https://www.evangile-et-liberte.net/ele ... s/101.htmlLa première affaire que traita l’inquisiteur impérial et papal, le procès des moines augustins d’Anvers, se termina tragiquement par l’exécution par le feu des deux premiers martyrs de la Réforme. Comme les vicaires généraux de l’évêque de Cambrai s’inquiétaient de cette propagation des idées luthériennes, ils demandèrent que l’inquisiteur François Vander Hulst soit chargé de poursuivre les moines.
Le 5 décembre 1521, le prieur Jacques Praepositus était convoqué à Bruxelles par l’inquisiteur général. Il s’y rendit sans méfiance et fut incarcéré. Il refusait de se soumettre, lorsqu’une lettre compromettante, interceptée par le gardien, révéla la vanité de ses dénégations. Le 25 janvier 1522, il finit par avouer et le dimanche 9 février, en l’église Sainte-Gudule à Bruxelles, il dut faire acte d’abjuration.
A la suite de l’incarcération de Jacques Praepositus, les moines du couvent d’Anvers avaient élu un nouveau prieur : Lambert Thoren. Sous sa direction, ils continuèrent à prêcher l’Evangile et se référèrent ouvertement à Martin Luther et à sa doctrine. Au mois de juin 1522, Vander Hulst fit arrêter tous les augustins, qui furent conduits au château de Vilvorde et incarcérés. Le mois suivant ils purent retourner à Anvers après avoir abjuré, sauf trois d’entre eux qui refusèrent : le prieur Lambert Thoren et les frères Henri Voes et Jean Van Esschen. Ils furent alors conduits à Bruxelles et attendirent dans un cachot que leur procès soit instruit.
Le 1er juillet 1523 la répression contre les augustins d’Anvers atteignit son point culminant. Le matin sur la Grand Place de Bruxelles, les trois irréductibles furent dégradés de la prêtrise.Henri Voes avait été amené le premier et un témoin raconte : “Je ne pouvais à cause de la foule entendre le prédicateur ; aussi ne cessais-je de fixer l’accusé. Pourquoi dissimulerais-je ce qui est la vérité ? Son visage tranquille et serein trahissait, non une sorte de mépris de la mort, mais plutôt une réserve une douceur profonde. Il paraissait extraordinairement attentif. Lorsqu’il recevait l’ordre d’accomplir tel ou tel acte, c’était étrange, comme il s’en acquittait avec promptitude et décision.On m’a dit qu’il voulait être obéissant jusqu’à la mort”.
Ensuite, on amena les deux autres Jean Van Esschen et le prieur Lambert Thoren et le témoin poursuit : La barbe leur était crue en prison, sans qu’ils eussent pu lui donner aucun soin ; en sorte que leur visage était loin d’avoir l’air agréable de celui de Voes ; toutefois, on pouvait y apercevoir une expression de constance et d’allégresse”.
L’après-midi, au même endroit, les deux moines furent brûlés vifs, le prieur avait demandé un nouveau délai de réflexion.pendant que les flammes montaient, un des deux s’écria : “Il me semble voir des roses répandues” [Mich geduncktt man strewe mir rosen under], puis ils chantèrent le Te Deum et récitèrent le Symbole des Apôtres. L’un d’eux tomba alors sur ses genoux, la corde qui l’attachait au poteau d’exécution ayant brûlé, et il cria : “Seigneur Jésus, fils de David, aie pitié de nous”. Le supplice dura quatre heures !
Le prieur mourut en prison sans s'être rétracté.