre du jugement qui élira les uns et condamnera les autres. Cette précision peut paraître étrange, mais on doit savoir que les rouleaux dans l’Antiquité n’étaient écrits que sur une seule face, excepté les rouleaux des copistes qui étaient écrits sur les deux faces. Notons l’importante allusion à Isaïe 29, 10–12 :
Soyez saisis de surprise et de stupeur ! Soyez fascinés et éblouis, vous qui êtes ivres et non de vin, vous qui titubez, mais non par excès de boisson ! Car l’Éternel a répandu sur vous un esprit de torpeur, il a fermé vos yeux les prophètes et voilé vos têtes les voyants. Aussi la révélation de tous ces événements est-elle pour vous comme les mots de ce livre scellé, qu’on présente à un homme lettré en lui disant : « Lis donc ceci ! » Et lui de répondre : « Je ne puis, car le livre est scellé. » Et si on présente le livre à un homme illettré en lui disant : « Lis donc ceci ! » Il répond : « Je ne sais pas lire. »
Ce passage, que certains ignorants voient comme une annonce de Mohamet, « prophète illettré », prouve qu’ils ne comprennent pas grand-chose. Ce passage se réfère à la connaissance spirituelle que procure l’Esprit Saint, autant qu’à la nécessité de s’instruire. En effet, pour accéder à la compréhension des textes révélés, il faut savoir lire et écrire, ce qui exclut les illettrés ; mais la connaissance des lettres n’est pas suffisante pour comprendre de tels textes, il faut aussi quelque chose d’autre, ce que le texte ne mentionnera pas d’ailleurs ou très indirectement dans la suite, mais qui est connu par d’autres sources, c’est l’Esprit Saint qui donne la compréhension spirituelle des textes. Mais le livre dont il est question ici est principalement Le Livre de Vie ou Livre du Jugement où est écrit le nom des élus (recto) et le nom des réprouvés (verso).
Notons le retour aux qualités positives des planètes au verset 12 : « Digne est l’agneau égorgé de recevoir la puissance (Saturne), la richesse (Jupiter), la force (Mars), la sagesse (le soleil), l’honneur (Venus), la louange (Mercure) et la gloire (Lune).
Au chapitre VI, nous lisons les effets de l’ouverture de six premiers sceaux. Symbolisme planétaire à nouveau, mais assez confus.
Le chapitre VII est un interlude pour affirmer que les élus seront préservés, à savoir douze mille de chaque tribu. À notre sens le texte a interpolé des textes d’origines diverses, puisqu’après avoir limité le salut à 144 000 israélites, 12 000 par tribu, le texte enchaîne en parlant d’« une foule immense, impossible à dénombrer, de toute nation, race, peuple et langue ». Cette foule sont ceux qui ont passé l’épreuve du vent brûlant, c’est-à-dire la destruction irrévocable de l’ego.
Au chapitre VIII, le septième sceau est ouvert, et alors arrivent sept anges avec chacun une trompette, les six premiers anges y soufflent l’un après l’autre et les catastrophes s’amoncellent sur terre. Normalement, la terre devrait être complètement détruite dès les quatre premiers anges, le tiers de la terre est consumé, le tiers de la mer devient du sang, etc. Nous commençons maintenant le Chapitre IX. Malgré tout cela il reste des survivants, et à la cinquième trompette des scorpions et des sauterelles frappent les hommes, tous ces passages comportent des réminiscences de Joël. À la sixième trompette, les quatre cavaliers de l’Apocalypse sont libérés. Notons que la conclusion de tous ces fléaux, c’est que les hommes persévèrent dans l’obstination de leur cœur. Tout cela fait allusion à ce que quelques très rares hommes expérimentent parfois dans leur vie terrestre, à savoir la destruction de l’ego. La plupart des prophéties viennent de là, elles supposent que cette destruction de l’ego que quelques hommes ont accepté volontairement va un jour toucher l’humanité entière, et qu’alors nous assisterons à un carnage aussi terrible que si un dentiste nous arrachait sans anesthésie toutes nos dents, et sans le moindre égard pour notre souffrance.
