les milles contre-vérités scientifiques du coran
Posté : 12 août05, 04:51
j'ai découvert cela sur un site dont je ne me souvients plus l'adresse: désolé
Le Dr. Bucaille affirme (A) que le Coran fait preuve d'une préconnaissance surnaturelle de la science moderne, ce qui ne peut s'expliquer que par son origine divine. II déclare ensuite (B) que le Coran, à l'inverse de la Bible, ne comporte aucune erreur scientifique. Enfin (C) il reproche à la Bible de ne pas faire suffisamment intervenir la nature pour manifester la gloire et la puissance de Dieu. Examinons attentivement ces affirmations pour voir si, réellement, elles tiennent debout.
J'ajoute encore que le Dr Bucaille n'est pas le seul auteur à parler des rapports entre le Coran et la science. Des hommes de science musulmans se sont aussi décidés à écrire sur ce sujet, et nous passerons en revue certaines, de leurs idées, en particulier celles défendues par le Dr Bechir Torki , Tunisien, et titulaire d'un doctorat en physique nucléaire. Il est le co-fondateur de la revue Science et Foi et l'auteur du livre L'Islam, Religion de la Science. 3
Anticipation des connaissances scientifiques
Ces apologistes ne ménagent pas leurs efforts pour trouver dans le Coran des indices d'une connaissance scientifique, au sens moderne, ce qui leur permet d'affirmer le caractère miraculeux de ce livre et d'en déduire son origine divine. Un tel effort n'est pas blâmable en soi, mais un examen plus minutieux prouve que les résultats de ces recherches ne sont pas aussi spectaculaires que certains l'avaient affirmé. Nous verrons d'ailleurs, à la fin de ce chapitre, que ces affirmations ne vont pas sans poser un réel problème d'ordre théologique.
l. Le cycle de l'eau
Le Dr Bucaille 4 et le Dr Torki 5 abordent ce domaine pour affirmer que le Coran avait, à l'avance, une connaissance exacte du cycle de l'eau dont les phrases sont les suivantes :
( 1 ) l'eau s'évapore des mers et de la terre ;
(2) elle se forme en nuages ;
(3) elle tombe sous forme de pluies qui
(4a) arrosent et fécondent la terre, et
(4b) réapprovisionnent les nappes d'eau, ce que l'on constate au jaillissement des sources et au niveau des puits.
Le Dr Bucaille prétend que jusqu'à la fin du XVIe siècle « les hommes avaient des conceptions tout à fait erronées sur le régime des eaux ». Il pense, par conséquent, que les affirmations contenues dans le Coran et qui traduisent une connaissance exacte du cycle de l'eau, ne peuvent pas provenir d'une source humaine.
Il cite les Sourates 50.9-11, 35.9, 30.48, 7.57, 25.48-49 et 45.5 comme versets à l'appui des phrases (2), (3) et {4a). Prenons l'exemple de la Sourate de Al-A`râf 7.57, datée de la période mecquoise tardive :
« C'est lui (Dieu) qui envoie les vents, annonciateurs au-devant de Sa miséricorde. Puis lorsqu'ils portent une nuée lourde (2), Nous la dirigeons en faveur d'un pays mort, puis Nous en faisons descendre l'eau (3), puis Nous en faisons sortir toute espèce de fruits (4a). Ainsi ferons-Nous sortir les morts. Peut-être vous rappellerez-vous ? »
Pour justifier la phase (4b), le Dr Bucaille cite les Sourates 23.18-19, 15.22, et la Sourate des Groupes (Al-Zumur) 39.21, datée de la période mecquoise tardive, qui déclare :
« Ne le vois-tu pas ? Oui, Dieu fait descendre du ciel, de l'eau, puis Il l'achemine en sources dans la terre (4b) ; par là, ensuite, Il fait sortir une culture aux couleurs diverses... »
Ces versets sont manifestement vrais dans leurs dires. Mais la question que l'on est en droit de se poser est celle-ci : font-ils vraiment état d'une connaissance anticipée pour l'époque au point de prouver leur origine divine ? La réponse doit être « Non ». N'importe qui, même un citadin, peut décrire les phases (2), (3) et (4a). Et quiconque a tant soit peu été en contact avec des fermiers, pendant une période de sécheresse, les a certainement entendu parler de puits asséchés et de sources taries, ce qui est une autre manière d'exprimer la simple vérité de la phase (4b) : la pluie est à l'origine des eaux souterraines.
Qu'en est-il de la phase (1) relative à l'évaporation comme cause de la formation des nuages ? C'est un phénomène plus difficile à comprendre par l'observation courante. Il n'est jamais mentionné dans les versets coraniques pré-cités.
Le Dr Torki reconnaît cette lacune et a proposé de voir une réponse dans la Sourate de la Nouvelle (Al Naba' )78.12-16. C'est une Sourate de la période mecquoise ancienne. Nous y lisons :
« Et nous avons construit au-dessus de vous sept (cieux) renforcés et désigné une lampe très ardente, et fait descendre, des nuées, eau abondante, pour en faire sortir grains et plantes, et jardin s'entrelaçant. »
Il présuppose ici que la référence au soleil, cette « lampe très ardente » suivie de la mention de la pluie, démontre la phase manquante (1). Ce n'est pas totalement impossible, mais cela paraît cependant peu probable. Le soleil et la pluie sont les 8° et 9° objets de toute liste des bénédictions de Dieu, une liste qui inclut aussi des bienfaits non mentionnés ici, tels que les montagnes, le sommeil et le mariage. II n'y a aucune raison pour qu'un arabe du 7° siècle, ou une personne du 20°, puisse comprendre la relation de cause à effet entre le soleil et la pluie.
Consultons maintenant la Torah-Ancien Testament. Nous y trouvons trois références qui affirment clairement la phase ( 1 ) qui pose problème pour le lecteur du Coran.
