Sur l'apparition des notions des religions chrétiennes
Posté : 08 juil.18, 03:36
Préambule
On pourrait remplir une bibliothèque avec tous les livres de théologie qui ont été écrits, sur les mille et une nuances de la foi chrétienne, sur les dogmes chrétiens, sur les variantes d'interprétation de la Bible, sur les dérives du christianisme, et sur l'histoire des religions.
On pourrait la compléter avec beaucoup d'ouvrages philosophiques et scientifiques qui expliquent pourquoi l'humanité a eu et a besoin d'une religion, quel rôle elle a eu dans notre culture, à quels besoins elle répond, et comment elle a été utilisée à des fins politiques.
Mais je n'ai rien trouvé sur les mécanismes psychiques de base qui ont permis le développement de la religion au cours de l'histoire .
L'apparition de la foi chez l'individu est un autre sujet que je ne développe pas ici. (J'insiste sur le mot "apparition" parce qu'on ne naît pas croyant. Elle est due aux parents, au milieu d'origine, ou/et à une introspection et à des réflexions personnelles)
J'essaye d' expliquer plus bas ces mécanismes.
Pour ne pas alourdir mon texte je n'emploie pas les expressions "je crois que..., je pense que..." et autres similaires. Elle restent sous-entendues devant chaque phrase.
Je ne prétends pas que mon point de vue soit le seul valable.
En se différenciant de ses ancêtres pré-hominiens par l'acquisition progressive d'un énorme cerveau, l'espèce humaine a acquis le faculté de penser, puis a inventé le langage, qui l'aide à avoir des idées abstraites, à imaginer des choses qui pourraient être mais qui ne sont pas réelles, et aussi à prendre pour réelles des choses qui ne sont qu'imaginées.
Certaines de ces idées sont communes à beaucoup d'individus, et la communication (verbale d'abord, écrite dans une phase ultérieure), entre les individus les a fait devenir plus ou moins collectives et les a fait se transmettre d'une génération à l'autre.
Ce sont d'abord les connaissances pragmatiques de leur environnement physique.
Mais il ya aussi des idées, des conceptions plus ou moins claires plus ou moins partagées par la majorité des individus, qu'on peut appeler conscience collective. Ce sont les suivantes:
- Les dieux, plus tard Dieu, expliquent le pourquoi et le comment des choses que nous ne comprenons pas.
- Dieu nous inspire des règles de morale et nous donne les sens du bien et du mal.
- Nous aspirons à la justice et à la vengeance (pas toujours dissociables), parce que les méchants triomphent trop souvent des bons, les forts des faibles, les menteurs des sincères, le mal du bien.
- Il pourrait y avoir des relations idéales entre les hommes si il n'y avait pas de méchants, ce monde pourrait, ou même pourra exister si chacun y met du sien .
Ces idées présentes dans la conscience collective se retrouvent de façon fragmentaire et dispersée dans toute la la littérature en général (y compris Tintin et Superman).
Et tout spécialement dans la Bible, puisque elle est constituée d'un ensemble de textes sélectionnés pour leur valeur religieuse, donc aussi, implicitement, morale. Elles ont été mises par écrit mêlées à d'autres idées résultant des conjonctures du moment, ou à d'autres idées élaborées dans un but de propagande religieuse ou politique, tout en étant distorsionnées pour les raisons que j'explique plus bas.
1 Concept des dieux
Revenons à l'époque où les hommes ont inventé le langage, appris à faire du feu,
Ils ont établi des rapports de cause à effet et en ont tiré des conclusions. Par exemple "quand on blesse un animal, son sang coule, puis il meurt". Donc le sang est nécessaire à la vie" ou "le feu consume du bois, pour qu'il continue, il fait l'alimenter avec d'autre bois". Donc le feu n'existe pas indépendamment d'un combustible.
Ils ont donc trouvé des explications à la plupart des choses et de phénomènes de leur environnement, ils se sont accoutumés à l'idée qu'on trouve toujours une explication.
Pourtant il restait beaucoup de choses sans explication, comme la foudre et le tonnerre, la maladie subite, l'alternance jour/nuit.
Pour les expliquer ils ont imaginé des êtres invisibles, des dieux. L'homme, en général, a besoin d'explication et préfère une explication simpliste et indémontrable à une absence d'explication (c'est encore vrai pour un bon nombre d'hommes actuels).
Peut-être aussi que les sages, les sorciers auprès desquels le reste de la tribu demandait conseils et explications on inventé des dieux pour ne pas rester sans réponse et garder le prestige de celui qui sait.
On ne savait pas trop comment étaient ces dieux. On croyait pouvoir communiquer avec eux (invocations, prières). On imaginait qu'ils avaient des facultés et des sentiments semblables aux hommes. On croyait pouvoir les influencer ou les remercier de s'être favorablement comportés en leur faisant de offrandes et des sacrifices.
2 La conscience façonne la croyance en Dieu
La sélection naturelle fait que les êtres vivants plus adaptés à leur milieu survivent et perpétuent leur espèce. La sélection naturelle ne joue pas seulement sur la forme et les aptitudes physiques du corps des animaux, mais aussi sur leurs instincts. Par exemple la fourmi ouvrière à l'instinct de nourrir les larves pondues par la reine (ses soeurs), le chat celui d'attraper et de tuer les souris et les petits oiseaux. Sans ces instincts il est évident que ces espèces n'auraient pu subsister. Comme les caractéristiques physiques, ils sont inscrits dans les gènes. Ces instincts se transmettent d'une génération à l'autre, et cela pendant très longtemps, jusqu'à ce qu'ils soient éventuellement modifiés par l'évolution comme les organes physiques (le chat domestique conserve son instinct de chasseur alors qu'il ne lui est d'aucune utilité, étant nourri par ses maîtres les hommes qui vivent dans la même maison que lui).
L'homme primitif a hérité des instincts de ses ancêtre pré-hominiens leur instincts, dont une partie était déjà commune aux autres mammifères (l'instinct de survie, de fuite devant le danger, l'instinct sexuel, l'instinct maternel, l'instinct combatif, la peur du vide, la répugnance pour les excréments et les vers qui grouillent dans les charognes, et d'autres).
Il a aussi hérité d'un instinct plus spécifique à notre espèce humaine: l'instinct de protection de la famille et de la tribu. En effet les peuples primitifs contemporains et préhistoriques sont et s'étaient organisé en hordes, clans, tribus, en groupes d'individus. Là aussi la sélection naturelle a fait que les individus ayant l'instinct de nuire au groupe ont eu tendance à disparaître, (les tribus où les individus se sont entretués n'ont pas eu de descendants)
Ceux qui avaient l'instinct de ne pas faire de mal et même d'aider les membres de sa tribu ont eu plus de chance de se reproduire parce qu'aider la tribu c'est donner implicitement plus de chance de survie à l'individu.
