Les pilotes américains ne veulent plus bombarder de Musulman

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JeanMarc

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Les pilotes américains ne veulent plus bombarder de Musulman

Ecrit le 25 nov.15, 18:53

Message par JeanMarc »

Les pilotes de drones se révoltent

À: President Barack Obama
The White House
Washington, D.C.

Secretary Ashton B. Carter
Department of Defense

Director John O. Brennan
Central Intelligence Agency

Chers président Obama, secrétaire Carter et directeur Brennan.

Nous sommes d’anciens membres actifs de l’US Air Force. Nous nous sommes engagés dans l’Air Force pour protéger des vies américaines ainsi que notre Constitution. Nous en sommes arrivés à prendre conscience que les civils innocents que nous avons tués n’ont servi qu’à alimenter les sentiments de haine qui sont à la source du terrorisme et de groupe comme État islamique, tout en servant d’argument principal au recrutement, comme peut l’être le camp de Guantánamo. Cette administration, comme les précédentes, a élaboré un programme de drones qui est une des forces les plus dévastatrices par le terrorisme et la déstabilisation qu’elle provoque à travers le monde.

Quand la culpabilité, due à la perte systématique de vies innocentes provoquée par nos actes, est devenue trop lourde, nous avons tous été atteints de syndromes post-traumatiques. Nous avons été abandonnés par ce gouvernement à qui nous avons pourtant tout donné, renvoyés dans le monde sans soins médicaux appropriés ni aides nécessaires. Quelques-uns parmi nous se retrouvent à la rue. Les autres s’en sortent difficilement.

Nous avons été témoins de gaspillages énormes, d’erreurs de décisions, d’abus de pouvoir et du fait que les dirigeants de notre pays mentent publiquement quant à l’efficacité du programme de drones. Nous ne pouvons plus rester tranquillement assis et être témoins de tragédies comme les attentats de Paris, tout en sachant les effets dévastateurs du programme de drones, à l’extérieur comme à l’intérieur du pays. Un tel silence violerait le serment que nous avons prêté de défendre la constitution.

Nous espérons que vous comprendrez notre point de vue même si, peut être, cette demande est vaine au regard de la persécution incroyable que subissent ceux qui ont dit la vérité avant nous, comme Chelsea Manning, Julian Assange et Edward Snowden. Mais pour l’amour de ce pays, nous espérons qu’il en sera autrement.

Sincèrement,
Brandon Bryant Sergent Opérateur du MQ­1B Predator Sensor
USAF Joint Special Operations Command
3e escadron des Special Operations

Vétéran handicapé d’Irak et d’Afghanistan
Fondateur du projet RED HAND
Cian Westmoreland Vétéran de l’armée de l’air
RF Transmissions Systems
USAF CENTCOM
73e escadron de l’Expeditionary Air Control

Vétéran handicapé d’Irak et d’Afghanistan
Directeur technologique du projet RED HAND
Stephen Lewis Vétéran de l’armée de l’air Opérateur du MQ­1B Predator Sensor
USAF Joint Special Operations Command
3e escadron des Special Operations

Vétéran handicapé d’Irak et d’Afghanistan
Michael Haas Vétéran de l’armée de l’air
Instructeur pour le MQ­1B Predator Sensor
USAF Air Combat Command
15e escadron de Reconnaissance

Vétéran d’Irak et d’Afghanistan
Le 22 novembre 2015 – documentcloud.org


Interview de deux des pilotes de drones
Dans une lettre ouverte sans précédent au président Obama, quatre membres de l’armée de l’air américaine qui ont participé à la guerre des drones disent que les assassinats ciblés et les bombardements contrôlés à distance alimentent ce même terrorisme que le gouvernement dit vouloir éradiquer. Deux des signataires de cette lettre, Stephen Lewis et Cian Westmoreland, nous disent pourquoi ils ne nous racontent que maintenant ce qu’ils ont fait. «Tout le monde dans l’armée de l’air sait qu’un bombardement entraine des dommages collatéraux, la plupart du temps», nous dit Westmoreland. «Et je dis que cela ne touche pas que des ennemis mais aussi des civils.»
Transcription
JUAN GONZÁLEZ : Stephen Lewis, je voulais vous demander – vous avez tué quelqu’un et puis vous avez immédiatement fait appel à vos supérieurs – à propos de ce que vous avez fait. Pourriez-vous nous raconter votre expérience, qui avez-vous tué ?

