A propos des variantes de lecture du Coran

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Seleucide

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A propos des variantes de lecture du Coran

Ecrit le 30 avr.17, 07:00

Message par Seleucide »

J'ai terminé la lecture du livre de Shady Hekmat Nasser, intitulé The Transmission of the Variant Readings of the Qur’ān : The Problem of Tawātur and the Emergence of Shawādhdh (Brill, Leiden, 2013, coll. « Texts and Studies on the Qur’ān », n°9, 252 p.) C'est à ma connaissance l'ouvrage universitaire le plus complet traitant de la question des lectures coraniques. Je ne regrette pas de l'avoir lu, il est tout-à-fait passionnant. Je l'utiliserai bientôt avec d'autres ressources pour travailler un peu le sujet. Ci-joint mes notes de lecture relatives à l'ouvrage en question (ce dernier étant peu accessible, je me suis dit que cela pourrait intéresser des gens).


  • I) Introduction
Pour ceux qui ne connaissent pas le rôle ou l'intérêt de ces lectures, lisez rapidement ce qui suit (les autres peuvent passer à la seconde partie) : vous savez probablement que le Coran est un texte écrit en langue arabe. Originellement, il convient de savoir que le texte coranique ne possédait pas de points diacritiques (= des points placés en haut ou en bas des lettres qui les distinguent les unes des autres). Voyons un exemple : les lettres خ / ح / ج ont exactement la même forme et ne se distinguent entre elles que par le point dessus ou dessous (ou l'absence de point) de la lettre. Nous voyons bien que selon les points diacritiques que l'on mettra, nous aurons des lettres et donc des mots différents : or, au moins 23 des 28 consonnes de l'alphabet arabe sont strictement similaires par la forme d'autres consonnes du même alphabet, ce qui donne un ordre de grandeur assez impressionnant. A cela s'ajoute les voyelles qui n'existaient pas non plus dans les manuscrits coraniques anciens, l'alphabet arabe étant consonantique. Prenons un autre exemple : كتبت. Ce mot est constitué (avec points diacritiques) des lettres ka, ta, ba et ta ; littéralement, on pourrait le transcrire ktbt. Nous pouvons ajouter des voyelles pour lui donner un son : ainsi, katabata كَتَبَتَ, kitibiti كِتِبِتِ, koutouboutou كُتُبُتُ. Les voyelles sont, vous l'aurez remarqué, ces petits signes ajoutés au dessus ou dessous de chacune des lettres. Or, on donnera un sens différent suivant la manière dont on voyellisera ce mot : katabtou (j'ai écrit), katabta (tu as écrit, garçon), katabti (tu as écrit, fille), katabat (elle a écrit). Ce que l'on nomme lecture du Coran sont des manières que certains lecteurs musulmans ont eu de "diacritiser" et de "voyelliser" le texte coranique primitif qui ne possédait qu'un squelette consonantique que l'on nomme rasm (dans l'exemple choisi, le rasm est ktbt). Suivant les lectures, nous mettrons un point diacritique différemment, nous aurons une autre lettre ; une voyelle différemment, nous aurons un autre mot/sens, etc.

Vocabulaire :
qira'at : lectures (du Coran)
shawadhdh : lectures rejetées/aprocryphes (du Coran)
ijtihad : effort d'interprétation
rasm : squelette consonantique
mutawatir : rapporté suivant le tawatur
tawatur : terme désignant une donnée sûre et certaine, transmise absolument hors de tout doute


  • II) Le hadith des 7 lettres (Ahruf)
Il est la seule justification/légitimation des lectures (qira’at) du Coran. Il présente cependant un certain nombre de difficultés :

-> sa compréhension est peu évidente (al-Suyuti présente pas moins de 35 interprétations dudit hadith) même si l’ensemble des savants sunnites est unanime pour ne pas identifier les 7 lettres aux 7 lectures (celles-ci seraient contenues dans celles-là mais ne sont pas celles-là).

-> le hadith dans sa forme première rapporte un récit de divergence entre deux compagnons du prophète, Omar et Hakim ibn Hizam, quant à la récitation du début de la sourate al-Furqan (= XXV), mais aucun manuel de qira’at n’en propose (on en trouve cependant dans ce que l'on nomme shawadhdh, c'est-à-dire les lectures rejetées/apocryphes du Coran).

-> sa datation est, comme celle de tous les hadiths, problématique : suivant la méthodologie de Harald Motzki, nous pouvons supposer qu’elle a commencé à se répandre vers la fin du VII-Ième, début VIII-IIème siècle.

La tradition est probablement « a demonstration of the failure of the codification process bu ‘Uthman, which was not able to produce a single unified Reading of the Qur’an. », p. 229.

  • III) La canonisation des 7 lectures
La canonisation/sélection des 7 lectures fut opérée par ibn Mujahid au X/IVème siècle, et présente également un certain nombre de difficultés :

-> Il y avait un grand nombre de lectures qui circulaient avant cette canonisation (at-Tabari avait lui-même écrit un livre sur 20 lectures rapportées à 20 lecteurs éponymes, mais nous trouvons d’autres traités sur la question avec 25, 8, 5, 20 lecteurs/lectures, etc). Ces lectures pré-canoniques étaient parfois plus anciennes que celles sélectionnées par ibn Mujahid : elles circulaient librement sans aucune volonté de les limiter/restreindre (l’exégèse d’at-Tabari témoigne de cette époque relativement flexible quant à l'ijtihad (= effort d'interprétation) du texte, l’auteur utilisant des lectures qui deviendront « apocryphes » (shawadhdh) et rejetant comme ineptes d’autres qui deviendront canoniques).

-> Ibn Mujahid ne donne explicitement AUCUN critère pour expliquer l’admission et le rejet de lectures dans son canon.

-> En conséquence de quoi de nombreux savants contemporains critiquèrent ibn Mujahid pour sa volonté de restriction de lectures, n’ayant aucune base théologique, et de nombreux traités plus ou moins rivaux virent le jour en supprimant ou ajoutant des lectures au canon d’ibn Mujahid. Le canon mis un certain temps à s’imposer durant lequel d’autres lectures continuèrent à être utilisées, mais avec la pression et le temps, les opposants au canon finirent par rejoindre le « consensus » : « Those who opposed Ibn Mujahid’s officially promulgated “Canon” and insisted on following their own standards and criteria were tried, flogged, and coerced into adhering to the consensus. », p. 36.


  • IV) La question du tawatur.
La transmission par « tawatur » signifie qu’un récit, une sunnah, une loi ou un enseignement est absolument certain, intouchable, intègre : pour faire simple, c’est une donnée transmise par un nombre tellement élevé de transmetteurs immédiats qu’on ne peut la mettre en doute. L’exemple typique de transmission par tawatur est celui du Coran : sa transmission est jugée absolument intègre et hors du moindre doute par l’ensemble des savants (et même des croyants musulmans). Le Coran est alors dit mutawatir (= transmis selon le tawatur). Qu’en est-il du tawatur des lectures ?

-> La notion de tawatur appliqué aux lectures du Coran est relativement tardive, puisqu’elle n’apparaît qu’au milieu du XIII/VIIème siècle. Elle n’existe pas chez ibn Mujahid ni dans aucune bibliographie le concernant.

-> La majorité des savants sunnites, à l’image d’ibn al Jazari (auteur du fameux ajout de 3 lectures), considère (ou plutôt constate) que les lectures n’ont pas été rapportées par le tawatur, puisque le nombre de transmetteurs immédiats de celles-ci est trop faible (le chiffre est même d’un seul transmetteur immédiat pour certaines lectures). Une telle donnée est très problématique pour la foi islamique : puisqu’on ne peut lire le Coran sans les lectures canoniques (= sans la voyellisation/diacritisation), on se rend compte qu’on ne peut déchiffrer/décoder le texte coranique, c'est-à-dire le squelette consonantique (rasm) mutawatir qu’au travers seul de lectures qui elles, ne sont pas mutawatir.

