La Raison du Pourquoi que Le Nom de Dieu a été remplacer !
Posté : 08 juil.03, 01:05
Nom personnel de Dieu (Is 42:8 ; 54:5). Bien qu'il soit désigné dans les Écritures par des titres et qualificatifs comme " Dieu ", " Souverain Seigneur ", " Créateur ", " Père ", " le Tout-Puissant " et " le Très-Haut ", seul son nom personnel résume et exprime pleinement sa personnalité et ses attributs, qui il est et ce qu'il est. - Ps 83:18.
Prononciation correcte du nom divin . " Jéhovah " est la prononciation la plus connue du nom divin en français, même si la plupart des hébraïsants lui préfèrent " Yahvé " ou " Iahvé ". Les plus anciens manuscrits hébreux présentent le nom sous la forme de quatre consonnes, communément appelées le Tétragramme (du grec tétra-, qui signifie " quatre ", et gramma, " lettre "). Ces quatre lettres (écrites de droite à gauche) sont (____) et peuvent être transcrites en français par YHWH (ou JHVH).
Les consonnes hébraïques du nom sont donc connues. Reste à savoir quelles voyelles doivent leur être associées. Les points-voyelles n'entrèrent en usage en hébreu qu'à partir de la deuxième moitié du Ier millénaire de n. è. (Voir HÉBREU, II [L'alphabet et l'écriture hébraïques].) De plus, en raison d'une superstition religieuse née des siècles plus tôt, les points-voyelles figurant dans les manuscrits hébreux ne permettent pas de déterminer quelles voyelles doivent apparaître dans le nom divin.
Caché par superstition . À un moment donné s'est imposée parmi les Juifs une superstition qui tenait pour répréhensible le simple fait de prononcer le nom divin (représenté par le Tétragramme). On ignore quelle raison exactement fut à l'origine invoquée pour supprimer l'usage du nom divin. Certains pensent que le nom était jugé trop saint pour être prononcé par des lèvres imparfaites. Pourtant, les Écritures hébraïques n'indiquent nulle part qu'un quelconque serviteur authentique de Dieu ait jamais hésité à prononcer son nom. Des documents hébraïques non bibliques, entre autres ceux appelés Lettres de Lakish, montrent que le nom était employé dans les courriers ordinaires échangés en Palestine vers la fin du VIIe siècle av. n. è.
Une autre opinion est qu'on aurait voulu empêcher les peuples non juifs d'avoir connaissance du nom, de peur qu'ils ne l'emploient à tort. Toutefois, Jéhovah lui-même déclara que ' son nom serait proclamé dans toute la terre ' (Ex 9:16 ; voir aussi 1Ch 16:23, 24 ; Ps 113:3 ; Ml 1:11, 14), afin que même ses adversaires le connaissent (Is 64:2). Le nom était de fait connu et utilisé par les nations païennes tant avant notre ère que dans les premiers siècles de notre ère (The Jewish Encyclopedia, 1976, vol. XII, p. 119). Selon une autre assertion, l'objectif était de prévenir l'usage du nom dans des rites magiques. Si ce fut le cas, le raisonnement était défaillant, car de toute évidence plus on entourerait le nom de mystère en le délaissant, plus il répondrait aux intentions des pratiquants de la magie.
Quand la superstition s'imposa-t-elle De même que la ou les raisons invoquées à l'origine pour cesser d'employer le nom divin sont obscures, de même on ne sait pas trop quand cette superstition s'imposa vraiment. Certains prétendent que ce fut après l'exil à Babylone (607-537 av. n. è.). Cette théorie, toutefois, s'appuie sur l'emploi prétendument restreint du nom par les derniers rédacteurs des Écritures hébraïques, une opinion qui ne résiste pas à l'analyse. Malaki, par exemple, fut sans doute un des livres des Écritures hébraïques écrits les derniers (dans la deuxième moitié du Ve siècle av. n. è.), et il accorde une place de choix au nom divin.
