La fin du mythe de l’héritage gréco-romain
Posté : 19 août19, 03:14
La fin du mythe de l’héritage gréco-romain 1/3
Mes péchés, ô mon dieu, qui sont sept fois sept, absous-les.
Mes fautes pardonne-les, celui qui se soumet à toi, guide-le.
Voici quelques morceaux choisis du livre extraordinaire La cité d'Isis - Histoire vraie des Arabes du défunt Pierre Rossi qui vont littéralement changer votre vision du monde. En un mot, il démontre que l’Histoire a été racontée par les vainqueurs de la rivalité qui a opposé Rome et Constantinople. Cette mission a été dévoyée à l’Église d’Occident, qui représentait l’autorité intellectuelle de cette partie de l’Empire en déliquescence. Celle-ci s’est évertuée à effacer de façon systématique, toute trace de l’apport civilisationnel des vieux empires du Moyen-Orient, le berceau de la civilisation moderne, dont l’oligarchie romaine n’était qu’un satellite culturel. Il faut rendre à César ce qui appartient à César. À vouloir absolument attribuer les mérites de son essor à la Grèce antique est aussi ridicule que d’affilier l’apport civilisationnel de l’Amérique, non à la vieille Europe, mais aux Incas. Et pourtant, bien qu’elle s’est émancipé du joug de la chrétienté, encore aujourd’hui, la norme historique revient paradoxalement aux auteurs chrétiens de la fin de l’Antiquité ayant réinventé l’Histoire. L’une des plus grandes aberrations historique est d’affilier aux Romains la paternité du droit ; et pourtant, cette allégation saugrenue est soutenue sans ambages, par le très sérieux dissident Maître Damien Viguier, avocat d'Alain Soral. Il est donc paradoxal d’être antisystème et de reprendre ses credo à son compte !
L’auteur démontre également que les conquêtes musulmanes doivent leur fulgurance à la réalité anthropologique que les conquérants étaient en territoires acquis, et qu’ils ne faisaient que recouvrir leur espace naturel qui s’étendait du Nil à l’Euphrate. Je vous laisse avec l’ineffable Pierre Rossi :
Le dieu suprême reste El ou Al (on l’adore en tous lieux et particulièrement dans les pierres dressées ou bétyles : beït/el, maisons de El).
L’arbre généalogique de la Grèce est donc nourri d’un réseau incalculable de racines arabes.
Mais suivons-le de près sur l’itinéraire légendaire dont la mémoire des peuples a gardé religieusement le souvenir. Le navire Argo est fait de bois sacré, il navigue sous une protection sacrée, celle d’Athéna, qui veillera aussi sur Ulysse ; il part pour une mission sacrée ; il parle car Athéna lui a donné le don de prophétie. Avant son périple il se rend à Samothrace, lieu béni où se trouve le sanctuaire des très mystérieux Cabires. Qui sont ces Cabires ? Leur nom « Kabir » est purement arabe et signifie grand. Ce qui est une double preuve, la première que le vocabulaire arabe était parfaitement présent dans le grec, la seconde que de l’araméen de l’époque d’Homère à l’arabe d’aujourd’hui la différence est souvent peu sensible. Signalons en passant que « Kabir » se retrouve dans l’hébreu liturgique Kippur (même mot pour deux prononciations distinctes), l’expression yom kippur voulant dire le grand jour. Les littératures grecque et latine sont fort prudentes dans l’évocation de ces dieux. Ce sont des dieux babylo-palestiniens de la plus grande importance ; ils ont pour père Sadek, le palestinien dont le nom désigne en arabe « celui qui dit la vérité » ; commandant du haut du ciel les destinées, puissances planétaires et astrologiques, ils sont en outre les maîtres de la navigation.
