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Évangile et évhémérisme

Posté : 20 juin17, 02:41
par Saint Glinglin
  • Considérations sur l'exégèse évhémériste de notre ami Spin
L'évhémérisme :

http://www.universalis.fr/encyclopedie/evhemerisme/

http://www.cosmovisions.com/Evhemerisme.htm

https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9o ... stronautes

La littérature de Spin :

http://daruc.pagesperso-orange.fr/divers/jesusroi.htm
Spin a écrit :26 Mai 2005

"Qu'on les égorge en ma présence"
(Luc, 19, 27)
Une parabole, vraiment ?

Cela fait près de 30 ans que j'hésite à en faire état. Il est vrai qu'il y a plus de deux siècles que Reimarus a soulevé (le premier à ma connaissance) la question. On en pensera ce qu'on voudra, pour l'instant je ne vois guère d'autre réponse que celles ci-après..
Il est vrai qu'on l'oublie :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Hermann_Samuel_Reimarus

Mais plus tard il y a eu Bruno Bauer :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bruno_Bauer
Quant à mes ennemis, ceux qui n'ont pas voulu que je règne sur eux, amenez-les ici, et égorgez-les en ma présence. (Luc, 19, 27).

C'est bien dans la bouche de Jésus. Et alors ? C'est la fin d'une parabole, une histoire inventée dans un but d'enseignement.

Mais est-ce si simple ? D'abord, la parabole en question, dite "des mines" se passe très bien de cet épilogue (voir Matthieu 25).
Mt 25.45 Et il leur répondra: Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous n'avez pas fait ces choses à l'un de ces plus petits, c'est à moi que vous ne les avez pas faites.
25.46 Et ceux-ci iront au châtiment éternel, mais les justes à la vie éternelle.

C'est dit autrement mais tout aussi violent.
Et puis, quelques questions.

1) Y a-t-il des circonstances où Jésus est considéré comme un potentiel roi des Juifs ?
Oui, beaucoup. Voir par exemple Matthieu 2, 2, Matthieu, 21, 4-5, Marc, 15, 2, Jean, 19, 12, Jean, 19, 19, Actes, 1, 6, etc.
  • Mt 21.5 Dites à la fille de Sion: Voici, ton roi vient à toi, Plein de douceur, et monté sur un âne, Sur un ânon, le petit d'une ânesse.
http://www.info-bible.org/lsg/38.Zacharie.html#9

Ici, le roi est Dieu.
  • Mt 2.2 et dirent: Où est le roi des Juifs qui vient de naître? car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus pour l'adorer.

    Mc 15.2 Pilate l'interrogea: Es-tu le roi des Juifs? Jésus lui répondit: Tu le dis.

    Jn 19.19 Pilate fit une inscription, qu'il plaça sur la croix, et qui était ainsi conçue: Jésus le Nazaréen, roi des Juifs.
Idem dans tous ces cas :

Is 44.6 Ainsi parle l'Éternel, roi d'Israël et son rédempteur, L'Éternel des armées: Je suis le premier et je suis le dernier, Et hors moi il n'y a point de Dieu.

So 3.15 L'Éternel a détourné tes châtiments, Il a éloigné ton ennemi; Le roi d'Israël, l'Éternel, est au milieu de toi; Tu n'as plus de malheur à éprouver.
  • Jn 19.12 Dès ce moment, Pilate cherchait à le relâcher. Mais les Juifs criaient: Si tu le relâches, tu n'es pas ami de César. Quiconque se fait roi se déclare contre César.
Ici, les prince d'Israël s'allient à César contre l'Oint :

Ps 2.2 Pourquoi les rois de la terre se soulèvent-ils Et les princes se liguent-ils avec eux Contre l'Éternel et contre son oint ?
  • Ac 1.6 Alors les apôtres réunis lui demandèrent: Seigneur, est-ce en ce temps que tu rétabliras le royaume d'Israël ?1.7 Il leur répondit: Ce n'est pas à vous de connaître les temps ou les moments que le Père a fixés de sa propre autorité.
Ici, les apôtres représentent le messianisme politique si cher à Spin et Jésus leur répond en parlant de royaume divin.
2) Y a-t-il des circonstances où Jesus prêche la violence ?
Oui. Matthieu, 10, 34, Luc, 22, 36.
Mt 10.34 Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l'épée.
10.35 Car je suis venu mettre la division entre l'homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère;

Constater que prêcher une théologie contraire à l'ordre du monde ne peut que faire des dégâts n'est pas prêcher la violence.

