Muhammad cet inconnu
Posté : 05 août20, 01:27
Une chose importante à savoir d'entrée de jeu : nous ne possédons aucun texte littéraire, aucun écrit musulman datant du premier siècle de l'islam excepté le Coran. Aucun = zéro.
Cela revient à dire que toute la tradition écrite arabo-musulmane sur le prophète et les évènements fondateurs de l'islam s'établit à partir du deuxième siècle de l'egire. Auparavant la "transmission du savoir demeure exclusivement orale pendant plus d'un siècle après la mort de Muhammad."
En quoi consiste après cela les sources écrites musulmanes : la sira et les hadiths.
La sira :
La première sira ou vie du prophète de l'islam ne fut compilée qu'au milieu du VIIIeme siècle par Ibn Ishaq, soit 150 ans après la mort de Muhammad. Mais elle ne nous est pas parvenue, son contenu ne nous est connu qu'à travers des récessions faites plus tard dont la plus importante se trouve dans la sira de Ibn Hisham IXeme siècle !
"Si l'on comparait une telle situation avec celle des origines du christianisme, comme l'a fait Patricia Crone, on devrait dire que le plus ancien Évangile à été compilé par Justin de Naplouse (100-165 ap JC) mais n'a été connu qu'à travers la recension d'Origene d'Alexandrie (185-254 ap JC). Il est difficile d'imaginer à quoi ressemblerait un tel Évangile, mais il est probable que Jésus y apparaîtrait d'avantage comme un philosophe hellénistique que comme un prophète eschatologique juif."
De fait, aucun historien aujourd'hui ne considère la sira comme un exposé à prendre pour argent content mais plutôt une construction à des fins idéologiques et apologétiques.
Les hadiths :
Peut-on se fier alors à la transmission orale retranscrite que constitue les hadiths, la réponse est la même, soit : Non.
Premièrement parce que ce type de transmission est rarement fiable au delà de 1 ou 2 générations et que cela n'est possible à fortiori qu'avec le soutien d'un "système social + ou - stable qui s'appuie sur des vérités et des conventions anciennes". Or la société arabo musulmane à ses débuts était en état de changement et d'ebulition.
Deuxièmement, parce qu'il n'y a pas, contrairement à ce qu' on a pu penser jusqu'à présent dans les hadiths de noyau historique véritable que l'on pourrait séparer de la construction à posteriori. En effet, les traditions de hadiths les plus anciennes sont plus légendaires qu'historiques, aussi, "aucun tamisage de ce corpus de légendes pieuses ne sauraient en extraire l'élément historique fiable sur Muhammad et ses premiers partisans".
La preuve la plus éloquente de tout cela est que l'islam médiéval lui même à douté de la fiabilité des hadiths. Nous avons par ex en la personne de Bukhari quelqu'un qui aurait examiné 600 000 hadiths (ce qui en soit est difficilement croyable, voir ceci : https://m.youtube.com/watch?v=qVCZ4FjYL0g&t=358s) et qui en aurait rejeté 593 000 comme des fabrications tardives.
Et sur quoi se basait-il principalement pour accepter les 7000 hadiths restants ? Sur la chaîne de transmission, la fameuse isnad que certains savants excellent à retenir.
Or "les témoins relatifs à ces transmissions sont très douteux et plutôt que de transmettre une histoire fiable de la maternité d'une transmission, les isnad ont été facilement manipulées et sont devenues l'outil préféré des forgeurs".
Cela revient à dire que si tel hadith est fiable car sa chaîne de transmission l'est aussi alors vous pouvez suposer sans risque que le hadith est forgé. Et cela d'autant plus si dans la chaîne de transmission vous trouvez des personnages prestigieux car les hadiths les plus anciens ne font généralement pas figurer dans leur isnad de personnage vénérable.
Bref les coranistes qui rejettent sira et hadiths en ne se basant que sur le Coran seul ont bien raison.
Conclusion :
Un personnage portant le nom ou titre de Muhammad a bien existé, des sources non musulmanes en parlent, mais il disparaît aussitôt derrière l'écran de fumée élaboré par l'histoire des hommes (dont les califes) qui ont établit son portrait et ses agissement afin de mieux les servir eux dans leurs ambitions et stratégies politiques.
Finalement le seul et unique texte exploitable pour connaître Muhammad est le Coran et là encore le matériel esr maigre car le Coran sert plutôt à "réunir des fragments de traditions bibliques et arabes plus anciennes par l'intermadiaire de la figure de Muhammad".
