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Les larmes dans la prière

Posté : 03 juil.05, 11:54
par Nova
Bonsoir tout le monde,

Je souhaitais partager avec vous quelques extraits d'un très beau texte de soeur Geneviève Perret, publié dans Christus n°185 (2000), p. 104 :



Les larmes dans la prière

On répugne souvent à expliquer [...] la consolation par les larmes [...] les larmes gênent. Beaucoup y décèlent quelque chose de suspect. On craint le trouble pathologique ou l'égarement d'une sensibilité mal contrôlée.
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DES LARMES DESIRABLES
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Pleurer est le signe que la grâce a été donnée, et non qu'elle est encore à attendre dans l'espérance. [...] Obtenir - par l'abondance de la honte, du dégoût de soi-même, du regret, du repentir, de l'aversion du péché - une véritable conversion qui fasse reconnaître et confesser l'insondable miséricorde de Dieu. Peuvent alors couler des larmes qui, amères tout d'abord, sont ensuite perçues comme bienfaisantes et salvatrices. [...] Ces larmes font mal et sont pourtant génératrices de paix, si elles peuvent être une brêche dans l'âme par où peut enfin passer le souffle bienfaisant de l'Esprit de consolation.
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LES LARMES DE LA FEMME QUI SAVAIT AIMER
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L'épisode de la pécheresse pardonnée et aimante apporte un éclairage sur la double signification des larmes versées [...] Quelle est la nature de ces larmes, quelle en est la source ? La seule douleur du repentir serait-elle à l'origine de cette réaction émotive ? [...] C'est l'enjeu de l'amour reconnaissant, à la mesure même du pardon de Dieu déjà accordé. A plus grand pardon, plus grand amour. La femme a perçu dans l'attitude de Jésus envers les pécheurs, dans ses paroles de miséricordes, le pardon de Dieu offert à tous ceux qui l'accueillent [...] les larmes de cette femme n'ont de douloureux que son incapacité à mieux exprimer l'amour qui la brûle. C'est la présence de Jésus qui les déclenche
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DES LARMES HUMANISANTES
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Pour la personne en prière, les larmes sont l'affleurement visible de ce qui retentit intérieurement de la rencontre avec le Dieu vivant.
Il pleut. Un grand tonneau placé sous une gouttière recueille la pluie. Bientôt le tonneau se trouve plein. Mais la pluie continue à tomber, abondante, et le tonneau déborde. Le voici investi par l'eau de toutes parts, celle qui tombe du toit avec violence, celle qui provient de lui-même, trop petit qu'il est pour contenir toutes les eaux du ciel. C'est la même eau, en définitive, qui l'inonde et s'écoule parce que surabondante. Si le tonneau n'était pas propre avant la pluie, il le deviendra peu à peu, à l'extérieur et à l'intérieur. Quand la consolation vient saisir la personne dans sa rencontre avec le Seigneur, c'est tout son être qui est comme inondé. Les larmes expriment alors ce trop-plein de l'âme qui ne peut contenir ce flot, cette plénitude de vie qui s'écoule en toute gratuité.
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DES LARMES DE DOUCEUR
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telle religieuse déjà très âgée, qui exliquait au début d'une retraite qu'elle attendait depuis des années un signe de la tendresse de Dieu à son égard. Elle espérait bien qu'à cette retraite, au moins, elle serait comblée [...] Un éclat particulier avait brillé dans ses yeux bleus alors qu'elle parlait. Mais l'accompagnatrice novice que j'étais n'avait pas su reconnaître "l'âme qui verse des larmes". Je lui avais dit avec une grande conviction que le Seigneur ne dépose jamais au coeur un désir de sa présence sans l'excauser d'une manière ou d'une autre, même déconcertante. Et la retraite s'était achevée sans que vienne ce signe attendu. Et pour cause : nous ne l'avions pas perçu. La consolation était là, prête à se répandre, pour peu qu'elle ait été accueillie. Mais on cherchait ailleurs. Point d'ouragan, de tremblement de terre, ni de feu brûlant, mais la brise légère de larmes qui perlaient au bord des paupières et disaient la présence dans l'absence de Celui qui reste fidèle à sa promesse. [...]
"