-> En cherchant les transmissions de ces lectures pour établir la question du tawatur, les spécialistes des qira’at se sont rendus comptes que les transmetteurs de ces lecteurs divergeaient entre eux : « the more transmissions on the authority of the seven Readers the Qurrā sought, the more variants they obtained. […] If all the transmissions of a variant reading were to be taken into consideration, most verses would have been rendered in so many different ways, all being attributed to one single eponymous Reader.», p. 124. L’auteur donne l’exemple d’une variante d’un mot d’un verset du Coran qui est transmis de quatre manière différente et contradictoire par 4 transmetteurs d’un seul et même lecteur. D’où le paradoxe suivant lequel plus on cherchait de transmissions pour établir le tawatur, plus on obtenait de variantes rapportées d’une seule lecture ; à l’inverse, plus on cherchait à unifier le texte et à exclure les variantes, plus on était obligé de supprimer des transmetteurs et de reconnaître que le tawatur n’existait pas. D’où la sélection de 2 principaux transmetteurs de chaque lecteur, dont certains ne font même pas partis des transmetteurs immédiats, pour établir le texte de chaque lecture. Certains anciens savants continuèrent d’employer des transmetteurs autres que les deux « officiels », mais ceux-ci finirent par tomber dans l’oubli et par entrer dans les lectures apocryphes : « These variants were slowly vanishing from the standard Qirā'āt manuals and started infiltrating the shawādhdh works. », p. 135.


  • V) Les types de variantes
1) changement de cas (nominatif, cas direct etc)
2) changement de voyelles internes
3) changement de forme active/passive
4) changement relatif au shaddah (doublement de consonne)
5) changement de forme verbale
6) changement relatif au tanwîn (marque de l'indétermination)
7) changement relatif au hamzah (lettre spécifique de l'alphabet)
8) changement de voyelles longues
9) dérivation anormale de noms
10) changement du préfixe de l’inaccompli
11) changement du suffixe de l’accompli
12) alternation de lettre via l’homographie ou la phonologie
13) omission de voyelle, perte de consonne via la phonologie
14) Confusion pronom personnel
15) changement de particules
16) changement relatif au ta marboutah (= genre du nom)
17) article défini
18) transposition (= ordre de deux mots inversés) / métathèse (= ordre de deux consonnes renversées dans un mot)
19) variante possédant une lettre seulement commune de racine
20) variante due à l'assimilation
21) variante due à l'amalgame (= deux mots/particules séparées lus comme un seul mot)
22) alternation de temps (accompli/inaccompli)
23) Wazn (= variante sans aucune lettre commune de racine mais possédant le même schème).


  • VI) Conclusion : à propos de l'origine des lectures
Quelle est l'origine de ces variantes ?

Pour l'orientalisme classique qui, évidemment, n'adhère pas à la divinité de celles-ci, elles sont en grande partie à mettre sur le fait de la transmission du Coran, écrit en scriptio defectiva. En cela, et contrairement à ce que certaines peuvent croire, ils avaient été précédé par certains savants musulmans qui, à l'image d'at-Tabari, d'ibn Mujahid, d'ibn Atiyyah ou encore d'ibn al-Arabi, considéraient que ces variantes loin de posséder une origine divine, résultaient de l'ijtihad (= effort d'interprétation) des lecteurs éponymes sur le rasm (= texte consonantique sans diacritique/voyelle) coranique (de fait, la croyance en la divinité de ces variantes est seulement attestée à partir du XIII/VIIème siècle). Une telle hypothèse expliquera ainsi largement les possibles fautes de grammaire que nous pouvons trouver dans le Coran : seul 2 des 7 lecteurs canoniques étaient en effet grammairiens. La conclusion ressortant de ces travaux est que, nous l'avons vu, le texte coranique que chacun a aujourd'hui sous les yeux est UNE seule version d’UNE seule lecture du squelette consonantique (rasm) coranique ; et que CHACUNE des 7 lectures canoniques ne sont pas mutawatir, c'est-à-dire ne sont pas absolument sûres et certaines. Aussi ne serait-on pas étonné de voir certains orientalistes, à l’image de Bellamy ou Eymard, proposer sur des passages auxquels l’exégèse traditionnelle a toujours buté, des lectures différentes du rasm, plus nuancées et sensées, et arriver à des résultats tout-à-fait probants. Après tout, si de l'aveu des savants musulmans même, les lectures canoniques ne sont pas sûres et certaines, il n'y a aucune difficulté à laisser sa chance à une autre lecture, plus critique et contemporaine.
Il faut d'abord avoir raison. Une idée fausse est une idée fausse.

Citizenkan

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Re: A propos des variantes de lecture du Coran

Ecrit le 30 avr.17, 09:54

Message par Citizenkan »

Seleucide a écrit :J'ai terminé la lecture du livre de Shady Hekmat Nasser, intitulé The Transmission of the Variant Readings of the Qur’ān : The Problem of Tawātur and the Emergence of Shawādhdh (Brill, Leiden, 2013, coll. « Texts and Studies on the Qur’ān », n°9, 252 p.) C'est à ma connaissance l'ouvrage universitaire le plus complet traitant de la question des lectures coraniques. Je ne regrette pas de l'avoir lu, il est tout-à-fait passionnant. Je l'utiliserai bientôt avec d'autres ressources pour travailler un peu le sujet. Ci-joint mes notes de lecture relatives à l'ouvrage en question (ce dernier étant peu accessible, je me suis dit que cela pourrait intéresser des gens).


  • I) Introduction
Pour ceux qui ne connaissent pas le rôle ou l'intérêt de ces lectures, lisez rapidement ce qui suit (les autres peuvent passer à la seconde partie) : vous savez probablement que le Coran est un texte écrit en langue arabe. Originellement, il convient de savoir que le texte coranique ne possédait pas de points diacritiques (= des points placés en haut ou en bas des lettres qui les distinguent les unes des autres). Voyons un exemple : les lettres خ / ح / ج ont exactement la même forme et ne se distinguent entre elles que par le point dessus ou dessous (ou l'absence de point) de la lettre. Nous voyons bien que selon les points diacritiques que l'on mettra, nous aurons des lettres et donc des mots différents : or, au moins 23 des 28 consonnes de l'alphabet arabe sont strictement similaires par la forme d'autres consonnes du même alphabet, ce qui donne un ordre de grandeur assez impressionnant. A cela s'ajoute les voyelles qui n'existaient pas non plus dans les manuscrits coraniques anciens, l'alphabet arabe étant consonantique. Prenons un autre exemple : كتبت. Ce mot est constitué (avec points diacritiques) des lettres ka, ta, ba et ta ; littéralement, on pourrait le transcrire ktbt. Nous pouvons ajouter des voyelles pour lui donner un son : ainsi, katabata كَتَبَتَ, kitibiti كِتِبِتِ, koutouboutou كُتُبُتُ. Les voyelles sont, vous l'aurez remarqué, ces petits signes ajoutés au dessus ou dessous de chacune des lettres. Or, on donnera un sens différent suivant la manière dont on voyellisera ce mot : katabtou (j'ai écrit), katabta (tu as écrit, garçon), katabti (tu as écrit, fille), katabat (elle a écrit). Ce que l'on nomme lecture du Coran sont des manières que certains lecteurs musulmans ont eu de "diacritiser" et de "voyelliser" le texte coranique primitif qui ne possédait qu'un squelette consonantique que l'on nomme rasm (dans l'exemple choisi, le rasm est ktbt). Suivant les lectures, nous mettrons un point diacritique différemment, nous aurons une autre lettre ; une voyelle différemment, nous aurons un autre mot/sens, etc.