Comme notre homme primitif se servait de plus en plus de son cerveau pour réfléchir, d'autant plus qu'il commençait à construire des abris, à fabriquer des objets (silex taillés, arcs), il s'est aperçu que sa pensée, sa raison le poussait à agir dans certains cas de façon opposée à son instinct. Par exemple lors d'un incendie de savane, lutter contre l'instinct de fuite et sauter par-dessus le rideau de flammes était un moyen de se sauver.
Abandonner un frère blessé à une tribu ennemie pour permettre au reste de sa propre tribu de s'enfuir était plus raisonnable que de rester jusqu'au bout avec le frère blessé, sinon les femmes et les enfants couraient le risque d'être tués. C'est l'apparition de la conscience, ce mélange de raison et d'instinct qui s'évidentie par des "cas de conscience" quand il faut prendre certaines décisions.
C'est la phase où l'homme réalise qu'il peut agir contre son instinct, qu'il peut décider lui même ce qui est bien ou mal. Par exemple se goinfrer de la nourriture disponible sans en laisser pour les enfants, tuer un membre de sa tribu. Il est devenu libre de le faire ou non, de faire ou non le bien ou le mal. Parallèlement le bien et le mal sont définis en parti par sa raison et donc il est parfois très difficile de savoir si une action donnée est un bien ou un mal.
Cette émergence de la conscience morale signifie la fin de l'époque où il vivait dans la sérénité, inconscient de la morale, suivant seulement son instinct comme les autres animaux,
et le début du véritable esprit humain pensant et responsable, constamment soucieux d'oeuvrer pour l'avenir tout en prenant en compte la morale.
Dans la Bible le souvenir atavique de l'époque où l'homme n'était pas encore conscient, c'est le jardin d'Eden. L'apparition de la conscience, c'est quand Eve et Adam mangent le fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal.
La possibilité de mal agir c'est le meutre d'Abel par Caïn.
Ce débat intérieur entre instinct et raison, entre coeur et raison donne l'impression d'une petite voix intérieure. Cette impression a fait croire et fait croire que dieu nous parle.
3 Vers un seul dieu
Cette voix intérieure semble unique. Cest difficile d'admettre que c'est celle de plusieurs dieux, ou alors il faudrait que les autres dieux se taisent.
De plus l'homme s'est mis à réfléchir davantage et, quoique la question soit sans intérêt pratique, les hommes se sont aussi demandé pourquoi ils existent, pourquoi le monde existe, si cela a un sens (d'ailleurs cette question reste actuelle). Puisqu'on avait déjà inventé des dieux pour expliquer tout ce qu'on ne pouvait pas comprendre, leur réponse a été naturellement: "un dieu a crée tout cela". Or c'est plus cohérent de croire qu'un seul dieu est créateur, sinon la coexistence de plusieurs dieux pose des problèmes de hiérarchie et de conflits entre les dieux, il faut envisager une division de la création en tranches, ce qui est difficile à imaginer.
Il a trouvé aussi une corrélation entre certains phénomènes, par exemple "le vent pousse les nuages, la pluie tombe des nuages"" qui ont progressivement amené à croire qu'un seul dieu gouverne tout.
Beaucoup de gens ressentent aussi le besoin d'avoir un grand chef, souvent inconsciement. D'ou le succès de certains rois, dictateurs ou autre chefs d'états.
La croyance plus cohérente en dieu unique s'est imposée
4 De "seul" dieu à Dieu "tout-puissant"
Un seul dieu ne signifie pas un dieu mondialement unique
En ces temps-là, étant donné la vitesse des communications, les échanges culturels étaient lents et limités. Chaque peuple et chaque culture a suivi sa propre évolution. La langue et les traditions des uns n'étaient pas la langue et les traditions des autres. Le dieu des uns n'était pas le dieu des autres. C'est très visible dans l'ancien testament. Exemples entre autres:
Juges 2:12Ils abandonnèrent l'Éternel, le Dieu de leurs pères, qui les avait fait sortir du pays d'Égypte, et ils allèrent après d'autres dieux d'entre les dieux des peuples qui les entouraient ; ils se prosternèrent devant eux, et ils irritèrent l'Éternel.
Josué 24:2 Josué dit à tout le peuple: Ainsi parle l'Éternel, le Dieu d'Israël: Vos pères, Térach, père d'Abraham et père de Nachor, habitaient anciennement de l'autre côté du fleuve, et ils servaient d'autres dieux
Le peuple d'Israel affirmait que l'Eternel est le seul dieu valable .
Le seul vrai dieu.
Notons au passage que la croyance en le dieu d'Israel n'était pas encore débarassée de l'instinct de protection de la tribu, étendu au groupe de population plus important qu'est le peuple.
Je veux dire que la morale s'appliquait excusivement aux hommes faisant partie de ce peuple. L'instinct combatif de tuer les hommes des autres tribus, les ennemis n'était pas pas contrecarré par la raison. Massacrer l'ennemi était une chose nécessaire, voire louable (c'est d'ailleurs ce sentiment que les politiciens ont souvent tenté de réactualiser au cours de l'histoire, même contemporaine).
Cela permettait de justifier l'horreur des batailles et des massacres des autres peuples, dont le récit occupe une bonne partie de l' Ancien Testament
Juges 21:10 Alors l'assemblée (du peuple d'israel) envoya contre eux douze mille soldats, en leur donnant cet ordre: Allez, et frappez du tranchant de l'épée les habitants de Jabès en Galaad, avec les femmes et les enfants
Juges 20:48 Les hommes d'Israël revinrent vers les fils de Benjamin, et ils les frappèrent du tranchant de l'épée, depuis les hommes des villes jusqu'au bétail, et tout ce que l'on trouva. Ils mirent aussi le feu à toutes les villes qui existaient.
Exode 32:27 Il leur dit: Ainsi parle l'Éternel, le Dieu d'Israël: Que chacun de vous mette son épée au côté ; traversez et parcourez le camp d'une porte à l'autre, et que chacun tue son frère, son parent.
Ensuite par un sentiment d'orgueil asez généralisé et humain, ils ont dit que leur dieu est très puissant. De même que les joueurs d'une équipe de football clament de façon simpliste et égoiste "on est les meilleurs"
C'est une attitude généralement utilisée à toutes les époques pour soutenir le moral des combattants.
