L’ardente loyauté dont font preuve les Témoins de Jéhovah du monde entier à l’égard de la «Watchtower Bible and Tract Society of Pennsylvania» est basée sur la conviction profonde qu’elle représente le «canal de Dieu». Ce que cela signifie, c’est que Jéhovah, le Dieu Tout-Puissant, parle aux hommes seulement par le moyen de cette organisation. Seuls ceux qui dirigent cette organisation possèdent son Esprit Saint, et ainsi, est-ce seulement eux qui peuvent transmettre ses pensées aux hommes sur terre ? Donc, n’importe quel Témoin de Jéhovah qui a de la difficulté à accepter tous les éléments qu’enseigne la Société ou qui de quelque manière fait preuve d’une attitude critique à l’égard de quelque enseignement que ce soit, est qualifié d’individu «manquant de reconnaissance et de gratitude» pour toutes les choses que Dieu pourvoit spirituellement par le moyen de ce «canal». Illustrant ce point, l’article «Do We Need Help to Understand the Bible?» (Avons-nous besoin d’aide pour comprendre la Bible?) qui se trouve dans le numéro du 15 février 1981 du périodique «The Watchtower», (p. 18) dit :
« Comment devons-nous considérer la nourriture spirituelle fournie par «l’esclave fidèle et avisé» ? Devrions-nous la considérer de façon critique – « Oh! Bien, elle peut être vraie mais encore elle peut ne pas l’être et, donc, ne devrions-nous pas l’examiner minutieusement? » Quelques individus ont apparemment pensé ainsi. Pour soutenir leur façon de pensée, ils ont cité Actes 17 : 11 qui dit des personnes récemment intéressées de Bérée, que : « Ces Juifs avaient des sentiments plus nobles que ceux de Thessalonique; ils reçurent la parole avec beaucoup d’empressement, et ils examinaient chaque jour les Écritures, pour voir si ce qu’on leur disait était exact. »
« Mais cela signifie-t-il que ces Béréens cherchaient à trouver des erreurs dans le message qu’ils entendaient, ou que leur attitude en était une empreinte de doute? Est-ce que cela constitue un précédent permettant d’examiner avec un esprit critique les publications provenant de «l’esclave fidèle et avisé» avec comme but de trouver des erreurs? Pas du tout! »
Les nombreux autres paragraphes de cet article expliquent que les Béréens étaient impatients de croire ce qui leur était enseigné. Ils voulaient y croire. À la page 19, sous le sous-titre « Our View of the Slave » (Notre opinion de l’esclave.), «The Watchtower» va plus loin en disant :
« Nous pouvons bénéficier du fait de tenir compte de cette réflexion. Si nous avons d’ores et déjà établi quel instrument Dieu utilise comme étant son «esclave» pour procurer cette nourriture spirituelle à son peuple, assurément que Jéhovah ne doit pas être enchanté si nous recevons cette nourriture comme si elle contenait quelque chose de nuisible. Nous devrions faire confiance au canal que Dieu utilise. Aux quartiers généraux de Brooklyn, là où sont produites les publications bibliques des Témoins de Jéhovah, il y a plus de chrétiens, anciens et matures, autant du «reste» que des «autres brebis», que n’importe où ailleurs au monde. Il est vrai que les frères qui préparent ces publications ne sont pas infaillibles. Leurs écrits ne sont pas inspirés comme l’étaient ceux de Paul et des autres rédacteurs de la Bible. (2 Timothée 3 : 16) Et alors, à quelques reprises, il a été nécessaire, comme la compréhension devenait plus claire, de corriger des points de vue. (Proverbes 4 : 18) Cependant, cela a résulté en un raffinement continuel de l’ensemble des vérités basées sur la Bible, auxquelles les Témoins de Jéhovah souscrivent. Au cours des ans, à mesure que des ajustements ont été faits à cet ensemble de vérités, ces dernières sont devenues encore plus merveilleuses et applicables dans nos vies en ces derniers jours. »
La doctrine de l’esclave fidèle et avisé
Cette présentation de points «scripturaires» est très intimidante pour ceux qui, parmi les Témoins de Jéhovah, commencent à avoir de sérieux doutes ou qui se questionnent à propos des enseignements de la Société. S’ils sont critiques de quelque manière que ce soit, la Société les décrit comme étant des individus ayant «une mauvaise attitude». Par l’entremise de sa littérature et de ses porte-paroles, elle affirme constamment que ceux qui les dirigent sont des représentants de cet «esclave fidèle et avisé» qui est le «canal» de communication de Dieu avec son peuple. Alors tout ce qui est énoncé dans les publications de la «Watchtower» est considéré comme venant indirectement de Dieu. Ainsi, il semble approprié d’examiner la base de cette affirmation qui prétend que ceux qui dirigent la Société représentent ce soi-disant «esclave fidèle et avisé».
Le texte utilisé pour étayer cette déclaration se trouve dans Matthieu 24 : 45-47, (TMN). Nous y lisons ce qui suit : « Quel est donc l’esclave fidèle et avisé que son maître a établi sur ses domestiques, pour leur donner leur nourriture en temps voulu? Heureux cet esclave si son maître, en arrivant, le trouve en train de faire ainsi ! Vraiment, je vous le dis : Il l’établira sur tous ses biens. « Le périodique «The Watchtower» du premier mars 1981 (p. 24), nous donne l’interprétation officielle de la Société à l’égard de cette déclaration de Jésus telle que nous la trouvons dans ces versets. Nous y lisons :
« Les Témoins de Jéhovah croient que cette parabole s’applique à la vraie congrégation de Jésus Christ, formée de disciples oints. Commençant à la Pentecôte de l’an 33 de notre ère, et se poursuivant pendant 19 siècles depuis ce moment-là, cette congrégation ressemblant à un esclave, a nourri ses membres spirituellement, le faisant fidèlement et discrètement. Particulièrement lorsque l’identité de cet «esclave» a commencé à devenir manifeste à l’époque du retour ou de la présence de Christ. Cet «esclave» peut être identifié par sa vigilance et par le fait qu’il fournit la nourriture spirituelle dont tous ont besoin au sein de la congrégation chrétienne. Certainement, cet «esclave», ou congrégation ointe de l’esprit, s’avère être le canal approuvé, représentant le royaume de Dieu sur terre en ce «temps de la fin». (Daniel 12 : 4) Les Témoins de Jéhovah comprennent que «l’esclave» est constitué de tous les chrétiens oints en tant que groupe sur terre à n’importe quel moment durant ces 19 siècles depuis la Pentecôte. Par conséquent, les «domestiques» sont ces disciples de Christ en tant qu’individus. »
Tel que supposé, puisqu'alors cet «esclave» composite a eu une existence continue, ininterrompue depuis son début en l’an 33 de notre ère, il est donc entendu qu’il y aurait toujours eu de véritables chrétiens sur terre du premier siècle jusqu’à la fin du monde. C’est clairement démontré par ce qui précède que dans l’illustration ou parabole de Jésus sur le blé et la mauvaise herbe que nous trouvons en Matthieu chapitre 13. Le blé représentant les vrais fils de Dieu, ce sont ceux qui ont été semés dans le champ qu’est le monde. Ceux représentés par la mauvaise herbe ou faux chrétiens, ont été semés parmi le blé par le Diable. Jésus expliquait que ces deux «moissons» devaient croître ensemble jusqu’à la fin du monde et, alors, à «l’époque de la récolte», les anges entreraient en action et sépareraient la mauvaise herbe du blé. La mauvaise herbe serait alors liée en fagots et brûlée; le blé, en revanche, serait récolté et engrangé. Ainsi les pseudo-chrétiens ont commencé à apparaître peu de temps après que la congrégation chrétienne soit venue à l’existence. Mais selon l’enseignement de la Watchtower, jamais ont-ils été capables de prendre le contrôle de la «classe-du-blé», «l’esclave fidèle et avisé», qui s’avère être la vraie congrégation de Dieu sur terre. Abordant ce sujet dans son numéro du 15 février 1975 (p. 110) «The Watchtower» dit :
« Nous remarquons que Jésus ne disait pas que «l’esclave fidèle et avisé» finirait par être déloyal. Mais, en tant que membres individuels de la classe de «l’esclave», Jésus indiquait simplement la possibilité que ce ne serait pas tous les membres qui seraient loyaux, tout comme l’un des douze, Judas, après un bon début, a fini par s’avérer être mauvais. »
Et à la même page, dans un autre paragraphe, parlant de tels «apostats», ils ajoutaient :
« Christ ne laisserait aucuns membres déloyaux dominer ou briser sa congrégation, et ainsi arrêter l’œuvre qu’elle est en train d’accomplir. »
Alors à la page 26 de son numéro du premier mars 1981, «The Watchtower» dit :
« Bien que les «mauvaises herbes» dominent la scène du monde religieux depuis des siècles, quelques «blés» ont été actifs et la nourriture spirituelle a été fournie aux «domestiques». »
Notez alors que, selon l’interprétation de la Société Watchtower, le blé représente «l’esclave fidèle et avisé» en tant que groupe continu – la congrégation chrétienne, qui est, l’ensemble de tous les fidèles chrétiens oints sur terre à n’importe quel moment de l’ère chrétienne.
