Je voulais avoir votre avis , sur une lettre écrite par la maison universelle de justice (centre mondial de la foi Bahai) au dirigeant religieux du monde entier : les thèmes abordés sont
quelles places pour la religion au XXIème siècle ? Quelle rôle a le clergé religieux pour notre époque et quelle sont ses responsabilités? La religion est-elle plus de cause de guerre que de paix? et pourquoi?
Karlo a écrit :J'ai expliqué pourquoi il me semble que même en dehors des religions organisées, la pensée religieuse est nuisible.
Des avis ?
Voilà un élément de réponse mon ami
''L'héritage durable laissé par le XXe siècle, c'est d'avoir incité les peuples du monde à un début de prise de conscience : celui d'appartenir à une seule espèce humaine, ayant la terre pour commune patrie. Malgré la poursuite des conflits et des actes de violence qui assombrissent l'horizon, partout s'effondrent des préjugés qui paraissaient naguère inhérents à la nature humaine. Avec eux tombent des barrières qui, longtemps, ont morcelé la famille humaine en une confusion d'identités culturelles, ethniques et nationales incohérentes. Qu'un changement si fondamental ait pu se produire en un laps de temps aussi court - pratiquement du jour au lendemain à l'échelle de l'Histoire - présage de l'ampleur des possibilités que réserve l'avenir.
MonstreLePuissant a écrit :La religion est la cause de bien des maux, mais pas de tous. Il faut bien avouer que la science n'a pas réponse à tout, et il reste des mystères auxquels seul la religion apporte des réponses, vraies ou fausses. Personne n'est obligé de croire en Dieu, ça c'est le plus important. Et si personne ne voulait imposer sa croyance aux autres, il y aurait moins de conflits.
Le passage suivant fait bien écho à ce que tu as dit ^^
Tragiquement, les religions établies, dont la raison d'être même est de servir la cause de la fraternité et de la paix, se comportent trop souvent comme une des entraves les plus redoutables à cette cause ; qu'elles aient longtemps donné crédit au fanatisme en est une douloureuse illustration. Nous estimons qu'il est de notre devoir, en qualité de conseil directeur d'une religion mondiale, d'inviter à un examen sérieux du défi que l'état actuel des choses représente pour les autorités religieuses. Tant ce défi que les circonstances qui l'entourent réclament de notre part un parler franc. Nous sommes convaincus qu'animés de la volonté commune de servir la Réalité divine, vous réserverez à notre message le même accueil bienveillant que l'esprit dans lequel il vous est ici présenté.
La question prend tout son relief à l'examen des progrès réalisés dans d'autres domaines.
Dans le passé, à quelques rares exceptions près, on considérait les femmes comme une espèce inférieure, enfermée dans des superstitions, privée de cultiver les facultés de l'esprit, et dont le rôle se réduisait à satisfaire les besoins des hommes. Manifestement, nombreuses encore sont les sociétés où cet état de choses persiste et où il est même fanatiquement revendiqué. Dans le discours officiel toutefois, le concept de l'égalité des sexes a, en tout état de cause, acquis désormais la force d'un principe universellement reconnu. Il jouit du même crédit dans la communauté universitaire et les médias. La remise en cause de la condition de la femme a été si profonde que les défenseurs de la suprématie masculine doivent aujourd'hui chercher leur soutien dans une opinion marginalisée.
Les bataillons du nationalisme, assiégés de toutes parts, connaissent un sort semblable. (qui a parlé du FN ?
) A chaque crise qui secoue les affaires du monde, il devient de plus en plus aisé pour le citoyen de distinguer entre ce qui relève de l'amour de la patrie et qui est source d'épanouissement personnel, et la soumission à une rhétorique enflammée, porteuse de haine et de peur de l'étranger. Même lorsque sa participation à des rituels nationalistes familiers paraît légitime, le public exprime souvent des réactions de gêne là où, naguère, il manifestait des convictions fortes et des élans d'enthousiasme spontané. Cette tendance s'est renforcée avec la restructuration en cours de l'ordre international. Quelles que soient les faiblesses présentées par le système des Nations Unies sous sa forme actuelle, et aussi incapable qu'il soit de répondre aux agressions par une action militaire collective, nul ne peut contester le fait que le mythe de la souveraineté nationale absolue est en voie d'extinction.
