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Les 28 chapitres du Sûtra du Lotus

Posté : 18 déc.17, 09:19
par Yvon
Résumé des 28 chapitres du Sutra du Lotus

Sutra de la fleur de lotus du Dharma merveilleux

Communément appelé Sutra du Lotus. D'après la tradition, six traductions furent faites en chinois, dont trois subsistent actuellement. La plus connue est Myoho-renge-kyo (Saddharma pundarika sutra) en 8 volumes et 28 chapitres, traduite par Kumarajiva en 406.

Les points essentiels sur lesquels insiste Nichiren pour proclamer la supériorité du Sutra du Lotus tiennent au fait que c'est le seul sutra à proclamer que la bodhéité est inhérente à toute vie et n'est pas l'apanage d'une seule catégorie d'hommes, "virtuoses de la méditation". Ce sutra va même jusqu'à proclamer que les femmes peuvent devenir bouddha, ce qui est révolutionnaire pour l'époque. Par ailleurs, le Sutra du Lotus affirme l'existence d'un temps "hors du temps", ce qui bouleverse toute la théorie des réincarnations et implique une vision du monde radicalement différente de la vision "évolutionniste" des autres sutras.

Première partie

Chapitre I

Prologue ou Introduction (Jo hon). Comme de nombreux sutras bouddhiques, il commence par les mots "Ainsi ai-je entendu". Il poursuit en donnant le nom du lieu, le Pic du Vautour à Rajagriha, ainsi que celui de représentants : arhats et bodhisattvas, les quatre congrégations. Nous trouvons les devas et huit sortes d'êtres : nagas, kimnaras, asura, etc. Dans ce chapitre, le Bouddha enseigne le Sutra aux Sens Infinis (Muryogi), puis entre dans une profonde méditation-samadhi. A ce moment, quatre sortes de fleurs exquises tombent en pluie du ciel, et la terre tremble de six manières différentes. Puis le Bouddha émet un rayon lumineux qui part d'une touffe de poils blancs qu'il a entre les sourcils, illuminant ainsi dix-huit mille mondes à l'est. Le bodhisattva Maitreya interroge le bodhisattva Manjushri sur ces prodiges. Ce dernier lui répond que ces signes auspicieux sont ceux qui précèdent l’exposé du Sutra du Lotus. Il le sait, car, dans une existence antérieure, il a déjà assisté à cette scène. En ces temps-là, vingt mille bouddhas étaient apparus les uns après les autres, portant tous le même nom, Chandrasuryapradipa (Luminaire-de-Soleil-et-de-Lune). Le dernier et vingt millième de ces bouddhas prêcha le Sutra aux Sens Infinis, puis entra dans une profonde méditation et les mêmes présages apparurent. Immédiatement après, ce bouddha exposa un sutra intitulé Myoho-Renge-Kyo (Sutra du Lotus). Se trouvait alors dans l'Assemblée, le bodhisattva Varaprabha (Myoko), accompagné de huit cents disciples parmi lesquels Cherche-Gloire (Yashaskama). Le bodhisattva Manjushri, symbole du savoir transformé en sagesse-prajna, explique qu'il n'est autre que ce bouddha Varaprabha, alors que Cherche-Gloire (Yashaskama) est l'actuel Maitreya. Le fait que ce Prologue présente le Sutra du Lotus comme ayant été déjà enseigné en d’autres temps donne une dimension atemporelle à ce sutra.

Re: Les 28 chapitres du Sûtra du Lotus

Posté : 19 déc.17, 15:12
par Yvon
Chapitre II

Moyens salvifiques (Hoben pon). Chapitre-clé de l'enseignement théorique dans lequel Shakyamuni déclare que la venue de tous les bouddhas en ce monde a pour seul but d'éveiller chez tous les êtres la sagesse-prajna de bouddha, de les aider à la développer et de leur permettre d'atteindre la bodhéité. Au début du chapitre, le Bouddha émerge du recueillement-samadhi dans lequel il était entré au chapitre précédent, s’adresse à Shariputra et déclare que la sagesse de tous les bouddhas est infiniment profonde et incommensurable, bien au-delà de la compréhension des auditeurs-shravakas et pratyekabuddhas. Seuls les bouddhas, dit-il, peuvent comprendre l'aspect réel de tous les phénomènes (shoho jisso) qui consiste en apparence, nature, entièreté, potentialité, énergie manifestée, cause latente, cause externe, effet latent, effet manifeste et leur cohérence* de 1'origine jusqu'à la fin. Cette révélation que toute vie est dotée du même schéma d'existence (les dix modalités d'expression de la vie, nyoze) forme la base théorique qui permet d'affirmer ensuite que tous les êtres ont la possibilité d'atteindre l'état de bouddha. C'est ce passage qui servit de base doctrinale à Zhiyi pour formuler le principe d' ichinen sanzen.

Malgré sa sagesse Shariputra ne peut imaginer ce Dharma si profond. Les arhats présents dans l’Assemblée sont troublés. Ils croyaient avoir réalisé la délivrance et voilà que le Bouddha évoque quelque chose de supérieur. Shariputra se fait leur porte-parole et demande par trois fois au Bouddha de préciser son propos. Quand celui-ci se prépare à le faire, cinq mille croyants présents dans l’Assemblée saluent le Bouddha et quittent les lieux, leur orgueil les portant à croire qu’ils savent déjà tout cela. Le Bouddha commence alors son exposé.

