Des traces du cube de la Kaaba dans le culte et la culture hébraïque
Posté : 01 avr.19, 16:31
Des traces du cube de la Kaaba dans le culte et la culture hébraïque 1/2
Pour paraphraser J. Johns, l'absence d'une preuve n'est pas la preuve d'une absence.
Lors d’un voyage, raconte ibn ‘Abbâs, la caravane dirigée par le Prophète de l’Islam (r) longea la vallée de oued el azraq : « Quel est cet oued, lança-t-il à ses Compagnons ?
C’est l’oued d’el azraq, lui assura-t-on.
J’ai l’impression de voir Moussa (u) en train de descendre le versant de la montagne les doigts dans les oreilles. Pendant toute la traversée de la vallée, il veillait à lever la voix à la gloire du Seigneur (I) pour faire entendre au loin la formule liturgique du pèlerinage (talbiya). »
Plus loin, poursuit le rapporteur de l’évènement, nous arrivâmes près du versant d’une autre montagne : « comment s’appelle cet endroit, s’enquit l’Élu ?
C’est Harsha.
J’ai l’impression de voir Jonas fils d’Amitthaï sur une chamelle blanche dont la bride était en fibre ; habillé d’un manteau en laine, il faisait la talbiya en traversant la vallée. »[1]
Une version offre le portrait de Moïse : « Moussa, un homme brun et trapu, était monté d’un chameau roux tenu par une bride en fibre. »[2]
Les textes scripturaires nous apprennent que même Jésus devra s’y rendre à l’occasion de son retour sur terre : « par Celui qui détient mon âme entre Ses Mains, jure le Messager, ibn Mariam va se sacraliser à partir du défilé de Rawha pour entreprendre le grand ou/et le petit pèlerinage. »[3]
Introduction
Kamal Salibi revisite la geste proto-israélite pour la situer au cœur de l’Arabie heureuse dans les vastes plaines d’Asir bordées de montagnes luxuriantes au Sud de l’enclave sacrée de la Mecque. Promu chef du département d'histoire et d'archéologie de l'Université américaine de Beyrouth, c'est avant tout un philologue. Sa démonstration s'appuie essentiellement sur l'analyse linguistique des noms de lieux bibliques. Aussi attrayante soit sa thèse, on n’écroule pas la version officielle sous le simple prétexte qu’elle revêt des énigmes philologiques. En se basant sur les sources coraniques, il soulève notamment l’exactitude du vocable utilisé par le Livre sacré des musulmans pour désigner le Mont Tor, une montagne recouverte de verdure.
Il ne va pas sans rappeler les enjeux politiques et idéologiques qui se cachent souvent derrière les idées (il n’y a aucun intérêt à vouloir délégitimer historiquement Israël), à l’image d’un Laurent Guyénot, un spécialiste non déclaré de l’historiographie hébraïque qui jette le trouble sur l’existence historique de Joseph fils de Jacob. Ce dernier a visiblement du mal à imaginer qu’une lignée vertueuse d’origine juive ait pu se mêler aux dynasties égyptiennes en vue de promouvoir le monothéisme et la justice ; et qu’il amalgame inconsciemment à ces lignées ténébreuses qui ont infiltrées les grandes dynasties européennes, ces pharaons des temps nouveaux, dans le but avoué d’asservir les hommes.[4] Depuis toujours, le mal imite le bien pour mieux pervertir ses codes.