En continuant dans le même sens, on est passé par exagération de "très puissant" à "tout-puissant".
De seul dieu, dieu est devenu dieu tout-puissant.
De plus le récit de la création de la Genèse, qui a été écrite après ces livres historiques, est plus crédible si elle faite par un dieu tout-puissant plutôt que par un dieu à puissance limitée.
Par la suite et jusqu'à aujourd'hui, il est resté tout-puissant, même si rien ne permet de le constater.
En effet on voit autour de nous beaucoup de souffrances inutiles, entre autres beaucoup de personnes malades ou handicapées, beaucoup de gens victimes de malchance ou d'injustices.
Si dieu était tout-puissant il pourrait éviter ces souffrances inutiles.
5 Les sacrifices et la punition divine
Le passage du polythéisme au monothéisme n'a pas changé l'idée primitive que dieu avait des facultés et des sentiments semblables aux hommes.
Genèse 1:27 Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu, il créa l'homme et la femme.
Logiquement, par réciprocité, on en déduit que Dieu ressemble à l'homme .
Donc qu'il est sensible à des cadeaux de remerciement ou de supplication.
C'est à dire aux sacrifices d'animaux, dont l'odeur de la chair rôtie devait chatouiller ses narines. Ces sacrifices était d'ailleurs très codifiés.
Lévitique 1:17 Il déchirera les ailes, sans les détacher ; et le sacrificateur brûlera l'oiseau sur l'autel, sur le bois mis au feu. C'est un holocauste, un sacrifice consumé par le feu, d'une agréable odeur à l'Éternel.
Nombres 7:17 et, pour le sacrifice d'actions de grâces, deux boeufs, cinq béliers, cinq boucs, cinq agneaux d'un an. Telle fut l'offrande de Nachschon, fils d'Amminadab.
Dieu était craint pour sa colère et pouvait punir
Psaumes 19:10 La crainte de l'Éternel est pure, elle subsiste à toujours ; Les jugements de l'Éternel sont vrais, ils sont tous justes.
Exode 20.5 Tu ne te prosterneras pas devant d'autres dieux que moi, et tu ne les serviras point ; car moi, l'Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis l'iniquité des pères sur les enfants jusqu'à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent
Pour l'apaiser il convenait de lui faire des sacrifices
Jonas 1:16 Ces hommes furent saisis d'une grande crainte de l'Éternel, et ils offrirent un sacrifice à l'Éternel, et firent des voeux.
Les dix commandements ont précisé ce qu'on doit faire et ne pas faire (avantage pratique pour le croyant parce que ça lui évite de réfléchir, il n'a qu'à se référer au texte).
Inévitablement il arrive qu'on agisse pas conformément à ces commandements. Alors on est convaincu qu'on sera puni, qu'on a commis un péché..
Pour éviter la punition il reste une seule solution: faire un sacrifice.
Nombres 15:27 Si c'est une seule personne qui a péché involontairement, elle offrira une chèvre d'un an en sacrifice pour le péché.
6 Le royaume des cieux
Ensuite Jésus entre en scène. En répétant "Vous avez entendu qu’il a été dit, mais moi je vous dis:...", il prend l'initiative de réformer la religion. Il renverse les tables de marchands dans le temple, montre l'absurdité des sacrifices, transforme le concept de dieu vengeur et punisseur en dieu d'amour, expose sa logique de la bonté jusqu'à un idéal extrême.
Matthieu 5:44 Mais moi, je vous dis: Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent,
Il propage aussi la notion de royaume des cieux et de vie éternelle
Je crois que cette espérance pour le "Royaume des cieux" provient d'une idée atavique présente au fond de tous les esprits humains.
Cest-à-dire l'idée que si tout le monde cherche à faire le bien, cela aboutira progressivement à un monde meilleur avec moins de conflits, moins de souffrances. Ceci concrètement dans le monde réel. Le temps pour y arriver sera inévitablement très long, de l'ordre de plusieurs siècles. Nos descendants lointains y vivront peut-être, en aucun cas nous- même.
Cette idée existait déjà dans l'ancien testament. Elle a été un des thèmes les plus importants de la prédication de Jésus, amalgamée avec des notions de divinité et de morale.
Jésus et ses disciples parlaient du jugement dernier et du Royaume des cieux comme s'il devaient se produire d'une année à l'autre.
Matthieu 4:17 Dès ce moment Jésus commença à prêcher, et à dire: Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche.
Matthieu 10:7 Allez, prêchez, et dites: Le royaume des cieux est proche.
Jésus et ses apôtres voulaient convertir le plus de gens possibles.
Alors dire qu'une vie dans le merveilleux Royaume des cieux était prévue pour bientôt et réservée à ceux qui se convertissaient était un bon argument.
Dans le genre cadeau publicitaire "si vous vous abonnez pour 2 ans à la revue X, vous aurez en plus en cadeau gratuit 3 CD".
Plus tard, le thème de l'Enfer a été développé pour que les gens adhère à la religion par peur d'être damnés.
Le but idéaliste et désintéressé d'agir pour rendre le monde meilleur à une date indéterminée et lointaine, sans rien recevoir en échange est en effet beaucoup moins attrayant.
Je crois que l'idée d'un avenir meilleur est générale. Elle a été transformée par les chrétiens en une illusion égoïste: ne pas rater sa petite place au Paradis.
7 La Résurrection
Malheureusement pour Jésus, son arrivée à Jérusalem dérange les autorités religieuses juives, qui font pression sur l'autorité romaine pour le ridiculiser et finalement se débarrasser de lui en le faisant condamner à mort par le supplice public de la crucifixion, utilisé communément à l'époque pour les bandits et le criminels, ce qui a pour double but de se débarraser de lui et de le déconsidérer aux yeux de la population.
Les premiers adeptes de Jésus ont été très frustrés et n'auraient voulu pas voulu que leur héros finisse de façon aussi injuste et déplorable. Ils voulaient continuer à répandre ses idées. La mort de Jésus dans des conditions aussi déplorables était une catastrophe pour la poursuite de leur vocation.
La résurrection de Jésus a été très utile pour la continuation du christianisme. On ne peut pas savoir quelle est la part d'illusion, de naiveté et d'invention délibérée.
Quand on veut désespérément croire à quelque chose, on y croit.
8 La rédemption
C'est très difficile de comprendre comment est apparue cette notion fondamentale du christianisme.