Dans le livre du prophète Amos, écrit 1300 ans avant l'Hégire il est dit :
« Il a fait des Pléiades et Orion, il change l'ombre de la mort en aurore, il obscurcit le jour pour en faire la nuit, il appelle les eaux de la mer (1) et les répand (3) à la surface de la terre : l'Eternel est son nom » (Amos 5.8).
Le prophète Esaïe écrit, lui aussi, quelque 1300 ans avant l'Hégire :
« Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies et mes pensées au-dessus de vos pensées. Comme la pluie (3) et la neige descendent des cieux et n'y retourne ( 1 ) pas sans avoir arrosé, fécondé la terre et (4a) fait germer les plantes, sans avoir donné de la semence au semeur et du pain à celui qui mange, ainsi en est-il de ma parole qui sort de ma bouche : elle ne retourne pas à moi sans effets, sans avoir exécuté ma volonté et accompli avec succès ce pour quoi je l'ai envoyée » (Esaïe 55.9-11).
En troisième lieu nous pouvons encore citer les paroles d'un prophète qui vécut au nord de l'Arabie. Il se nomme Job (Aiyüb ) et décrit d'une manière détaillée le cycle de l'eau. Voici ses paroles, écrites au moins 1000 ans avant l'Hégire (probablement même beaucoup plus) :
« Dieu est grand, mais nous ne savons pas le reconnaître ; le nombre de ses années est insondable.
Il (1) attire les gouttes d'eau qui s'évaporent et retombent en pluie (3) ; les nuages (2) la laissent couler, ils la répandent sur la foule des humains » (Job 36.26-28). Ces versets cités mentionnent toutes les phases du cycle de l'eau, à l'exception, de la phase (4b). Dans le livre du prophète Osée, écrit près de 1400 ans avant l'Hégire nous trouvons le verset suivant qui montre la connaissance de ce processus :
«... Le vent d'orient viendra, le souffle de l'Eternel s'élevant du désert. Il desséchera sa source, tarira sa fontaine... » (Osée 13.15).
Le vent sec de l'orient n'amenait jamais de pluies ; il en résultait la sécheresse des puits et le tarissement des sources. C'est bien traduire que l'absence de pluies prive d'eau les nappes souterraines. Ainsi la Torah-Ancien Testament décrit parfaitement les quatre phases du cycle de l'eau, y compris celle qui était difficile pour les contemporains (1).
2. Les courants maritimes
Le Dr Bechir Torki6 cite la Sourate de la Lumière (Al-Nur) 24.39,40, datée de l'an 5-6 post-hégérique :
« Les actions des incrédules sont semblables à un mirage dans une plaine. Celui qui est altéré croit voir de l'eau ; mais quand il y arrive, il ne trouve rien...
Elles sont encore comparables à des ténèbres sur une mer profonde : une vague la recouvre, sur laquelle monte une autre vague ; des nuages sont au-dessus. Ce sont des ténèbres amoncelées les unes sur les autres. Si quelqu'un étend sa main, il peut à peine la voir. Celui à qui Dieu ne donne pas de lumière n'a pas de lumière. » (Trad. D. Masson).
Dans l'étude qu'il fait de ces versets, le Dr Torki cite les propos d'un directeur de l'un des projets spatiaux qui a photographié les océans « Les vagues et les courants des profondeurs sous-marines sont plus importants que ceux observés en surface. » Le Dr Torki propose d'interpréter l'expression coranique « vagues sur vagues » comme une preuve de la pré-connaissance qu'avait le Coran des sciences marines. Car il existe effectivement des courants profonds tels que le Gulf Stream et le Kuro Shio, près du Japon.
L'hypothèse n'est pas impossible, bien que le même mot soit employé en arabe dans les deux cas. L'hypothèse serait plus plausible si nous avions deux mots arabes différents pour « vague » et « courant ». Pour ma part, je pense que ce texte est plutôt poétique et décrit la situation de l'incroyant vis-à-vis de Dieu. Mais en supposant que le Dr Torki ait raison et ,qu'effectivement le Coran avait l'intention de faire état longtemps à l'avance de sa connaissance de ce qui se passe au fond des mers, il faut remarquer que cette même connaissance apparaît déjà dans la Torah Ancien-Testament.
Deux textes le prouvent, celui de Jonas et les Zabür de David.
Après que Jonas (Yunus), qui prophétisa en 750 avant J.-C., fut englouti par le poisson, il décrivit ainsi ce qu'il vit :
« Jonas, dans les entrailles du poisson, pria l'Eternel son Dieu.
Il dit :
Tu m'as jeté dans un bas-fond au coeur des mers, et les courants d'eau m'ont environné ; toutes tes vagues et tous tes flots ont passé sur moi. Et moi je disais : Je suis chassé loin de tes yeux ! Mais je contemplerai encore ton saint temple. Les eaux m'ont couvert jusqu'à la gorge, l'abîme m'a enterré, des joncs se sont noués autour de ma tête. Je suis descendu jusqu'aux ancrages des montages, les verrous de la terre m 'enfermaient pour toujours. Mais tu m as fait remonter vivant du gouffre, Eternel, mon Dieu ! » (Jonas 2.1, 3-6)
Le mot hébreu traduit par « courants » est nahar. II peut également signifier « rivière » comme en arabe. « Vagues » et « flots » sont, en hébreu, deux mots différents - presque synonymes, sauf que la racine du mot traduit par « flots » indiquerait plutôt les grosses vagues d une tempête.
Un peu plus tôt déjà, en 1000 avant J.-C. ou 1600 avant l'Hégire, le prophète David écrivit les Psaumes (Zabür dans la langue du Coran) sous l'inspiration du Saint-Esprit. Dans l'un des grands psaumes de louange, David s'écrie :
« Qu'est-ce que l'homme, pour que tu te souviennes de lui ?
Et le fils de l'homme, pour que tu prennes garde à lui ?...