L’article «How are Christians Spiritually Fed?» qui est paru dans le numéro du 15 janvier 1975 du périodique «The Watchtower» (p. 46), déclare :
Jésus a dit : «Et, voyez, je suis avec vous tous les jours jusqu’à l’achèvement du système de choses. » (Matthieu 28 : 20) Jésus Christ est la tête de la congrégation chrétienne, son esclave, et ses paroles montrent qu’il les renforcirait pour nourrir ses «domestiques» lors du passage de tous ces siècles. Apparemment, une génération de la classe de «l’esclave» nourrit la génération suivante, tout en continuant à se nourrir elle-même. »
Encore argumente-t-on ici que ces chrétiens n’étaient pas isolément nourris, en tant que personnes seules, mais en tant que groupe collectif, en tant que congrégation, le même article (p. 47) dit :
« Alors, nous voyons que Jésus Christ lui-même a attiré l’attention sur cette méthode pour nourrir son peuple, pas en tant qu’individus isolés, indépendamment des autres, mais en tant que groupe très uni de chrétiens ayant un amour authentique et se souciant les uns des autres. »
«The Watchtower» du 15 juillet 1960 (p. 435) ajoute ce qui suit :
« Pendant toutes ces années la congrégation, tel un esclave, a nourri ses vrais membres fidèlement et discrètement. De la Pentecôte de l’an 33 de notre ère, jusqu’à maintenant, cela a été fait avec amour et compassion. Oui, et ces «domestiques» ont été nourris progressivement, d’une nourriture spirituelle qui leur permet de rester en contact avec la brillante lumière qui devient de plus en plus éclatante jusqu’à ce que le jour soit fermement établi. »
Selon cette dernière citation, l’esclave a toujours été nourri par une nourriture spirituelle donnée progressivement. Cela n’a pas régressé, n’est pas demeuré statique, mais a toujours progressé de l’avant spirituellement parlant, à mesure que s’accroissait la lumière de la vérité. Cela, s’avère alors être la minutieuse prémisse qui se trouve derrière l’enseignement de la Société Watchtower, portant sur l’illustration de Jésus à propos de «l’esclave fidèle et avisé» telle qu’elle est formulée en Matthieu 24 : 45-47. La classe de l’esclave est donc venue à l’existence lors de la Pentecôte de l’an 33, et a existé de manière continue, ininterrompue à travers les siècles, jusqu’à et incluant la fin du monde. Pendant ces siècles, les membres de cette classe ont été nourris progressivement par de la nourriture spirituelle, étant de plus en plus éclairés à mesure que le temps passait.
Ceci étant dit, la question à laquelle nous devons trouver une réponse est celle-ci : Comment cet enseignement ou doctrine, s’accorde-t-il avec l’histoire de la «Watchtower Bible and Tract Society»? Si nous examinons les conséquences de l’interprétation par la Société du texte de Matthieu 24 : 45-47, qu’est-ce que nous trouverons? Souvenons-nous de ce qui suit, cette interprétation doit correspondre à son développement historique pour que nous y trouvions une démonstration de véracité. Alors, si la doctrine de «l’esclave fidèle et avisé» de la Société ne correspond pas avec sa propre histoire, elle devra donc être considérée comme fausse en ce qui concerne les Témoins de Jéhovah. Ayant à l’esprit ce qui précède, examinons l’histoire de la Société telle qu’elle est racontée dans leurs publications.
Les origines du mouvement de la Watchtower
La «Watch Tower Bible and Tract Society» a été incorporée en 1884 par Charles Taze Russell, connu pendant de nombreuses années comme étant le «pasteur» Russell. Russell est né à Allegheny, en Pennsylvanie en 1852. Bien qu’ayant été élevé comme chrétien, lorsque qu’il atteignit l’âge de seize ans, sa foi était à son plus bas niveau. L’histoire officielle de la Watchtower, selon l’ouvrage «Les témoins de Jéhovah dans les desseins divins», fait les observations suivantes selon les paroles même de Russell :
« Élevé comme presbytérien, endoctriné par le catéchisme et ayant une curiosité naturelle, je me sentais être une proie prête à verser dans la dialectique de l’infidélité, aussitôt que je commençais à penser par moi-même. Mais ce qui semblait à première vue comme étant un naufrage complet de ma foi en Dieu et dans la Bible était, de par la providence de Dieu, plutôt purement et simplement, une perte de confiance dans les croyances et systèmes humains de mauvaises interprétations bibliques. »[1]
Alors, ils ajoutent :
« Durant les quelques mois suivants Russell continua à réfléchir au sujet de la religion, incapable de l’accepter, mais pas en mesure de laisser le sujet. »
Finalement, ils le citent en disant :
« Apparemment, par accident, un soir je me suis arrêté dans une salle crasseuse et poussiéreuse à Allegheny, Pennsylvanie, où j’avais entendu dire qu'il y avait des services religieux qui y avaient lieu, pour voir si la poignée de fidèles s’y réunissant avait quelque chose de plus sensé à offrir que les croyances des grandes églises. Là, pour la première fois, j’ai entendu quelque chose au sujet de la prédication du second adventiste selon Jonas Wendell (…). Bien que son exposé ne fut pas tout à fait clair et bien que ce soit loin de ce en quoi nous nous réjouissons maintenant, il n’en fallait pas plus, sous la main de Dieu, pour rétablir ma foi chancelante en l’inspiration divine de la Bible et me montrer que les textes des apôtres et des prophètes forment un tout indissoluble. »
A. H. Macmillan, un canadien qui a passé plusieurs années à servir aux quartiers généraux de la Watchtower comme administrateur senior de cette organisation, disait à propos de Russell :
« Une détermination renouvelée à continuer à chercher la vérité a ouvert un nouveau chapitre dans la vie de ce jeune homme. Mettant de côté sa lassitude déjà bien présente à l’égard de la Bible, il commença lui-même une minutieuse et systématique étude de la Bible. Tandis qu’il lisait, il réfléchissait, et plus il scrutait plus devint-il convaincu que le temps approchait, pour que les avisés enfants du Seigneur, acquièrent une vision claire des desseins de Dieu. Désormais, enflammé par un authentique enthousiasme, il approcha plusieurs jeunes hommes avec qui il avait été associé, quelques-uns en affaires et d’autres socialement. Il leur parla de son intérêt renouvelé, de son intention de continuer son étude personnelle de la Bible sans aucune considération à l’égard des croyances établies. Reconnaissant immédiatement les possibilités, ils dirent : « Bien, supposons que nous nous réunissions et que nous étudions ensemble de manière systématique durant un certain nombre d’heures chaque semaine. « Alors ce fut le début. Ce jeune homme qui à dix-huit ans organisait cette petite classe d’étude biblique, était pour devenir un des plus connus des étudiants de la Bible de sa génération. Il était en voie de devenir un des plus aimés et un des plus haïs des hommes parmi les plus louangeurs et les plus malins dans l’histoire religieuse moderne. » [4]
Le conflit de l’histoire en regard de la doctrine de la Watchtower
Selon les données fournies par les sources de la Watchtower, en 1870 Charles Taze Russell a tourné le dos à toutes formes d’associations avec des groupes chrétiens existants et seulement là commença-t-il avec la Bible, une étude biblique de sa propre initiative. Commentant à propos du résultat de cette étude indépendante, les Témoins de Jéhovah dans le livre «Divine Purpose» cite une source précédente de la Watchtower qui dit :
« Il n’était pas le fondateur d’une nouvelle religion et n’a jamais proclamé une telle chose. Il a rétabli les grandes vérités enseignées par Jésus et les apôtres, et a éclairé de cette lumière le vingtième siècle à partir de ces enseignements. Il n’a pas prétendu avoir eu une révélation de Dieu, mais il a soutenu qu’était arrivé le temps, pour Dieu, que la Bible soit comprise ; et cela, en étant pleinement consacré à Dieu et à son service, il lui a été permis de la comprendre. » [5]
Alors, ainsi furent les origines de la «Watch Tower Bible and Tract Society», telles qu’expliquées dans les mots de deux personnes étroitement associées avec les débuts de son histoire. Les déclarations de ces dernières répudient complètement cette doctrine soigneusement conçue au sujet de cette soi-disant classe de «l’esclave fidèle et avisé». En 1870, lorsque le jeune Charles Taze Russell commence son étude indépendante de la Bible, «l’esclave fidèle et avisé» aurait donc été âgé de plus de 1800 ans!