Je vois cela de la façon suivante:
Le chrétien se sent par définition pécheur parce il n'arrive pas à se comporter tout le temps conformément aux commandements de Dieu, et ce sentiment est renforcé parce qu'on lui répète qu'à cause du péché originel il est pécheur par hérédité.
D'autre part la notion primitive de sacrifice à Dieu pour racheter ses fautes n'a pas disparu.
Par contre le sacrifice d'animaux ne se fait plus, Jésus lui-même ayant dit que ce n'est pas bien.
Alors par un raisonnement acrobatique on établit que la mort de Jésus n'est pas une mort ordinaire mais qu'il s'est volontairement sacrifié pour tout le monde (alors qu'en fait on ne lui a rien demandé), et que par conséquent tout le monde doit en être très reconnaissant. Etre reconnaissant consiste d'un part à bien se conduire et à faire le bien (pas nécessaire se sacrifier pour cela), d'autre part à croire en Dieu.
La mort de Jésus par crucifixion est considérée par un sacrifice pour tous à cause de la réminiscence du sacrifice d'animaux destiné à se faire bien voir par Dieu
9 La suite, jusqu'à nos jours
Il faut tenir compte du fait que, dans le passé, alors que le photograhie et l'imprimerie n'existaient pas, les nouvelles se transmettaient de bouche à oreille. Il est inévitable qu'elles se soient transformées et embellies, qu'on ait transformé des faits étonnants en miracles. L'exagération est humaine. Entre la réalité des évènement au moment où ils ont lieu et ce qui est mis par écrit il peut y avoir pas mal d'idéalisations et de transformations. Voir l'histoire pourtant contemporaine de Bagnard Papillion. Certains disent qu'il a fait un récit de bonne foi mais il ne sait plus lui même dans quelle mesure il y a inclu le vécu de ses compagnons, ni ce qu'il a maginé.
Jusqu'au Moyen Age, même les gens cultivés croyaient au merveilleux et au fantastique (licornes, sorcières, fées, fantômes, etc, etc)
La Bible étant aussi la publication de propagande pour le nouveau christianisme, les miracles l'ont rendue plus attrayante et même plus crédible, autrement elle serait restée plutôt banale et rébarbative.
On a pu aussi compléter les vides avec d'autres textes rajoutés, on ne saura jamais dans quelle mesure (la nativité,entre autres).
Ensuite, pour conserver parmi les chrétiens ceux qui étaient restés fidéles à d'anciennes traditions et croyances populaires pré-chrétiennes, le christianisme s'est dilué et compliqué en les adoptant. Il est apparu des professionels de la religion qui ont organisé des conciles, établis des règles, des plus en plus compliquées comme la notion de l'enfer, l'adoration de la vierge, les saints , les reliques, les pèlerinages, la lithurgie, etc.
Les catholiques ont fait un effort pour se débarrasser de ces ajouts en se détachant des orthodoxes, et bien plus tard les protestants en ont fait un plus grand en se séparant des catholiques.
10 Une hypothèse sans prétention
Dieu, surtout celui des chrétiens dans son acceptation classique, est pour moi une simple vue de l'esprit. Pour un bon nombre de croyants ce dieu est immatériel , invisible et improuvable.
Mais pourquoi s'imaginer que quelque chose d'immatériel existe?
Quand nous avons sous les yeux quelque chose de matériel dont nous ne connaissons ni le pourquoi ni le comment, ni le début, ni la fin.
Certains croyants s'efforcent sans succès de trouver une preuve de l'existence de Dieu.
Sans se rendre compte qu'on a dieu sous les yeux. On marche dessus , on le transforme, on s'y déplace, on y vit.
Parce que le monde où nous sommes, l'univers, c'est Dieu.
Dieu dont on ignore tout, sauf qu'il existe sous la forme de l'univers où nous sommes. On peu raisonnablement penser qu'il n'est ni tout-puissant ni omniscient.
Savoir si il est éternel, s'il a une certaine puissance, s'il a un sens, si il a une finalité sont des questions qui dépassent nos capacités de compréhension (en tout cas les miennes).
Il est d'ailleurs possible que ces questions n'aient aucun sens.
Il y a une chose cependant que nous constatons:
A notre connaissance nous sommes la seule partie de l'univers, en fait une infime petite parcelle, qui a une conscience, une volonté, une possibilité d'action sur elle-même et sur son environnement. Par exemple je peux décider à tout moment de lever un bras, de faire un pas en avant, ou en arrière, ou à gauche, ou à droite, de poster ou non ce texte sur ce forum, de jeter mon ordinateur à la poubelle ou de sauter par la fenêtre.
Je dis bien "à notre connaissance" parce qu'il n'est pas du tout exclu qu'il existe dans l'univers d'autres formes de vie avec d'autres êtres pensants. Il y a peu de probabilités que des êtres pensants apparaissent parce l'ensemble des conditions nécessaires à la vie (composants chimiques, température, pression) sont apparemment très rarement réunies, mais il faut penser que l'univers est immense et qu'il y a des milliards d'étoiles dont une bonne proportion est entourée de planètes.
Et puis l'homme a toujours été égocentrique. Il a admis difficilement, à mesure des progrès de la la science, qu'il n'est pas le centre du monde. Il ne faudrait pas continuer la même erreur, comme les chrétiens qui croient toujours d'être le but principal d'un créateur qui accorde une attention spéciale à l'humanité.
Si de tels êtres existent il est très probable qu'on ne le saura jamais à cause de leur éloignement dans l'espace et aussi dans le temps. Il serait aussi très peu probable qu'il aient un aspect humanoïde comme on le voit dans les films de science-fiction de dernière catégorie (on excusera quand même les réalisateurs parce qu'ils n'ont pas disposé de vrais extraterrestres comme acteurs, mais seulement d'humains).
Pour finir je me représente notre situation par cette comparaison:
Nous sommes au milieu d'un grand fleuve dont nous distinguons à peine les rives. Le courant, le courant c'est le temps, nous entraîne vers une destination inconnue: une mer, un lac, un affluent, un désert où le fleuve va s'évaporer ? Ou alors il tourne indéfiniment en boucle? Nous distinguons de mieux en mieux les espèces d'arbres et les animaux des berges, mais nous ne savons toujours pas où le courant nous entraîne. Intuitivement nous savons que pour arriver plus vite il vaut mieux nager dans le sens du courant qu'à contre courant, c'est-à -dire avancer vers l'avenir au lieu de rester dans le passé.
La seule façon de savoir où nous allons serait de s'élever dans une autre dimension , de monter dans un hélicoptère bien haut au-dessus du fleuve pour voir plus loin.
