Nichiren était il intolérant ?
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Le bouddhisme est une pratique, une philosophie de vie fondée par un sage de l'inde antique vers -600 avant JC, ce sage appelé "Bouddha" ce qui veut dire Éveillé, atteint l'Éveil vers 40 ans puis il enseigna durant toute sa vie, il mourut vers 80 ans en ayant établi une communauté de sa doctrine.
Le bouddhisme est une pratique, une philosophie de vie fondée par un sage de l'inde antique vers -600 avant JC, ce sage appelé "Bouddha" ce qui veut dire Éveillé, atteint l'Éveil vers 40 ans puis il enseigna durant toute sa vie, il mourut vers 80 ans en ayant établi une communauté de sa doctrine.
Nichiren était il intolérant ?
Ecrit le 19 déc.17, 01:05Par Jacqueline I Stone Professeur de Religions du Japon au Départment des Religions à l’Université de Princeton (U.S.A.)
Le maître bouddhiste Nichiren (1222–1282) a souvent été marginalisé par de nombreux spécialistes du bouddhisme, qui le considéraient comme intolérant pour avoir proclamé de façon exclusive qu’à l’époque des Derniers jours du Dharma (mappo), seul le Sutra du Lotus pouvait mener au salut.
Comme la tradition du bouddhisme nichirénien a souvent été agressive, en affirmant sa vérité exclusive et en s’opposant aux autres formes du bouddhisme, le qualificatif d’intolérance est inadéquat pour s’appliquer à cette tendance qui perdura à l’intérieur de la tradition, à la fois comme force unificatrice et comme stratégie de légitimation.
Cette brève esquisse historique cherchera :
- à remonter à l’origine de l’ « exclusivisme du Lotus » dans la pensée de Nichiren,
- à analyser comment cette revendication de propager le « Seul Vrai Dharma » a permis aux premières communautés nichiréniennes de s’imposer face à des institutions plus puissantes,
- à montrer la constante reconfiguration de ces déclarations, depuis le Moyen Age jusqu’à nos jours, en réponse au changement des circonstances.
L’article examinera également la question des conflits constants à l’intérieur des Ecoles nichiréniennes pour savoir si, et dans quelle mesure, il fallait poursuivre cette confrontation avec d’autres traditions bouddhistes.
----------------------------------------------------------------
Le Maître bouddhiste Nichiren (1222-1282) et l’Ecole bouddhiste qu’il fonda furent souvent marginalisés par les érudits tant japonais qu’occidentaux. Même si cela est dû, en partie, à l’amalgame qui, pendant la guerre, avait été fait entre certains aspects de la rhétorique de Nichiren et l’aile droite militariste, à un niveau plus profond on retrouve un malaise fondamental quant à l’opposition, souvent radicale, de la tradition nichirénienne envers les autres religions.
George Sansom, par exemple, affirme que Nichiren « rompit la tradition de tolérance religieuse au Japon », (réf.) tandis que Watanabe Shoko dit que Nichiren affichait « une confiance en soi jamais vue dans toute l’histoire du bouddhisme » et que, « du point de vue de la tolérance bouddhiste, on devrait qualifier son attitude de totalement non-bouddhique.» (réf.)
Selon Edward Conze :
« Le bouddhisme de Nichiren diffère de toutes les autres Ecoles bouddhistes par ses tendances nationalistes, agressives et intolérantes, et l’on peut se demander si, ayant développé à l’extrême son antithèse, il appartient encore à l’histoire du bouddhisme ». (réf.)
De telles critiques nous en disent plus sur les spéculations savantes modernes que sur la tradition nichirénienne. Il est vrai que de nombreux bouddhistes nichiréniens ont affiché un exclusivisme féroce (mot préférable à « intolérance » dans notre contexte car moins associé à l’histoire des religions européennes modernes) mais cette intransigeance est un phénomène complexe qui mériterait une étude plus poussée.
Le présent article décrit comment certaines affirmations de Nichiren au sujet du « seul vrai Dharma» s’inscrivent dans un environnement social et historique spécifique et comment elles furent adaptées lorsque ces circonstances changèrent. On abordera également la question récurrente à l’intérieur de sa lignée sur l’opportunité de poursuivre la confrontation avec les autres religions.
1 - Origines de l’exclusivisme dans la pensée de Nichiren
Examinons tout d’abord la proclamation fondamentale de Nichiren que seul le Sutra du Lotus peut conduire à la bodhéité ou au salut, durant les Derniers jours du Dharma (mappo). De telles prétentions exclusives n’étaient pas rares dans le bouddhisme japonais de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle. A cette époque, la grande institution Tendai au Mont Hiei s’est divisée en plusieurs Ecoles et lignées rivales, chacune se prétendant l’unique possesseur du savoir le plus profond. (réf.) Les nouvelles écoles bouddhistes de Kamakura adoptèrent souvent une forme unique de pratique, celle-ci acquérant de ce fait un statut d’absolu.
Le premier maître bouddhiste à mettre en pratique cette notion fut Honen (1133–1212), le Maître de l’Ecole Jodo (Terre Pure), qui insista pour psalmodier exclusivement le nom d’Amida (senju nembutsu). Nichiren qui, comme Honen, était à l’origine un moine tendai, proclama que réciter le Daimoku (Titre du Sutra du Lotus) sous la forme du mantra Namu-myoho-renge-kyo était la seule voie vers la délivrance et que combiner le Daimoku avec d’autres pratiques, serait, selon ses paroles, comme
« introduire des ordures dans du riz ».
et :
« Même quand un récipient contient de l'eau pure, si l'on y déverse des immondices, son contenu devient inutilisable. » (Lettre à Akimoto)
Les raisons pour lesquelles certaines pratiques et traditions du bouddhisme du haut Moyen Age japonais furent abandonnées ne sont pas très claires. Lors des premières périodes médiévales, la diversité des enseignements et des pratiques était considérée comme un « hoben », moyens appopriés, à l’opposé de l’institutionnalisation d’une voie unique. Il pourrait s’agir, au moins pour une part, d’une réponse aux troubles politiques et sociaux qui accompagnèrent le déclin des règles de l’aristocratie et la montée en puissance de la culture des guerriers. L’anxiété provoquée par la notion des Derniers jours du Dharma (mappo) joua également un rôle non négligeable. Nichiren se distingue des autres non pas par ses proclamations exclusivistes mais par l’intégration dans son enseignement du principe de confrontation avec d’autres Ecoles, notamment à travers son exhortation à faire ‘‘shakubuku’’.
Les sources bouddhistes canoniques définissent deux méthodes d’enseigner le Dharma :
- Shoju, ‘‘comprendre et accepter”, la méthode douce, consistant à guider les autres graduellement, sans critiquer leurs croyances.
- Shakubuku, “briser et soumettre”, la méthode sévère, réfutant ouvertement les vues erronées. (note)
Le rejet par Nichiren des autres Ecoles bouddhistes fut résumé par ses successeurs à partir de ses différents écrits sous la forme de ce qu’on appela ‘‘shika kakugen’’ (les quatre maximes) :
« Les enseignements du Nembutsu mènent à l’enfer des souffrances incessantes, le bouddhisme Zen est l’œuvre du démon, le Shingondétruit le pays et le Ritsu est déloyal ». (réf.)
Démentant la nature simpliste de ces formulations qui résonnent comme des slogans, shakubuku, tel qu’il fut pratiqué par Nichiren, requérait une maîtrise considérable de la théorie, ses critiques des autres Ecoles reposant sur des arguments précis tirés des sutras et de leurs commentaires. Nichiren adopta la doctrine de classification du Tian-tai/Tendai qui définissait le Sutra du Lotus comme ‘‘le sommet des enseignements du bouddhisme’’ - le Sutra du Lotus étant l’enseignement véritable (jitsu), tous les autres n’étant que provisoires (gon).
Nichiren intégra également certaines tendances herméneutiques du Tendai pour qui le Sutra du Lotus était non seulement la somme de toutes les doctrines précédentes mais s’en distinguait par un enseignement qualitativement supérieur. Selon lui, dans les Derniers Jours du Dharma, les gens n’avaient plus la capacité d’atteindre la délivrance grâce à des enseignements provisoires et par conséquent ces enseignements étaient des ennemis du Véhicule unique ; ils devaient donc être sévèrement réfutés par shakubuku. (Voir Nyosetsu shugyo sho - La Pratique telle que le Bouddha l'Enseigne.)
Nichiren et ses successeurs pratiquèrent shakubuku par des sermons et des débats, ainsi qu’en soumettant des remontrances aux autorités gouvernementales. Nichiren cependant se garda d’affirmer que shakubuku était approprié en tout temps et en tous lieux. Tout en estimant que shakubuku convenait mieux aux Derniers Jours du Dharma, il concéda que shoju pouvait rester une méthode appropriée en fonction des gens et des lieux. Il établit une distinction entre ‘‘les pays mauvais’’ (simplement parce que les habitants ignoraient le Sutra du Lotus) et où shoju convenait davantage, et les ‘‘pays qui détruisent le Dharma’’ où seul shakubuku serait efficace. Nichiren voyait dans le Japon de son temps un pays de la seconde catégorie. (Voir Kaimoku sho, Traité qui ouvre les yeux). Cette distinction autorisait une souplesse d’interprétation, en même temps qu’elle ouvrait la voie à des controverses doctrinales parmi les successeurs de Nichiren.
D’autres aspects de la prise de position de Nichiren en faveur de l’exclusivisme du Sutra du Lotus eurent une influence tout aussi importante sur ses continuateurs. Premièrement, Nichiren affirma que les rétributions pour l’acceptation ou le rejet de Sutra du Lotus se répercutaient matériellement dans l’environnement. Les souffrances collectives qu’il observait autour de lui - famines, épidémies, le grand tremblement de terre de 1258 qui détruisit la majeure partie de Kamakura et tout particulièrement la menace de l’invasion mongole - étaient à ses yeux des preuves d’une « offense au Dharma » généralisée (hobo), c'est-à-dire le rejet du Sutra du Lotus, seul enseignement conduisant encore à la bodhéité dans les Derniers Jours du Dharma, rejet au profit de l’amidisme, du Zen, du bouddhisme ésotérique et d’autres pratiques ‘‘déviées’’. Fort de cette conviction, Nichiren soumit en 1260 son célèbre traité Rissho Ankoku ron (Traité pour la pacification du pays par l'établissement du vrai bouddhisme) au régent retiré Hojo Tokiyori, la personnalité la plus influente dans le bakufu de Kamakura. Il y insistait sur la nécessité de rejeter l’amidisme et sur l’urgence de se vouer exclusivement au Sutra du Lotus.
A suivre ....
Le maître bouddhiste Nichiren (1222–1282) a souvent été marginalisé par de nombreux spécialistes du bouddhisme, qui le considéraient comme intolérant pour avoir proclamé de façon exclusive qu’à l’époque des Derniers jours du Dharma (mappo), seul le Sutra du Lotus pouvait mener au salut.
Comme la tradition du bouddhisme nichirénien a souvent été agressive, en affirmant sa vérité exclusive et en s’opposant aux autres formes du bouddhisme, le qualificatif d’intolérance est inadéquat pour s’appliquer à cette tendance qui perdura à l’intérieur de la tradition, à la fois comme force unificatrice et comme stratégie de légitimation.
Cette brève esquisse historique cherchera :
- à remonter à l’origine de l’ « exclusivisme du Lotus » dans la pensée de Nichiren,
- à analyser comment cette revendication de propager le « Seul Vrai Dharma » a permis aux premières communautés nichiréniennes de s’imposer face à des institutions plus puissantes,
- à montrer la constante reconfiguration de ces déclarations, depuis le Moyen Age jusqu’à nos jours, en réponse au changement des circonstances.
L’article examinera également la question des conflits constants à l’intérieur des Ecoles nichiréniennes pour savoir si, et dans quelle mesure, il fallait poursuivre cette confrontation avec d’autres traditions bouddhistes.
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Le Maître bouddhiste Nichiren (1222-1282) et l’Ecole bouddhiste qu’il fonda furent souvent marginalisés par les érudits tant japonais qu’occidentaux. Même si cela est dû, en partie, à l’amalgame qui, pendant la guerre, avait été fait entre certains aspects de la rhétorique de Nichiren et l’aile droite militariste, à un niveau plus profond on retrouve un malaise fondamental quant à l’opposition, souvent radicale, de la tradition nichirénienne envers les autres religions.
George Sansom, par exemple, affirme que Nichiren « rompit la tradition de tolérance religieuse au Japon », (réf.) tandis que Watanabe Shoko dit que Nichiren affichait « une confiance en soi jamais vue dans toute l’histoire du bouddhisme » et que, « du point de vue de la tolérance bouddhiste, on devrait qualifier son attitude de totalement non-bouddhique.» (réf.)
Selon Edward Conze :
« Le bouddhisme de Nichiren diffère de toutes les autres Ecoles bouddhistes par ses tendances nationalistes, agressives et intolérantes, et l’on peut se demander si, ayant développé à l’extrême son antithèse, il appartient encore à l’histoire du bouddhisme ». (réf.)
De telles critiques nous en disent plus sur les spéculations savantes modernes que sur la tradition nichirénienne. Il est vrai que de nombreux bouddhistes nichiréniens ont affiché un exclusivisme féroce (mot préférable à « intolérance » dans notre contexte car moins associé à l’histoire des religions européennes modernes) mais cette intransigeance est un phénomène complexe qui mériterait une étude plus poussée.
Le présent article décrit comment certaines affirmations de Nichiren au sujet du « seul vrai Dharma» s’inscrivent dans un environnement social et historique spécifique et comment elles furent adaptées lorsque ces circonstances changèrent. On abordera également la question récurrente à l’intérieur de sa lignée sur l’opportunité de poursuivre la confrontation avec les autres religions.
1 - Origines de l’exclusivisme dans la pensée de Nichiren
Examinons tout d’abord la proclamation fondamentale de Nichiren que seul le Sutra du Lotus peut conduire à la bodhéité ou au salut, durant les Derniers jours du Dharma (mappo). De telles prétentions exclusives n’étaient pas rares dans le bouddhisme japonais de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle. A cette époque, la grande institution Tendai au Mont Hiei s’est divisée en plusieurs Ecoles et lignées rivales, chacune se prétendant l’unique possesseur du savoir le plus profond. (réf.) Les nouvelles écoles bouddhistes de Kamakura adoptèrent souvent une forme unique de pratique, celle-ci acquérant de ce fait un statut d’absolu.
