Canon Pali : les règles instaurées par le Bouddha a propos de la consommation de viande
Posté : 10 nov.20, 23:31
MN 55Jīvaka Sutta
— Le récit de Jîvaka —
Le Bouddha explique les règles qu'il a instaurées concernant la consommation de la viande et défend ses disciples contre d'injustes accusations.
Traduction de Christian Maës
Ainsi ai-je entendu.
En ce temps-là le Seigneur séjournait, près de Râjagaha, dans la mangueraie de Jîvaka Komârabhacca. Jîvaka Komârabhacca vint voir le Seigneur. Il le salua en arrivant et s’assit convenablement. Une fois bien assis, il demanda au Seigneur :
—J’ai entendu dire, Seigneur, que l’on tue des êtres vivants pour l’ascète Gotama et que c’est en connaissance de cause que l’ascète Gotama mange cette viande qui lui est destinée, acte qui retombe sur lui. Ceux qui disent cela, Seigneur, répètent-ils bien ce que dit le Seigneur ? Ne trahissent-ils pas le Seigneur en parlant faussement ? Et un confrère dans l’enseignement qui répéterait ces paroles ne prendrait-il pas une position répréhensible ?
—Ceux, Jîvaka, qui disent : “On tue des êtres vivants pour l’ascète Gotama et c’est en connaissance de cause que l’ascète Gotama mange cette viande qui lui est destinée, acte qui retombe sur lui” ne répètent pas bien ce que je dis et me trahissent en parlant faussement.
Moi, Jîvaka, je dis qu’il y a trois cas où la viande ne doit pas être mangée : quand on voit, quand on entend ou quand on suspecte. Dans ces trois cas je dis que la viande ne doit pas être consommée.
Mais la viande peut être mangée sous trois conditions : quand on ne voit ni n’entend ni ne suspecte. A ces trois conditions, la viande peut être consommée, je le dis.
« Prenons, Jîvaka, le cas d’un moine qui vit à proximité d’un hameau ou d’un village. Il diffuse dans une direction un état d’esprit plein de bienveillance et il maintient cette attitude. De même dans la deuxième direction, de même dans la troisième et de même dans la quatrième. Et aussi vers le haut, vers le bas, en travers, partout, envers tous comme envers lui-même, dans le monde entier. L’état d’esprit qu’il diffuse est ample, magnifié, incommensurable, amical et satisfait.
Un maître de maison ou un fils de maison l’approche et l’invite à déjeuner pour le lendemain. Le moine accepte s’il le désire. A la fin de la nuit, s’étant levé de bonne heure, il prend son bol d’aumône et sa cape et se rend à la demeure du maître de maison ou du fils de maison. Il s’y assied sur le siège préparé, et le maître ou le fils de la maison verse un bon repas dans son bol.
Le moine ne pense pas : “Il est bon que ce maître de maison ou ce fils de maison me serve cet excellent repas. Pourvu qu’il me serve encore dans le futur une aussi bonne nourriture !” Cela ne lui vient pas, et il mange cette nourriture sans s’y attacher, sans en être séduit et sans gloutonnerie. Il en voit les dangers et il est assez sagace pour y échapper. Penses-tu, Jîvaka, qu’en la circonstance ce moine pense à se nuire à lui-même, à nuire à autrui ou à nuire aux deux ?
—Certainement pas, Seigneur.
—La nourriture, Jîvaka, que ce moine mange n’est-elle pas irréprochable ?
—Si, Seigneur. J’ai d’ailleurs entendu dire que la bienveillance était un état sublime. Or le Seigneur en témoigne devant moi car il est établi dans la bienveillance.
—Le Tathâgata a abandonné tout attachement, aversion et aveuglement qui pourraient nuire. Il en a détruit les racines et les a réduits à l’état de palmier dessouché. Ils n’existeront plus dans le futur, ne réapparaîtront plus. Si c’est de cela que tu parles (et non d’un degré inférieur de la bienveillance), je t’approuve.