Nouvel interlude au chapitre X, qui rappelle l’imminence du châtiment final, sept tonnerres se manifestent, sans qu’on voie trop le rapport avec ce qui précède. Jean voit un ange avec un petit livre, qu’il avale, le livre est doux dans sa bouche, mais il remplit ses entrailles d’amertume. Cela se rapporte à l’Esprit qui entre en l’homme et qui est aussi un purgatif, c’est-à-dire qu’il purge le mal en l’homme avec violence.
Le chapitre XI commence par parler des deux témoins. Ces deux témoins seraient d’après Israël Knohl à mettre en rapport avec l’Oracle d’Hystaspe, une courte apocalypse qui prédisait la fin de l’Empire Romain et dont la possession entraînait la mise à mort. Il situe l’apparition de ces deux témoins à l’époque de la mort du roi Hérode le Grand, mort qui aurait été le prélude à une insurrection messianique menée par Menahem l’Essénien et un autre personnage qu’Israël Knohl n’identifie pas, mais qui pourrait être le grand-prêtre Mathathias ben Theophilios l’Ancien. Cette insurrection n’est pas abordée par Flavius Josèphe excepté en termes peu explicites, ce qui est normal : l’insurrection fut menée par les esséniens (nous reparlerons plus loin des rapports entre les esséniens et Flavius Josèphe) et par le grand-prêtre Mathathias ben Theophilios qui a de fortes chances d’être l’arrière-grand-père de Flavius Josèphe, ce qui permet d’expliquer son silence sur ces événements. Toutes ses œuvres visent à convaincre que tant les esséniens que sa famille furent des Juifs pacifiques et sympathisants avec Rome, excepté quelques détails dont il se garde bien de parler. Si l’exécution de Menahem est quasi certaine, celle de Mathathias l’est moins. Nous pensons que l’auteur du passage savait parfaitement la responsabilité de sa famille dans cette insurrection et l’en félicite. Notons que les témoins ressusciteront après 3 jours et demi, ce qui se rapporte aux prophéties de Daniel, mais ici plus particulièrement aux insurrections sicaires que commenceront en 5, lors du recensement de la nouvelle préfecture de Judée, Judas le Galiléen et Sadoq. L’abîme qui engloutit les témoins semble un nom pour la puissance romaine qui engloutit des nations entières. Notons encore la mention d’un tremblement de terre, mais celui-ci semble avoir eu lieu en –31, donc des années avant ces événements.
Le chapitre XI se termine avec l’ange de la septième trompette qui au lieu d’un malheur annonce la venue du Christ.
On ne saisit pas trop le rapport de ce qui précède avec le chapitre XII. Notons que tous les chapitres qui suivent contiennent de violentes diatribes antiromaines, c’est la raison qui poussait de nombreux chrétiens à rejeter l’Apocalypse, en général ils servaient avec ferveur l’Empire romain et ne comprenaient rien à la volonté des Juifs de se révolter contre l’autorité bienfaisante de l’Empire. Précisons que cette autorité était bienfaisante quand les pays conquis payaient le tribut avec empressement afin que la population romaine ait du temps pour s’amuser en regardant les jeux du cirque. Toutes les distractions qu’inventaient les empereurs romains n’avaient d’autre but que de s’attacher le peuple de Rome ; et donc ils pressurisaient tellement les provinces romaines qu’elles entraient en rébellion. Presque toutes les provinces de l’Empire se révoltèrent, néanmoins celles en Judée étaient récurrentes, violentes, difficiles à contenir et longues. En général, les légions massacraient quelques centaines d’autochtones et les choses se calmaient ; en Judée ce fut très très différent.
Ce chapitre autant que les suivants combine des sources multiples et de tendances différentes, c’est ainsi que certains passages combinent des aspects spirituels et que d’autres combinent des aspects politiques et révolutionnaires. Ce que peut représenter un dragon dans un verset et ce qu’il représente dans un autre verset n’a pas forcément la même signification. Tout cela rend le texte effroyablement complexe, par exemple le dragon qui surgit dans le chapitre XII est identique à celui qui surgit dans le chapitre XIII, pourtant les narrations sont totalement différentes et les deux parties n’ont guère de rapports entre elles ; le texte devient alors très vite incompréhensible et c’est ce qui arrive quand des amateurs amalgament des textes aux origines diverses.