Enée et les Etrusques ont introduit à Rome ces dieux tutélaires dont les emblèmes sont l’équerre et le cyprès. La vénération et la frayeur qu’ils répandent sont tels qu’on ne se réfère à eux qu’à demi mot, un doigt sur la bouche, sans oser les nommer ; on dit simplement « les grands dieux ». « Grand » n’étant que la traduction de l’arabe kabir. Tels sont les fils de Sadek, nom dans lequel on reconnaîtra sans peine un mot typiquement arabe qui se retrouve de nos jours sous les formes diverses de Sadok, Sadaka, etc. de l’Atlantique à l’Indus. Thucydide, de son côté, mentionne un roi de Thrace appelé Sadokos.
C’est dans la mer Egée, sous le signe de la Palestine, que s’est constitué en majeure partie le panthéon gréco-romain avec des dieux ou des héros venus de Libye, de Sicile, d’Egypte, d’Anatolie, de la péninsule arabique et de la Babylonie. Héritage dont la Grèce n’a cessé de se glorifier. Héritage qui est en fait celui de toutes les religions et de toutes les philosophies et esthétiques du monde dit occidental. Au chapitre xxvii du livre biblique dit d’Ezéchiel on peut apprécier l’hommage rendu à la Palestine dont le prestige enchante littéralement l’auteur ; nulle part ailleurs parmi les textes bibliques ne se manifeste un tel enthousiasme profane : « O Tyr, tu as dit : « je suis parfaite en beauté. Tes confins sont au cœur de la mer, ceux qui t’ont bâtie t’ont rendue parfaite en beauté. » Et de célébrer la richesse et le bonheur d’un pays qui entretient des relations fructueuses avec les îles de la mer Egée, la Grèce, la Thrace, la Syrie, le pays d’Israël, l’Arabie, l’Inde, la Chaldée, l'Assyrie (Haran, Heden et Assour), l’Ethiopie, etc. « Par les marchandises que tu distribues dans tes foires d’outre-mer, tu as rassasié plusieurs peuples, tu as enrichi les rois de la terre de ton commerce et de tes richesses amoncelées. » C’est dire assez ce que représentait la Palestine aux yeux de la Grèce, car l’auteur du livre d’Ezéchiel (en arabe Hizquil) est bien entendu un Grec, comme sont grecs tous les textes bibliques.
Un commentaire sérieux des textes, des fresques et de la statuaire des catacombes chrétiennes de Rome révélerait assurément une influence arabe considérable. On y trouve en effet la vigne de Dionysos le Yéménite, la colombe d’Ishtar, le poisson d’Oanès, la barque d’Isis, le soleil d’El ou d’Horus ; Marie est figurée sous les traits de Déméter dans son affliction ; Pan, la divinité gréco-palestinienne avec sa brebis sur l’épaule est le bon pasteur. Orphée est assimilé à Jésus. Tout aussi impressionnante est la liste des grands maîtres du christianisme qui sont de famille arabe : Tertullien le Carthaginois, de même que saint Cyprien et saint Augustin le Numide ; Origène, saint Athanase sont Egyptiens ; palestino-syriens saint Basile de Césarée, saint Ephrem, saint Jean Chrysostome ; libyen le célèbre Synésius de Cyrène. Et ce n’est là que quelques noms recueillis hâtivement en passant.
Dans son histoire des Goths, Cassiodore nous montre un Attila imbu des traditions arabo- grecques. Nous savons que le chant grégorien est né d’une rencontre du chant dorique de la tragédie grecque (déjà façonnée elle-même au goût anatolien) et des hymnes palestiniens dont le pape Grégoire le Grand avait ordonné la composition au vie siècle de notre ère dans le recueil de l’Antiphonaire, recueil destiné à inspirer la liturgie romaine. Il est exact que la forme définitive et récente du grégorien est le résultat d’une longue mise au point étudiée par les églises de France et notamment celles de Compiègne, Metz, Senlis ou de la vallée de la Loire. Mais les éléments qui ont été ainsi coordonnés et transposés viennent des antiques chorales arabes dont la Grèce s’était fait l’écho.