Les préjugés ethniques et raciaux ont fait l'objet d'un même jugement sans appel par les forces de l'histoire, peu indulgentes à l'égard de telles prétentions. Ici, le rejet du passé a joué un rôle décisif. Désormais associé aux horreurs du XXe siècle, le racisme apparaît comme une sorte de maladie de l'esprit. Même si le préjugé racial subsiste dans les comportements sociaux de nombreuses populations - et pèse ainsi comme un fléau sur l'existence d'une partie non négligeable de l'humanité - il est désormais si universellement condamné dans son principe qu'aucun groupement humain ne peut se permettre d'y adhérer ouvertement, sans risque.
Il ne s'agit pas d'affirmer que sur les décombres d'un passé obscur, un nouveau monde radieux est apparu soudain.
En effet, nombreux sont ceux qui continuent de subir le joug de tenaces préjugés d'ethnie, de sexe, de nationalité, de caste ou de classe. Tout semble indiquer par ailleurs que ces
injustices persisteront aussi longtemps que les institutions et les normes lentement mises en place par l'humanité, n'auront pas été habilitées à ériger un nouvel ordre social et à soulager les opprimés. Il s'agit plutôt de constater qu'un point de non-retour a été franchi. Des principes fondamentaux ont été définis et clairement formulés ; ils bénéficient d'une large publicité et s'incarnent progressivement dans des institutions capables de les imposer dans les comportements. Ce combat, aussi long et douloureux qu'il soit, transformera incontestablement de manière radicale les relations entre tous les peuples, dans leur vie quotidienne.
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Au début du XXe siècle, le préjugé qui semblait devoir, plus qu'aucun autre, succomber aux forces du changement, était le préjugé religieux. En Occident,
les progrès scientifiques avaient déjà fortement ébranlé certains fondements de la pensée sectaire, dont la prétention est de détenir seule la vérité. A une époque où l'humanité remettait en question la conception qu'elle avait d'elle-même, l'évolution religieuse la plus prometteuse paraissait venir du mouvement inter-religieux. En 1893, l'Exposition universelle de Chicago surprit jusqu'à ses ambitieux organisateurs en donnant naissance au célèbre " Parlement des religions ", expression visionnaire du consensus moral et spirituel qui ravit l'imagination populaire sur tous les continents et réussit à éclipser les merveilles scientifiques, technologiques et commerciales célébrées par l'Exposition.
Pour tout dire, il semblait que des murs anciens s'étaient effondrés. Les penseurs religieux influents virent dans ce rassemblement un événement unique et " sans précédent dans les annales de l'histoire du monde ". Le Parlement, affirmait son éminent organisateur, avait su " émanciper le monde de la tutelle du fanatisme ... " Une autorité visionnaire, prédisait-on avec assurance, saisirait l'occasion pour éveiller les communautés religieuses de la terre, longtemps divisées, à un esprit de fraternité qui servirait de fondement moral à un nouveau monde de prospérité et de progrès. Ainsi encouragés, des mouvements inter-religieux de toute nature sont apparus et se sont multipliés. Une vaste littérature, disponible en de nombreuses langues, a permis à un public toujours plus nombreux, croyant ou non, de se familiariser avec les enseignements de toutes les grandes religions, et a fini par attirer l'attention de la radio, de la télévision, du cinéma et plus tard, de l'Internet. Les universités ont créé des diplômes en religions comparées. Et, à la fin du XXe siècle, les services de prières inter-religieuses, inconcevables quelques décennies plus tôt, sont devenues choses courantes.
Hélas, ces initiatives manquent à l'évidence de cohérence intellectuelle autant que d'engagement spirituel.
