Bonjour à tous,
Comme je l'ai déjà expliqué il y a quelques temps, la Jérusalem apostate des temps bibliques, a été, sans nul doute, une composante importante de ce que les Ecritures appellent "
Babylone la Grande, la mère des prostituées" (Rév. 17:5). Il faut, bien entendu, comprendre "prostituées" aux sens
religieux et
politique du terme.
L'histoire de la nation de Juda atteste la manière dont celle-ci s'est alliée à plusieurs reprises à ses "amants" politiques. Un exemple est donné en 2 Chroniques 16:1-4, où Asa, roi de Juda, conclut une alliance politique avec le roi syrien Ben-Hadad qui s'était ligué contre lui avec le roi d'Israël Baasha.
"
Dans la trente-sixième année du règne d’Asa, Baasha le roi d’Israël monta contre Juda et se mit à bâtir Rama, de façon à ne permettre à personne de sortir ou d’entrer vers Asa le roi de Juda. 2 Alors Asa sortit de l’argent et de l’or des trésors de la maison de Jéhovah et de la maison du roi, et il [l’]envoya à Ben-Hadad le roi de Syrie, qui habitait à Damas, en disant : 3 “ Il y a une alliance entre moi et toi, entre mon père et ton père. Voici que je t’ai envoyé de l’argent et de l’or. Va, romps ton alliance avec Baasha le roi d’Israël, pour qu’il se retire de chez moi ”. 4 Ben-Hadad écouta alors le roi Asa et il envoya les chefs des forces militaires qui étaient à lui contre les villes d’Israël, de sorte qu’ils frappèrent Iyôn, Dân, Abel-Maïm et tous les entrepôts des villes de Naphtali..
Plutôt que de placer sa confiance dans son Dieu qui pouvait le sauver de ses ennemis, Juda, a "
fait des dons " (pour reprendre une expression d'Ezékiel 16:33) au roi syrien pour obtenir sa faveur et son soutien politique. Le fait d'avoir "
gagné par des présents" le soutien du roi syrien était considéré comme un acte
d'adultère, ou de
prostitution.
La nation de Juda a également développé des relations "adultères" avec d'autres puissances , comme Babylone, lorsqu'elle se laissa contaminer par le culte idolâtrique qui avait cours dans cette ville (Ez. 23:14-17; 2 Rois 21:1-9), malgré la mise en garde que les Israëlites reçurent, dès le départ, contre ce genre de "relations immorales":
"
Garde-toi de conclure une alliance avec les habitants du pays où tu vas, de peur que cela ne se révèle un piège au milieu de toi. 13 Mais leurs autels, vous les abattrez ; leurs colonnes sacrées, vous les briserez ; et leurs poteaux sacrés, vous les couperez. 14 Car tu ne dois pas te prosterner devant un autre dieu, parce que Jéhovah, dont le nom est Jaloux, c’est un Dieu jaloux ; 15 de peur que tu n’ailles conclure une alliance avec les habitants du pays, car à coup sûr ils auront des relations immorales avec leurs dieux et sacrifieront à leurs dieux, et il est certain que quelqu’un t’invitera et à coup sûr tu mangeras de son sacrifice. 16 Alors il faudra que tu prennes quelques-unes de leurs filles pour tes fils, et il est certain que leurs filles auront des relations immorales avec leurs dieux et feront que tes fils aient des relations immorales avec leurs dieux." - Exode 34:12-16
C'est donc dans ce double sens , politique et religieux, qu'il faut entendre la "prostitution" dont se rend coupable cette mystérieuse "Babylone la Grande" mentionnée dans les chapitres 17 et 18 du livre de la Révélation.
Mais qui "Babylone la Grande" représente-elle?
Il est vrai que la nation antique de Juda, dont la capitale était Jérusalem, fût qualifiée de "prostituée", au sens politique et religieux du terme, comme je l'ai expliqué plus haut. Il est vrai que la Jérusalem du temps de Jésus (plus particulièrement ses responsables religieux) fût rendu responsable de "
tout le sang juste répandu sur la terre, depuis le sang du juste Abel jusqu’au sang de Zekaria " (Mat. 23:29-35), ce qui est à rapprocher de ce que Révélation 18:24 précise à propos de Babylone la Grande, à savoir que "
chez elle on a trouvé le sang des prophètes et des saints et de tous ceux qu’on a tués sur la terre".