L’invention de la Mecque
Une question vient à l’esprit : les Grecs connaissaient- ils le sanctuaire de la Mekke ? La fondation de ce sanctuaire se perd dans la nuit des temps puisque, selon les traditions, la Kaaba c’est-à-dire la Maison Carrée aurait été apportée du ciel par les anges, avant même la naissance d’Adam ; après le déluge, elle aurait été reconstruite par Abraham aidé de son fils Ismaïl et de l’ange Gabriel qui leur offrit de la part de Dieu la fameuse pierre noire pour y être enchâssée. Il devait s’agir d’une de ces pierres d’adoration ou bétyles (beit — El, demeure de Dieu) telle la pierre noire de Pessinonte consacrée à Cybèle ou la pierre d’Emèse que nous retrouverons dans la Rome impériale. On y accrocha aussi les cornes du bélier immolé par Abraham à la place d’Isaac. Endommagé maintes fois par les inondations le temple fut finalement restauré par un capitaine de bateau grec qui, se trouvant être à la fois maçon et menuisier, utilisa le bois de son navire comme matériau de construction. C’est du moins ce qu’on retient des traditions abondantes se rattachant à cet édifice et au site sacré qu’il occupe dans le voisinage du mont Abou Quoubays où Adam serait enseveli. Les Grecs pouvaient d’autant moins ignorer le sanctuaire de la Mekke qu’il était la demeure des grands dieux babyloniens et égyptiens avant de devenir, à l’image des nombreux temples de l’époque, une sorte de panthéon où se trouvèrent des statues de Marie et de Jésus. Le mot Makai existe bien dans la langue grecque classique et paraît désigner selon Strabon une ville de la péninsule arabique. Nous n’en savons pas plus. Mais, répétons-le, l’étude archéologique de la péninsule ne fait que commencer et l’analyse des documents, orientée jusqu’à ce jour dans un sens strictement européen, est heureusement en voie de prendre une tournure moins partiale.
Que la pensée grecque n’ait été qu’une leçon tirée de l’Orient, qu’un microcosme et un reflet de l’Asie, la preuve en est administrée par le fait que l’Asie n’a rien emprunté à l’hellénisme, qu’elle lui a au contraire tout donné. Athènes a fécondé Rome mais ni Alexandre ni Babylone, ni la Mekke. Platon n’a rien apporté au monde arabe pas plus qu’Aristote. Les Grecs n’ont rien apporté au judaïsme, à l’Islam, au christianisme sinon un mode d’expression et de diffusion. L’Orient œuvrait à une tout autre échelle que la petite Hellade. Platon, Périclès, Alexandre en étaient parfaitement conscients et c’est nous, pas eux, qui avons fait de la Grèce l’exportatrice du savoir universel. Platon plus humblement se présentait comme un élève docile. Dans le Timée il met dans la bouche d’un prêtre égyptien s’adressant à Solon cette parole paternelle : « Vous autres, Grecs, vous n’êtes que des enfants. » Prenons donc la vraie mesure des choses et ne soyons pas plus royalistes que le roi. La vérité est peut-être simplement celle-ci : par les Grecs, qui furent les vulgarisateurs des secrets de l’Orient, nous sommes informés de l’enseignement qui en Egypte et en Asie était dispensé aux prêtres, aux étudiants et à la foule en général, tel qu’il se pratiquait encore à l’époque de Djalal Eddin Roumi ou dans nos universités du Moyen-âge. Avant tout Platon et ses semblables, arrangeurs et compilateurs, n’ont jamais composé que des « à la manière de ». Ils furent des commentateurs de génie tels saint Thomas d’Aquin ou Ghazali. Nous nous sommes malheureusement servis de leur gloire pour boucher les horizons de l’Orient dont ils n’étaient que les porte-parole respectueux.