Le chapitre XII a un sens spirituel, la femme enceinte représente les puissances spirituelles et l’enfant dont elle accouche, ces mêmes puissances lorsqu’elles se manifestent dans la réalité des adeptes afin qu’il soit guidé ; le dragon, entendez l’ego, tente de le détruire afin que l’adepte reste prisonnier du prince de la puissance de l’air. Le combat entre ces forces opposées fait rage dans l’esprit de l’adepte, mais le triomphe final est assuré ; notons le thème du mépris de sa propre vie, c’est-à-dire l’abandon volontaire de l’ego. Nous développerons encore un autre sens, mais plus bas, parce que d’autres choses sont à expliquer avant.
Le chapitre XIII est nettement plus politique. Notons aussi les confusions entre le Dragon et les Bêtes. Le sens est assez transparent, le dragon blessé, c’est l’Empire Romain sous la domination de Néron, mis à mal par ses réformes du système fiscal et par l’augmentation généralisée des taxes afin de maintenir le train de vie des Romains. La première bête n’est pas compliquée à identifier, c’est Vespasien qui devint empereur et qui réorganisa l’Empire romain et qui renforça partout la domination impériale. Apparaît alors une seconde Bête dont le nombre est 666. Cette Bête est vraisemblablement le roi Hérode Agrippa II qui permit à Vespasien d’étendre sa domination sur toute la Judée. On sait que le nom Hérode s’écrit d’une multitude de façons, parmi celle-ci hôrôdôs (hébreu סודורוה), et on sait qu’en hébreu chaque lettre a une valeur ; le vav (hébreu ו), qui peut se prononcer « v », « ô » ou « û » vaut 6. Autrement dit, il y a eu une erreur le nombre de la Bête n’est pas 666 (six cent soixante-six), mais 6 6 6 (six six six). Revenons au nom d’Hérode Agrippa II. Quand les Juifs voyaient son nom, ils le lisaient Hôrôdôs, mais ils le voyaient comme h6r6d6s. De plus, ce roi fit frapper des pièces avec son effigie ou les effigies de l’empereur après la Première Guerre Judéo-Romaine, ce qui ne s’était jamais vu en Judée, c’est ce que le texte appelle « être marqué au nom de la Bête ou au chiffre de son nom ». Chaque juif devant utiliser des monnaies à effigies.
Le chapitre XIV est composé d’au moins trois parties. La première (14, 1–5) fait suite au Chapitre VII, partie I (celle des 144 000 élus) et la seconde (14, 6–13) fait suite à la partie II du même chapitre (celle des élus de toutes origines), ces deux parties sont reliées au chapitre XIII de manière très nébuleuse. Nous arrivons à une tierce partie (14, 14–20) qui parle de moissonner la terre, mais le lien avec ce qui précède ou ce qui suit n’est pas clair, ce passage parle de moissonner la vigne dans une cuve, dont le liquide qui s’écoulera ensuite hors de la ville (Jérusalem), les flots de sang atteindront 1,5 m de hauteur (le mors d’un cheval) et se propageront sur 320 km (1600 stades). Nous avouons ne pas comprendre le sens du passage peut-être est-ce une allusion à la destruction de la Forteresse de Betar faite par les Légions romaines pendant la Seconde Guerre judéo-romaine. Il doit s’agir d’une interpolation impossible à relier à l’ensemble.
Le chapitre XV commence par l’annonce que les Nations païennes (ou ce qu’il en reste, puisque normalement la terre a déjà été détruite quelquefois, c’est encore un passage d’autre provenance arbitrairement intercallé dans l’ensemble) vont finalement se tourner vers le vrai Dieu. Ensuite commence la partie relative aux sept coupes qui se poursuivra dans tout le chapitre XVI. Cette partie décrit sept nouveaux fléaux, dont le moindre serait suffisant pour exterminer toute vie sur terre, mais après sept, des humains vivront encore. Notons que cette partie est artificiellement reliée aux parties relatives à la Bête dont elle a peut-être interpolé l’une ou l’autre phrase. Notons aussi l’allusion à l’Égypte, lorsqu’il parles des « trois esprits impurs sous forme de grenouille », allusion probable aux gardiens occultes des Temples égyptiens.
