Le fameux moratoire...
Posté : 04 juil.05, 14:25
Le noble « moratoire » de Jacques Chirac, l’ignoble « moratoire » de Tariq Ramadan ?
« Double discours » ou « double audition » ?
Par Tariq Ramadan
jeudi 7 octobre 2004
le Président Jacques Chirac a appelé à « l’instauration d’un moratoire de toutes les exécutions capitales, première étape vers l’abolition universelle ». Cette déclaration semble n’avoir choqué aucune agence de presse, aucun journaliste, aucun politicien, à gauche comme à droite : point d’allusion à « un double discours », point de critique vis-à-vis des contorsions intellectuelles du Président qui chercherait ainsi à éviter de condamner la peine de mort en se référant timidement à l’idée d’une « première étape ». Le « moratoire » du Président est compréhensible, sage et, au demeurant, raisonnable et exigeant.
Comment ne pas être surpris de constater cette unanimité après avoir été traité d’ « imposteur », de « maître du double discours » et de « fondamentaliste déguisé » lorsqu’en novembre dernier je me suis référé à la même notion de « moratoire » concernant la lapidation (des hommes et des femmes), les châtiments corporels et la peine de mort. Lors de mon débat avec Nicolas Sarkozy, j’ai clairement affirmé que j’étais contre l’application de ces peines mais que j’adoptais une démarche pédagogique en affirmant : « ce n’est pas simplement ma position à moi qui compte, il s’agit de faire évoluer les mentalités musulmanes ». J’ajoutais que le débat devait nous mener à cesser ces pratiques. Je confirmais cette position dans une Tribune publiée dans Libération (25 novembre 2003) en affirmant : « j’ai condamné avec détermination toutes les pratiques (notamment saoudiennes et nigérianes) » ajoutant « le but [du moratoire] est clairement de nous permettre d’aller vers une cessation de ces pratiques ». Il s’agissait donc dans mon esprit, comme dans ma formulation, de passer par une étape nous menant vers l’abolition de ces pratiques.
L’auditeur scrupuleux et honnête ne saurait manquer de constater la similarité des deux approches. Conscient du « chemin qu’il reste à parcourir » quant aux mentalités et à la réforme des lois, le Président Chirac appelle à un moratoire comme je l’ai fait et comme le fait depuis bien longtemps, et avec de nombreux succès à son actif, Amnesty International.
La campagne qui a eu pour objectif de trahir mon propos, de distordre ma pensée et de me prêter les intentions les plus sombres a jeté un écran de fumée sur la cohérence de ma position. Je continue à l’exprimer avec force dans le monde musulman et la bonne nouvelle est qu’elle est entendue et comprise par de nombreux savants et intellectuels musulmans. Un appel international à un moratoire absolu sur les châtiments corporels et de la peine de mort dans le monde musulman va bientôt être lancé qui confirme le bien-fondé et la pertinence de cette démarche.
Tariq Ramadan
« Double discours » ou « double audition » ?
Par Tariq Ramadan
jeudi 7 octobre 2004
le Président Jacques Chirac a appelé à « l’instauration d’un moratoire de toutes les exécutions capitales, première étape vers l’abolition universelle ». Cette déclaration semble n’avoir choqué aucune agence de presse, aucun journaliste, aucun politicien, à gauche comme à droite : point d’allusion à « un double discours », point de critique vis-à-vis des contorsions intellectuelles du Président qui chercherait ainsi à éviter de condamner la peine de mort en se référant timidement à l’idée d’une « première étape ». Le « moratoire » du Président est compréhensible, sage et, au demeurant, raisonnable et exigeant.
Comment ne pas être surpris de constater cette unanimité après avoir été traité d’ « imposteur », de « maître du double discours » et de « fondamentaliste déguisé » lorsqu’en novembre dernier je me suis référé à la même notion de « moratoire » concernant la lapidation (des hommes et des femmes), les châtiments corporels et la peine de mort. Lors de mon débat avec Nicolas Sarkozy, j’ai clairement affirmé que j’étais contre l’application de ces peines mais que j’adoptais une démarche pédagogique en affirmant : « ce n’est pas simplement ma position à moi qui compte, il s’agit de faire évoluer les mentalités musulmanes ». J’ajoutais que le débat devait nous mener à cesser ces pratiques. Je confirmais cette position dans une Tribune publiée dans Libération (25 novembre 2003) en affirmant : « j’ai condamné avec détermination toutes les pratiques (notamment saoudiennes et nigérianes) » ajoutant « le but [du moratoire] est clairement de nous permettre d’aller vers une cessation de ces pratiques ». Il s’agissait donc dans mon esprit, comme dans ma formulation, de passer par une étape nous menant vers l’abolition de ces pratiques.
L’auditeur scrupuleux et honnête ne saurait manquer de constater la similarité des deux approches. Conscient du « chemin qu’il reste à parcourir » quant aux mentalités et à la réforme des lois, le Président Chirac appelle à un moratoire comme je l’ai fait et comme le fait depuis bien longtemps, et avec de nombreux succès à son actif, Amnesty International.
La campagne qui a eu pour objectif de trahir mon propos, de distordre ma pensée et de me prêter les intentions les plus sombres a jeté un écran de fumée sur la cohérence de ma position. Je continue à l’exprimer avec force dans le monde musulman et la bonne nouvelle est qu’elle est entendue et comprise par de nombreux savants et intellectuels musulmans. Un appel international à un moratoire absolu sur les châtiments corporels et de la peine de mort dans le monde musulman va bientôt être lancé qui confirme le bien-fondé et la pertinence de cette démarche.
Tariq Ramadan