Vocabulaire :
qira'at : lectures (du Coran)
shawadhdh : lectures rejetées/aprocryphes (du Coran)
ijtihad : effort d'interprétation
rasm : squelette consonantique
mutawatir : rapporté suivant le tawatur
tawatur : terme désignant une donnée sûre et certaine, transmise absolument hors de tout doute


  • II) Le hadith des 7 lettres (Ahruf)
Il est la seule justification/légitimation des lectures (qira’at) du Coran. Il présente cependant un certain nombre de difficultés :

-> sa compréhension est peu évidente (al-Suyuti présente pas moins de 35 interprétations dudit hadith) même si l’ensemble des savants sunnites est unanime pour ne pas identifier les 7 lettres aux 7 lectures (celles-ci seraient contenues dans celles-là mais ne sont pas celles-là).

-> le hadith dans sa forme première rapporte un récit de divergence entre deux compagnons du prophète, Omar et Hakim ibn Hizam, quant à la récitation du début de la sourate al-Furqan (= XXV), mais aucun manuel de qira’at n’en propose (on en trouve cependant dans ce que l'on nomme shawadhdh, c'est-à-dire les lectures rejetées/apocryphes du Coran).

-> sa datation est, comme celle de tous les hadiths, problématique : suivant la méthodologie de Harald Motzki, nous pouvons supposer qu’elle a commencé à se répandre vers la fin du VII-Ième, début VIII-IIème siècle.

La tradition est probablement « a demonstration of the failure of the codification process bu ‘Uthman, which was not able to produce a single unified Reading of the Qur’an. », p. 229.

  • III) La canonisation des 7 lectures
La canonisation/sélection des 7 lectures fut opérée par ibn Mujahid au X/IVème siècle, et présente également un certain nombre de difficultés :

-> Il y avait un grand nombre de lectures qui circulaient avant cette canonisation (at-Tabari avait lui-même écrit un livre sur 20 lectures rapportées à 20 lecteurs éponymes, mais nous trouvons d’autres traités sur la question avec 25, 8, 5, 20 lecteurs/lectures, etc). Ces lectures pré-canoniques étaient parfois plus anciennes que celles sélectionnées par ibn Mujahid : elles circulaient librement sans aucune volonté de les limiter/restreindre (l’exégèse d’at-Tabari témoigne de cette époque relativement flexible quant à l'ijtihad (= effort d'interprétation) du texte, l’auteur utilisant des lectures qui deviendront « apocryphes » (shawadhdh) et rejetant comme ineptes d’autres qui deviendront canoniques).

-> Ibn Mujahid ne donne explicitement AUCUN critère pour expliquer l’admission et le rejet de lectures dans son canon.

-> En conséquence de quoi de nombreux savants contemporains critiquèrent ibn Mujahid pour sa volonté de restriction de lectures, n’ayant aucune base théologique, et de nombreux traités plus ou moins rivaux virent le jour en supprimant ou ajoutant des lectures au canon d’ibn Mujahid. Le canon mis un certain temps à s’imposer durant lequel d’autres lectures continuèrent à être utilisées, mais avec la pression et le temps, les opposants au canon finirent par rejoindre le « consensus » : « Those who opposed Ibn Mujahid’s officially promulgated “Canon” and insisted on following their own standards and criteria were tried, flogged, and coerced into adhering to the consensus. », p. 36.


  • IV) La question du tawatur.
La transmission par « tawatur » signifie qu’un récit, une sunnah, une loi ou un enseignement est absolument certain, intouchable, intègre : pour faire simple, c’est une donnée transmise par un nombre tellement élevé de transmetteurs immédiats qu’on ne peut la mettre en doute. L’exemple typique de transmission par tawatur est celui du Coran : sa transmission est jugée absolument intègre et hors du moindre doute par l’ensemble des savants (et même des croyants musulmans). Le Coran est alors dit mutawatir (= transmis selon le tawatur). Qu’en est-il du tawatur des lectures ?

-> La notion de tawatur appliqué aux lectures du Coran est relativement tardive, puisqu’elle n’apparaît qu’au milieu du XIII/VIIème siècle. Elle n’existe pas chez ibn Mujahid ni dans aucune bibliographie le concernant.

-> La majorité des savants sunnites, à l’image d’ibn al Jazari (auteur du fameux ajout de 3 lectures), considère (ou plutôt constate) que les lectures n’ont pas été rapportées par le tawatur, puisque le nombre de transmetteurs immédiats de celles-ci est trop faible (le chiffre est même d’un seul transmetteur immédiat pour certaines lectures). Une telle donnée est très problématique pour la foi islamique : puisqu’on ne peut lire le Coran sans les lectures canoniques (= sans la voyellisation/diacritisation), on se rend compte qu’on ne peut déchiffrer/décoder le texte coranique, c'est-à-dire le squelette consonantique (rasm) mutawatir qu’au travers seul de lectures qui elles, ne sont pas mutawatir.

-> En cherchant les transmissions de ces lectures pour établir la question du tawatur, les spécialistes des qira’at se sont rendus comptes que les transmetteurs de ces lecteurs divergeaient entre eux : « the more transmissions on the authority of the seven Readers the Qurrā sought, the more variants they obtained. […] If all the transmissions of a variant reading were to be taken into consideration, most verses would have been rendered in so many different ways, all being attributed to one single eponymous Reader.», p. 124. L’auteur donne l’exemple d’une variante d’un mot d’un verset du Coran qui est transmis de quatre manière différente et contradictoire par 4 transmetteurs d’un seul et même lecteur. D’où le paradoxe suivant lequel plus on cherchait de transmissions pour établir le tawatur, plus on obtenait de variantes rapportées d’une seule lecture ; à l’inverse, plus on cherchait à unifier le texte et à exclure les variantes, plus on était obligé de supprimer des transmetteurs et de reconnaître que le tawatur n’existait pas. D’où la sélection de 2 principaux transmetteurs de chaque lecteur, dont certains ne font même pas partis des transmetteurs immédiats, pour établir le texte de chaque lecture. Certains anciens savants continuèrent d’employer des transmetteurs autres que les deux « officiels », mais ceux-ci finirent par tomber dans l’oubli et par entrer dans les lectures apocryphes : « These variants were slowly vanishing from the standard Qirā'āt manuals and started infiltrating the shawādhdh works. », p. 135.


  • V) Les types de variantes
1) changement de cas (nominatif, cas direct etc)
2) changement de voyelles internes
3) changement de forme active/passive
4) changement relatif au shaddah (doublement de consonne)
5) changement de forme verbale
6) changement relatif au tanwîn (marque de l'indétermination)
7) changement relatif au hamzah (lettre spécifique de l'alphabet)
8) changement de voyelles longues
9) dérivation anormale de noms
10) changement du préfixe de l’inaccompli
11) changement du suffixe de l’accompli
12) alternation de lettre via l’homographie ou la phonologie
13) omission de voyelle, perte de consonne via la phonologie
14) Confusion pronom personnel
15) changement de particules
16) changement relatif au ta marboutah (= genre du nom)
17) article défini
18) transposition (= ordre de deux mots inversés) / métathèse (= ordre de deux consonnes renversées dans un mot)
19) variante possédant une lettre seulement commune de racine
20) variante due à l'assimilation
21) variante due à l'amalgame (= deux mots/particules séparées lus comme un seul mot)
22) alternation de temps (accompli/inaccompli)
23) Wazn (= variante sans aucune lettre commune de racine mais possédant le même schème).


  • VI) Conclusion : à propos de l'origine des lectures
Quelle est l'origine de ces variantes ?