Par ailleurs, l’Ancien Testament constitue une source intarissable d’informations sur les vestiges du passé dont se passent ostensiblement nombre de nos contemporains sous le prétexte péremptoire de rester fidèles à la science. Or, le simple fait d’occulter un vivier d’une grande valeur historique trahit un manque cruel d’objectivité : on ne remplace pas une croyance par une croyance, sauf si on a en main les preuves formelles que celle-ci est plus solide. Le scepticisme moderne est à double tranchant, car il ouvre la porte aux conjectures les plus farfelues qui vont se substituer aux légendes et aux mythes qui décèlent malgré tout un fond de vérité. Alors que dire de la Bible, un livre révélé, dont les analyses philologiques sont déconcertantes, et qui, bien que retravaillé par les scribes, recèlent encore ses trésors. Il faut juste y séparer le bon grain de l’ivraie ; un véritable travail d’orfèvre, sans jeu de mots. On opère sur les saintes Écritures avec un laser, non avec un scalpel, et encore moins avec un marteau-piqueur !
L’énigme Joseph
Notons que nous plaçons essentiellement l’évènement du point de vue égyptien profondément imprégné de l’idolâtrie ; des dissonances peuvent donc sonner avec la phraséologie biblique et coranique. Alors, mettons de côté la Bible pour nous intéresser à l’archéologie et à l’égyptologie retraçant l’aventure des hébreux dans l’ancienne Égypte. Tout d’abord, la seule mention connue dans les textes égyptiens d’Israël, une population vivant le long de la rive orientale de la Méditerranée, provient de la stèle de Mérenptah (Mineptah), appelée aussi stèle de la Victoire ou encore stèle d'Israël qui vante les exploits du treizième fils de Ramsès II en terre de Canaan. Celle-ci fait explicitement allusion à l’exode à travers le message que « celui qui s’est enfui en raison de la faute » existe encore. Il se trouve actuellement sur les rives du Jourdain. La stèle, qui a valeur d’incantations magiques, invoquent des entités supérieurs pour exterminer ces fugitifs, sauf que dans les faits, il n’y a rien eu de tel.
Alors, la question qui s’impose d’elle-même est : comment en sommes-nous arriver là ?
Tout commence sur l’Île de Sehel qui regorge d’inscriptions en hiéroglyphe, dont la stèle de la famine qui relate une grave pénurie qui s’étendit pendant sept ans à l’époque du pharaon Djoser. Djéser, qui signifie « le saint » en égyptien ancien, serait à l'origine d'une grande réforme religieuse dans tout le pays. Roi à l'image de pacifique, il est considéré comme le « bâtisseur » de l'Ancien Empire, non par la grandeur de ses œuvres, mais par les innovations qu'il a introduites avec l'aide d'Imhotep. Son règne connut une réelle prospérité économique et culturelle du pays avec des ouvertures sur l'Orient. Il est le bâtisseur de la pyramide à degrés de Saqqarah. Le génial architecte de cette construction fut Imhotep qui possédait entre autres les fonctions de grand chancelier de la Basse-Égypte, prince royal, grand prêtre d'Héliopolis et médecin royal. Imhotep fut l’un des deux principaux personnages ayant marqué profondément la culture pharaonique.
L’autre, Amenhotep fils de Hapou (1437-1356 av. J.-C. selon certaines sources), qui fut le premier ministre d'Amenhotep III, était un homme polyvalent (vizir, premier ministre, général, directeur des ressources humaines, scribe, architecte, médecin, et théologien) et de grande culture. Or, on remarque une troublante ressemblance entre ces deux personnages clefs du patrimoine de l’Antiquité. La difficulté augmente si l’on sait que la datation des monarques ayant régné sur les rives du Nil est plus qu’aléatoire. Il semblerait que l’épisode de la famine se déroula à l’époque d’Amenhotep fils de Hapou, appelé également Aménophis. La traduction de la stèle nous apprend qu’une famine frappa l’Égypte sept années durant, et que le Dieu Khnoum s’entretint en rêve avec la plus haute dignité du royaume qui fit chercher un interprète dans les prisons d’Hermopolis. Nous sommes en plein récit biblique qui relate la cabale du Joseph fils de Jacob.