STEPHEN LEWIS : C’était fin 2009 et j’avais été chargé d’aider une troupe au sol. Et ceci à chaque fois que nos troupes étaient prises sous le feu.

JUAN GONZÁLEZ : Dans quel pays cela se passait il ?

STEPHEN LEWIS : En Afghanistan. Et pendant cet épisode, on nous a dit d’aller vers un endroit déterminé. S’y trouvaient quatre gars descendant un sentier de montagne. Je ne voyais aucune arme. Après cinq minutes, deux roquettes arrivent et tuent trois personnes. Il restait juste un blessé. On nous a donné l’ordre de tirer une autre roquette. Et ce gars, eh bien il était plus là.

JUAN GONZÁLEZ : C’est-à-dire que l’on vous a ordonné de tirer sur un gars blessé au sol.

STEPHEN LEWIS : Oui.

AMY GOODMAN : Qu’avez vous fait ensuite ?

STEPHEN LEWIS : J’ai sérieusement réévalué ma vie. Peu de temps après cela, j’ai fini par écrire une lettre très convaincante à ma hiérarchie pour leur dire que je n’appartenais plus à ce monde, que je ne voulais plus le faire et que je voulais en sortir.

AMY GOODMAN : Quelle fut leur réponse ?

STEPHEN LEWIS : Six mois plus tard, j’avais quitté l’armée de l’air.

AMY GOODMAN : Comment avez vous été choisi comme opérateur de drones ?

STEPHEN LEWIS : Complètement par hasard. Je faisais une école d’analyse graphique car je voulais analyser les photos satellites. C’est ce qui m’intéressait. Mais à mi-chemin, ils sont arrivés et m’ont dit : Tu vas à Las Vegas. Tu vas aller à l’école d’opérateur de drones et tu vas faire ça.

AMY GOODMAN : Vous ont-ils dit pourquoi ?

STEPHEN LEWIS : Ils n’avaient pas besoin. Il n’y a pas de discussions là bas. C’est Oui, Monsieur. Oui, Madame. Je ferai tout ce que vous me demandez de faire.

AMY GOODMAN : Et maintenant que vous n’êtes plus dans l’armée de l’air, comment ce que vous y avez fait, être un opérateur de drone, tuer quelqu’un, vous a-t-il affecté ?

STEPHEN LEWIS : Cela a rendu toute sorte de relation difficile. Je ne peux plus communiquer correctement avec mes amis. Je commence toujours par désolé les gars, je ne peux pas sortir avec vous ce soir. Il se passe trop de choses en ce moment. Cela a effectivement détruit toutes les relations que j’ai pu avoir par la suite.

JUAN GONZÁLEZ : Et à propos de ce dont vous parlez dans votre lettre, sur le fait que le programme de drones alimente ou crée plus de terrorisme ?

STEPHEN LEWIS : Eh bien, c’est dit dans le film, Drone, que les enfants ont peur de sortir jouer ou d’aller à l’école pendant la journée, chaque fois que le soleil brille, parce qu’ils ont peur d’être touchés par un drone.

AMY GOODMAN : Allons voir la scène de ce film, du film intitulé Drone. En 2012, une grand-mère de 67 ans a été tuée par un tir présumé de drone américain alors qu’elle ramassait des petit pois dans un champ avec ses petits-enfants. En 2013 nous avons parlé avec ces petits-enfants, Nabila et Zubair, qui avaient alors respectivement 9 et 13 ans. Les deux ont été blessés par le tir ayant tué leur grand-mère. Cela commence avec Zubair.