L’œuvre poétique de Virgile est le meilleur résumé qu’on puisse donner de l’organisation divine et mythique des sociétés méditerranéennes et la preuve la plus convaincante du transfert en Occident des cultes de l’Orient. Son Enéide est le récit précis et circonstancié de ce transfert ; ses Géorgiques sont la célébration de la Terre mère inspirée de l’encyclopédie agricole du Carthaginois Magon dont l’œuvre écrite en araméen avait été successivement traduite en grec et en latin ; dans ses Bucoliques souille la tradition gréco-arabe d’Alexandrie et de Sicile. Ce caractère ésotérique et oriental de Virgile n’avait pas échappé aux lecteurs de notre Moyen Age, pas plus qu’à Victor Hugo dont l’évocation est claire : ...
Dans Virgile parfois Dieu tout près d’être un ange,
Le vers porte à sa cime une lueur étrange...
C’est qu’à son insu même, il est une de ces âmes
Que l’Orient lointain teignait de vagues flammes.
C’est qu’il est un des cœurs que déjà, sous les cieux,
Dorait le jour naissant du Christ mystérieux.
Le poète romantique pensait sans doute à la célèbre IV' Bucolique effectivement imprégnée d’une religiosité toute palestinienne, de même que le IVe Chant des Géorgiques.
Dans l’œuvre d’Eschyle, Victor Hugo a vu « une bible grecque », dans son Prométhée « des lueurs chrétiennes » ; écoutez plutôt Eschyle : « Que votre dieu ruine et secoue l’univers ; qu’il envoie ses oiseaux de neige et ses fracassants tonnerres souterrains, rien n’empêchera sa chute. Rien, non rien ne me forcera à révéler le nom de celui qui viendra un jour abattre sa domination. » Eschyle était originaire d’Eleusis et sans doute initié aux Mystères de Dionysos-Déméter. Il est vrai que la puissance religieuse qui se dégage du théâtre grec est, à bien des égards, plus chrétienne, plus convaincante que la plupart de nos textes profanes inspirés du christianisme européen ; il faut y voir la preuve que la foi ne s’acquiert point par un dogme et qu’il y avait certainement dans les mentalités palestinienne et grecque des hautes époques une disposition propre à accueillir le vrai christianisme puisqu’il émanait d’elles.
À suivre…
Par : Karim Zentici
http://mizab.over-blog.com/
Mes péchés, ô mon dieu, qui sont sept fois sept, absous-les.
Mes fautes pardonne-les, celui qui se soumet à toi, guide-le.
Voici quelques morceaux choisis du livre extraordinaire La cité d'Isis - Histoire vraie des Arabes du défunt Pierre Rossi qui vont littéralement changer votre vision du monde. En un mot, il démontre que l’Histoire a été racontée par les vainqueurs de la rivalité qui a opposé Rome et Constantinople. Cette mission a été dévoyée à l’Église d’Occident, qui représentait l’autorité intellectuelle de cette partie de l’Empire en déliquescence. Celle-ci s’est évertuée à effacer de façon systématique, toute trace de l’apport civilisationnel des vieux empires du Moyen-Orient, le berceau de la civilisation moderne, dont l’oligarchie romaine n’était qu’un satellite culturel. Il faut rendre à César ce qui appartient à César. À vouloir absolument attribuer les mérites de son essor à la Grèce antique est aussi ridicule que d’affilier l’apport civilisationnel de l’Amérique, non à la vieille Europe, mais aux Incas. Et pourtant, bien qu’elle s’est émancipé du joug de la chrétienté, encore aujourd’hui, la norme historique revient paradoxalement aux auteurs chrétiens de la fin de l’Antiquité ayant réinventé l’Histoire. L’une des plus grandes aberrations historique est d’affilier aux Romains la paternité du droit ; et pourtant, cette allégation saugrenue est soutenue sans ambages, par le très sérieux dissident Maître Damien Viguier, avocat d'Alain Soral. Il est donc paradoxal d’être antisystème et de reprendre ses credo à son compte !
L’auteur démontre également que les conquêtes musulmanes doivent leur fulgurance à la réalité anthropologique que les conquérants étaient en territoires acquis, et qu’ils ne faisaient que recouvrir leur espace naturel qui s’étendait du Nil à l’Euphrate. Je vous laisse avec l’ineffable Pierre Rossi :
Le dieu suprême reste El ou Al (on l’adore en tous lieux et particulièrement dans les pierres dressées ou bétyles : beït/el, maisons de El).