Lc 22.36 Et il leur dit: Maintenant, au contraire, que celui qui a une bourse la prenne et que celui qui a un sac le prenne également, que celui qui n'a point d'épée vende son vêtement et achète une épée.
22.37 Car, je vous le dis, il faut que cette parole qui est écrite s'accomplisse en moi: Il a été mis au nombre des malfaiteurs. Et ce qui me concerne est sur le point d'arriver.

Ceci est tout à fait autre chose : la prophétie disait :

Is 53.9 On a mis son sépulcre parmi les méchants, Son tombeau avec le riche, Quoiqu'il n'eût point commis de violence Et qu'il n'y eût point de fraude dans sa bouche.

53.12 C'est pourquoi je lui donnerai sa part avec les grands; Il partagera le butin avec les puissants, Parce qu'il s'est livré lui-même à la mort, Et qu'il a été mis au nombre des malfaiteurs, Parce qu'il a porté les péchés de beaucoup d'hommes, Et qu'il a intercédé pour les coupables.

Donc Marc et Matthieu le crucifient entre deux voleurs pour qu'il soit compté parmi les méchants sans être méchant lui-même.

Luc fait se convertir un des deux malfaiteurs en s'inspirant d'un épisode de la vie du patriarche Joseph.

Un interpolateur de Luc trouve alors que la prophétie n'est pas accomplie puisque les malfaiteurs ne sont plus au pluriel. Et il invente cet épisode malheureux où l'Agneau sans tache se retrouve entaché de culpabilité.
3) Au moment où il prononce cette phrase, Jésus est-il en mesure de faire exécuter des opposants politiques ?
Cela se passe à Jéricho.
Négatif. Cela se passe après la Cène.
Une foule nombreuse acclame Jésus comme roi, au point qu'un de ses admirateurs, de petite taille, doit monter à un arbre pour l'apercevoir. Aussitôt après Jésus se met en route pour Jérusalem, toujours sous les acclamations. S'il est un moment dans les Evangiles où un tel ordre de mise à mort d'opposants peut être réaliste, c'est bien celui-là.
Mais cette interpolation est placée bien plus tardivement.
4) Et l'arrestation de Jésus ?

Il semble que Jésus ait decidé de se laisser arrêter, ne permettant pas aux apôtres de combattre. Et dès lors, son objectif ne pouvait être un trône terrestre.
Son objectif a toujours été d'être crucifié afin de vaincre la mort.
Mais lisons cela dans Marc, 14, dont la version est la plus réaliste. Jesus ne dit pas : "Très bien ! Je désire justement que vous m'arrêtiez." Il dit : "Suis-je un brigand, que vous vous soyez mis en campagne avec des glaives et des bâtons pour me saisir ! Chaque jour j'étais auprès de vous dans le Temple, à enseigner, et vous ne m'avez pas arrêté. Mais c'est pour que les Ecritures s'accomplissent." (Marc, 14, 48-49)
Ce discours vient d'une couche de Luc et a été ensuite introduit chez Marc et Matthieu.

En effet, chez Luc Jésus tient ce discours avant d'être embarqué :

Lc 22.52 Jésus dit ensuite aux principaux sacrificateurs...
22.54 Après avoir saisi Jésus, ils l'emmenèrent,

Chez les autres il est déjà capturé :

Mc 14.46 Alors ces gens mirent la main sur Jésus, et le saisirent.
14.48 Jésus, prenant la parole, leur dit: Vous êtes venus, comme après un brigand...