ZUBAIR UR REHMAN : Je rentrais de l’école ce jour là et, en arrivant, j’ai pris mon goûter et fait ma prière. Puis ma grand-mère m’a demandé de sortir l’aider à ramasser les légumes.

AMY GOODMAN : Vous avez été touché par ce drone qui a tué votre grand-mère ?

ZUBAIR UR REHMAN : Oui, j’ai vu le drone et deux roquettes ont frappé juste là ou ma grand-mère se tenait, en face de moi. Elle a été explosée en morceaux et moi blessé à la jambe gauche.

JUAN GONZÁLEZ : Et toi Nabila, tu as neuf ans. Comment les choses ont changé depuis l’attaque ? Sors tu encore, vas-tu seule dans les champs, as-tu peur d’autres attaques ?

NABILA UR REHMAN : Depuis l’attaque, j’ai tout le temps peur. Nous tous, les enfants, avons peur de sortir.

AMY GOODMAN : C’est Nabila, et avant Zubair, son frère, les Rehmans, parlant du tir de drone ayant tué leur grand-mère au Pakistan. Ils ont aussi témoigné avec leur père qui n’était pas là quand ils ramassaient les pois avec leur grand-mère. Ils ont témoigné devant le parlement américain. Mais cela se passait au Pakistan. Votre cible était en Afghanistan.

STEPHEN LEWIS : Je ne pense pas que 800 km fassent la différence. La culture est très proche. Et vous engendrez une atmosphère de peur. Il existe un vieux dicton texan disant : on ne coince pas un animal apeuré contre un mur. Et si vous le faites, il va finir par attaquer. C’est exactement ce qui est en train de se passer.

AMY GOODMAN : Est ce que le département aux Anciens combattants vous a fourni une aide psychologique pendant que vous souffriez ?

STEPHEN LEWIS : Je suis allé les voir mais cela m’a paru inutile. Inutile dans mon cas. Ils m’ont dit vous avez besoin d’un IRM, puis je suis resté six mois sans IRM. Vous avez besoin d’un anti-douleur, puis je suis resté six mois sans anti-douleur. S’ils ne prennent pas soin de vous, pourquoi aller là bas ?

JUAN GONZÁLEZ : Cian, je voulais vous demander, en tant que technicien du programme de drones. Pouvez-vous nous dire qu’elle était votre tâche et en quoi elle différait de celle des opérateurs.

CIAN WESTMORELAND : Bien, donc nous avons construit un site qui était utilisé comme station relais pendant que nous étions là-bas.

JUAN GONZÁLEZ : Là-bas en Afghanistan ?

CIAN WESTMORELAND : Oui, en Afghanistan, à Kandahar. Et je recevais des signaux de tout l’Afghanistan. 400 000 km². Et nous les relayons pour les envoyer assez loin, comme de là bas au centre des opérations aériennes. Et vous savez…

JUAN GONZÁLEZ : Qui est situé où ?

CIAN WESTMORELAND : D’abord à la base d’Al Udeid au Qatar et puis vers Ramstein [en Allemagne, NdT]. Et nous étions donc en train de construire le site quand un jour mon patron est venu nous voir, nous a donné des écouteurs pour que nous écoutions un avion, un A-10 parlant avec un centre de commande. Puis il sourit et nous dit: Les gars, maintenant nous tuons des méchants.
Et je pense que cela a eu beaucoup de sens pour moi parce que mon père travaillait au centre de commande au Koweït pendant le 11 septembre et il s’occupait des pièces détachées de missiles aussi pendant les premiers bombardements. Et il me racontait un peu de la culture et des gens aux commandes stratégiques. Ils visaient certaines cibles, mais ils leur restait encore des missiles, alors ils allaient trouver d’autres cibles, à cette époque là tous ceux habillés en blanc. C’est la première pensée qui m’est venue a l’esprit quand il a dit nous tuons les méchants maintenant.

AMY GOODMAN : Que voulez vous dire par tous ceux habillés en blanc ?