On peut ne pas se laisser convaincre par cet argument, alors passons au suivant :
En 2006, Joseph Davidovits (chercheur et archéologue français né en 1935, il est l’inventeur des géopolymères et de la chimie de la géopolymérisation) fit le rapprochement du texte de la fresque découverte en 1935 et l’un des textes les plus anciens de la Bible : Joseph, Genèse 41, 40-46.[5]
En 1935 à Karnak, en Égypte, deux égyptologues français A. Varille et C. Robichon découvrent une fresque en piteux état dans les ruines du temple mémorial d’Aménophis Fils de Hapou, le plus éminent scribe et savant de l’Égypte, grand chancelier du pharaon Amenhotep III, père du pharaon monothéiste Akhenaton.
Dans un livre qu’il consacra au sujet, Joseph Davidovits, qui probablement de par ses origines, lisait l’hébreu, fait état de sa propre expérience que retracent ces lignes :
« Récemment, 75 ans plus tard, l’auteur constate que le texte de cette fresque est repris mot pour mot dans la Bible, Genèse 41, lorsque Pharaon installe le Patriarche Joseph aux commandes de toute l’Égypte. Le scribe Aménophis Fils de Hapou et le Patriarche Joseph sont donc une seule et même personne. De plus, la fresque contient un détail surprenant qui souligne son authenticité. En effet, dans Genèse 41, Pharaon nomme Joseph : Çaphenat-Paneah (Sapnath-Panéakh), un nom qui ne signifie rien en hébreux, mais qui doit être d’origine égyptienne. Or, l’auteur découvre que Çaphenat-Paneah est le nom égyptien d’Aménophis Fils de Hapou, lut à l’envers, de gauche à droite, l’hébreu se lisant de droite à gauche. Le détail surprenant de la fresque est que, précisément, le nom d’Aménophis est aussi écrit en hiéroglyphe à l’envers. Il y a donc concordance absolue entre le texte de la fresque et celui de la Bible. »[6]
Fait étonnant, cette fresque commémorative dépeint Aménophis comme « l’homme au beau visage », exactement dans l’optique des données prophétiques. On retrouve plusieurs enseignements de Joseph inscrit à l’intérieur du temple de Ptah dans le Lévitique.
Une fois hissé à la tête du pouvoir, le fils d’Hapou (Hapou, qui signifie « celui qui est caché », fait probablement allusion à Jacob dont on ignorait l’identité sur la terre d’accueil de son fils) entreprit des réformes et des travaux qui propulsèrent l’Empire dans une ère de prospérité jamais inégalée. L’un de ses projets porte encore son nom aujourd’hui. Il s’agit de Bahr Youssouf, un canal qui est toujours en activité, alimentant, grâce aux eaux du Nil, un énorme réservoir d’eau à Fayoum. Aménophis (Joseph vécu à la fin de la 1ière et 2ième dynastie d’Égypte et au début de la 3ième) fit également construire des puits saqiya, aux quatre coins du pays, dont un, en plein cœur du Caire, qui descendait à 88 m de profondeur. Il réforma également le culte, et introduisit l’adoration exclusive du Dieu suprême et créateur des cieux et de la terre, Ptah, le Dieu unique (parfois inter-changé avec Amon d’où la difficulté de distinguer entre eux) invisible à l’œil nu et non représenté par des statues. Avec le temps, Ptah prendra des formes polythéistes. Des écrits de médecine sont imputés à Joseph qui aurait également améliorés les techniques de momification, mais aussi de construction, comme en témoigne, la première pyramide à étage, une véritable prouesse architecturale qui inspirera ses successeurs, notamment dans le choix d’un nouveau matériau. Il maitrisa l’astronomie, mais renonça à la magie qu’il condamnait fermement à tel point qu’il utilisa une autre écriture pour éviter celle qui traditionnellement avait des connotations magiques.