Il révèle que tous les bouddhas apparaissent au monde pour "une grande raison" : permettre à chacun d'atteindre le même Eveil qu'eux. "Spécifiquement", ils apparaissent afin "d'éveiller en chaque être la sagesse-prajna du Bouddha, la révéler, permettre à tous les êtres de la connaître et de la comprendre". Il poursuit en affirmant que les trois véhicules des auditeurs-shravakas, des pratyekabuddhas et des bodhisattvas ne représentent pas des fins en eux-mêmes, comme il l'a enseigné dans les sutras provisoires, mais sont de simples moyens appopriés (hoben) pour conduire les êtres au véhicule unique de l'état de bouddha. C'est ce concept auquel se réfère l'expression "remplacer les trois véhicules par le véhicule unique". Le vœu de Shakyamuni s’accomplit maintenant que le Sutra du Lotus est révélé et le Bouddha prédit à Shariputra, aux autres auditeurs-shravakas et bodhisattvas présents qu’ils deviendront des bouddhas.

Re: Les 28 chapitres du Sûtra du Lotus

Posté : 20 déc.17, 10:34
par Shonin
:heart:

Merci.

Re: Les 28 chapitres du Sûtra du Lotus

Posté : 20 déc.17, 12:28
par Yvon
Chapitre III

Parabole (Hiyu hon). Au début de ce chapitre, Shariputra danse de joie, parce qu'il a compris l'enseignement de Shakyamuni sur "le véritable aspect de tous les phénomènes" (shoho jisso) exposé au chapitre précédent. Shakyamuni prophétise alors que, dans un futur lointain, Shariputra deviendra le bouddha Keko (Fleur lumineuse). Cette prophétie est significative parce que Shariputra représente les hommes des deux-véhicules qui, selon les enseignements provisoires du Mahayana, étaient à tout jamais incapables d'atteindre l'état de bouddha. En prédisant que Shariputra y parviendra, Shakyamuni confirme ce qu'il a déclaré dans le chapitre précédent : tout le monde peut devenir bouddha. Cependant, à ce stade du Sutra du Lotus, seul Shariputra a saisi ce que le Bouddha expose. Aussi Shakyamuni raconte-t-il la parabole des trois chariots et de la maison en flammes pour illustrer le fait que les trois véhicules que sont les états des auditeurs-shravakas, des pratyekabuddhas et des bodhisattvas ne sont que des moyens de conduire les êtres au véhicule unique qui mène à l'état de bouddha.

Dans une vaste demeure qui n’a qu’une seule porte, une foule de gens demeure. Mais la maison est dans un état de délabrement avancé et un incendie se déclare. Or les nombreux enfants en bas âge du maître des lieux jouent à l’intérieur de la maison en feu. Le maître veut faire sortir ses enfants du brasier mais eux, tout à leurs jeux, ne le remarquent pas. Le père, sachant le caractère capricieux de ses enfants, décide d’user d’un stratagème. Il leur annonce que trois chars, chacun tiré par un animal différent, les attendent devant la maison. Les enfants se précipitent au dehors pour voir ces merveilles et échappent aux flammes. Bien sûr, ils ne trouvent pas les chars et leur père, fort riche, leur octroie sur-le-champ un char plus magnifique encore. Le Bouddha est comparable au père, la maison en feu, ce sont les trois mondes, le stratagème que le père utilise pour faire sortir les enfants c’est l’enseignement des trois véhicules et le char amené finalement représente le véhicule unique du Bouddha.

La longue partie versifiée qui termine ce chapitre reprend ce qui a été exposé avec des différences sensibles toutefois. La maison y prend un aspect terrifiant et est le théâtre de toutes sortes d’horreurs. Le Bouddha revient encore une fois sur la notion de véhicule unique montrant que les stades auxquels sont parvenus ceux qui ont suivi ses enseignements antérieurs ne correspondent pas à la véritable délivrance. L’une des raisons pour laquelle il n'a pas révélé jusqu’alors le Sutra du Lotus tient à ce qu’il voulait éviter que de trop nombreuses personnes, encore incapables d'en appréhender les doctrines, ne le calomnient et s'attirent ainsi de graves rétributions. Il conseille au futur bouddha que sera Shariputra d'agir de même et de n’enseigner ce Dharma qu'à ceux qui semblent pourvus de dispositions favorables.

Re: Les 28 chapitres du Sûtra du Lotus

Posté : 22 déc.17, 03:42
par Yvon
Chapitre IV

Croire et comprendre (Shinge hon). Dans ce chapitre, les quatre grands auditeurs-shravakas, ayant entendu la parabole des trois chariots et de la maison en feu dans le chapitre précédent, se réjouissent d'avoir compris que la véritable intention de Shakyamuni est de révéler le véhicule unique du Bouddha qui conduit tous les êtres à l'Éveil. Ces quatre hommes sont Subhuti, Katyayana, Mahakashyapa et Maudgalyayana. Pour montrer leur compréhension de l'enseignement du Bouddha exposé dans la parabole des trois chariots, ils récitent la parabole de l'homme riche et de son fils pauvre, l'une des sept paraboles du Sutra du Lotus.