CIAN WESTMORELAND : Tous ceux habillés en blanc

AMY GOODMAN : Pourquoi en blanc ?

CIAN WESTMORELAND : A cause du préjugé qui dit que ceux habillé en blanc étaient des talibans. C’étaient donc ce à quoi je pensais quand j’étais là bas. J’ai commencé à faire des cauchemars dans lesquels je faisais du mal à des enfants, puis j’essayais de les aider mais je n’y arrivais pas.

AMY GOODMAN : C’était en quelle année ?

CIAN WESTMORELAND : En 2009. Et quand nous rentrions, on nous donnait une feuille qui indiquait nos performances. Elle disait que nous avions participé à 2 400 missions de soutien aérien et tué plus de 200 ennemis. Mais je savais que c’était faux car tout le monde dans l’armée de l’air sait qu’un bombardement aérien provoque des dommages collatéraux la plupart du temps.

AMY GOODMAN : Donc vous saviez que c’était beaucoup plus.

CIAN WESTMORELAND : Eh bien je dis qu’ils n’étaient pas tous des ennemis. Il y avait aussi des civils. Et quand j’ai étudié le rapport de l’UNAMA qui est sorti au début de l’année suivante, il y était annoncé qu’environ 350 civils avaient été tués. Cela a remis en question ce que je faisais ici et j’essayais d’imaginer comment, exactement, nous en étions arrivés à ce qui était inscrit sur ce bout de papier.
Et j’en suis arrivé à la conclusion que c’était les gens qui en réalité administraient les frappes. Vous avez les pilotes qui appuient sur la gâchette, vous avez les analystes d’images qui choisissent les cibles et puis celui qui prend la décision. Et tous dans un même système, c’est la responsabilité de tuer qui est divisée, ainsi personne ne se sent totalement coupable de ce qu’il fait. Je pense que nous nous dirigeons vers un monde où, dans la guerre aérienne, il y aura de plus en plus de techniciens et de moins en moins de décisionnaires. Je pense que nous devrions développer une nouvelle façon de penser l’éthique et ce que veut dire que d’être technicien. Une des voix les plus influentes a été celle d’Oppenheimer.

AMY GOODMAN : J. Robert Oppenheimer.

CIAN WESTMORELAND : J. Robert Oppenheimer, oui, exactement, celui qui a développé la bombe atomique. En voir les effets a dû être dévastateur. Il a dû se sentir comme un destructeur de mondes. Eh bien, c’est un peu comme ça que je me sens, car tous les signaux passaient par moi et que tous ceux qui entretiennent ce système sont responsables. De même pour l’Allemagne avec la base de Ramstein hébergeant la station relais, les gens là bas sont responsables des signaux relayés. Et le gouvernement allemand, de ne pas communiquer avec le public ou de ne pas savoir ce que nous y faisions, c’était un manque total de respect de la part des États-Unis et, potentiellement, de la part du gouvernement allemand. Mais je ne suis pas sûr qu’il était au courant.
Le 20 novembre 2015 – democracynow.org
Traduit par Wayan pour le Saker Francophone

Tonyxmxm

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Re: Les pilotes américains ne veulent plus bombarder de Musu

Ecrit le 27 nov.15, 00:03

Message par Tonyxmxm »

JeanMarc a écrit :Les pilotes de drones se révoltent

À: President Barack Obama
The White House
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Nous sommes d’anciens membres actifs de l’US Air Force. Nous nous sommes engagés dans l’Air Force pour protéger des vies américaines ainsi que notre Constitution. Nous en sommes arrivés à prendre conscience que les civils innocents que nous avons tués n’ont servi qu’à alimenter les sentiments de haine qui sont à la source du terrorisme et de groupe comme État islamique, tout en servant d’argument principal au recrutement, comme peut l’être le camp de Guantánamo. Cette administration, comme les précédentes, a élaboré un programme de drones qui est une des forces les plus dévastatrices par le terrorisme et la déstabilisation qu’elle provoque à travers le monde.