Mt 26.50 Jésus lui dit: Mon ami, ce que tu es venu faire, fais-le. Alors ces gens s'avancèrent, mirent la main sur Jésus, et le saisirent.
26.55 En ce moment, Jésus dit à la foule: Vous êtes venus, comme après un brigand...

Notons que Jean ignore ce discours.
Imaginez un instant que Jésus attendait d'eux non pas qu'ils l'arrêtent mais au contraire qu'ils se joignent à lui, qu'ils le suivent. Que pouvait-il dire ? D'abord, sous peine de paraître coupé de la réalité, il devait admettre qu'ils ne venaient pas en amis. Ensuite, il devait leur donner une puissante raison de se rallier à lui. Quelle raison ? Il ne pouvait guère en trouver que dans les Ecritures, référence commune admise par ceux qui venaient l'arrêter, la Garde du Temple, des juifs. Mais alors les apôtres ne comprennent plus et s'enfuient. Nous ne saurons jamais quel passage des Ecritures Jésus voulait invoquer.
Tu inventes que Jésus aurait dû invoquer un passage des Ecritures pour ne pas se laisser arrêter et tu es bien incapable d'en fournir le moindre verset.

Et ensuite tu écris "Mais alors les apôtres ne comprennent plus et s'enfuient" visiblement sans savoir que cela vient d'une prophétie : Frappe le pasteur, et que les brebis se dispersent. Za 13.7
5) Et "Rendez à César ce qui est à César" ?

On demande à Jésus de clarifier sa position : est-il pour ou contre les Romains ? "Est-il permis ou non de payer l'impôt à César ?" Il élude en fait la question. Les juifs orthodoxes rejetaient la monnaie romaine précisément parce qu'elle montrait l'image d'un homme. (Matthieu, 22, 17-21).
Et donc cette scène n'a pu avoir lieu faute de monnaie romaine à Jérusalem.
6) Et l'attitude de Pilate ?

Des juifs exigent de Pilate qu'il juge Jésus et le condamne à mort. Il se montre réticent, mais ils l'y obligent en le menaçant d'alerter César (Tibère à ce moment). Et alors ? Il y a un roi, au moins pour la Galilée, Hérode. Jésus est supposé vouloir la place d'Hérode. Pilate peut préférer Jésus à Hérode, s'il est davantage accepté par le peuple (et aussi coopératif).
Hérode le grand était roi. Archelaos était ethnarque. Les autres étaient tétrarques.
En 41, Agrippa récupère de Claude le titre de roi et tout le territoire d'Hérode le grand.

Et donc Jésus n'aurait pu récupérer que l'ethnarchie d'Archélaos qu'administrait Pilate.

Mais nous ne sommes pas dans une chronique politique.

Nous sommes dans un récit théologique où le grand prêtre Pilate envoie l'Agneau au sacrifice après ne lui avoir trouvé aucune tache.

Pour plus de sûreté, Luc glisse une accusation mensongère ne servant qu'à invalider le procès et à faire triompher la théologie :

Lc 23.2 Ils se mirent à l'accuser, disant: Nous avons trouvé cet homme excitant notre nation à la révolte, empêchant de payer le tribut à César, et se disant lui-même Christ, roi.

Is 53.9 On a mis son sépulcre parmi les méchants, Son tombeau avec le riche, Quoiqu'il n'eût point commis de violence Et qu'il n'y eût point de fraude dans sa bouche.
7) Trouve-t-on quelque chose confortant cette idée de Pilate envisageant de remplacer Hérode par Jésus ?
Oui. Le procès et la condamnation de Jésus provoquent une réconciliation entre Hérode et Pilate : "Et, ce même jour, Hérode et Pilate devinrent deux amis, d'ennemis qu'ils étaient auparavant." (Luc, 23, 12).
C'est dans l'Evangile de Jean que l'ordre est le plus logique :

- pas de charges réelles contre l'Agneau sans tache :

18.29 Pilate sortit donc pour aller à eux, et il dit: Quelle accusation portez-vous contre cet homme?
18.30 Ils lui répondirent: Si ce n'était pas un malfaiteur, nous ne te l'aurions pas livré.