De nombreux ouvrages de référence ont émis l'avis que le nom tomba en désuétude vers 300 av. n. è. On a invoqué à l'appui de cette date l'absence du Tétragramme (ou de sa transcription) dans la traduction grecque des Écritures hébraïques appelée Septante, entreprise aux environs de 280 av. n. è. Il est vrai que les copies manuscrites de la Septante les plus complètes connues aujourd'hui substituent systématiquement les mots grecs Kurios (Seigneur) ou Théos (Dieu) au Tétragramme. Mais ces manuscrits principaux ne remontent qu'aux IVe et Ve siècles de n. è. On a retrouvé des copies antérieures qui, bien que fragmentaires, prouvent que les copies les plus anciennes de la Septante portaient bien le nom divin.
L'une de ces copies est constituée des fragments d'un rouleau de papyrus d'une partie du Deutéronome, catalogués P. Fouad Inventaire 266 (PHOTO, vol. 1, p. 326<G<Þ>G> it-1 326<G<Ü>G>). Le Tétragramme y figure régulièrement, en caractères hébreux carrés à chacune de ses occurrences dans le texte hébreu traduit. Ce papyrus est daté du Ier siècle av. n. è. par les spécialistes et a donc été écrit quatre ou cinq siècles avant les manuscrits mentionnés précédemment. - Voir Appendice MN, p. 1679-1681.
Quan les Juifs en général cessèrent de prononcer le nom personnel de Dieu
Ainsi, du moins sous forme écrite, rien n'indique vraiment que le nom divin ait disparu ou que son usage se soit perdu avant notre ère. Ce n'est qu'au Ier siècle de n. è. qu'on trouve des indices d'une attitude superstitieuse envers le nom. Josèphe, historien juif issu d'une famille sacerdotale, racontant comment Dieu se révéla à Moïse à l'emplacement du buisson embrasé, déclare : " Alors Dieu lui révèle son nom qui n'était pas encore parvenu aux hommes, et dont je n'ai pas le droit de parler. " (Antiquités judaïques, II, 276 [XII, 4]). Toutefois, cette déclaration de Josèphe, par ailleurs inexacte à propos de la connaissance du nom divin avant Moïse, est vague et ne révèle pas précisément quelle était la ligne de conduite générale au Ier siècle quant à la prononciation ou à l'usage du nom divin.
La Mishna, compilation des enseignements et des traditions rabbiniques, est un peu plus explicite. Sa compilation est attribuée à un rabbin appelé Juda le Prince, qui vécut aux IIe et IIIe siècles de n. è. Certaines parties de la Mishna se rapportent incontestablement aux conditions antérieures à la destruction de Jérusalem et de son temple en 70 de n. è. Un spécialiste dit toutefois à propos de la Mishna : " Il est extrêmement difficile d'apprécier la valeur historique qu'il faut attacher à une quelconque tradition rapportée dans la Mishna. Le temps écoulé, qui contribua peut-être à obscurcir ou à fausser le souvenir d'époques très différentes : les soulèvements, les changements et la confusion politiques hérités de deux rébellions et de deux conquêtes romaines ; les valeurs à l'honneur dans le parti pharisien (dont la Mishna véhicule les opinions) que ne partageait pas le parti sadducéen [...] - ce sont des facteurs qui doivent être pris en compte pour jauger la nature des déclarations de la Mishna. De plus, une grande partie du contenu de la Mishna se situe dans le contexte d'un débat d'idées mené gratuitement, sans grande intention (semble-t-il) de transmettre l'usage historique. " (The Mishnah, par H. Danby, Londres, 1954, p. xiv, xv). Voici quelques traditions de la Mishna relatives à la prononciation du nom divin.