Tu lui as donné la domination sur les oeuvres de tes mains ;
Tu as tout mis sous ses pieds...
Les oiseaux du ciel, et les poissons de la mer,
Tout ce qui parcourt les courants marins. »
(Psaume 8.5, 7, 9)
L'expression « parcourt les courants marins » peut n'être qu'une répétition poétique de la ligne précédente. Mais, de toute façon, elle décrit, au même titre que l'observation de Jonas, ce que l'on sait aujourd'hui des courants océaniques.
3. Le non-mélange des eaux salées et des eaux douces
Dans la Sourate du Très Miséricordieux (AI-Rahmân) 55.19-21, de la période mecquoise primitive, il est fait mention d'une « barrière » entre deux sortes d'eaux : « Il (Dieu) a donné libre cours aux deux ondes, pour qu'elles se rencontrent ;comme il y a entre les deux une zone intermédiaire, elles ne s'en veulent pas. Eh bien , vous deux, lequel des bienfaits de votre Seigneur traiterez-vous de mensonge ? »
Le mot traduit ici par « zone intermédiaire » (barzakh ) signifie « intervalle », « barrière », « fossé », « barre », « obstruction », « isthme ».
La Sourate du Discernement (AI-Furqân) 25.53, de la période mecquoise primitive, donne une description plus détaillée du même phénomène :
« Et c'est Lui qui donne libre cours aux deux ondes : celle-ci, douce, rafraîchissante, celle-là, salée, amère. Et assigne entre les deux une zone intermédiaire et barrage barré. »
La dernière expression est traduite très littéralement et souligne l'absolue interdiction de communication. La traduction du Dr Masson indique : « ... une barrière, une limite infranchissable. »
Le Dr Bucaille passe rapidement sur cet aspect 7, mais le Dr Torki y consacre deux pages et demie 8. Il engage une discussion poussée sur les phénomènes d'osmose. et déclare que le phénomène a été vérifié en laboratoire sur des tubes en U et des rnembranes semi-perméables. En guise de conclusion il affirme : « Muharnmad n'avait ni laboratoire, ni équipements de recherches pour pouvoir découvrir tous ces mystères et percevoir cette barrière clairement citée dans le Coran. Ceci prouve encore une fois que ce Livre n'est pas écrit de main d'homme, mais qu'il est la parole de Dieu l'Unique. »
Mais, à nouveau, ne sommes-nous pas devant un phénomène qui ressort de la simple observation de la nature ? Le Coran ne présente-t-il pas simplement un fait connu pour souligner la bonté du Seigneur ? Tous les pêcheurs qui jettent leurs filets ou l'hameçon dans l'embouchure de rivières qui viennent rnourir dans des mers (salées) ignorent-ils ce fait ?
Pendant qu'il était au service de Khadidja, Muhammad s'était rendu. à la tête de caravanes, jusqu'à Alep, au nord de Damas en Syrie.
N'y a-t-il pas pu. Lors de ces voyages, longer la côte du liban ou de la Syrie, parler à des pêcheurs tres bien informés du non-mélange des eaux douces et des eaux salées, à l'embouchure des rivières qui se jetaient dans la Méditerranée ?
Dans son deuxième ouvrage, le Dr Bucaille fait l'éloge des peuplades primitives pour leur habileté à observer et à classer :
« Les naturalistes disent combien ils sont frappés par la justesse avec laquelle certaines peuplades aux moeurs primitives, n'ayant reçu aucun enseignement extérieur dans ce domaine, réussissent néanmoins à départager les espèces animales qui les entourent, réalisant un inventaire digne, à peu de choses près, d'un expert. » 9
Il est sans doute juste d'affirmer que si ces hommes étaient capables d'observer, avec tant de justesse, les animaux, ils pouvaient sans doute aussi observer d'autres phénomènes naturels qu'ils constataient, tel que celui du non-mélange des eaux douces et des eaux salées.
Sincèrement, vouloir interpréter ces versets comme la preuve d'une connaissance scientifique exacte qu'aurait eue le Coran risque de poser plus de problèmes que cela n'en résoud. Car on pourrait faire intervenir la notion de précision ou d'exactitude de la mesure. La formulation « barrière et barrage barré » s'apparente fort à une interdiction absolue ! Devons-nous comprendre alors ces versets de la façon suivante : « Les eaux ne se mélangeront jamais ! » ?
Il n'y a ni barrage, ni membrane semi-perméable placée dans la mer pour empêcher le mélange. Les eaux finissent bien par se mélanger.
Un ami, qui est aussi un homme de science, explique ce fait ainsi :
« Au moment où l'eau de la rivière entre dans la mer, elle repousse l'eau salée ; les deux eaux sont momentanément et physiquement distinctes mais il n'y a en aucune façon une barrière. Sous l'angle thermodynamique ou énergétique, le mélange est un processus spontané, immédiat, hautement favorisé par des considérations d'entropie. La seule « barrière » est d'ordre cinétique, car il faut un certain temps pour mélanger une telle masse de liquide. »
Le Dr Bucaille admet ce fait. Aussi ajoute-t-il une explication, un autre petit « présupposé ». Il écrit : « Le mélange des eaux (douces avec les eaux salées) ne s'opère pour eux parfois que loin au large. »
Le Problème Théologique
Sous-jacent à cet effort de présenter le Coran comme possédant une connaissance anticipée de la science moderne, se cache un problème d'ordre théologique. La plupart de ces descriptions coraniques sont appelées des « signes ». Si le Coran leur attribue la valeur de signes, ils devaient évoquer des choses connues ou au moins être intelligibles pour les premiers auditeurs de Muhammad lorsque le Prophète leur en parlait, sans quoi le signe n'en aurait pas été un.
Dieu est Tout-Puissant et peut tout faire, excepté pécher. C'est pourquoi il peut parfaitement révéler un fait qui non seulement était inconnu, mais ne pouvait pas être connu au moment de sa révélation, sans que cela soit nécessairement un signe.