« Prenons maintenant, Jîvaka, le cas d’un moine qui vit à proximité d’un hameau ou d’un village. Il diffuse dans une direction un état d’esprit plein de pitié… de joie… de regard-neutre… (le texte se répète à l’identique)
—J’ai entendu dire que la pitié… la joie… le regard-neutre était un état sublime. Or le Seigneur en témoigne devant moi car il est établi dans la pitié… la joie… le regard-neutre.
—Le Tathâgata a abandonné tout attachement, aversion et aveuglement qui pourraient nuire. Il en a détruit les racines et les a réduits à l’état de palmier dessouché. Ils n’existeront plus dans le futur, ne réapparaîtront plus. Si c’est de cela que tu parles, je t’approuve.
« Celui qui tue un être vivant, Jîvaka, à l’intention du Tathâgata ou d’un de ses disciples se crée un grand démérite de cinq façons.
Premièrement quand il dit : “Allez et ramenez cet animal”.
Deuxièmement quand l’animal qui est amené gorge serrée éprouve de la souffrance physique et mentale.
Troisièmement quand il dit : “Allez et tuez cet animal”.
Quatrièmement quand l’animal en train d’être tué éprouve de la souffrance physique et mentale.
Cinquièmement quand il offense le Tathâgata ou son disciple par cette nourriture inconvenante.
Voilà comment celui qui tue un être vivant à l’intention du Tathâgata ou d’un de ses disciples se crée un grand démérite de cinq façons. »
Ainsi parla le Seigneur.
Jîvaka Komârabhacca dit alors au Seigneur :
—C’est merveilleux, honorable Gotama ! C’est merveilleux, honorable Gotama ! C’est comme si l’honorable Gotama avait redressé ce qui penchait, avait révélé ce qui était caché, avait montré le chemin à l’égaré, et avait apporté une lampe dans l’obscurité pour que ceux qui ont des yeux voient ! C’est ainsi de plusieurs façons que l’honorable Gotama a exposé l’enseignement. Je cherche refuge auprès de l’honorable Gotama, du Dhamma et du Sangha monastique. Que l’honorable Gotama me considère dès à présent comme un fidèle qui gardera le refuge tant qu’il lui restera un souffle de vie.
— Le récit de Jîvaka —
Le Bouddha explique les règles qu'il a instaurées concernant la consommation de la viande et défend ses disciples contre d'injustes accusations.
Traduction de Christian Maës
Ainsi ai-je entendu.
En ce temps-là le Seigneur séjournait, près de Râjagaha, dans la mangueraie de Jîvaka Komârabhacca. Jîvaka Komârabhacca vint voir le Seigneur. Il le salua en arrivant et s’assit convenablement. Une fois bien assis, il demanda au Seigneur :
—J’ai entendu dire, Seigneur, que l’on tue des êtres vivants pour l’ascète Gotama et que c’est en connaissance de cause que l’ascète Gotama mange cette viande qui lui est destinée, acte qui retombe sur lui. Ceux qui disent cela, Seigneur, répètent-ils bien ce que dit le Seigneur ? Ne trahissent-ils pas le Seigneur en parlant faussement ? Et un confrère dans l’enseignement qui répéterait ces paroles ne prendrait-il pas une position répréhensible ?
—Ceux, Jîvaka, qui disent : “On tue des êtres vivants pour l’ascète Gotama et c’est en connaissance de cause que l’ascète Gotama mange cette viande qui lui est destinée, acte qui retombe sur lui” ne répètent pas bien ce que je dis et me trahissent en parlant faussement.
Moi, Jîvaka, je dis qu’il y a trois cas où la viande ne doit pas être mangée : quand on voit, quand on entend ou quand on suspecte. Dans ces trois cas je dis que la viande ne doit pas être consommée.
Mais la viande peut être mangée sous trois conditions : quand on ne voit ni n’entend ni ne suspecte. A ces trois conditions, la viande peut être consommée, je le dis.