L’arbre généalogique de la Grèce est donc nourri d’un réseau incalculable de racines arabes.
Mais suivons-le de près sur l’itinéraire légendaire dont la mémoire des peuples a gardé religieusement le souvenir. Le navire Argo est fait de bois sacré, il navigue sous une protection sacrée, celle d’Athéna, qui veillera aussi sur Ulysse ; il part pour une mission sacrée ; il parle car Athéna lui a donné le don de prophétie. Avant son périple il se rend à Samothrace, lieu béni où se trouve le sanctuaire des très mystérieux Cabires. Qui sont ces Cabires ? Leur nom « Kabir » est purement arabe et signifie grand. Ce qui est une double preuve, la première que le vocabulaire arabe était parfaitement présent dans le grec, la seconde que de l’araméen de l’époque d’Homère à l’arabe d’aujourd’hui la différence est souvent peu sensible. Signalons en passant que « Kabir » se retrouve dans l’hébreu liturgique Kippur (même mot pour deux prononciations distinctes), l’expression yom kippur voulant dire le grand jour. Les littératures grecque et latine sont fort prudentes dans l’évocation de ces dieux. Ce sont des dieux babylo-palestiniens de la plus grande importance ; ils ont pour père Sadek, le palestinien dont le nom désigne en arabe « celui qui dit la vérité » ; commandant du haut du ciel les destinées, puissances planétaires et astrologiques, ils sont en outre les maîtres de la navigation.
Enée et les Etrusques ont introduit à Rome ces dieux tutélaires dont les emblèmes sont l’équerre et le cyprès. La vénération et la frayeur qu’ils répandent sont tels qu’on ne se réfère à eux qu’à demi mot, un doigt sur la bouche, sans oser les nommer ; on dit simplement « les grands dieux ». « Grand » n’étant que la traduction de l’arabe kabir. Tels sont les fils de Sadek, nom dans lequel on reconnaîtra sans peine un mot typiquement arabe qui se retrouve de nos jours sous les formes diverses de Sadok, Sadaka, etc. de l’Atlantique à l’Indus. Thucydide, de son côté, mentionne un roi de Thrace appelé Sadokos.
C’est dans la mer Egée, sous le signe de la Palestine, que s’est constitué en majeure partie le panthéon gréco-romain avec des dieux ou des héros venus de Libye, de Sicile, d’Egypte, d’Anatolie, de la péninsule arabique et de la Babylonie. Héritage dont la Grèce n’a cessé de se glorifier. Héritage qui est en fait celui de toutes les religions et de toutes les philosophies et esthétiques du monde dit occidental. Au chapitre xxvii du livre biblique dit d’Ezéchiel on peut apprécier l’hommage rendu à la Palestine dont le prestige enchante littéralement l’auteur ; nulle part ailleurs parmi les textes bibliques ne se manifeste un tel enthousiasme profane : « O Tyr, tu as dit : « je suis parfaite en beauté. Tes confins sont au cœur de la mer, ceux qui t’ont bâtie t’ont rendue parfaite en beauté. » Et de célébrer la richesse et le bonheur d’un pays qui entretient des relations fructueuses avec les îles de la mer Egée, la Grèce, la Thrace, la Syrie, le pays d’Israël, l’Arabie, l’Inde, la Chaldée, l'Assyrie (Haran, Heden et Assour), l’Ethiopie, etc. « Par les marchandises que tu distribues dans tes foires d’outre-mer, tu as rassasié plusieurs peuples, tu as enrichi les rois de la terre de ton commerce et de tes richesses amoncelées. » C’est dire assez ce que représentait la Palestine aux yeux de la Grèce, car l’auteur du livre d’Ezéchiel (en arabe Hizquil) est bien entendu un Grec, comme sont grecs tous les textes bibliques.