Les questions suivantes doivent donc être posées :
Où était cette congrégation de «l’esclave fidèle et avisé»?
Comment Russell pouvait-il ranimer les grands enseignements de Christ et des apôtres indépendamment du «canal» de communication, de l’organisation terrestre de Jéhovah?
De plus, si, comme insiste la Société Watchtower, la congrégation de l’esclave fidèle s’était nourrie progressivement au cours des siècles, une génération nourrissant la suivante et ainsi de suite, pourquoi alors les grands enseignements de Jésus et des apôtres devaient-ils être ranimés?
Ils n’auraient pas eu à l’être si la classe de «l’esclave fidèle et avisé» aurait eu une réalité tangible. Clairement, les faits concernant les origines modernes des Témoins de Jéhovah contredisent catégoriquement l’enseignement de la Société Watchtower quant à cette soi-disant classe «l’esclave fidèle et avisé». Il est clair que dans le but de justifier leur système autoritaire, hiérarchique, ils doivent soutenir que Jéhovah utilise une organisation – un «canal» terrestre – à l’égard duquel tous doivent se soumettre et que tous doivent accepter. Mais pour pouvoir insister sur ce point de nos jours, ils doivent aussi soutenir que cela a été le cas depuis les débuts de l’église chrétienne en l’an 33 de notre ère. Le fait demeure, cependant, que Russell ne s’est pas tourné vers une organisation terrestre. Il a agi individuellement, de son propre chef.
Aujourd’hui, plus de cent ans après le commencement des activités de Russell, les Témoins de Jéhovah sont considérablement braqués sur une base philosophique organisationnelle.
Leur organisation passe toujours en premier. Dans le numéro du premier mars 1979 du périodique «The Watchtower», dans l’article «Faith in Jehovah’s Victorious Organisation» (La foi dans l’organisation victorieuse de Jéhovah), l’expression «organisation théocratique» paraît quinze fois dans les onze premiers paragraphes. Cette sorte de fascinante répétition est constamment utilisée par la Société Watchtower pour conditionner les Témoins de Jéhovah à croire qu’il est mauvais pour eux de se poser des questions à l’égard de quoi que ce soit que la Société publie comme étant la «vérité». Contrastant avec cette attitude, Russell et ses associés étaient effectivement contre l’établissement d’une organisation terrestre. Dans le numéro de février 1884 de la «Zion’s Watch Tower» (p.2) il était dit de la part de Russell et de ses associés :
« Nous n’appartenons à aucune organisation terrestre; d’où, si vous nommez la liste des sectes au complet, nous répondrions, non, à chacune et à toutes d’entre elles. Nous adhérons seulement à cette organisation céleste – «ceux dont les noms ont été inscrits dans le ciel». (Hébreux 12 : 23; Luc 10 : 20) Tous les saints maintenant vivants, ou ceux ayant vécu durant cette époque, appartiennent à l’organisation de notre église : En soi, ils ne sont qu’une seule église et il n’y en a pas d’autres reconnues par le Seigneur. De là, si une organisation terrestre quelle qu’elle soit, interférant un tant soit peu avec cette union des saints, est contraire aux enseignements de l’Écriture et s’oppose à la volonté du Seigneur, à savoir : « Qu’ils doivent être un. »»
Étonnamment, cette citation était réimprimée dans le numéro du premier mars 1979 du périodique «The Watchtower» (p. 16).
Russell croyait en une église invisible. Il ne croyait pas en une organisation ou église continue. En fait, il était hostile à la religion organisée, et l’antagonisme qu’il ressentait à l’égard des églises est compréhensible. Après tout, il était un non-conformiste religieux. Son petit groupe de disciples n’avait aucun historique organisationnel. Ils cherchaient à minimiser cette carence en argumentant que Dieu n’avait pas une organisation terrestre continue, une congrégation chrétienne monolithique. De cette façon, les disciples de Russell, ou Étudiants de la Bible comme ils en sont venus à être appelés, pouvaient dénigrer ces religions qui avaient une longue histoire terrestre et pouvaient ainsi expliquer leur propre carence à cet égard. Il est amplement clair que Russell ne croyait pas que Dieu avait une organisation de «l’esclave fidèle et avisé» vieille de 1800 ans – une organisation qui aurait été le canal de communication sur terre à son époque. Il ne l’a pas trouvée, pas plus qu’elle ne l’a trouvé. Lui et ses amis n’étaient pas associés avec une quelconque organisation existant alors et, en fait, ils dédaignaient toutes formes d’associations religieuses organisées. Ils rejetaient résolument l’idée qu’il y avait une organisation terrestre, visible, existant depuis la Pentecôte jusqu’à ce jour, à laquelle quelqu’un pouvait se joindre dans le but de servir Dieu.
Mais aujourd’hui, cent ans plus tard, les Témoins de Jéhovah, descendants de ces premiers Étudiants de la Bible, défendent une position qui est en complète opposition de celle défendue par leurs ancêtres spirituels immédiats. Ils affirment qu’il est nécessaire de chercher une organisation terrestre, visible, qui opère par l’entremise de la «Watch Tower Bible and Tract Society». Après quelques années, les disciples de Russell, qui étaient demeurés associés avec la Société, changèrent leurs positions. Ils contestaient tout aussi ardemment contre toutes organisations religieuses, terrestres, que maintenant ils l’appuient énergiquement. Tout comme la perception de leurs prédécesseurs à cet effet était de loin fort différente il y a cent ans de la leur actuellement, leur point de vue sur Russell est aussi grandement différent de ce qu’il était pour les Étudiants de la Bible de son vivant. À l’exception de quelques brèves et occasionnelles références à Russell dans les publications de la Watchtower, Russell est largement inconnu pour les Témoins de Jéhovah d’aujourd’hui. Il n’est pas recommandé de lire ses écrits, pas plus que ses livres publiés par la même entité éditrice qu’il a fondée et soutenue des dons de son propre argent.
Charles T. Russell en tant que «ce domestique».
Les Témoins de Jéhovah soutiennent toujours que Russell était un homme que Dieu a utilisé pour ranimer les grands enseignements de Jésus et des apôtres. Pourquoi, alors, n’étudient-ils pas ses ouvrages de nos jours dans leurs congrégations, sinon, ne serait-ce que d’un point de vue historique? Parce que l’ensemble de ce qu’il a écrit serait aujourd’hui considéré comme de l’hérésie! Russell était un homme remarquable et un écrivain prolifique. C’est lui qui a dressé la charte de la «Watch Tower Bible and Tract Society». Il a été l’éditeur du périodique «The Watch Tower» à partir de ses débuts. De 1879 jusqu’à son décès en 1916, il a écrit des centaines d’articles, pamphlets et tracts, tout autant qu’il a produit les six volumes de la série «Studies in the Scriptures» qui était originalement connue sous le nom de «Millenial Dawn Series». Mais plus que tout cela, ses enseignements en sont venus à faire autorité chez ses disciples. En effet, ils devinrent «la vérité» et commencèrent à être vus comme étant le «canal» de cette vérité.