Nous en avons un bel exemple dans la bouche de Job :
« Il étend le septentrion sur le vide, il suspend la terre sur le néant » (Job 26.7).
Pour autant que nous puissions le présumer, Job ne pouvait exprimer une telle vérité que par une révélation de Dieu.
Citons encore un autre exemple :
« Tu auras un endroit à l'écart, hors du camp, et c'est là dehors que tu sortiras. Tu auras parmi ton bagage un outil, et quand tu t'accroupiras au dehors, tu feras un creux, puis tu reviendras après avoir couvert tes excréments. Car l'Eternel ton Dieu, marche au milieu de ton camp pour te protéger et pour te livrer tes ennemis devant toi ; ton camp sera donc saint... » (Deutéronome 23.13-15).
Tout lecteur reconnaîtra le bien-fondé de ce commandement qui est en parfait accord avec les connaissances scientifiques et les plus élémentaires recommandations d'hygiène publique. Entre parenthèse, on peut se demander pourquoi ce commandement n'a pas été repris dans le Coran, alors que tant de musulmans prétendent qu'il a conservé tout ce qu'il y avait de valable des livres saints antérieurs ! Ces simples précautions empêchent la propagation de maladies par les mouches. Le commandement lui-même n'explique pas sa raison d'être. I1 déclare simplement que le camp devait rester saint aux yeux de Dieu. Aucun de ces exemples, qui ont un caractère scientifique, n'est appelé « signe » par Dieu, l'Unique Eternel, dans la TorahAncien Testament.
Signes
Jésus déclara que les miracles de guérison, qu'il appelait des oeuvres, étaient des signes destinés à amener les gens à croire en lui.
« Si je ne fais pas Ies oeuvres (miracles) de mon Père, ne me croyez pas ! Mais si je les fais, quand même vous ne me croiriez pas, croyez à ces oeuvres, afin de savoir et de reconnaître que le Père est en moi, et moi dans le Père » (Jean 10.37-38).
« Si je n'avais pas fait parmi eux les oeuvres que nul autre n'a faites, ils n'auraient pas de péché. Maintenant ils les ont vues, et ils ont haî, et moi et mon Père » (Jean 15.24).
Muhammad avait affirmé que le désert, qui reverdissait après la pluie, constituait un signe devant amener les gens à croire à la résurection et au jugement. Voici ce que dit la Sourate de Fer (AI-Hadid) 57.17, de l'an 8 post-hégérique :
« Sachez qu'en vérité Dieu donnela vie à la terre une fois morte ! Certes, nous vous avons exposé les signes ! Peut-être comprendriez-vous ? »
Dans la Sourate mecquoise tardive, intitulée Sourate des Bestiaux (AI-An`am) 6.67, il est dit :
« Pour chaque annonce, un repère. Et bientôt vous saurez. »
Dans Job 28.23, 25-28, le « poids du vent » est mentionné pour donner une indication de la sagesse de Dieu
« C'est Dieu qui en comprend le chemin,
C'est lui qui en connaît la demeure
.....
Quand il détermina le poids du vent
Et qu'il fixa la mesure des eaux,
Quand iil donna une règle à la pluie
Et une route à l'éclair et au tonnerre,
Alors il vit la sagesse et la manifesta,
II en posa les fondements et la scruta jusqu'au fond.
Puis il dit à l'homme :
Voici, la crainte du Seigneur, c'est la sagesse ;
S'écarter du mal, c'est l'intelligence.»
Nous pourrions amorcer une discussion approfondie sur le principe des baromètres pour mesurer le poids de l'air, sur celui des instruments qui mesurent la vitesse du vent.
Telle n'était pas la préoccupation de Job. Il énumérait ces faits de la nature pour illustrer la sagesse de Dieu.
Qu'en tirer pour nous au XX° siècle ? Job fait-il oeuvre d'anticipation en matière de science ? Certainement pas ! Les paroles de Job traduisent des faits d'observation courante : n'importe qui pouvait avoir ressenti le souffle de la brise sur son visage ou vu se gonfler les voiles des navires sous l'effet du vent.
Dans tous ces cas, depuis les miracles de Jésus jusqu'au poids du vent, en passant par le désert fertilisé par la pluie, le signe était perçu par les auditeurs et signifiait quelque chose pour eux.
Mais il y a problème lorsque quelque chose qui est présenté comme un signe fait appel à des connaissances inaccessibles pour les auditeurs.
Il est inconcevable qu'un prophète se serve de quelque phénomène obscur, mal connu sinon inconnu par son auditoire pour illustrer ou souligner son message. Quel effet aurait pu produire l'évocation d'un tel « signe » sur le coeur ou l'intelligence des auditeurs ?
Dieu donne au prophète des illustrations simples et naturelles, compréhensibles pour tous ceux qui écoutent.
Si l'allusion aux courants sous-marins n'évoquait absolument rien pour les habitants de la Mecque ou de Médine, quel impact pouvait donc avoir l'expression « vague sur vague » pour eux ? Soit ils l'interprétaient d'une manière poétique, en comparant le sort du pécheur devant Dieu à ces ténèbres profondes, soit ils ne la comprenaient pas. Dans ce cas, elle ne pouvait avoir valeur de signe pour eux.
Il est théoriquement possible qu'un verset ait deux significations : une signification évidente, simple, accessible à tous les auditeurs du prophète, et une autre, plus secrète, plus complexe, destinée aux lecteurs d'une autre époque. C'est peut-être ce à quoi le Dr Bucaille et le Dr Torki faisaient allusion lorsqu'ils étudiaient les données coraniques sur « les courants sous-marins » ou sur « le non-mélange des eaux ». Quoi qu'il en soit nous verrons dans la section suivante quelques versets du Coran qui semblent vraiment comporter des erreurs et ce, depuis qu'ils ont été donnés, il y a quelque 1400 ans. Cela pose un difficile problème théologique.
