Cubas en marche vers la Liberté et la démocratie

[pascal]

dimanche 22 mai 2005, 10h07

Les dissidents cubains se dotent d'un comité directeur

LA HAVANE (Reuters) - Près de 200 opposants au président cubain Fidel Castro ont bouclé samedi un congrès sans précédent à La Havane en élisant un comité directeur.

Le gouvernement castriste n'a pas tenté d'entraver le congrès de deux jours, mais il a expulsé des hommes politiques et d'autres observateurs venus d'Europe avec des visas de touristes pour assister à la réunion.

De précédentes tentatives de réunion de dizaines de petites organisations dissidentes s'étaient les années précédentes heurtées à une répression et à l'arrestation d'organisateurs.

Les 170 délégués réunis dans un verger en banlieue de La Havane ont désigné les 36 membres du comité directeur aux cris de "Liberté" et "La démocratie maintenant".

Ils ont également approuvé une déclaration réclamant notamment l'instauration du multipartisme, le respect des droits de l'homme et la libération des prisonniers politiques.

Le comité désignera ensuite des personnes chargées de diriger le groupe dénommé "Assemblée de Promotion de la Société civile".

"Ce dont il s'agit, c'est de démocratie véritable, et c'est ce que nous recherchons pour notre pays", a déclaré Martha Beatriz Roque, principale organisatrice du rassemblement.

Cette économiste, qui a passé quatre des huit dernières années en prison, a été élue samedi soir par le comité directeur à la tête de l'organisation réunissant des dizaines de petits groupes dissidents.

Cependant, le petit mouvement de la dissidence cubaine, qui commence à se remettre de la campagne de répression de mars 2003, reste très divisé et muselé par la censure dans un pays où les media sont contrôlés par l'Etat.

L'OPPOSITION DIVISEE

Plusieurs groupes d'opposition ont boudé la réunion parce qu'ils désapprouvent les liens étroits entretenus par Roque avec des Cubains de droite en exil à Miami et le soutien public apporté par les Etats-Unis à l'organisation du rassemblement.

Quelques diplomates américains et européens ont assisté à la réunion, mais des hommes politiques et autres observateurs venus d'Europe avec des visas de touristes ont été interceptés à la frontière et expulsés de Cuba, tout comme un journaliste italien et cinq membres de la presse polonaise.

"Nous trouvons ces expulsions très troublantes", a observé samedi l'un des deux diplomates européens venus observer la réunion, "bien qu'il soit à l'évidence très positif que cette réunion se tienne".

L'Italie et l'Espagne ont convoqué les ambassadeurs de Cuba à Rome et à Madrid à propos des interpellations et des expulsions.

Le ministère français des Affaires étrangères a lui aussi protesté, jugeant "inacceptable" le refoulement de députés de pays européens à l'aéroport de La Havane et l'arrestation de ressortissants européens, notamment des journalistes, venus assister à la réunion.

Le porte-parole de la commission européenne a précisé que la position de l'Union vis-à-vis de Cuba ne changerait pas d'ici la prochaine réunion, en juin, des ministres des Affaires étrangères des Vingt-Cinq qui pourraient décider de réinstaurer des sanctions diplomatiques en raison des violations des droits de l'homme sur l'île.

L'UE exige notamment la libération de 61 détenus politiques, sans succès pour l'instant.

"Le changement de la politique européenne envers Cuba n'apporte aucun résultat", ont déclaré dans une lettre au chef de la diplomatie européenne, Javier Solara, les deux députés polonais refoulés de Cuba, Jacek Protasiewicz et Boguslaw Sonik.

"Le régime de Fidel Castro ne libéralise pas sa politique interne envers les militants des droits de l'homme et ne s'ouvre pas à des contacts honnêtes avec l'UE", ajoutent-ils.