Youssef prit pour femme Neth, d’origine libyenne. Les annales archéologiques enregistrent trois de ses frères et son unique sœur. Deux des garçons sont explicitement nommés, Héby (Lévi de son nom biblique) et Youya (Juda de son nom biblique). L’une des filles de Youya, Tiyi, était mariée à un Pharaon ; Néfertiti, femme d’Akhenaton, est donc l’une des descendantes de Juda, et Âanen le grand prêtre, était Shéla un autre de ses enfants. Le troisième frère de Joseph est Ruben. Ce dernier ne fut pas nommé par l’historiographie pharaonique, car il s’était marié avec une égyptienne de haut rang, ce qui venant d’un étranger fut amèrement apprécié.
Les Tablettes d’el Amarna, la Capitale du nouvel Empire, fondée par Akhenaton parlent de Abdi-Heba Palu (celui qui fut distingué), roitelet de Canaan, fils de Ruben qui régna sur Urushalim (Jérusalem) et qui échangea des correspondantes avec le neveu de Joseph, le fils de Tiyi. Des vestiges datant de l’époque d’Ézéchias, qui furent retrouvés à Jérusalem, confirment l’existence de ces courriers.
Sous l’influence de sa femme à la beauté légendaire, Akhenaton accélérera la réforme amorcée par son père, en vue d’imposer le culte monothéiste. Il sera assassiné par les prêtres d’Isis qui voyait d’un mauvais œil son zèle en faveur du Dieu unique. Son fils, Toutankhamon, réhabilitera le paganisme d’antan, et constituera ce qui peut être assimilé à l’ancêtre du premier ghetto à el Amarna en vue d’exercer une surveillance élevée sur les artisans qui furent sélectionnés pour matérialiser sa mégalomanie.
La dépouille de Joseph fut momifiée (celle-ci inspirera la légende du film la momie). Cette dérogation exceptionnelle accordée à un étranger montre la place croissante que la lignée hébraïque occupera dans les plus hautes instances du Pouvoir. Il fut enterré dans le Temple de Ptah à Karnak, situé dans le Haut Nil ayant Thèbes pour Capitale. Depuis, les noms de la Maison de Joseph furent repris par les différentes dynasties successives. Karnak fut entretenu par son frère Lévi (appelé Kenel et Héby dans les hiéroglyphes) instaurant ainsi une tradition dans sa descendance dont Moïse sera issu. Une longue rivalité s’installa entre Thèbes au Sud sous l’emprise des Lévitiques, et Memphis, la Capitale du Bas Nil au Nord, qui promouvait l’idolâtrie.
Chéops, un nordique, qui érigea à sa gloire la grande pyramide de Gizeh, fut, aux dires d’Hérodote et de Théodore de Sicile, un despote cruel et blasphémateur. Celui-ci dispersa les hébreux au pouvoir grandissant. Il ignora le patrimoine de Joseph et expulsa les lévites au Sud faisant l’objet d’une diaspora avant l’heure. Il embrigada les artisans hautement qualifié de Deir el Medineh qui vouaient le culte au Dieu de Joseph (non loin du Temple de Ptah), et qui jouissaient malgré tout d’un relatif confort, à l’inverse des ouvriers traditionnels exploités par l’Empire.
À suivre…
Par : Karim Zentici
http://mizab.over-blog.com/
Rapporté par el Bukhârî (n° 5913) et Muslim (n° 166).
Cette version revient à el Bukhârî.
Rapporté par Muslim (n° 1252).
[4] Voir pour la lignée ténébreuse : http://mizab.over-blog.com/2019/02/le-s ... -ii/1.html
[5] Ce chercheur, a également prouvé avec sa science des géopolymères, que les Pyramides avaient été en grande partie construite avec des pierres calcaires moulées, reconstituées sur place, confirmant le fait qu’il y avait peu d’esclaves en Egypte ancienne, et qu’il n’y a jamais eu de problèmes de transports ni d’énormes main-d’œuvre pour la construction des pyramides et Temples. Cette découverte, aussi révolutionnaire soit-elle, ne fait pas l’unanimité dans les milieux scientifiques, et elle ne résout pas tous les problèmes que posent les mégalithes.