Cela identifie-t-il Babylone la Grande à la Jérusalem dont parlent les Ecritures, voire à la Jérusalem d'aujourd'hui?
Non, car la description que le livre de la Révélation fait de cette "Babylone la Grande" laisse à penser que celle-ci désigne une entité religieuse qui dépasse largement le cadre de Jérusalem.
Si certains ont identifié les "sept collines" dont il est question en Révélation 17:9 à celles sur lesquelles la ville de Jérusalem est située, d'autres ont vu dans cette description les "sept collines" de la Rome païenne, voire même de Constantinople (Voir
Word Studies in the New Testament; M. Vincent, note sur Révélation 17:9).
Toutefois, il est plus logique de penser que ces "collines", ou ces "montagnes", sont à considérer dans un sens
symbolique, et non littéral. Puisque la "prostituée" Babylone la Grande ainsi que la "bête" sur laquelle elle est assise constituent des symboles, il en est de même des "sept collines", ou "sept montagnes" associées aux "sept têtes" de cette "bête" qui sont, en définitive, "sept rois". La Bible emploie à plusieurs reprises la "montagne" pour représenter des royaumes, ou des puissances politiques ( Daniel 2:35,44,45; Isaïe 41:15; Rév. 6:14).
C'est manifestement le cas en Révélation 17:9 où les "sept montagnes" désignent "sept rois", ou "puissances mondiales", avec lesquels "Babylone la Grande" se prostitue (Rév. 18:3).
Pourquoi cette "Babylone" mystérieuse ne s'identifie-t-elle pas seulement à la Jérusalem antique, ainsi qu'à celle d'aujourd'hui?
Nous lisons en Révélation 18:4:
"
Sortez d’elle, mon peuple, si vous ne voulez pas participer avec elle à ses péchés, et si vous ne voulez pas recevoir [votre part] de ses plaies"
Cette exhortation à "sortir de Babylone" s'inspire des évènements qui eurent lieu dans l'antiquité, et dont Jérémie se fait l'annonciateur:
"
Sortez du milieu d’elle, ô mon peuple, et faites échapper chacun son âme à la colère ardente de Jéhovah" - Jérémie 51:45 ; voir également Jérémie 50:8; Isaïe 48:20; 52:11.
Cette annonce prophétique montrait que viendrait le temps où les Juifs seraient libérés de la captivité babylonienne, ce qui se produisit quand, à partir de 539 av. n. ère, Babylone fût prise par Cyrus le Perse qui donna peu après l'autorisation aux Juifs de quitter cette ville pour rentrer dans leur pays (Esdras 1:1-4).
Toutefois, cette prophétie aurait un autre accomplissement, non pas littéralement, mais spirituellement. En citant la prophétie d'Isaïe 61:1,2 (laquelle se réfère aussi à la libération de Babylone après 539 av. n. ère), Jésus montra que ses contemporains juifs avaient besoin d'être libérés d'une "babylone" symbolique:
"
Et il vint à Nazareth, où il avait été élevé ; et, selon son habitude le jour du sabbat, il entra dans la synagogue, et il se leva pour lire. 17 On lui remit alors le rouleau du prophète Isaïe, et il ouvrit le rouleau et trouva l’endroit où il était écrit : 18 “ L’esprit de Jéhovah est sur moi, parce qu’il m’a oint pour annoncer de bonnes nouvelles aux pauvres, il m’a envoyé pour prêcher aux captifs la libération et aux aveugles le retour à la vue, pour renvoyer en liberté les écrasés, 19 pour prêcher l’année que Jéhovah agrée. ” " - Luc 4:16-19
De quoi les juifs de l'époque de Jésus avaient-ils besoin d'être "libérés"? Non pas de la ville même de Babylone qui existait encore au 1° siècle. Mais plutôt du système religieux juif qui asservissait le peuple à cause de ses "traditions" :
"
vous avez annulé la parole de Dieu à cause de votre tradition. 7 Hypocrites ! C’est avec raison qu’Isaïe a prophétisé à votre sujet, quand il a dit : 8 ‘ Ce peuple m’honore des lèvres, mais leur cœur est très éloigné de moi. 9 C’est en vain qu’ils continuent à me rendre un culte, parce qu’ils enseignent pour doctrines des commandements d’hommes" - Matthieu 15:6-9.