Correspondant avec ce qui précède, il est intéressant de noter comment Russell et les Étudiants de la Bible percevaient les écrits de la série «Studies in the Scriptures». Le numéro du 15 septembre 1910 du périodique «The Watch Tower» (p. 298) avait ce qui suit à dire à ce sujet :
« Si les six volumes de cette série d’études scripturaires sont pratiquement la Bible organisée par sujets, avec les citations des textes bibliques donnés en appui, nous ne devrions pas, improprement, appeler ces volumes – la Bible dans une forme organisée. C’est-à-dire, ils ne sont pas simplement des commentaires de la Bible, mais ils sont pratiquement la Bible elle-même, puisqu’il n’y a pas de désir de construire aucune doctrine ou pensée sur quelque préférence de sagesse individuelle, mais de présenter l’ensemble complet selon une optique basée sur la Parole de Dieu. Nous pensons donc qu’il est sans danger de s’adonner à ce genre de lecture, cette sorte d’instruction, cette sorte d’étude biblique.
De plus, non seulement découvrons-nous que les gens ne peuvent voir le divin plan en étudiant la Bible par eux-mêmes, mais nous voyons, aussi, que si quelqu’un met les études des écritures de côté, même après s’en être servies, après en être devenues familier, après l’avoir lue pendant dix ans – si à ce moment-là il met de côté [les livres de cette série] et les ignore et s’en tient à la Bible seule, bien qu’il ait compris sa Bible pendant dix ans, notre expérience démontre qu’en deçà de deux ans il se retrouvera dans les ténèbres. D’un autre côté, s’il a simplement lu les études des écritures avec leurs références, et qu’il n’ait pas lu une seule page de la Bible, même là, il serait dans la lumière au terme de ces deux années, parce qu’il aurait alors la lumière des Écritures. »
Ce que cela signifie, comme de raison, est que Russell avait dramatiquement changé son point de vue au cours des ans. Parce qu’originalement il n’était pas inspiré, il ne pouvait pas comprendre la Bible. Mais maintenant, après la publication des six volumes, personne d’autre ne pouvait se fier à la Bible seule et apprendre «la vérité». Maintenant, «la vérité» pouvait seulement être trouvée dans ces volumes qui expliquaient la Bible. En fait, ils étaient «la vérité». Si quelqu’un échouait à être d’accord avec cela, alors il était considéré comme étant dans les ténèbres spirituelles. Aujourd’hui, toutefois, la plus grande partie de ce qui était enseigné dans ces volumes est rejetée par les Témoins de Jéhovah. Mais à l’époque de Russell ces enseignements étaient «la vérité» et on devait les croire afin d’être «dans la vérité».
Alors l’attitude manifestée par la «Watch Tower Bible and Tract Society» de nos jours n’est pas nouvelle. Elle a été une caractéristique depuis les premiers jours de son premier président. Russell et les Étudiants de la Bible étaient sans aucun doute, sincères, des hommes et des femmes craignant Dieu qui croyaient vraiment qu’ils étaient éclairés et utilisés de façon spéciale par Dieu. Mais les faits que nous verrons plus loin, montrent que cette conviction était fondamentalement basée sur une auto-illusion, et cette auto-illusion les motivait à parler de manière autoritaire pour condamner tous ceux qui n’étaient pas d’accord avec eux. En supposant qu’ils étaient spéciaux, ils devinrent présomptueux dans leurs présentations de sujets scripturaires.
En grande partie, non pas complètement, cette présomption religieuse de la part des Étudiants de la Bible résultait de l’attitude de ces derniers à l’égard de Russell et de ses écrits. Il est reconnu aujourd’hui par la Société Watchtower que plusieurs Étudiants de la Bible ou Russellites, comme on les appelait souvent, étaient coupables de s’être laissés entraîner à ce qui équivaut à un certain «culte de la personne» à l’endroit de leur pasteur. Ce culte de la personne était une conséquence de ce qui leur avait été enseigné à propos de lui. Il en était venu à être identifié à l’esclave fidèle ou «domestique» de Matthieu 24 : 45-47. A. H. Macmillan dit :
« Souvent, lorsqu’on lui demandait : « Qui est le domestique fidèle et avisé? » Russell répondait : « Certains disent que c’est moi; tandis que d’autres disent que c’est la Société. » Ces deux déclarations sont vraies; Russell était en fait la Société (dans un sens absolu), en ce qu’il inspirait la politique et les lignes de conduite de la Société. Quelquefois, il demandait l’avis des autres à propos de la Société, écoutait leurs suggestions, et alors décidait au meilleur de son jugement ce qu’il croyait que le Seigneur voulait qu’il fasse. »[6]
Conséquemment, Russell en était venu à être révéré presque à un point cultuel, tel que cela est reconnu par les Témoins de Jéhovah dans le livre «Divine Purpose». Ce livre indique ce que fut l’attitude des Étudiants de la Bible à son égard immédiatement après son décès. Le livre dit :
« L’insistance sur le fait que Russell avait été «ce domestique», en a amené plusieurs à considérer Russell en ce qui équivaut à un culte de la personne. Ils croyaient que toute la vérité que Dieu avait consentie de révéler à son peuple avait été révélée à Russell, et maintenant rien de plus ne pouvait être révélé parce que «ce domestique» était décédé. » [7]
À ce moment-ci, il est important de se rappeler que cette attitude n’était pas quelque chose qui était arrivé privément à quelques individus; elle avait été enseignée par la Société Watchtower. Notez cette citation du livre «Divine Purpose» des Témoins de Jéhovah :
« Il y eut quelque résistance de la part de ceux qui n’étaient pas progressistes et qui n’avaient pas une vision de l’œuvre qui restait à accomplir. Quelques-uns voulaient vivre dans le passé, au temps du pasteur Russell, quand les frères en général l’avaient perçu comme étant le seul canal de l’éclaircissement scripturaire. C’était la conviction acceptée et publiée jusqu’en 1927, à savoir qu’il était «ce domestique» de Matthieu 24 : 45. » [8]
Ainsi presque tous les Étudiants de la Bible croyaient qu’il était «ce domestique» jusqu’à 1927 – onze ans après son décès. [9] Mais en plus d’être considéré comme l’esclave fidèle et avisé de Matthieu 24 : 45-47, il était aussi identifié avec «l’homme à l’écritoire» du neuvième chapitre du livre d’Ézéchiel et avec le «septième messager» de Révélation 1 : 20. Dans ce dernier verset, Jésus Christ glorifié est dépeint comme ayant sept étoiles dans sa main droite qui représentent sept «anges» ou «messagers». [10] L’article principal du périodique «The Watch Tower» du 15 novembre 1917, publié un an après le décès de Russell, était intitulé «A Tribute to the Seventh Messenger» (Un hommage au septième messager). Cet article soutenait que l’ère de l’évangile dans son ensemble, était divisée en sept périodes ou époques, dont pour chacune de ces dernières Dieu avait pourvu un messager spécial à l’église terrestre de Jésus Christ. À la page 324, ils disaient :
« La grande scène de l’ère de l’évangile s’est ouverte avec l’apôtre Paul en tant que chef messager ou ange de l’église. Cet âge s’est terminé avec le pasteur Russell comme étant le septième et dernier messager de l’église militante. Pour les cinq autres époques de l’église le Seigneur a pourvu les messagers suivants dans cet ordre : Saint Jean, Arius, Waldo, Wycliffe et Luther. Chacun leur tour, ils portèrent le message devant être compris durant l’époque qu’ils représentaient. Les deux messagers les plus importants, toutefois, sont le premier et le dernier – Saint Paul et le pasteur Russell. »
Alors, selon le périodique «The Watch Tower», le pasteur Russell surpassait Jean, rédacteur de la Révélation, un de ceux qui fut reconnu comme étant un des douze apôtres originaux du Christ.
Clairement, cette façon de voir Russell et ses écrits étaient cultuels. De plus, l’adulation dont on faisait preuve à son égard, en était difficilement une que l’on réserve habituellement à un «domestique» ou un «esclave». Même là, cette façon de le considérer a été enseignée par la Société Watchtower et ses porte-paroles pendant plus de trente ans. Bien qu’il soit répudié par les Témoins de Jéhovah aujourd’hui, cet état de fait a été considéré comme étant «la vérité», et, si un Étudiant de la Bible quel qu’il soit remettait cet enseignement en question, il était considéré comme se trouvant dans les «ténèbres spirituelles». Il était étiqueté comme n’ayant pas la «bonne attitude» à l’égard du «canal» de Dieu. Curieusement, même de nos jours la Société Watchtower amène ses disciples à croire que d’une manière ou d’une autre c’était Dieu qui était responsable de tout cela.