Pour l'orientalisme classique qui, évidemment, n'adhère pas à la divinité de celles-ci, elles sont en grande partie à mettre sur le fait de la transmission du Coran, écrit en scriptio defectiva. En cela, et contrairement à ce que certaines peuvent croire, ils avaient été précédé par certains savants musulmans qui, à l'image d'at-Tabari, d'ibn Mujahid, d'ibn Atiyyah ou encore d'ibn al-Arabi, considéraient que ces variantes loin de posséder une origine divine, résultaient de l'ijtihad (= effort d'interprétation) des lecteurs éponymes sur le rasm (= texte consonantique sans diacritique/voyelle) coranique (de fait, la croyance en la divinité de ces variantes est seulement attestée à partir du XIII/VIIème siècle). Une telle hypothèse expliquera ainsi largement les possibles fautes de grammaire que nous pouvons trouver dans le Coran : seul 2 des 7 lecteurs canoniques étaient en effet grammairiens. La conclusion ressortant de ces travaux est que, nous l'avons vu, le texte coranique que chacun a aujourd'hui sous les yeux est UNE seule version d’UNE seule lecture du squelette consonantique (rasm) coranique ; et que CHACUNE des 7 lectures canoniques ne sont pas mutawatir, c'est-à-dire ne sont pas absolument sûres et certaines. Aussi ne serait-on pas étonné de voir certains orientalistes, à l’image de Bellamy ou Eymard, proposer sur des passages auxquels l’exégèse traditionnelle a toujours buté, des lectures différentes du rasm, plus nuancées et sensées, et arriver à des résultats tout-à-fait probants. Après tout, si de l'aveu des savants musulmans même, les lectures canoniques ne sont pas sûres et certaines, il n'y a aucune difficulté à laisser sa chance à une autre lecture, plus critique et contemporaine.
Bonjour Seleucide, je vous avais donné un lien qui répond à ce genre d'arguments, et je vous le redonne ici :

http://www.maison-islam.com/articles/?p=181

En voici des passages :

La récitation du Coran peut être faite selon de légères variantes (al-qirâ'ât ou al-ahruf), liées à la lexicologie, à la morphologie, à la syntaxe, etc., qui n'influent en rien sur le sens global du texte.

Pour un certain nombre d'orientalistes, l'existence de ces variantes dans la récitation du Coran sont la preuve de l'imprécision des copies diffusées par le calife Uthmân (644-656). "C'est bien, disent-ils, parce que le texte arabe de ces copies ne contenait pas de signes diacritiques (points qui différencient entre elles certaines lettres possédant la même forme) ni de voyelles courtes que ces variantes de lecture sont apparues."

Le problème c'est que si le constat de l'existence de variantes de récitation est vrai, l'explication qui en est avancée par ces orientalistes est erronée. En effet, si c'était le simple fait de pouvoir "deviner" le mot qu'on voulait à partir des copies coraniques qui était à l'origine des variantes de récitation, comment expliquer que d'innombrables fois, un mot écrit avec la même graphie ne connaisse pas les mêmes variantes ? Ainsi, le mot écrit "mlk" figure dans la sourate al-Fâtiha et aussi dans la sourate an-Nâs : pourtant, les variantes "mâlik" et aussi "malik" existent à propos de la sourate al-Fâtiha (première sourate dans l'ordre des copies coraniques), alors qu'en ce qui concerne la sourate an-Nâs (dernière sourate dans l'ordre des copies coraniques), la seule récitation possible est "malik". Si c'était l'imprécision des copies qui est à l'origine des variantes de récitation, pourquoi, pour un mot écrit exactement de la même manière ("mlk"), lit-on "malik" et mâlik" dans la sourate al-Fâtiha, mais seulement "malik" et pas "mâlik" dans la sourate an-Nâs ? Très nombreux sont les exemples de ce genre.

En fait c'est le Prophète lui-même qui avait, de son vivant, enseigné à différents Compagnons différentes variantes de récitation du Coran.


il faut savoir qu'à l'époque du Prophète, différents dialectes de la langue arabe existaient en Arabie. Alors que les Arabes du Hedjaz avaient recours à l'élision de la lettre hamza, ceux d'Arabie orientale la prononçaient fortement ; "sal", disaient les premiers, "is'al", les seconds. Des différences de prononciations existaient entre différentes régions : ici "kuffèr", là "kuffâr" ; ici "hudè", là "hudâ" ; ici "SirâT", là "zirâT" ; ici "Salât", là "SaLât" (avec le lâm emphatique). Des mots comme "tarîq" et "sûq" étaient féminins dans le Hedjaz, masculins en Arabie orientale.


Que désignent les termes "7 harf" dans le Hadîth "Ce Coran a été descendu selon 7 harf" ?

Les variantes de récitation portent le nom de "qirâ'ât" (comme les a nommée Ubayy devant le Prophète : Muslim, n° 820). Et cette multiplicité des récitations est due à la permission des sept "harf" (pluriel : ahruf) (comme les a nommées le Prophète dans les hadîths, notamment celui-là même qu'a rapporté Muslim, n° 820, où il a justifié devant Ubayy l'existence de ces variantes de récitation par le fait que le Coran peut être récité selon sept harf). C'est donc le fait que le Coran a été révélé selon 7 "harf" qui entraîne qu'il y existe des variantes de récitation ("qirâ'ât"). Les harf sont donc les catégories auxquelles différentes qirâ'ât peuvent être reliées.

Quand le Prophète a dit : "Ce Coran a été descendu avec 7 harf. Récitez donc celle qui est facile pour vous", il ne voulait nullement dire que chaque mot ou chaque phrase du Coran pourrait être récitée selon sept variantes différentes (Fath ul-bârî, 9/36). Ce que le Prophète a voulu dire, c'est que le total des catégories des variantes existant dans la totalité du texte coranique s'élève à 7.

-
Et quelles sont ces 7 catégories de variantes ?

Il y a de nombreux avis sur le sujet. Nous nous contenterons d'en citer ici deux...

– Un premier avis :

D'après Ibn Jarîr at-Tabarî, il s'agit de 7 dialectes arabes de l'époque.

A cet avis on objecte de façon pertinente que Omar ibn ul-Khattâb et Hishâm ibn Hakîm étaient tous deux qurayshites, et pourtant le récit (cité plus haut) montre que le Prophète leur avait enseigné la sourate al-Furqân avec des variantes.

– Un second avis :

D'après Ibn Qutayba et Abu-l-Fadhl ar-Râzî, il s'agit de 7 catégories de variantes de récitation (cf. Al-Itqân, p. 147, Fath ul-bârî, 9/37). Quel est le détail de ces 7 catégories, il y a ensuite divergence entre ces ulémas...

--- D'après Abu-l-Fadhl ar-Râzî, il s'agit des catégories suivantes :
– 1) variantes d'accents (ikhtilâf ul-lahajât) : par exemple "nâs" / "nès" ; "yûmin" / "yu'min" ; "salaka-kum" / "salak'kum" ;
– 2) variantes dans le genre d'un nom (ikhtilâf ul-asmâ') : c'est-à-dire féminin / masculin ;
– 3) variantes de termes (al-ibdâl) : comme "al-'ihn" / "as-Sûf" (la seconde variante étant rapportée de Ibn Mas'ûd) ; ou comme "wa tal'hin" / "wa tal'in" (la seconde variante étant relatée par Alî : Fat'h ul-bârî tome 9 p. 37).
Ces 3 catégories des variantes sont liées aux différences dialectales existant alors entre différentes régions d'Arabie...

Les 4 catégories qui vont suivre sont quant à elles dues non plus aux seules différences dialectales mais à une multiplicité – due à la souplesse de la révélation coranique – de récitations, révélées ainsi au Prophète et transmise par ce dernier à ses Compagnons :
– 4) variantes liées aux cas syntaxiques (ikhtilâfu wujûh il-a'râb) : comme "al-'ayna" / "al-'aynu" ;
– 5) variantes de temps de conjugaison des verbes (ikhtilâfu tas'rîf il-af'âl) : "bâ'id" / "ba'ada" ;
– 6) variantes liées à une inversion de mots (ikhtilâf ut-taqdîm wa-t-ta'khîr) : comme "wa jâ'at sak'rat ul-mawti bi-l-haqqi" / "wa jâ'at sak'rat ul-haqqi bi-l-mawti", cette seconde variante étant celle relatée par Abû Bakr (Fath ul-bârî, tome 9 p. 37) ;
– 7) variantes liées à la majoration ou à la diminution d'un ou deux mots (ikhtilâf un-naqs wa-z-ziyâda) : comme "wa mâ khalaqa-dh-dhakara wa-l-unthâ" / "wa-dh-dhakari wa-l-unthâ" (la seconde variante étant rapportée du Prophète par Abu-d-Dardâ' ; Ibn Mas'ûd aussi récitait de la sorte).

