Rappelons le passage d'abord qui ne se trouve qu'en Luc 2, 25–35:
On a proposé de voir dans ce Simon qui annonce Jésus, Simon ben Hillel, le fils du chef (nassi) du Sanhédrin. La solution est tentante mais fut rejetée parce que sa présence au Temple en ferait vraisemblablement un qohen ou un prêtre descendant d'Aaron (tous les prêtres ou qohanîm sont des descendants d'Aaron).Et voici, il y avait à Jérusalem un homme appelé Siméon. Cet homme était juste et pieux, il attendait la consolation d’Israël, etl’Esprit Saint était sur lui. Il avait été divinement averti par le Saint-Esprit qu’il ne mourrait point avant d’avoir vu l’envoyé du Seigneur. Il vint au temple, poussé par l’Esprit. Et, comme les parents apportaient le petit enfant pour accomplir à son égard ce qu’ordonnait la loi, il le reçut dans ses bras, bénit Dieu, et dit [Nunc Dimitis]: «Maintenant, Seigneur, tu laisses ton serviteur S’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu ton salut, salut que tu aies préparé devant tous les peuples, lumière pour éclairer les nations et gloire d’Israël, ton peuple.» Son père [Dieu ou Joseph?] et sa mère étaient dans l’admiration des choses qu’on disait de lui. Siméon les bénit, et dit à sa mère: «Voici, cet enfant est destiné à amener la chute et le relèvement de plusieurs en Israël, et à devenir un signe qui provoquera la contradiction, et à toi-même une épée te transpercera l’âme, afin que les pensées de beaucoup de cœurs soient dévoilées.»
Il existait bien un Simon actif à l'époque des événements. Simon l'Essénien qui est mentionné par Flavius Josèphe dans ses Antiquités comme dans La Guerre des Juifs contre Rome. Voyons ce qu'il en dit.
Guerre des Juives contre Rome, Livre II, 7–3:
Antiquités Juives, Livre XVIII, 13–3:Quand Archélaüs eut pris possession de l'ethnarchie, il n'oublia pas ses anciennes rancunes, mais traita avec férocité les Juifs et même les Samaritains. Les uns et les autres ayant envoyé des députés à César, la neuvième année de son règne. Archélaüs fut exilé dans la ville de Vienne en Gaule: sa fortune fut attribuée au fisc de l'empereur. On dit qu'avant d'être mandé par César, il eut un songe: il lui sembla voir neuf épis pleins et grands que broutaient des bœufs. Il fit venir les devins et quelques Chaldéens et leur demanda d'interpréter ce présage. Chacun l'expliqua à sa façon, mais un certain Simon, de la secte Essénienne, dit que les épis signifiaient des années et les bœufs une révolution, parce que les bœufs, en traçant le sillon, bouleversent la terre: il règnerait donc autant d'années qu'il y avait d'épis, et mourrait après une existence très mouvementée. Cinq jours après, Archélaüs était cité au tribunal de César.
Nous pensons que le Simon qui fait la prophétie sur Jésus est bien Simon l'Essénien. Les qohanîm esséniens continuaient à officier au Temple quand la halakha pharisienne n'était pas appliquée. Sa présence peut donc être logique.Avant qu’Archélaüs eût été invité à se rendre à Rome, il eut le songe suivant, qu’il raconta à ses amis. Il avait vu dix épis de blé pleins de froment ; déjà arrivés chacun à pleine maturité, et il lui avait semblé que des bœufs les dévoraient. Une fois éveillé, pensant que sa vision lui présageait des choses graves, il fit venir les devins qui s’occupaient d’interpréter les songes. Comme ils différaient d’avis les uns des autres — car tous étaient loin de s’accorder — Simon, Essénien de race, après avoir demandé qu’on lui garantit sa sûreté, dit que cette vision présageait à Archélaüs un changement peu favorable dans ses affaires ; en effet, les bœufs étaient signe de souffrance, puisque c’étaient des animaux assujettis à un labeur pénible ; quant au changement de situation, il s’annonçait par le fait que la terre labourée par leur travail ne pouvait rester dans le même état ; les dix épis signifiaient un nombre égal d’années puisqu’il y a une moisson par année : c’était le terme fixé pour la puissance d’Archélaüs. Telle fut son interprétation de ce songe. Cinq jours après avoir vu cette vision, Archélaüs vit arriver l’autre Archélaüs envoyé en Judée par l’empereur pour le citer en justice.
Une partie de la prophétie sur Jésus est quasi citation d'un texte essénien: Hymnes B des Hôdayôth retrouvés à Qumran et attribués au Maître de Justice, voyons les similitudes.
Simon dit au sujet de Jésus, d'après Luc:
Le Maître de Justice dit de lui-même:Voici, cet enfant est destiné à amener la chute et le relèvement de plusieurs en Israël, et à devenir un signe qui provoquera la contradiction, et à toi-même une épée te transpercera l’âme, afin que les pensées de beaucoup de cœurs soient dévoilées.
Les chrétiens durent avoir des fragments d'un biographie du Maître de Justice dont ils se servirent pour composer leur Vie de Jésus...Et je fus un piège pour les pécheurs mais la guérison pour tous ceux qui se convertissent du péché (II, 8–9 partiels)
Et contre moi l'assemblée des impies faisait rage, et ils grondaient comme les tempêtes sur les mers, quand leurs flots font rage, projetant vase et limon. Mais tu as fais de moi une bannière pour les élus de justice et un interprète plein de connaissance concernant les mystères merveilleux, pour éprouver les hommes de vérité et pour mettre à l'épreuve ceux qui aiment l'instruction. (II, 12 à 14 début)
Et je fus un homme de querelle pour les interprètes d'égarement, mais un homme de paix pour tous ceux qui voient les choses vraies (II, 14 fin–15 début)
Et tous les hommes de tromperies grondaient contre moi... et ils ont renversé vers la fosse la vie de l'homme par la bouche duquel tu as placé l'intelligence pour qu'il ouvrit la source de la connaissance pour tous les intelligents, mais il ont troqué cela pour l'incirconcision des lèvres et la langue étrangère d'un peuple sans intelligence afin qu'ils se perdissent en leurs égarements. (II 16 à 19, partiel)
Et eux, c'est de ta part qu'is ont attenté à ma vie, afin que Tu fusses glorifié par le jugement des impies et que tu manifestasses ta puissance en moi en face des fils d'hommes car c'est par ta grâce que je me tiens debout. (II 23 fin à 25 début).
Et ils ont décoché des flèches (II, 34)