Contrairement aux partisans des mouvements d'unification, qui transforment le tissu social, les tenants endurcis de la pensée dogmatique continuent de refuser l'idée que toutes les grandes religions du monde sont d'égale valeur du point de vue de leur nature et de leur origine. Or, les progrès réalisés en matière d'intégration raciale expriment plus qu'un sentiment ou une stratégie délibérée ; ce sont les fruits de la reconnaissance par les peuples de la terre de leur appartenance à une espèce unique dont les multiples différences ne confèrent par elles-mêmes ni avantage ni handicap particulier aux membres de la famille humaine.
De même, avec l'émancipation des femmes, les institutions de la société et l'opinion publique ont admis qu'aucune raison - fût-elle biologique, sociale ou morale - ne pouvait justifier le refus opposé aux femmes d'accéder à l'égalité totale avec les hommes, ni celui, opposé aux filles, de bénéficier des mêmes chances d'accès à l'éducation que les garçons. Reconnaître à leur juste valeur les contributions de certaines nations à l'avancement d'une civilisation mondiale en devenir ne justifie pas qu'il faille cultiver pour autant l'illusion, héritée du passé, que d'autres nations n'ont rien ou peu à apporter à cette entreprise.
Aussi fondamentale que soit la nécessité d'une réorientation, les autorités religieuses semblent, pour la plupart, incapables de s'y engager. Dans d'autres secteurs de la société, l'unité de l'humanité est perçue non seulement comme la prochaine et inévitable étape de l'évolution de la civilisation, mais comme une occasion de s'épanouir pour les identités minoritaires de toutes sortes qui émergent en ce moment crucial de notre histoire collective. Or, la plupart des religions établies semblent paralysées au seuil de l'avenir, bridées par ces mêmes dogmes et revendications d'accès privilégié à la vérité qui ont engendré certains des conflits les plus cruels entre les habitants de la terre.
Les conséquences pour le bien-être de l'homme sont désastreuses. Nul besoin d'énumérer dans le détail les atrocités que subissent aujourd'hui des populations inoffensives, victimes de poussées de fanatisme qui portent ombrage au nom même de religion. Le phénomène n'est pas récent.
Pour ne citer qu'un exemple, les guerres de religion qui ont dévasté l'Europe au XVIe siècle ont fait perdre à ce continent quelque trente pour cent de sa population totale. Comment dès lors ne pas s'inquiéter de ce qu'il adviendra à long terme des graines semées dans la conscience populaire par les forces aveugles du dogmatisme sectaire à l'origine de ces conflits ?
A ce bilan, il convient d'ajouter ce qu'on pourrait qualifier de trahison de l'esprit, et qui, plus qu'aucun autre facteur, a dépouillé la religion d'une mission qui lui est inhérente, celle de contribuer de manière décisive à modeler les affaires du monde. Prisonnières de préoccupations d'ordre matériel, qui dissipent et épuisent leurs énergies, les institutions religieuses ont trop souvent été un frein majeur à l'exploration de la réalité et à l'exercice de ces facultés intellectuelles qui distinguent l'humanité. Il ne suffit pas de dénoncer le matérialisme ou le terrorisme pour résoudre la crise morale contemporaine. Il faut commencer par chercher, en toute bonne foi, à qui revient la responsabilité de la défaillance qui a exposé les multitudes croyantes à ces influences et les y a rendues vulnérables.
Ces réflexions, aussi douloureuses soient-elles, conduisent moins à mettre en accusation les religions établies qu'à rappeler le pouvoir unique qu'elles représentent. La religion, nous le savons tous, touche aux ressorts de l'être. Lorsqu'elle respecte fidèlement l'esprit et l'exemple des figures transcendantes qui ont doté le monde de ses grands systèmes de croyances, elle sait éveiller chez des populations entières la faculté d'aimer, de pardonner, de créer, de supporter avec endurance, d'aller au-delà des préjugés, de se sacrifier pour le bien commun et de dompter les pulsions de l'instinct animal.
La force féconde qui a permis de civiliser la nature humaine est assurément née de l'influence successive de ces Manifestations de la Réalité divine, qui remonte à l'aube de l'histoire connue.
Cette force, autrefois si agissante, demeure une marque indélébile de la conscience humaine.