Mais ne ne le pouvons pas, nous n'avons pas d' hélicoptère.
On pourrait remplir une bibliothèque avec tous les livres de théologie qui ont été écrits, sur les mille et une nuances de la foi chrétienne, sur les dogmes chrétiens, sur les variantes d'interprétation de la Bible, sur les dérives du christianisme, et sur l'histoire des religions.
On pourrait la compléter avec beaucoup d'ouvrages philosophiques et scientifiques qui expliquent pourquoi l'humanité a eu et a besoin d'une religion, quel rôle elle a eu dans notre culture, à quels besoins elle répond, et comment elle a été utilisée à des fins politiques.
Mais je n'ai rien trouvé sur les mécanismes psychiques de base qui ont permis le développement de la religion au cours de l'histoire .
L'apparition de la foi chez l'individu est un autre sujet que je ne développe pas ici. (J'insiste sur le mot "apparition" parce qu'on ne naît pas croyant. Elle est due aux parents, au milieu d'origine, ou/et à une introspection et à des réflexions personnelles)
J'essaye d' expliquer plus bas ces mécanismes.
Pour ne pas alourdir mon texte je n'emploie pas les expressions "je crois que..., je pense que..." et autres similaires. Elle restent sous-entendues devant chaque phrase.
Je ne prétends pas que mon point de vue soit le seul valable.
En se différenciant de ses ancêtres pré-hominiens par l'acquisition progressive d'un énorme cerveau, l'espèce humaine a acquis le faculté de penser, puis a inventé le langage, qui l'aide à avoir des idées abstraites, à imaginer des choses qui pourraient être mais qui ne sont pas réelles, et aussi à prendre pour réelles des choses qui ne sont qu'imaginées.
Certaines de ces idées sont communes à beaucoup d'individus, et la communication (verbale d'abord, écrite dans une phase ultérieure), entre les individus les a fait devenir plus ou moins collectives et les a fait se transmettre d'une génération à l'autre.
Ce sont d'abord les connaissances pragmatiques de leur environnement physique.
Mais il ya aussi des idées, des conceptions plus ou moins claires plus ou moins partagées par la majorité des individus, qu'on peut appeler conscience collective. Ce sont les suivantes:
- Les dieux, plus tard Dieu, expliquent le pourquoi et le comment des choses que nous ne comprenons pas.
- Dieu nous inspire des règles de morale et nous donne les sens du bien et du mal.
- Nous aspirons à la justice et à la vengeance (pas toujours dissociables), parce que les méchants triomphent trop souvent des bons, les forts des faibles, les menteurs des sincères, le mal du bien.
- Il pourrait y avoir des relations idéales entre les hommes si il n'y avait pas de méchants, ce monde pourrait, ou même pourra exister si chacun y met du sien .
Ces idées présentes dans la conscience collective se retrouvent de façon fragmentaire et dispersée dans toute la la littérature en général (y compris Tintin et Superman).
Et tout spécialement dans la Bible, puisque elle est constituée d'un ensemble de textes sélectionnés pour leur valeur religieuse, donc aussi, implicitement, morale. Elles ont été mises par écrit mêlées à d'autres idées résultant des conjonctures du moment, ou à d'autres idées élaborées dans un but de propagande religieuse ou politique, tout en étant distorsionnées pour les raisons que j'explique plus bas.
1 Concept des dieux
Revenons à l'époque où les hommes ont inventé le langage, appris à faire du feu,
Ils ont établi des rapports de cause à effet et en ont tiré des conclusions. Par exemple "quand on blesse un animal, son sang coule, puis il meurt". Donc le sang est nécessaire à la vie" ou "le feu consume du bois, pour qu'il continue, il fait l'alimenter avec d'autre bois". Donc le feu n'existe pas indépendamment d'un combustible.
Ils ont donc trouvé des explications à la plupart des choses et de phénomènes de leur environnement, ils se sont accoutumés à l'idée qu'on trouve toujours une explication.
Pourtant il restait beaucoup de choses sans explication, comme la foudre et le tonnerre, la maladie subite, l'alternance jour/nuit.
Pour les expliquer ils ont imaginé des êtres invisibles, des dieux. L'homme, en général, a besoin d'explication et préfère une explication simpliste et indémontrable à une absence d'explication (c'est encore vrai pour un bon nombre d'hommes actuels).
Peut-être aussi que les sages, les sorciers auprès desquels le reste de la tribu demandait conseils et explications on inventé des dieux pour ne pas rester sans réponse et garder le prestige de celui qui sait.
On ne savait pas trop comment étaient ces dieux. On croyait pouvoir communiquer avec eux (invocations, prières). On imaginait qu'ils avaient des facultés et des sentiments semblables aux hommes. On croyait pouvoir les influencer ou les remercier de s'être favorablement comportés en leur faisant de offrandes et des sacrifices.
2 La conscience façonne la croyance en Dieu
La sélection naturelle fait que les êtres vivants plus adaptés à leur milieu survivent et perpétuent leur espèce. La sélection naturelle ne joue pas seulement sur la forme et les aptitudes physiques du corps des animaux, mais aussi sur leurs instincts. Par exemple la fourmi ouvrière à l'instinct de nourrir les larves pondues par la reine (ses soeurs), le chat celui d'attraper et de tuer les souris et les petits oiseaux. Sans ces instincts il est évident que ces espèces n'auraient pu subsister. Comme les caractéristiques physiques, ils sont inscrits dans les gènes. Ces instincts se transmettent d'une génération à l'autre, et cela pendant très longtemps, jusqu'à ce qu'ils soient éventuellement modifiés par l'évolution comme les organes physiques (le chat domestique conserve son instinct de chasseur alors qu'il ne lui est d'aucune utilité, étant nourri par ses maîtres les hommes qui vivent dans la même maison que lui).
L'homme primitif a hérité des instincts de ses ancêtre pré-hominiens leur instincts, dont une partie était déjà commune aux autres mammifères (l'instinct de survie, de fuite devant le danger, l'instinct sexuel, l'instinct maternel, l'instinct combatif, la peur du vide, la répugnance pour les excréments et les vers qui grouillent dans les charognes, et d'autres).
Il a aussi hérité d'un instinct plus spécifique à notre espèce humaine: l'instinct de protection de la famille et de la tribu. En effet les peuples primitifs contemporains et préhistoriques sont et s'étaient organisé en hordes, clans, tribus, en groupes d'individus. Là aussi la sélection naturelle a fait que les individus ayant l'instinct de nuire au groupe ont eu tendance à disparaître, (les tribus où les individus se sont entretués n'ont pas eu de descendants)
Ceux qui avaient l'instinct de ne pas faire de mal et même d'aider les membres de sa tribu ont eu plus de chance de se reproduire parce qu'aider la tribu c'est donner implicitement plus de chance de survie à l'individu.