Un commentaire sérieux des textes, des fresques et de la statuaire des catacombes chrétiennes de Rome révélerait assurément une influence arabe considérable. On y trouve en effet la vigne de Dionysos le Yéménite, la colombe d’Ishtar, le poisson d’Oanès, la barque d’Isis, le soleil d’El ou d’Horus ; Marie est figurée sous les traits de Déméter dans son affliction ; Pan, la divinité gréco-palestinienne avec sa brebis sur l’épaule est le bon pasteur. Orphée est assimilé à Jésus. Tout aussi impressionnante est la liste des grands maîtres du christianisme qui sont de famille arabe : Tertullien le Carthaginois, de même que saint Cyprien et saint Augustin le Numide ; Origène, saint Athanase sont Egyptiens ; palestino-syriens saint Basile de Césarée, saint Ephrem, saint Jean Chrysostome ; libyen le célèbre Synésius de Cyrène. Et ce n’est là que quelques noms recueillis hâtivement en passant.
Dans son histoire des Goths, Cassiodore nous montre un Attila imbu des traditions arabo- grecques. Nous savons que le chant grégorien est né d’une rencontre du chant dorique de la tragédie grecque (déjà façonnée elle-même au goût anatolien) et des hymnes palestiniens dont le pape Grégoire le Grand avait ordonné la composition au vie siècle de notre ère dans le recueil de l’Antiphonaire, recueil destiné à inspirer la liturgie romaine. Il est exact que la forme définitive et récente du grégorien est le résultat d’une longue mise au point étudiée par les églises de France et notamment celles de Compiègne, Metz, Senlis ou de la vallée de la Loire. Mais les éléments qui ont été ainsi coordonnés et transposés viennent des antiques chorales arabes dont la Grèce s’était fait l’écho.
L’invention de la Mecque
Une question vient à l’esprit : les Grecs connaissaient- ils le sanctuaire de la Mekke ? La fondation de ce sanctuaire se perd dans la nuit des temps puisque, selon les traditions, la Kaaba c’est-à-dire la Maison Carrée aurait été apportée du ciel par les anges, avant même la naissance d’Adam ; après le déluge, elle aurait été reconstruite par Abraham aidé de son fils Ismaïl et de l’ange Gabriel qui leur offrit de la part de Dieu la fameuse pierre noire pour y être enchâssée. Il devait s’agir d’une de ces pierres d’adoration ou bétyles (beit — El, demeure de Dieu) telle la pierre noire de Pessinonte consacrée à Cybèle ou la pierre d’Emèse que nous retrouverons dans la Rome impériale. On y accrocha aussi les cornes du bélier immolé par Abraham à la place d’Isaac. Endommagé maintes fois par les inondations le temple fut finalement restauré par un capitaine de bateau grec qui, se trouvant être à la fois maçon et menuisier, utilisa le bois de son navire comme matériau de construction. C’est du moins ce qu’on retient des traditions abondantes se rattachant à cet édifice et au site sacré qu’il occupe dans le voisinage du mont Abou Quoubays où Adam serait enseveli. Les Grecs pouvaient d’autant moins ignorer le sanctuaire de la Mekke qu’il était la demeure des grands dieux babyloniens et égyptiens avant de devenir, à l’image des nombreux temples de l’époque, une sorte de panthéon où se trouvèrent des statues de Marie et de Jésus. Le mot Makai existe bien dans la langue grecque classique et paraît désigner selon Strabon une ville de la péninsule arabique. Nous n’en savons pas plus. Mais, répétons-le, l’étude archéologique de la péninsule ne fait que commencer et l’analyse des documents, orientée jusqu’à ce jour dans un sens strictement européen, est heureusement en voie de prendre une tournure moins partiale.