Le Dr. Bucaille affirme (A) que le Coran fait preuve d'une préconnaissance surnaturelle de la science moderne, ce qui ne peut s'expliquer que par son origine divine. II déclare ensuite (B) que le Coran, à l'inverse de la Bible, ne comporte aucune erreur scientifique. Enfin (C) il reproche à la Bible de ne pas faire suffisamment intervenir la nature pour manifester la gloire et la puissance de Dieu. Examinons attentivement ces affirmations pour voir si, réellement, elles tiennent debout.
J'ajoute encore que le Dr Bucaille n'est pas le seul auteur à parler des rapports entre le Coran et la science. Des hommes de science musulmans se sont aussi décidés à écrire sur ce sujet, et nous passerons en revue certaines, de leurs idées, en particulier celles défendues par le Dr Bechir Torki , Tunisien, et titulaire d'un doctorat en physique nucléaire. Il est le co-fondateur de la revue Science et Foi et l'auteur du livre L'Islam, Religion de la Science. 3
Anticipation des connaissances scientifiques
Ces apologistes ne ménagent pas leurs efforts pour trouver dans le Coran des indices d'une connaissance scientifique, au sens moderne, ce qui leur permet d'affirmer le caractère miraculeux de ce livre et d'en déduire son origine divine. Un tel effort n'est pas blâmable en soi, mais un examen plus minutieux prouve que les résultats de ces recherches ne sont pas aussi spectaculaires que certains l'avaient affirmé. Nous verrons d'ailleurs, à la fin de ce chapitre, que ces affirmations ne vont pas sans poser un réel problème d'ordre théologique.
l. Le cycle de l'eau
Le Dr Bucaille 4 et le Dr Torki 5 abordent ce domaine pour affirmer que le Coran avait, à l'avance, une connaissance exacte du cycle de l'eau dont les phrases sont les suivantes :
( 1 ) l'eau s'évapore des mers et de la terre ;
(2) elle se forme en nuages ;
(3) elle tombe sous forme de pluies qui
(4a) arrosent et fécondent la terre, et
(4b) réapprovisionnent les nappes d'eau, ce que l'on constate au jaillissement des sources et au niveau des puits.
Le Dr Bucaille prétend que jusqu'à la fin du XVIe siècle « les hommes avaient des conceptions tout à fait erronées sur le régime des eaux ». Il pense, par conséquent, que les affirmations contenues dans le Coran et qui traduisent une connaissance exacte du cycle de l'eau, ne peuvent pas provenir d'une source humaine.
Il cite les Sourates 50.9-11, 35.9, 30.48, 7.57, 25.48-49 et 45.5 comme versets à l'appui des phrases (2), (3) et {4a). Prenons l'exemple de la Sourate de Al-A`râf 7.57, datée de la période mecquoise tardive :
« C'est lui (Dieu) qui envoie les vents, annonciateurs au-devant de Sa miséricorde. Puis lorsqu'ils portent une nuée lourde (2), Nous la dirigeons en faveur d'un pays mort, puis Nous en faisons descendre l'eau (3), puis Nous en faisons sortir toute espèce de fruits (4a). Ainsi ferons-Nous sortir les morts. Peut-être vous rappellerez-vous ? »
Pour justifier la phase (4b), le Dr Bucaille cite les Sourates 23.18-19, 15.22, et la Sourate des Groupes (Al-Zumur) 39.21, datée de la période mecquoise tardive, qui déclare :
« Ne le vois-tu pas ? Oui, Dieu fait descendre du ciel, de l'eau, puis Il l'achemine en sources dans la terre (4b) ; par là, ensuite, Il fait sortir une culture aux couleurs diverses... »
Ces versets sont manifestement vrais dans leurs dires. Mais la question que l'on est en droit de se poser est celle-ci : font-ils vraiment état d'une connaissance anticipée pour l'époque au point de prouver leur origine divine ? La réponse doit être « Non ». N'importe qui, même un citadin, peut décrire les phases (2), (3) et (4a). Et quiconque a tant soit peu été en contact avec des fermiers, pendant une période de sécheresse, les a certainement entendu parler de puits asséchés et de sources taries, ce qui est une autre manière d'exprimer la simple vérité de la phase (4b) : la pluie est à l'origine des eaux souterraines.
Qu'en est-il de la phase (1) relative à l'évaporation comme cause de la formation des nuages ? C'est un phénomène plus difficile à comprendre par l'observation courante. Il n'est jamais mentionné dans les versets coraniques pré-cités.
Le Dr Torki reconnaît cette lacune et a proposé de voir une réponse dans la Sourate de la Nouvelle (Al Naba' )78.12-16. C'est une Sourate de la période mecquoise ancienne. Nous y lisons :
« Et nous avons construit au-dessus de vous sept (cieux) renforcés et désigné une lampe très ardente, et fait descendre, des nuées, eau abondante, pour en faire sortir grains et plantes, et jardin s'entrelaçant. »
Il présuppose ici que la référence au soleil, cette « lampe très ardente » suivie de la mention de la pluie, démontre la phase manquante (1). Ce n'est pas totalement impossible, mais cela paraît cependant peu probable. Le soleil et la pluie sont les 8° et 9° objets de toute liste des bénédictions de Dieu, une liste qui inclut aussi des bienfaits non mentionnés ici, tels que les montagnes, le sommeil et le mariage. II n'y a aucune raison pour qu'un arabe du 7° siècle, ou une personne du 20°, puisse comprendre la relation de cause à effet entre le soleil et la pluie.
Consultons maintenant la Torah-Ancien Testament. Nous y trouvons trois références qui affirment clairement la phase ( 1 ) qui pose problème pour le lecteur du Coran.