Un jeune homme s’enfuit du foyer paternel. Il voyage mais vit dans la misère. Son père tente de le retrouver mais n’y parvenant pas, s’installe en chemin dans une ville où il fait fortune. Un jour, le fils passant par cette ville souhaite demander du travail à l’homme riche qu’il ne reconnaît pas. Voyant le faste de sa demeure, il renonce mais son père l’a aperçu et reconnu. Il envoie des serviteurs à sa poursuite mais le fils défaille de peur. Le père, comprenant les mauvaises pensées de son fils, décide d’user d’un stratagème ; on le laisse partir et il se rend dans un village pauvre. Là, deux serviteurs à l’aspect misérable le recrutent pour s’occuper des immondices de la riche demeure. Le père constate qu’il s’occupe diligemment de son travail et, déguisé en serviteur, le prend sous sa protection et parfait son éducation. Après plusieurs années, le père sentant sa fin approcher, révèle à tous la vérité. Les quatre disciples identifient l'homme riche au Bouddha et le fils pauvre à eux-mêmes. De même que le fils pauvre n'avait pas reconnu son père riche et s'était satisfait d'un emploi misérable, ils n'avaient pas compris qu'ils étaient les enfants du Bouddha, capables de parvenir au même état de bouddha que lui et s'étaient satisfaits d'enseignements inférieurs. Le Bouddha, voyant bien les limites de leurs aspirations, les avait conduits graduellement au Véhicule unique du Bouddha grâce aux enseignements provisoires, de même que l'homme riche, en permettant à son fils de réaliser des tâches subalternes, l'avait aidé à développer peu à peu sa confiance en lui et sa compétence ; c'est seulement alors qu'il lui avait appris qu'il était son père et lui avait légué toutes ses richesses. Après avoir raconté la parabole, les quatre disciples déclarent qu'ils ont reçu du Bouddha le plus grand trésor sans l'avoir consciemment recherché.

Re: Les 28 chapitres du Sûtra du Lotus

Posté : 25 déc.17, 05:02
par Shonin
vivement le meilleur... LE CHAPITRE V

:D ~ :D ~ :D

// non-discrimination // diversité // nature et soins

Re: Les 28 chapitres du Sûtra du Lotus

Posté : 26 déc.17, 03:34
par Yvon
Chapitre V

Parabole des herbes médicinales (Yakuso yu hon). Shakyamuni relate la parabole des trois sortes d'herbes médicinales et des deux sortes d'arbres pour illustrer le fait que, bien que l'enseignement du Bouddha soit le même, il peut être interprété et développé de diverses façons. Bien que la pluie tombe en même quantité sur toutes sortes de plantes et d'arbres, elles l'absorbent et grandissent différemment selon leur propre nature. De même, bien que le Bouddha expose impartialement sa doctrine du Véhicule unique pour tous les êtres humains, la compréhension et les bienfaits que ceux-ci en retirent diffèrent selon leurs capacités respectives. Amenant le chapitre suivant, le Bouddha déclare aux auditeurs-shravakas qu’ils ne sont nullement entrés en extinction (metsudo), qu’ils pratiquent en fait la voie de bodhisattva (bosatsudo) et que, s’ils s’y efforcent, ils deviendront des bouddhas.

Chapitre VI

Octroi de la Prédiction ou Annonce (Juki hon). Le mot "juki" désigne une prophétie faite par Shakyamuni sur le temps, le lieu et le nom sous lequel ses disciples deviendront des bouddhas. Dans ce chapitre, Shakyamuni prédit que les quatre grands auditeurs-shravakas - Mahakashyapa, Maudgalyayana, Subhuti et Katyayana - atteindront l'Éveil. Dans l'enseignement théorique du Sutra du Lotus, Shakyamuni déclare que le véhicule suprême de l'état de bouddha est le but de la pratique bouddhique. C'est le principe du "remplacement des trois véhicules par le Véhicule unique". Le Bouddha explique ce principe de trois façons : de manière doctrinale par la révélation de la véritable essence de tous les phénomènes (shoho jisso) dans le chapitre II ; en utilisant la parabole des trois chariots et de la maison en flammes dans le chapitre III ; et en clarifiant le lien passé entre ses disciples et lui-même dans le chapitre VII. Le Bouddha employa ces trois façons de prêcher pour permettre aux trois groupes d'auditeurs-shravakas – ceux de grande, moyenne et petite capacités – de réaliser respectivement le principe de l'enseignement du Véhicule unique. Ce chapitre prédit l'Éveil des disciples de capacité moyenne qui comprirent la véritable intention du Bouddha en l'entendant raconter la parabole des trois chariots et de la maison en flammes. Il prophétise d'abord que Mahakashyapa atteindra l'état de bouddha dans le futur en tant que bouddha Komyo (Lumière brillante), puis que Subhuti, Katyayana et Maudgalyayana atteindront l'Éveil respectivement sous les noms de bouddha Myoso (Forme merveilleuse), de bouddha Embunadai Konko (Lumière dorée) et de bouddha Tamarabatsu Sendanko (Parfum du bois de santal). Néanmoins, il est toujours annoncé que chacun de ses grands auditeurs-shravakas deviendra un bouddha "une fois départi de ce corps".

Il y a plusieurs compréhensions. La plus évidente est de penser que cela se fera dans une existence ultérieure ou par mortifications. Dans la Transmission orale sur les significations (Ongi Kuden), Nichiren examine la signification du caractère sha (se départir, abandonner, rejeter) et y voit deux interprétations. La première c’est se départir temporairement (il utilise l’adverbe ten qui signifie cycliquement, par transformation) et la seconde c’est se départir définitivement (ei qui signifie éternellement). La première acception ressortit de l'enseignement théorique et la seconde de l'enseignement essentiel, en ce sens où la doctrine essentielle révèle des enseignements tels que "vies et morts s’identifient au nirvana" (shoji soku nehan) ou "les désirs impliquent l’Éveil" (bonno soku bodai).