Le schisme au sein de la Watchtower et la captivité babylonienne : 1917-1919
Après la mort de Russell, l’organisation de la Watchtower s’est retrouvée en pleine confusion. «L’esclave fidèle et avisé» de Dieu était parti. Le «septième» et dernier «messager» de l’église était décédé. Nous devrions aussi nous rappeler, que deux ans auparavant, en 1914, la fin du monde n’avait pas eu lieu comme Russell l’avait depuis longtemps prédite, et les Étudiants de la Bible étaient encore d’une certaine manière déconfits à cause de cet échec prophétique. Certains, désappointés, avaient même quitté le mouvement. Mais comme si cela n’était pas suffisant, une amère lutte de pouvoir s’est produite aux quartiers généraux de la Watchtower pour la prise de contrôle de la Société.
Au cours du printemps et de l’été 1917, le «juge» Joseph Franklin Rutherford, le successeur de Russell en tant que président, essaya d’exercer virtuellement le même absolu contrôle sur les activités de la Société comme Russell l’avait fait. Cependant, Russell n’avait pas voulu que cela survienne. Dans son testament et ses dernières volontés, il avait prévu une direction collective pour lui succéder. Ainsi, quatre membres du conseil d’administration de la Société, c’est-à-dire une majorité, se froissèrent à l’égard du comportement despotique de Rutherford et s’opposèrent à lui vigoureusement. Éventuellement, la tension entre le «juge» et les membres du conseil en vint à son paroxysme le 17 juillet 1917. Rutherford annonça simplement à la famille du Béthel (les membres du personnel des quartiers généraux de Brooklyn, New York) réunie à la cafétéria, qu’il avait remplacé les quatre membres du conseil par des individus de son choix, utilisant l’argument, fictif, que ces hommes qui s’étaient opposés à lui, n’exerçaient pas leurs fonctions de manière légale en regard de la loi de l’état de Pennsylvanie. [11]
Plus tard, Rutherford et la Société déclaraient, qu’un chaud débat ayant duré cinq heures, et qui suivit cette annonce, avait été causé par l’opposition des membres déchus du conseil à la publication du livre ‘«he Finished Mystery», un livre présenté à la famille du Béthel immédiatement avant le dramatique coup d’éclat du «juge». Ce livre était qualifié comme étant le «septième volume» de la série «Studies in the Scriptures» du pasteur Russell et présenté comme son œuvre posthume. Alors il fut possible pour Rutherford de prétendre faussement, tel que l’a montré clairement son témoignage ultérieur sous serment [12] – que les quatre membres déchus et d’autres avec eux, refusaient la nourriture spirituelle provenant de «l’esclave fidèle et avisé». De là, les Témoins de Jéhovah se font dire, même de nos jours, que les quatre hommes qui ont été forcés de démissionner et plus tard de quitter les quartiers généraux de la Watchtower étaient mauvais, des individus égoïstes, des «esclaves malveillants». [13]
Il est évidemment exact que les quatre membres du conseil et plusieurs autres Étudiants de la Bible ont, assez tôt, rejeté le livre «The Finished Mystery», parce qu’ils ne le considéraient pas comme l’œuvre de Russell. Et en agissant ainsi, ils réagissaient seulement de manière conséquente avec leurs convictions. Bien que le «septième volume» contienne beaucoup d’écrits de Russell, celui-ci était en fait le travail de deux des supporteurs de Rutherford, Clayton Woodworth et George Fisher. De plus, ce livre a été refilé aux loyaux Étudiants de la Bible, comme étant le «denier» dans la parabole de Jésus en Matthieu 20 : 1-16 et Luc 12 : 42-48, tandis que Woodworth décrivait Rutherford comme étant «l’intendant du denier» à un congrès des Étudiants de la Bible à Boston à l’automne de 1917. [14]
Alors, avec leur considération que le dernier «messager» de l’église était décédé, plusieurs des Étudiants de la Bible, critiques à l’égard de Rutherford, ne pouvaient pas accepter l’ouvrage «The Finished Mystery» comme étant une «nouvelle compréhension», pas plus qu’ils ne pouvaient accepter l’irrespect de Rutherford à l’égard de la volonté de Russell, et de son initiative personnelle pour la publication du «septième volume», autrement que comme une usurpation de pouvoir injustifiée.
Du point de vue des Étudiants de la Bible en 1917, «l’esclave fidèle et avisé» de Matthieu chapitre 24 était mort. Le «septième messager» – le dernier messager de l’église était parti. Alors, comment pourraient-ils être critiqués d'avoir réagi comme ils l’ont fait aux gestes de Rutherford qui publia « The Finished Mystery » – un geste qui leur paraissait être extrêmement présomptueux? Comment un homme quel qu’il soit, pouvait-il ajouter au message livré par le «septième messager»? Leur irritation était causée par leur loyauté envers «l’esclave fidèle et avisé» de Dieu, Charles Taze Russell – une loyauté ressemblant à celle des Témoins de Jéhovah d’aujourd’hui à l’égard d’une corporation légale, la «Watch Tower Bible and Tract Society». Ces hommes réagissaient à la situation seulement de manière conséquente avec leurs convictions. Avoir agi différemment sous ces circonstances aurait été inconséquent et, de leur point de vue, hérétique. Soit l‘on se référait à Russell en fonction de ce que l’on connaissait de lui ou non. Soit détenait-il la vérité ou il était un fraudeur. Ils croyaient qu’il n’était pas un fraudeur – qu’il était réellement le serviteur choisi par Dieu. Donc, ils choisirent de quitter les quartiers généraux du Béthel de Brooklyn de la Société Watchtower plutôt que d’accepter l’offre de Rutherford voulant qu’ils deviennent des «pèlerins» itinérants, positions qui correspondaient en gros aux actuels surveillants de districts des Témoins de Jéhovah. [15]
L’ensemble de ce conflit organisationnel interne s’est produit au sortir de la première guerre mondiale. Cette époque en a été une très difficile pour les Étudiants de la Bible. Non seulement Russell était-il mort, mais ses prophéties portant sur la fin du monde en 1914 ne s’étaient pas produites. Autant la Société Watchtower que la communauté des Étudiants de la Bible étaient divisés au sujet de l’administration de la Société. En plus, les Étudiants de la Bible étaient ridiculisés comme faux prophètes, et quelques-uns de leurs leaders – incluant Rutherford – devaient être emprisonnés sous l’inculpation de s’être opposés à l’effort militaire américain durant la guerre (selon les paramètres de la loi sur l’espionnage des États-Unis, «U. S. Espionnage Act»). [16] Cependant, ce fut à ce moment-là, que quelque chose de remarquable était censé se produire pour ces Étudiants de la Bible fidèles à la Société.
Selon les enseignements actuels de la Watchtower, Jésus Christ était supposé être «revenu» invisiblement en 1914, et après sa venue, être entré en jugement avec ses serviteurs terrestres. La Société interprète les paroles de Jésus qui se trouvent en Matthieu 24 : 46, 47 : « Heureux cet esclave si son maître, en arrivant, le trouve en train de faire ainsi ! Vraiment, je vous le dis : Il l’établira sur tous ses biens. » -- comme ayant été accomplies à ce moment-là en regard de la loyale communauté des Étudiants de la Bible. Selon les calculs de la Watchtower, cette nomination est devenue effective au printemps de 1919. À ce moment-là les Étudiants de la Bible se sont vus confier tous les intérêts terrestres du nouveau royaume céleste de Dieu nouvellement établi. Ces enseignements sont amplement discutés dans le numéro du premier janvier 1977 du périodique «The Watchtower», dans un article intitulé «Serving with the Faithful Slave» (Servir avec l’esclave fidèle).