Le chapitre XVII fait suite au chapitre XIII, et contient des allusions à la reine Bérénice de Judée, identifiée à la grande prostituée, la femme écarlate. On sait que cette reine fut la maîtresse de l’empereur Titus, le destructeur du Temple de Jérusalem. Tout le symbolisme est transparent, « les sept têtes [de la Bête], ce sont sept collines », autrement dit Rome, « sur lesquelles la femme est assise ». Allusion au fait que Bérénice de Judée pourrait épouser Titus et devenir impératrice du Monde. Mais les Romains menacèrent de se révolter et Titus devra s’en séparer. Nous avions dit que nous reparlerions de la femme enceinte du chapitre XII, celle-ci pourrait être en rapport avec la reine Bérénice. On sait, en effet que la reine Bérénice était une naziréenne, une moniale juive, or malgré ses vœux, elle entretenait une relation passionnée avec Titus. Le chapitre XII décrirait alors comment la reine Bérénice se présente, une vierge de qui va naître le messie, et le chapitre XVII, comme elle est réellement, une prostituée amante du destructeur du Temple de Jérusalem. La réalité de cette reine au caractère complexe est peut-être différente, mais ses amours avec Titus devaient horrifier ses contemporains. Bérénice sera très mal acceptée par les Romains, qui voyaient en elle une nouvelle Cléopâtre, quant aux ultra-païens qui entouraient Domitien, le frère de Titus, ils devaient redouter le pire, si Bérénice tombait enceinte et qu’un fils naissait de ses amours avec Titus, l’Empire romain deviendrait Juif. Nous parlerons ailleurs des ultra-païens. Nous arrivons donc au moment où Bérénice est forcée de quitter Rome et Titus (vers 78), ce à quoi fait allusion le passage suivant (17, 16) : « Mais ces dix cornes-là et la Bête, ils vont prendre en haine la Prostituée, ils la dépouilleront de ses vêtements, [elle sera] toute nue, ils en mangeront la chair, ils la consumeront par le feu. » Ceci pouvant faire allusion à un éventuel assassinat de Bérénice sur ordre de Domitien, on sait qu’elle mourut en 83, peu de temps après son accession à la tête de l’empire. Nous reviendrons sur les possibles sens ésotériques un peu plus bas.
Nouveau changement avec le chapitre XVIII, on annonce la chute de Babylone. Le peuple de Dieu doit quitter Babylone sinon il sera détruit avec cette cité, peut-être s’agit-il d’une allusion aux mois qui précédèrent la destruction de Jérusalem par Titus, période pendant laquelle Flavius Josèphe tentera les habitants qui voulaient être épargnés de se rendre et de se disperser en Judée ou en Galilée. Ce passage se poursuit au début du chapitre XIX (jusqu’au verset 10), dans lequel la Prostituée du chapitre XVII est identifiée à la ville de Babylone.
Les versets 11–21 du chapitre XIX décrivent un combat eschatologique entre Jésus et les Anges d’une part, La Bête et le faux prophète (vraisemblablement Hérode Agrippa), mais il pourrait s’agit d’une attaque contre Flavius Josèphe qui a rallié le camp romain. Ces passages nous semblent faire une apologie visant à déclencher une nouvelle révolte pour prendre une revanche contre les Romains et elle pourrait dater des années 85–90.