Comme notre homme primitif se servait de plus en plus de son cerveau pour réfléchir, d'autant plus qu'il commençait à construire des abris, à fabriquer des objets (silex taillés, arcs), il s'est aperçu que sa pensée, sa raison le poussait à agir dans certains cas de façon opposée à son instinct. Par exemple lors d'un incendie de savane, lutter contre l'instinct de fuite et sauter par-dessus le rideau de flammes était un moyen de se sauver.
Abandonner un frère blessé à une tribu ennemie pour permettre au reste de sa propre tribu de s'enfuir était plus raisonnable que de rester jusqu'au bout avec le frère blessé, sinon les femmes et les enfants couraient le risque d'être tués. C'est l'apparition de la conscience, ce mélange de raison et d'instinct qui s'évidentie par des "cas de conscience" quand il faut prendre certaines décisions.
C'est la phase où l'homme réalise qu'il peut agir contre son instinct, qu'il peut décider lui même ce qui est bien ou mal. Par exemple se goinfrer de la nourriture disponible sans en laisser pour les enfants, tuer un membre de sa tribu. Il est devenu libre de le faire ou non, de faire ou non le bien ou le mal. Parallèlement le bien et le mal sont définis en parti par sa raison et donc il est parfois très difficile de savoir si une action donnée est un bien ou un mal.
Cette émergence de la conscience morale signifie la fin de l'époque où il vivait dans la sérénité, inconscient de la morale, suivant seulement son instinct comme les autres animaux,
et le début du véritable esprit humain pensant et responsable, constamment soucieux d'oeuvrer pour l'avenir tout en prenant en compte la morale.
Dans la Bible le souvenir atavique de l'époque où l'homme n'était pas encore conscient, c'est le jardin d'Eden. L'apparition de la conscience, c'est quand Eve et Adam mangent le fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal.
La possibilité de mal agir c'est le meutre d'Abel par Caïn.
Ce débat intérieur entre instinct et raison, entre coeur et raison donne l'impression d'une petite voix intérieure. Cette impression a fait croire et fait croire que dieu nous parle.
3 Vers un seul dieu
Cette voix intérieure semble unique. Cest difficile d'admettre que c'est celle de plusieurs dieux, ou alors il faudrait que les autres dieux se taisent.
De plus l'homme s'est mis à réfléchir davantage et, quoique la question soit sans intérêt pratique, les hommes se sont aussi demandé pourquoi ils existent, pourquoi le monde existe, si cela a un sens (d'ailleurs cette question reste actuelle). Puisqu'on avait déjà inventé des dieux pour expliquer tout ce qu'on ne pouvait pas comprendre, leur réponse a été naturellement: "un dieu a crée tout cela". Or c'est plus cohérent de croire qu'un seul dieu est créateur, sinon la coexistence de plusieurs dieux pose des problèmes de hiérarchie et de conflits entre les dieux, il faut envisager une division de la création en tranches, ce qui est difficile à imaginer.
Il a trouvé aussi une corrélation entre certains phénomènes, par exemple "le vent pousse les nuages, la pluie tombe des nuages"" qui ont progressivement amené à croire qu'un seul dieu gouverne tout.
Beaucoup de gens ressentent aussi le besoin d'avoir un grand chef, souvent inconsciement. D'ou le succès de certains rois, dictateurs ou autre chefs d'états.
La croyance plus cohérente en dieu unique s'est imposée
4 De "seul" dieu à Dieu "tout-puissant"
Un seul dieu ne signifie pas un dieu mondialement unique
En ces temps-là, étant donné la vitesse des communications, les échanges culturels étaient lents et limités. Chaque peuple et chaque culture a suivi sa propre évolution. La langue et les traditions des uns n'étaient pas la langue et les traditions des autres. Le dieu des uns n'était pas le dieu des autres. C'est très visible dans l'ancien testament. Exemples entre autres:
Juges 2:12Ils abandonnèrent l'Éternel, le Dieu de leurs pères, qui les avait fait sortir du pays d'Égypte, et ils allèrent après d'autres dieux d'entre les dieux des peuples qui les entouraient ; ils se prosternèrent devant eux, et ils irritèrent l'Éternel.
Josué 24:2 Josué dit à tout le peuple: Ainsi parle l'Éternel, le Dieu d'Israël: Vos pères, Térach, père d'Abraham et père de Nachor, habitaient anciennement de l'autre côté du fleuve, et ils servaient d'autres dieux
Le peuple d'Israel affirmait que l'Eternel est le seul dieu valable .
Le seul vrai dieu.
Notons au passage que la croyance en le dieu d'Israel n'était pas encore débarassée de l'instinct de protection de la tribu, étendu au groupe de population plus important qu'est le peuple.
Je veux dire que la morale s'appliquait excusivement aux hommes faisant partie de ce peuple. L'instinct combatif de tuer les hommes des autres tribus, les ennemis n'était pas pas contrecarré par la raison. Massacrer l'ennemi était une chose nécessaire, voire louable (c'est d'ailleurs ce sentiment que les politiciens ont souvent tenté de réactualiser au cours de l'histoire, même contemporaine).
Cela permettait de justifier l'horreur des batailles et des massacres des autres peuples, dont le récit occupe une bonne partie de l' Ancien Testament
Juges 21:10 Alors l'assemblée (du peuple d'israel) envoya contre eux douze mille soldats, en leur donnant cet ordre: Allez, et frappez du tranchant de l'épée les habitants de Jabès en Galaad, avec les femmes et les enfants
Juges 20:48 Les hommes d'Israël revinrent vers les fils de Benjamin, et ils les frappèrent du tranchant de l'épée, depuis les hommes des villes jusqu'au bétail, et tout ce que l'on trouva. Ils mirent aussi le feu à toutes les villes qui existaient.
Exode 32:27 Il leur dit: Ainsi parle l'Éternel, le Dieu d'Israël: Que chacun de vous mette son épée au côté ; traversez et parcourez le camp d'une porte à l'autre, et que chacun tue son frère, son parent.
Ensuite par un sentiment d'orgueil asez généralisé et humain, ils ont dit que leur dieu est très puissant. De même que les joueurs d'une équipe de football clament de façon simpliste et égoiste "on est les meilleurs"
C'est une attitude généralement utilisée à toutes les époques pour soutenir le moral des combattants.