On y lit à propos de la célébration annuelle du jour des Propitiations : " Les prêtres et le peuple qui se tenaient dans l'enceinte, entendant le Nom Ineffable prononcé par le Grand-Prêtre, s'agenouillaient, se prosternaient et tombaient face à terre et s'écriaient : ' Loué soit à jamais le Nom de Son règne glorieux. ' " (Yoma VI, 2, par les Membres du Rabbinat français). Concernant les bénédictions prononcées chaque jour par les prêtres, Sota VII, 6 déclare : " Dans le Temple le Nom était prononcé comme il s'écrivait, mais dans les provinces on lui en substituait un autre. " D'après Sanhédrin VII, 5 (par les Membres du Rabbinat français), un blasphémateur n'était coupable ' que s'il prononçait distinctement le Nom ', et lors d'un procès pour blasphème, on recourait à un nom de substitution jusqu'à ce que tous les témoignages aient été entendus ; puis on invitait en privé le témoin principal à ' dire distinctement ce qu'il avait entendu ', vraisemblablement en employant le nom divin. Dans l'énumération de ceux " qui n'ont pas part au monde futur " faite en Sanhédrin X, 1, on lit : " Abba Chaoul dit : même celui qui prononce le nom divin selon les lettres qui le composent. " Cependant, à côté de ces opinions négatives, on trouve dans la première section de la Mishna l'invitation selon laquelle " il convenait de saluer son prochain avec le nom de Dieu ". Puis est cité l'exemple de Boaz (Ru 2:4). - Berachot IX, 5, par les Membres du Rabbinat français.
Examinées avec les réserves qui s'imposent, ces considérations tirées de la tradition peuvent révéler une tendance superstitieuse à éviter d'utiliser le nom divin un peu avant la destruction du temple de Jérusalem en 70 de n. è. Et encore, c'est avant tout des prêtres qu'il est dit explicitement qu'ils utilisaient un nom de substitution au lieu du nom divin, et ce uniquement dans les provinces. En outre, comme on l'a vu, la valeur historique des traditions de la Mishna est sujette à caution.
Il n'existe donc pas de fondement solide pour affirmer qu'on commença avant les Ier et IIe siècles de n. è. par superstition à s'abstenir d'utiliser le nom divin. Il n'empêche qu'à partir d'une certaine époque, lorsqu'il lisait les Écritures hébraïques dans la langue originale, le lecteur juif ne prononçait plus le nom divin représenté par le Tétragramme, mais lui substituait soit ´Adhonay (Souverain Seigneur), soit ´Èlohim (Dieu). C'est ce qu'indique le fait que, lorsque fut adoptée dans la deuxième moitié du Ier millénaire de n. è. la vocalisation par points-voyelles, les copistes juifs insérèrent les points-voyelles de ´Adhonay ou de ´Èlohim dans le Tétragramme, sans doute pour rappeler au lecteur de dire ces mots au lieu de prononcer le nom divin. Le lecteur qui se référait à des copies tardives de la Septante, traduction grecque des Écritures hébraïques, rencontrait bien entendu systématiquement Kurios ou Théos à la place du Tétragramme. - Voir SEIGNEUR.
Des versions en d'autres langues, par exemple la Vulgate, imitèrent ces copies tardives de la Septante. En français, selon l'usage de la Vulgate, certaines versions ne contiennent pas le nom divin (AG ; Sa).
Quelle est la prononciation exacte du nom de Dieu
Dans la deuxième moitié du Ier millénaire de n. è., les érudits juifs introduisirent un système de points représentant les voyelles absentes du texte consonantique hébreu. Lorsqu'ils rencontraient le nom de Dieu, au lieu d'insérer les signes vocaliques adéquats, ils en mettaient d'autres pour rappeler au lecteur qu'il devait dire ´Adhonay (qui signifie " Souverain Seigneur ") ou ´Èlohim (qui signifie " Dieu ").