Le premier maître bouddhiste à mettre en pratique cette notion fut Honen (1133–1212), le Maître de l’Ecole Jodo (Terre Pure), qui insista pour psalmodier exclusivement le nom d’Amida (senju nembutsu). Nichiren qui, comme Honen, était à l’origine un moine tendai, proclama que réciter le Daimoku (Titre du Sutra du Lotus) sous la forme du mantra Namu-myoho-renge-kyo était la seule voie vers la délivrance et que combiner le Daimoku avec d’autres pratiques, serait, selon ses paroles, comme
« introduire des ordures dans du riz ».
et :
« Même quand un récipient contient de l'eau pure, si l'on y déverse des immondices, son contenu devient inutilisable. » (Lettre à Akimoto)
Les raisons pour lesquelles certaines pratiques et traditions du bouddhisme du haut Moyen Age japonais furent abandonnées ne sont pas très claires. Lors des premières périodes médiévales, la diversité des enseignements et des pratiques était considérée comme un « hoben », moyens appopriés, à l’opposé de l’institutionnalisation d’une voie unique. Il pourrait s’agir, au moins pour une part, d’une réponse aux troubles politiques et sociaux qui accompagnèrent le déclin des règles de l’aristocratie et la montée en puissance de la culture des guerriers. L’anxiété provoquée par la notion des Derniers jours du Dharma (mappo) joua également un rôle non négligeable. Nichiren se distingue des autres non pas par ses proclamations exclusivistes mais par l’intégration dans son enseignement du principe de confrontation avec d’autres Ecoles, notamment à travers son exhortation à faire ‘‘shakubuku’’.
Les sources bouddhistes canoniques définissent deux méthodes d’enseigner le Dharma :
- Shoju, ‘‘comprendre et accepter”, la méthode douce, consistant à guider les autres graduellement, sans critiquer leurs croyances.
- Shakubuku, “briser et soumettre”, la méthode sévère, réfutant ouvertement les vues erronées. (note)
Le rejet par Nichiren des autres Ecoles bouddhistes fut résumé par ses successeurs à partir de ses différents écrits sous la forme de ce qu’on appela ‘‘shika kakugen’’ (les quatre maximes) :
« Les enseignements du Nembutsu mènent à l’enfer des souffrances incessantes, le bouddhisme Zen est l’œuvre du démon, le Shingondétruit le pays et le Ritsu est déloyal ». (réf.)
Démentant la nature simpliste de ces formulations qui résonnent comme des slogans, shakubuku, tel qu’il fut pratiqué par Nichiren, requérait une maîtrise considérable de la théorie, ses critiques des autres Ecoles reposant sur des arguments précis tirés des sutras et de leurs commentaires. Nichiren adopta la doctrine de classification du Tian-tai/Tendai qui définissait le Sutra du Lotus comme ‘‘le sommet des enseignements du bouddhisme’’ - le Sutra du Lotus étant l’enseignement véritable (jitsu), tous les autres n’étant que provisoires (gon).
Nichiren intégra également certaines tendances herméneutiques du Tendai pour qui le Sutra du Lotus était non seulement la somme de toutes les doctrines précédentes mais s’en distinguait par un enseignement qualitativement supérieur. Selon lui, dans les Derniers Jours du Dharma, les gens n’avaient plus la capacité d’atteindre la délivrance grâce à des enseignements provisoires et par conséquent ces enseignements étaient des ennemis du Véhicule unique ; ils devaient donc être sévèrement réfutés par shakubuku. (Voir Nyosetsu shugyo sho - La Pratique telle que le Bouddha l'Enseigne.)
Nichiren et ses successeurs pratiquèrent shakubuku par des sermons et des débats, ainsi qu’en soumettant des remontrances aux autorités gouvernementales. Nichiren cependant se garda d’affirmer que shakubuku était approprié en tout temps et en tous lieux. Tout en estimant que shakubuku convenait mieux aux Derniers Jours du Dharma, il concéda que shoju pouvait rester une méthode appropriée en fonction des gens et des lieux. Il établit une distinction entre ‘‘les pays mauvais’’ (simplement parce que les habitants ignoraient le Sutra du Lotus) et où shoju convenait davantage, et les ‘‘pays qui détruisent le Dharma’’ où seul shakubuku serait efficace. Nichiren voyait dans le Japon de son temps un pays de la seconde catégorie. (Voir Kaimoku sho, Traité qui ouvre les yeux). Cette distinction autorisait une souplesse d’interprétation, en même temps qu’elle ouvrait la voie à des controverses doctrinales parmi les successeurs de Nichiren.
D’autres aspects de la prise de position de Nichiren en faveur de l’exclusivisme du Sutra du Lotus eurent une influence tout aussi importante sur ses continuateurs. Premièrement, Nichiren affirma que les rétributions pour l’acceptation ou le rejet de Sutra du Lotus se répercutaient matériellement dans l’environnement. Les souffrances collectives qu’il observait autour de lui - famines, épidémies, le grand tremblement de terre de 1258 qui détruisit la majeure partie de Kamakura et tout particulièrement la menace de l’invasion mongole - étaient à ses yeux des preuves d’une « offense au Dharma » généralisée (hobo), c'est-à-dire le rejet du Sutra du Lotus, seul enseignement conduisant encore à la bodhéité dans les Derniers Jours du Dharma, rejet au profit de l’amidisme, du Zen, du bouddhisme ésotérique et d’autres pratiques ‘‘déviées’’. Fort de cette conviction, Nichiren soumit en 1260 son célèbre traité Rissho Ankoku ron (Traité pour la pacification du pays par l'établissement du vrai bouddhisme) au régent retiré Hojo Tokiyori, la personnalité la plus influente dans le bakufu de Kamakura. Il y insistait sur la nécessité de rejeter l’amidisme et sur l’urgence de se vouer exclusivement au Sutra du Lotus.
A suivre ....
"Le sage n’est pas celui qui pratique le bouddhisme en dehors des règles de la société mais plutôt celui qui, grâce à une compréhension profonde du monde, connaît la meilleure manière de s’y comporter."
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Re: Nichiren était il intolérant ?
Ecrit le 19 déc.17, 04:38Intolérance : Manque de respect pour les croyances, les opinions que l'on réprouve ou que l'on juge fausses. L'intolérance mène au fanatisme.
J'ai dit à Hei no Saemon-no-jo: "Nichiren est le pilier et la poutre centrale du Japon. En finir avec moi, c'est renverser le pilier du Japon! Immédiatement, vous devrez tous faire face à la calamité qu’est la révolte dans vos propres domaine, les querelles entre vous et la calamité d’une invasion par des pays étrangers. Ou beaucoup d'entre vous seront faits prisonniers.
Tous les temples Nembutsu et Zen, comme le Kencho-ji, le Jufuku-ji, le Gokuraku-ji, le Daibutsu-den et le Choraku-ji, devraient être brûlés et leurs prêtres emmenés à la plage de Yui pour se faire décapiter . Si cela n'est pas fait, alors le Japon est certain d'être détruit! "(Du Gosho" La sélection du temps " )
"Si vous souhaitez apporter la tranquillité à l'empire le plus tôt possible, tout d'abord, vous feriez mieux de faire interdire les calomniateurs de l’authentique Dharma (enseignement, celui de nichiren) dans le pays." - Gosho "Rissho Ankoku Ron"
"Quant aux familles de ses dénigreurs, les membres de leur famille peuvent passer leur vie entière sans calomnier le Sûtra du Lotus. Mais même s'ils le pratiquent à chaque heure du jour et de la nuit, le fait qu'ils soient nés dans la famille d'un détracteur signifie qu'ils renaîtront régulièrement dans l'enfer des souffrances incessantes. ... Ensuite, nous en venons au pays des calomniateurs. Les personnes qui vivent dans un pays où il y a des calomniateurs de la Loi seront tous condamnés à la grande citadelle de l'enfer des souffrances incessantes. "
"Le roi Shiladitya de l'Inde ancienne était un sage qui protégeait le bouddhisme. Ne punissant que le meneur, le roi épargna la vie de tous les autres membres qui se révoltèrent contre lui, les bannissant seulement de son royaume. L'empereur Hsuan-tsung de T'ang Chine était un souverain sage qui protégeait le bouddhisme. Il fit exécuter 12 maîtres taoïstes, éliminant ainsi les ennemis du Bouddha et rétablissant le bouddhisme. Ces exemples en Inde et en Chine portent sur des maîtres non-bouddhistes et taoïstes qui essayaient de détruire le bouddhisme. Leurs péchés étaient relativement légers. Au contraire aujourd'hui au Japon, un disciple du Bouddha est sur le point de détruire le bouddhisme. Son péché est extrêmement grave; il doit être puni sévèrement sans aucun délai. "
"Et pourtant, aussi graves soient ces interdictions de prendre la vie, il est dit que, si une personne agit comme un ennemi du Sûtra du Lotus, alors mettre une telle personne à mort revient à accomplir un acte d’un mérite exceptionnel. Si c’est le cas, comment alors pourrait-il être juste d'offrir l'aumône et le soutien à cette personne? Le roi Sen'yo mit à mort cinq cents maîtres brahmanes, le moine Réalisation de la vertu mit à mort un nombre incalculable de calomniateurs de l'enseignement correct, et le grand monarque Ashoka mit à mort 108 000 non-bouddhistes. Ces souverains étaient considérés comme les rois les plus dignes de toute la terre de Jambudapa, et ce moine comme le plus sage parmi tous les observateurs des préceptes. Le roi Sen'yo renaîtra plus tard en tant que bouddha Shakyamuni, le moine Realization de la Vertue en tant que Kshayapa Buddha, et le grand monarque Ashoka a été reconnu comme un homme qui a réalisé la voie. …Gosho "Lettre à Akimoto »
Comme il est tragique que nous soyons nés dans un pays où les gens calomnient l'enseignement correct et rencontrent de si grandes difficultés ! Bien que nous puissions échapper nous-mêmes à la calomnie, comment pouvons-nous échapper au problème d’appartenir à une famille de détracteurs ou à un pays de dénigreurs ?
"Même les sages ou les sages ne peuvent éviter l'enfer des souffrances incessantes s'ils acceptent les offrandes des dénigreurs. Vous ne devriez pas non plus vous associer à des calomniateurs, car si vous le faites, vous partagerez la même culpabilité qu'eux. C'est ce que vous devriez craindre avant tout. « Gossho « Lettre à à Niike »
"Les femmes ont rapporté la calomnie aux fonctionnaires, en disant:« Selon ce que certains prêtres nous ont dit, Nichiren a déclaré que les derniers prêtres laïcs de Saimy? -ji et Gokuraku-ji sont tombés dans l'enfer de la souffrance incessante. Il a dit que les temples Kenchi-ji, Jufuku-ji, Gokuraku-ji, ChiRaku-ji et Daibutsu-ji devraient être brûlés et les honorables prêtres D? Ryukan décapités. »Dans ces circonstances, au conseil suprême de la régente, ma culpabilité pouvait difficilement être niée. Pour confirmer si j'avais ou non fait ces déclarations, j'ai été convoqué à la cour.
"A la cour, le magistrat dit:" Vous avez entendu ce que le régent a déclaré. Avez-vous dit ces choses ou pas? "J'ai répondu:« Chaque mot est de moi." (Extrait du Gosho« Les actions du champion du Sûtra du Lotus »)
"Yuiamidabutsu, le chef des prêtres du Nembutsu, avec D? Kan, un disciple de Ry?Kan, et de Sh?Yu-b ?, qui étaient les responsables de l’observation des préceptes, a voyagé en hâte à Kamakura. Là ils rapportèrent au seigneur de la province de Musashi: « Si ce prêtre reste sur l'île de Sado, il ne restera bientôt plus une seule salle bouddhiste debout ou un seul prêtre restant. Il prend les statues d'Amida Bouddha et les jette dans le feu ou les jette dans la rivière. Jour et nuit il escalade les hautes montagnes, sous le soleil et à la lune, et maudit le régent. Le son de sa voix peut être entendu dans toute la province. »(Ibid.)
Visiblement, de par son comportement c'était un individu déséquilibré.
J'ai dit à Hei no Saemon-no-jo: "Nichiren est le pilier et la poutre centrale du Japon. En finir avec moi, c'est renverser le pilier du Japon! Immédiatement, vous devrez tous faire face à la calamité qu’est la révolte dans vos propres domaine, les querelles entre vous et la calamité d’une invasion par des pays étrangers. Ou beaucoup d'entre vous seront faits prisonniers.
Tous les temples Nembutsu et Zen, comme le Kencho-ji, le Jufuku-ji, le Gokuraku-ji, le Daibutsu-den et le Choraku-ji, devraient être brûlés et leurs prêtres emmenés à la plage de Yui pour se faire décapiter . Si cela n'est pas fait, alors le Japon est certain d'être détruit! "(Du Gosho" La sélection du temps " )
"Si vous souhaitez apporter la tranquillité à l'empire le plus tôt possible, tout d'abord, vous feriez mieux de faire interdire les calomniateurs de l’authentique Dharma (enseignement, celui de nichiren) dans le pays." - Gosho "Rissho Ankoku Ron"
"Quant aux familles de ses dénigreurs, les membres de leur famille peuvent passer leur vie entière sans calomnier le Sûtra du Lotus. Mais même s'ils le pratiquent à chaque heure du jour et de la nuit, le fait qu'ils soient nés dans la famille d'un détracteur signifie qu'ils renaîtront régulièrement dans l'enfer des souffrances incessantes. ... Ensuite, nous en venons au pays des calomniateurs. Les personnes qui vivent dans un pays où il y a des calomniateurs de la Loi seront tous condamnés à la grande citadelle de l'enfer des souffrances incessantes. "
"Le roi Shiladitya de l'Inde ancienne était un sage qui protégeait le bouddhisme. Ne punissant que le meneur, le roi épargna la vie de tous les autres membres qui se révoltèrent contre lui, les bannissant seulement de son royaume. L'empereur Hsuan-tsung de T'ang Chine était un souverain sage qui protégeait le bouddhisme. Il fit exécuter 12 maîtres taoïstes, éliminant ainsi les ennemis du Bouddha et rétablissant le bouddhisme. Ces exemples en Inde et en Chine portent sur des maîtres non-bouddhistes et taoïstes qui essayaient de détruire le bouddhisme. Leurs péchés étaient relativement légers. Au contraire aujourd'hui au Japon, un disciple du Bouddha est sur le point de détruire le bouddhisme. Son péché est extrêmement grave; il doit être puni sévèrement sans aucun délai. "
"Et pourtant, aussi graves soient ces interdictions de prendre la vie, il est dit que, si une personne agit comme un ennemi du Sûtra du Lotus, alors mettre une telle personne à mort revient à accomplir un acte d’un mérite exceptionnel. Si c’est le cas, comment alors pourrait-il être juste d'offrir l'aumône et le soutien à cette personne? Le roi Sen'yo mit à mort cinq cents maîtres brahmanes, le moine Réalisation de la vertu mit à mort un nombre incalculable de calomniateurs de l'enseignement correct, et le grand monarque Ashoka mit à mort 108 000 non-bouddhistes. Ces souverains étaient considérés comme les rois les plus dignes de toute la terre de Jambudapa, et ce moine comme le plus sage parmi tous les observateurs des préceptes. Le roi Sen'yo renaîtra plus tard en tant que bouddha Shakyamuni, le moine Realization de la Vertue en tant que Kshayapa Buddha, et le grand monarque Ashoka a été reconnu comme un homme qui a réalisé la voie. …Gosho "Lettre à Akimoto »
Comme il est tragique que nous soyons nés dans un pays où les gens calomnient l'enseignement correct et rencontrent de si grandes difficultés ! Bien que nous puissions échapper nous-mêmes à la calomnie, comment pouvons-nous échapper au problème d’appartenir à une famille de détracteurs ou à un pays de dénigreurs ?