En continuant dans le même sens, on est passé par exagération de "très puissant" à "tout-puissant".
De seul dieu, dieu est devenu dieu tout-puissant.
De plus le récit de la création de la Genèse, qui a été écrite après ces livres historiques, est plus crédible si elle faite par un dieu tout-puissant plutôt que par un dieu à puissance limitée.
Par la suite et jusqu'à aujourd'hui, il est resté tout-puissant, même si rien ne permet de le constater.
En effet on voit autour de nous beaucoup de souffrances inutiles, entre autres beaucoup de personnes malades ou handicapées, beaucoup de gens victimes de malchance ou d'injustices.
Si dieu était tout-puissant il pourrait éviter ces souffrances inutiles.
5 Les sacrifices et la punition divine
Le passage du polythéisme au monothéisme n'a pas changé l'idée primitive que dieu avait des facultés et des sentiments semblables aux hommes.
Genèse 1:27 Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu, il créa l'homme et la femme.
Logiquement, par réciprocité, on en déduit que Dieu ressemble à l'homme .
Donc qu'il est sensible à des cadeaux de remerciement ou de supplication.
C'est à dire aux sacrifices d'animaux, dont l'odeur de la chair rôtie devait chatouiller ses narines. Ces sacrifices était d'ailleurs très codifiés.
Lévitique 1:17 Il déchirera les ailes, sans les détacher ; et le sacrificateur brûlera l'oiseau sur l'autel, sur le bois mis au feu. C'est un holocauste, un sacrifice consumé par le feu, d'une agréable odeur à l'Éternel.
Nombres 7:17 et, pour le sacrifice d'actions de grâces, deux boeufs, cinq béliers, cinq boucs, cinq agneaux d'un an. Telle fut l'offrande de Nachschon, fils d'Amminadab.
Dieu était craint pour sa colère et pouvait punir
Psaumes 19:10 La crainte de l'Éternel est pure, elle subsiste à toujours ; Les jugements de l'Éternel sont vrais, ils sont tous justes.
Exode 20.5 Tu ne te prosterneras pas devant d'autres dieux que moi, et tu ne les serviras point ; car moi, l'Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis l'iniquité des pères sur les enfants jusqu'à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent
Pour l'apaiser il convenait de lui faire des sacrifices
Jonas 1:16 Ces hommes furent saisis d'une grande crainte de l'Éternel, et ils offrirent un sacrifice à l'Éternel, et firent des voeux.
Les dix commandements ont précisé ce qu'on doit faire et ne pas faire (avantage pratique pour le croyant parce que ça lui évite de réfléchir, il n'a qu'à se référer au texte).
Inévitablement il arrive qu'on agisse pas conformément à ces commandements. Alors on est convaincu qu'on sera puni, qu'on a commis un péché..
Pour éviter la punition il reste une seule solution: faire un sacrifice.
Nombres 15:27 Si c'est une seule personne qui a péché involontairement, elle offrira une chèvre d'un an en sacrifice pour le péché.
6 Le royaume des cieux
Ensuite Jésus entre en scène. En répétant "Vous avez entendu qu’il a été dit, mais moi je vous dis:...", il prend l'initiative de réformer la religion. Il renverse les tables de marchands dans le temple, montre l'absurdité des sacrifices, transforme le concept de dieu vengeur et punisseur en dieu d'amour, expose sa logique de la bonté jusqu'à un idéal extrême.
Matthieu 5:44 Mais moi, je vous dis: Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent,
Il propage aussi la notion de royaume des cieux et de vie éternelle
Je crois que cette espérance pour le "Royaume des cieux" provient d'une idée atavique présente au fond de tous les esprits humains.
Cest-à-dire l'idée que si tout le monde cherche à faire le bien, cela aboutira progressivement à un monde meilleur avec moins de conflits, moins de souffrances. Ceci concrètement dans le monde réel. Le temps pour y arriver sera inévitablement très long, de l'ordre de plusieurs siècles. Nos descendants lointains y vivront peut-être, en aucun cas nous- même.
Cette idée existait déjà dans l'ancien testament. Elle a été un des thèmes les plus importants de la prédication de Jésus, amalgamée avec des notions de divinité et de morale.
Jésus et ses disciples parlaient du jugement dernier et du Royaume des cieux comme s'il devaient se produire d'une année à l'autre.
Matthieu 4:17 Dès ce moment Jésus commença à prêcher, et à dire: Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche.
Matthieu 10:7 Allez, prêchez, et dites: Le royaume des cieux est proche.
Jésus et ses apôtres voulaient convertir le plus de gens possibles.
Alors dire qu'une vie dans le merveilleux Royaume des cieux était prévue pour bientôt et réservée à ceux qui se convertissaient était un bon argument.
Dans le genre cadeau publicitaire "si vous vous abonnez pour 2 ans à la revue X, vous aurez en plus en cadeau gratuit 3 CD".
Plus tard, le thème de l'Enfer a été développé pour que les gens adhère à la religion par peur d'être damnés.
Le but idéaliste et désintéressé d'agir pour rendre le monde meilleur à une date indéterminée et lointaine, sans rien recevoir en échange est en effet beaucoup moins attrayant.
Je crois que l'idée d'un avenir meilleur est générale. Elle a été transformée par les chrétiens en une illusion égoïste: ne pas rater sa petite place au Paradis.
7 La Résurrection
Malheureusement pour Jésus, son arrivée à Jérusalem dérange les autorités religieuses juives, qui font pression sur l'autorité romaine pour le ridiculiser et finalement se débarrasser de lui en le faisant condamner à mort par le supplice public de la crucifixion, utilisé communément à l'époque pour les bandits et le criminels, ce qui a pour double but de se débarraser de lui et de le déconsidérer aux yeux de la population.
Les premiers adeptes de Jésus ont été très frustrés et n'auraient voulu pas voulu que leur héros finisse de façon aussi injuste et déplorable. Ils voulaient continuer à répandre ses idées. La mort de Jésus dans des conditions aussi déplorables était une catastrophe pour la poursuite de leur vocation.
La résurrection de Jésus a été très utile pour la continuation du christianisme. On ne peut pas savoir quelle est la part d'illusion, de naiveté et d'invention délibérée.
Quand on veut désespérément croire à quelque chose, on y croit.
8 La rédemption
C'est très difficile de comprendre comment est apparue cette notion fondamentale du christianisme.
Je vois cela de la façon suivante:
Le chrétien se sent par définition pécheur parce il n'arrive pas à se comporter tout le temps conformément aux commandements de Dieu, et ce sentiment est renforcé parce qu'on lui répète qu'à cause du péché originel il est pécheur par hérédité.