« Prenons, Jîvaka, le cas d’un moine qui vit à proximité d’un hameau ou d’un village. Il diffuse dans une direction un état d’esprit plein de bienveillance et il maintient cette attitude. De même dans la deuxième direction, de même dans la troisième et de même dans la quatrième. Et aussi vers le haut, vers le bas, en travers, partout, envers tous comme envers lui-même, dans le monde entier. L’état d’esprit qu’il diffuse est ample, magnifié, incommensurable, amical et satisfait.
Un maître de maison ou un fils de maison l’approche et l’invite à déjeuner pour le lendemain. Le moine accepte s’il le désire. A la fin de la nuit, s’étant levé de bonne heure, il prend son bol d’aumône et sa cape et se rend à la demeure du maître de maison ou du fils de maison. Il s’y assied sur le siège préparé, et le maître ou le fils de la maison verse un bon repas dans son bol.
Le moine ne pense pas : “Il est bon que ce maître de maison ou ce fils de maison me serve cet excellent repas. Pourvu qu’il me serve encore dans le futur une aussi bonne nourriture !” Cela ne lui vient pas, et il mange cette nourriture sans s’y attacher, sans en être séduit et sans gloutonnerie. Il en voit les dangers et il est assez sagace pour y échapper. Penses-tu, Jîvaka, qu’en la circonstance ce moine pense à se nuire à lui-même, à nuire à autrui ou à nuire aux deux ?
—Certainement pas, Seigneur.
—La nourriture, Jîvaka, que ce moine mange n’est-elle pas irréprochable ?
—Si, Seigneur. J’ai d’ailleurs entendu dire que la bienveillance était un état sublime. Or le Seigneur en témoigne devant moi car il est établi dans la bienveillance.
—Le Tathâgata a abandonné tout attachement, aversion et aveuglement qui pourraient nuire. Il en a détruit les racines et les a réduits à l’état de palmier dessouché. Ils n’existeront plus dans le futur, ne réapparaîtront plus. Si c’est de cela que tu parles (et non d’un degré inférieur de la bienveillance), je t’approuve.
« Prenons maintenant, Jîvaka, le cas d’un moine qui vit à proximité d’un hameau ou d’un village. Il diffuse dans une direction un état d’esprit plein de pitié… de joie… de regard-neutre… (le texte se répète à l’identique)
—J’ai entendu dire que la pitié… la joie… le regard-neutre était un état sublime. Or le Seigneur en témoigne devant moi car il est établi dans la pitié… la joie… le regard-neutre.
—Le Tathâgata a abandonné tout attachement, aversion et aveuglement qui pourraient nuire. Il en a détruit les racines et les a réduits à l’état de palmier dessouché. Ils n’existeront plus dans le futur, ne réapparaîtront plus. Si c’est de cela que tu parles, je t’approuve.
« Celui qui tue un être vivant, Jîvaka, à l’intention du Tathâgata ou d’un de ses disciples se crée un grand démérite de cinq façons.
Premièrement quand il dit : “Allez et ramenez cet animal”.
Deuxièmement quand l’animal qui est amené gorge serrée éprouve de la souffrance physique et mentale.
Troisièmement quand il dit : “Allez et tuez cet animal”.
Quatrièmement quand l’animal en train d’être tué éprouve de la souffrance physique et mentale.
Cinquièmement quand il offense le Tathâgata ou son disciple par cette nourriture inconvenante.
Voilà comment celui qui tue un être vivant à l’intention du Tathâgata ou d’un de ses disciples se crée un grand démérite de cinq façons. »
Ainsi parla le Seigneur.
Jîvaka Komârabhacca dit alors au Seigneur :
—C’est merveilleux, honorable Gotama ! C’est merveilleux, honorable Gotama ! C’est comme si l’honorable Gotama avait redressé ce qui penchait, avait révélé ce qui était caché, avait montré le chemin à l’égaré, et avait apporté une lampe dans l’obscurité pour que ceux qui ont des yeux voient ! C’est ainsi de plusieurs façons que l’honorable Gotama a exposé l’enseignement. Je cherche refuge auprès de l’honorable Gotama, du Dhamma et du Sangha monastique. Que l’honorable Gotama me considère dès à présent comme un fidèle qui gardera le refuge tant qu’il lui restera un souffle de vie.