"Même les sages ou les sages ne peuvent éviter l'enfer des souffrances incessantes s'ils acceptent les offrandes des dénigreurs. Vous ne devriez pas non plus vous associer à des calomniateurs, car si vous le faites, vous partagerez la même culpabilité qu'eux. C'est ce que vous devriez craindre avant tout. « Gossho « Lettre à à Niike »
"Les femmes ont rapporté la calomnie aux fonctionnaires, en disant:« Selon ce que certains prêtres nous ont dit, Nichiren a déclaré que les derniers prêtres laïcs de Saimy? -ji et Gokuraku-ji sont tombés dans l'enfer de la souffrance incessante. Il a dit que les temples Kenchi-ji, Jufuku-ji, Gokuraku-ji, ChiRaku-ji et Daibutsu-ji devraient être brûlés et les honorables prêtres D? Ryukan décapités. »Dans ces circonstances, au conseil suprême de la régente, ma culpabilité pouvait difficilement être niée. Pour confirmer si j'avais ou non fait ces déclarations, j'ai été convoqué à la cour.
"A la cour, le magistrat dit:" Vous avez entendu ce que le régent a déclaré. Avez-vous dit ces choses ou pas? "J'ai répondu:« Chaque mot est de moi." (Extrait du Gosho« Les actions du champion du Sûtra du Lotus »)
"Yuiamidabutsu, le chef des prêtres du Nembutsu, avec D? Kan, un disciple de Ry?Kan, et de Sh?Yu-b ?, qui étaient les responsables de l’observation des préceptes, a voyagé en hâte à Kamakura. Là ils rapportèrent au seigneur de la province de Musashi: « Si ce prêtre reste sur l'île de Sado, il ne restera bientôt plus une seule salle bouddhiste debout ou un seul prêtre restant. Il prend les statues d'Amida Bouddha et les jette dans le feu ou les jette dans la rivière. Jour et nuit il escalade les hautes montagnes, sous le soleil et à la lune, et maudit le régent. Le son de sa voix peut être entendu dans toute la province. »(Ibid.)
Visiblement, de par son comportement c'était un individu déséquilibré.
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Re: Nichiren était il intolérant ?
Ecrit le 19 déc.17, 07:35Faux , il n'y a jamais de notion de soumission au dharma dans le bouddhisme , il suffit de lire le soutra des kamalas pour s'en rendre compte .Yvon a dit :Les sources bouddhistes canoniques définissent deux méthodes d’enseigner le Dharma :
- Shoju, ‘‘comprendre et accepter”, la méthode douce, consistant à guider les autres graduellement, sans critiquer leurs croyances.
- Shakubuku, “briser et soumettre”, la méthode sévère, réfutant ouvertement les vues erronées. (note)
Cette idée de briser, soumettre est propre au moine fanatique du 13 ème siècle Nichiren , pas à l'enseignement du bouddha .
Cette idée de dictature de la pensée du nichirénisme est sans rapport avec l'histoire du bouddha .
C'est le Nichirénisme qui est une véritable dictature de la pensée , pas la vision du bouddha qui lui proposait , et n'avait aucun besoin d'imposer quelque idée que ce soit .
Ca y est on retrouve dans le choix de vos citations toute la pédance du Nichirénisme , du style " moi je suis supérieur parce que ceci , moi je suis supérieur parce que cela" . Tout ce qu'on déteste dans l'intolérence de ce mouvement fanatique dont le but a toujours été d'essayer d'écraser les autres écoles en se plaçant comme au dessus d'elles .Yvon a cité : Nichiren intégra également certaines tendances herméneutiques du Tendai pour qui le Sutra du Lotus était non seulement la somme de toutes les doctrines précédentes mais s’en distinguait par un enseignement qualitativement supérieur.
Ca n'a pas mis bien longtemps .
Ce genre de discours ne donne pas envie de lire plus loin .
C'est de la propagande sectaire soka gakkaï .
Voilà exactement le genre de commentaire que j'attendais , qui démontre comme Nichiren était un grand malade ou un manipulateur .Yvon a dit : D’autres aspects de la prise de position de Nichiren en faveur de l’exclusivisme du Sutra du Lotus eurent une influence tout aussi importante sur ses continuateurs. Premièrement, Nichiren affirma que les rétributions pour l’acceptation ou le rejet de Sutra du Lotus se répercutaient matériellement dans l’environnement. Les souffrances collectives qu’il observait autour de lui - famines, épidémies, le grand tremblement de terre de 1258 qui détruisit la majeure partie de Kamakura et tout particulièrement la menace de l’invasion mongole - étaient à ses yeux des preuves d’une « offense au Dharma » généralisée (hobo), c'est-à-dire le rejet du Sutra du Lotus,
Comme tous les gourous dictateurs en puissance qui veulent avoir une emprise sur leurs adeptes , il est toujours nécessaire pour eux d'agir par la terreur et l'intimidation surnaturelle .
La secte soka gakkaï terrorise ses adeptes en leur disant que si ils abandonnent la soka gakkaî ou l'étude du soutra du lotus il va leur arriver grand malheur , ce fait est largement décrit dans les témoignages d'anciens adeptes . Sauf que ces anciens adeptes disent qu'ils n'ont pas eu plus de malheur en partant et en abandonnant l'étude du soutra du lotus et la soka gakkaï mais tout le contraire , une vraie délivrance et c'est unanime . Demandez à Algolx qui témoigne régulièrement sur ce forum si il lui est arrivé malheur en quittant votre secte ou en abandonnant l'étude du soutra du lotus , c'est ridicule .
Une religion qui serait une religion de vérité chercherait la vérité sur la vie en se plaçant directement au coeur de la vie , et ne chercherait pas à en fabriquer une par la foi artificiellement .
Re: Nichiren était il intolérant ?
Ecrit le 19 déc.17, 08:04Cette thèse n'a rien à voir avec la Soka Gakkai ,Jacqueline I stone n'en est pas membre . vous êtes hors sujet .
La suite :
Deuxièmement, Nichiren estimait que la fidélité au Sutra du Lotus devait primer sur celle due au pays et au gouvernant. En 1274, par exemple, il s’abstint de répondre à la requête officielle du bakufu d’offrir des prières pour la défaite des Mongols, estimant mal venu de fournir un service rituel à un gouvernement hostile au Sutra du Lotus et parce que ladite invasion pourrait jouer un rôle nécessaire à l’éveil du peuple qui négligeait ses enseignements. Ainsi, en accordant au Sutra du Lotus une priorité absolue, Nichiren instituait pour lui-même, comme pour ses disciples, une source d’autorité morale susceptible de défier l’ordre politique existant.
Troisièmement, selon Nichiren, les persécutions résultant de l’action de shakubuku légitimaient son enseignement. Ses écrits montrent une conscience très affirmée de ce que ses conflits récurrents avec les autorités, ses exils et les atteintes à sa vie étaient directement liés à ses critiques incessantes à l’égard des autres enseignements ; il alla même jusqu’à se présenter comme « la personne la plus contrariante du Japon » (Yagenta-dono gohenji - Les Sabres du Bien et du Mal). Dans sa pensée, shakubuku n’était pas une auto-affirmation partisane, mais la pratique de bodhisattva dans les Derniers Jours du Dharma, un acte de compassion et d’expiation. Il ne servait pas seulement à éveiller les autres au fait qu’ils offensaient le Dharma (action qui les mènerait en enfer), ce qui entrainait inévitablement les persécutions, lui permettant ainsi d’expier de semblables offenses qu’il pensait avoir commises dans le passé. Il était même convaincu que donner sa vie au Sutra du Lotus était la garantie d’une bodhéité future. Ainsi qu’il l’écrivit à ses disciples en 1273 :
« La vie s'écoule en un instant. Si nombreux et féroces que soient les ennemis que nous rencontrerons, n'ayons aucune peur et ne pensons jamais à reculer. Même si l'on menaçait de nous couper la tête avec une scie, de nous empaler sur une lance, de nous mettre aux fers et de nous transpercer les pieds avec une vrille, aussi longtemps que nous serons en vie, nous devrons continuer à réciter Namu Myoho Renge Kyo, Namu Myoho Renge. Si nous récitons cette phrase jusqu'au moment ultime de notre mort, immédiatement, Shakyamuni, Taho, tous les autres bouddhas de l'univers viendront à notre rescousse, tenant ainsi fidèlement la promesse faite lors de la cérémonie du Pic du Vautour. […] Tandis que toutes les divinités bouddhiques nous escorteront pour nous protéger jusqu'à la Terre de Bouddha. Comment décrire la joie que nous ressentirons alors ? » (Nyosetsu shugyo sho, - La Pratique telle que le Bouddha l'Enseigne)
Le Sutra du Lotus lui-même relaterait les épreuves que ses adeptes devront endurer « dans les âges démoniaques » après le parinirvana du Bouddha. Le fait de rencontrer de telles difficultés était pour Nichiren la confirmation qu’il avait raison. Cette légitimation de l’opposition a joué un rôle profondément ambivalent dans l’histoire du bouddhisme de Nichiren. De nombreux adeptes y puisèrent le courage pour supporter d’effroyables persécutions; d’autres, une raison pour entrer délibérément en conflit avec les autorités.
La suite :
Deuxièmement, Nichiren estimait que la fidélité au Sutra du Lotus devait primer sur celle due au pays et au gouvernant. En 1274, par exemple, il s’abstint de répondre à la requête officielle du bakufu d’offrir des prières pour la défaite des Mongols, estimant mal venu de fournir un service rituel à un gouvernement hostile au Sutra du Lotus et parce que ladite invasion pourrait jouer un rôle nécessaire à l’éveil du peuple qui négligeait ses enseignements. Ainsi, en accordant au Sutra du Lotus une priorité absolue, Nichiren instituait pour lui-même, comme pour ses disciples, une source d’autorité morale susceptible de défier l’ordre politique existant.
Troisièmement, selon Nichiren, les persécutions résultant de l’action de shakubuku légitimaient son enseignement. Ses écrits montrent une conscience très affirmée de ce que ses conflits récurrents avec les autorités, ses exils et les atteintes à sa vie étaient directement liés à ses critiques incessantes à l’égard des autres enseignements ; il alla même jusqu’à se présenter comme « la personne la plus contrariante du Japon » (Yagenta-dono gohenji - Les Sabres du Bien et du Mal). Dans sa pensée, shakubuku n’était pas une auto-affirmation partisane, mais la pratique de bodhisattva dans les Derniers Jours du Dharma, un acte de compassion et d’expiation. Il ne servait pas seulement à éveiller les autres au fait qu’ils offensaient le Dharma (action qui les mènerait en enfer), ce qui entrainait inévitablement les persécutions, lui permettant ainsi d’expier de semblables offenses qu’il pensait avoir commises dans le passé. Il était même convaincu que donner sa vie au Sutra du Lotus était la garantie d’une bodhéité future. Ainsi qu’il l’écrivit à ses disciples en 1273 :
« La vie s'écoule en un instant. Si nombreux et féroces que soient les ennemis que nous rencontrerons, n'ayons aucune peur et ne pensons jamais à reculer. Même si l'on menaçait de nous couper la tête avec une scie, de nous empaler sur une lance, de nous mettre aux fers et de nous transpercer les pieds avec une vrille, aussi longtemps que nous serons en vie, nous devrons continuer à réciter Namu Myoho Renge Kyo, Namu Myoho Renge. Si nous récitons cette phrase jusqu'au moment ultime de notre mort, immédiatement, Shakyamuni, Taho, tous les autres bouddhas de l'univers viendront à notre rescousse, tenant ainsi fidèlement la promesse faite lors de la cérémonie du Pic du Vautour. […] Tandis que toutes les divinités bouddhiques nous escorteront pour nous protéger jusqu'à la Terre de Bouddha. Comment décrire la joie que nous ressentirons alors ? » (Nyosetsu shugyo sho, - La Pratique telle que le Bouddha l'Enseigne)
Le Sutra du Lotus lui-même relaterait les épreuves que ses adeptes devront endurer « dans les âges démoniaques » après le parinirvana du Bouddha. Le fait de rencontrer de telles difficultés était pour Nichiren la confirmation qu’il avait raison. Cette légitimation de l’opposition a joué un rôle profondément ambivalent dans l’histoire du bouddhisme de Nichiren. De nombreux adeptes y puisèrent le courage pour supporter d’effroyables persécutions; d’autres, une raison pour entrer délibérément en conflit avec les autorités.
"Le sage n’est pas celui qui pratique le bouddhisme en dehors des règles de la société mais plutôt celui qui, grâce à une compréhension profonde du monde, connaît la meilleure manière de s’y comporter."
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Re: Nichiren était il intolérant ?
Ecrit le 20 déc.17, 12:22Il est important de préciser que Nichiren n'était nullement une personne qui détenait une vérité universelle sur la lecture du soutra du lotus , mais une personne qui en a eu une interprétation diffèrente et radicale le conduisant même à faire de ce soutra un certain fanatisme . Ce mode de lecture contredit du reste toute la logique des autres soutras qui parlent de l'inverse du fanatisme puisque le fanatisme est considéré comme une forme d'extrême alors que le bouddha parlait de modération , de voie du juste milieu et de détachement . Le adeptes de Nichiren présentent toujours Nichiren comme étant celui détenait la "vraie interprétation" sur ce soutra .
Hors beaucoup de maitres du bouddhisme avaient une grande admiration pour le soutra du lotus mais n'en ont jamais déduit une interprétation aussi radicale que Nichiren .Comme par exemple Nagarjuna ou Dogen dont on voit dans leur témoignage qu'ils portaient une très grande admiration pour le soutra du lotus . Ils ont enseigné le soutra du lotus et ont continué à enseigner d'autres soutras et ont pratiqué la méditation et ont enseigné la méditation comme pratique centrale jusqu'à le fin de leur vie .Alors que Nichiren déduisait du soutra du lotus l'abandon de l'étude de tous les autres soutras que le soutra du lotus et la caducité des enseignements sur la méditation qu'avait donné bouddha durant sa vie .
Il est faux de prétendre que Nichiren a fait découvrir le soutra du lotus comme le disent malhonnêtement les adeptes de Nichiren , il a toujours été très connu .
Comme tous les textes, le soutra du lotus possède des possibilités d'interprétations possibles et pas une seule , c'est pareil pour la bible ou tout oeuvre philosophique , ou toute oeuvre littéraire .
Aussi prétendre qu'il existerait une vérité universelle unique et absolue d'interprétation de tel ou tel texte ne veut pas dire grand chose . C'est tout au plus se fermer à tout autre interprétation et se murer fanatiquement à l'intérieur d'elle .
Les gens qui sont plutôt modérés ne voient pas des ennemis partout et se font beaucoup moins d'ennemis d'ailleurs parce qu'ils ont beaucoup moins de raisons de s'en créer ou de s'en faire . C'est simplement ça neutraliser le karma négatif et la souffrance , examiner simplement les causes au lieu de se plaindre .