D'autre part la notion primitive de sacrifice à Dieu pour racheter ses fautes n'a pas disparu.
Par contre le sacrifice d'animaux ne se fait plus, Jésus lui-même ayant dit que ce n'est pas bien.
Alors par un raisonnement acrobatique on établit que la mort de Jésus n'est pas une mort ordinaire mais qu'il s'est volontairement sacrifié pour tout le monde (alors qu'en fait on ne lui a rien demandé), et que par conséquent tout le monde doit en être très reconnaissant. Etre reconnaissant consiste d'un part à bien se conduire et à faire le bien (pas nécessaire se sacrifier pour cela), d'autre part à croire en Dieu.
La mort de Jésus par crucifixion est considérée par un sacrifice pour tous à cause de la réminiscence du sacrifice d'animaux destiné à se faire bien voir par Dieu
9 La suite, jusqu'à nos jours
Il faut tenir compte du fait que, dans le passé, alors que le photograhie et l'imprimerie n'existaient pas, les nouvelles se transmettaient de bouche à oreille. Il est inévitable qu'elles se soient transformées et embellies, qu'on ait transformé des faits étonnants en miracles. L'exagération est humaine. Entre la réalité des évènement au moment où ils ont lieu et ce qui est mis par écrit il peut y avoir pas mal d'idéalisations et de transformations. Voir l'histoire pourtant contemporaine de Bagnard Papillion. Certains disent qu'il a fait un récit de bonne foi mais il ne sait plus lui même dans quelle mesure il y a inclu le vécu de ses compagnons, ni ce qu'il a maginé.
Jusqu'au Moyen Age, même les gens cultivés croyaient au merveilleux et au fantastique (licornes, sorcières, fées, fantômes, etc, etc)
La Bible étant aussi la publication de propagande pour le nouveau christianisme, les miracles l'ont rendue plus attrayante et même plus crédible, autrement elle serait restée plutôt banale et rébarbative.
On a pu aussi compléter les vides avec d'autres textes rajoutés, on ne saura jamais dans quelle mesure (la nativité,entre autres).
Ensuite, pour conserver parmi les chrétiens ceux qui étaient restés fidéles à d'anciennes traditions et croyances populaires pré-chrétiennes, le christianisme s'est dilué et compliqué en les adoptant. Il est apparu des professionels de la religion qui ont organisé des conciles, établis des règles, des plus en plus compliquées comme la notion de l'enfer, l'adoration de la vierge, les saints , les reliques, les pèlerinages, la lithurgie, etc.
Les catholiques ont fait un effort pour se débarrasser de ces ajouts en se détachant des orthodoxes, et bien plus tard les protestants en ont fait un plus grand en se séparant des catholiques.
10 Une hypothèse sans prétention
Dieu, surtout celui des chrétiens dans son acceptation classique, est pour moi une simple vue de l'esprit. Pour un bon nombre de croyants ce dieu est immatériel , invisible et improuvable.
Mais pourquoi s'imaginer que quelque chose d'immatériel existe?
Quand nous avons sous les yeux quelque chose de matériel dont nous ne connaissons ni le pourquoi ni le comment, ni le début, ni la fin.
Certains croyants s'efforcent sans succès de trouver une preuve de l'existence de Dieu.
Sans se rendre compte qu'on a dieu sous les yeux. On marche dessus , on le transforme, on s'y déplace, on y vit.
Parce que le monde où nous sommes, l'univers, c'est Dieu.
Dieu dont on ignore tout, sauf qu'il existe sous la forme de l'univers où nous sommes. On peu raisonnablement penser qu'il n'est ni tout-puissant ni omniscient.
Savoir si il est éternel, s'il a une certaine puissance, s'il a un sens, si il a une finalité sont des questions qui dépassent nos capacités de compréhension (en tout cas les miennes).
Il est d'ailleurs possible que ces questions n'aient aucun sens.
Il y a une chose cependant que nous constatons:
A notre connaissance nous sommes la seule partie de l'univers, en fait une infime petite parcelle, qui a une conscience, une volonté, une possibilité d'action sur elle-même et sur son environnement. Par exemple je peux décider à tout moment de lever un bras, de faire un pas en avant, ou en arrière, ou à gauche, ou à droite, de poster ou non ce texte sur ce forum, de jeter mon ordinateur à la poubelle ou de sauter par la fenêtre.
Je dis bien "à notre connaissance" parce qu'il n'est pas du tout exclu qu'il existe dans l'univers d'autres formes de vie avec d'autres êtres pensants. Il y a peu de probabilités que des êtres pensants apparaissent parce l'ensemble des conditions nécessaires à la vie (composants chimiques, température, pression) sont apparemment très rarement réunies, mais il faut penser que l'univers est immense et qu'il y a des milliards d'étoiles dont une bonne proportion est entourée de planètes.
Et puis l'homme a toujours été égocentrique. Il a admis difficilement, à mesure des progrès de la la science, qu'il n'est pas le centre du monde. Il ne faudrait pas continuer la même erreur, comme les chrétiens qui croient toujours d'être le but principal d'un créateur qui accorde une attention spéciale à l'humanité.
Si de tels êtres existent il est très probable qu'on ne le saura jamais à cause de leur éloignement dans l'espace et aussi dans le temps. Il serait aussi très peu probable qu'il aient un aspect humanoïde comme on le voit dans les films de science-fiction de dernière catégorie (on excusera quand même les réalisateurs parce qu'ils n'ont pas disposé de vrais extraterrestres comme acteurs, mais seulement d'humains).
Pour finir je me représente notre situation par cette comparaison:
Nous sommes au milieu d'un grand fleuve dont nous distinguons à peine les rives. Le courant, le courant c'est le temps, nous entraîne vers une destination inconnue: une mer, un lac, un affluent, un désert où le fleuve va s'évaporer ? Ou alors il tourne indéfiniment en boucle? Nous distinguons de mieux en mieux les espèces d'arbres et les animaux des berges, mais nous ne savons toujours pas où le courant nous entraîne. Intuitivement nous savons que pour arriver plus vite il vaut mieux nager dans le sens du courant qu'à contre courant, c'est-à -dire avancer vers l'avenir au lieu de rester dans le passé.
La seule façon de savoir où nous allons serait de s'élever dans une autre dimension , de monter dans un hélicoptère bien haut au-dessus du fleuve pour voir plus loin.
Mais ne ne le pouvons pas, nous n'avons pas d' hélicoptère.