Quand la culpabilité, due à la perte systématique de vies innocentes provoquée par nos actes, est devenue trop lourde, nous avons tous été atteints de syndromes post-traumatiques. Nous avons été abandonnés par ce gouvernement à qui nous avons pourtant tout donné, renvoyés dans le monde sans soins médicaux appropriés ni aides nécessaires. Quelques-uns parmi nous se retrouvent à la rue. Les autres s’en sortent difficilement.

Nous avons été témoins de gaspillages énormes, d’erreurs de décisions, d’abus de pouvoir et du fait que les dirigeants de notre pays mentent publiquement quant à l’efficacité du programme de drones. Nous ne pouvons plus rester tranquillement assis et être témoins de tragédies comme les attentats de Paris, tout en sachant les effets dévastateurs du programme de drones, à l’extérieur comme à l’intérieur du pays. Un tel silence violerait le serment que nous avons prêté de défendre la constitution.

Nous espérons que vous comprendrez notre point de vue même si, peut être, cette demande est vaine au regard de la persécution incroyable que subissent ceux qui ont dit la vérité avant nous, comme Chelsea Manning, Julian Assange et Edward Snowden. Mais pour l’amour de ce pays, nous espérons qu’il en sera autrement.

Sincèrement,
Brandon Bryant Sergent Opérateur du MQ­1B Predator Sensor
USAF Joint Special Operations Command
3e escadron des Special Operations

Vétéran handicapé d’Irak et d’Afghanistan
Fondateur du projet RED HAND
Cian Westmoreland Vétéran de l’armée de l’air
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73e escadron de l’Expeditionary Air Control

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Directeur technologique du projet RED HAND
Stephen Lewis Vétéran de l’armée de l’air Opérateur du MQ­1B Predator Sensor
USAF Joint Special Operations Command
3e escadron des Special Operations

Vétéran handicapé d’Irak et d’Afghanistan
Michael Haas Vétéran de l’armée de l’air
Instructeur pour le MQ­1B Predator Sensor
USAF Air Combat Command
15e escadron de Reconnaissance

Vétéran d’Irak et d’Afghanistan
Le 22 novembre 2015 – documentcloud.org


Interview de deux des pilotes de drones
Dans une lettre ouverte sans précédent au président Obama, quatre membres de l’armée de l’air américaine qui ont participé à la guerre des drones disent que les assassinats ciblés et les bombardements contrôlés à distance alimentent ce même terrorisme que le gouvernement dit vouloir éradiquer. Deux des signataires de cette lettre, Stephen Lewis et Cian Westmoreland, nous disent pourquoi ils ne nous racontent que maintenant ce qu’ils ont fait. «Tout le monde dans l’armée de l’air sait qu’un bombardement entraine des dommages collatéraux, la plupart du temps», nous dit Westmoreland. «Et je dis que cela ne touche pas que des ennemis mais aussi des civils.»
Transcription
JUAN GONZÁLEZ : Stephen Lewis, je voulais vous demander – vous avez tué quelqu’un et puis vous avez immédiatement fait appel à vos supérieurs – à propos de ce que vous avez fait. Pourriez-vous nous raconter votre expérience, qui avez-vous tué ?

STEPHEN LEWIS : C’était fin 2009 et j’avais été chargé d’aider une troupe au sol. Et ceci à chaque fois que nos troupes étaient prises sous le feu.

JUAN GONZÁLEZ : Dans quel pays cela se passait il ?

STEPHEN LEWIS : En Afghanistan. Et pendant cet épisode, on nous a dit d’aller vers un endroit déterminé. S’y trouvaient quatre gars descendant un sentier de montagne. Je ne voyais aucune arme. Après cinq minutes, deux roquettes arrivent et tuent trois personnes. Il restait juste un blessé. On nous a donné l’ordre de tirer une autre roquette. Et ce gars, eh bien il était plus là.