Re: Les 28 chapitres du Sûtra du Lotus

Posté : 05 janv.18, 02:34
par Yvon
Chapitre VII

Parabole de la cité illusoire. (Kejoyu hon). Chapitre dans lequel Shakyamuni révèle les liens qu'il avait avec ses disciples dans le passé lointain de sanzen jintengo*, quand il était le seizième et plus jeune fils du roi Daitsuchisho. Lorsqu’ils apprennent que leur père est devenu un bouddha les seize princes partent le rejoindre et lui demandent de les enseigner. Suit une narration des prodiges qui s’accomplirent lorsque Daitsuchisho réalisa l’Éveil. Des divinités demandent également à ce bouddha de révéler la doctrine. Il accède à leur demande et révèle les douze liens causaux puis l’extinction à l’origine*. Du coup, les seize princes quittent leur famille pour devenir ses disciples. A eux, comme aux quatre congrégations, Daitsuchisho enseigne le Sutra du Lotus. Après l’avoir enseigné longtemps à de très nombreux êtres, ce bouddha entre en samadhi*. Les seize princes qui sont maintenant des bodhisattvas poursuivent l’enseignement du Sutra du Lotus. Cette action n’a pas pris fin et Shakyamuni révèle qu’il est lui-même l’un d’eux. A cette époque, explique-t-il, ses quinze frères et lui exposèrent tous le Sutra du Lotus que leur père leur avait enseigné.

Selon Zhanlan, ceux qui reçurent les graines de l'état de bouddha à ce moment-là en entendant Shakyamuni se sont divisés en trois groupes. Le premier comprend ceux qui y crurent, le pratiquèrent sans relâchement et atteignirent l'état de bouddha. Le deuxième comprend ceux qui, en un premier temps, crurent au Sutra du Lotus puis l'abandonnèrent et acceptèrent des enseignements bouddhiques de moindre importance. Le troisième comprend ceux qui entendirent le Sutra mais n'y crurent pas. Le deuxième groupe renaquit plus tard en Inde avec Shakyamuni qui cultiva la graine de la bodhéité qu'ils avaient reçue à l'époque de sanzen jintengo* en exposant pour eux les enseignements provisoires des trois véhicules puis en les conduisant finalement au Véhicule unique du Sutra du Lotus. En évoquant ces relations passées, le Bouddha montre que le but ultime de sa venue en ce monde est d'exposer le Véhicule unique (le Sutra du Lotus) et que c'est seulement un lien avec ce Véhicule qui permet à tous ses auditeurs-shravakas d'atteindre l'Éveil. Ainsi, le chapitre VII renforce le principe du "remplacement des trois véhicules par le Véhicule unique" établi dans les chapitres précédents. Il illustre cet enseignement par une parabole.

Un guide conduit une multitude de voyageurs sur une route difficile vers une terre aux trésors. Les voyant épuisés et découragés, prêts à abandonner, il emploie ses pouvoirs supranaturels pour créer une ville où ils peuvent se reposer. Quand ils ont retrouvé force et courage, il fait disparaître la ville et les conduit à leur destination. Dans cette parabole, le guide représente Shakyamuni, la route difficile, la longue suite des vies et morts, les cités illusoires sont des "moyens appopriés*" et les marcheurs, tous les êtres.

Re: Les 28 chapitres du Sûtra du Lotus

Posté : 07 janv.18, 00:54
par Yvon
Chapitre VIII

Cinq cents disciples reçoivent la prédiction ou Prophétie sur l'Éveil de cinq cents disciples (Gohyaku deshi juki hon). Au début de ce chapitre, Purna (Plénitude) se réjouit d'avoir compris l'enseignement du Véhicule unique en entendant le Bouddha parler, dans le chapitre précédent, de leur relation passée à l'époque de sanzen jintengo*, une époque où Shakyamuni était le seizième fils du bouddha Daitsuchisho. Shakyamuni prédit que Purna atteindra l'Éveil dans le futur sous le nom de bouddha Homyo (Eclat du Dharma). Ensuite, il prédit que les mille deux cents disciples arhats de l'Assemblée atteindront également l'état de bouddha. Il fait d'abord cette prophétie au sujet de 500 arhats, puis des 700 restants. Ces 1200, dit-il, deviendront des bouddhas portant tous le même nom, Fumyo (Brillance universelle). Les 500 exultent et estiment que l’Éveil d’arhat auquel ils étaient parvenus ne relevait que d’une sagesse mineure. Ils usent d’une parabole pour décrire leur ignorance passée de l’Éveil véritable.

Un homme, après de copieuses libations chez un ami, s’endort ivre. Son ami qui est riche, a pitié de la vie de ce malheureux et décide de coudre dans la doublure de son vêtement une perle d’une grande valeur, puis il s'en va. A son réveil, l’homme quitte le pays mais continue de mener une existence miséreuse. Bien plus tard, les deux hommes se rencontrent à nouveau. L’homme riche est surpris de l’existence précaire de son ami. Il lui révèle la perle cousue dans l’habit que l’autre porte toujours. Dès lors, grâce à cette perle, il échappe à la misère et peut vivre à son gré. Il en est de même de la sagesse desarhats ; ignorants du joyau qu’ils portent en eux, ils se livrent à des exercices pénibles pour un gain minime.