Il sera donc intéressant de voir comment les Témoins décrivent leur condition spirituelle durant cette période de 1914-1918, la période quand, selon eux, ils ont été considérés pour enfin se voir accordés de plus grands privilèges de service sur terre par le Seigneur glorifié Jésus-Christ. Voici ce qu’ils avaient à dire d’eux-mêmes selon «The Watchtower» du 15 novembre 1980 (pages 26, 27) :
« Comme les Israélites du temps d’Isaïe, les Israélites spirituels ont été infidèles à leurs principes à cause de mauvaises pratiques et en sont venus à se retrouver esclaves de l’empire mondial de la fausse religion, c’est-à-dire, Babylone la Grande et ses amants terrestres. (…) Un exemple remarquable de cela s’est produit durant la guerre mondiale de 1914-1918. « Une autre citation portant sur le même sujet, a paru dans le numéro du 15 juillet 1960 du périodique «The Watchtower», (pages 435, 436) qui se lit ainsi : « Mais les Écritures les décrivent comme portant des vêtements souillés à cause de leur longue association avec l’apostasie chrétienne». (Zacharie 3 : 3, 4) Ils avaient plusieurs pratiques, caractéristiques et croyances semblables aux sectes, du genre de l’ivraie, de la chrétienté. Ainsi, de 1914 à 1918, ils se sont retrouvés dans une rigoureuse période de tests, pas différente de l’ancienne période de captivité babylonienne des Juifs de 607 à 537 avant notre ère. »
À la page 436, ce numéro du périodique «The Watchtower» ajoute :
« Tout ceci en vint à se produire en rapport avec des transgressions qu’ils commirent en ayant en eux la crainte de l’homme, ne se conduisant pas eux-mêmes de façon strictement neutre durant ces années de guerre et du fait qu’ils furent souillés par de nombreuses mauvaises pratiques religieuses. Jéhovah et Jésus-Christ permirent que ces Témoins subissent des reproches, qu’ils soient persécutés, bannis et que leurs dirigeants soient emprisonnés par les nations de ce vieux monde. Durant l’été de 1918, la voix forte, organisée, du témoin qu’était la Watchtower avait été réduite au silence, tuée collectivement telle que prophétisée en Révélation 11 : 7, 8. Notez, toutefois, que la voix de ce veilleur n’avait pas été rendue muette jusqu’à ce qu’elle ait complété son œuvre phénoménale d’avant 1914 qui consistait à avertir les gens des nations. »
Notez comment la Watchtower décrit les membres de la communauté des Étudiants de la Bible de cette époque dans ces sources. Ils portaient des vêtements souillés, avaient des caractéristiques des gens du monde, avaient la crainte de l’homme, se trahirent eux-mêmes à cause de mauvaises pratiques. Ils comparent même leur expérience aux Juifs en captivité à Babylone. Alors, puisque les Israélites étaient apostats lorsqu’ils furent déportés à Babylone, les Témoins de Jéhovah disent que les membres de leur organisation qui étaient adultes pendant la première guerre mondiale, étaient eux aussi apostats.
Les prophéties de la Watchtower et leurs fiascos prophétiques
Sur un autre sujet maintenant, les Témoins de Jéhovah se targuent de nos jours que, pendant presque quarante ans, avant 1914, ils se sont livrés à une remarquable œuvre de prédication consistant à avertir l’humanité de ce qui était pour se produire en cette année-là. Mais si nous nous penchons sur l’histoire, nous constaterons qu’en fait ils prêchaient un faux message. Parce qu’ils proclamaient que Christ était revenu, invisiblement, en 1874, et que cette période sise entre 1874 et 1914 était une période de moisson qui se terminerait en cette dernière année, 1914, avec la destruction totale de toutes les nations de l’humanité. Concernant ce fait, Charles Taze Russell écrivait :
« Nous considérons comme un fait établi que la fin des royaumes de ce monde et le plein établissement du royaume de Dieu sera accompli à la fin de 1914 de notre ère. » [17]
À partir de quoi, en 1930, le deuxième président de la Watchtower, admettait que :
« Tous au sein du peuple de Dieu attendaient l’année 1914 dans une joyeuse expectative. Lorsque que fut passé ce moment il y eut beaucoup de désappointement, du chagrin, de la tristesse et le peuple de Dieu se trouvait grandement dans la honte. Ils furent ridiculisés par le clergé et leurs alliés en particulier et furent pointés avec mépris parce qu’ils en avaient dit tant à propos de 1914 et de ce qui était sensé se produire et leurs prophéties ne s’étaient pas accomplies. » [18]
Comment peut-on prétendre que durant la première guerre mondiale, les Étudiants de la Bible ont agi comme «l’esclave fidèle et avisé» ? Par leurs propres déclarations, ils se décrivent eux-mêmes comme ayant été «infidèles» et «désapprouvés» par Dieu. En fait, cela fut tellement le cas que, de leur propre point de vue, ils durent être abandonnés spirituellement, tout comme les anciens Israélites avaient été abandonnés à Babylone. Alors, de cette façon, avaient-ils été «fidèles» en prêchant le faux message en ce qui concerne 1914 ? Encore là, à partir de ce fait, il n’y a pas de possibilité rationnelle de les considérer comme la soi-disant classe de «l’esclave fidèle et avisé».
Comme de raison, il doit être reconnu que les Étudiants de la Bible à l’époque de Russell avaient reconnu certains enseignements bibliques importants. Mais la plus grande partie de ce qu’ils enseignaient était bizarre. Ils furent coupables d’avancer plusieurs fausses dates de fin du monde, ils ont prophétisé faussement et naïvement que la fin du monde devait se produire en 1914, et ils maintinrent une attitude cultuelle à l’égard de Charles Taze Russell et de ses écrits. De plus, ils étaient hostiles et jugeaient les autres qui refusaient d’accepter leur plan apocalyptique et leur arrogance spirituelle. Ainsi, à cause de leurs caractéristiques peu attrayantes, ils ruinèrent le gros de leur efficacité spirituelle qu’ils auraient pu avoir autrement. Et leurs descendants spirituels, les Témoins de Jéhovah, ont suivi leurs traces. Alors que, eux aussi, ont quelques sains enseignements bibliques, leurs interprétations privées, originales des Écritures et leurs fausses prophéties, prouvent-elles aussi qu’ils ne sont pas ce qu’ils prétendent être.
Revenant à la période de 1914 à 1918 et à la prétention des Étudiants de la Bible d’avoir été approuvés en 1919 pour recevoir des «privilèges élargis du royaume», le périodique «The Watchtower», du 15 juillet 1960 (p. 436) disait :
« Un reste fidèle de quelques milliers de «domestiques» de «l’esclave fidèle et avisé» survécurent à ce moment de mise à l’épreuve. À partir du printemps de 1919, ils commencèrent à se relever de la torpeur de l’inactivité, pour s’engager dans leur nouveau service élevé en tant que veilleurs du monde. (…) Les Écritures les décrivent aussi comme étant vêtus de nouveaux vêtements d’identification claire pour pouvoir représenter les intérêts de Jéhovah sur terre. »
Cela est vraiment incroyable ! Ils admettent avoir prophétisé faussement pendant presque quarante ans, en ayant utilisé pour se faire, des caractéristiques de calculs temporels qui étaient complètement erronées. Ils admettent qu’ils furent souillés et d’être devenus ainsi des apostats que Dieu eut à abandonner à ce qu’ils appellent «Babylone la Grande». Ensuite, ils demandent aux autres de croire qu’ils furent glorifiés avec un privilège de service nouveau, élevé, leur permettant de gérer à une plus grande échelle les intérêts de leur «Maître», Jésus-Christ.
Une telle doctrine est tout simplement irraisonnable. C’est comme s’il y avait un homme d’affaire qui, par l’entremise de sa propre naïveté, se serait lui-même mis dans un marasme financier et aurait perdu un montant d’argent substantiel et, ensuite, aurait fait faillite, se verrait dire par une autre personne : «Bien joué ! Vous avez déjà perdu une bonne partie de votre patrimoine, alors maintenant je vais vous confier toute ma fortune». Bien qu’essentiellement, ce soit ce qu’enseigne la Société Watchtower, que Dieu fît ainsi à l’égard de ceux dirigeant cette œuvre; et la plupart des Témoins de Jéhovah y croient. Comme de raison, ils sont conditionnés à croire virtuellement tout ce que dit la Société.