-
Si on retient cette interprétation des "7 harf", elle implique que, dans le premier temps, il n'y avait aucune harf à propos de la partie du texte coranique déjà révélée, puisque aucune variante n'y était possible.

avait donc aucune harf, donc aucune variante de récitation possible dans le texte coranique jusqu'alors révélé.

– Puis, suite à la demande du Prophète, Dieu accorda l'autorisation d'une harf, c'est-à-dire d'une catégorie de variantes. Suite à l'insistance du Prophète, 2 harf furent accordées, puis 3, enfin 7 harf furent accordées.

Conclusion :

Les orientalistes considèrent que c'est l'absence de signes diacritiques dans les premières copies du Coran qui est à l'origine d'une imprécision du texte, d'où l'existence de variantes dans sa récitation.

Mais ce n'est là que théorie et non conclusion prouvée.

Et les faits consistent en une inversion totale de la perspective : c'est en réalité le Prophète lui-même qui a enseigné des variantes de récitation.

Seleucide

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Re: A propos des variantes de lecture du Coran

Ecrit le 30 avr.17, 10:50

Message par Seleucide »

Citizenkan a écrit :La récitation du Coran peut être faite selon de légères variantes (al-qirâ'ât ou al-ahruf), liées à la lexicologie, à la morphologie, à la syntaxe, etc., qui n'influent en rien sur le sens global du texte.
Il y a certaines variantes, qu'elles soient canoniques ou non, qui influent sur la théologie coranique.

Voir à titre d'exemple : http://www.forum-religion.org/post1158050.html#p1158050
Citizenkan a écrit :Pour un certain nombre d'orientalistes, l'existence de ces variantes dans la récitation du Coran sont la preuve de l'imprécision des copies diffusées par le calife Uthmân (644-656). "C'est bien, disent-ils, parce que le texte arabe de ces copies ne contenait pas de signes diacritiques (points qui différencient entre elles certaines lettres possédant la même forme) ni de voyelles courtes que ces variantes de lecture sont apparues."
Ce n'est pas seulement l'avis de certains orientalistes, mais également de savants musulmans renommés comme ibn Attiyah, ibn Mujahid, ibn al Arabi etc. Aucun de ceux-ci ne voyaient une origine divine dans les variantes de lecture, mais une origine purement humaine (= l'ijtihad des lecteurs sur le rasm).

Cela étant, en admettant même que le prophète soit à l'origine de ces variantes, il reste que celles-ci n'ont pas été rapportées suivant le tawatur et qu'elles ne possèdent pas le même statut "hors du moindre doute" que celui du rasm coranique. Les savants musulmans eux-mêmes, ainsi que l'auteur de l'article que tu cites, corroborent cela. Il y a donc ici une sévère difficulté.
Citizenkan a écrit :Le problème c'est que si le constat de l'existence de variantes de récitation est vrai, l'explication qui en est avancée par ces orientalistes est erronée. En effet, si c'était le simple fait de pouvoir "deviner" le mot qu'on voulait à partir des copies coraniques qui était à l'origine des variantes de récitation, comment expliquer que d'innombrables fois, un mot écrit avec la même graphie ne connaisse pas les mêmes variantes ? Ainsi, le mot écrit "mlk" figure dans la sourate al-Fâtiha et aussi dans la sourate an-Nâs : pourtant, les variantes "mâlik" et aussi "malik" existent à propos de la sourate al-Fâtiha (première sourate dans l'ordre des copies coraniques), alors qu'en ce qui concerne la sourate an-Nâs (dernière sourate dans l'ordre des copies coraniques), la seule récitation possible est "malik".
En l'occurrence, il existe la variante mâlik-malik dans la sourate an-Nâs, 114.

Seulement, elle n'est pas canonique.

Cela montre donc bien une histoire de transmission/ijtihad du rasm beaucoup plus chaotique et complexe que ne le subodore l'auteur de cet article.
Il faut d'abord avoir raison. Une idée fausse est une idée fausse.

Citizenkan

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Re: A propos des variantes de lecture du Coran

Ecrit le 30 avr.17, 22:07

Message par Citizenkan »

Seleucide a écrit : En l'occurrence, il existe la variante mâlik-malik dans la sourate an-Nâs, 114.

Seulement, elle n'est pas canonique.

Cela montre donc bien une histoire de transmission/ijtihad du rasm beaucoup plus chaotique et complexe que ne le subodore l'auteur de cet article.


Ramenez ici ces variantes, qu'elles soient canoniques ou non, qui influent sur la théologie coranique, et nous en discuteront,

Aucun des auteurs musulmans que vous citez n'avancent que le Coran n'est pas d'origine divine, et que leur opinion ébranle la foi islamique, en cela l'argument se retourne contre vous...

C'est même justement la force de la sphère scientifique qui discute sur des points même sensibles, mais qui ne remettent pas en question l'idée de départ, soit que le Coran est immuable, je vous l'ai démontré en partie ici :

http://mizab.over-blog.com/2017/03/l-in ... tie-1.html


Ensuite, le tawatur n'est pas une condition de validité d'un texte coranique, étant donné que le texte original était déjà dans les poitrines du vivant du prophète, il devint une condition, si tant est qu'il en est une (je n'ai pas étudié la question en profondeur), lorsqu'il a s'agit d'en faire une version canonique...

Le khabar ahad est un élément inhérent des sources islamiques, n'en déplaisent à certaines écoles musulmanes :

http://mizab.over-blog.com/2014/12/ibn- ... tie-1.html


Donc, vous confondez les causes et les effets et soulevez un faux problème étant donné que le Coran était déjà conservé dans les poitrines, et que sa canonisation est resté la même sans que la moindre lettre n'en soit changée, et c'est de loin le cas pour la Bible...

Michel Orcel pointe du doigt cet état schizophrène : « On exerce son agressivité sur un objet haï en tentant de le démolir de façon à la fois symbolique et rationnelle. La psychanalyse aurait là-dessus son mot à dire. Que peut signifier pour Mingana, Prémare, Gillot ou autres Gallez cette tentative de disqualifier, de discréditer, l’islam et le Coran en les historicisant ? Je l’ignore, mais il va de soi qu’il y a souvent là-dessous du « règlement de compte »…

en sachant que ce problème de variantes n'a jamais posé de problème aux musulmans, ils y ont même consacré des ouvrages entiers, des dictionnaires étymologiques, philologiques, des écoles de lectures, etc.

Ensuite, l'auteur vous fait la démonstration de la variante de mâlik et de malik, qui non seulement est canonique, Warsh lit malik au maghreb et Hafs lui mâlik au Moyen-Orient, et retour à l'envoyeur, qu'elle soit canonique ou non, cela n'a aucune incidence sur le sens du mot, avant de parler d'une incidence sur le dogme, ou théologique...

En définitive, ces travaux d'orientalistes quoi qu'intéressant ne font que pécher/pêcher en eau trouble...

Seleucide

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Re: A propos des variantes de lecture du Coran

Ecrit le 01 mai17, 00:20

Message par Seleucide »

Citizenkan a écrit :Ramenez ici ces variantes, qu'elles soient canoniques ou non, qui influent sur la théologie coranique, et nous en discuteront
Il y a certaines variantes, qu'elles soient canoniques ou non, qui influent sur la théologie coranique.