Nous arrivons au règne des 1000 ans du chapitre XX. Le dragon qui dans le chapitre précédent avait été tué, enfin au moins emprisonné, n’était peut-être finalement pas si emprisonné que cela, puisque ce n’est que dans ce chapitre qu’un ange le maîtrisera et le jettera dans l’abîme afin qu’il cesse de fourvoyer les nations. Ce passage mentionne aussi une première résurrection, celle des élus qui semblent encore différent des 144000 et de ceux de toutes nations des chapitres VII et XIV. Ces ressuscités deviennent prêtres de Jésus et la mystérieuse seconde mort n’aura pas prise sur eux. Après 1000 ans, le diable sera libéré, mais un feu du ciel mettra fin à sa courte sortie et ce sera sa fin. Commence alors la résurrection des morts et le jugement des hommes. Notons un passage important (20, 11) : « Puis je vis un trône blanc, très grand et celui qui siège dessus : le ciel et la terre s’enfuirent de devant sa face sans laisser de trace. »
Dans le chapitre XXI, est annoncée la venue de la nouvelle Jérusalem qui descend du ciel, dans les traditions rabbiniques, ce n’est que le troisième Temple qui descend du ciel. Nous arrivons à l’annonce de l’univers nouveau, régénéré. Les pieux seront alors nourris par la vie elle-même quant aux impies ils verront leur impiété se consumer dans un étang brûlant de feu et de soufre. On revient ensuite aux anges aux sept coupes qui semblent s’être apaisés et qui emmènent Jean au nouveau Temple, bien plus grand que le précédent, mais même plus grand que ce qu’envisageaient les esséniens dans le Rouleau du Temple, puisque la ville de Jérusalem sera alors cubique et que chaque côté fera 2400 km (12 000 stades) de côté, il vaudra d’ailleurs mieux ne pas monter sur le toit parce qu’outre l’absence d’oxygène, à cette hauteur on est en plein dans la ceinture van Allen dont les particules à haute énergie sont mortelles pour l’homme. Elle sera entourée d’un rempart de seulement 64 mètres... nous soupçonnons la fusion de deux textes. Les nations se sont converties.
Dans le chapitre XXII qui est le dernier, on dit qu’il n’y aura plus de malédictions et que l’univers connaîtra la paix. L’épilogue final certifie qu’on ne peut rien retrancher ni ajouter à l’Apocalypse (hum hum) et se termine par l’annonce du retour imminent de Jésus. Le texte est sans aucun doute composite, et les parties elles-mêmes souffrent de réécritures nombreuses. C’est plutôt un florilège pris à différentes Apocalypses, qu’un texte suivi. Certains passages font allusion à des événements historiques difficiles à déterminer exactement, ainsi les sept villes des premiers chapitres pourraient faire allusion aux comportements des communautés juives de ces villes pendant la Première Guerre judéo-romaine ou pendant la guerre du Qitos (115–118). On peut supposer que cette révolte fut suivie différemment par les communautés, certaines s’y joignant d’autres s’y refusant, malheureusement les documents historiques nous manquent pour pouvoir comprendre les allusions qui y sont contenues. La guerre du Qitos ne nous est connue que dans ses grandes lignes, quelques noms émergent, quelques points très chauds, mais les comportements de chaque communauté furent peut-être plus divers qu’on ne l’imagine.
Nous voudrions revenir sur certains aspects ésotériques de l’Apocalypse, et nous devons dire que notre grande difficulté à interpréter certaines parties du texte provient des réécritures, il nous est impossible de déterminer si des passages cruciaux relatifs à la femme écarlate et d’autres sont issus d’un texte ésotérique converti en satire politique ou s’ils sont issus d’une satire politique convertie en texte ésotérique. Donc il y a des ambiguïtés qu’il nous est impossible de lever.
Certains chapitres nous semblent provenir d’un texte dans lequel un homme aurait décrit une intense expérience spirituelle en termes cosmogoniques, attribuant au grand monde ce qui s’est déroulé dans le petit monde. La femme écarlate ou grande prostituée est évidemment le feu de la colère qui pousse l’homme à exister dans ce monde et à épouser la vie profane dont il peut, avec de la chance, retirer des avantages immédiats. Ce feu dans des textes très postérieurs sera assimilé au feu divin qui, si on se tourne vers le monde, use la vitalité prématurément et si on le tourne vers Dieu peut mener l’homme à la régénération. On peut imaginer que la progression spirituelle ne se fait pas sans étapes.