Aussi incroyable que peut sembler être cette dernière explication, elle est au moins égalée par une autre. À la fin de la première guerre mondiale, les Étudiants de la Bible ne pouvaient pas faire remonter leur histoire au delà de 1870, l’année où Charles Taze Russell commença sa petite classe d’étude biblique. Alors en 1919, la durée complète de leur mouvement couvrait une période de moins de cinquante ans. Malgré cela, voici comment ils se décrivaient eux-mêmes dans le périodique «The Watchtower» du 15 juillet 1960 (p. 436) :
« Maintenant que le royaume longtemps attendu, était devenu une réalité tangible dans les cieux, assurément que ses intérêts croissants sur terre après 1919 ne seraient pas laissés entre les mains d’une organisation immature composée de bébés spirituels. Et cela s’est avéré être vrai. C’était «l’esclave fidèle et avisé», vieux de 1900 ans, la vieille congrégation chrétienne, qui se voyait confier ce précieux service du royaume. Étant riche de sa loyauté et de son intégrité, patient dans son expérience de souffrir la persécution, fort en pérennité de sa foi dans les précieuses promesses de Jéhovah, confiant à l’égard du leadership exercé par son Seigneur invisible, Jésus-Christ, obéissant au commandement vieux de plusieurs siècles d’être témoins sur la terre, finalement purifiés par un ardent test en 1918, «l’esclave» mature tel que représenté par un reste, se tenait maintenant prêt pour de nouvelles assignations de service. »
À la page 438, de ce même numéro, la Watchtower ajoute :
« Oui, hors de tout doute, le vieil «esclave fidèle et avisé» réveillé, se dresse comme un merveilleux veilleur pour les peuples de toutes les nations. Tout comme leur maître, Jésus-Christ, se dressa pour l’élévation et la chute de plusieurs en Israël au premier siècle de cette ère chrétienne, alors maintenant, devant le monde entier, les témoins oints se dressent comme guides pour la survie d’une minorité de l’humanité, mais s’avère être une occasion de trébucher dans la destruction d’Har-Maguédon pour les autres. »
Le fait d’argumenter que cette organisation religieuse novice, étant âgée de moins de cinquante ans, de l’aveu général prêchant un faux évangile, et de ce fait devenant souillée, était le vieil «esclave fidèle et avisé, riche de par sa loyauté et de sa fidélité, obéissant à un commandement plusieurs fois centenaires, est tout simplement ridicule. Malgré cela c’est ce que la Société Watchtower exige de ses disciples de croire dans le but de maintenir le mythe que ses leaders représentent «l’esclave fidèle et avisé».
L’expérience désastreuse de 1914 a-t-elle enseignée quelque chose à la Société Watchtower, suscitant chez ses dirigeants spirituels de s’abstenir d’interprétations personnelles des Écritures, à l’égard de caractéristiques temporelles et de la production de prédictions dogmatiques ? Non, pas du tout ! Immédiatement après le désappointement de 1914, ils se sont eux-mêmes encore retrouvés dans la même sorte de situation. En 1920, un an après le commencement de leur soi-disant nouvelle assignation de service élevé, la Société Watchtower a publié un livre intitulé «Millions Now Living Will Never Die». Des publicités paraissant dans les journaux étaient utilisées pour annoncer les séries de discours qui accompagnaient ce livre. [19] La campagne dura jusqu’en 1925. Ce livre, en compagnie des sept volumes de la série «Studies in the Scriptures» ainsi que d’autres littératures de la Watchtower, constituaient «la vérité» qui était prêchée. Comme de raison, cette «vérité» incluait la «chronologie biblique» de Russell qui était toujours acceptée par les Étudiants de la Bible à ce moment-là. Quel était alors le message contenu par l’ouvrage «Millions Now Living Will Never Die» ? Ce message traite du travail de reconstruction devant être accompli par le royaume de Dieu. La restauration de l’Israël naturel à la faveur de Dieu y est enseignée, tout comme Russell l’enseignait lui-même. [20] De plus, un système élaboré de calculs de périodes historiques y est employé pour prouver que la faveur de Dieu avait commencé à se manifester de nouveau à l’endroit des Juifs en 1878. Des calculs additionnels concernant le système d’années jubilaires des Israélites sont utilisés pour établir que 1925 serait une année apocalyptique. Épiloguant sur ce concept, l’auteur de ce livre, le «juge» Rutherford, affirmait :
« Un simple calcul de ces jubilés nous amène à un fait important : Soixante-dix jubilés de cinquante années chacun totaliseraient 3 500 ans. Cette période de temps commençant en 1 575 avant notre ère, avant l’an 1 nécessairement, se terminerait donc à l’automne de l’année 1925, auquel moment ce type se terminerait et que le grand anti-type devrait commencer. Alors, à quoi devrions-nous nous attendre, de ce qui devrait survenir? Dans ce type, il doit y avoir une pleine restauration; puisque le grand anti-type doit marquer le commencement de la restauration de toutes choses. La chose principale à être restaurée est la vie pour la race humaine; et puisque d’autres Écritures fixent définitivement le fait qu’il y aura la résurrection d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ainsi que d’autres fidèles des temps anciens, et que ceux-ci seront les premiers à être favorisés, nous devons donc nous attendre d’être témoins en 1925, du retour de la condition de la mort de ces hommes fidèles d’Israël, étant ressuscités et rendus à la perfection humaine, faisant de ceux-ci des représentants visibles, légaux de ce nouvel ordre de choses sur terre. »[21]
Alors, Rutherford ajoute aussi ce qui suit :
« Comme nous l’avons jusqu’ici déclaré, le cycle des grands jubilés est dû pour commencer en 1925. À ce moment-là la phase de temps terrestre du royaume sera reconnue. L’apôtre Paul, dans le onzième chapitre de la lettre aux Hébreux, donne une longue liste d’hommes fidèles qui moururent avant la crucifixion de notre Seigneur et avant le début de la sélection de l’église. Ceux-ci ne peuvent pas du tout faire partie de la classe céleste; ils n’ont pas d’espérance céleste; mais Dieu leur réserve quelque chose de bon pour eux. Ils doivent être ressuscités comme hommes parfaits et ils constituent les princes et dirigeants de la terre, selon sa promesse. (…) Par conséquent, nous devons nous attendre avec confiance que 1925 marquera le retour d’Abraham, d’Isaac, de Jacob et des fidèles prophètes de temps anciens, particulièrement ceux nommés par l’apôtre dans le onzième chapitre de la lettre aux Hébreux, à la condition de perfection humaine. » [22]
Finalement, le second président de la Watchtower remarquait dogmatiquement que :
« Basé sur les arguments ici-même avancés, que le vieil ordre de choses, le vieux monde, est rendu à sa fin et qu’ainsi il va passer, et que le nouvel ordre s’en venant, et que 1925 marquera la résurrection des valeureux fidèles des temps anciens et le commencement de la reconstruction, il est raisonnable de conclure que des millions de personnes maintenant sur terre seront toujours sur terre en 1925. Alors, basés sur la promesse mise de l’avant par la Parole divine, nous devons en venir au point d’une conclusion positive et indiscutable que des millions de personnes actuellement vivantes ne mourront jamais. » [23]
Ainsi, cela était le «grand message» que les Étudiants de la Bible commencèrent à proclamer suivant immédiatement leur «assignation» par Dieu à leurs «privilèges de service nouveaux et élevés» en 1919. Comme de raison, cela était supposé être sous la direction du Seigneur Jésus-Christ. Et ce dernier concept est ce qu’enseigne la Société Watchtower aujourd’hui ! Alors tous les loyaux Témoins de Jéhovah se voient enseigner qu’ils doivent accepter ce qui équivaut à d’énormes faussetés, parce qu’il a été enseigné par le biais de «l’esclave» de Dieu, par la voie de son «canal». S’ils n’acceptent pas cela, ils se voient étiquetés comme des gens ne montrant pas le «respect adéquat» vis-à-vis de la «seule organisation» que Jéhovah Dieu utilise sur terre de nos jours.
Comme de raison, l’histoire a fait mentir la prophétie du «juge» Rutherford concernant 1925, une prophétie qui fut considérée comme étant la «vérité» à ce moment-là et, selon ce qu’enseigne la Société Watchtower, était fournie et servie par «l’esclave fidèle et avisé» vieux de 1 900 ans. De plus, avant cet échec, tous les Étudiants de la Bible qui en doutaient, étaient catégorisés par la Société comme s’en étant allés dans les ténèbres spirituelles. Pour être dans «la vérité», un individu devait croire ce qui s’est avéré être faux.