- examen de l'Agneau et constat qu'il n'a pas de tache;

Pilate est obligé de faire une triple constatation comme Pierre un triple reniement :

18.38 Pilate lui dit: Qu'est-ce que la vérité? Après avoir dit cela, il sortit de nouveau pour aller vers les Juifs, et il leur dit: Je ne trouve aucun crime en lui.

19.4 Pilate sortit de nouveau, et dit aux Juifs: Voici, je vous l'amène dehors, afin que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun crime.

19.6 Lorsque les principaux sacrificateurs et les huissiers le virent, ils s'écrièrent: Crucifie! crucifie! Pilate leur dit: Prenez-le vous-mêmes, et crucifiez-le; car moi, je ne trouve point de crime en lui.

Dans le cadre d'un rituel, les versets 14 et 16 se suivent. L'apostasie du verset 15 est un ajout :

19.14 C'était la préparation de la Pâque, et environ la sixième heure. Pilate dit aux Juifs: Voici votre roi.
19.15 Mais ils s'écrièrent: Ote, ôte, crucifie-le! Pilate leur dit: Crucifierai-je votre roi? Les principaux sacrificateurs répondirent: Nous n'avons de roi que César.
19.16 Alors il le leur livra pour être crucifié. Ils prirent donc Jésus, et l'emmenèrent.

- envoi de l'agneau au sacrifice :

19.16 Alors il le leur livra pour être crucifié. Ils prirent donc Jésus, et l'emmenèrent.

L'épisode de Barabbas est mal placé dans Jean (avant le verdict sur Jésus).
Il est donc importé des Synoptiques par souci d'harmonisation.

Dans les Synoptiques, c'est dans Luc que l'examen de l'Agneau est le mieux traité :

Lc 23.14 Vous m'avez amené cet homme comme excitant le peuple à la révolte. Et voici, je l'ai interrogé devant vous, et je ne l'ai trouvé coupable d'aucune des choses dont vous l'accusez;

Curieusement dans Marc et Matthieu, il délègue son rôle à la foule : "Vous voyez une tache, vous ?"

Mc 15.14 Pilate leur dit: Quel mal a-t-il fait? Et ils crièrent encore plus fort: Crucifie-le!

Mt 27.23 Le gouverneur dit: Mais quel mal a-t-il fait? Et ils crièrent encore plus fort: Qu'il soit crucifié!

Evidemment, envoyer au supplice quelqu'un dont on vient de constater l'innocence, ça fait désordre.

D'où l'introduction du rituel des deux boucs :

Lv 16.7 [Aaron] prendra les deux boucs, et il les placera devant l'Éternel, à l'entrée de la tente d'assignation.
16.8 Aaron jettera le sort sur les deux boucs, un sort pour l'Éternel et un sort pour Azazel.
16.9 Aaron fera approcher le bouc sur lequel est tombé le sort pour l'Éternel, et il l'offrira en sacrifice d'expiation.
16.10 Et le bouc sur lequel est tombé le sort pour Azazel sera placé vivant devant l'Éternel, afin qu'il serve à faire l'expiation et qu'il soit lâché dans le désert pour Azazel.

Les deux boucs doivent être semblables.

Donc l'un s'appelle Jésus Bar Abbas et il est chargé de péchés et envoyé au désert.
Et l'autre s'appelle Jésus fils du Père et est sacrifié.

Ensuite le sacrificateur se lave les mains en clamant son innocence :

Dt 21.6 Tous les anciens de cette ville la plus rapprochée du cadavre laveront leurs mains sur la génisse à laquelle on a brisé la nuque dans le torrent.
21.7  Et prenant la parole, ils diront: Nos mains n'ont point répandu ce sang et nos yeux ne l'ont point vu répandre.