Cette "Babylone" spirituelle, la Jérusalem de l'époque de Jésus, avait travesti les commandements de Dieu en les occultant par d'innombrables "règles" qui rendaient esclave, dans un sens religieux, le commun peuple .
Mais la libération de cette "babylone" spirituelle ne se limiterait pas à ce que Jésus, le "Cyrus" libérateur antitypique, allait opérer à l'égard des juifs, en leur permettant de se libérer de l'emprise des traditions religieuses juives de cette époque. Non, Paul montra qu'il existait d'autres pratiques religieuses, outre celles qui avaient cours dans la Jérusalem apostate de son époque, dont les chrétiens devaient se libérer. Il cita à juste titre Isaïe 52:11 quand il écrivit à ses compagnons de Corinthe:
"
Ne vous mettez pas sous un joug mal assorti avec les incrédules ; car quelle participation y a-t-il entre la justice et l’iniquité ? ou quelle communion entre la lumière et les ténèbres ? et quel accord de Christ avec Béliar ? ou quelle part a le croyant avec l’incrédule ? et quelle convenance y a-t-il entre le temple de Dieu et les idoles ? Car vous êtes le temple du Dieu vivant, selon ce que Dieu a dit : «J’habiterai au milieu d’eux, et j’y marcherai, et je serai leur Dieu, et eux seront mon peuple» .«C’est pourquoi sortez du milieu d’eux, et soyez séparés, dit le Seigneur, et ne touchez pas à ce qui est impur, et moi, je vous recevrai»
Les chrétiens ne devaient avoir aucune part avec les païens idolâtres. Ils devaient s'en "séparer", et ne pas devenir "impur" en se laissant contaminer par les pratiques religieuses idolâtriques de nations païennes. Ils devaient se purifier "de toute souillure de chair et
d’esprit", tout ce qui, sur le plan spirituel, pouvait entâcher le culte pur qu'ils rendaient à Dieu (2 Co. 7:1).
Ainsi, l'application d'Is. 52:11 que Paul faisait au 1° siècle montre qu'à cette époque, une "babylone" symbolique existait, sous la forme d'un système religieux idolâtre païen, "babylone" de laquelle les chrétiens devaient se séparer.
Rév. 18:4 montre qu'une "babylone" symbolique similaire existerait de la même façon avant que ne survienne la "colère de Dieu le Tout-Puissant" (Rév. 19:15). Cette "Babylone la Grande" existait déjà au 1° siècle, et même avant, puisqu'il a été trouvé chez elle "
le sang des prophètes et des saints et de tous ceux qu’on a tués sur la terre" (Rév. 18:24). Elle englobe donc la Jérusalem idolâtre du temps de Jérémie, la Jérusalem apostate (ou du moins son système religieux) de l'époque de Jésus, la religion païenne idolâtre du temps de Paul etc....
http://lesdeuxbabylones.bravepages.com/ . Bref, "Babylone la Grande" désigne la religion organisée, qui de tous temps s'est opposée à Dieu et à ses serviteurs fidèles, et dont les enseignements et les croyances prennent leurs sources dans l'antique Babylone.
Le livre de la Révélation confirme cette conclusion. Elle y est présentée comme la "
grande ville qui a un royaume sur les rois de la terre" (Rév. 17:18). Babylone la Grande est donc un "empire" qui domine l'ensemble des "rois" ou puissances politiques de ce monde. Il est précisé que par sa "
magie, toutes les nations ont été égarées" (Rév. 18:23;
Darby). La "
magie" (ou "pratiques spirites") de "Babylone la Grande" fait de cet empire une entité
religieuse, la religion opposée à Dieu et à ses serviteurs.
Cette description ne conviendrait sûrement pas si Babylone la Grande s'identifiait seulement à Jérusalem.
Bien cordialement,
Didier