Le Codex de Leningrad B 19A, du XIe siècle de n. è., vocalise le Tétragramme en Yehwah, Yèhwih, Yehwih et Yehowah. Le texte massorétique par C. Ginsburg vocalise le nom divin en Yehowah (Gn 3:14, note). Les hébraïsants estiment généralement que la prononciation " Yahweh " ou " Yahvé " est la plus vraisemblable. Ils font observer que la forme abrégée du nom est Yah (Jah sous sa forme latinisée), par exemple en Psaume 89:8 et dans l'expression Halelou-Yah (qui signifie " Louez Yah ! ") (Ps 104:35 ; 150:1, 6). Par ailleurs, les formes Yehô, Yô, Yah et Yahou, qu'on trouve entre autres dans l'orthographe hébraïque des noms Yehoshaphat, Yoshaphat et Shephatia, peuvent toutes être dérivées de Yahweh (Yahvé). Les transcriptions grecques du nom que firent les premiers écrivains chrétiens vont un peu dans le même sens, avec des orthographes comme Iabé et Iaoué, dont la prononciation en grec se rapproche de Yahweh. Néanmoins, les spécialistes sont loin d'être unanimes sur la question, certains défendant d'autres prononciations encore, comme " Yahouwa ", " Yahouah " ou " Yehouah ".
Puisqu'on ne peut pour l'instant être certain de la prononciation, il semble n'y avoir aucune raison de délaisser en français la forme bien connue de " Jéhovah " au profit d'une des autres prononciations proposées. Si on changeait, alors, pour être conséquent avec soi-même, il faudrait changer la graphie et la prononciation de bien d'autres noms figurant dans les Écritures : Jérémie deviendrait Yirmeyah, Isaïe Yesha'yahou et Jésus serait soit Yehôshoua' (comme en hébreu), soit Iêsous (comme en grec). Les mots ont pour fonction de transmettre des idées ; en français, le nom Jéhovah identifie le vrai Dieu, et transmet aujourd'hui cette notion de façon plus satisfaisante que n'importe quel autre substitut proposé.
Importance du nom. De nombreux érudits et traducteurs modernes de la Bible préconisent de se ranger à la tradition et d'enlever le nom distinctif de Dieu. Selon eux, cette ligne de conduite se justifie d'une part parce que la prononciation du nom est incertaine, et d'autre part parce que le vrai Dieu étant au-dessus de tous et unique il n'a pas besoin d'un nom particulier. Rien dans les Écritures inspirées, que ce soit celles des temps préchrétiens ou les Écritures grecques chrétiennes, ne corrobore cette opinion.
Le Tétragramme figure 6 828 fois dans le texte hébreu imprimé dans la Biblia Hebraica et dans la Biblia Hebraica Stuttgartensia. Dans la Traduction du monde nouveau, le nom divin figure 6 973 fois dans les Écritures hébraïques, car les traducteurs ont pris en compte, entre autres, le fait qu'à certains endroits les scribes avaient remplacé le nom divin par ´Adhonay ou ´Èlohim (voir Appendice MN, p. 1676-1678). La fréquence même à laquelle ce nom revient témoigne de l'importance que lui attache l'Auteur de la Bible, dont c'est le nom. Son emploi tout au long des Écritures dépasse de loin celui de tout autre titre donné à Dieu, comme " Souverain Seigneur " ou " Dieu ".
On notera aussi avec intérêt l'importance accordée aux noms eux-mêmes dans les Écritures hébraïques et chez les peuples sémites. Le professeur G. Manley fait remarquer : " Une étude du mot ' nom ' dans l'A[ncien] T[estament] est révélatrice de tout ce que ce mot pouvait signifier en hébreu. Le nom n'était pas seulement une étiquette. Il était caractéristique de la véritable personnalité de celui qui le portait. [...] Quand un individu plaçait son ' nom ' sur quelque chose ou sur quelqu'un, cela voulait dire qu'il prenait cet objet ou cette personne sous son influence ou sous sa protection. " - New Bible Dictionary, par J. Douglas, 1985, p. 430 ; voir aussi Le Talmud, par A. Cohen, Paris, 1950, p. 68 ; Gn 27:36 ; 1S 25:25 ; Ps 20:1 ; Pr 22:1 ; voir NOM.