Mt 27.24 Pilate, voyant qu'il ne gagnait rien, mais que le tumulte augmentait, prit de l'eau, se lava les mains en présence de la foule, et dit: Je suis innocent du sang de ce juste. Cela vous regarde.

Ensuite, le sacrificateur conclut la cérémonie :

Ex 24.8  Moïse prit le sang, et il le répandit sur le peuple, en disant: Voici le sang de l'alliance que l'Éternel a faite avec vous selon toutes ces paroles.

Mt 27.25 Et tout le peuple répondit : Son sang sur nous et sur nos enfants!

Voici pour ce drame sacré qui n'a rien de politique.

Autre trouvaille :
Oui. Le procès et la condamnation de Jésus provoquent une réconciliation entre Hérode et Pilate : "Et, ce même jour, Hérode et Pilate devinrent deux amis, d'ennemis qu'ils étaient auparavant." (Luc, 23, 12).
Nous avons un célèbre épisode tiré de la fête des Sacées

Mc 15.16 Les soldats conduisirent Jésus dans l'intérieur de la cour, c'est-à-dire, dans le prétoire, et ils assemblèrent toute la cohorte.
15.17 Ils le revêtirent de pourpre, et posèrent sur sa tête une couronne d'épines, qu'ils avaient tressée.
15.18 Puis ils se mirent à le saluer: Salut, roi des Juifs!
15.19 Et ils lui frappaient la tête avec un roseau, crachaient sur lui, et, fléchissant les genoux, ils se prosternaient devant lui.
15.20 Après s'être ainsi moqués de lui, ils lui ôtèrent la pourpre, lui remirent ses vêtements, et l'emmenèrent pour le crucifier.

Mt 27.27 Les soldats du gouverneur conduisirent Jésus dans le prétoire, et ils assemblèrent autour de lui toute la cohorte.
27.28 Ils lui ôtèrent ses vêtements, et le couvrirent d'un manteau écarlate.
27.29 Ils tressèrent une couronne d'épines, qu'ils posèrent sur sa tête, et ils lui mirent un roseau dans la main droite; puis, s'agenouillant devant lui, ils le raillaient, en disant: Salut, roi des Juifs!
27.30 Et ils crachaient contre lui, prenaient le roseau, et frappaient sur sa tête.
27.31 Après s'être ainsi moqués de lui, ils lui ôtèrent le manteau, lui remirent ses vêtements, et l'emmenèrent pour le crucifier.

Jn 19.2 Les soldats tressèrent une couronne d'épines qu'ils posèrent sur sa tête, et ils le revêtirent d'un manteau de pourpre; puis, s'approchant de lui,
19.3 ils disaient: Salut, roi des Juifs! Et ils lui donnaient des soufflets.
19.4 Pilate sortit de nouveau, et dit aux Juifs: Voici, je vous l'amène dehors, afin que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun crime.
19.5 Jésus sortit donc, portant la couronne d'épines et le manteau de pourpre. Et Pilate leur dit: Voici l'homme.

C'est Jean qui a la meilleure mise en scène. Bien que ce soit concis, je penche pour y voir la version originale.

Dans Luc, Pilate trouve le moyen d'interrompre l'audience pour envoyer Jésus jouer aux Sacées chez Hérode :