Le livre «Jehovah’s Witnesses in the Divine Purpose» monte en épingle le succès la «campagne des Millions», comme il l’appelle. Ils décrivent le nombre des conférences données, les livres distribués, l’accroissement du nombre des Étudiants de la Bible, mais ils ne disent rien au sujet du contenu du livre «Millions Now Living Will Never Die». Cela aurait été embarrassant. Que s’est-il donc passé dans les rangs des Étudiants de la Bible lorsque vint 1925, quand la résurrection des fidèles des temps anciens ne se produisit pas, et que la phase terrestre de reconstruction par Christ ne commença pas ? Le livre «Jehovah’s Witnesses in the Divine Purpose» fait un commentaire sur la croissance du nombre des Étudiants de la Bible :
« De 1922 à 1925. Jéhovah Dieu aida son peuple à attendre et à endurer, amenant la prédication du royaume à une plus grande échelle. Il en est résulté que beaucoup plus de membres de ce reste consacré à Jéhovah ont été amenés dans le sanctuaire. Cela est évident à la lumière de la participation croissante à la célébration annuelle du repas du soir du Seigneur, 32 661 participants en 1922, 42 000 en 1923,
62 694 en 1924 et 90 434 en 1925. "
Évidemment, toutefois, il y en eut quelques-uns qui ne «restèrent» pas avec le reste fidèle du Seigneur. En 1926. il y eut une décroissance déclarée à l’assistance du repas du soir du Seigneur le 27 mars à 89 278. L’année 1925 s’est avérée être spécialement une année de grand jugement pour plusieurs au sein du peuple de Jéhovah. [24]
Aucune mention n'est faite dans le livre «Jehovah’s Witnesses in the Divine Purpose» à savoir pourquoi l’année 1925 a été un tel jugement pour certains Étudiants de la Bible. Alors, en déformant les faits, écrivant des demi-vérités et en colorant l’histoire pour convenir à leurs propres perceptions préconçues des choses, les leaders de la Société ont toujours fait en sorte de s’exonérer eux-mêmes du fardeau d’avoir fait de fausses prédictions en déclarant que ce qu’ils enseignaient, était «l’actuelle vérité», même si ce qu’ils proclamaient à ce moment-là, étaient de fausses prophéties. Malhonnêtement, ils ont eu l’audace de proclamer que ceux qui ont trébuché spirituellement à cause de telles gymnastiques doctrinaires, étaient «infidèles», «mauvais», «esclaves du mal», qui échouèrent à «attendre Jéhovah». Mais, c’est bien eux – les leaders de la Société – qui, par leurs propres normes, échouèrent à «attendre le Seigneur Jéhovah» et qui testèrent «son peuple» avec des mensonges.
Les révélations «non inspirées» de la Watchtower
En dépit de tout cela, dans le but de demeurer un Témoin de Jéhovah fidèle, un individu doit accepter la perception de la Société sur son histoire et de sa place dans le divin plan de choses. Pour faire ainsi, cependant, après avoir examiné les échecs prophétiques que nous avons plus haut et résultant en désappointements, requiert un esprit vraiment naïf. Ceux qui ont eu à vivre de tels désappointements avec leur confiance non ébranlée en la Société Watchtower doivent être décrits comme étant plus crédules que fidèles. La Société ne déclare pas être inspirée, mais elle parle avec le même degré d’autorité comme si elle l’était. Elle demande à être crûe sans conteste comme si ses leaders étaient inspirés – en ne permettant même pas au Témoin de Jéhovah ordinaire le droit de questionner, d’avoir des réserves ou des doutes à propos de quoi que ce soit qu’ils enseignent. Alors, ces leaders se lavent les mains de toutes responsabilités lorsque n’importe quelle doctrine doit être changée ou corrigée, ou quand quelque prophétie ne s’accomplit pas. Remarquez à quel point ils présentent avec force leur position dans cet article typique du périodique «The Watchtower» du 15 juin 1964 (p. 365) :
« Comme Jéhovah révélait ses vérités par le moyen de la congrégation chrétienne du premier siècle, ainsi fait-il de nos jours par le moyen de la congrégation chrétienne contemporaine. Par cet organisme, il fait mettre à exécution une campagne de prophétisme à un niveau intense et inégalé. Toute cette activité n’est pas un accident. Jéhovah est celui qui est derrière tout ça. L’abondance de nourriture spirituelle et les détails étonnants des desseins de Jéhovah qui ont été révélés aux Témoins oints sont des preuves claires qu’ils sont ceux qui sont mentionnés par Jésus quand il prédisait une classe de «l’esclave fidèle et avisé», qui serait utilisée pour donner les révélations progressives de Dieu en ces derniers jours. Jésus disait de cette classe : « Vraiment je vous le dis, Il l’établira sur tous ses biens. »
En effet, ainsi, la Société Watchtower prétend être divinement inspirée. Le mot «révéler», selon le dictionnaire, signifie « communiquer ou transmettre par un organisme ou des moyens surnaturels». En d’autres mots, quelque chose de «révélé» n’est pas quelque chose appris par un processus ou un canal ordinaire; c’est inspiré ou «soufflé par Dieu» comme dans le cas de la Bible elle-même. En plus, la définition du dictionnaire pour le terme, inspiration, est très semblable à celui utilisé pour le terme «révélation» et à la signification du verbe «révéler». C’est « une influence surnaturelle qualifiant un homme à recevoir ou à communiquer la vérité divine. »
Cela est l’essence même de ce que déclare la Société Watchtower. Ainsi, l’utilisation du mot «révélé» tel que mis en opposition avec déclarer être inspiré, est simplement une question de sémantique – une distinction qui ne fait pas de différence – qui est seulement utilisée pour expliquer des changements, des contradictions et des désappointements. Si quelqu’un affirme que les leaders de la Watchtower sont tout simplement un groupe d’hommes religieux, sincères mais pas spécifiquement guidés divinement, alors leurs expériences a du bon sens, parce qu’elles illustrent la manifestation du facteur humain – incluant même leurs erreurs de calcul et leur sectarisme. Mais, d’un autre côté, d’argumenter que Jéhovah Dieu est derrière tout cela n’a pas de bon sens. La confusion, les messages contradictoires, l’allégeance sectaire cultuelle des Étudiants de la Bible/Témoins de Jéhovah, à commencer par Russell et maintenant par la «Watch Tower Bible and Tract Society» elle-même, ne reflètent pas l’esprit divin tel que décrit dans la Bible. C’est aussi simple que cela !
D’un point de vue chrétien, le Dieu Tout-Puissant a démontré encore et encore dans les Écritures qu’il peut prendre un homme imparfait et faire en sorte que cet homme prêche un message clair, exact, quand c’est sa volonté qu’un tel message soit prêché. Ce message n’a pas à être mis à jour, changé, contre-argumenté ou expliqué. Les vrais prophètes ne sont jamais dans l’erreur. Demandez-vous ceci, pourquoi qui que ce soit connaissant l’histoire de la Société Watchtower prendrait cette organisation au sérieux lorsqu’il est question de prophéties bibliques ? Puisqu’en 1975 elle s’est trouvée à subir un autre désappointement à propos d’une date. Mais ses leaders préfèrent ne pas discuter de ce sujet, et si les pratiques passées de la Société peuvent servir d’indication, cette organisation passera par dessus cet échec-là aussi.
La Société Watchtower et 1975
Le fait demeure que les leaders de la Watchtower spéculaient sur l’année 1975, laissant entendre que la fin du monde surviendrait cette année-là. Plusieurs Témoins de Jéhovah espéraient que cela arrive, et lorsque ce ne fut pas le cas, quelques-uns furent désillusionnés. Alors qu’il est vrai que les leaders de la Société n’ont pas déclaré spécifiquement que 1975 verrait la fin du monde, ils firent le travail préparatoire pour cette croyance et utilisèrent des soi-disant «caractéristiques chronologiques» [25] en compagnie d’autres arguments spéciaux pour soutenir la suggestion que cela pouvait bien être «l’année marquée».
L’ardente loyauté
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