Alvin Plantinga et les croyances basiques (Basic beliefs)
Posté : 22 avr.16, 09:08
Cet argument des croyances basiques se veut une réponse à l'argument agnostique suivant:
La croyance en Dieu sans preuve suffisante n'est pas raisonnable, elle ne peut pas être soutenue philosophiquement (la croyance en l'inexistence aussi d'ailleurs, si c'est son cas).
Plantinga dit qu'il n'y a pas besoin de preuve pour être raisonable dans le cas des croyances basiques (des axiomes, en un sens, pourrait-on dire).
Cette idée lui est venue pcq on pensait couramment du coté empiriste, que la croyance en l'existence des esprits des autres ou d'un monde extérieur à notre esprit (opposition idéalisme-réalisme; un au-delà de la pensée est impensable), ne pouvaient pas avoir de preuve, quoique parfaitement raisonnables et conforme au sens commun (arg. d'autorité).
IL va donc essayer de comparer la croyance en Dieu aux autres croyances basiques.
Ici, je vais dire les choses incomplètement et telles que je les comprends, c'est donc sous toutes réserves.
Les croyances basiques dépendent du bon fonctionnement de notre esprit, qui lui même est organisé pour trouver des verités. Or dans le cas de la croyance au monde extérieur (choses en soi) , à supposer qu'il existe (hypothèse) il sera en lien avec notre esprit, en un sens notre esprit en fera partie, le monde aura donc eu un certain role dans le faconnement de cet esprit, donc on peut supposer que notre croyance au monde est causée ( non justifiée) par ce monde et que donc dans l'hypothèse notre croyance a du sens, elle est naturelle et en lien avec ce qui par hypothèse existe.
Si on transpose à Dieu: s'il existe, il est logique qu'il ait installé en nous la croyance en lui, par organisation de notre esprit.
Il faut bien noter que ce n'est pas une preuve, car ca veut montrer que cette croyance n'a pas besoin de preuve, seulement de conformité au fonctionnement naturel de notre esprit.
Plantinga a répondu à une objection imaginaire dite de la citrouille qui a beaucoup occupé les revues de philo, et qui attaquait sa position comme trop large pour ce qui serait basique. Je ne suis pas sur qu'il y réussit d'une facon satisfaisante et je n'irai pas dans les détails mais me contenterai de remarques générales. Il faut remarquer de toute facon que dans la perspective de départ il y a une analogie intéressante entre la transcendance du monde extérieur (les choses en soi), qui est vu comme un au-delà de notre esprit devant être cru, et Dieu qui est aussi un au-delà et de notre esprit et du monde.
1) Le courant empiriste, et positiviste en partie, a une tendance naturelle au scepticisme; pour Hume et ses descendants les lois scientifiques inductives sont injustifiées, ce ne sont que des croyances (beliefs) tenues par habitude; c'est pourquoi Popper, par exemple, disait que les sciences ne vérifient jamais, elles ne font que tenter de réfuter, et si la réfutation empirique échoue, la conjecture (théorie) survit pour l'instant.
IL y aura donc, souvent, un appel au pragmatisme qui prendra la place de preuves (comme chez Hume pour l'induction: si on veut survivre il faut croire que le feu va encore bruler demain, sans raison)
2)En lien avec ceci, la logique moderne et une bonne partie de la philo des sciences, est assez allergique à la notion traditionnelle d'évidence, en ce qui concerne, par exemple, les axiomes. Ceux -ci sont davantage considérés comme choisis et partiellement intervertibles.
Naturellement la croyance en l'existence de choses en soi n'est pas un axiome formel, mais ca peut y ressembler, comme une sorte d'axiome empirique choisi pour son efficacité pragmatique. Or cette efficacité n'est -elle pas un critère qui compte en ce qui concerne ce qui est raisonnable (et d'ailleurs,aussi, le consensus universel - arg. d'autorité - dit "naïf" par les philo. idéalistes, qui croit au réalisme et à l'existence de choses en soi hors de notre esprit?)
3)Le théisme et l'athéisme pourraient donc être vus comme des axiomes factuels à fondement plus ou moins pragmatique. Comme on le fait en science, on choisit un axiome on fait des déductions et on regarde ou ca mène. Il n'y aura pas de preuve pour les axiomes. Je simplifie beaucoup ici.
Certes, on n'est pas plus théiste qu'athée à la fin mais il faut se rappeler que ce n'était pas du tout le but de l'argument, qui se limite à montrer que l'exigence de preuve n'est pas toujours absolue pour le respect du caractère raisonnable.
ET alors on peut très bien être raisonnable en disant: je choisi comme axiome Dieu et je regarde ou ca va mener ma vie au point de vue moral, métaphysique, éducationnel familial, etc.
D'autres axiomes pourront être choisis, comme c'est le cas dans certains systèmes formels, ou peut-être, plus en aval, d'autres hypothèses non prouvées qui peuvent être raisonnablement crues bien qu'incompatibles entre elles.
Ca va pas très loin (c'est de la philo empiriste) en théologie naturelle, mais c'est mieux que rien...
Je me demande au final si l'argument de Plantinga n'est pas inutilement compliqué pour répondre à l'objection. Il suffisait il me semble d'élargir la notion de preuve suffisante, par exemple en remplacant preuve par fondement. Et ca sera raisonnable en un sens. Seule une minorité de théistes et d'athées sont fidéistes gratuits, ils ont toujours des fondements. Alors on peut bien dire avec l'objection qu'il ne faut pas adhérer à une position sans fondement si on veut être rauisonnable, mais qui dit ce qui est sans fondement suffisant? L'objection doit dire pourquoi les positions sont sans fondement, sinon elle ne tient plus.