Dans le livre du prophète Amos, écrit 1300 ans avant l'Hégire il est dit :
« Il a fait des Pléiades et Orion, il change l'ombre de la mort en aurore, il obscurcit le jour pour en faire la nuit, il appelle les eaux de la mer (1) et les répand (3) à la surface de la terre : l'Eternel est son nom » (Amos 5.8).
Le prophète Esaïe écrit, lui aussi, quelque 1300 ans avant l'Hégire :
« Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies et mes pensées au-dessus de vos pensées. Comme la pluie (3) et la neige descendent des cieux et n'y retourne ( 1 ) pas sans avoir arrosé, fécondé la terre et (4a) fait germer les plantes, sans avoir donné de la semence au semeur et du pain à celui qui mange, ainsi en est-il de ma parole qui sort de ma bouche : elle ne retourne pas à moi sans effets, sans avoir exécuté ma volonté et accompli avec succès ce pour quoi je l'ai envoyée » (Esaïe 55.9-11).
En troisième lieu nous pouvons encore citer les paroles d'un prophète qui vécut au nord de l'Arabie. Il se nomme Job (Aiyüb ) et décrit d'une manière détaillée le cycle de l'eau. Voici ses paroles, écrites au moins 1000 ans avant l'Hégire (probablement même beaucoup plus) :
« Dieu est grand, mais nous ne savons pas le reconnaître ; le nombre de ses années est insondable.
Il (1) attire les gouttes d'eau qui s'évaporent et retombent en pluie (3) ; les nuages (2) la laissent couler, ils la répandent sur la foule des humains » (Job 36.26-28). Ces versets cités mentionnent toutes les phases du cycle de l'eau, à l'exception, de la phase (4b). Dans le livre du prophète Osée, écrit près de 1400 ans avant l'Hégire nous trouvons le verset suivant qui montre la connaissance de ce processus :
«... Le vent d'orient viendra, le souffle de l'Eternel s'élevant du désert. Il desséchera sa source, tarira sa fontaine... » (Osée 13.15).
Le vent sec de l'orient n'amenait jamais de pluies ; il en résultait la sécheresse des puits et le tarissement des sources. C'est bien traduire que l'absence de pluies prive d'eau les nappes souterraines. Ainsi la Torah-Ancien Testament décrit parfaitement les quatre phases du cycle de l'eau, y compris celle qui était difficile pour les contemporains (1).
2. Les courants maritimes
Le Dr Bechir Torki6 cite la Sourate de la Lumière (Al-Nur) 24.39,40, datée de l'an 5-6 post-hégérique :
« Les actions des incrédules sont semblables à un mirage dans une plaine. Celui qui est altéré croit voir de l'eau ; mais quand il y arrive, il ne trouve rien...
Elles sont encore comparables à des ténèbres sur une mer profonde : une vague la recouvre, sur laquelle monte une autre vague ; des nuages sont au-dessus. Ce sont des ténèbres amoncelées les unes sur les autres. Si quelqu'un étend sa main, il peut à peine la voir. Celui à qui Dieu ne donne pas de lumière n'a pas de lumière. » (Trad. D. Masson).
Dans l'étude qu'il fait de ces versets, le Dr Torki cite les propos d'un directeur de l'un des projets spatiaux qui a photographié les océans « Les vagues et les courants des profondeurs sous-marines sont plus importants que ceux observés en surface. » Le Dr Torki propose d'interpréter l'expression coranique « vagues sur vagues » comme une preuve de la pré-connaissance qu'avait le Coran des sciences marines. Car il existe effectivement des courants profonds tels que le Gulf Stream et le Kuro Shio, près du Japon.
L'hypothèse n'est pas impossible, bien que le même mot soit employé en arabe dans les deux cas. L'hypothèse serait plus plausible si nous avions deux mots arabes différents pour « vague » et « courant ». Pour ma part, je pense que ce texte est plutôt poétique et décrit la situation de l'incroyant vis-à-vis de Dieu. Mais en supposant que le Dr Torki ait raison et ,qu'effectivement le Coran avait l'intention de faire état longtemps à l'avance de sa connaissance de ce qui se passe au fond des mers, il faut remarquer que cette même connaissance apparaît déjà dans la Torah Ancien-Testament.
Deux textes le prouvent, celui de Jonas et les Zabür de David.
Après que Jonas (Yunus), qui prophétisa en 750 avant J.-C., fut englouti par le poisson, il décrivit ainsi ce qu'il vit :
« Jonas, dans les entrailles du poisson, pria l'Eternel son Dieu.
Il dit :
Tu m'as jeté dans un bas-fond au coeur des mers, et les courants d'eau m'ont environné ; toutes tes vagues et tous tes flots ont passé sur moi. Et moi je disais : Je suis chassé loin de tes yeux ! Mais je contemplerai encore ton saint temple. Les eaux m'ont couvert jusqu'à la gorge, l'abîme m'a enterré, des joncs se sont noués autour de ma tête. Je suis descendu jusqu'aux ancrages des montages, les verrous de la terre m 'enfermaient pour toujours. Mais tu m as fait remonter vivant du gouffre, Eternel, mon Dieu ! » (Jonas 2.1, 3-6)
Le mot hébreu traduit par « courants » est nahar. II peut également signifier « rivière » comme en arabe. « Vagues » et « flots » sont, en hébreu, deux mots différents - presque synonymes, sauf que la racine du mot traduit par « flots » indiquerait plutôt les grosses vagues d une tempête.
Un peu plus tôt déjà, en 1000 avant J.-C. ou 1600 avant l'Hégire, le prophète David écrivit les Psaumes (Zabür dans la langue du Coran) sous l'inspiration du Saint-Esprit. Dans l'un des grands psaumes de louange, David s'écrie :
« Qu'est-ce que l'homme, pour que tu te souviennes de lui ?
Et le fils de l'homme, pour que tu prennes garde à lui ?...
Tu lui as donné la domination sur les oeuvres de tes mains ;
Tu as tout mis sous ses pieds...