JUAN GONZÁLEZ : C’est-à-dire que l’on vous a ordonné de tirer sur un gars blessé au sol.

STEPHEN LEWIS : Oui.

AMY GOODMAN : Qu’avez vous fait ensuite ?

STEPHEN LEWIS : J’ai sérieusement réévalué ma vie. Peu de temps après cela, j’ai fini par écrire une lettre très convaincante à ma hiérarchie pour leur dire que je n’appartenais plus à ce monde, que je ne voulais plus le faire et que je voulais en sortir.

AMY GOODMAN : Quelle fut leur réponse ?

STEPHEN LEWIS : Six mois plus tard, j’avais quitté l’armée de l’air.

AMY GOODMAN : Comment avez vous été choisi comme opérateur de drones ?

STEPHEN LEWIS : Complètement par hasard. Je faisais une école d’analyse graphique car je voulais analyser les photos satellites. C’est ce qui m’intéressait. Mais à mi-chemin, ils sont arrivés et m’ont dit : Tu vas à Las Vegas. Tu vas aller à l’école d’opérateur de drones et tu vas faire ça.

AMY GOODMAN : Vous ont-ils dit pourquoi ?

STEPHEN LEWIS : Ils n’avaient pas besoin. Il n’y a pas de discussions là bas. C’est Oui, Monsieur. Oui, Madame. Je ferai tout ce que vous me demandez de faire.

AMY GOODMAN : Et maintenant que vous n’êtes plus dans l’armée de l’air, comment ce que vous y avez fait, être un opérateur de drone, tuer quelqu’un, vous a-t-il affecté ?

STEPHEN LEWIS : Cela a rendu toute sorte de relation difficile. Je ne peux plus communiquer correctement avec mes amis. Je commence toujours par désolé les gars, je ne peux pas sortir avec vous ce soir. Il se passe trop de choses en ce moment. Cela a effectivement détruit toutes les relations que j’ai pu avoir par la suite.

JUAN GONZÁLEZ : Et à propos de ce dont vous parlez dans votre lettre, sur le fait que le programme de drones alimente ou crée plus de terrorisme ?

STEPHEN LEWIS : Eh bien, c’est dit dans le film, Drone, que les enfants ont peur de sortir jouer ou d’aller à l’école pendant la journée, chaque fois que le soleil brille, parce qu’ils ont peur d’être touchés par un drone.

AMY GOODMAN : Allons voir la scène de ce film, du film intitulé Drone. En 2012, une grand-mère de 67 ans a été tuée par un tir présumé de drone américain alors qu’elle ramassait des petit pois dans un champ avec ses petits-enfants. En 2013 nous avons parlé avec ces petits-enfants, Nabila et Zubair, qui avaient alors respectivement 9 et 13 ans. Les deux ont été blessés par le tir ayant tué leur grand-mère. Cela commence avec Zubair.

ZUBAIR UR REHMAN : Je rentrais de l’école ce jour là et, en arrivant, j’ai pris mon goûter et fait ma prière. Puis ma grand-mère m’a demandé de sortir l’aider à ramasser les légumes.

AMY GOODMAN : Vous avez été touché par ce drone qui a tué votre grand-mère ?

ZUBAIR UR REHMAN : Oui, j’ai vu le drone et deux roquettes ont frappé juste là ou ma grand-mère se tenait, en face de moi. Elle a été explosée en morceaux et moi blessé à la jambe gauche.

JUAN GONZÁLEZ : Et toi Nabila, tu as neuf ans. Comment les choses ont changé depuis l’attaque ? Sors tu encore, vas-tu seule dans les champs, as-tu peur d’autres attaques ?

NABILA UR REHMAN : Depuis l’attaque, j’ai tout le temps peur. Nous tous, les enfants, avons peur de sortir.

AMY GOODMAN : C’est Nabila, et avant Zubair, son frère, les Rehmans, parlant du tir de drone ayant tué leur grand-mère au Pakistan. Ils ont aussi témoigné avec leur père qui n’était pas là quand ils ramassaient les pois avec leur grand-mère. Ils ont témoigné devant le parlement américain. Mais cela se passait au Pakistan. Votre cible était en Afghanistan.