Hors beaucoup de maitres du bouddhisme avaient une grande admiration pour le soutra du lotus mais n'en ont jamais déduit une interprétation aussi radicale que Nichiren .Comme par exemple Nagarjuna ou Dogen dont on voit dans leur témoignage qu'ils portaient une très grande admiration pour le soutra du lotus . Ils ont enseigné le soutra du lotus et ont continué à enseigner d'autres soutras et ont pratiqué la méditation et ont enseigné la méditation comme pratique centrale jusqu'à le fin de leur vie .Alors que Nichiren déduisait du soutra du lotus l'abandon de l'étude de tous les autres soutras que le soutra du lotus et la caducité des enseignements sur la méditation qu'avait donné bouddha durant sa vie .
Il est faux de prétendre que Nichiren a fait découvrir le soutra du lotus comme le disent malhonnêtement les adeptes de Nichiren , il a toujours été très connu .
Comme tous les textes, le soutra du lotus possède des possibilités d'interprétations possibles et pas une seule , c'est pareil pour la bible ou tout oeuvre philosophique , ou toute oeuvre littéraire .
Aussi prétendre qu'il existerait une vérité universelle unique et absolue d'interprétation de tel ou tel texte ne veut pas dire grand chose . C'est tout au plus se fermer à tout autre interprétation et se murer fanatiquement à l'intérieur d'elle .
La radicalité , le fanatisme comportent toujours le problème extrême dualisme .En se murant dans une sorte de fanatisme , Nichiren s'est créé des ennemis et comme Don quichotte s'est mis à faire la guerre contre des moulins à vent . Puisque l'enseignement de bouddha est proteïforme , l'adepte qui veut s'attacher à une forme absolue à lui donner perd la tête , panique et cherche une solution parfois de type interprétation personnelle radicale qui va lui permettre pense t'il de mettre fin à sa folie . Alors que la façon de mettre fin à la folie c'est tout simplement d'abandonner l'attachement excessif à la quête de formalisation ou de sens et de comprendre que le bouddha développe l'univers comme protéïforme , impermanent , sur un plan absolu insaisissable . Mais nul besoin de saisir le vent pour ressentir souffler sur nos épaules . Simplement laisser être .Yvon a dit : La vie s'écoule en un instant. Si nombreux et féroces que soient les ennemis que nous rencontrerons, n'ayons aucune peur et ne pensons jamais à reculer.
Tu sais c'est comme dans la lecture de la bible , chacun y invente un peu son interprétation sur la question et y voit la preuve du diable ici ou là . Et l'adepte pense se e démontrer à lui même que ça prouve que son interprétation est plus juste que celle d'une autre personne . A la fin ça tourne un peu à la névrose et à la folie ce genre de chose et à la paranoÏa .Tous les fanatiques, Hitler ou n'importe quel autre fanatique développent une forme de paranoïa où ils voient des ennemis partout .Yvon a dit :Le Sutra du Lotus lui-même relaterait les épreuves que ses adeptes devront endurer « dans les âges démoniaques »
Les gens qui sont plutôt modérés ne voient pas des ennemis partout et se font beaucoup moins d'ennemis d'ailleurs parce qu'ils ont beaucoup moins de raisons de s'en créer ou de s'en faire . C'est simplement ça neutraliser le karma négatif et la souffrance , examiner simplement les causes au lieu de se plaindre .
Une religion qui serait une religion de vérité chercherait la vérité sur la vie en se plaçant directement au coeur de la vie , et ne chercherait pas à en fabriquer une par la foi artificiellement .
Re: Nichiren était il intolérant ?
Ecrit le 20 déc.17, 12:35Il est important de préciser que Nichiren est le seul à avoir compris et vécu tous ce qui était inscrit dans le Sûtra du Lotus avec sa vie . Toute sa vie est la prédiction du SDL .
Suite :
2 - Premiers compromiset critiques conséquentes
Le courage de Nichiren pour défier les autorités du bakufu et pour endurer les persécutions qui s’ensuivirent lui gagna des admirateurs, en particulier parmi les samouraïs de rang moyen qui constituèrent l’essentiel de ses disciples. L’accent mis sur la dévotion exclusive au Sutra du Lotus facilita également le développement de sa communauté en tant que courant séparé, indépendant du Tendai. Cependant, son purisme inflexible rendait difficile son ancrage dans la société. Quelques années après sa mort, ses successeurs se trouvèrent tiraillés entre le désir de rester loyaux envers l’exclusivisme rigoureux de Nichiren et la nécessité d’assurer la prospérité de leurs communautés religieuses. Ainsi naquit au sein de la tradition nichirénienne une tension entre exclusivisme et flexibilité, laquelle perdure encore aujourd’hui.
Pour illustrer la dynamique de cette tension, examinons les circonstances entourant deux événements des débuts où les successeurs de Nichiren se trouvèrent dans la nécessité de transiger sur le principe interdisant de célébrer un service rituel pour un gouvernant qui n’adhérait pas au Sutra du Lotus.
Après que le typhon eût brisé la seconde tentative mongole d’envahir le Japon en l’été 1281, le bakufu, pour prévenir une troisième attaque, donna l’ordre à tous les temples et sanctuaires de Kamakura d’offrir des prières pour la sécurité de la nation. A ce moment-là, les communautés nichiréniennes de Kamakura, dirigées par deux disciples immédiats de Nichiren : Ben no Ajari Nissho (1221 - 1323) et Daikoku Ajari Nichiro (1245 - 1320), refusèrent d’obéir à cet ordre. Le bakufu menaça alors de raser leurs temples et de bannir leur clergé. Comme leurs protestations se montraient inefficaces, les deux prêtres, répugnant d’assister à la destruction de leurs nouvelles communautés, acceptèrent finalement d’accomplir les rites requis. (réf.)
Le deuxième cas est celui du disciple de Nichiro, Daikoku Ajari Nichizo (1269 - 1342) qui fut le premier à prêcher les enseignements de Nichiren à Kyoto. Nichizo arriva dans la capitale impériale en 1294 et lutta pendant des années contre l’opposition des autres Ecoles. Par trois fois, il fut banni de la cité. Mais il soutint habilement Go-Daigo et s’engagea à prier pour le retour au pouvoir de l’empereur exilé. Après la restauration de Kenmu, Go-Daigo accorda des terres au temple de Nichizo, le Myoken-ji, et en 1334 en fit un ‘‘chokuganji’’, ‘‘temple du vœu impérial’’. Cette reconnaissance ouvrit la voie aux divers courants nichiréniens qui vinrent s’établir dans la capitale, permit aux prêtres d’accéder à de hautes fonctions ecclésiastiques et encouragea les nobles et les guerriers influents à entrer dans le sérail nichirénien. (réf.)
Ces deux exemples montrent comment les menaces proférées contre des communautés nichiréniennes ou les occasions de servir les intérêts de leur Ecole, ont pu modifier l’attitude exclusiviste et conflictuelle et créer ainsi des précédents pour une conduite plus conciliante. En soi, ceci n’est pas surprenant, mais il est important de noter que ce genre d’accommodements n’allait pas sans contestation. Les deux exemples mentionnés attirèrent de violentes critiques de la part des moines appartenant à la lignée de Byakuren Ajari (alias Nikko, l246 – 1333), disciple direct de Nichiren, dont la rupture avec un autre disciple majeur conduisit au premier schisme parmi les adeptes de Nichiren et à la création d’une branche indépendante connue sous le nom d’Ecole Fuji.
Nikko accusa Nissho et Nichiro d’avoir trahi le nom de Nichiren, de se cacher derrière l’appellation protectrice de ‘‘moines tendai’’ et d’offrir des prières pour le bakufu à seule fin d’échapper aux persécutions.(réf.) Des critiques de cet ordre sont fréquentes dans les documents de l’Ecole Fuji. De même, lorsque les efforts de Nichizo aboutirent à l’attribution au Myoken-ji, de l’appellation de ‘‘chokuganji’’ (temple du vœu impérial), un disciple de Nikko, Sanmi Ajari (alias Nichijun, 1294 - 1356), écrivit que les prières de Nichizo revenaient à diffamer le Dharma et ne feraient qu’attirer des désastres. (réf.)
On pourrait penser que les critiques de l’Ecole Fuji, installée dans la province de Suruga, loin des principaux centres politiques, traduisaient simplement son incapacité de se mettre à la place des communautés établies à Kamakura et Kyoto. Cela ne serait pas tout à fait exact. En 1284, Nikko exprima sa sympathie aux dirigeants de Kamakura (réf.) alors qu’il les avait accusés de trahir Nichiren en 1298, peu de temps après le schisme. En fait, nous voyons apparaître un fonctionnement interne propre à cette tradition, où individus et groupes cherchent à établir leur propre orthodoxie au sein de courants nichiréniens rivaux, en se réappropriant les positions exclusivistes de leur fondateur
Suite :
2 - Premiers compromiset critiques conséquentes
Le courage de Nichiren pour défier les autorités du bakufu et pour endurer les persécutions qui s’ensuivirent lui gagna des admirateurs, en particulier parmi les samouraïs de rang moyen qui constituèrent l’essentiel de ses disciples. L’accent mis sur la dévotion exclusive au Sutra du Lotus facilita également le développement de sa communauté en tant que courant séparé, indépendant du Tendai. Cependant, son purisme inflexible rendait difficile son ancrage dans la société. Quelques années après sa mort, ses successeurs se trouvèrent tiraillés entre le désir de rester loyaux envers l’exclusivisme rigoureux de Nichiren et la nécessité d’assurer la prospérité de leurs communautés religieuses. Ainsi naquit au sein de la tradition nichirénienne une tension entre exclusivisme et flexibilité, laquelle perdure encore aujourd’hui.
Pour illustrer la dynamique de cette tension, examinons les circonstances entourant deux événements des débuts où les successeurs de Nichiren se trouvèrent dans la nécessité de transiger sur le principe interdisant de célébrer un service rituel pour un gouvernant qui n’adhérait pas au Sutra du Lotus.
Après que le typhon eût brisé la seconde tentative mongole d’envahir le Japon en l’été 1281, le bakufu, pour prévenir une troisième attaque, donna l’ordre à tous les temples et sanctuaires de Kamakura d’offrir des prières pour la sécurité de la nation. A ce moment-là, les communautés nichiréniennes de Kamakura, dirigées par deux disciples immédiats de Nichiren : Ben no Ajari Nissho (1221 - 1323) et Daikoku Ajari Nichiro (1245 - 1320), refusèrent d’obéir à cet ordre. Le bakufu menaça alors de raser leurs temples et de bannir leur clergé. Comme leurs protestations se montraient inefficaces, les deux prêtres, répugnant d’assister à la destruction de leurs nouvelles communautés, acceptèrent finalement d’accomplir les rites requis. (réf.)
Le deuxième cas est celui du disciple de Nichiro, Daikoku Ajari Nichizo (1269 - 1342) qui fut le premier à prêcher les enseignements de Nichiren à Kyoto. Nichizo arriva dans la capitale impériale en 1294 et lutta pendant des années contre l’opposition des autres Ecoles. Par trois fois, il fut banni de la cité. Mais il soutint habilement Go-Daigo et s’engagea à prier pour le retour au pouvoir de l’empereur exilé. Après la restauration de Kenmu, Go-Daigo accorda des terres au temple de Nichizo, le Myoken-ji, et en 1334 en fit un ‘‘chokuganji’’, ‘‘temple du vœu impérial’’. Cette reconnaissance ouvrit la voie aux divers courants nichiréniens qui vinrent s’établir dans la capitale, permit aux prêtres d’accéder à de hautes fonctions ecclésiastiques et encouragea les nobles et les guerriers influents à entrer dans le sérail nichirénien. (réf.)
Ces deux exemples montrent comment les menaces proférées contre des communautés nichiréniennes ou les occasions de servir les intérêts de leur Ecole, ont pu modifier l’attitude exclusiviste et conflictuelle et créer ainsi des précédents pour une conduite plus conciliante. En soi, ceci n’est pas surprenant, mais il est important de noter que ce genre d’accommodements n’allait pas sans contestation. Les deux exemples mentionnés attirèrent de violentes critiques de la part des moines appartenant à la lignée de Byakuren Ajari (alias Nikko, l246 – 1333), disciple direct de Nichiren, dont la rupture avec un autre disciple majeur conduisit au premier schisme parmi les adeptes de Nichiren et à la création d’une branche indépendante connue sous le nom d’Ecole Fuji.
Nikko accusa Nissho et Nichiro d’avoir trahi le nom de Nichiren, de se cacher derrière l’appellation protectrice de ‘‘moines tendai’’ et d’offrir des prières pour le bakufu à seule fin d’échapper aux persécutions.(réf.) Des critiques de cet ordre sont fréquentes dans les documents de l’Ecole Fuji. De même, lorsque les efforts de Nichizo aboutirent à l’attribution au Myoken-ji, de l’appellation de ‘‘chokuganji’’ (temple du vœu impérial), un disciple de Nikko, Sanmi Ajari (alias Nichijun, 1294 - 1356), écrivit que les prières de Nichizo revenaient à diffamer le Dharma et ne feraient qu’attirer des désastres. (réf.)
On pourrait penser que les critiques de l’Ecole Fuji, installée dans la province de Suruga, loin des principaux centres politiques, traduisaient simplement son incapacité de se mettre à la place des communautés établies à Kamakura et Kyoto. Cela ne serait pas tout à fait exact. En 1284, Nikko exprima sa sympathie aux dirigeants de Kamakura (réf.) alors qu’il les avait accusés de trahir Nichiren en 1298, peu de temps après le schisme. En fait, nous voyons apparaître un fonctionnement interne propre à cette tradition, où individus et groupes cherchent à établir leur propre orthodoxie au sein de courants nichiréniens rivaux, en se réappropriant les positions exclusivistes de leur fondateur
"Le sage n’est pas celui qui pratique le bouddhisme en dehors des règles de la société mais plutôt celui qui, grâce à une compréhension profonde du monde, connaît la meilleure manière de s’y comporter."
Re: Nichiren était il intolérant ?
Ecrit le 26 déc.17, 04:063 -Remontrances au gouvernement
Afin de mieux comprendre la dynamique de la confrontation exclusiviste à l’intérieur de la tradition, portons notre attention sur la pratique des ‘‘admonestations au gouvernement’’ (kokka kangyo), activité modelée sur les remontrances de Nichiren adressées à Hojo Tokiyori dans son Rissho Ankoku ron. Durant toute l’époque médiévale, kokka kangyo ainsi que les sermons et les débats représentaient un moyen fort commode de pratiquer shakubuku à l’avantage de la Hokke Shu (Ecole du Lotus, ainsi que l’on appelait alors le (bouddhisme de Nichiren). Kokka kangyo consistait généralement à soumettre des lettres de remontrances (moshijo) au gouvernant - l’empereur ou plus fréquemment le shogun - ou à ses représentants officiels régionaux. Moshijo était un moyen spécifique utilisé par les successeurs de Nichiren pour réactualiser le message du Rissho Ankoku ron en priant instamment le gouvernement de rejeter les enseignements provisoires et à n’avoir foi que dans le seul Sutra du Lotus, afin que le pays puisse vivre en paix. Parfois, ceux-ci réclamaient l’organisation de débats publics avec des moines d’autres Ecoles afin de démontrer la supériorité de la doctrine de Nichiren - occasion que Nichiren avait vainement cherchée toute sa vie. Souvent une copie du Rissho Ankoku ron était jointe à l’envoi ou, plus rarement, une œuvre de l’expéditeur délivrant un message similaire. Plus de quarante de ces lettres d’admonestation ont survécu, allant de l’année 1285 à 1596, la grande majorité datant des XIVe et XVe siècles.
