Dans l'expression "Dieu fort", la majuscule 'D' souligne le
'nom' qui est donné au Messie, comme d'ailleurs c'est le cas des majuscules employées dans les expressions "Conseiller merveilleux", "Père éternel", "Prince de paix", rencontrées dans le même verset. Lorsque la
Traduction du monde nouveau emploie un 'd' minuscule dans le mot 'dieu' utilisé à propos de Jésus, c'est pour souligner la
nature divine de celui-ci, ou encore la
classe des êtres divins à laquelle Jésus appartient. Pour de plus amples renseignements, consulter les articles "
Jean 1:1" et "
Les Allemands, les témoins de Jéhovah et Jean 1:1" sur
mon site.
Ces passages montrent, sans ambiguité, la
divinité de Jésus, ce que les Témoins de Jéhovah reconnaissent
volontiers. Toutefois, il est intéressant de remarquer que si l'expression 'Dieu fort' (hébreu:
´Él Gibbôr) s'applique à Jésus, selon Isaïe 9:6, seul Jéhovah est qualifié de 'Dieu Tout-Puissant' (héb.
´Él Shadday) dans les Ecritures (Gn 17:1 ; 28:3 ; 35:11 ; 43:14 ; 48:3 ; Ex 6:3 ; Éz 10:5.).
Si, par les expressions "Dieu fort" et "Père éternel", Isaïe 9:6 identifiait Jésus au Père (le Dieu qu'adoraient les Juifs), de nombreux passages du livre d'Isaïe n'auraient aucun sens. Par exemple, selon Isaïe 9:6,7, à propos du pouvoir que recevrait le Messie, du nom qui allait lui être donné, et de l'étendue de sa domination, la Bible précise ce qui rendrait possible l'accomplissement de cette prophétie: "
l'ardeur de IHVH Sebaot fera cela". (Isaïe 9:6;
Chouraqui). Ainsi donc, la position prééminente qui serait conférée à Jésus, selon ce passage, ne pourrait devenir réalité que grâce à "l'ardeur" ("le zèle",
Traduction du monde nouveau) de "IHVH Sebaot", le Dieu Tout-Puissant.
Un peu plus loin, en Isaie 11:1-3, nous lisons, toujours à propos de Jésus: "
Un rejeton sortira de la souche de Jessé, un surgeon poussera de ses racines. Sur lui reposera l'Esprit de Yahvé, esprit de sagesse et d'intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte de Yahvé: son inspiration est dans la crainte de Yahvé" (
Bible de Jérusalem). Si Isaïe avait identifié Jésus au Père (c'est à dire Dieu lui-même), en quel sens devait-il avoir la "crainte de Yahvé"? En réalité, comme l'explique Paul en Hébreux 5:7, Jésus avait la "crainte de Dieu", car il reconnaissait en Lui son seul secours.
Dans d'autres passages du livre d'Isaïe, Jésus est appelé, par Dieu, "mon serviteur" (Is. 42:1; 52:13; 53:11). Cette expression ne conviendrait sûrement pas si Jésus s'identifiait au Père. De même, en Isaïe 61:1, celui qui confère l'onction, Dieu le Père, est différent (sur le plan de
l'identité et de la
position) de celui qui la reçoit, Jésus.
Eu égard à ce qui précède, on est donc en droit de se demander en quel sens Jésus est appelé 'Père éternel', selon Isaïe 9:6 (9:5, selon certaines versions)?
La Tour de Garde du 1° Janvier 1984, faisait à ce propos, le commentaire suivant:
"
Rappelons tout d’abord qu’Adam était le père de tout le genre humain. Cependant, il laissa échapper la possibilité qui lui était offerte de devenir son “père éternel” lorsqu’il tomba dans le péché. En effet, il n’était dès lors plus en mesure de léguer la vie éternelle à ses descendants. Jésus, par contre, n’a pas commis de péché. De plus, en sacrifiant sa vie immaculée en faveur des humains, il a ouvert la perspective de la vie éternelle à ceux qui exercent la foi (Jean 3:16; I Jean 2:2). C’est en vertu de ce sacrifice qu’il leur accordera la vie sans fin qu’Adam n’a pas pu leur transmettre. Voilà pourquoi la Bible l’appelle “le dernier Adam” et parle de lui comme d’“un esprit donnant la vie”. (I Corinthiens 15:45.) C’est donc légitimement qu’il est décrit comme le “Père éternel” des humains parfaits qui peupleront finalement la terre."
Quant au terme 'éternel', il ne contredit pas nécessairement l'enseignement selon lequel Jésus a eu un
commencement (consulter sur
mon site, les articles "
Colossiens 1:16-20" et "
Révélation 3:14"). En effet, le terme hébreu
'adh' rendu par 'éternel' en Isaïe 9:6 (5), signifie "perpétuité", selon l'ouvrage
The New Brown-Driver-Briggs-Gesenius Hebrew English Lexicon, p. 723. S'il s'emploie parfois pour désigner le caractère de ce qui n'a ni commencement ni fin, comme dans le cas de l'existence de Dieu (Isaïe 57:15), ce terme peut aussi qualifier ce qui présente un point de départ dans le temps, et qui dure à perpétuité, pour toujours. Par exemple, en Isaïe 47:7, l'orgueilleuse ville de Babylone se disait en elle-même: "
A jamais je serai souveraine éternelle" (
Bible de Jérusalem). Le terme
'adh' est ici employé pour exprimer la prétendue 'éternité' à laquelle la ville de Babylone aspirait. Toutefois, il est clair, dans ce cas, que ce mot n'est pas employé au sens d'une durée éternelle
sans commencement. On trouvera d'autres exemples où
'adh' est utilisé de manière similaire, en Prov. 29:14; Is. 65:18; Ps. 132:12 etc...
Bien cordialement,
Didier