Il ne reste plus qu'à reconnaître in fine qu'on ne saura jamais rien veritablement sur qui etait le prophète de l'islam.
Source : "Le Coran des historiens"
Cela revient à dire que toute la tradition écrite arabo-musulmane sur le prophète et les évènements fondateurs de l'islam s'établit à partir du deuxième siècle de l'egire. Auparavant la "transmission du savoir demeure exclusivement orale pendant plus d'un siècle après la mort de Muhammad."
En quoi consiste après cela les sources écrites musulmanes : la sira et les hadiths.
La sira :
La première sira ou vie du prophète de l'islam ne fut compilée qu'au milieu du VIIIeme siècle par Ibn Ishaq, soit 150 ans après la mort de Muhammad. Mais elle ne nous est pas parvenue, son contenu ne nous est connu qu'à travers des récessions faites plus tard dont la plus importante se trouve dans la sira de Ibn Hisham IXeme siècle !
"Si l'on comparait une telle situation avec celle des origines du christianisme, comme l'a fait Patricia Crone, on devrait dire que le plus ancien Évangile à été compilé par Justin de Naplouse (100-165 ap JC) mais n'a été connu qu'à travers la recension d'Origene d'Alexandrie (185-254 ap JC). Il est difficile d'imaginer à quoi ressemblerait un tel Évangile, mais il est probable que Jésus y apparaîtrait d'avantage comme un philosophe hellénistique que comme un prophète eschatologique juif."
De fait, aucun historien aujourd'hui ne considère la sira comme un exposé à prendre pour argent content mais plutôt une construction à des fins idéologiques et apologétiques.
Les hadiths :
Peut-on se fier alors à la transmission orale retranscrite que constitue les hadiths, la réponse est la même, soit : Non.
Premièrement parce que ce type de transmission est rarement fiable au delà de 1 ou 2 générations et que cela n'est possible à fortiori qu'avec le soutien d'un "système social + ou - stable qui s'appuie sur des vérités et des conventions anciennes". Or la société arabo musulmane à ses débuts était en état de changement et d'ebulition.
Deuxièmement, parce qu'il n'y a pas, contrairement à ce qu' on a pu penser jusqu'à présent dans les hadiths de noyau historique véritable que l'on pourrait séparer de la construction à posteriori. En effet, les traditions de hadiths les plus anciennes sont plus légendaires qu'historiques, aussi, "aucun tamisage de ce corpus de légendes pieuses ne sauraient en extraire l'élément historique fiable sur Muhammad et ses premiers partisans".
La preuve la plus éloquente de tout cela est que l'islam médiéval lui même à douté de la fiabilité des hadiths. Nous avons par ex en la personne de Bukhari quelqu'un qui aurait examiné 600 000 hadiths (ce qui en soit est difficilement croyable, voir ceci : https://m.youtube.com/watch?v=qVCZ4FjYL0g&t=358s) et qui en aurait rejeté 593 000 comme des fabrications tardives.
Et sur quoi se basait-il principalement pour accepter les 7000 hadiths restants ? Sur la chaîne de transmission, la fameuse isnad que certains savants excellent à retenir.
Or "les témoins relatifs à ces transmissions sont très douteux et plutôt que de transmettre une histoire fiable de la maternité d'une transmission, les isnad ont été facilement manipulées et sont devenues l'outil préféré des forgeurs".
Cela revient à dire que si tel hadith est fiable car sa chaîne de transmission l'est aussi alors vous pouvez suposer sans risque que le hadith est forgé. Et cela d'autant plus si dans la chaîne de transmission vous trouvez des personnages prestigieux car les hadiths les plus anciens ne font généralement pas figurer dans leur isnad de personnage vénérable.
Bref les coranistes qui rejettent sira et hadiths en ne se basant que sur le Coran seul ont bien raison.
Conclusion :
Un personnage portant le nom ou titre de Muhammad a bien existé, des sources non musulmanes en parlent, mais il disparaît aussitôt derrière l'écran de fumée élaboré par l'histoire des hommes (dont les califes) qui ont établit son portrait et ses agissement afin de mieux les servir eux dans leurs ambitions et stratégies politiques.
Finalement le seul et unique texte exploitable pour connaître Muhammad est le Coran et là encore le matériel esr maigre car le Coran sert plutôt à "réunir des fragments de traditions bibliques et arabes plus anciennes par l'intermadiaire de la figure de Muhammad".
Il ne reste plus qu'à reconnaître in fine qu'on ne saura jamais rien veritablement sur qui etait le prophète de l'islam.
Source : "Le Coran des historiens"