Monter à Kyoto pour admonester le gouvernement était considéré comme un passage obligé pour celui qui assumait la fonction de maître ‘‘kanju’’ ou ‘‘betto’’ du temple principal de la lignée Hokke dans le Kanto (réf.). Un respect particulier était voué à ceux qui avaient fourni des efforts exceptionnels pour de telles remontrances ou qui, à l’instar de Nichiren, encoururent la disgrâce officielle pour leur geste. Les exemples ne manquent pas, dont celui de Niidakyo Ajari Nichimoku de l’Ecole Fuji, vétéran de nombreux débats et remontrances, qui mourut à 74 ans alors qu’il se rendait à Kyoto pour admonester l’empereur.(réf.)
Jogyoin Nichiyu (1298 – 1374), de la lignée Nakayama à Shimosa, séjourna également à Kyoto, en 1334, pour présenter une lettre d’admonestation à Go-Daigo tout juste revenu au pouvoir, demandant l’organisation d’un débat entre la Hokke Shu et les autres Ecoles. A la présentation de sa lettre il fut arrêté et emprisonné trois jours, s’accordant ainsi la grande satisfaction d’avoir souffert des persécutions, fussent-elles brèves, pour le salut du Dharma.
Six ans plus tard, il refit la démarche pour admonester le shogun Ashikaga Takauji. Bien que ses propres écrits n’en fassent pas mention, la tradition voudrait que Nichiyu faillit être décapité lors d’une autre tentative de remontrance en 1356.(réf.) Nichiyu était parmi les premiers dirigeants de l’Ecole Hokke à n’avoir pas connu Nichiren personnellement. Nakao Takashi pense que ses voyages à Kyoto pour admonester l’empereur puis le shogun devaient le confirmer à ses propres yeux comme héritier de l’enseignement de Nichiren et aussi asseoir son autorité dans la lignée Nakayama.(réf.)
Les shoguns Ashikaga permettaient généralement à la Hokke Shu de prêcher et d’ouvrir des temples à Kyoto mais il leur arrivait de punir des remontrances répétées, ce qui provoquait parfois des conflits. Nichiren avait créé un précédent en adressant trois admonestations. Genmyo Ajari Nichiju (1314 – 1392), le fondateur de la Kempon Hokkeshu à Kyoto, admonesta le shogun, Yoshimitsu, deux fois en 1391 et reçut l’avertissement de ne pas recommencer. Lorsque ses disciples, Nichinin et Nichijitsu, firent de nouveau des remontrances à Yoshimitsu en 1398, ils furent arrêtés et torturés.
Le cas le plus connu fut, sans conteste, celui de Kuonjo-in Nisshin (1407 - 1488) de la lignée Nakayama qui prêcha abondamment, fonda trente temples pendant son séjour à Kyoto et à Hizen, et admonesta à huit occasions des dignitaires officiels. En 1439, Nisshin fit des remontrances à Ashikaga Yoshinori et reçut l’avertissement qu’une seconde tentative serait punie. Sa réaction immédiate fut de rédiger un mémoire intitulé Rissho jikoku ron (Etablissement de l’enseignement correct pour gouverner le pays) inspiré du traité de Nichiren sur le même thème. Il comptait le remettre lors du trente-troisième anniversaire de la mort de Yoshimitsu, le shogun précédent. Mais l’information filtra et, avant qu’il ait pu mettre le texte au propre, il fut arrêté et emprisonné jusqu’à l’assassinat de Yoshinori près de deux ans plus tard. D’après le témoignage de Nisshin lui-même, il avait été enfermé avec plusieurs autres prisonniers dans une sorte de cage trop basse pour que l’on puisse s’y tenir debout et plantée de piques qui descendaient d’en haut. Par dévotion exaltée les hagiographes ont élaboré des détails macabres sur les tortures de Nisshin en prison. On l’appelle souvent Nabekamuri Shonin, (Vénérable portant le pot) d’après la tradition selon laquelle Yoshinori aurait fait mettre sur sa tête un pot de fer avec le vain espoir de l’obliger à arrêter la récitation de daimoku. Les écrits de Nisshin mettent en évidence que, pour lui, réfuter les « offenses au Dharma » en se conformant à la stricte pratique du shakubuku était une façon d’assumer le mandat légué par Nichiren qui voulait que l’on défende la vérité unique du Sutra du Lotus « même au péril de sa vie ».
Les shoguns Ashikaga essayaient généralement d’adopter une conduite de neutralité vis-à-vis des conflits religieux et n’étaient pas disposés à soutenir la Hokke Shu à l’exclusion des autres lignées, l’eussent-ils même désiré.(réf.) Il semble donc qu’ « admonester le gouvernement » était entrepris pour d’autres raisons que dans une naïve attente de voir aboutir ces démarches. Sous l’angle de la foi, admonester le gouvernement était considéré comme un acte de bodhisattva qui sème des graines karmiques pour un prochain Éveil personnel, celui du gouvernement et celui du peuple, tout en se libérant de la faute de complicité avec le diffamateur du Dharma. En certaines occasions cela pouvait exiger courage héroïque et conviction à toute épreuve. A un niveau plus pragmatique cependant, cela aurait servi de moyen pour prouver la foi de la personne ou l’authenticité de sa lignée comme étant la plus fidèle aux enseignements de Nichiren. Cela permettait également de se montrer plus critique face à d’autres courants nichiréniens moins rigoureux.
Des hommes comme Nisshin et autres virtuoses de shakubuku ne sont pas nécessairement tous représentatifs des dirigeants de l’Ecole Hokke médiévale. En réalité, il existe des preuves que ces conflits avec les autorités n’étaient pas toujours appréciés par les temples Hokke bien établis et s’étant déjà assurés la protection de la noblesse dirigeante et des daimyos. Les admonestations de Nichinin et Nichijitsu auprès de Yoshimitsu et d’autres dignitaires étaient regardées avec inquiétude par les anciens temples Hokke tels que le Honkoku-ji et le Myohon-ji qui voyaient en elles une menace pour leur sécurité et leur bonne réputation. En fait, avant de se rendre à Kyoto, Nisshin avait été exclu de la lignée de son propre temple, le Nakayama Hokekyo-ji à Shimosa, après qu’il eut sévèrement et de façon répétitive critiqué tout à la fois l’administrateur du temple et le principal protecteur laïc pour leur tolérance vis-à-vis des pratiques hétérodoxes à l’intérieur de la communauté.
Toutefois, des hommes comme Nisshin gagnèrent de nombreuses conversions à l’Ecole Hokke et furent célébrés comme martyrs exemplaires dans les annales de la tradition nichirénienne. En maintenant la stratégie du shakubuku polémique, ils gardèrent vivant le schéma parfait de la dévotion exclusive au Sutra du Lotus et freinèrent les accommodements concédés à l’autorité séculière par d’autres adeptes plus conciliants. A travers la pratique de l’« admonestation du gouvernement », l’Ecole Hokke établit sa jeune tradition comme étant la seule à posséder la vérité susceptible d’apporter la paix au pays. Elle préservait ainsi la revendication de Nichiren : l’accès à l’unique source d’autorité morale qui transcendait même celle du gouvernement.
Afin de mieux comprendre la dynamique de la confrontation exclusiviste à l’intérieur de la tradition, portons notre attention sur la pratique des ‘‘admonestations au gouvernement’’ (kokka kangyo), activité modelée sur les remontrances de Nichiren adressées à Hojo Tokiyori dans son Rissho Ankoku ron. Durant toute l’époque médiévale, kokka kangyo ainsi que les sermons et les débats représentaient un moyen fort commode de pratiquer shakubuku à l’avantage de la Hokke Shu (Ecole du Lotus, ainsi que l’on appelait alors le (bouddhisme de Nichiren). Kokka kangyo consistait généralement à soumettre des lettres de remontrances (moshijo) au gouvernant - l’empereur ou plus fréquemment le shogun - ou à ses représentants officiels régionaux. Moshijo était un moyen spécifique utilisé par les successeurs de Nichiren pour réactualiser le message du Rissho Ankoku ron en priant instamment le gouvernement de rejeter les enseignements provisoires et à n’avoir foi que dans le seul Sutra du Lotus, afin que le pays puisse vivre en paix. Parfois, ceux-ci réclamaient l’organisation de débats publics avec des moines d’autres Ecoles afin de démontrer la supériorité de la doctrine de Nichiren - occasion que Nichiren avait vainement cherchée toute sa vie. Souvent une copie du Rissho Ankoku ron était jointe à l’envoi ou, plus rarement, une œuvre de l’expéditeur délivrant un message similaire. Plus de quarante de ces lettres d’admonestation ont survécu, allant de l’année 1285 à 1596, la grande majorité datant des XIVe et XVe siècles.
Monter à Kyoto pour admonester le gouvernement était considéré comme un passage obligé pour celui qui assumait la fonction de maître ‘‘kanju’’ ou ‘‘betto’’ du temple principal de la lignée Hokke dans le Kanto (réf.). Un respect particulier était voué à ceux qui avaient fourni des efforts exceptionnels pour de telles remontrances ou qui, à l’instar de Nichiren, encoururent la disgrâce officielle pour leur geste. Les exemples ne manquent pas, dont celui de Niidakyo Ajari Nichimoku de l’Ecole Fuji, vétéran de nombreux débats et remontrances, qui mourut à 74 ans alors qu’il se rendait à Kyoto pour admonester l’empereur.(réf.)
Jogyoin Nichiyu (1298 – 1374), de la lignée Nakayama à Shimosa, séjourna également à Kyoto, en 1334, pour présenter une lettre d’admonestation à Go-Daigo tout juste revenu au pouvoir, demandant l’organisation d’un débat entre la Hokke Shu et les autres Ecoles. A la présentation de sa lettre il fut arrêté et emprisonné trois jours, s’accordant ainsi la grande satisfaction d’avoir souffert des persécutions, fussent-elles brèves, pour le salut du Dharma.
Six ans plus tard, il refit la démarche pour admonester le shogun Ashikaga Takauji. Bien que ses propres écrits n’en fassent pas mention, la tradition voudrait que Nichiyu faillit être décapité lors d’une autre tentative de remontrance en 1356.(réf.) Nichiyu était parmi les premiers dirigeants de l’Ecole Hokke à n’avoir pas connu Nichiren personnellement. Nakao Takashi pense que ses voyages à Kyoto pour admonester l’empereur puis le shogun devaient le confirmer à ses propres yeux comme héritier de l’enseignement de Nichiren et aussi asseoir son autorité dans la lignée Nakayama.(réf.)
Les shoguns Ashikaga permettaient généralement à la Hokke Shu de prêcher et d’ouvrir des temples à Kyoto mais il leur arrivait de punir des remontrances répétées, ce qui provoquait parfois des conflits. Nichiren avait créé un précédent en adressant trois admonestations. Genmyo Ajari Nichiju (1314 – 1392), le fondateur de la Kempon Hokkeshu à Kyoto, admonesta le shogun, Yoshimitsu, deux fois en 1391 et reçut l’avertissement de ne pas recommencer. Lorsque ses disciples, Nichinin et Nichijitsu, firent de nouveau des remontrances à Yoshimitsu en 1398, ils furent arrêtés et torturés.
Le cas le plus connu fut, sans conteste, celui de Kuonjo-in Nisshin (1407 - 1488) de la lignée Nakayama qui prêcha abondamment, fonda trente temples pendant son séjour à Kyoto et à Hizen, et admonesta à huit occasions des dignitaires officiels. En 1439, Nisshin fit des remontrances à Ashikaga Yoshinori et reçut l’avertissement qu’une seconde tentative serait punie. Sa réaction immédiate fut de rédiger un mémoire intitulé Rissho jikoku ron (Etablissement de l’enseignement correct pour gouverner le pays) inspiré du traité de Nichiren sur le même thème. Il comptait le remettre lors du trente-troisième anniversaire de la mort de Yoshimitsu, le shogun précédent. Mais l’information filtra et, avant qu’il ait pu mettre le texte au propre, il fut arrêté et emprisonné jusqu’à l’assassinat de Yoshinori près de deux ans plus tard. D’après le témoignage de Nisshin lui-même, il avait été enfermé avec plusieurs autres prisonniers dans une sorte de cage trop basse pour que l’on puisse s’y tenir debout et plantée de piques qui descendaient d’en haut. Par dévotion exaltée les hagiographes ont élaboré des détails macabres sur les tortures de Nisshin en prison. On l’appelle souvent Nabekamuri Shonin, (Vénérable portant le pot) d’après la tradition selon laquelle Yoshinori aurait fait mettre sur sa tête un pot de fer avec le vain espoir de l’obliger à arrêter la récitation de daimoku. Les écrits de Nisshin mettent en évidence que, pour lui, réfuter les « offenses au Dharma » en se conformant à la stricte pratique du shakubuku était une façon d’assumer le mandat légué par Nichiren qui voulait que l’on défende la vérité unique du Sutra du Lotus « même au péril de sa vie ».
Les shoguns Ashikaga essayaient généralement d’adopter une conduite de neutralité vis-à-vis des conflits religieux et n’étaient pas disposés à soutenir la Hokke Shu à l’exclusion des autres lignées, l’eussent-ils même désiré.(réf.) Il semble donc qu’ « admonester le gouvernement » était entrepris pour d’autres raisons que dans une naïve attente de voir aboutir ces démarches. Sous l’angle de la foi, admonester le gouvernement était considéré comme un acte de bodhisattva qui sème des graines karmiques pour un prochain Éveil personnel, celui du gouvernement et celui du peuple, tout en se libérant de la faute de complicité avec le diffamateur du Dharma. En certaines occasions cela pouvait exiger courage héroïque et conviction à toute épreuve. A un niveau plus pragmatique cependant, cela aurait servi de moyen pour prouver la foi de la personne ou l’authenticité de sa lignée comme étant la plus fidèle aux enseignements de Nichiren. Cela permettait également de se montrer plus critique face à d’autres courants nichiréniens moins rigoureux.
Des hommes comme Nisshin et autres virtuoses de shakubuku ne sont pas nécessairement tous représentatifs des dirigeants de l’Ecole Hokke médiévale. En réalité, il existe des preuves que ces conflits avec les autorités n’étaient pas toujours appréciés par les temples Hokke bien établis et s’étant déjà assurés la protection de la noblesse dirigeante et des daimyos. Les admonestations de Nichinin et Nichijitsu auprès de Yoshimitsu et d’autres dignitaires étaient regardées avec inquiétude par les anciens temples Hokke tels que le Honkoku-ji et le Myohon-ji qui voyaient en elles une menace pour leur sécurité et leur bonne réputation. En fait, avant de se rendre à Kyoto, Nisshin avait été exclu de la lignée de son propre temple, le Nakayama Hokekyo-ji à Shimosa, après qu’il eut sévèrement et de façon répétitive critiqué tout à la fois l’administrateur du temple et le principal protecteur laïc pour leur tolérance vis-à-vis des pratiques hétérodoxes à l’intérieur de la communauté.
