Au cours de mes années universitaires j'avais hésité à faire ma thèse sur ce sujet, mais au final j'ai choisi quelquechose qui n'avait rien à voir... reste que les quelques recherches que j'avais fait dessus m'ont passionné et je choisis donc de le partager avec vous.
Dans les religions anciennes, il était de coutume de plaire aux dieux et aux divinités en chantant, en dansant, en psalmodiant et en brûlant de l'encens. On croyait que le parfum et l'arôme dans la maison de culte créaient des sentiments intenses de dévotion et de révérence envers les dieux. Les adorateurs devaient également se présenter devant le dieu après avoir pris un bain et porté des vêtements propres et soignés. Le lieu de culte étant considéré comme un endroit sacré, les visiteurs devaient respecter certaines règles afin de préserver sa sainteté.
Si nous retraçons l'histoire de l'utilisation du parfum dans les cérémonies religieuses, nous trouvons de nombreuses références à cet effet dans les récits de diverses civilisations anciennes. En Mésopotamie, les fidèles étaient tenus de purifier leur corps et de se parfumer avant d'aller prier. Les prêtres avaient le devoir d'asperger de parfum les murs, les sols et les images des dieux afin de créer une atmosphère sereine. En Babylonie, il était d'usage de mélanger le parfum aux matériaux de construction au moment de la pose des fondations d'un temple ; l'idée était probablement de conserver le parfum dans sa structure. Frances Kennett écrit dans History of Perfume que "de nombreuses sortes de parfums aromatiques, notamment le cèdre et le cyprès, la myrte odorante, la myrrhe, etc. ravissaient le cœur des dieux et des hommes". Les Mésopotamiens n'utilisaient pas seulement le parfum à des fins religieuses, mais ils croyaient qu'il éloignait le mal et les protégeait des calamités naturelles.
En Égypte, où la religion était étroitement associée aux souverains comme au peuple, ces derniers faisaient tout pour montrer leur amour et leur dévotion aux dieux. Il était d'usage de brûler des lampes remplies d'huile aromatique sur l'autel des dieux. Les pharaons, qui se considéraient comme divins et voulaient obtenir les bénédictions des dieux, offraient de grandes quantités de parfum aux temples pour exprimer leur dévotion. Ils se parfumaient également le corps en signe de leur divinité. Le parfum était également utilisé lors des cérémonies et des processions religieuses. C'était le rituel de brûler de l'encens dans les temples trois fois par jour. Les gens croyaient que les offrandes d'encens et de parfum étaient bénies par les pouvoirs divins.
Dans l'Inde ancienne, les fidèles utilisaient des parfums lors des cérémonies religieuses et le bois de santal était brûlé pour parfumer les temples. La Chine a appris l'usage des parfums grâce aux prêtres bouddhistes venus d'Inde aux 3e et 5e siècles. Les hindous avaient également l'habitude de décorer leurs dieux et leurs divinités avec des fleurs.
Comme d'autres peuples antiques, les Grecs utilisaient aussi le parfum comme offrande aux dieux. Frances Kennett écrit à propos d'Alexandre
"Alexandre le Grand, alors qu'il était un garçon, chargeait une fois les autels d'encens avec une grande prodigalité, ce qui fit remarquer à son tuteur Leonides que le moment d'adorer les dieux d'une manière aussi somptueuse serait lorsqu'il aurait conquis les pays qui produisaient de l'encens. Après avoir conquis l'Arabie, Alexandre envoya à Léonide un navire chargé d'encens et lui fit savoir qu'il allait désormais adorer les dieux sans restriction ni limite".
Avec l'avènement des religions sémitiques, l'utilisation de parfums dans les temples et les cérémonies religieuses a été interdite. Il s'agissait d'une tentative de mettre fin aux traditions et coutumes païennes et de mettre en œuvre de nouvelles valeurs culturelles religieuses. En outre, comme il n'y avait pas d'images de dieux et de divinités dans leurs lieux de culte, il n'était pas nécessaire de brûler de l'encens pour leur plaire. C'est pourquoi, dans le judaïsme, cette pratique était dénoncée comme un acte d'idolâtrie. La même attitude a été adoptée par les premiers pères chrétiens. Jack Goody, dans son excellente étude The Culture of Flowers, souligne que "les païens utilisaient abondamment les fleurs dans leurs cérémonies religieuses, ce qui a cessé après la conversion et les nouveaux convertis se sont vus interdire d'utiliser des fleurs dans les rituels religieux." Cependant, les premiers pères chrétiens, Cyrille d'Alexandrie et Jean Chrysostome, ont condamné son utilisation en raison de son "association avec une pratique païenne". Jack cite la phrase d'un érudit religieux chrétien : "Profitez du parfum des fleurs, utilisez-les à des fins médicinales, mais pas pour les rituels et la religion". En Angleterre, lorsque les puritains sont arrivés au pouvoir, ils n'ont pas autorisé les parfums dans les cérémonies religieuses. Le christianisme orthodoxe qui s'est développé en Orient a cependant continué à utiliser le parfum dans ses églises, ce qui était la continuité de la pratique antérieure. Elle était adoptée plutôt qu'abandonnée car les gens y étaient étroitement associés.
Dans la société musulmane, il n'y avait pas de concept de combustion d'encens ou de décoration de fleurs dans les mosquées, mais plus tard, les sanctuaires ont adopté la tradition d'utiliser du parfum et des fleurs. Certains sanctuaires sont lavés à l'eau de rose et leurs tombes sont recouvertes de couronnes de fleurs. Lors des cérémonies religieuses comme le milad ou le Quran khawani, on utilise des fleurs et différents types de parfums. Dans les réunions de zikr ou de qawwali, on brûle de l'encens qui stimule les sentiments d'extase spirituelle parmi l'auditoire.
voilà, voilà, j'espère que c'etait interessant, n'hésitez pas à me faire des retours dessus !
Rôle du parfum dans la religion
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Ecrit le 26 août21, 21:58-
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