Une première étape serait de convertir ce feu afin qu’il serve Dieu au lieu de servir le monde, c’est alors que l’adepte devient réellement prêtre du Très-Haut, et une seconde étape qui se manifesterait par un anéantissement des réalités matérielles, le ciel et la terre qui s’effacent devant le trône de Dieu. Les méchants qui brûlent dans le feu et le soufre sont tous ceux qui ont refusé d’abandonner leur propre esprit dans cette vie-ci et qui après la mort sont purifiés de force. Le texte ne nous dit pas si leur condamnation est éternelle ou si elle ne dure que le temps qu’il leur sera nécessaire pour renoncer à eux-mêmes.
Ce n’est pas dans l’Apocalypse que nous trouverons des schémas sur l’avenir de l’homme. Ce mélange de textes fusionnés n’importe comment contient des aspects politiques et spirituels, qu’il devient impossible à démêler. Si les sources sont multiples, nous croyons bien qu’il n’y a qu’un rédacteur final. Nous doutons qu’il eût la pleine compréhension de ce qu’il mettait ensemble, les raccords qu’il établira sont mineurs et ne font aucune illusion sur la diversité des sources.
Nous avons été surpris dans nos études sur les évangiles de découvrir le curieux Discours eschatologique de Jésus divisé dans les synoptiques qui contient des parties très curieuses sur l’avenir de l’humanité, ce que l’Apocalypse de Jean ne contient assurément pas.
Difficile de savoir si ce texte fut influencé par les groupes nazaréens qui participèrent à la révolte de Qitos, mais cela ne peut être exclu. Leur doctrine comporterait des aspects eschatologiques de guerre sainte, autant qu’une doctrine de la destruction de l’ego, ce que l’islam réécrira en soumission à Dieu. Il ne s’agit pas de soumission, mais bien de destruction de l’ego. L’apparente soumission de l’ego peut se révéler un leurre dangereux dont il est après très difficile de se débarrasser.
the sound - contact the fact l’hyper monde est un infty-simplexe triangulairement scalairisé
...ccnc ...et la lumière fut
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Re: Quelques réflexions sur le texte de l'Apocalypse
Ecrit le 12 juil.15, 12:09je t'en prie
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Re: Quelques réflexions sur le texte de l'Apocalypse
Ecrit le 21 juil.15, 07:35Pour d'autres réflexions sur ce livre, voir :
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Re: Quelques réflexions sur le texte de l'Apocalypse
Ecrit le 21 juil.15, 07:53Majeure : je monte une hypothèseApparaît alors une seconde Bête dont le nombre est 666. Cette Bête est vraisemblablement le roi Hérode Agrippa II qui permit à Vespasien d’étendre sa domination sur toute la Judée. On sait que le nom Hérode s’écrit d’une multitude de façons, parmi celle-ci hôrôdôs (hébreu סודורוה), et on sait qu’en hébreu chaque lettre a une valeur ; le vav (hébreu ו), qui peut se prononcer « v », « ô » ou « û » vaut 6. Autrement dit, il y a eu une erreur le nombre de la Bête n’est pas 666 (six cent soixante-six), mais 6 6 6 (six six six).
Mineure : mon hypothèse ne cadre pas avec le texte
Conclusion : le texte est faux
A côté de ça, on sait depuis le XIXème que KSR NRWN = 666
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Re: Quelques réflexions sur le texte de l'Apocalypse
Ecrit le 21 juil.15, 15:20Je ne nie pas que César Néron vaut 666, mais on a trouvé récemment qu'Hadrien valait aussi 666... Or si on attribue le 666 à Néron ou à Hadrien, l'ensemble du texte nous devient complètement obscur et ne se rapporte à rien de connu, donc je trouve plus logique de supposer une faute d'écriture pour 6 6 6... Alors qu'en identifiant le 666 à Hérode Agrippa II, le dragon à Titus et la femme écarlate à Bérénice, on a déjà un sens nettement plus évident à ce texte...Saint Glinglin a écrit : Majeure : je monte une hypothèse
Mineure : mon hypothèse ne cadre pas avec le texte
Conclusion : le texte est faux
A côté de ça, on sait depuis le XIXème que KSR NRWN = 666
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Re: Quelques réflexions sur le texte de l'Apocalypse
Ecrit le 22 juil.15, 06:56Horodos = H 8 + W 6 + R 200 + W 6 + D 4 + W 6 + S 300 = 530
HRDS = 512
Quel est l'empereur qui s'était mis en tête de faire installer sa statue dans le temple de Jérusalem ?