STEPHEN LEWIS : Je ne pense pas que 800 km fassent la différence. La culture est très proche. Et vous engendrez une atmosphère de peur. Il existe un vieux dicton texan disant : on ne coince pas un animal apeuré contre un mur. Et si vous le faites, il va finir par attaquer. C’est exactement ce qui est en train de se passer.

AMY GOODMAN : Est ce que le département aux Anciens combattants vous a fourni une aide psychologique pendant que vous souffriez ?

STEPHEN LEWIS : Je suis allé les voir mais cela m’a paru inutile. Inutile dans mon cas. Ils m’ont dit vous avez besoin d’un IRM, puis je suis resté six mois sans IRM. Vous avez besoin d’un anti-douleur, puis je suis resté six mois sans anti-douleur. S’ils ne prennent pas soin de vous, pourquoi aller là bas ?

JUAN GONZÁLEZ : Cian, je voulais vous demander, en tant que technicien du programme de drones. Pouvez-vous nous dire qu’elle était votre tâche et en quoi elle différait de celle des opérateurs.

CIAN WESTMORELAND : Bien, donc nous avons construit un site qui était utilisé comme station relais pendant que nous étions là-bas.

JUAN GONZÁLEZ : Là-bas en Afghanistan ?

CIAN WESTMORELAND : Oui, en Afghanistan, à Kandahar. Et je recevais des signaux de tout l’Afghanistan. 400 000 km². Et nous les relayons pour les envoyer assez loin, comme de là bas au centre des opérations aériennes. Et vous savez…

JUAN GONZÁLEZ : Qui est situé où ?

CIAN WESTMORELAND : D’abord à la base d’Al Udeid au Qatar et puis vers Ramstein [en Allemagne, NdT]. Et nous étions donc en train de construire le site quand un jour mon patron est venu nous voir, nous a donné des écouteurs pour que nous écoutions un avion, un A-10 parlant avec un centre de commande. Puis il sourit et nous dit: Les gars, maintenant nous tuons des méchants.
Et je pense que cela a eu beaucoup de sens pour moi parce que mon père travaillait au centre de commande au Koweït pendant le 11 septembre et il s’occupait des pièces détachées de missiles aussi pendant les premiers bombardements. Et il me racontait un peu de la culture et des gens aux commandes stratégiques. Ils visaient certaines cibles, mais ils leur restait encore des missiles, alors ils allaient trouver d’autres cibles, à cette époque là tous ceux habillés en blanc. C’est la première pensée qui m’est venue a l’esprit quand il a dit nous tuons les méchants maintenant.

AMY GOODMAN : Que voulez vous dire par tous ceux habillés en blanc ?

CIAN WESTMORELAND : Tous ceux habillés en blanc

AMY GOODMAN : Pourquoi en blanc ?

CIAN WESTMORELAND : A cause du préjugé qui dit que ceux habillé en blanc étaient des talibans. C’étaient donc ce à quoi je pensais quand j’étais là bas. J’ai commencé à faire des cauchemars dans lesquels je faisais du mal à des enfants, puis j’essayais de les aider mais je n’y arrivais pas.

AMY GOODMAN : C’était en quelle année ?

CIAN WESTMORELAND : En 2009. Et quand nous rentrions, on nous donnait une feuille qui indiquait nos performances. Elle disait que nous avions participé à 2 400 missions de soutien aérien et tué plus de 200 ennemis. Mais je savais que c’était faux car tout le monde dans l’armée de l’air sait qu’un bombardement aérien provoque des dommages collatéraux la plupart du temps.

AMY GOODMAN : Donc vous saviez que c’était beaucoup plus.