23.1 Ils se levèrent tous, et ils conduisirent Jésus devant Pilate.
23.2 Ils se mirent à l'accuser, disant: Nous avons trouvé cet homme excitant notre nation à la révolte, empêchant de payer le tribut à César, et se disant lui-même Christ, roi.
23.3 Pilate l'interrogea, en ces termes: Es-tu le roi des Juifs? Jésus lui répondit: Tu le dis.
23.4 Pilate dit aux principaux sacrificateurs et à la foule: Je ne trouve rien de coupable en cet homme.
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23.5 Mais ils insistèrent, et dirent: Il soulève le peuple, en enseignant par toute la Judée, depuis la Galilée, où il a commencé, jusqu'ici.
23.6 Quand Pilate entendit parler de la Galilée, il demanda si cet homme était Galiléen;
23.7 et, ayant appris qu'il était de la juridiction d'Hérode, il le renvoya à Hérode, qui se trouvait aussi à Jérusalem en ces jours-là.
23.8 Lorsque Hérode vit Jésus, il en eut une grande joie; car depuis longtemps, il désirait le voir, à cause de ce qu'il avait entendu dire de lui, et il espérait qu'il le verrait faire quelque miracle.
23.9 Il lui adressa beaucoup de questions; mais Jésus ne lui répondit rien.
23.10 Les principaux sacrificateurs et les scribes étaient là, et l'accusaient avec violence.
23.11 Hérode, avec ses gardes, le traita avec mépris; et, après s'être moqué de lui et l'avoir revêtu d'un habit éclatant, il le renvoya à Pilate.
23.12 Ce jour même, Pilate et Hérode devinrent amis, d'ennemis qu'ils étaient auparavant.
23.13 Pilate, ayant assemblé les principaux sacrificateurs, les magistrats, et le peuple, leur dit:
23.14 Vous m'avez amené cet homme comme excitant le peuple à la révolte. Et voici, je l'ai interrogé devant vous, et je ne l'ai trouvé coupable d'aucune des choses dont vous l'accusez;
23.15 Hérode non plus, car il nous l'a renvoyé, et voici, cet homme n'a rien fait qui soit digne de mort.
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23.16 Je le relâcherai donc, après l'avoir fait battre de verges.

Cette trouvaille n'était peut-être même pas dans le Luc original vu la manière évidente dont se succèdent les versets 4 et 16.

Et bien que ce soit Hérode qui ait donné le manteau, on retrouve des débris de soldats moqueurs sur le Golgotha :

23.33 Lorsqu'ils furent arrivés au lieu appelé Crâne, ils le crucifièrent là, ainsi que les deux malfaiteurs, l'un à droite, l'autre à gauche.
23.34 Jésus dit: Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font. Ils se partagèrent ses vêtements, en tirant au sort.
23.35 Le peuple se tenait là, et regardait. Les magistrats se moquaient de Jésus, disant: Il a sauvé les autres; qu'il se sauve lui-même, s'il est le Christ, l'élu de Dieu!
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23.36 Les soldats aussi se moquaient de lui; s'approchant et lui présentant du vinaigre,
23.37 ils disaient: Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même!
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23.38 Il y avait au-dessus de lui cette inscription: Celui-ci est le roi des Juifs.
23.39 L'un des malfaiteurs crucifiés l'injuriait, disant: N'es-tu pas le Christ? Sauve-toi toi-même, et sauve-nous!

Bref : il y a un moine qui a voulu doter l'Ecce Homo de Luc d'un manteau qu'il n'avait pas et qui a inventé un épisode extravagant pour le lui fournir.

Notons au passage qu'au début de Luc Joseph trouve le moyen de quitter la Galilée pour se faire inscrire comme Judéen à Bethléem et que Jésus naît là-bas pour accomplir une prophétie. Jésus est donc Judéen.
Et il se retrouverait ensuite sujet galiléen pour qu'Hérode lui fasse un petit bonjour ?
8) Et "Mon royaume n'est pas de ce monde" ?

La citation complète est : "Mon royaume n'est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes gens auraient combattu pour que je ne sois pas livré aux Juifs. Mais mon royaume n'est pas d'ici." (Jean, 18, 36) Quand il le dit, devant Pilate, ce peut être aussi bien le constat de son échec.
La méthode Spin jusqu'à la caricature : on pioche un verset sans lui chercher de contexte et on lui fait dire ce qu'on veut.

Quelqu'un qui aurait étudié les Evangiles aurait trouvé une cohérence dans ce refus du monde lorsque Jésus prêche la mendicité plutôt que le travail et le célibat au lieu de l'entretien d'une famille.

Mais Spin décrète que Jésus était au départ sûr de devenir roi de Judée et donc qu'il pensait régner sur un état où personne ne travaillerait et où la démographie subirait une chute verticale. Quel fin politique, ce Jésus !
9) Et la résurrection ?