Chapitre IX

Prédiction octroyée aux apprentis et à ceux qui n’ont plus à apprendre (Jugaku mugaku ninki hon abrégé en Ninki). Ananda et Rahula demandent à leur tour au Bouddha de leur conférer la prédiction de l’Éveil. Deux mille auditeurs-shravakas, de différents niveaux, ceux qui étudient (gaku) et ceux qui, étant devenus arhats, n'ont plus rien à apprendre (mugaku) se joignent à cette requête. Le Bouddha donne sa prédiction pour Ananda. Il révèle l’ancienneté des liens avec ce disciple. Dans le passé, les deux hommes parvinrent à l’Éveil, Ananda par la voie de l’érudition et Shakyamuni par celle de la pratique religieuse, d’où le rôle que chacun d’eux assume aujourd’hui. Du coup, Ananda se souvient de son vœu originel : garder en mémoire le Dharma des éveillés pour le transmettre. Shakyamuni prédit qu'Ananda deviendra le bouddha Sengaie Jizaitsuo (Roi au pouvoir illimité de la sagesse de la mer et de la montagne). Puis Rahula reçoit également la prédiction, il sera le bouddha Toshippoke (Marchant sur les fleurs des sept trésors). Enfin c’est au tour des deux mille auditeurs-shravakas. Tous ces disciples deviendront des bouddhas portant le même nom, Hoso (Signe précieux). Ce chapitre conclut l'enseignement de Shakyamuni concernant le remplacement des trois véhicules par le Véhicule unique. Rappelons que les prédictions massives délivrées à des auditeurs-shravakas et des arhats sont le propre du Sutra du Lotus. Dans les autres sutras du Mahayana, ces êtres des deux-véhicules sont plutôt jugés indignes de l’Éveil à cause de la recherche toute personnelle de la sagesse à laquelle ils se livrent.

Re: Les 28 chapitres du Sûtra du Lotus

Posté : 07 janv.18, 03:34
par Coeur de Loi
Hommage au soutra du Lotus.

Re: Les 28 chapitres du Sûtra du Lotus

Posté : 07 janv.18, 07:08
par Yvon
Chapitre X

Maître du Dharma (Hoshi bon). Shakyamuni s'adresse, à travers le bodhisattva Yakuo*, aux 80000 bodhisattvas qui se sont rassemblés, venus de tous les points de l'univers, pour l'entendre prêcher. A la différence des chapitres précédents qui révèlent que les auditeurs-shravakas atteindront immanquablement l'état de bouddha dans le futur, le chapitre X et ceux de l'enseignement théorique traitent de la pratique et de la propagation du Sutra du Lotus après la mort du Bouddha. Shakyamuni adresse donc ces chapitres non à ses disciples shravakas, mais aux bodhisattvas qui, en tant qu'émissaires du Bouddha, oeuvrent à sauver les êtres, en vantant le grand bienfait de pratiquer et d'enseigner le Sutra du Lotus. Celui qui en entend ne serait-ce qu'un seul vers ou une phrase et en tire ne serait-ce qu'un instant de joie, déclare le Bouddha, atteindra de façon certaine l'Éveil suprême. De plus, celui qui enseigne à une autre personne, ne serait-ce qu'une phrase du Sutra, sera considéré comme un messager du Bouddha, envoyé pour réaliser son œuvre. Ce chapitre énonce ce que l'on appelle les trois règles de prédication du Sutra du Lotus : entrer dans la demeure de l'Ainsi-Venu, revêtir la robe de l'Ainsi-Venu et s'asseoir sur le trône de l'Ainsi-Venu. La demeure de l'Ainsi-Venu symbolise une profonde compassion ; sa robe, un cœur doux et indulgent, et son trône, la perception de la non-substantialité* (ku) de tous les phénomènes Ce chapitre mentionne également les cinq pratiques du Sutra : le croire, le lire, le réciter, l'enseigner et le transcrire.