Toutefois, des hommes comme Nisshin gagnèrent de nombreuses conversions à l’Ecole Hokke et furent célébrés comme martyrs exemplaires dans les annales de la tradition nichirénienne. En maintenant la stratégie du shakubuku polémique, ils gardèrent vivant le schéma parfait de la dévotion exclusive au Sutra du Lotus et freinèrent les accommodements concédés à l’autorité séculière par d’autres adeptes plus conciliants. A travers la pratique de l’« admonestation du gouvernement », l’Ecole Hokke établit sa jeune tradition comme étant la seule à posséder la vérité susceptible d’apporter la paix au pays. Elle préservait ainsi la revendication de Nichiren : l’accès à l’unique source d’autorité morale qui transcendait même celle du gouvernement.
"Le sage n’est pas celui qui pratique le bouddhisme en dehors des règles de la société mais plutôt celui qui, grâce à une compréhension profonde du monde, connaît la meilleure manière de s’y comporter."
Re: Nichiren était il intolérant ?
Ecrit le 27 déc.17, 07:28Salut chère Yvon.
Au plaisir de te croiser, par-ci ou par-là
Lettres et Traités de Nichiren Daishonin - La phrase unique et essentielle -
extrait, volume 1
L'esprit d'une personne se reflète parfois rien que dans son visage et même seulement dans ses yeux. Le mot Japon inclut tout ce que contiennent les soixante-six provinces de ce pays : l'ensemble des hommes et des animaux, les rizières et autres cultures, les personnes de haute ou de basse position, les nobles et les roturiers, les Sept Sortes de joyaux et tous les autres trésors. De même, le titre Nam Myoho Renge Kyo contient l'intégralité du Sûtra avec ses huit volumes, ses vingt-huit chapitres et ses 69 384 caractères sans exception.
(volume 1, p.196-197)
"Maintenant, au commencement de l'époque des derniers jours de la Loi, moi, Nichiren, je suis le premier à entreprendre la propagation des cinq caractères de Nam Myoho Renge Kyo dans le monde entier.
Ces cinq caractères sont le coeur du Sûtra du Lotus et la source de l'illumination de tous les bouddhas. (...)"
Au plaisir de te croiser, par-ci ou par-là
Lettres et Traités de Nichiren Daishonin - La phrase unique et essentielle -
extrait, volume 1
L'esprit d'une personne se reflète parfois rien que dans son visage et même seulement dans ses yeux. Le mot Japon inclut tout ce que contiennent les soixante-six provinces de ce pays : l'ensemble des hommes et des animaux, les rizières et autres cultures, les personnes de haute ou de basse position, les nobles et les roturiers, les Sept Sortes de joyaux et tous les autres trésors. De même, le titre Nam Myoho Renge Kyo contient l'intégralité du Sûtra avec ses huit volumes, ses vingt-huit chapitres et ses 69 384 caractères sans exception.
(volume 1, p.196-197)
"Maintenant, au commencement de l'époque des derniers jours de la Loi, moi, Nichiren, je suis le premier à entreprendre la propagation des cinq caractères de Nam Myoho Renge Kyo dans le monde entier.
Ces cinq caractères sont le coeur du Sûtra du Lotus et la source de l'illumination de tous les bouddhas. (...)"
Modifié en dernier par Shonin le 27 déc.17, 08:10, modifié 1 fois.
La religion est faite pour l'homme et non l'homme pour la religion.
https://www.facebook.com/brutofficiel/v ... 308655040/
Ne pas oublier que la guerre du Congo qui a fait plus de 8 millions de morts en 20 ans dans le Kivu est intimement liée a la richesse minière de la région et au silence de la communauté internationale
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Re: Nichiren était il intolérant ?
Ecrit le 27 déc.17, 07:37nichiren était il tolérant ? le bouddha des temps nouveaux,...!
j'ai beau lire et relire Yvon
rien, ne semble moins évident.. !
les prédictions de nichiren, sensé etre une sorte de surhomme (le bouddha fondamental) de nichiren se sont avérées toutes fausses ! Il semble surtout avec ses histoires de pilier du japon, un tantinet paranoïaque !
Nichiren a garanti que, si le gouvernement japonais ne décapitait pas tous les autres dirigeants bouddhistes et brûlait leurs temples, le Japon serait envahi par les Mongols et son peuple serait tué ou asservi, et le pays du Japon serait détruit. ET que cela arriverait dans l'année. C'était la "prophétie" de Nichiren.
Quand ma prédiction se réalisera, cela prouvera que je suis un sage, le Japon sera détruit. Nichiren
Nichiren est le pilier et le faisceau du Japon. En finir avec moi, c'est renverser le pilier du Japon! Immédiatement, vous serez tous confrontés à « la calamité de la révolte dans votre propre domaine », ou à la « détresse de l'invasion des terres étrangères » Tous les temples Nembutsu et Zen, tels que Kenchoji, Jufuku-ji, Gokuraku- ji, Daibutsuden, et Choraku-ji, devraient être brûlés à la terre, et leurs prêtres pris et emmenés à la plage de Yui pour avoir leur tête coupée. Si ce n'est pas fait, alors le Japon est certain d'être détruit! "- La sélection du temps
Au cours du deuxième mois de 1274, le shogunat accorda un pardon à Nichiren et retourna à Kamakura le mois suivant. Le huitième jour du quatrième mois, Hei no Saemon a convoqué Nichiren et, de manière déférente, a demandé son avis concernant l'invasion mongole imminente. Nichiren a dit que cela se produirait dans l'année et a réitéré que cette calamité était le résultat de calomnier l'enseignement correct. Source SGI
La tâche de prier pour la victoire sur les Mongols ne devrait pas être confiée aux prêtres du Shingon! Si une affaire si grave leur est confiée, alors la situation ne fera que s'aggraver rapidement et notre pays sera confronté à la destruction. "Nichiren
Regardez ce qui se passera dans le futur. Si ces prêtres qui abusent de moi, Nichiren, devraient prier pour la paix du pays, ils ne feront qu'accélérer la ruine de la nation. Enfin, si les conséquences devenaient vraiment graves, tout le peuple japonais, depuis le souverain jusqu'au peuple, deviendrait esclave des Mongols à queue de cochon et aura des regrets amers. - Le palais royal
Rien de tout cela n'est jamais arrivé, pourtant les croyants de la SGI et de Nichiren prétendent que Nichiren a prophétisé avec succès - ceci est présenté ensuite comme une « preuve » que Nichiren était vraiment le Votar du Sûtra du Lotus / un Bouddha / un sage. Même si cela n'est jamais arrivé...
https://www.reddit.com/r/sgiwh [...] t_as_such/
j'ai beau lire et relire Yvon
rien, ne semble moins évident.. !
les prédictions de nichiren, sensé etre une sorte de surhomme (le bouddha fondamental) de nichiren se sont avérées toutes fausses ! Il semble surtout avec ses histoires de pilier du japon, un tantinet paranoïaque !
Nichiren a garanti que, si le gouvernement japonais ne décapitait pas tous les autres dirigeants bouddhistes et brûlait leurs temples, le Japon serait envahi par les Mongols et son peuple serait tué ou asservi, et le pays du Japon serait détruit. ET que cela arriverait dans l'année. C'était la "prophétie" de Nichiren.
Quand ma prédiction se réalisera, cela prouvera que je suis un sage, le Japon sera détruit. Nichiren
Nichiren est le pilier et le faisceau du Japon. En finir avec moi, c'est renverser le pilier du Japon! Immédiatement, vous serez tous confrontés à « la calamité de la révolte dans votre propre domaine », ou à la « détresse de l'invasion des terres étrangères » Tous les temples Nembutsu et Zen, tels que Kenchoji, Jufuku-ji, Gokuraku- ji, Daibutsuden, et Choraku-ji, devraient être brûlés à la terre, et leurs prêtres pris et emmenés à la plage de Yui pour avoir leur tête coupée. Si ce n'est pas fait, alors le Japon est certain d'être détruit! "- La sélection du temps
Au cours du deuxième mois de 1274, le shogunat accorda un pardon à Nichiren et retourna à Kamakura le mois suivant. Le huitième jour du quatrième mois, Hei no Saemon a convoqué Nichiren et, de manière déférente, a demandé son avis concernant l'invasion mongole imminente. Nichiren a dit que cela se produirait dans l'année et a réitéré que cette calamité était le résultat de calomnier l'enseignement correct. Source SGI
La tâche de prier pour la victoire sur les Mongols ne devrait pas être confiée aux prêtres du Shingon! Si une affaire si grave leur est confiée, alors la situation ne fera que s'aggraver rapidement et notre pays sera confronté à la destruction. "Nichiren
Regardez ce qui se passera dans le futur. Si ces prêtres qui abusent de moi, Nichiren, devraient prier pour la paix du pays, ils ne feront qu'accélérer la ruine de la nation. Enfin, si les conséquences devenaient vraiment graves, tout le peuple japonais, depuis le souverain jusqu'au peuple, deviendrait esclave des Mongols à queue de cochon et aura des regrets amers. - Le palais royal
Rien de tout cela n'est jamais arrivé, pourtant les croyants de la SGI et de Nichiren prétendent que Nichiren a prophétisé avec succès - ceci est présenté ensuite comme une « preuve » que Nichiren était vraiment le Votar du Sûtra du Lotus / un Bouddha / un sage. Même si cela n'est jamais arrivé...
https://www.reddit.com/r/sgiwh [...] t_as_such/
Re: Nichiren était il intolérant ?
Ecrit le 28 déc.17, 02:12[HS]
Modifié en dernier par Horapollon le 08 janv.18, 09:43, modifié 1 fois.
Raison : hors sujet
La religion est faite pour l'homme et non l'homme pour la religion.
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Re: Nichiren était il intolérant ?
Ecrit le 28 déc.17, 03:23[HS]
Modifié en dernier par Horapollon le 08 janv.18, 09:43, modifié 1 fois.
Raison : hors sujet
Re: Nichiren était il intolérant ?
Ecrit le 29 déc.17, 01:59Hors sujet . Pour revenir au sujet :
4 - L’exclusivisme du Lotus et la montée de machishu
Né aux environs du XVe siècle, l’exclusivisme du Sutra du Lotus s’accrut considérablement dans les règlements des communautés (monto) des temples Hokke, particulièrement à Kyoto. En 1413, le Myokaku-ji, une des paroisses les plus radicales de la mouvance exclusiviste Hokke, édicta un ensemble de prescriptions interdisant à ses adhérents de pratiquer leur culte dans des salles et des temples d’autres Ecoles, de faire des dons à leur clergé, ou de recevoir des aumônes de ceux qui ne suivaient pas le Sutra du Lotus. Un homme épousant une femme n’appartenant pas à l’Ecole Hokke avait l’obligation de la convertir dans un délai de trois ans, faute de quoi ils étaient tous les deux exclus. Des exceptions étaient tolérées pour des nobles de la cour ou des hommes d’armes (bushi) qui pouvaient avoir à transgresser ces règles pour des raisons d’Etat. (réf.)
En 1451, les temples Honno-ji et Honko-ji, tous deux de la lignée Happon nouvellement fondée, adoptèrent des règles semblables et même plus strictes, interdisant en plus aux adhérents d’avoir recours aux services des miko ou des kannagi (note), d’assister à des cérémonies d’autres Ecoles ou d’offrir des dons à l’occasion d’événements religieux. Tous les efforts devaient être faits pour convertir les conjoints des fils et filles aussi bien que les serviteurs de la maison. (réf.)
De telles mesures étaient motivées, du moins en partie, en réaction à la tendance d’accommodement perceptible notamment parmi les lignées Hokke ayant d’anciennes racines dans la capitale et des protecteurs parmi les aristocrates et les bushis de haut rang, la célébration des rites à l’intention de cette clientèle étant une substantielle source de revenus. En 1466, l’inquiétude croissante née des menaces venues du Mont Hiei conduisit à un accord, signé par la presque totalité des montos Hokke de Kyoto, imposant la stricte interdiction de se rendre dans les sanctuaires et les temples de ceux qui « diffamaient le Dharma » et de recevoir d’eux des aumônes. Shakubuku devait leur être appliqué avec résolution.(réf.)
L’historien Fujii Manabu voit cet excès d’exclusivisme institutionnel comme un moyen par lequel le machishu (groupement de citadins) émergeant de Kyoto - largement composé de croyants Hokke - affirma son indépendance par rapport à l’ancienne autorité féodale représentée par les principaux sanctuaires et temples, en particulier ceux du Mont Hiei. Depuis l’époque où les moines Hokke commencèrent à prêcher à Kyoto au début du XIVe siècle, ils bénéficiaient d’un vif support de la part de ces communautés largement mercantiles, dont l’enrichissement, en retour, assurait au courant Hokke une prospérité supérieure aux autres Ecoles de la capitale. Cela fit la fortune de vingt-et-un temples, dont la majorité se trouvait dans la ville basse (shimogyo) à forte densité de machishu.(réf.)
Les machishus prospérant, leur intérêt entra en conflit tant avec les anciens seigneurs féodaux (daimyo), auxquels ils étaient redevables de différentes rentes et taxes, qu’avec les ligues de paysans ruraux (do-ikki), fréquemment organisés sous la bannière de Ikko ou bouddhisme Shin. Après la guerre Onin (1467 - 1477), quand les Ashikaga devinrent trop faibles pour imposer leur police dans la ville, les citadins s’armèrent de plus en plus contre les attaques des paysans et des seigneurs de guerre des provinces, avides de prendre le pouvoir dans la capitale. Les principaux temples Hokke Shu furent transformés en forteresses. La règle exclusiviste du Hokke monto, comme stipulé dans les Accords de 1466, fut sans aucun doute l’expression d’un besoin urgent de solidarité entre les machishus en même temps qu’un bon moyen pour y parvenir. Selon Imatani Akira, ce fut la Hokke Shu, avec ses fortes tendances exclusivistes et agressives, qui procéda à l’unification réelle de l’armée de la population urbaine. (réf.)
Cette unité machishu de la Hokke Shu fit ses preuves en été 1532, lors de la tentative d’attaque par les forces Ikko. Plusieurs jours durant, des milliers de citadins, à pied ou à cheval, exécutèrent des rondes, dans toute la cité, se montrant prêts au combat, portant des bannières avec l’inscription de Namu-myoho-renge-kyo et en récitant daimoku. Ce fut le début de ce qu’on appela le ‘‘Hokke ikki’’(Confédération du Lotus ou Soulèvement du Lotus). Alliés aux forces du représentant shogunal, Hosokawa Harumoto, ils repoussèrent l’attaque et détruisirent le Yamashina Hongan-ji, la forteresse Ikko.
Durant quatre ans, le monto* Hokke Shu maintint dans les faits un gouvernement autonome à Kyoto, établissant sa propre police et assumant les fonctions juridiques. Non seulement il refusa de payer les rentes et les taxes, mais - selon les plaintes provenant du Mont Hiei - convertit de force les hommes du commun et interdit le culte dans les temples des autres Ecoles. (réf.) C’est alors que les anciennes institutions religieuses s’irritèrent de l’érosion de leur autorité dans la capitale.
