"Avant qu’Abraham Fût, Je Suis"
Ces paroles sont souvent employées pour prouver la fausse idée que Jésus existait avant qu’Abraham fût. Mais, après mûre réflexion, on s’aperçoit qu’elles prouvent le contraire:
1. - Jésus ne disait pas: "Avant qu’Abraham fût, j’étais". Jésus était le descendant promis à Abraham. Si l’on dit que Jésus existait physiquement avant le temps d’Abraham, on rend donc absurdes les promesses de Dieu faites à Abraham.
2. - Le contexte de ce verset (Jean 8:58) est un discours du Christ, adressé aux Juifs, sur Abraham. Pour eux, il n’y avait personne de plus grand qu’Abraham. Mais Jésus leur disait: "Je suis, en ce moment où je me tiens devant vous, plus important qu’Abraham". Alors dès ce temps-là, c’est lui, Jésus, qu’on aurait dû honorer plutôt qu’Abraham. Il disait donc: "Je suis, en ce moment-même, plus important qu’Abraham n’ait jamais été". On peut comprendre que Jésus existait "avant" Abraham dans le sens seulement qu’il était dans les plans de Dieu dès le commencement du monde. Et c’est pour cette raison aussi que Jésus était "avant" Abraham en importance.
3. - La preuve de cela se trouve dans Jean 8:56: "Votre père Abraham se réjouissait de voir mon temps; et il le voyait, et était content". Le seul temps où l’on dit qu’Abraham souriait et était content est lorsqu’on lui faisait la promesse d’un descendant; et il comprenait que cette promesse faisait allusion à Jésus (Genèse 17:17). Abraham "voyait" le Christ de loin à cause des promesses qu’on lui avait faites au sujet de Jésus. Il parlait de façon énigmatique du sacrifice de Jésus: "on verra dans le mont du Seigneur" (Genèse 22:14). C’est dans ce contexte des promesses que Jésus pouvait dire: "Avant qu’Abraham fût, je suis". Il réalisait, comme nous l’avons expliqué dans la Section 3:1, que les promesses de Dieu à Abraham révélaient les plans de Dieu sur Jésus, et que ces plans étaient connus de Dieu dès le commencement du monde. Ce but de Dieu qu’Il avait "avant qu’Abraham fût" avait été révélé à Abraham dans les promesses; et ce but s’accomplissait en ce moment-même devant leurs yeux, devant ces Juifs du 1er siècle, alors qu’ils se tenaient devant Jésus, qui était "la parole (de la promesse) faite chair".
4. - Certains prétendent que Jésus faisait allusion au Nom Divin lorsqu’il disait: "Je suis". On a expliqué dans la Digression 3 que Jésus, et même des gens ordinaires, peuvent porter le Nom de Dieu sans que cela veuille dire qu’ils devenaient Dieu Lui-même en personne. Mais il se peut aussi que Jésus veuille tout simplement employer le temps présent du verbe "être". En fait, la même expression se présente dans Jean 9:9. Les voisins de l’aveugle qui était maintenant guéri se demandaient tous si c’était vraiment le même homme qui avait l’habitude de mendier assis à la porte du Temple: "Quelques uns disaient: C’est lui; d’autres disaient: Il lui ressemble; mais lui-même leur disait: Je suis (lui)". Le pronom personnel (lui) n’est pas dans l’original grec. L’aveugle disait donc : "Je suis", tout comme Jésus dans Jean 8:58. Si le "Je suis" de Jésus prouve qu’il est Dieu-même, alors le "Je suis" de l’aveugle signifie qu’il est Dieu-même aussi. En plus de cela, il est bon de noter que Yahweh, le Nom Divin, veut dire en réalité: "Je serai qui Je serai" (Exode 3:14, R.S.V. en marge; R.V. en marge) et non "Je suis".