Prononciation correcte du nom divin . " Jéhovah " est la prononciation la plus connue du nom divin en français, même si la plupart des hébraïsants lui préfèrent " Yahvé " ou " Iahvé ". Les plus anciens manuscrits hébreux présentent le nom sous la forme de quatre consonnes, communément appelées le Tétragramme (du grec tétra-, qui signifie " quatre ", et gramma, " lettre "). Ces quatre lettres (écrites de droite à gauche) sont (____) et peuvent être transcrites en français par YHWH (ou JHVH).
Les consonnes hébraïques du nom sont donc connues. Reste à savoir quelles voyelles doivent leur être associées. Les points-voyelles n'entrèrent en usage en hébreu qu'à partir de la deuxième moitié du Ier millénaire de n. è. (Voir HÉBREU, II [L'alphabet et l'écriture hébraïques].) De plus, en raison d'une superstition religieuse née des siècles plus tôt, les points-voyelles figurant dans les manuscrits hébreux ne permettent pas de déterminer quelles voyelles doivent apparaître dans le nom divin.
Caché par superstition . À un moment donné s'est imposée parmi les Juifs une superstition qui tenait pour répréhensible le simple fait de prononcer le nom divin (représenté par le Tétragramme). On ignore quelle raison exactement fut à l'origine invoquée pour supprimer l'usage du nom divin. Certains pensent que le nom était jugé trop saint pour être prononcé par des lèvres imparfaites. Pourtant, les Écritures hébraïques n'indiquent nulle part qu'un quelconque serviteur authentique de Dieu ait jamais hésité à prononcer son nom. Des documents hébraïques non bibliques, entre autres ceux appelés Lettres de Lakish, montrent que le nom était employé dans les courriers ordinaires échangés en Palestine vers la fin du VIIe siècle av. n. è.
Une autre opinion est qu'on aurait voulu empêcher les peuples non juifs d'avoir connaissance du nom, de peur qu'ils ne l'emploient à tort. Toutefois, Jéhovah lui-même déclara que ' son nom serait proclamé dans toute la terre ' (Ex 9:16 ; voir aussi 1Ch 16:23, 24 ; Ps 113:3 ; Ml 1:11, 14), afin que même ses adversaires le connaissent (Is 64:2). Le nom était de fait connu et utilisé par les nations païennes tant avant notre ère que dans les premiers siècles de notre ère (The Jewish Encyclopedia, 1976, vol. XII, p. 119). Selon une autre assertion, l'objectif était de prévenir l'usage du nom dans des rites magiques. Si ce fut le cas, le raisonnement était défaillant, car de toute évidence plus on entourerait le nom de mystère en le délaissant, plus il répondrait aux intentions des pratiquants de la magie.
Quand la superstition s'imposa-t-elle De même que la ou les raisons invoquées à l'origine pour cesser d'employer le nom divin sont obscures, de même on ne sait pas trop quand cette superstition s'imposa vraiment. Certains prétendent que ce fut après l'exil à Babylone (607-537 av. n. è.). Cette théorie, toutefois, s'appuie sur l'emploi prétendument restreint du nom par les derniers rédacteurs des Écritures hébraïques, une opinion qui ne résiste pas à l'analyse. Malaki, par exemple, fut sans doute un des livres des Écritures hébraïques écrits les derniers (dans la deuxième moitié du Ve siècle av. n. è.), et il accorde une place de choix au nom divin.