Voir à titre d'exemple : http://www.forum-religion.org/post1158050.html#p1158050


http://www.forum-religion.org/post1158796.html#p1158796
Citizenkan a écrit :Aucun des auteurs musulmans que vous citez n'avancent que le Coran n'est pas d'origine divine, et que leur opinion ébranle la foi islamique, en cela l'argument se retourne contre vous...
Ce n'est pas seulement l'avis de certains orientalistes, mais également de savants musulmans renommés comme ibn Attiyah, ibn Mujahid, ibn al Arabi etc. Aucun de ceux-ci ne voyaient une origine divine dans les variantes de lecture, mais une origine purement humaine (= l'ijtihad des lecteurs sur le rasm).

http://www.forum-religion.org/post1158796.html#p1158796
Citizenkan a écrit :C'est même justement la force de la sphère scientifique qui discute sur des points même sensibles, mais qui ne remettent pas en question l'idée de départ, soit que le Coran est immuable, je vous l'ai démontré en partie ici :
J'ai déjà dénoncé les partis pris, i.e. l'apologétique, de l'article en question. Voir : http://www.forum-religion.org/post11526 ... f#p1152644

Tu prends ce qui t'arranges dans les travaux cités et tu rejettes ce qui te déranges. Il n'y a rien de scientifique dans une telle attitude.
Citizenkan a écrit :Ensuite, le tawatur n'est pas une condition de validité d'un texte coranique, étant donné que le texte original était déjà dans les poitrines du vivant du prophète, il devint une condition, si tant est qu'il en est une (je n'ai pas étudié la question en profondeur), lorsqu'il a s'agit d'en faire une version canonique...
Tu te trompes lourdement en affirmant que le tawatur n'est pas une condition de validité du texte coranique.

Tout ce qui est mutawatir n'est pas coranique, mais ce qui est coranique est obligatoirement mutawatir ; tout ce qui n'est pas mutawatir n'est pas coranique.
Citizenkan a écrit :Le khabar ahad est un élément inhérent des sources islamiques, n'en déplaisent à certaines écoles musulmanes :
Je n'ai jamais dit que le khabar ahad n'existait pas dans les sources islamiques.

Encore une fois, tu me reproches des positions que je n'ai pas tenu.

Et si on se concentrait sur mes propos, maintenant ?
Citizenkan a écrit :Michel Orcel pointe du doigt cet état schizophrène : « On exerce son agressivité sur un objet haï en tentant de le démolir de façon à la fois symbolique et rationnelle. La psychanalyse aurait là-dessus son mot à dire. Que peut signifier pour Mingana, Prémare, Gillot ou autres Gallez cette tentative de disqualifier, de discréditer, l’islam et le Coran en les historicisant ? Je l’ignore, mais il va de soi qu’il y a souvent là-dessous du « règlement de compte »…
Oui, je connais la chanson.
Citizenkan a écrit :Ensuite, l'auteur vous fait la démonstration de la variante de mâlik et de malik, qui non seulement est canonique, Warsh lit malik au maghreb et Hafs lui mâlik au Moyen-Orient, et retour à l'envoyeur, qu'elle soit canonique ou non, cela n'a aucune incidence sur le sens du mot, avant de parler d'une incidence sur le dogme, ou théologique...
La variante mâlik-malik est canonique pour la fatiha, elle ne l'est pas pour la sourate an-Nâs.

Pourtant, elle est rapportée et existe dans les deux cas.

Il n'y a pas de rapport entre cette variante et celles engendrant des divergences théologiques. Je n'ai jamais rien mentionné de tel : encore une fois, tu spécules et me reproches ce que je n'ai pas écrit.
Citizenkan a écrit :En définitive, ces travaux d'orientalistes quoi qu'intéressant ne font que pécher/pêcher en eau trouble...
Démontre-le.
Il faut d'abord avoir raison. Une idée fausse est une idée fausse.

Citizenkan

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Re: A propos des variantes de lecture du Coran

Ecrit le 01 mai17, 01:01

Message par Citizenkan »

Seleucide a écrit : Démontre-le.

Pour des questions pratiques, ramenez les exemples de variantes, qu'elles soient canoniques ou non, qui influent sur la théologie coranique, et nous en discuterons ici.

Ensuite, pour l'avis de ces savants illustres, je ne parle pas des variantes, mais du Coran même, cela démontre que le débat autour d'un point subsidiaire ne posait aucun problème, mais tous s'accorde à dire que le Coran est immuable et d'origine divine, en d'autres termes, cette divergence n'affecte en rien ce postulat...

bien qu'en réalité, il incombe de se pencher plus profondément sur le sujet, ce que je ferais à l'occasion, mais dors et déjà, je vous donne des indications plus bas !

Ensuite, le fait de s'attarder sur un auteur que j'utilise et qui ne constitue en rien la conclusion de mon étude, si ce n'est que partielle, n'est pas une dénonciation, si ce n'est que, peut-être, dan un monde virtuel où on s'accroche à ce qu'on peut !

Pour le tawatur, je ne faisais qu'émettre une réflexion, en sachant que je n'ai pas étudié le sujet, bien que le chose soit un peu plus compliqué que vous l'exposez, l'auteur en question en parle, dans un autre lien que je vous présente plus bas...

Pour le khabar ahad, on est d'accord, merci d'avoir dissipé l'amalgame, en sachant que vous n'étiez pas spécialement visé...

Pour la chanson, je suis d'accord également,

Pour malik, ok, nous sommes d'accord, merci d'avoir dissipé l'amalgame, sauf que vous ramenez, et je l'ai constaté chez pas mal d'auteur, des parenthèses du genre : et cela peut poser problème pour la foi islamique, dans le sens où on jette un pavé dans la marre sans en ramener la preuve, mais l'essentiel est de laisser son auditoire perplexe, c'est le but recherché, maintenant j'attends les variantes qui ont une incidence théologique, merci.

C'est ce que je suis en train de démontrer, comme promis :

http://www.maison-islam.com/articles/?p=177

Toute variante de récitation doit donc remplir désormais 3 conditions pour être récitée en tant que variante du texte coranique :
– 1) être établie par une chaîne de transmission authentique (sahîh) depuis sa source ;
– 2) pouvoir être récitée à partir de la graphie des copies uthmaniennes (ou au moins de l'une* de ces copies) ;
– 3) avoir été retenue par les spécialistes de la discipline.
* Car il existe quelques variantes minimes entre certaines des copies uthmaniennes. Cela est connu et répertorié dans les ouvrages classiques traitant du Tafsîr, de 'Ilm ul-qirâ'ât ou de 'Ilm ur-rasm.
L'exemple le plus connu de telles variantes est celui de la présence du terme "مِنْ", pour le passage de Coran 9/100 dans la copie destinée à La Mecque, alors qu'il est absent dans les autres copies. Ibn Kathîr – dont nous verrons le nom plus bas – lit ce terme dans ce passage, mais pas les autres spécialistes.
D'autres exemples existent. Voir Al-Itqân, p. 238, où est reproduit le propos de Ibn ul-Jazârî sur le sujet, et où sont cités 2 autres exemples encore.
La 3ème condition a été mentionnée par as-Suyûtî. On peut également y trouver allusion dans ce que Ibn ul-Jazarî a écrit. Cette 3ème condition explique l'existence de la catégorie c que nous allons voir plus bas : authentique et pouvant être lue à partir de l'écriture uthmanienne, mais n'étant pourtant pas acceptée comme qirâ'ah.