La croyance en Dieu sans preuve suffisante n'est pas raisonnable, elle ne peut pas être soutenue philosophiquement (la croyance en l'inexistence aussi d'ailleurs, si c'est son cas).
Plantinga dit qu'il n'y a pas besoin de preuve pour être raisonable dans le cas des croyances basiques (des axiomes, en un sens, pourrait-on dire).
Cette idée lui est venue pcq on pensait couramment du coté empiriste, que la croyance en l'existence des esprits des autres ou d'un monde extérieur à notre esprit (opposition idéalisme-réalisme; un au-delà de la pensée est impensable), ne pouvaient pas avoir de preuve, quoique parfaitement raisonnables et conforme au sens commun (arg. d'autorité).
IL va donc essayer de comparer la croyance en Dieu aux autres croyances basiques.
Ici, je vais dire les choses incomplètement et telles que je les comprends, c'est donc sous toutes réserves.
Les croyances basiques dépendent du bon fonctionnement de notre esprit, qui lui même est organisé pour trouver des verités. Or dans le cas de la croyance au monde extérieur (choses en soi) , à supposer qu'il existe (hypothèse) il sera en lien avec notre esprit, en un sens notre esprit en fera partie, le monde aura donc eu un certain role dans le faconnement de cet esprit, donc on peut supposer que notre croyance au monde est causée ( non justifiée) par ce monde et que donc dans l'hypothèse notre croyance a du sens, elle est naturelle et en lien avec ce qui par hypothèse existe.
Si on transpose à Dieu: s'il existe, il est logique qu'il ait installé en nous la croyance en lui, par organisation de notre esprit.
Il faut bien noter que ce n'est pas une preuve, car ca veut montrer que cette croyance n'a pas besoin de preuve, seulement de conformité au fonctionnement naturel de notre esprit.
Plantinga a répondu à une objection imaginaire dite de la citrouille qui a beaucoup occupé les revues de philo, et qui attaquait sa position comme trop large pour ce qui serait basique. Je ne suis pas sur qu'il y réussit d'une facon satisfaisante et je n'irai pas dans les détails mais me contenterai de remarques générales. Il faut remarquer de toute facon que dans la perspective de départ il y a une analogie intéressante entre la transcendance du monde extérieur (les choses en soi), qui est vu comme un au-delà de notre esprit devant être cru, et Dieu qui est aussi un au-delà et de notre esprit et du monde.
1) Le courant empiriste, et positiviste en partie, a une tendance naturelle au scepticisme; pour Hume et ses descendants les lois scientifiques inductives sont injustifiées, ce ne sont que des croyances (beliefs) tenues par habitude; c'est pourquoi Popper, par exemple, disait que les sciences ne vérifient jamais, elles ne font que tenter de réfuter, et si la réfutation empirique échoue, la conjecture (théorie) survit pour l'instant.
IL y aura donc, souvent, un appel au pragmatisme qui prendra la place de preuves (comme chez Hume pour l'induction: si on veut survivre il faut croire que le feu va encore bruler demain, sans raison)
2)En lien avec ceci, la logique moderne et une bonne partie de la philo des sciences, est assez allergique à la notion traditionnelle d'évidence, en ce qui concerne, par exemple, les axiomes. Ceux -ci sont davantage considérés comme choisis et partiellement intervertibles.
Naturellement la croyance en l'existence de choses en soi n'est pas un axiome formel, mais ca peut y ressembler, comme une sorte d'axiome empirique choisi pour son efficacité pragmatique. Or cette efficacité n'est -elle pas un critère qui compte en ce qui concerne ce qui est raisonnable (et d'ailleurs,aussi, le consensus universel - arg. d'autorité - dit "naïf" par les philo. idéalistes, qui croit au réalisme et à l'existence de choses en soi hors de notre esprit?)
3)Le théisme et l'athéisme pourraient donc être vus comme des axiomes factuels à fondement plus ou moins pragmatique. Comme on le fait en science, on choisit un axiome on fait des déductions et on regarde ou ca mène. Il n'y aura pas de preuve pour les axiomes. Je simplifie beaucoup ici.
Certes, on n'est pas plus théiste qu'athée à la fin mais il faut se rappeler que ce n'était pas du tout le but de l'argument, qui se limite à montrer que l'exigence de preuve n'est pas toujours absolue pour le respect du caractère raisonnable.
ET alors on peut très bien être raisonnable en disant: je choisi comme axiome Dieu et je regarde ou ca va mener ma vie au point de vue moral, métaphysique, éducationnel familial, etc.
D'autres axiomes pourront être choisis, comme c'est le cas dans certains systèmes formels, ou peut-être, plus en aval, d'autres hypothèses non prouvées qui peuvent être raisonnablement crues bien qu'incompatibles entre elles.
Ca va pas très loin (c'est de la philo empiriste) en théologie naturelle, mais c'est mieux que rien...
Je me demande au final si l'argument de Plantinga n'est pas inutilement compliqué pour répondre à l'objection. Il suffisait il me semble d'élargir la notion de preuve suffisante, par exemple en remplacant preuve par fondement. Et ca sera raisonnable en un sens. Seule une minorité de théistes et d'athées sont fidéistes gratuits, ils ont toujours des fondements. Alors on peut bien dire avec l'objection qu'il ne faut pas adhérer à une position sans fondement si on veut être rauisonnable, mais qui dit ce qui est sans fondement suffisant? L'objection doit dire pourquoi les positions sont sans fondement, sinon elle ne tient plus.