De nombreux ouvrages de référence ont émis l'avis que le nom tomba en désuétude vers 300 av. n. è. On a invoqué à l'appui de cette date l'absence du Tétragramme (ou de sa transcription) dans la traduction grecque des Écritures hébraïques appelée Septante, entreprise aux environs de 280 av. n. è. Il est vrai que les copies manuscrites de la Septante les plus complètes connues aujourd'hui substituent systématiquement les mots grecs Kurios (Seigneur) ou Théos (Dieu) au Tétragramme. Mais ces manuscrits principaux ne remontent qu'aux IVe et Ve siècles de n. è. On a retrouvé des copies antérieures qui, bien que fragmentaires, prouvent que les copies les plus anciennes de la Septante portaient bien le nom divin.
L'une de ces copies est constituée des fragments d'un rouleau de papyrus d'une partie du Deutéronome, catalogués P. Fouad Inventaire 266 (PHOTO, vol. 1, p. 326<G<Þ>G> it-1 326<G<Ü>G>). Le Tétragramme y figure régulièrement, en caractères hébreux carrés à chacune de ses occurrences dans le texte hébreu traduit. Ce papyrus est daté du Ier siècle av. n. è. par les spécialistes et a donc été écrit quatre ou cinq siècles avant les manuscrits mentionnés précédemment. - Voir Appendice MN, p. 1679-1681.
Quan les Juifs en général cessèrent de prononcer le nom personnel de Dieu
Ainsi, du moins sous forme écrite, rien n'indique vraiment que le nom divin ait disparu ou que son usage se soit perdu avant notre ère. Ce n'est qu'au Ier siècle de n. è. qu'on trouve des indices d'une attitude superstitieuse envers le nom. Josèphe, historien juif issu d'une famille sacerdotale, racontant comment Dieu se révéla à Moïse à l'emplacement du buisson embrasé, déclare : " Alors Dieu lui révèle son nom qui n'était pas encore parvenu aux hommes, et dont je n'ai pas le droit de parler. " (Antiquités judaïques, II, 276 [XII, 4]). Toutefois, cette déclaration de Josèphe, par ailleurs inexacte à propos de la connaissance du nom divin avant Moïse, est vague et ne révèle pas précisément quelle était la ligne de conduite générale au Ier siècle quant à la prononciation ou à l'usage du nom divin.
La Mishna, compilation des enseignements et des traditions rabbiniques, est un peu plus explicite. Sa compilation est attribuée à un rabbin appelé Juda le Prince, qui vécut aux IIe et IIIe siècles de n. è. Certaines parties de la Mishna se rapportent incontestablement aux conditions antérieures à la destruction de Jérusalem et de son temple en 70 de n. è. Un spécialiste dit toutefois à propos de la Mishna : " Il est extrêmement difficile d'apprécier la valeur historique qu'il faut attacher à une quelconque tradition rapportée dans la Mishna. Le temps écoulé, qui contribua peut-être à obscurcir ou à fausser le souvenir d'époques très différentes : les soulèvements, les changements et la confusion politiques hérités de deux rébellions et de deux conquêtes romaines ; les valeurs à l'honneur dans le parti pharisien (dont la Mishna véhicule les opinions) que ne partageait pas le parti sadducéen [...] - ce sont des facteurs qui doivent être pris en compte pour jauger la nature des déclarations de la Mishna. De plus, une grande partie du contenu de la Mishna se situe dans le contexte d'un débat d'idées mené gratuitement, sans grande intention (semble-t-il) de transmettre l'usage historique. " (The Mishnah, par H. Danby, Londres, 1954, p. xiv, xv). Voici quelques traditions de la Mishna relatives à la prononciation du nom divin.