Or, peu à peu, jusqu'aux 2ème-3ème siècles après la mort du Prophète, ce que l'on peut appeler "des écoles des variantes" se constituent autour de spécialistes (imam, plur. aïmma) :
Chacune de ces écoles s'est distinguée des autres par rapport au fait que chacune rapporte une partie des variantes de récitation qui ont été enseignées.
-
Tout ce qui est relaté en tant que variante de récitation du texte coranique peut être classé dans l'une des catégories suivantes :
(Attention : Ci-après, "mash'hûr" a un sens voisin de celui que les juristes hanafites donnent à ce terme (et pas celui que les muhaddithûn lui donnent) : chez les juristes hanafites, les textes rapportés par une chaîne de transmission fiable (sahîh) sont, en fonction du nombre de rapporteurs qui sont présents à chaque niveau de la chaîne, de 3 types :
– le texte"mutawâtir" ou "rapporté au tawâtur" : la définition de ce texte mutawâtir est la même que chez les muhaddithûn ;
– le texte "wâhid" est le texte qui, pendant les 3 premières générations (Compagnons, Tâbi'ûn et Atbâ' ut-tâbi'în), n'a jamais atteint ce stade de diffusion importante, tawâtur, et n'est resté connu que d'un nombre relativement limité de personnes ;
– le texte "mash'hûr" est celui qui était au tout début "wâhid" mais qui, par la suite, à partir de Compagnons ultérieurs, ou à partir d'un des niveaux de la génération des Tâbi'ûn, ou tout au plus à partir de l'un des niveaux de la génération des Atbâ' ut-tabi'în, a atteint le tawâtur. Le fait que le texte atteigne le degré de tawâtur après cette génération, cela n'est plus pris en considération dans cette classification.)
– a) la variante mutawâtir :
--- elle est rapportée par un si grand nombre de personnes qu'il est impossible que cet ensemble de personnes se soient trompées. La présence de cette condition rend superflue les 2 autres conditions suscitées.
b) la variante mash'hûr : elle remplit les 3 conditions suscitées :
--- elle est rapportée par une chaîne de transmission authentique jusqu'à la source voulue ;
--- elle peut être récitée à partir de la graphie des copies uthmaniennes ;
--- enfin, les spécialistes et référents (imams) des variantes l'ont retenue, car elle était connue et diffusée dans leur milieu (takûnu mash'hûratan 'inda aïmmati hâdha-sh-sha'n).
– c) la variante wâhid (pluriel : âhâd) (parfois également désignée comme : "shâddh") :
--- elle est rapportée par une chaîne qui est authentique jusqu'à la source voulue,
--- et elle peut tout à fait être lue à partir de la graphie des copies uthmaniennes,
--- cependant elle n'a pas été retenue par les spécialistes (aïmmat ul-qirâ'ât), car n'étant pas diffusée (ce n'est pas le fait de n'avoir pas pour source le Prophète qui a fait qu'elle n'a pas été diffusée parmi ces spécialistes ; car si c'était cela la cause, la première condition ne serait elle non plus pas satisfaite ; or ici la première condition est remplie).

d) la variante shâddh (parfois également désignée comme : "wâhid") :
--- elle est rapportée par une chaîne qui est authentique jusqu'à la source voulue,
--- cependant elle ne peut pas être lue à partir de la graphie des copies uthmaniennes (Al-Itqân, p. 242).
Ainsi :
----- "wa-dh-dhakari wa-l-unthâ" (relaté par Abu-d-Dardâ en tant que variante récitée par le Prophète : al-Bukhârî, 4659, 4660) ;
----- "mâ ukhfiya lahum min qurrâti a'yun" (relaté par Abû Hurayra en tant que variante récitée par le Prophète : al-Hâkim : Al-Itqân, p. 242 ; voir aussi ce que al-Bukhârî a rapporté sous le n° 4501) ;
----- et bien d'autres exemples, que nous avons mentionnés dans l'autre article ;
– e) la variante shâddh :
--- elle est rapportée par une chaîne qui n'est pas authentique :
----- "malaka yawm ad-dîn" (Al-Itqân, p. 242) ;
– f) la variante mawdhû' :
--- il est établi qu'elle a été inventée [car n'ayant pas été enseignée] :
----- les variantes relatée par al-Khuzâ'î appartiennent à cette catégorie (Al-Itqân, p. 242).
Seules les deux premières (a & b) de ces catégories de variantes peuvent être récitées en tant que texte coranique.
-
Ces 2 catégories de variantes (a & b) sont constituées de l'ensemble de ce qui est relaté par 10 "écoles" :
Il s'agit des écoles dites de :
– Nâfi' (mort en 169 de l'hégire),
– Ibn Kathîr (mort en 120 de l'hégire),
– Ibn 'Âmir (mort en 118 de l'hégire)
– Abû 'Amr (mort en 154 de l'hégire),
– Hamza (mort en 156 de l'hégire),
– 'Âssim (mort en 127 de l'hégire),
– Kissâ'ï (mort en 189 de l'hégire),
– Ya'qûb (mort en 225 de l'hégire),
– Khalaf (mort en 229 de l'hégire),
– et Abû Ja'far (mort en 130 de l'hégire).
Les chaînes de transmission de chacun de ces grands référents remontant jusqu'à tel Compagnon du Prophète sont visibles dans An-Nashr fi-l-qirâ'ât il-'ashar, de Ibn ul-Jazarî.
Chacun de ces 10 grands référents a 2 élèves "transmetteurs-référents".
Ce qui nous donne en fait : 20 écoles de récitation (l'école de chaque "maître" n'existant que par ses 2 "transmetteurs-référents").
Ainsi :
--- Hafs est un élève de 'Âssim,
--- et Warsh est un élève de Nâfi'.

Seleucide

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Re: A propos des variantes de lecture du Coran

Ecrit le 02 mai17, 03:43

Message par Seleucide »

Citizenkan a écrit :Pour des questions pratiques, ramenez les exemples de variantes, qu'elles soient canoniques ou non, qui influent sur la théologie coranique, et nous en discuterons ici.
Pour revenir à la question traitée, à savoir s'il existe parmi les lectures canoniques des variantes modifiant la théologie coranique, je répondrai avec l'auteur par l'affirmative : bien qu'elles soient très rares, de telles variantes existent indubitablement. Je cite en effet, par exemple, p. 224 :

« The 8% of Active/Passive variants in the Qur’ān is very interesting since these variants could have theological implications in determing the subject of the verb or simply suppressing it by changing the voice. For example, (Q. 113:2) “min sharri mā khalaqa/khuliqa” would translate to (From the evil of that which He created) in the active voice, or to (From the evil of that which was created) in the passive voice. This difference in meaning would defnitely raise the question as to whether God could or could not, might or might not, create “evil”. Not surprisingly, we find a discussion on this subject in Fakhr al-Dīn al-Rāzi’s tafsīr. »

Autrement dit : suivant la lecture qu'on fera de Coran CXIII, 2, c'est-à-dire suivant la forme active ou passive que l'on accordera au verbe khalaqa, nous obtiendrons des théologies/théodicées coraniques complètement différentes.


http://www.forum-religion.org/post1158050.html#p1158050

J'en profite pour souligner qu'il est évident que nombre de lectures extra-canoniques (shawadhdh) peuvent modifier la théologie dans la mesure où celles-ci peuvent contenir des variantes, dites anormales, qui modifient le squelette consonantique du Coran, rasm.
Citizenkan a écrit :Ensuite, pour l'avis de ces savants illustres, je ne parle pas des variantes, mais du Coran même, cela démontre que le débat autour d'un point subsidiaire ne posait aucun problème, mais tous s'accorde à dire que le Coran est immuable et d'origine divine, en d'autres termes, cette divergence n'affecte en rien ce postulat...
D'accord, mais c'est hors-sujet.

Le sujet de ce topic concerne les variantes de lecture et non pas l'origine du Coran.
Citizenkan a écrit :Ensuite, le fait de s'attarder sur un auteur que j'utilise et qui ne constitue en rien la conclusion de mon étude, si ce n'est que partielle, n'est pas une dénonciation, si ce n'est que, peut-être, dan un monde virtuel où on s'accroche à ce qu'on peut !
Là encore, c'est hors-sujet.
Citizenkan a écrit :Pour le khabar ahad, on est d'accord, merci d'avoir dissipé l'amalgame, en sachant que vous n'étiez pas spécialement visé...
Il n'y a rien dans mes propos qui puisse alimenter un tel "amalgame".

La confusion provient de toi et de toi seul.
Citizenkan a écrit :Pour malik, ok, nous sommes d'accord, merci d'avoir dissipé l'amalgame, sauf que vous ramenez, et je l'ai constaté chez pas mal d'auteur, des parenthèses du genre : et cela peut poser problème pour la foi islamique, dans le sens où on jette un pavé dans la marre sans en ramener la preuve, mais l'essentiel est de laisser son auditoire perplexe, c'est le but recherché, maintenant j'attends les variantes qui ont une incidence théologique, merci.
Au-delà des possibles variantes théologiques, le principal problème soulevé par cette étude réside dans le fait que le rasm mutawatir ne peut être lu que par le moyen de lectures qui ne sont pas mutawatir. Autrement dit : non seulement ces lectures n'ont pas le même statut sacré que le rasm coranique, mais plus encore elles peuvent être remises en question et sont douteuses.