[6] Voir : https://www.geopolymer.org/fr/archeolog ... -de-hapou/
Pour paraphraser J. Johns, l'absence d'une preuve n'est pas la preuve d'une absence.
Lors d’un voyage, raconte ibn ‘Abbâs, la caravane dirigée par le Prophète de l’Islam (r) longea la vallée de oued el azraq : « Quel est cet oued, lança-t-il à ses Compagnons ?
C’est l’oued d’el azraq, lui assura-t-on.
J’ai l’impression de voir Moussa (u) en train de descendre le versant de la montagne les doigts dans les oreilles. Pendant toute la traversée de la vallée, il veillait à lever la voix à la gloire du Seigneur (I) pour faire entendre au loin la formule liturgique du pèlerinage (talbiya). »
Plus loin, poursuit le rapporteur de l’évènement, nous arrivâmes près du versant d’une autre montagne : « comment s’appelle cet endroit, s’enquit l’Élu ?
C’est Harsha.
J’ai l’impression de voir Jonas fils d’Amitthaï sur une chamelle blanche dont la bride était en fibre ; habillé d’un manteau en laine, il faisait la talbiya en traversant la vallée. »[1]
Une version offre le portrait de Moïse : « Moussa, un homme brun et trapu, était monté d’un chameau roux tenu par une bride en fibre. »[2]
Les textes scripturaires nous apprennent que même Jésus devra s’y rendre à l’occasion de son retour sur terre : « par Celui qui détient mon âme entre Ses Mains, jure le Messager, ibn Mariam va se sacraliser à partir du défilé de Rawha pour entreprendre le grand ou/et le petit pèlerinage. »[3]
Introduction
Kamal Salibi revisite la geste proto-israélite pour la situer au cœur de l’Arabie heureuse dans les vastes plaines d’Asir bordées de montagnes luxuriantes au Sud de l’enclave sacrée de la Mecque. Promu chef du département d'histoire et d'archéologie de l'Université américaine de Beyrouth, c'est avant tout un philologue. Sa démonstration s'appuie essentiellement sur l'analyse linguistique des noms de lieux bibliques. Aussi attrayante soit sa thèse, on n’écroule pas la version officielle sous le simple prétexte qu’elle revêt des énigmes philologiques. En se basant sur les sources coraniques, il soulève notamment l’exactitude du vocable utilisé par le Livre sacré des musulmans pour désigner le Mont Tor, une montagne recouverte de verdure.
Il ne va pas sans rappeler les enjeux politiques et idéologiques qui se cachent souvent derrière les idées (il n’y a aucun intérêt à vouloir délégitimer historiquement Israël), à l’image d’un Laurent Guyénot, un spécialiste non déclaré de l’historiographie hébraïque qui jette le trouble sur l’existence historique de Joseph fils de Jacob. Ce dernier a visiblement du mal à imaginer qu’une lignée vertueuse d’origine juive ait pu se mêler aux dynasties égyptiennes en vue de promouvoir le monothéisme et la justice ; et qu’il amalgame inconsciemment à ces lignées ténébreuses qui ont infiltrées les grandes dynasties européennes, ces pharaons des temps nouveaux, dans le but avoué d’asservir les hommes.[4] Depuis toujours, le mal imite le bien pour mieux pervertir ses codes.
Par ailleurs, l’Ancien Testament constitue une source intarissable d’informations sur les vestiges du passé dont se passent ostensiblement nombre de nos contemporains sous le prétexte péremptoire de rester fidèles à la science. Or, le simple fait d’occulter un vivier d’une grande valeur historique trahit un manque cruel d’objectivité : on ne remplace pas une croyance par une croyance, sauf si on a en main les preuves formelles que celle-ci est plus solide. Le scepticisme moderne est à double tranchant, car il ouvre la porte aux conjectures les plus farfelues qui vont se substituer aux légendes et aux mythes qui décèlent malgré tout un fond de vérité. Alors que dire de la Bible, un livre révélé, dont les analyses philologiques sont déconcertantes, et qui, bien que retravaillé par les scribes, recèlent encore ses trésors. Il faut juste y séparer le bon grain de l’ivraie ; un véritable travail d’orfèvre, sans jeu de mots. On opère sur les saintes Écritures avec un laser, non avec un scalpel, et encore moins avec un marteau-piqueur !