HRDS = 512
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Ecrit le 24 juil.15, 20:46Je ne nie pas...Saint Glinglin a écrit :Horodos = H 8 + W 6 + R 200 + W 6 + D 4 + W 6 + S 300 = 530
HRDS = 512
Quel est l'empereur qui s'était mis en tête de faire installer sa statue dans le temple de Jérusalem ?
Réflexions sur les chapitres XII et XIII de l'Apocalypse:
Il y a néanmoins encore une autre alternative, proposée par Thomas Witulski, il s’agirait du nom hébreu de l’empereur Hadrien ADRINVS TRINVS (les deux s finaux sont des samekh et T initial un teth) qui vaut bien 666:
(1+4+200+10+50+6+60)+(9+200+10+50+6+60)=331+335=666
Il faudrait alors voir la première bête blessée comme étant l'empereur Trajan, blessé par la très dure révolte des communautés (guerre de kitos 115–118) et l'empire romain relevé par Hadrien.
Le chapitre précédent décrivant la femme enceinte couronné de douze étoile serait alors un symbole de Shimé°on bar Kôsèvâ
(ShM°VN BR KVSBA), qui sera surnommé Shimé°on bar Kôkèbâ (ShM°VN BR KVKBA), c'est-à-dire «le Fils de l'Étoile», notons qu'il était surnommé bar Kôzîvâ (BR KVZIBA), c'est-à-dire «Fils du Mensonge» par ses ennemis.
Techniquement c'est possible mais cela nous éloigne de Néron... de la Bête blessée puis guérie (allusion à la réforme fiscale de Néron qui mis l'Empire Romain en grandes difficultes, et à Vespasien-Titus-Domitien qui redressèrent le système fiscal romain.)
Notons que l'usage des monnaies à face ne se répandit en Judée qu'après Vespasien, ce qui exclut à mes yeux que Néron soit le 666... En tout cas je vois mal les rapports, Néron a tenté d'imposer sa statue (d'ailleurs Caligula aussi) et cela ne s'est pas fait, alors que Vespasien et Hadrien ont imposé l'usage des monnaies à face...
Réflexion sur le chapitre XVII
Je maintiens que la femme écarlate est Bérénice de Judée... Et je trouvais étonnant la comparaison entre les femmes des chapitres XII et XVII, qui décrivent les deux faces de Bérénice, d'un côté une naziréenne, de l'autre la maîtresse de Titus...
La véritable doctrine de la Bible enseigne que l'homme doit réintégrer la Adamah, la terre spirituelle primordiale qu'il a quitté par accident...
Re: Quelques réflexions sur le texte de l'Apocalypse
Ecrit le 25 juil.15, 08:58La femme prostituée et la femme adultère était Jérusalem.
La femme écarlate aussi.
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Re: Quelques réflexions sur le texte de l'Apocalypse
Ecrit le 27 juil.15, 14:02"Révélation de Jésus-Christ, que Dieu lui a donnée pour montrer à ses serviteurs ce qui doit arriver bientôt, et qu'il a fait connaître par l'envoi de son ange à son serviteur Jean, celui-ci a, comme témoin, annoncé la parole de Dieu et le témoignage de Jésus-Christ : tout ce qu'il a vu" (Apocalypse 1:1-2).Stephan H a écrit :La mention du Christ dans ce texte ne doit pas tromper, le Christ c’est le Messie, voire Dieu Lui-même, voire le dieu intérieur, mais pas forcément Jésus. Et dans le cas du présent texte, ce n’est pas Jésus, du moins excepté quelques interpolations.
Le nom de Jésus apparaît 12 fois dans le livre. S'agit-il à chaque fois d'interpolations ?
Venez lire une réflexion sur l'Apocalypse qui n'élague pas ce qui gêne : http://www.forum-religion.org/christian ... 35422.html
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Re: Quelques réflexions sur le texte de l'Apocalypse
Ecrit le 28 juil.15, 05:57L'Apocalypse est une texte juif badigeonné en texte chrétien.
Les mentions de Jésus font partie des ajouts chrétiens.
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