Chapitre XI

Tour aux Trésors (Ken hoto bon). Dans ce chapitre, une magnifique Tour aux Trésors de quelque cinq cents yojanas* de hauteur s'élève de terre et reste suspendue dans les Airs. Une voix en sort, qui fait l'éloge du Bouddha Shakyamuni et déclare que tout ce qu'il a enseigné est vrai. Par l'intermédiaire du bodhisattva Mahapratibhana (Grande joie à enseigner), l'Assemblée demande à connaître le sens de cet événement. Shakyamuni explique que, dans la Tour, se trouve un bouddha nommé Taho qui vécut à un moment donné dans la Terre du Trésor de Pureté, à un nombre incalculable de mondes vers l'est. Bien qu'il ait atteint depuis longtemps le nirvana, il a fait vœu, quel que soit le lieu où que l'on prêche le Sutra du Lotus, d'apparaître dans la Tour aux Trésors et de témoigner de la véracité de ce Sutra. Le bodhisattva Mahapratibhana demande alors à voir le bouddha Taho. Shakyamuni répond que, pour ouvrir la porte de la Tour aux Trésors, il doit d'abord, en provenance des dix directions, rassembler les bouddhas qui prêchent le Dharma et qui sont des émanations de lui-même. Et il entreprend de transformer la terre trois fois pour leur faire de la place. Il purifie d'abord le monde saha* en déplaçant les êtres des états d'humanité et céleste vers d'autres mondes, et n'y demeure que la foule assemblée. Puis, il utilise son pouvoir mystique à purifier deux cent milliards nayutas* de mondes dans chacune des huit directions. Dans ces mondes, il n'y a désormais plus d'êtres dans les états d'enfer, d'esprits affamés, d'animalité ou d'asura, autrement dit plus personne dans les quatre voies mauvaises. De plus, Shakyamuni déplace, dans cette multitude, les êtres des états d'humanité et céleste vers d'autres mondes afin que ces terres purifiées ne soient plus habitées par aucun être des six voies. Puis, il purifie encore deux cent milliards nayutas d'autres mondes dans les huit directions de la même manière. Lorsque le monde saha et les deux autres groupes de mondes ont été ainsi transformés en terre de bouddha, tous les bouddhas se rassemblent, en provenance de tout l'univers, s'assoient sur des trônes ornés de lions sous des arbres de pierres précieuses. Quand ils sont tous réunis, Shakyamuni ouvre la Tour aux Trésors et le bouddha Taho l'invite à partager son siège. Shakyamuni utilise alors ses pouvoirs mystiques pour élever l'Assemblée entière en plein espace, et la "Cérémonie dans les Airs" débute. Assis à côté de Taho dans la Tour aux Trésors, Shakyamuni fait trois déclarations, en demandant à la multitude de propager le Sutra du Lotus après sa mort. Lors de la troisième déclaration, il se sert de la comparaison connue sous le nom des six actes difficiles et neuf actes faciles, pour souligner la grande difficulté qu'il y aura à pratiquer et à propager le Sutra du Lotus après sa mort.

-- 12 Jan 2018, 07:32 --

Chapitre XII

Devadatta (Daibadatta hon). Chapitre qui enseigne que les femmes et les hommes mauvais peuvent atteindre l'Éveil, capacité qui leur est généralement déniée dans les enseignements provisoires ; il expose également le principe de l'atteinte de la bodhéité "sous sa forme actuelle" (sokushin jobutsu) sans qu'il soit nécessaire de pratiquer pendant des kalpas*. Dans la première moitié du chapitre, Shakyamuni révèle que dans une vie antérieure il fut un roi qui renonça au trône pour rechercher la vérité. Pendant mille ans, il servit un ermite nommé Ashi qui, en retour, lui enseigna le Sutra du Lotus. Cet ermite, explique-t-il, n'est autre que l'actuel Devadatta. Il prédit alors que, dans un futur lointain, Devadatta atteindra l'Éveil sous le nom de bouddha Tenno (Roi céleste). Au cours de sa vie, Devadatta tenta à plusieurs reprises de tuer le Bouddha et de créer des dissensions à l'intérieur de la communauté. Il serait tombé vivant en enfer. La prédiction qu'il parviendra à l'Éveil à l'avenir indique que même la personne la plus dépravée a la possibilité de devenir bouddha.

A ce stade du chapitre, un bodhisattva nommé Prajnakuta (Chishaku) est sur le point de retourner dans sa terre d'origine. Shakyamuni le retient pour écouter le discours du bodhisattva Manjushri qui raconte comment il a prêché le Sutra du Lotus dans le palais du Roi-Dragon et converti d'innombrables êtres. Prajnakuta désire savoir s'il existe une personne qui mette le Sutra en pratique et qui puisse atteindre rapidement l'état de bouddha. Manjushri répond que la fille du Roi-Dragon, âgée de huit ans, a atteint le stade de non-régression et peut facilement obtenir la suprême sagesse du bouddha. Prajnakuta et Shariputra le contestent tous deux, Prajnakuta sous le prétexte que l'état de bouddha nécessite la pratique d'austérités pendant de nombreux kalpas, et Shariputra pour la même raison, en ajoutant que les femmes, gênées par les cinq entraves, sont incapables d'atteindre l'Éveil. Alors, la fille du Roi-Dragon apparaît devant eux. Après avoir offert un joyau au Bouddha Shakyamuni, elle parvient au terme de la pratique de bodhisattva. Ayant acquis les trente-deux traits et quatre-vingts caractéristiques d'un bouddha, elle apparaît dans un monde situé au sud et appelé la "Terre sans impuretés" où elle prêche le Sutra du Lotus à tous les êtres des dix directions.

Dans le Myoho Renge Kyo de Kumarajiva, le chapitre Devadatta est un chapitre indépendant, alors que dans le Sho Hokke Kyo de Dharmaraksha et le Tembon Hokke Kyo de Jnanagupta et Dharmagupta, il est inclus dans le chapitre XI qui précède. Ainsi, ces deux versions du Sutra ne comprennent que vingt-sept chapitres. Le chapitre Devadatta circula aussi comme un sutra indépendant.