Que la pensée grecque n’ait été qu’une leçon tirée de l’Orient, qu’un microcosme et un reflet de l’Asie, la preuve en est administrée par le fait que l’Asie n’a rien emprunté à l’hellénisme, qu’elle lui a au contraire tout donné. Athènes a fécondé Rome mais ni Alexandre ni Babylone, ni la Mekke. Platon n’a rien apporté au monde arabe pas plus qu’Aristote. Les Grecs n’ont rien apporté au judaïsme, à l’Islam, au christianisme sinon un mode d’expression et de diffusion. L’Orient œuvrait à une tout autre échelle que la petite Hellade. Platon, Périclès, Alexandre en étaient parfaitement conscients et c’est nous, pas eux, qui avons fait de la Grèce l’exportatrice du savoir universel. Platon plus humblement se présentait comme un élève docile. Dans le Timée il met dans la bouche d’un prêtre égyptien s’adressant à Solon cette parole paternelle : « Vous autres, Grecs, vous n’êtes que des enfants. » Prenons donc la vraie mesure des choses et ne soyons pas plus royalistes que le roi. La vérité est peut-être simplement celle-ci : par les Grecs, qui furent les vulgarisateurs des secrets de l’Orient, nous sommes informés de l’enseignement qui en Egypte et en Asie était dispensé aux prêtres, aux étudiants et à la foule en général, tel qu’il se pratiquait encore à l’époque de Djalal Eddin Roumi ou dans nos universités du Moyen-âge. Avant tout Platon et ses semblables, arrangeurs et compilateurs, n’ont jamais composé que des « à la manière de ». Ils furent des commentateurs de génie tels saint Thomas d’Aquin ou Ghazali. Nous nous sommes malheureusement servis de leur gloire pour boucher les horizons de l’Orient dont ils n’étaient que les porte-parole respectueux.
L’œuvre poétique de Virgile est le meilleur résumé qu’on puisse donner de l’organisation divine et mythique des sociétés méditerranéennes et la preuve la plus convaincante du transfert en Occident des cultes de l’Orient. Son Enéide est le récit précis et circonstancié de ce transfert ; ses Géorgiques sont la célébration de la Terre mère inspirée de l’encyclopédie agricole du Carthaginois Magon dont l’œuvre écrite en araméen avait été successivement traduite en grec et en latin ; dans ses Bucoliques souille la tradition gréco-arabe d’Alexandrie et de Sicile. Ce caractère ésotérique et oriental de Virgile n’avait pas échappé aux lecteurs de notre Moyen Age, pas plus qu’à Victor Hugo dont l’évocation est claire : ...
Dans Virgile parfois Dieu tout près d’être un ange,
Le vers porte à sa cime une lueur étrange...
C’est qu’à son insu même, il est une de ces âmes
Que l’Orient lointain teignait de vagues flammes.
C’est qu’il est un des cœurs que déjà, sous les cieux,
Dorait le jour naissant du Christ mystérieux.
Le poète romantique pensait sans doute à la célèbre IV' Bucolique effectivement imprégnée d’une religiosité toute palestinienne, de même que le IVe Chant des Géorgiques.
Dans l’œuvre d’Eschyle, Victor Hugo a vu « une bible grecque », dans son Prométhée « des lueurs chrétiennes » ; écoutez plutôt Eschyle : « Que votre dieu ruine et secoue l’univers ; qu’il envoie ses oiseaux de neige et ses fracassants tonnerres souterrains, rien n’empêchera sa chute. Rien, non rien ne me forcera à révéler le nom de celui qui viendra un jour abattre sa domination. » Eschyle était originaire d’Eleusis et sans doute initié aux Mystères de Dionysos-Déméter. Il est vrai que la puissance religieuse qui se dégage du théâtre grec est, à bien des égards, plus chrétienne, plus convaincante que la plupart de nos textes profanes inspirés du christianisme européen ; il faut y voir la preuve que la foi ne s’acquiert point par un dogme et qu’il y avait certainement dans les mentalités palestinienne et grecque des hautes époques une disposition propre à accueillir le vrai christianisme puisqu’il émanait d’elles.
À suivre…
Par : Karim Zentici
http://mizab.over-blog.com/