"In other words, one cannot read the Qur’ān without the canonical Readings; the Qur’ān is coded, and one needs these canonical Readings to decode it. In theory, the Qur’ān is mutawātir, i.e. it is absolute and it yields necessary and undisputed knowledge; however, the means by which the Qur’ān is decoded and read are not mutawātirah.", p. 111.
Citizenkan a écrit :Toute variante de récitation doit donc remplir désormais 3 conditions pour être récitée en tant que variante du texte coranique :
– 1) être établie par une chaîne de transmission authentique (sahîh) depuis sa source ;
– 2) pouvoir être récitée à partir de la graphie des copies uthmaniennes (ou au moins de l'une* de ces copies) ;
– 3) avoir été retenue par les spécialistes de la discipline.
Le problème, c'est que les conditions de validité d'une variante ont pu évoluer avec le temps, notamment pour l'isnad ou l'accord avec la langue arabe.
Citizenkan a écrit :– le texte"mutawâtir" ou "rapporté au tawâtur" : la définition de ce texte mutawâtir est la même que chez les muhaddithûn ; [...] – a) la variante mutawâtir :
--- elle est rapportée par un si grand nombre de personnes qu'il est impossible que cet ensemble de personnes se soient trompées. La présence de cette condition rend superflue les 2 autres conditions suscitées.
S'il existe des variantes mutawatir, elles doivent être relativement rares : des exemples seraient ici les bienvenus.

Cela étant, quant bien même cela serait, cela ne change rien au fait que les lectures canoniques ne sont pas mutawatir, et donc, que l'on peut douter d'elles même d'un point de vue islamique.
Citizenkan a écrit :Ces 2 catégories de variantes (a & b) sont constituées de l'ensemble de ce qui est relaté par 10 "écoles" : [...] Chacun de ces 10 grands référents a 2 élèves "transmetteurs-référents".
Ce qui nous donne en fait : 20 écoles de récitation (l'école de chaque "maître" n'existant que par ses 2 "transmetteurs-référents").
Pour être plus précis, chacun des lecteurs possède 2 transmetteurs canoniques.

Les anciens savants ne répugnaient pas à employer d'autres transmetteurs (i.e. qui transmettent un texte différent de la même lecteur d'un lecteur), mais comme il est mentionné plus haut, ceux-ci finirent par tomber dans l’oubli et par entrer dans les lectures apocryphes : « These variants were slowly vanishing from the standard Qirā'āt manuals and started infiltrating the shawādhdh works. », p. 135.

D'où ils résulte, comme je le disais plus haut, que le texte coranique que tu as sous les yeux est UNE version (due aux 2 seuls transmetteurs canoniques) d'UNE lecture (parmi les 7 canoniques et la masse innombrable de lectures apocryphes et possibles) du Coran.
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Re: A propos des variantes de lecture du Coran

Ecrit le 05 mai17, 12:27

Message par Thedjezeyri14 »

Suposons que les 7 versions apocryphe ait survecu et que 7 groupes de musulmans utilisaient chacun une versions . Quelle difference on aurait eut ??

Seleucide

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Re: A propos des variantes de lecture du Coran

Ecrit le 05 mai17, 21:57

Message par Seleucide »

Thedjezeyri14 a écrit :Suposons que les 7 versions apocryphe ait survecu et que 7 groupes de musulmans utilisaient chacun une versions . Quelle difference on aurait eut ??
Est-ce que tu parles de 7 versions transmises différemment d'une même lecture ou bien de 7 lectures ?
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yacoub

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Re: A propos des variantes de lecture du Coran

Ecrit le 06 mai17, 01:33

Message par yacoub »

Thedjezeyri14 a écrit :Supposons que les 7 versions apocryphes aient survécu et que 7 groupes de musulmans utilisaient chacun une versions . Quelle différence on aurait eu ??
Seuls les savants islamologues sont intéressés par ce débat.
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Re: A propos des variantes de lecture du Coran

Ecrit le 06 mai17, 09:54

Message par Thedjezeyri14 »

Seleucide a écrit : Est-ce que tu parles de 7 versions transmises différemment d'une même lecture ou bien de 7 lectures ?

Je parle du dexième cas , donc des 7 lectures

Seleucide

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Re: A propos des variantes de lecture du Coran

Ecrit le 10 mai17, 02:45

Message par Seleucide »

Thedjezeyri14 a écrit :Suposons que les 7 versions apocryphe ait survecu et que 7 groupes de musulmans utilisaient chacun une versions . Quelle difference on aurait eut ??
D'une part, il y a bien plus que 7 lectures apocryphes (= shawādhdh).

Il y avait un grand nombre de lectures qui circulaient avant cette canonisation (at-Tabari avait lui-même écrit un livre sur 20 lectures rapportées à 20 lecteurs éponymes, mais nous trouvons d’autres traités sur la question avec 25, 8, 5, 20 lecteurs/lectures, etc). Ces lectures pré-canoniques étaient parfois plus anciennes que celles sélectionnées par ibn Mujahid : elles circulaient librement sans aucune volonté de les limiter/restreindre (l’exégèse d’at-Tabari témoigne de cette époque relativement flexible quant à l'ijtihad (= effort d'interprétation) du texte, l’auteur utilisant des lectures qui deviendront « apocryphes » (shawadhdh) et rejetant comme ineptes d’autres qui deviendront canoniques).

D'autre part, il serait difficile de répondre à ta question car nous n'avons presque plus aucun vestige de ces premières et plus anciennes lectures du texte. A l'image des lectures canoniques ou apocryphes que l'on connaît aujourd'hui, il est cependant certain qu'il y aurait eu des différences de sens dans de nombreux versets et parfois, bien que relativement rarement, des divergences d'ordre théologique. Nous pouvons également noter les difficultés qu'un texte coranique pluriel pourrait engendrer dans la communauté musulmane, puisque chaque groupe se retrouverait en dernière instance avec une version différente du Coran. Ce serait alors l'échec de la codification et de l'unification du texte voulue par le calife Othman, tel que Bukhari le décrit : « Commandeur des fidèles, rattrape cette, umma avant qu’elle ne diverge sur l’Ecriture comme les juifs et les chrétiens ont divergé (sur leurs propres Écritures). »

De toute façon, cette divergence quant au décryptage du Coran demeure aujourd'hui comme hier, avec la seule différence qu'aujourd'hui, la masse et parfois même les intellectuels musulmans n'en ont pas conscience et croient naïvement que le texte qu'ils ont sous les yeux est intangible et a toujours été. En fait, il ne s'agit que d'une version parmi d'autres d'une lecture parmi d'autres du rasm coranique...
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Re: A propos des variantes de lecture du Coran

Ecrit le 10 mai17, 04:18

Message par Galileo »

Je suis certain qu'il doit y avoir aussi 7 versions de la Belle au bois dormant

Seleucide

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Re: A propos des variantes de lecture du Coran

Ecrit le 11 mai17, 07:59

Message par Seleucide »

Quel est l'intérêt d'un tel message ?
Il faut d'abord avoir raison. Une idée fausse est une idée fausse.

Thedjezeyri14

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Re: A propos des variantes de lecture du Coran

Ecrit le 11 mai17, 08:35

Message par Thedjezeyri14 »

Seleucide a écrit :Quel est l'intérêt d'un tel message ?

Je suis d'accord avec toi la masse musulmane est bien ignorante concernant ce sujet et j'ai l'impression que c'est un mensonge volentaire des savants qui croient les proteger avec ce mensonge . Ceci étant dit j'ai longtemps étudié ces variantes et je suis arrivé au constat que de telles études ne nous sert a rien tant qu'elle ne nous presentent pas une difference théologique d'entre les lecture ou encore mieu des differences juridiques au niveau du Fiqh.

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