Chapitre XIII

Exhortation à la sauvegarde (Kanji hon). Au début du chapitre, le bodhisattva Yakuo* et sa suite de vingt mille bodhisattvas font, devant Shakyamuni, le vœu de propager le Sutra du Lotus dans ce monde, après sa mort. A leur différence, cinq cents arhats qui (dans le chapitre précédent) ont reçu la prophétie d'obtenir l'Éveil à l'avenir, et huit mille auditeurs-shravakas (dont certains étudient tandis que d'autres n'ont plus rien à apprendre, mugaku) font le voeu de le propager dans d'autres mondes. Shakyamuni prédit ensuite l'Éveil de Mahaprajapati, sa tante maternelle, et de Yashodhara, son épouse avant qu'il ne renonce au monde. Toutes deux, avec leurs suites de six mille nonnes, font également le vœu de propager le Sutra du Lotus après la mort du Bouddha. Puis 80 myriades de millions de nayutas de bodhisattvas s’engagent également à ne pas laisser le Dharma dépérir dans les âges mauvais* qu’ils dépeignent sous des couleurs sinistres. Les ignorants seront vindicatifs et les moines auront une sagesse pervertie. Ils se vanteront de leurs médiocres réalisations spirituelles et seront avides de biens. Ils se plairont à critiquer les croyants et le Sutra du Lotus et intrigueront auprès des puissants. Néanmoins les bodhisattvas font le serment d'une résolution inébranlable.

Leur vœu est prononcé en vers et l'on s'y réfère souvent comme aux "vingt lignes versifiées du chapitre Kanji". Les persécutions énumérées furent plus tard rangées sous la dénomination "les Trois Grands Ennemis" par le Grand-maître Zhanlan.

-- 24 Jan 2018, 15:25 --

Chapitre XIV

Pratiques paisibles ou Pratiques aisées (Anrakugyo hon). Dernier chapitre de l'enseignement théorique (shakumon), qui décrit quatre formes paisibles de la pratique. Dans ce texte, en réponse à une question du bodhisattva Manjushri sur la manière dont les bodhisattvas devront pratiquer le bouddhisme après la disparition du Bouddha, Shakyamuni propose quatre voies : actions paisibles, paroles paisibles, pensées sereines et voeux sereins. Zhiyi* considère ces quatre pratiques comme découlant des trois règles de prédication décrites dans le chapitre X. Quant à la manière d'enseigner le Sutra du Lotus Shakyamuni précise que se tenant à l’écart des puissants ou des mauvaises fréquentations, son disciple s’adressera à ceux qui sont désireux de savoir. Pour les autres, sous certaines conditions, il peut exposer le Dharma mais, sans illusion. De même, il ne dénoncera pas les opinions hétérodoxes ni les erreurs. Avec subtilité et d’une façon agréable, il essaiera d’amener les autres à son point de vue ; sans duplicité ni flagornerie toutefois.

Le chapitre Anrakugyo comporte également la parabole de "l'inestimable joyau dans la coiffure", dans laquelle un roi récompense ses soldats avec des terres, des maisons et des bijoux pour leur courage au combat, mais ne leur donne pas le joyau précieux qu'il porte dans sa coiffure. Il finira cependant par accorder ce joyau sans prix au plus courageux de ses soldats. Le bijou en question représente le Sutra du Lotus que le Bouddha dissimule tant qu'il expose ses enseignements provisoires, gardant son message le plus profond pour la fin.

Chapitre XV

Surgis de la terre (Juji yujutsu hon). Au début de ce chapitre, les innombrables bodhisattvas qui, venus d'autres mondes, se sont rassemblés, jurent de propager le Sutra du Lotus dans le monde Saha* après la mort de Shakyamuni. Cependant, ce dernier les arrête en leur disant que cela n'est pas nécessaire ; car le monde Saha possède déjà de grands bodhisattvas qui accompliront cette tâche. A ces mots, la terre tremble et s'entrouvre, et une multitude de bodhisattvas apparaissent, aussi nombreux que les grains de sable de soixante mille Gange, (chacun avec sa propre suite). Ils sont conduits par les Quatre Bodhisattvas dont le guide est le bodhisattva Jogyo. Le bodhisattva Manjushri, surpris, demande au nom de l'Assemblée qui sont ces bodhisattvas ? d'où ils viennent et pour quelle raison ? quel bouddha ils suivent et quel enseignement ils pratiquent ? Shakyamuni répond qu'ils sont ses disciples primordiaux à qui il enseigne depuis très longtemps. Manjushri demande encore comment, en un peu plus de quarante ans depuis son Éveil, Shakyamuni a réussi à enseigner à une telle multitude de bodhisattvas. Il exhorte Shakyamuni à s'expliquer davantage pour le bien des générations futures qui pourraient avoir des doutes à ce sujet.

Ce chapitre s'arrête là. Dans l'analyse de Zhiyi il est considéré comme le début de l'enseignement essentiel.

Re: Les 28 chapitres du Sûtra du Lotus

Posté : 20 mars18, 11:49
par Ichinen29
Tout est dit!...

Re: Les 28 chapitres du Sûtra du Lotus

Posté : 23 mars18, 01:19
par algol-x
Ichinen29 a écrit :Tout est dit!...
Absolument pas:

"Par ailleurs, le résultat du travail herméneutique que cette Écriture suggère ne saurait trouver davantage sa place dans la finitude d’un système déontologique clos, dominé par quelques dogmes, par des croyances arrêtées, tenues pour vraies une fois pour toutes par
des zélateurs à l’esprit borné. "


Ghiglione, A. (2011). Approche sémiotique exploratoire de paraboles et images langagières du Sutra du Lotus.
Protée 39(2), 45–53. doi:10.7202/1007167ar

:levitation:

Re: Les 28 chapitres du Sûtra du Lotus

Posté : 23 mars18, 01:32
par Yvon
Il reste 13 chapitres :

