Courrier International - Islam : des textes sans concession
Posté : 03 nov.16, 10:30
L’édito de Marc Saghié, chef du service Moyen-Orient, publié dans notre hors-série “Les libres-penseurs de l’islam”, en kiosque le mercredi 2 novembre.
En 1923, descendant d’un train à la gare du Caire, une femme égyptienne enlève publiquement son voile. Un moment de stupeur saisit les voyageurs, puis une salve d’applaudissements retentit sur les quais. Hoda Shaarawi a gagné son pari. En une décennie, au Caire comme à Beyrouth ou à Tunis, le nombre de citadines à visage couvert se réduit comme peau de chagrin. Le coup de boutoir de cette Femen avant l’heure a permis à la moitié de l’humanité de se sentir un peu plus libre.
En 2016, de Karachi à Dakar, de Londres à Berlin, ils sont des milliers d’hommes et de femmes, musulmans ou de culture musulmane : Kamel Daoud, Mona Eltahawy, Hamed Abdel-Samad, Fawzia Zouari et tant d’autres, intellectuels ou militants, qui ont décidé, au péril de leur vie, de se battre contre l’islamisme. Leurs textes sont sans concession. Pas de négationnisme – l’islam n’a rien à voir avec ça –, ni de prétextes – le colonialisme, la guerre d’Irak –, ni de compromis boiteux, encore moins de moratoires sur les questions de dignité.
Ces libres-penseurs sont des écorchés vifs, meurtris par le hold-up réussi des islamistes sur leur culture, leur langue, leur vécu, leur mémoire et, pour certains, sur leur religion. Ils interpellent leurs sociétés sur des valeurs peu débattues comme les libertés, la démocratie, l’altérité, les droits de l’homme, l’égalité hommes-femmes. Ils exposent aussi leurs griefs contre une gauche occidentale engluée dans ses a priori tiers-mondistes et ses culpabilités postcoloniales.
Un souci de clarté a accompagné le travail de Courrier International. Dans un monde musulman privé de vie démocratique, souvent depuis la naissance de ses États modernes, il fallait trouver ces êtres libres qui, tout en pourfendant l’islamisme, ne font pas l’apologie des régimes militaires, ni ne servent de faire-valoir à l’extrême droite.
Courrier International n’est pas d’accord avec tous les propos tenus. Mais ces derniers ont l’intérêt de montrer combien l’islam est aujourd’hui pluriel, traversé par des lignes de fracture. Contrairement aux souhaits communs des islamistes et de l’extrême droite européenne, ces libres-penseurs refusent que les leurs soient coupés des valeurs universelles, relégués dans un monde à part.
Courrier International
En 1923, descendant d’un train à la gare du Caire, une femme égyptienne enlève publiquement son voile. Un moment de stupeur saisit les voyageurs, puis une salve d’applaudissements retentit sur les quais. Hoda Shaarawi a gagné son pari. En une décennie, au Caire comme à Beyrouth ou à Tunis, le nombre de citadines à visage couvert se réduit comme peau de chagrin. Le coup de boutoir de cette Femen avant l’heure a permis à la moitié de l’humanité de se sentir un peu plus libre.
En 2016, de Karachi à Dakar, de Londres à Berlin, ils sont des milliers d’hommes et de femmes, musulmans ou de culture musulmane : Kamel Daoud, Mona Eltahawy, Hamed Abdel-Samad, Fawzia Zouari et tant d’autres, intellectuels ou militants, qui ont décidé, au péril de leur vie, de se battre contre l’islamisme. Leurs textes sont sans concession. Pas de négationnisme – l’islam n’a rien à voir avec ça –, ni de prétextes – le colonialisme, la guerre d’Irak –, ni de compromis boiteux, encore moins de moratoires sur les questions de dignité.
Ces libres-penseurs sont des écorchés vifs, meurtris par le hold-up réussi des islamistes sur leur culture, leur langue, leur vécu, leur mémoire et, pour certains, sur leur religion. Ils interpellent leurs sociétés sur des valeurs peu débattues comme les libertés, la démocratie, l’altérité, les droits de l’homme, l’égalité hommes-femmes. Ils exposent aussi leurs griefs contre une gauche occidentale engluée dans ses a priori tiers-mondistes et ses culpabilités postcoloniales.
Un souci de clarté a accompagné le travail de Courrier International. Dans un monde musulman privé de vie démocratique, souvent depuis la naissance de ses États modernes, il fallait trouver ces êtres libres qui, tout en pourfendant l’islamisme, ne font pas l’apologie des régimes militaires, ni ne servent de faire-valoir à l’extrême droite.
Courrier International n’est pas d’accord avec tous les propos tenus. Mais ces derniers ont l’intérêt de montrer combien l’islam est aujourd’hui pluriel, traversé par des lignes de fracture. Contrairement aux souhaits communs des islamistes et de l’extrême droite européenne, ces libres-penseurs refusent que les leurs soient coupés des valeurs universelles, relégués dans un monde à part.
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