Gérard C. Endrifel a écrit :Tu n'as pas besoin d'un coup de main pour effectuer des recherches, tu as besoin d'un public. T'es toute seule là-bas à faire ton petit numéro, on comprend donc aisément que tu puisses te sentir particulièrement frustrée de ne pas pouvoir te pavaner au-milieu d'un parterre de groupies.
Bonjour Kerrid.
Il y a du vrai dans ce que tu écris là. Je reconnais qu'il est frustrant pour moi de devoir attendre parfois plus de 24 heures que mon unique interlocuteur me réponde, c'est vrai. Mais au moins il répond et la discussion progresse sans partir dans tous les sens, ce qui est déjà en soi un motif de satisfaction.
Cela-dit, la question posée ici est importante. Mettons donc de côté nos petites considérations personnelles et attachons-nous aux faits. Une simple recherche sur Google m'a dirigée vers le site JW.VERITE de mon frère Thomas, où l'on peut lire ce qui suit :
Citation :
Les exégètes de la Watchtower prétendent aussi à tort que crux ne signifiait que « poteau » aux jours de l’historien romain Tite-Live (59 av. JC - 17apr. JC). Ainsi, nous lisons dans l’appendice de la
Traduction du Monde Nouveau (1950) :
Le fait que stauros est traduit par crux dans les versions latines ne contredit pas [la doctrine du « poteau de supplice »] … C’est plus tardivement que le mot crux signifiera croix. Même dans les écrits de Tite-Live, un historien romain du 1er siècle avant notre ère, crux se réfère à un simple poteau. (65)
On pouvait lire une remarque similaire dans le
Réveillez-vous ! du 22 septembre 1984 : «
Le mot latin utilisé pour l’instrument sur lequel Christ mourut est crux qui selon Tite-Live, un célèbre historien romain du premier siècle de notre ère, décrit un simple poteau. » (66) La
Traduction du Monde Nouveau (édition de 1987) fit état du même argument : «
Dans les écrits de Tite-Live, historien romain du 1er siècle de notre ère, crux désigne un simple poteau. Ce terme n’a pris le sens de ‘croix’ que plus tard. » (67)
De telles affirmations s’effondrent lorsqu’on les passe minutieusement au crible. Tout d’abord, la Société ne prouve nullement ce qu’elle avance en citant les écrits de Tite-Live. Il ressort d’un examen approfondi de ceux-ci, que l’historien n’a jamais utilisé le mot crux dans le sens proposé par la Société. Suivant la
Concordance de Tite-Live (Packard), crux apparaît six fois dans les écrits de l’auteur, sous des formes variées. (68) Les voici dans leur contexte : (69)
(1) « Le guide battu de verges, et, pour effrayer les autres, mis en croix [crucem sublato], Hannibal, ayant fortifié un camp, envoya Maharbal avec la cavalerie. » (22, 13, 9)
(2) « Vingt-cinq esclaves furent mis en croix [crucem acti], parce que, disait-on, ils avaient formé un complot au Champ de Mars. » (22, 33, 2)
(3) « Il … ordonna qu’ils [les hauts fonctionnaires] soient battus de verges et crucifiés [cruci adfigi]. Ensuite, il se rendit avec ses navires vers l’île de Pityusa. » (28, 37, 3)
(4) « Les déserteurs furent sévèrement traités … les citoyens latins furent décapités, les citoyens romains crucifiés [crucem sublati]. » (30, 43, 13)
(5) « Il battit de verges et crucifia [crucibus adfixit] certains qui avaient été les instigateurs de la révolte. Il en renvoya d’autres chez leurs maîtres. » (33, 36, 3)
(6) « En ceci, pour ma part, je devais me fier à ma cause, même si je plaidais, non pas devant les Romains, mais devant le sénat carthaginois, où on rapporte que les commandants qui, suite à une mauvaise tactique, n’ont pas conduit une campagne avec succès, sont crucifiés [crucem tolli]. » (38, 48, 13)
La Société se rend à nouveau coupable de dénaturer les faits. Tite-Live n’utilisa jamais le mot crux pour désigner exclusivement la simple mise au poteau. Aucun des six extraits ne donne d’information quant à la nature et à l’aspect de la crux. A noter que lorsque Tite-Live mentionna la crux simplex, il se servit du mot palus : «
Liés à un poteau [deligati ad palum], ils furent battus de verges et décapités. » (70)
A moins que les exégètes de la Watchtower ne publient une citation qui déterminerait la source de leurs preuves, nous devons rejeter leurs prétentions, car elles sont fausses.
65 - p. 770.
66 - p. 17.
67 - p. 1649.
68 - David W. Packard, A Concordance to Livy (1968), p. 1011.
69 - Traduction d’après le texte anglais de B.O. Foster. - Loeb Classical Library
70 - Tite-Live 28,29,11.
Fin de citation.
Je connais suffisamment Thomas pour penser qu'il a effectué ses recherches de façon minutieuse et impartiale. Comme je l'ai écrit auparavant, si les dirigeants religieux des Témoins de Jéhovah disposaient d'une citation de Tite-Live qui mette réellement en doute l'utilisation de la croix par les Romains au premier siècle de notre ère, ils ne se seraient pas retenu d'afficher fièrement une telle "preuve" dans les colonnes de leurs publications. Le simple fait qu'ils ne le fassent pas laissait déjà entendre qu'il y avait anguille sous roche, et une vérification sérieuse confirme que nous avons de nouveau affaire à un gros mensonge de la part du Collège Central de la Watchtower. C'est en tout cas la seule conclusion à laquelle on peut aboutir avec les éléments en notre possession. Toutefois, avant de conclure définitivement, je propose de laisser encore du temps aux Témoins de Jéhovah de ce site pour effectuer leurs propres recherches. Et s'ils trouvent la citation tant convoitée, alors je serai la première à reconnaître mes torts.
Votre dévouée,
Philadelphia.