L’énigme Joseph
Notons que nous plaçons essentiellement l’évènement du point de vue égyptien profondément imprégné de l’idolâtrie ; des dissonances peuvent donc sonner avec la phraséologie biblique et coranique. Alors, mettons de côté la Bible pour nous intéresser à l’archéologie et à l’égyptologie retraçant l’aventure des hébreux dans l’ancienne Égypte. Tout d’abord, la seule mention connue dans les textes égyptiens d’Israël, une population vivant le long de la rive orientale de la Méditerranée, provient de la stèle de Mérenptah (Mineptah), appelée aussi stèle de la Victoire ou encore stèle d'Israël qui vante les exploits du treizième fils de Ramsès II en terre de Canaan. Celle-ci fait explicitement allusion à l’exode à travers le message que « celui qui s’est enfui en raison de la faute » existe encore. Il se trouve actuellement sur les rives du Jourdain. La stèle, qui a valeur d’incantations magiques, invoquent des entités supérieurs pour exterminer ces fugitifs, sauf que dans les faits, il n’y a rien eu de tel.
Alors, la question qui s’impose d’elle-même est : comment en sommes-nous arriver là ?
Tout commence sur l’Île de Sehel qui regorge d’inscriptions en hiéroglyphe, dont la stèle de la famine qui relate une grave pénurie qui s’étendit pendant sept ans à l’époque du pharaon Djoser. Djéser, qui signifie « le saint » en égyptien ancien, serait à l'origine d'une grande réforme religieuse dans tout le pays. Roi à l'image de pacifique, il est considéré comme le « bâtisseur » de l'Ancien Empire, non par la grandeur de ses œuvres, mais par les innovations qu'il a introduites avec l'aide d'Imhotep. Son règne connut une réelle prospérité économique et culturelle du pays avec des ouvertures sur l'Orient. Il est le bâtisseur de la pyramide à degrés de Saqqarah. Le génial architecte de cette construction fut Imhotep qui possédait entre autres les fonctions de grand chancelier de la Basse-Égypte, prince royal, grand prêtre d'Héliopolis et médecin royal. Imhotep fut l’un des deux principaux personnages ayant marqué profondément la culture pharaonique.
L’autre, Amenhotep fils de Hapou (1437-1356 av. J.-C. selon certaines sources), qui fut le premier ministre d'Amenhotep III, était un homme polyvalent (vizir, premier ministre, général, directeur des ressources humaines, scribe, architecte, médecin, et théologien) et de grande culture. Or, on remarque une troublante ressemblance entre ces deux personnages clefs du patrimoine de l’Antiquité. La difficulté augmente si l’on sait que la datation des monarques ayant régné sur les rives du Nil est plus qu’aléatoire. Il semblerait que l’épisode de la famine se déroula à l’époque d’Amenhotep fils de Hapou, appelé également Aménophis. La traduction de la stèle nous apprend qu’une famine frappa l’Égypte sept années durant, et que le Dieu Khnoum s’entretint en rêve avec la plus haute dignité du royaume qui fit chercher un interprète dans les prisons d’Hermopolis. Nous sommes en plein récit biblique qui relate la cabale du Joseph fils de Jacob.