Chapitre XVI

Longévité de l’Ainsi Venu ou Durée de la vie (Nyorai juryo hon). Le Bouddha exhorte par trois fois la nombreuse Assemblée à croire et à comprendre ses paroles, et à quatre reprises l'Assemblée lui demande instamment d'enseigner. "Ecoutez bien, dit alors Shakyamuni, et entendez le secret de l'Ainsi-Venu et son mystérieux pouvoir." Il explique ensuite que, même si tous les devas célestes, les hommes, les asuras et les autres êtres croient qu'il atteignit pour la première fois l'Éveil dans cette vie à Bodhgaya, il s'est en réalité passé un temps incalculable depuis qu'il est bouddha. Pour donner une idée de la longueur de ce temps, il explique le concept de gohyaku jintengo. Cela s'appelle kaigon kennon "ouvrir le proche et révéler le lointain". Tenter d’appréhender dans nos unités temporelles la longévité du bouddha est vain, tout comme savoir le nombre de mondes parcourus par celui qui aurait réduit en particules minuscules une infinité de mondes puis aurait déposé ces particules une par une à intervalles très lointains jusqu’à épuisement. Comptons pour chacune de ces particules un kalpa*. Le temps écoulé depuis que Shakyamuni est devenu bouddha est plus ancien encore. Toute la vision que nous avons de la vie du Bouddha n’est qu’un stratagème adapté à nos facultés, son "corps de manifestation" (ojin) : "il n’y a ni naissance ni mort, ni retrait, ni émergence, personne pour résider au monde ni passer en disparition". Le parinirvana du Bouddha (son décès) lui-même est un moyen de provoquer chez les hommes l’esprit de rechercher la Voie. Si le Bouddha demeurait en ce monde en permanence, les êtres ne comprendraient pas la valeur de son enseignement.

Pour illustrer son propos, Shakyamuni use d’une parabole. Un médecin habile doit se rendre à l’étranger. Ses très nombreux fils, durant son absence, absorbent une potion qui se révèle être un poison. Quand le père revient, il trouve ses enfants en proie à de terribles douleurs. Il prépare immédiatement le remède adéquat. Certains le boivent et sont guéris mais d’autres, l’esprit troublé, n’en veulent pas. Ne pouvant leur faire entendre raison, il décide d’employer un stratagème. Il leur dit qu’il doit repartir, puis envoie un messager qui annonce la mort du père. Le chagrin des enfants et leur inquiétude provoquent un sursaut salutaire, ils avalent le remède. Une fois ses fils guéris, le médecin réapparaît. Il en est de même du Bouddha qui, en fait, ne disparaît jamais, il use de la force du sentiment de deuil, du manque que crée l’absence, pour détourner les êtres de leurs vains penchants et lorsque leurs dispositions sont propices, il apparaît prêchant le Dharma.

Le chapitre se termine par une partie versifiée appelée "Jigage", qui réaffirme les enseignements importants énoncés dans la partie précédente. A la différence du chapitre II, enseignement théorique qui mentionne l'état de bouddha comme une possibilité inhérente dans la vie de tous les êtres, le chapitre XVI le montre comme une réalité manifestée dans la vie du Bouddha Shakyamuni. L'affirmation que, depuis son Éveil dans le passé incomensurable, il a "toujours été en ce monde, exposant le Dharma et instruisant (les êtres)" indique qu'il n'existe aucune terre de bouddha en dehors du monde Saha*. Alors que le chapitre II enseigne que l'état de bouddha est inhérent aux neuf mondes-états, le chapitre XVI enseigne que les neuf mondes-états existent dans l'état de bouddha.

Zhiyi considère le chapitre XVI comme la révélation des trois principes mystiques de la cause fondamentale (honnin-myo) (la cause de l'Éveil Atemporel de Shakyamuni), l'effet fondamental (honga-myo ) (son Éveil Atemporel) et la Véritable Terre (le lieu où le Bouddha vit et enseigne). Il interprète le passage "J'ai aussi jadis pratiqué les austérités de bodhisattva" comme une description de l'étape de non-régression ou la onzième des cinquante-deux étapes de la pratique de bodhisattva, et la définit comme la cause fondamentale (honnin-myo) qui permit à Shakyamuni d'atteindre l'état de bouddha. Pour Nichiren, ce chapitre est fondamental car il révèle la vraie nature de bouddha, universelle et atemporelle.

Re: Les 28 chapitres du Sûtra du Lotus

Posté : 23 mars18, 02:20
par Ichinen29
"Par ailleurs, le résultat du travail herméneutique que cette Écriture suggère ne saurait trouver davantage sa place dans la finitude d’un système déontologique clos, dominé par quelques dogmes, par des croyances arrêtées, tenues pour vraies une fois pour toutes par
des zélateurs à l’esprit borné. "


Ghiglione, A. (2011). Approche sémiotique exploratoire de paraboles et images langagières du Sutra du Lotus.
Protée 39(2), 45–53. doi:10.7202/1007167ar
Sauf que cette croyance s'appuie non pas sur un dogme mais sur l'éveil des deux Bouddhas (Historique :Shakyamuni) et (Fondamental:Nichiren Daishonin dans la voie de l'étude doctrinale et de la méditation )...alors que tes élucubrations et autres vociférations ne s'appuie que sur l'opposition systématique (devadatta) et la mauvaise foi édifiée en modus operandi...
:levitation:[/quote]