Les oiseaux du ciel, et les poissons de la mer,
Tout ce qui parcourt les courants marins. »
(Psaume 8.5, 7, 9)
L'expression « parcourt les courants marins » peut n'être qu'une répétition poétique de la ligne précédente. Mais, de toute façon, elle décrit, au même titre que l'observation de Jonas, ce que l'on sait aujourd'hui des courants océaniques.
3. Le non-mélange des eaux salées et des eaux douces
Dans la Sourate du Très Miséricordieux (AI-Rahmân) 55.19-21, de la période mecquoise primitive, il est fait mention d'une « barrière » entre deux sortes d'eaux : « Il (Dieu) a donné libre cours aux deux ondes, pour qu'elles se rencontrent ;comme il y a entre les deux une zone intermédiaire, elles ne s'en veulent pas. Eh bien , vous deux, lequel des bienfaits de votre Seigneur traiterez-vous de mensonge ? »
Le mot traduit ici par « zone intermédiaire » (barzakh ) signifie « intervalle », « barrière », « fossé », « barre », « obstruction », « isthme ».
La Sourate du Discernement (AI-Furqân) 25.53, de la période mecquoise primitive, donne une description plus détaillée du même phénomène :
« Et c'est Lui qui donne libre cours aux deux ondes : celle-ci, douce, rafraîchissante, celle-là, salée, amère. Et assigne entre les deux une zone intermédiaire et barrage barré. »
La dernière expression est traduite très littéralement et souligne l'absolue interdiction de communication. La traduction du Dr Masson indique : « ... une barrière, une limite infranchissable. »
Le Dr Bucaille passe rapidement sur cet aspect 7, mais le Dr Torki y consacre deux pages et demie 8. Il engage une discussion poussée sur les phénomènes d'osmose. et déclare que le phénomène a été vérifié en laboratoire sur des tubes en U et des rnembranes semi-perméables. En guise de conclusion il affirme : « Muharnmad n'avait ni laboratoire, ni équipements de recherches pour pouvoir découvrir tous ces mystères et percevoir cette barrière clairement citée dans le Coran. Ceci prouve encore une fois que ce Livre n'est pas écrit de main d'homme, mais qu'il est la parole de Dieu l'Unique. »
Mais, à nouveau, ne sommes-nous pas devant un phénomène qui ressort de la simple observation de la nature ? Le Coran ne présente-t-il pas simplement un fait connu pour souligner la bonté du Seigneur ? Tous les pêcheurs qui jettent leurs filets ou l'hameçon dans l'embouchure de rivières qui viennent rnourir dans des mers (salées) ignorent-ils ce fait ?
Pendant qu'il était au service de Khadidja, Muhammad s'était rendu. à la tête de caravanes, jusqu'à Alep, au nord de Damas en Syrie.
N'y a-t-il pas pu. Lors de ces voyages, longer la côte du liban ou de la Syrie, parler à des pêcheurs tres bien informés du non-mélange des eaux douces et des eaux salées, à l'embouchure des rivières qui se jetaient dans la Méditerranée ?
Dans son deuxième ouvrage, le Dr Bucaille fait l'éloge des peuplades primitives pour leur habileté à observer et à classer :
« Les naturalistes disent combien ils sont frappés par la justesse avec laquelle certaines peuplades aux moeurs primitives, n'ayant reçu aucun enseignement extérieur dans ce domaine, réussissent néanmoins à départager les espèces animales qui les entourent, réalisant un inventaire digne, à peu de choses près, d'un expert. » 9
Il est sans doute juste d'affirmer que si ces hommes étaient capables d'observer, avec tant de justesse, les animaux, ils pouvaient sans doute aussi observer d'autres phénomènes naturels qu'ils constataient, tel que celui du non-mélange des eaux douces et des eaux salées.
Sincèrement, vouloir interpréter ces versets comme la preuve d'une connaissance scientifique exacte qu'aurait eue le Coran risque de poser plus de problèmes que cela n'en résoud. Car on pourrait faire intervenir la notion de précision ou d'exactitude de la mesure. La formulation « barrière et barrage barré » s'apparente fort à une interdiction absolue ! Devons-nous comprendre alors ces versets de la façon suivante : « Les eaux ne se mélangeront jamais ! » ?
Il n'y a ni barrage, ni membrane semi-perméable placée dans la mer pour empêcher le mélange. Les eaux finissent bien par se mélanger.
Un ami, qui est aussi un homme de science, explique ce fait ainsi :
« Au moment où l'eau de la rivière entre dans la mer, elle repousse l'eau salée ; les deux eaux sont momentanément et physiquement distinctes mais il n'y a en aucune façon une barrière. Sous l'angle thermodynamique ou énergétique, le mélange est un processus spontané, immédiat, hautement favorisé par des considérations d'entropie. La seule « barrière » est d'ordre cinétique, car il faut un certain temps pour mélanger une telle masse de liquide. »
Le Dr Bucaille admet ce fait. Aussi ajoute-t-il une explication, un autre petit « présupposé ». Il écrit : « Le mélange des eaux (douces avec les eaux salées) ne s'opère pour eux parfois que loin au large. »
Le Problème Théologique
Sous-jacent à cet effort de présenter le Coran comme possédant une connaissance anticipée de la science moderne, se cache un problème d'ordre théologique. La plupart de ces descriptions coraniques sont appelées des « signes ». Si le Coran leur attribue la valeur de signes, ils devaient évoquer des choses connues ou au moins être intelligibles pour les premiers auditeurs de Muhammad lorsque le Prophète leur en parlait, sans quoi le signe n'en aurait pas été un.
Dieu est Tout-Puissant et peut tout faire, excepté pécher. C'est pourquoi il peut parfaitement révéler un fait qui non seulement était inconnu, mais ne pouvait pas être connu au moment de sa révélation, sans que cela soit nécessairement un signe.