Contre toute attente, et sans qu'elle y soit encouragée le moins du monde, elle continue de soutenir la lutte pour la survie d'innombrables êtres humains, et de susciter partout héros et saints dont la vie est la justification la plus convaincante des principes contenus dans les écritures de leurs religions respectives. Comme en témoigne l'histoire des civilisations, la religion est aussi capable d'agir en profondeur sur la structure du tissu social. En réalité, il serait difficile de trouver un seul apport significatif de la civilisation, qui n'ait puisé son impulsion morale à cette source intarissable. Est-il concevable alors, d'envisager le passage à l'étape culminante de l'organisation millénaire de la planète, dans un vide spirituel ? S'il ne fallait retenir qu'une seule chose des idéologies corrompues qui ont déferlé sur notre monde au siècle passé, c'est qu'elles ont démontré de manière irréfutable l'impossibilité de combler ce vide par des alternatives reposant sur le pouvoir d'invention humain.
***
Ce que cela implique pour notre époque, Baha'u'llah l'a résumé dans des paroles rédigées il y a plus d'un siècle et largement diffusées dans les décennies suivantes :
" Il est incontestable que les peuples du monde, à quelque race ou religion qu'ils appartiennent, tirent leur inspiration spirituelle d'une même source céleste et sont les sujets d'un seul Dieu. Les différences qui existent entre les lois auxquelles ils obéissent s'expliquent par la diversité des conditions et des besoins propres aux époques où ces ordonnances ont été révélées. Toutes ces lois, à l'exception de quelques-unes qui sont le résultat de la perversité humaine, ont été ordonnées par Dieu, et sont une marque de sa Volonté. Levez-vous et, armés du pouvoir de la foi, chassez les dieux de vos vaines imaginations, sources de dissensions entre vous. Attachez-vous à ce qui vous rapproche les uns des autres et vous unit. "
Cet appel n'est pas une incitation à abandonner sa croyance dans les vérités fondamentales de sa religion, quelle qu'elle soit. Bien au contraire ! La foi a ses impératifs et sa justification propres. Ce que d'autres croient ou ne croient pas ne peut servir de critère contraignant à un individu conscient, digne de ce nom. L
es paroles énoncées ci-dessus n'invitent à rien d'autre qu'à renoncer à toutes ces revendications à l'exclusivité ou à une Révélation finale qui, en s'installant dans les esprits, ont réprimé tout élan vers l'unité et y ont cultivé la haine et la violence.
Nous avons le sentiment que c'est ce défi historique que les autorités religieuses sont appelées à relever pour que la direction des affaires religieuses ait un sens dans la société mondiale qui émerge des bouleversements du XXe siècle.
De plus en plus nombreux sont ceux qui s'aperçoivent que la vérité implicite à toutes les religions est d'essence unique. Cette prise de conscience ne vient pas de la résolution des conflits théologiques, mais d'un sentiment intuitif né de l'élargissement et de la diversification progressive du cercle des fréquentations humaines, ainsi que de l'acceptation naissante du concept de l'unité de la famille humaine. Du fatras des doctrines, des rites religieux et des codes juridiques hérités de mondes disparus, émerge le sentiment que la vie spirituelle, à l'instar du lien manifeste qui unit nationalités, races et cultures différentes, est une réalité sans limite à laquelle tous ont également accès. Pour que cette perception des choses, encore timide et diffuse, se répande et contribue efficacement à la construction d'un monde de paix, elle doit faire l'objet d'un soutien sans réserve de la part de ceux vers qui, même en cette heure tardive, se tournent les habitants de la terre, en quête de direction.
Il existe certes de grandes différences entre les lois sociales et cultuelles des principales traditions religieuses du monde. Comment pourrait-il en être autrement, si l'on considère les milliers d'années pendant lesquelles les révélations successives de la Réalité divine ont dû répondre aux besoins changeants d'une civilisation en constante évolution ? En réalité, les écrits de la plupart des grandes religions présentent un trait commun : celui d'exprimer, sous une forme ou une autre, la nature progressive du principe religieux. Ce qui est moralement injustifiable, c'est d'utiliser des héritages culturels propres à enrichir l'expérience spirituelle aux fins d'attiser les préjugés et le sentiment d'aliénation. Le devoir premier de la personne humaine sera toujours d'explorer la réalité des choses, de conformer sa vie aux vérités dont elle a acquis la conviction, et de respecter pleinement les efforts déployés en ce sens par d'autres.