On peut ne pas se laisser convaincre par cet argument, alors passons au suivant :
En 2006, Joseph Davidovits (chercheur et archéologue français né en 1935, il est l’inventeur des géopolymères et de la chimie de la géopolymérisation) fit le rapprochement du texte de la fresque découverte en 1935 et l’un des textes les plus anciens de la Bible : Joseph, Genèse 41, 40-46.[5]
En 1935 à Karnak, en Égypte, deux égyptologues français A. Varille et C. Robichon découvrent une fresque en piteux état dans les ruines du temple mémorial d’Aménophis Fils de Hapou, le plus éminent scribe et savant de l’Égypte, grand chancelier du pharaon Amenhotep III, père du pharaon monothéiste Akhenaton.
Dans un livre qu’il consacra au sujet, Joseph Davidovits, qui probablement de par ses origines, lisait l’hébreu, fait état de sa propre expérience que retracent ces lignes :
« Récemment, 75 ans plus tard, l’auteur constate que le texte de cette fresque est repris mot pour mot dans la Bible, Genèse 41, lorsque Pharaon installe le Patriarche Joseph aux commandes de toute l’Égypte. Le scribe Aménophis Fils de Hapou et le Patriarche Joseph sont donc une seule et même personne. De plus, la fresque contient un détail surprenant qui souligne son authenticité. En effet, dans Genèse 41, Pharaon nomme Joseph : Çaphenat-Paneah (Sapnath-Panéakh), un nom qui ne signifie rien en hébreux, mais qui doit être d’origine égyptienne. Or, l’auteur découvre que Çaphenat-Paneah est le nom égyptien d’Aménophis Fils de Hapou, lut à l’envers, de gauche à droite, l’hébreu se lisant de droite à gauche. Le détail surprenant de la fresque est que, précisément, le nom d’Aménophis est aussi écrit en hiéroglyphe à l’envers. Il y a donc concordance absolue entre le texte de la fresque et celui de la Bible. »[6]
Fait étonnant, cette fresque commémorative dépeint Aménophis comme « l’homme au beau visage », exactement dans l’optique des données prophétiques. On retrouve plusieurs enseignements de Joseph inscrit à l’intérieur du temple de Ptah dans le Lévitique.
Une fois hissé à la tête du pouvoir, le fils d’Hapou (Hapou, qui signifie « celui qui est caché », fait probablement allusion à Jacob dont on ignorait l’identité sur la terre d’accueil de son fils) entreprit des réformes et des travaux qui propulsèrent l’Empire dans une ère de prospérité jamais inégalée. L’un de ses projets porte encore son nom aujourd’hui. Il s’agit de Bahr Youssouf, un canal qui est toujours en activité, alimentant, grâce aux eaux du Nil, un énorme réservoir d’eau à Fayoum. Aménophis (Joseph vécu à la fin de la 1ière et 2ième dynastie d’Égypte et au début de la 3ième) fit également construire des puits saqiya, aux quatre coins du pays, dont un, en plein cœur du Caire, qui descendait à 88 m de profondeur. Il réforma également le culte, et introduisit l’adoration exclusive du Dieu suprême et créateur des cieux et de la terre, Ptah, le Dieu unique (parfois inter-changé avec Amon d’où la difficulté de distinguer entre eux) invisible à l’œil nu et non représenté par des statues. Avec le temps, Ptah prendra des formes polythéistes. Des écrits de médecine sont imputés à Joseph qui aurait également améliorés les techniques de momification, mais aussi de construction, comme en témoigne, la première pyramide à étage, une véritable prouesse architecturale qui inspirera ses successeurs, notamment dans le choix d’un nouveau matériau. Il maitrisa l’astronomie, mais renonça à la magie qu’il condamnait fermement à tel point qu’il utilisa une autre écriture pour éviter celle qui traditionnellement avait des connotations magiques.
Youssef prit pour femme Neth, d’origine libyenne. Les annales archéologiques enregistrent trois de ses frères et son unique sœur. Deux des garçons sont explicitement nommés, Héby (Lévi de son nom biblique) et Youya (Juda de son nom biblique). L’une des filles de Youya, Tiyi, était mariée à un Pharaon ; Néfertiti, femme d’Akhenaton, est donc l’une des descendantes de Juda, et Âanen le grand prêtre, était Shéla un autre de ses enfants. Le troisième frère de Joseph est Ruben. Ce dernier ne fut pas nommé par l’historiographie pharaonique, car il s’était marié avec une égyptienne de haut rang, ce qui venant d’un étranger fut amèrement apprécié.