On y lit à propos de la célébration annuelle du jour des Propitiations : " Les prêtres et le peuple qui se tenaient dans l'enceinte, entendant le Nom Ineffable prononcé par le Grand-Prêtre, s'agenouillaient, se prosternaient et tombaient face à terre et s'écriaient : ' Loué soit à jamais le Nom de Son règne glorieux. ' " (Yoma VI, 2, par les Membres du Rabbinat français). Concernant les bénédictions prononcées chaque jour par les prêtres, Sota VII, 6 déclare : " Dans le Temple le Nom était prononcé comme il s'écrivait, mais dans les provinces on lui en substituait un autre. " D'après Sanhédrin VII, 5 (par les Membres du Rabbinat français), un blasphémateur n'était coupable ' que s'il prononçait distinctement le Nom ', et lors d'un procès pour blasphème, on recourait à un nom de substitution jusqu'à ce que tous les témoignages aient été entendus ; puis on invitait en privé le témoin principal à ' dire distinctement ce qu'il avait entendu ', vraisemblablement en employant le nom divin. Dans l'énumération de ceux " qui n'ont pas part au monde futur " faite en Sanhédrin X, 1, on lit : " Abba Chaoul dit : même celui qui prononce le nom divin selon les lettres qui le composent. " Cependant, à côté de ces opinions négatives, on trouve dans la première section de la Mishna l'invitation selon laquelle " il convenait de saluer son prochain avec le nom de Dieu ". Puis est cité l'exemple de Boaz (Ru 2:4). - Berachot IX, 5, par les Membres du Rabbinat français.
Examinées avec les réserves qui s'imposent, ces considérations tirées de la tradition peuvent révéler une tendance superstitieuse à éviter d'utiliser le nom divin un peu avant la destruction du temple de Jérusalem en 70 de n. è. Et encore, c'est avant tout des prêtres qu'il est dit explicitement qu'ils utilisaient un nom de substitution au lieu du nom divin, et ce uniquement dans les provinces. En outre, comme on l'a vu, la valeur historique des traditions de la Mishna est sujette à caution.
Il n'existe donc pas de fondement solide pour affirmer qu'on commença avant les Ier et IIe siècles de n. è. par superstition à s'abstenir d'utiliser le nom divin. Il n'empêche qu'à partir d'une certaine époque, lorsqu'il lisait les Écritures hébraïques dans la langue originale, le lecteur juif ne prononçait plus le nom divin représenté par le Tétragramme, mais lui substituait soit ´Adhonay (Souverain Seigneur), soit ´Èlohim (Dieu). C'est ce qu'indique le fait que, lorsque fut adoptée dans la deuxième moitié du Ier millénaire de n. è. la vocalisation par points-voyelles, les copistes juifs insérèrent les points-voyelles de ´Adhonay ou de ´Èlohim dans le Tétragramme, sans doute pour rappeler au lecteur de dire ces mots au lieu de prononcer le nom divin. Le lecteur qui se référait à des copies tardives de la Septante, traduction grecque des Écritures hébraïques, rencontrait bien entendu systématiquement Kurios ou Théos à la place du Tétragramme. - Voir SEIGNEUR.
Des versions en d'autres langues, par exemple la Vulgate, imitèrent ces copies tardives de la Septante. En français, selon l'usage de la Vulgate, certaines versions ne contiennent pas le nom divin (AG ; Sa).
Quelle est la prononciation exacte du nom de Dieu
Dans la deuxième moitié du Ier millénaire de n. è., les érudits juifs introduisirent un système de points représentant les voyelles absentes du texte consonantique hébreu. Lorsqu'ils rencontraient le nom de Dieu, au lieu d'insérer les signes vocaliques adéquats, ils en mettaient d'autres pour rappeler au lecteur qu'il devait dire ´Adhonay (qui signifie " Souverain Seigneur ") ou ´Èlohim (qui signifie " Dieu ").