On pourrait objecter que reconnaître à toutes les grandes religions du monde une même origine divine, risquerait d'encourager, ou du moins de faciliter, les conversions d'une religion à une autre. Vrai ou faux, cet argument est secondaire, comparé à l'occasion enfin offerte par l'histoire à ceux qui admettent l'existence d'un monde au-delà de ce monde terrestre, et à la responsabilité qu'impose cette reconnaissance. Toutes les grandes religions sont en mesure de fournir un nombre impressionnant de témoignages, tous plus crédibles les uns que les autres, pour mettre en évidence leur capacité à éduquer les êtres humains sur le plan moral. Par ailleurs, nul ne peut soutenir de manière convaincante qu'un système de croyances est plus porté qu'un autre à engendrer le fanatisme et la superstition. Dans un monde en pleine intégration, il est naturel que les modèles de réaction et d'association soient appelés à se modifier en permanence et le rôle des institutions, quelle que soit leur nature, est assurément de veiller à orienter ces évolutions pour promouvoir l'unité. La garantie d'aboutir à un résultat équilibré sur les plans spirituel, moral et social, dépend de la conviction de la masse non consultée des habitants de la terre que l'univers est régi non par les caprices de l'homme, mais par une Providence aimante et infaillible.
Avec le démantèlement des barrières qui divisaient les peuples, notre époque assiste à l'effondrement du mur jadis infranchissable qui devait à jamais, croyait-on, séparer la vie au Ciel de la vie sur Terre. Les écrits de toutes les religions ont toujours enseigné au croyant que servir autrui n'est pas seulement un devoir moral, mais un moyen pour l'âme de se rapprocher de Dieu. Aujourd'hui, la restructuration progressive de la société donne à cet enseignement familier une dimension nouvelle. Alors que la promesse ancestrale d'un monde animé par des principes de justice devient un objectif chaque jour plus réaliste, satisfaire les aspirations de l'âme et répondre aux besoins de la société seront de plus en plus souvent perçus comme les FACETTES réciproques d'une vie spirituelle épanouie.
Pour relever le défi, les autorités religieuses doivent commencer par reconnaître que religion et science sont les deux systèmes de connaissance indispensables au développement de la conscience. Loin de s'opposer, ces modes fondamentaux d'exploration de la réalité sont mutuellement dépendants et ont donné leurs plus beaux fruits en ces périodes rares mais heureuses de l'histoire où leur caractère complémentaire a été admis et qu'il a été possible de les associer. Il sera toujours nécessaire de se référer à une direction morale et spirituelle pour assurer la bonne application des connaissances et du savoir-faire issus des progrès scientifiques ;
quant aux convictions religieuses, aussi précieuses soient-elles, il importe de les soumettre, de bon gré, à l'examen impartial de la méthode scientifique.
Permettez-nous enfin d'aborder, non sans scrupule, une question qui touche directement les consciences. Parmi les multiples tentations qu'offre le monde, il est une épreuve qui a, à juste titre, préoccupé les autorités religieuses : l'exercice du pouvoir. Celui qui a consacré de longues années à la méditation sincère et à l'étude des écrits de l'une ou l'autre des grandes religions ne peut ignorer que le pouvoir corrompt et ce, d'autant plus qu'il grandit. Les victoires remportées sans bruit dans ce combat intérieur par d'innombrables hommes de religion tout au long de l'histoire ont incontestablement assuré aux religions établies leur puissance créatrice et méritent de figurer à ce titre, au nombre de leurs plus hautes distinctions.
En revanche, le comportement des chefs religieux qui succombent aux attraits du pouvoir et des privilèges terrestres crée un terrain fertile aux sentiments de cynisme et de désespoir et aux suspicions de corruption, chez tous ceux qui en sont témoins. Les conséquences que peut avoir, à ce stade de l'histoire, l'aptitude des autorités religieuses à remplir leurs responsabilités sociales, se passent de tout commentaire.