Au printemps 1536, Matsumoto Shinzaemon, un adhérent laïc Hokke Shu de Mobara en Kazusa, défia un prélat tendai de haut rang lors d’un sermon public. Le prédicateur fut incapable de lui répondre. (réf.) Furieux de cette humiliation, les moines du Mont Hiei réunirent leurs partisans et, le septième mois de 1536, brûlèrent tous les temples Hokke Shu à Kyoto, étendant des ravages à une bonne partie de la ville. Les machishus résistèrent avec courage mais il y eut beaucoup de morts. Les moines nichiréniens s’enfuirent à Sakai où de nombreux montos* avaient des temples.
En 1542, la Hokke Shu fut autorisée à se rétablir à Kyoto mais sa puissance d’autrefois était alors brisée. Lors de ces incidents, l’exclusivisme du Lotus aida à définir et à consolider une confédération de communautés urbaines, le machishu de Kyoto, et pour un temps servit son aspiration à une indépendance politique et économique mais, en fin de compte, annihila même les succès remportés.
Dire que l’engagement exclusif envers le Sutra du Lotus servait uniquement des objectifs politiques serait nier que ce fut, pour un bon nombre, une profonde et sincère conviction religieuse. Cependant, comme le Hokke ikki * le montre clairement, cet exclusivisme a généralement servi des préoccupations sociales et institutionnelles.
4 - L’exclusivisme du Lotus et la montée de machishu
Né aux environs du XVe siècle, l’exclusivisme du Sutra du Lotus s’accrut considérablement dans les règlements des communautés (monto) des temples Hokke, particulièrement à Kyoto. En 1413, le Myokaku-ji, une des paroisses les plus radicales de la mouvance exclusiviste Hokke, édicta un ensemble de prescriptions interdisant à ses adhérents de pratiquer leur culte dans des salles et des temples d’autres Ecoles, de faire des dons à leur clergé, ou de recevoir des aumônes de ceux qui ne suivaient pas le Sutra du Lotus. Un homme épousant une femme n’appartenant pas à l’Ecole Hokke avait l’obligation de la convertir dans un délai de trois ans, faute de quoi ils étaient tous les deux exclus. Des exceptions étaient tolérées pour des nobles de la cour ou des hommes d’armes (bushi) qui pouvaient avoir à transgresser ces règles pour des raisons d’Etat. (réf.)
En 1451, les temples Honno-ji et Honko-ji, tous deux de la lignée Happon nouvellement fondée, adoptèrent des règles semblables et même plus strictes, interdisant en plus aux adhérents d’avoir recours aux services des miko ou des kannagi (note), d’assister à des cérémonies d’autres Ecoles ou d’offrir des dons à l’occasion d’événements religieux. Tous les efforts devaient être faits pour convertir les conjoints des fils et filles aussi bien que les serviteurs de la maison. (réf.)
De telles mesures étaient motivées, du moins en partie, en réaction à la tendance d’accommodement perceptible notamment parmi les lignées Hokke ayant d’anciennes racines dans la capitale et des protecteurs parmi les aristocrates et les bushis de haut rang, la célébration des rites à l’intention de cette clientèle étant une substantielle source de revenus. En 1466, l’inquiétude croissante née des menaces venues du Mont Hiei conduisit à un accord, signé par la presque totalité des montos Hokke de Kyoto, imposant la stricte interdiction de se rendre dans les sanctuaires et les temples de ceux qui « diffamaient le Dharma » et de recevoir d’eux des aumônes. Shakubuku devait leur être appliqué avec résolution.(réf.)
L’historien Fujii Manabu voit cet excès d’exclusivisme institutionnel comme un moyen par lequel le machishu (groupement de citadins) émergeant de Kyoto - largement composé de croyants Hokke - affirma son indépendance par rapport à l’ancienne autorité féodale représentée par les principaux sanctuaires et temples, en particulier ceux du Mont Hiei. Depuis l’époque où les moines Hokke commencèrent à prêcher à Kyoto au début du XIVe siècle, ils bénéficiaient d’un vif support de la part de ces communautés largement mercantiles, dont l’enrichissement, en retour, assurait au courant Hokke une prospérité supérieure aux autres Ecoles de la capitale. Cela fit la fortune de vingt-et-un temples, dont la majorité se trouvait dans la ville basse (shimogyo) à forte densité de machishu.(réf.)
Les machishus prospérant, leur intérêt entra en conflit tant avec les anciens seigneurs féodaux (daimyo), auxquels ils étaient redevables de différentes rentes et taxes, qu’avec les ligues de paysans ruraux (do-ikki), fréquemment organisés sous la bannière de Ikko ou bouddhisme Shin. Après la guerre Onin (1467 - 1477), quand les Ashikaga devinrent trop faibles pour imposer leur police dans la ville, les citadins s’armèrent de plus en plus contre les attaques des paysans et des seigneurs de guerre des provinces, avides de prendre le pouvoir dans la capitale. Les principaux temples Hokke Shu furent transformés en forteresses. La règle exclusiviste du Hokke monto, comme stipulé dans les Accords de 1466, fut sans aucun doute l’expression d’un besoin urgent de solidarité entre les machishus en même temps qu’un bon moyen pour y parvenir. Selon Imatani Akira, ce fut la Hokke Shu, avec ses fortes tendances exclusivistes et agressives, qui procéda à l’unification réelle de l’armée de la population urbaine. (réf.)
Cette unité machishu de la Hokke Shu fit ses preuves en été 1532, lors de la tentative d’attaque par les forces Ikko. Plusieurs jours durant, des milliers de citadins, à pied ou à cheval, exécutèrent des rondes, dans toute la cité, se montrant prêts au combat, portant des bannières avec l’inscription de Namu-myoho-renge-kyo et en récitant daimoku. Ce fut le début de ce qu’on appela le ‘‘Hokke ikki’’(Confédération du Lotus ou Soulèvement du Lotus). Alliés aux forces du représentant shogunal, Hosokawa Harumoto, ils repoussèrent l’attaque et détruisirent le Yamashina Hongan-ji, la forteresse Ikko.
Durant quatre ans, le monto* Hokke Shu maintint dans les faits un gouvernement autonome à Kyoto, établissant sa propre police et assumant les fonctions juridiques. Non seulement il refusa de payer les rentes et les taxes, mais - selon les plaintes provenant du Mont Hiei - convertit de force les hommes du commun et interdit le culte dans les temples des autres Ecoles. (réf.) C’est alors que les anciennes institutions religieuses s’irritèrent de l’érosion de leur autorité dans la capitale.
Au printemps 1536, Matsumoto Shinzaemon, un adhérent laïc Hokke Shu de Mobara en Kazusa, défia un prélat tendai de haut rang lors d’un sermon public. Le prédicateur fut incapable de lui répondre. (réf.) Furieux de cette humiliation, les moines du Mont Hiei réunirent leurs partisans et, le septième mois de 1536, brûlèrent tous les temples Hokke Shu à Kyoto, étendant des ravages à une bonne partie de la ville. Les machishus résistèrent avec courage mais il y eut beaucoup de morts. Les moines nichiréniens s’enfuirent à Sakai où de nombreux montos* avaient des temples.
En 1542, la Hokke Shu fut autorisée à se rétablir à Kyoto mais sa puissance d’autrefois était alors brisée. Lors de ces incidents, l’exclusivisme du Lotus aida à définir et à consolider une confédération de communautés urbaines, le machishu de Kyoto, et pour un temps servit son aspiration à une indépendance politique et économique mais, en fin de compte, annihila même les succès remportés.
Dire que l’engagement exclusif envers le Sutra du Lotus servait uniquement des objectifs politiques serait nier que ce fut, pour un bon nombre, une profonde et sincère conviction religieuse. Cependant, comme le Hokke ikki * le montre clairement, cet exclusivisme a généralement servi des préoccupations sociales et institutionnelles.
"Le sage n’est pas celui qui pratique le bouddhisme en dehors des règles de la société mais plutôt celui qui, grâce à une compréhension profonde du monde, connaît la meilleure manière de s’y comporter."
Re: Nichiren était il intolérant ?
Ecrit le 03 janv.18, 02:39Rectification de mon précédent message.
Les termes exactes sont ceux-ci :
(SDL p.73) "En outre, Nichiren Daishonin inscrivit le Gohonzon et perpétua la pratique d'une bienveillance infinie, ouvrant ainsi la voie de la délivrance pour tous les être des dix mille ans de l'époque des Derniers jours de la Loi.
Il écrivit :
Si la bienveillance de Nichiren est suffisamment vaste et universelle, Nam Myoho Renge Kyo se propagera pendant dix mille ans et plus, pour l'éternité. "
(L&T vol.4, p.310)
Les termes exactes sont ceux-ci :
(SDL p.73) "En outre, Nichiren Daishonin inscrivit le Gohonzon et perpétua la pratique d'une bienveillance infinie, ouvrant ainsi la voie de la délivrance pour tous les être des dix mille ans de l'époque des Derniers jours de la Loi.
Il écrivit :
Si la bienveillance de Nichiren est suffisamment vaste et universelle, Nam Myoho Renge Kyo se propagera pendant dix mille ans et plus, pour l'éternité. "
(L&T vol.4, p.310)
Modifié en dernier par Shonin le 05 janv.18, 04:25, modifié 1 fois.
La religion est faite pour l'homme et non l'homme pour la religion.
https://www.facebook.com/brutofficiel/v ... 308655040/
Ne pas oublier que la guerre du Congo qui a fait plus de 8 millions de morts en 20 ans dans le Kivu est intimement liée a la richesse minière de la région et au silence de la communauté internationale
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Ne pas oublier que la guerre du Congo qui a fait plus de 8 millions de morts en 20 ans dans le Kivu est intimement liée a la richesse minière de la région et au silence de la communauté internationale
Re: Nichiren était il intolérant ?
Ecrit le 03 janv.18, 07:45Nichiren était devenu un moine excessif, comme tout créateur d'une religion ou d'une branche. Intolérant, pas vraiment, c'était par provocation contre la structure politique abusive des puissants de son pays.
C'est surtout ce qu'on en a fait qui est intolérant. Nichiren n'a jamais prétendu être la réincarnation du Bodhisattva Jogyo, et Nichiren s'était fixé le Soutra du Lotus comme mantra, pas comme fin en soi. Ce soutra est en effet tardif et ce n'est pas un original, Nichiren le savait. Il l'a utilisé comme moyen, pas comme une fin en soi.
Finalement Nichiren est un personnage assez sympathique, martyr, direct et appelant son pays à cesser la corruption de suite. Ces sociétés qui se prétendent en purs monologues, succéder à Nichiren et transmettre sa voie, en sont sortis complètement, et ça, c'est nettement moins sympathique.
C'est surtout ce qu'on en a fait qui est intolérant. Nichiren n'a jamais prétendu être la réincarnation du Bodhisattva Jogyo, et Nichiren s'était fixé le Soutra du Lotus comme mantra, pas comme fin en soi. Ce soutra est en effet tardif et ce n'est pas un original, Nichiren le savait. Il l'a utilisé comme moyen, pas comme une fin en soi.
Finalement Nichiren est un personnage assez sympathique, martyr, direct et appelant son pays à cesser la corruption de suite. Ces sociétés qui se prétendent en purs monologues, succéder à Nichiren et transmettre sa voie, en sont sortis complètement, et ça, c'est nettement moins sympathique.
Re: Nichiren était il intolérant ?
Ecrit le 03 janv.18, 07:585 - “ Radicalisme Institutionnel ” et la Controverse fuju fuse
Nous venons de voir comment l’exclusivisme du Lotus pouvait prendre la forme d’une résistance à l’autorité du pouvoir. Nulle part il n’apparaît avec plus de clarté que dans le mouvement appelé ‘‘fuju fuse’’ de la fin du XVIe et du début du XVIIe siècle. ‘‘Fuju fuse’’ (ni recevoir ni donner) fait référence au principe selon lequel les adeptes du Sutra du Lotus ne doivent ni accepter d’aumônes de la part de non-croyants (pas même du gouvernant) ni leur en offrir, qu’il s’agisse de dons matériels ou de services religieux. Bien que, comme mentionné plus haut, d’occasionnels compromis aient eu lieu dans les premiers jours de l’histoire de certaines communautés nichiréniennes, ce principe fut largement respecté au Moyen Age. Sous les Ashikaga, la Hokke Shu chercha - et généralement obtint - des exemptions pour participer à des événements religieux parrainés par le bakufu.(réf.) Les choses changèrent cependant vers 1595 quand Toyotomi Hideyoshi exigea qu’une centaine de moines de chacune des dix Ecoles principales participe à un programme de cérémonies mensuelles en mémoire de sa famille défunte, cérémonies qui auraient lieu face à une grande statue du Bouddha qu’il avait commandée au temple Hoko-ji de Higashiyama. Cette collaboration était nettement une violation de l’orthodoxie : participation à des cérémonies non-Hokke Shu, c'est-à-dire ‘‘faute de complicité’’ (yodozai), dans la « diffamation du Dharma », services religieux pour le non-croyant Hideyoshi et réception de ses offrandes sous la forme de repas de cérémonie. Mais la Hokke Shu était à cette époque en trop mauvais état pour refuser. Elle ne s’était jamais remise des troubles de 1536 faisant suite au Hokke ikki* et subissait alors la répression de la part d’Oda Nobunaga. (réf.) Un concile organisé à la hâte, réunissant les prélats dirigeants nichiréniens à Kyoto, reconnut que s’opposer à Hideyoshi était dangereux et décida d’y participer seulement une fois, par déférence à sa demande, pour aussitôt réaffirmer la doctrine de l’Ecole. En réalité, la majorité des temples nichiréniens continua à participer pendant les vingt ans où persista la cérémonie shogunale. (réf.)
La seule voix discordante venait de Bussho-in Nichio (1565 - 1630), administrateur principal du temple Myokaku-ji. Isolé d’abord par son refus de participer, Nichio fut contraint à quitter son temple et à partir de Kyoto. Des années plus tard, en réponse à la critique selon laquelle Hideyoshi aurait détruit les temples Hokke Shu si l’Ecole avait refusé de se plier, Nichio répliqua que l’essence de l’Ecole ne reposait pas sur ses institutions, mais sur le principe de dévotion exclusive au Lotus :
« Le refus des offrandes provenant des diffamateurs du Dharma est le 1er principe de notre mouvement et sa règle la plus importante.»
et
« Par conséquent les saints des premiers jours refusèrent d’obtempérer aux ordres du gouvernement par fidélité à la règle, même au prix de leurs vies... Si nous manquons de nous opposer à l’exigence du gouvernement, comment pourrons-nous faire face à de grandes persécutions [pour la cause du Dharma] ? Si nous ne rencontrons pas de telles persécutions, le texte du Sutra ‘‘ne pas ménager sa vie temporelle’’ devient faux et dénué de sens… Si nos temples sont détruits parce que nous soutenons le principe du Dharma, cela est [en accord avec] le but et le sens de notre communauté. Qu’aurions-nous à regretter ? »
Avec le temps, par son attitude Nichio gagna des soutiens et l’Ecole Hokke Shu fut profondément divisée entre les partisans de ‘‘fuju fuse’’ et les partisans de ‘‘ju fuse’’ (recevoir mais non offrir), une fraction conciliante soutenant qu’il était permis d’accepter des offrandes d’un gouvernant non converti encore au Sutra du Lotus.