Les Tablettes d’el Amarna, la Capitale du nouvel Empire, fondée par Akhenaton parlent de Abdi-Heba Palu (celui qui fut distingué), roitelet de Canaan, fils de Ruben qui régna sur Urushalim (Jérusalem) et qui échangea des correspondantes avec le neveu de Joseph, le fils de Tiyi. Des vestiges datant de l’époque d’Ézéchias, qui furent retrouvés à Jérusalem, confirment l’existence de ces courriers.
Sous l’influence de sa femme à la beauté légendaire, Akhenaton accélérera la réforme amorcée par son père, en vue d’imposer le culte monothéiste. Il sera assassiné par les prêtres d’Isis qui voyait d’un mauvais œil son zèle en faveur du Dieu unique. Son fils, Toutankhamon, réhabilitera le paganisme d’antan, et constituera ce qui peut être assimilé à l’ancêtre du premier ghetto à el Amarna en vue d’exercer une surveillance élevée sur les artisans qui furent sélectionnés pour matérialiser sa mégalomanie.
La dépouille de Joseph fut momifiée (celle-ci inspirera la légende du film la momie). Cette dérogation exceptionnelle accordée à un étranger montre la place croissante que la lignée hébraïque occupera dans les plus hautes instances du Pouvoir. Il fut enterré dans le Temple de Ptah à Karnak, situé dans le Haut Nil ayant Thèbes pour Capitale. Depuis, les noms de la Maison de Joseph furent repris par les différentes dynasties successives. Karnak fut entretenu par son frère Lévi (appelé Kenel et Héby dans les hiéroglyphes) instaurant ainsi une tradition dans sa descendance dont Moïse sera issu. Une longue rivalité s’installa entre Thèbes au Sud sous l’emprise des Lévitiques, et Memphis, la Capitale du Bas Nil au Nord, qui promouvait l’idolâtrie.
Chéops, un nordique, qui érigea à sa gloire la grande pyramide de Gizeh, fut, aux dires d’Hérodote et de Théodore de Sicile, un despote cruel et blasphémateur. Celui-ci dispersa les hébreux au pouvoir grandissant. Il ignora le patrimoine de Joseph et expulsa les lévites au Sud faisant l’objet d’une diaspora avant l’heure. Il embrigada les artisans hautement qualifié de Deir el Medineh qui vouaient le culte au Dieu de Joseph (non loin du Temple de Ptah), et qui jouissaient malgré tout d’un relatif confort, à l’inverse des ouvriers traditionnels exploités par l’Empire.
À suivre…
Par : Karim Zentici
http://mizab.over-blog.com/
Rapporté par el Bukhârî (n° 5913) et Muslim (n° 166).
Cette version revient à el Bukhârî.
Rapporté par Muslim (n° 1252).
[4] Voir pour la lignée ténébreuse : http://mizab.over-blog.com/2019/02/le-s ... -ii/1.html
[5] Ce chercheur, a également prouvé avec sa science des géopolymères, que les Pyramides avaient été en grande partie construite avec des pierres calcaires moulées, reconstituées sur place, confirmant le fait qu’il y avait peu d’esclaves en Egypte ancienne, et qu’il n’y a jamais eu de problèmes de transports ni d’énormes main-d’œuvre pour la construction des pyramides et Temples. Cette découverte, aussi révolutionnaire soit-elle, ne fait pas l’unanimité dans les milieux scientifiques, et elle ne résout pas tous les problèmes que posent les mégalithes.
[6] Voir : https://www.geopolymer.org/fr/archeolog ... -de-hapou/