Une crucifixion n'était pas forcément mortelle. Il y a un exemple, dans Flavius Josèphe, d'un crucifié, décloué, et qui survit. Un état de mort apparente qui trompe même des médecins, cela se voit même aujourd'hui.
La crucifixion est au centre du système : Jésus ne peut être ni lapidé, ni étranglé, ni décapité, ni écartelé, etc

C'est même le seul épisode de la vie du Christ que connaît Paul.

Gal 3.13 Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous-car il est écrit: Maudit est quiconque est pendu au bois

Col 2.13 Vous qui étiez morts par vos offenses et par l'incirconcision de votre chair, il vous a rendus à la vie avec lui, en nous faisant grâce pour toutes nos offenses;
2.14 il a effacé l'acte dont les ordonnances nous condamnaient et qui subsistait contre nous, et il l'a détruit en le clouant à la croix;
2.15 il a dépouillé les dominations et les autorités, et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d'elles par la croix.

On trouve même une médaille gnostique où Jésus est empalé sur deux baguettes dont l'une lui sort par la bouche.

Jésus fut étendu sur la croix, d’une manière très semblable à celle qu’ils ont employée pour empaler leur agneau pascal afin de le rôtir.
http://bibletude.free.fr/SION/1974%20PAQUE.html

Je sais que l'agneau pascal est empalé ainsi sur deux baguettes mais je n'ai pas trouvé d'autre source.

Et donc une fois mis à mort, il ressuscite parce qu'il a le pouvoir de vaincre la mort n'étant pas de ce monde de mort et étant descendu des cieux avec une apparence de chair pour être pris pour un mortel par les princes de ce monde :

1 Cor 2.6 Cependant, c'est une sagesse que nous prêchons parmi les parfaits, sagesse qui n'est pas de ce siècle, ni des chefs de ce siècle, qui vont être anéantis;
7 nous prêchons la sagesse de Dieu, mystérieuse et cachée, que Dieu, avant les siècles, avait destinée pour notre gloire,
8 sagesse qu'aucun des chefs de ce siècle n'a connue, car, s'ils l'eussent connue, ils n'auraient pas crucifié le Seigneur de gloire.
10) Et les miracles ?

Il est banal que des prodiges soient de plus en plus ajoutés aux histoires concernant des personnages célèbres et vénérés. Dans les Evangiles, la majorité des miracles est racontée brièvement, et on ne signale aucun étonnement, comme si c'était normal. Il y a deux exceptions. La première est la résurrection (voir plus haut). La seconde est la guérison de l'aveugle, dans Jean. Il y a une méthode élaborée : "Ayant dit cela, il cracha à terre, fit de la boue avec sa salive, enduisit avec cette boue les yeux de l'aveugle, et lui dit : "Va te laver à la piscine de Siloé" - ce qui veut dire : Envoyé. L'aveugle s'en alla donc, il se lava et revint en voyant clair." (Jean, 9, 6-7). Suit une longue discussion sur le sens de cet événement. Il n'est pas absurde que certaines affections de la cornée puissent être soignées ainsi. Tacite nous apprend que l'empereur romain Vespasien a un jour guéri un aveugle avec sa salive. Bref, les miracles les plus détaillés et circonstanciés dans les Evangiles, ceux dont l'impact allégué est le plus grand, sont aussi les plus faciles à expliquer "rationnellement".
Dans les Evangiles, les sourds sont les païens parce que leurs idoles sont sourdes.

Les aveugles sont les Juifs parce qu'ils ont des écritures mais sont censés ne rien comprendre à la volonté de Dieu.

