Le mythe Al Andalus. Pourquoi ? Comment ?
Posté : 06 oct.19, 01:27
La société arabo-musulmane d’Al Andalus, soit la période musulmane de 711 à 1492 des terres espagnoles en presque totalité ou en partie, a jadis marqué la conscience collective comme le prototype d’un âge d’or déconnecté du reste de l’histoire du monde, une sorte de havre providentiel où le meilleur possible était convié de s’accomplir pour l’édification du genre humain.
Un âge d’or non seulement de la culture arabo-musulmane mais aussi de la tolérance, du vivre ensemble et de la société parfaite par excellence, le tout sous le soleil de l’Islam.
Ces dernières décennies de nombreux traités, livres et études ont taillé en pièce en se basant sur des preuves historiques et sur un raisonnement cohérent, cette mythologie qui n’a en fait que peu de rapport avec la réalité des faits tels qu’ils sont connus aujourd’hui. Le mythe a cependant la dent dure, mais là n’est pas le sujet.
Car la question n’est pas de retailler en pièce le mythe mais d’essayer d’expliquer le pourquoi de cette fable et les raisons qui ont contribué à son succès dans le temps, surtout en Occident et par ricochet en Orient ?
1. Pourquoi le mythe se déroule en Espagne ?
- C’est en Espagne que l’Occident découvre l’Orient et c’est là que le monde chrétien parvient a pénétré le monde musulman qui ailleurs reste très fermé. A partir du XVIIIème siècle le souvenir de cet Orient devient d’autant plus aimable que la détestation de l’Espagne catholique, avec sa légende noire, est présente dans les esprits européens (Lumières françaises, Hollande et Angleterre protestantes).
L’Espagne musulmane est vue comme l’inverse de l’Espagne chrétienne. Les caractères attribués à l’Espagne musulmane sont l’inverse de ceux attribués à l’Espagne chrétienne : La « tolérance » supposée d’Al Andalus s’oppose à l’intolérance de l’inquisition espagnole, le caractère pacifique et raffiné de la province andalouse est l’inverse de l’aspect belliqueux de l’Espagne moquée par les européens du nord (Angleterre, Flandres qui sont eux la lumière) pour la soi-disant nullité intellectuelle de sa société.
Le pire c’est que pour partie les espagnols ont aussi enluminé Al Andalus dans leurs romanceros, leurs romans de chevalerie, à une époque fin XIIIème, XIVème siècle où les musulmans étaient résolument vaincus (1248 chute de Séville). Les musulmans faibles deviennent aimables.
Ce même phénomène se retrouve au niveau européen au XVIIIème siècle où l’empire musulman commence à perdre militairement face aux chrétiens, défaite des Ottomans devant Vienne 1683. Avec condescendance ces européens, comme les espagnols avant eux, commencent à se passionner pour les turqueries et à leur trouver des qualités que bien sûr eux non pas. Par exemple des français ou anglais masochistes (héritage du christianisme ?) ou bêtement paternalistes trouvent que l’esclavage chez les musulmans est bien plus équitable que le sort qu’ils réservent à leur domesticité. Ces européens oublient ou feignent d’oublier au passage que pour devenir esclave il faut être arraché à sa terre natale et être traité comme du bétail.
Bref, Al Andalus se revêt pour ces premières raisons d’une aura fantasmée de société idéale exotique.
A suivre…
Un âge d’or non seulement de la culture arabo-musulmane mais aussi de la tolérance, du vivre ensemble et de la société parfaite par excellence, le tout sous le soleil de l’Islam.
Ces dernières décennies de nombreux traités, livres et études ont taillé en pièce en se basant sur des preuves historiques et sur un raisonnement cohérent, cette mythologie qui n’a en fait que peu de rapport avec la réalité des faits tels qu’ils sont connus aujourd’hui. Le mythe a cependant la dent dure, mais là n’est pas le sujet.
Car la question n’est pas de retailler en pièce le mythe mais d’essayer d’expliquer le pourquoi de cette fable et les raisons qui ont contribué à son succès dans le temps, surtout en Occident et par ricochet en Orient ?
1. Pourquoi le mythe se déroule en Espagne ?
- C’est en Espagne que l’Occident découvre l’Orient et c’est là que le monde chrétien parvient a pénétré le monde musulman qui ailleurs reste très fermé. A partir du XVIIIème siècle le souvenir de cet Orient devient d’autant plus aimable que la détestation de l’Espagne catholique, avec sa légende noire, est présente dans les esprits européens (Lumières françaises, Hollande et Angleterre protestantes).
L’Espagne musulmane est vue comme l’inverse de l’Espagne chrétienne. Les caractères attribués à l’Espagne musulmane sont l’inverse de ceux attribués à l’Espagne chrétienne : La « tolérance » supposée d’Al Andalus s’oppose à l’intolérance de l’inquisition espagnole, le caractère pacifique et raffiné de la province andalouse est l’inverse de l’aspect belliqueux de l’Espagne moquée par les européens du nord (Angleterre, Flandres qui sont eux la lumière) pour la soi-disant nullité intellectuelle de sa société.
Le pire c’est que pour partie les espagnols ont aussi enluminé Al Andalus dans leurs romanceros, leurs romans de chevalerie, à une époque fin XIIIème, XIVème siècle où les musulmans étaient résolument vaincus (1248 chute de Séville). Les musulmans faibles deviennent aimables.
Ce même phénomène se retrouve au niveau européen au XVIIIème siècle où l’empire musulman commence à perdre militairement face aux chrétiens, défaite des Ottomans devant Vienne 1683. Avec condescendance ces européens, comme les espagnols avant eux, commencent à se passionner pour les turqueries et à leur trouver des qualités que bien sûr eux non pas. Par exemple des français ou anglais masochistes (héritage du christianisme ?) ou bêtement paternalistes trouvent que l’esclavage chez les musulmans est bien plus équitable que le sort qu’ils réservent à leur domesticité. Ces européens oublient ou feignent d’oublier au passage que pour devenir esclave il faut être arraché à sa terre natale et être traité comme du bétail.
Bref, Al Andalus se revêt pour ces premières raisons d’une aura fantasmée de société idéale exotique.
A suivre…