La controverse eut lieu alors que le nouveau gouvernement Tokugawa déployait ses efforts pour consolider son hégémonie. Soit par crainte pour la survie de l’Ecole, s’inquiétant de perdre des adeptes au profit du fuju fuse, soit par désir de gagner de l’influence pour eux-mêmes, la faction ju fuse en appelait fréquemment au bakufu pour supprimer le mouvement fuju fuse, ce qui coïncidait tout aussi bien aux intérêts des Tokugawa. Comme les opposants à Nichio cherchèrent à le faire punir, Tokugawa Ieyasu convoqua les deux partis pour débattre en sa présence, déclara Nichio perdant et, en 1600, l’exila à Tsushima. En 1609, porte-parole du fuju fuse, Jorakuin Nikkyo et cinq de ses disciples furent arrêtés, offerts en parade à travers les rues de Kyoto, eurent le nez et les oreilles coupés et furent envoyés en exil.
Lors de l’installation de la nouvelle capitale du shogun à Edo*, la controverse se déplaça vers la région du Kanto*. En 1630, à l’instigation de la faction ju fuse, le bakufu organisa un débat entre les moines Hokke des temples du Mont Minobu, représentant la faction conciliante, et ceux d’Ikegami, représentant la position fuju fuse. Le bakufu prit fait et cause en faveur de Minobu, les dirigeants fuju fuse furent exilés et leurs temples confiés à leurs opposants.
De nombreuses lignées signèrent des accords en faveur de la position conciliante. (réf.) Le mouvement fuju fuse fut proscrit en même temps que le christianisme et, en 1665, un édit fut spécialement promulgué pour l’éliminer complètement. Les moines et les laïcs qui refusaient de se soumettre furent emprisonnés, exilés ou exécutés, tandis que d’autres se suicidèrent en protestation. (réf.) Les arrestations et les châtiments sporadiques se perpétuèrent aux XVIIIe et XIXe siècles, notamment à Kazusa et Shimosa, où le mouvement fuju fuse avait été particulièrement actif. Quelques petites communautés fuju fuse parvinrent néanmoins à survivre en marge, refaisant surface et regagnant une reconnaissance légale en 1876. Si l’exclusivisme du Lotus entraîna souvent des persécutions, on ne peut nier qu’il insuffla le courage de les endurer.
Jeffrey Hunter qualifia fort à propos fuju fuse de ‘‘radicalisme institutionnel’’ parce qu’il :
« revendique de façon catégorique la primauté de la religion sur le gouvernement, celle de sa propre vérité sur tout autre enseignement bouddhiste ou non-bouddhiste, et celle de tout impératif religieux sur le séculier tant dans la vie des moines que dans celle des laïcs.» (réf.)
Pour les partisans du fuju fuse, comme pour Nichiren des siècles plus tôt, l’idée du Sutra du Lotus transcendant toute autre proclamation fournit face à l’autorité du gouvernant une base de résistance qui, à l’époque, était impossible par le biais de la politique. Le potentiel subversif de l’exclusivisme du Lotus transparait dans les virulentes polémiques anti-Nichiren entreprises par Shincho (1596 – 1659), moine qui fut un temps nichirénien mais se convertit à l’Ecole Tendai. Il note :
« La déité sacrée révérée à l’époque était la grande manifestation de Toshogu (en fait la déification de Tokugawa Ieyasu), vénérée au Mont Nikko. Les disciples de Nichiren ripostent pourtant en disant : ‘‘Le Seigneur Ieyasu récompense l’Ecole Jodo et punit l’Ecole Nichiren. Son esprit est sûrement dans l’enfer avici. [Les autorités] ont dépensé en pure perte de l’or et de l’argent, causant des souffrances au peuple, pour ériger un sanctuaire somptuaire qui en réalité représente le déclin du pays et abrite un mauvais démon.’’ […] Ne sont-ils pas de grands criminels et des traitres?» (réf.)
La proclamation du Sutra du Lotus comme source suprême de l’autorité créait ainsi un espace moral au-dessus de celui du gouvernement et de l’ordre établi, et dans lequel on pouvait critiquer cet ordre. Les shoguns Nobunaga, Hideyoshi, Ieyasu, et plus tard Tokugawa, qui cherchaient à soumettre à leur autorité le pays tout entier, ne tardèrent pas à percevoir la menace et adoptèrent divers châtiments pour briser l’autonomie de l’Ecole Nichiren.
Cela ne signifie nullement que l’exclusivisme nichirénien soit intrinsèquement subversif envers l’autorité. Comme contre-exemple on peut citer les quatre années de la règle Hokke monto à Kyoto, quand la vérité exclusiviste fut utilisée pour imposer l’autorité du monto*. A la même époque, alors que les disciples de Nichiren se trouvaient aux marges des structures du pouvoir, l’exclusivisme du Lotus fournit souvent une base morale pour défier ces structures. Avec la suppression du mouvement fuju fuse, cette base morale fut totalement occultée. Les temples nichiréniens, comme ceux des autres Ecoles bouddhistes, furent soumis au contrôle du bakufu. Les débats entre Ecoles furent interdits et le shakubuku de confrontation lui-même fut marginalisé. Les séminaires nichiréniens mirent l’accent sur les enseignements tendai et seule la poignée d’étudiants atteignant le rang le plus élevé d’érudition fut autorisée à étudier certains écrits de Nichiren - probablement pour brider l’enthousiasme débordant des jeunes prêtres à suivre la passion de Nichiren pour shakubuku.
Nous venons de voir comment l’exclusivisme du Lotus pouvait prendre la forme d’une résistance à l’autorité du pouvoir. Nulle part il n’apparaît avec plus de clarté que dans le mouvement appelé ‘‘fuju fuse’’ de la fin du XVIe et du début du XVIIe siècle. ‘‘Fuju fuse’’ (ni recevoir ni donner) fait référence au principe selon lequel les adeptes du Sutra du Lotus ne doivent ni accepter d’aumônes de la part de non-croyants (pas même du gouvernant) ni leur en offrir, qu’il s’agisse de dons matériels ou de services religieux. Bien que, comme mentionné plus haut, d’occasionnels compromis aient eu lieu dans les premiers jours de l’histoire de certaines communautés nichiréniennes, ce principe fut largement respecté au Moyen Age. Sous les Ashikaga, la Hokke Shu chercha - et généralement obtint - des exemptions pour participer à des événements religieux parrainés par le bakufu.(réf.) Les choses changèrent cependant vers 1595 quand Toyotomi Hideyoshi exigea qu’une centaine de moines de chacune des dix Ecoles principales participe à un programme de cérémonies mensuelles en mémoire de sa famille défunte, cérémonies qui auraient lieu face à une grande statue du Bouddha qu’il avait commandée au temple Hoko-ji de Higashiyama. Cette collaboration était nettement une violation de l’orthodoxie : participation à des cérémonies non-Hokke Shu, c'est-à-dire ‘‘faute de complicité’’ (yodozai), dans la « diffamation du Dharma », services religieux pour le non-croyant Hideyoshi et réception de ses offrandes sous la forme de repas de cérémonie. Mais la Hokke Shu était à cette époque en trop mauvais état pour refuser. Elle ne s’était jamais remise des troubles de 1536 faisant suite au Hokke ikki* et subissait alors la répression de la part d’Oda Nobunaga. (réf.) Un concile organisé à la hâte, réunissant les prélats dirigeants nichiréniens à Kyoto, reconnut que s’opposer à Hideyoshi était dangereux et décida d’y participer seulement une fois, par déférence à sa demande, pour aussitôt réaffirmer la doctrine de l’Ecole. En réalité, la majorité des temples nichiréniens continua à participer pendant les vingt ans où persista la cérémonie shogunale. (réf.)
La seule voix discordante venait de Bussho-in Nichio (1565 - 1630), administrateur principal du temple Myokaku-ji. Isolé d’abord par son refus de participer, Nichio fut contraint à quitter son temple et à partir de Kyoto. Des années plus tard, en réponse à la critique selon laquelle Hideyoshi aurait détruit les temples Hokke Shu si l’Ecole avait refusé de se plier, Nichio répliqua que l’essence de l’Ecole ne reposait pas sur ses institutions, mais sur le principe de dévotion exclusive au Lotus :
« Le refus des offrandes provenant des diffamateurs du Dharma est le 1er principe de notre mouvement et sa règle la plus importante.»
et
« Par conséquent les saints des premiers jours refusèrent d’obtempérer aux ordres du gouvernement par fidélité à la règle, même au prix de leurs vies... Si nous manquons de nous opposer à l’exigence du gouvernement, comment pourrons-nous faire face à de grandes persécutions [pour la cause du Dharma] ? Si nous ne rencontrons pas de telles persécutions, le texte du Sutra ‘‘ne pas ménager sa vie temporelle’’ devient faux et dénué de sens… Si nos temples sont détruits parce que nous soutenons le principe du Dharma, cela est [en accord avec] le but et le sens de notre communauté. Qu’aurions-nous à regretter ? »
Avec le temps, par son attitude Nichio gagna des soutiens et l’Ecole Hokke Shu fut profondément divisée entre les partisans de ‘‘fuju fuse’’ et les partisans de ‘‘ju fuse’’ (recevoir mais non offrir), une fraction conciliante soutenant qu’il était permis d’accepter des offrandes d’un gouvernant non converti encore au Sutra du Lotus.
La controverse eut lieu alors que le nouveau gouvernement Tokugawa déployait ses efforts pour consolider son hégémonie. Soit par crainte pour la survie de l’Ecole, s’inquiétant de perdre des adeptes au profit du fuju fuse, soit par désir de gagner de l’influence pour eux-mêmes, la faction ju fuse en appelait fréquemment au bakufu pour supprimer le mouvement fuju fuse, ce qui coïncidait tout aussi bien aux intérêts des Tokugawa. Comme les opposants à Nichio cherchèrent à le faire punir, Tokugawa Ieyasu convoqua les deux partis pour débattre en sa présence, déclara Nichio perdant et, en 1600, l’exila à Tsushima. En 1609, porte-parole du fuju fuse, Jorakuin Nikkyo et cinq de ses disciples furent arrêtés, offerts en parade à travers les rues de Kyoto, eurent le nez et les oreilles coupés et furent envoyés en exil.
Lors de l’installation de la nouvelle capitale du shogun à Edo*, la controverse se déplaça vers la région du Kanto*. En 1630, à l’instigation de la faction ju fuse, le bakufu organisa un débat entre les moines Hokke des temples du Mont Minobu, représentant la faction conciliante, et ceux d’Ikegami, représentant la position fuju fuse. Le bakufu prit fait et cause en faveur de Minobu, les dirigeants fuju fuse furent exilés et leurs temples confiés à leurs opposants.
De nombreuses lignées signèrent des accords en faveur de la position conciliante. (réf.) Le mouvement fuju fuse fut proscrit en même temps que le christianisme et, en 1665, un édit fut spécialement promulgué pour l’éliminer complètement. Les moines et les laïcs qui refusaient de se soumettre furent emprisonnés, exilés ou exécutés, tandis que d’autres se suicidèrent en protestation. (réf.) Les arrestations et les châtiments sporadiques se perpétuèrent aux XVIIIe et XIXe siècles, notamment à Kazusa et Shimosa, où le mouvement fuju fuse avait été particulièrement actif. Quelques petites communautés fuju fuse parvinrent néanmoins à survivre en marge, refaisant surface et regagnant une reconnaissance légale en 1876. Si l’exclusivisme du Lotus entraîna souvent des persécutions, on ne peut nier qu’il insuffla le courage de les endurer.
Jeffrey Hunter qualifia fort à propos fuju fuse de ‘‘radicalisme institutionnel’’ parce qu’il :
« revendique de façon catégorique la primauté de la religion sur le gouvernement, celle de sa propre vérité sur tout autre enseignement bouddhiste ou non-bouddhiste, et celle de tout impératif religieux sur le séculier tant dans la vie des moines que dans celle des laïcs.» (réf.)
Pour les partisans du fuju fuse, comme pour Nichiren des siècles plus tôt, l’idée du Sutra du Lotus transcendant toute autre proclamation fournit face à l’autorité du gouvernant une base de résistance qui, à l’époque, était impossible par le biais de la politique. Le potentiel subversif de l’exclusivisme du Lotus transparait dans les virulentes polémiques anti-Nichiren entreprises par Shincho (1596 – 1659), moine qui fut un temps nichirénien mais se convertit à l’Ecole Tendai. Il note :
« La déité sacrée révérée à l’époque était la grande manifestation de Toshogu (en fait la déification de Tokugawa Ieyasu), vénérée au Mont Nikko. Les disciples de Nichiren ripostent pourtant en disant : ‘‘Le Seigneur Ieyasu récompense l’Ecole Jodo et punit l’Ecole Nichiren. Son esprit est sûrement dans l’enfer avici. [Les autorités] ont dépensé en pure perte de l’or et de l’argent, causant des souffrances au peuple, pour ériger un sanctuaire somptuaire qui en réalité représente le déclin du pays et abrite un mauvais démon.’’ […] Ne sont-ils pas de grands criminels et des traitres?» (réf.)
La proclamation du Sutra du Lotus comme source suprême de l’autorité créait ainsi un espace moral au-dessus de celui du gouvernement et de l’ordre établi, et dans lequel on pouvait critiquer cet ordre. Les shoguns Nobunaga, Hideyoshi, Ieyasu, et plus tard Tokugawa, qui cherchaient à soumettre à leur autorité le pays tout entier, ne tardèrent pas à percevoir la menace et adoptèrent divers châtiments pour briser l’autonomie de l’Ecole Nichiren.
Cela ne signifie nullement que l’exclusivisme nichirénien soit intrinsèquement subversif envers l’autorité. Comme contre-exemple on peut citer les quatre années de la règle Hokke monto à Kyoto, quand la vérité exclusiviste fut utilisée pour imposer l’autorité du monto*. A la même époque, alors que les disciples de Nichiren se trouvaient aux marges des structures du pouvoir, l’exclusivisme du Lotus fournit souvent une base morale pour défier ces structures. Avec la suppression du mouvement fuju fuse, cette base morale fut totalement occultée. Les temples nichiréniens, comme ceux des autres Ecoles bouddhistes, furent soumis au contrôle du bakufu. Les débats entre Ecoles furent interdits et le shakubuku de confrontation lui-même fut marginalisé. Les séminaires nichiréniens mirent l’accent sur les enseignements tendai et seule la poignée d’étudiants atteignant le rang le plus élevé d’érudition fut autorisée à étudier certains écrits de Nichiren - probablement pour brider l’enthousiasme débordant des jeunes prêtres à suivre la passion de Nichiren pour shakubuku.
"Le sage n’est pas celui qui pratique le bouddhisme en dehors des règles de la société mais plutôt celui qui, grâce à une compréhension profonde du monde, connaît la meilleure manière de s’y comporter."
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