L'Evangile de Jean le dit expressément en citant Isaïe :

12.37 Malgré tant de miracles qu'il avait faits en leur présence, ils ne croyaient pas en lui,
12.38 afin que s'accomplît la parole qu'Ésaïe, le prophète, a prononcée: Seigneur, Qui a cru à notre prédication? Et à qui le bras du Seigneur a-t-il été révélé?
12.39 Aussi ne pouvaient-ils croire, parce qu'Ésaïe a dit encore:
12.40 Il a aveuglé leurs yeux; et il a endurci leur coeur, De peur qu'ils ne voient des yeux, Qu'ils ne comprennent du coeur, Qu'ils ne se convertissent, et que je ne les guérisse.

Voyons ici :

Mc 7.31 Jésus quitta le territoire de Tyr, et revint par Sidon vers la mer de Galilée, en traversant le pays de la Décapole.
7.32 On lui amena un sourd, qui avait de la difficulté à parler, et on le pria de lui imposer les mains.

Nous sommes en pays païen et donc on y trouve des sourds.

Mc 8.22 Ils se rendirent à Bethsaïda et on amena vers Jésus un aveugle, qu'on le pria de toucher.

Bethsaïde est sur la rive juive de la mer de Galilée.

Mc 10.46 Ils arrivèrent à Jéricho. Et, lorsque Jésus en sortit, avec ses disciples et une assez grande foule, le fils de Timée, Bartimée, mendiant aveugle, était assis au bord du chemin.

A Jéricho, nous sommes en Judée.

Mt 21.4 Des aveugles et des boiteux s'approchèrent de lui dans le temple. Et il les guérit.

Comme nous sommes dans le temple, il n'y a pas de sourds.

Et ici :

Jn 5.2 Or, à Jérusalem, près de la porte des brebis, il y a une piscine qui s'appelle en hébreu Béthesda, et qui a cinq portiques.
5.3 Sous ces portiques étaient couchés en grand nombre des malades, des aveugles, des boiteux, des paralytiques, qui attendaient le mouvement de l'eau;

Pas de sourds car la scène est à Jérusalem.

Un boiteux doit être un prosélyte car pas tout à fait Juif mais non païen :

Pr 26.7 Comme les jambes du boiteux sont faibles, ainsi est une sentence dans la bouche des insensés.

Mi 4.6 En ce jour-là, dit l'Éternel, je recueillerai les boiteux,
je rassemblerai ceux qui étaient chassés, ceux que j'avais maltraités.
4.7 Des boiteux je ferai un reste, de ceux qui étaient chassés une nation puissante;
Et l'Éternel régnera sur eux, à la montagne de Sion, dès lors et pour toujours.

Alors Vespasien et sa salive....
11) Et "Heureux les doux", "Tends l'autre joue", etc. ?

Peut-on soupçonner de visées politiques, au besoin par la violence, quelqu'un qui a prononcé autant de magnifiques et sages paroles allant toutes dans le sens de la paix, du pardon, de la fraternité même avec les ennemis, etc. ? Autre façon de formuler la question : connaît-on des gens capables d'énoncer de façon péremptoire de grands et sages principes moraux, et de ne pas en tenir compte eux-mêmes quand leur intérêt le commande ? La réponse est oui. Ces gens existent et sont bien connus et étudiés par la psychologie. Jésus, tel qu'il se présente dans les Evangiles, ressemble-t-il à ces gens ? Cela demande un développement particulier.
Mt 10.28 Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l'âme; craignez plutôt celui qui peut faire périr l'âme et le corps dans la géhenne.

Le monde terrestre n'a aucune valeur. L'âme y est emprisonnée dans un corps tourmenté par le besoin et la souffrance.

Être doux est résister aux démons qui provoquent les passions. Être doux est être indifférent au monde.

Lc 12.29 Et vous, ne cherchez pas ce que vous mangerez et ce que vous boirez, et ne soyez pas inquiets.
30 Car toutes ces choses, ce sont les païens du monde qui les recherchent. Votre Père sait que vous en avez besoin.
31 Cherchez plutôt le royaume de Dieu; et toutes ces choses vous seront données par-dessus.

Phil 1.21 car le Christ est ma vie, et la mort m'est un gain.

Pour le projet politique, ce n'est pas encore ça...