Le Codex de Leningrad B 19A, du XIe siècle de n. è., vocalise le Tétragramme en Yehwah, Yèhwih, Yehwih et Yehowah. Le texte massorétique par C. Ginsburg vocalise le nom divin en Yehowah (Gn 3:14, note). Les hébraïsants estiment généralement que la prononciation " Yahweh " ou " Yahvé " est la plus vraisemblable. Ils font observer que la forme abrégée du nom est Yah (Jah sous sa forme latinisée), par exemple en Psaume 89:8 et dans l'expression Halelou-Yah (qui signifie " Louez Yah ! ") (Ps 104:35 ; 150:1, 6). Par ailleurs, les formes Yehô, Yô, Yah et Yahou, qu'on trouve entre autres dans l'orthographe hébraïque des noms Yehoshaphat, Yoshaphat et Shephatia, peuvent toutes être dérivées de Yahweh (Yahvé). Les transcriptions grecques du nom que firent les premiers écrivains chrétiens vont un peu dans le même sens, avec des orthographes comme Iabé et Iaoué, dont la prononciation en grec se rapproche de Yahweh. Néanmoins, les spécialistes sont loin d'être unanimes sur la question, certains défendant d'autres prononciations encore, comme " Yahouwa ", " Yahouah " ou " Yehouah ".
Puisqu'on ne peut pour l'instant être certain de la prononciation, il semble n'y avoir aucune raison de délaisser en français la forme bien connue de " Jéhovah " au profit d'une des autres prononciations proposées. Si on changeait, alors, pour être conséquent avec soi-même, il faudrait changer la graphie et la prononciation de bien d'autres noms figurant dans les Écritures : Jérémie deviendrait Yirmeyah, Isaïe Yesha'yahou et Jésus serait soit Yehôshoua' (comme en hébreu), soit Iêsous (comme en grec). Les mots ont pour fonction de transmettre des idées ; en français, le nom Jéhovah identifie le vrai Dieu, et transmet aujourd'hui cette notion de façon plus satisfaisante que n'importe quel autre substitut proposé.
Importance du nom. De nombreux érudits et traducteurs modernes de la Bible préconisent de se ranger à la tradition et d'enlever le nom distinctif de Dieu. Selon eux, cette ligne de conduite se justifie d'une part parce que la prononciation du nom est incertaine, et d'autre part parce que le vrai Dieu étant au-dessus de tous et unique il n'a pas besoin d'un nom particulier. Rien dans les Écritures inspirées, que ce soit celles des temps préchrétiens ou les Écritures grecques chrétiennes, ne corrobore cette opinion.
Le Tétragramme figure 6 828 fois dans le texte hébreu imprimé dans la Biblia Hebraica et dans la Biblia Hebraica Stuttgartensia. Dans la Traduction du monde nouveau, le nom divin figure 6 973 fois dans les Écritures hébraïques, car les traducteurs ont pris en compte, entre autres, le fait qu'à certains endroits les scribes avaient remplacé le nom divin par ´Adhonay ou ´Èlohim (voir Appendice MN, p. 1676-1678). La fréquence même à laquelle ce nom revient témoigne de l'importance que lui attache l'Auteur de la Bible, dont c'est le nom. Son emploi tout au long des Écritures dépasse de loin celui de tout autre titre donné à Dieu, comme " Souverain Seigneur " ou " Dieu ".
On notera aussi avec intérêt l'importance accordée aux noms eux-mêmes dans les Écritures hébraïques et chez les peuples sémites. Le professeur G. Manley fait remarquer : " Une étude du mot ' nom ' dans l'A[ncien] T[estament] est révélatrice de tout ce que ce mot pouvait signifier en hébreu. Le nom n'était pas seulement une étiquette. Il était caractéristique de la véritable personnalité de celui qui le portait. [...] Quand un individu plaçait son ' nom ' sur quelque chose ou sur quelqu'un, cela voulait dire qu'il prenait cet objet ou cette personne sous son influence ou sous sa protection. " - New Bible Dictionary, par J. Douglas, 1985, p. 430 ; voir aussi Le Talmud, par A. Cohen, Paris, 1950, p. 68 ; Gn 27:36 ; 1S 25:25 ; Ps 20:1 ; Pr 22:1 ; voir NOM.