CIAN WESTMORELAND : Eh bien je dis qu’ils n’étaient pas tous des ennemis. Il y avait aussi des civils. Et quand j’ai étudié le rapport de l’UNAMA qui est sorti au début de l’année suivante, il y était annoncé qu’environ 350 civils avaient été tués. Cela a remis en question ce que je faisais ici et j’essayais d’imaginer comment, exactement, nous en étions arrivés à ce qui était inscrit sur ce bout de papier.
Et j’en suis arrivé à la conclusion que c’était les gens qui en réalité administraient les frappes. Vous avez les pilotes qui appuient sur la gâchette, vous avez les analystes d’images qui choisissent les cibles et puis celui qui prend la décision. Et tous dans un même système, c’est la responsabilité de tuer qui est divisée, ainsi personne ne se sent totalement coupable de ce qu’il fait. Je pense que nous nous dirigeons vers un monde où, dans la guerre aérienne, il y aura de plus en plus de techniciens et de moins en moins de décisionnaires. Je pense que nous devrions développer une nouvelle façon de penser l’éthique et ce que veut dire que d’être technicien. Une des voix les plus influentes a été celle d’Oppenheimer.

AMY GOODMAN : J. Robert Oppenheimer.

CIAN WESTMORELAND : J. Robert Oppenheimer, oui, exactement, celui qui a développé la bombe atomique. En voir les effets a dû être dévastateur. Il a dû se sentir comme un destructeur de mondes. Eh bien, c’est un peu comme ça que je me sens, car tous les signaux passaient par moi et que tous ceux qui entretiennent ce système sont responsables. De même pour l’Allemagne avec la base de Ramstein hébergeant la station relais, les gens là bas sont responsables des signaux relayés. Et le gouvernement allemand, de ne pas communiquer avec le public ou de ne pas savoir ce que nous y faisions, c’était un manque total de respect de la part des États-Unis et, potentiellement, de la part du gouvernement allemand. Mais je ne suis pas sûr qu’il était au courant.
Le 20 novembre 2015 – democracynow.org
Traduit par Wayan pour le Saker Francophone
Pas tout lu mais oui ça rejoint un reportage que j'avais vu (en Afghanistan si je ne m'abuse) où la population locale était soulagée lorsqu'elle voyait un ciel couvert parce qu'elle savait que les drones ne pouvaient pas voler dans ces conditions. C'est assez dramatique d'avoir peur que le ciel s'éclaircisse en effet :/

vic

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vic
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Re: Les pilotes américains ne veulent plus bombarder de Musu

Ecrit le 27 nov.15, 04:06

Message par vic »

Tout ça se finira quand les religions auront disparu .
Ce super dieu qui n'existe pas et qui crée autant de mort sur la terre par le fanatisme que son fantasme suscite .

je vais être bisounours mais quand on voit des enfants jouer ensemble ils se contrefoutent de la religion , c'est après qu'on leur met ça dans la tête et qu'ils finissent par vouloir imposer leur religion , leur point de vue et faire la guerre pour ça .
Le reste concluez en ce que vous voulez , mais pour moi la religion n'a jamais amélioré la vie des hommes , ce sont les croyants qui vous font croire ça .
Tout le monde sur ce forum cherche des coupables sauf les bons , le vraies coupables ce sont les religions , et pas les américains ou daesh , les vrais coupables ce sont ceux qui ont inventé ce dieu pour manipuler les hommes .
Modifié en dernier par vic le 27 nov.15, 04:16, modifié 1 fois.
Ce dieu par sa transcendance ne peut être vu . Et ce qui ne peut être vu ne peut être qu'imaginé . je ne vois guère de différence entre cette histoire de dieu et l'imagination qui tourne en rond dans son bocal .Même si ce dieu existait , ça n'y changerait rien du tout au fond du problème .

Soultan

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Re: Les pilotes américains ne veulent plus bombarder de Musu

Ecrit le 27 nov.15, 04:16

Message par Soultan »

C'est l'Amerique qui tue les innocents laba et en plus donnent des armes
des gens ne veulent plus servir l'Otan et bombarder le monde, l'Otan c'est Dajjal :pumpkin:

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