Nous en avons un bel exemple dans la bouche de Job :
« Il étend le septentrion sur le vide, il suspend la terre sur le néant » (Job 26.7).
Pour autant que nous puissions le présumer, Job ne pouvait exprimer une telle vérité que par une révélation de Dieu.
Citons encore un autre exemple :
« Tu auras un endroit à l'écart, hors du camp, et c'est là dehors que tu sortiras. Tu auras parmi ton bagage un outil, et quand tu t'accroupiras au dehors, tu feras un creux, puis tu reviendras après avoir couvert tes excréments. Car l'Eternel ton Dieu, marche au milieu de ton camp pour te protéger et pour te livrer tes ennemis devant toi ; ton camp sera donc saint... » (Deutéronome 23.13-15).
Tout lecteur reconnaîtra le bien-fondé de ce commandement qui est en parfait accord avec les connaissances scientifiques et les plus élémentaires recommandations d'hygiène publique. Entre parenthèse, on peut se demander pourquoi ce commandement n'a pas été repris dans le Coran, alors que tant de musulmans prétendent qu'il a conservé tout ce qu'il y avait de valable des livres saints antérieurs ! Ces simples précautions empêchent la propagation de maladies par les mouches. Le commandement lui-même n'explique pas sa raison d'être. I1 déclare simplement que le camp devait rester saint aux yeux de Dieu. Aucun de ces exemples, qui ont un caractère scientifique, n'est appelé « signe » par Dieu, l'Unique Eternel, dans la TorahAncien Testament.
Signes
Jésus déclara que les miracles de guérison, qu'il appelait des oeuvres, étaient des signes destinés à amener les gens à croire en lui.
« Si je ne fais pas Ies oeuvres (miracles) de mon Père, ne me croyez pas ! Mais si je les fais, quand même vous ne me croiriez pas, croyez à ces oeuvres, afin de savoir et de reconnaître que le Père est en moi, et moi dans le Père » (Jean 10.37-38).
« Si je n'avais pas fait parmi eux les oeuvres que nul autre n'a faites, ils n'auraient pas de péché. Maintenant ils les ont vues, et ils ont haî, et moi et mon Père » (Jean 15.24).
Muhammad avait affirmé que le désert, qui reverdissait après la pluie, constituait un signe devant amener les gens à croire à la résurection et au jugement. Voici ce que dit la Sourate de Fer (AI-Hadid) 57.17, de l'an 8 post-hégérique :
« Sachez qu'en vérité Dieu donnela vie à la terre une fois morte ! Certes, nous vous avons exposé les signes ! Peut-être comprendriez-vous ? »
Dans la Sourate mecquoise tardive, intitulée Sourate des Bestiaux (AI-An`am) 6.67, il est dit :
« Pour chaque annonce, un repère. Et bientôt vous saurez. »
Dans Job 28.23, 25-28, le « poids du vent » est mentionné pour donner une indication de la sagesse de Dieu
« C'est Dieu qui en comprend le chemin,
C'est lui qui en connaît la demeure
.....
Quand il détermina le poids du vent
Et qu'il fixa la mesure des eaux,
Quand iil donna une règle à la pluie
Et une route à l'éclair et au tonnerre,
Alors il vit la sagesse et la manifesta,
II en posa les fondements et la scruta jusqu'au fond.
Puis il dit à l'homme :
Voici, la crainte du Seigneur, c'est la sagesse ;
S'écarter du mal, c'est l'intelligence.»
Nous pourrions amorcer une discussion approfondie sur le principe des baromètres pour mesurer le poids de l'air, sur celui des instruments qui mesurent la vitesse du vent.
Telle n'était pas la préoccupation de Job. Il énumérait ces faits de la nature pour illustrer la sagesse de Dieu.
Qu'en tirer pour nous au XX° siècle ? Job fait-il oeuvre d'anticipation en matière de science ? Certainement pas ! Les paroles de Job traduisent des faits d'observation courante : n'importe qui pouvait avoir ressenti le souffle de la brise sur son visage ou vu se gonfler les voiles des navires sous l'effet du vent.
Dans tous ces cas, depuis les miracles de Jésus jusqu'au poids du vent, en passant par le désert fertilisé par la pluie, le signe était perçu par les auditeurs et signifiait quelque chose pour eux.
Mais il y a problème lorsque quelque chose qui est présenté comme un signe fait appel à des connaissances inaccessibles pour les auditeurs.
Il est inconcevable qu'un prophète se serve de quelque phénomène obscur, mal connu sinon inconnu par son auditoire pour illustrer ou souligner son message. Quel effet aurait pu produire l'évocation d'un tel « signe » sur le coeur ou l'intelligence des auditeurs ?
Dieu donne au prophète des illustrations simples et naturelles, compréhensibles pour tous ceux qui écoutent.
Si l'allusion aux courants sous-marins n'évoquait absolument rien pour les habitants de la Mecque ou de Médine, quel impact pouvait donc avoir l'expression « vague sur vague » pour eux ? Soit ils l'interprétaient d'une manière poétique, en comparant le sort du pécheur devant Dieu à ces ténèbres profondes, soit ils ne la comprenaient pas. Dans ce cas, elle ne pouvait avoir valeur de signe pour eux.
Il est théoriquement possible qu'un verset ait deux significations : une signification évidente, simple, accessible à tous les auditeurs du prophète, et une autre, plus secrète, plus complexe, destinée aux lecteurs d'une autre époque. C'est peut-être ce à quoi le Dr Bucaille et le Dr Torki faisaient allusion lorsqu'ils étudiaient les données coraniques sur « les courants sous-marins » ou sur « le non-mélange des eaux ». Quoi qu'il en soit nous verrons dans la section suivante quelques versets du Coran qui semblent vraiment comporter des erreurs et ce, depuis qu'ils ont été donnés, il y a quelque 1400 ans. Cela pose un difficile problème théologique.