Extraits et citations tirés du « Macroscope », un livre de Joël de Rosnay :
Un système ouvert est en relation permanente avec son environnement. Il échange énergie, matière et information, pour préserver son organisation de la dégradation qu’exerce le temps. / Tout est en interaction constante avec son environnement. / Il n’y a rien qui ne soit intégré dans un ensemble plus vaste. / Les systèmes fermés sont des abstractions de physiciens, des simplifications en vue de faciliter l’approche théorique des phénomènes. / Il n’existe pas de système fermé. / La complexité d’un ensemble dynamique ou d’un système est liée -1) au nombre de leurs composantes, -2) à leur variété et -3) à l’intensité de leur interactions. / Deux ensembles de caractéristiques permettent de décrire tous les organismes et systèmes observés dans la nature. Les premières sont structurales et les secondes fonctionnelles. / Les structures se présentent comme des organisations dans l’espace, les fonctionnalités qu’en à elles, sont des processus inscrits dans le temps. / Une boucle de rétroaction négative conduit à un comportement adaptatif ou finalisé, c’est-à-dire paraissant tendre vers un but. / Tout système ou organisme présente deux modes fondamentaux d’existence et de fonctionnement : le maintient ou le changement. Le premier mode repose sur les boucles de rétroaction négatives et se caractérise par la stabilité. Le second sur les boucles de rétroaction positives et se caractérise par la croissance (ou le déclin). / La stabilité dynamique est un équilibre dans le mouvement. / Se maintenir signifie durer. / En contrôlant les divergences des boucles positives, les régulations négatives contribuent à stabiliser un système et à lui permettre de durer. / Tout système complexe est capable d’autorégulation. / Rapprocher stabilité et dynamique peut sembler paradoxal. En réalité, ce rapprochement exprime le fait que les structures ou les fonctions d’un système ouvert restent identiques à elles-mêmes, malgré le renouvellement continu des composantes du système en question. Cette persistance de forme, c’est la stabilité dynamique. On la retrouve dans la cellule, l’organisme vivant, ou la flamme d’une bougie. / Il existe [donc] deux sortes d’équilibres : 1) les équilibres statiques (équilibres de forces) et 2) les équilibres dynamiques (équilibres de flux). / Un équilibre de forces ne peut être modifié que suite à un changement discontinu du rapport des forces qui s’opposent. Par contre, un équilibre de flux peut être adapté, modifié et modulé en permanence. / L’équilibre de flux est le fondement de la stabilité dynamique. / Lorsqu’un équilibre dynamique est atteint, nous parlons d’état stationnaire. / Equilibre dynamique = Etat stationnaire / Tout système ouvert se caractérise par des flux entrants et des flux sortants. / L’homéostasie se définie comme la résistance aux changements. C’est l’une des propriétés les plus remarquables et les plus caractéristiques des systèmes ouverts de haute complexité. / Un système homéostatique (une entreprise, une grande organisation, une cellule) est un système ouvert maintenant sa structure et ses fonctions par l’intermédiaire d’une multiplicité d’équilibres dynamiques. / Si un système perturbé ne parvient pas à rétablir ses équilibres, il entre alors dans un autre mode de fonctionnement avec des contraintes parfois plus draconiennes que les précédentes, et pouvant conduire, si les perturbations se poursuivent, à la destruction de l’ensemble. / S’il ne peut retrouver son ancien état d’équilibre homéostatique, le système recherche, par le jeu complémentaire des boucles positives et négative, de nouveaux points d’équilibres et de nouveaux états stationnaires. / Les systèmes homéostatiques sont ultra-stables : toute leur organisation interne, structurelle, fonctionnelle contribue au maintient de cette même organisation. / Pour un système complexe, se maintenir tel quel ne suffit pas : il faut aussi s’adapter aux modifications de l’environnement et évoluer. Sinon, les agressions extérieures ne tardent pas à le désorganiser et à le détruire. / La croissance d’un système complexe – en volume, en taille, en nombre d’éléments – dépend des boucles de rétroaction positives et de la mise en réserve d’énergie. En effet, une boucle de rétroaction positive agissant toujours dans le même sens entraîne l’accroissement accéléré d’une grandeur donnée (rétroaction positive). Cette grandeur peut être le nombre (accroissement d’une population), la diversité (variété des éléments et des interactions entre ces éléments), l’énergie (excédent énergétique, accumulation des profits, croissance du capital, …). / La boucle de rétroaction positive est équivalente à un générateur aléatoire de variété. Elle amplifie le moindre écart. Elle accroît les possibilités de choix ; accentue la différenciation, et génère de la complexité en démultipliant les possibilités d’interactions. / Variété et complexité sont étroitement liées. Mais la variété est aussi une des conditions de la stabilité d’un système. En effet, l’homéostasie ne peut s’établir et se maintenir que grâce à une très grande variété de régulations. La variété est une garantie de stabilité. (Loi de la variété requise) / Les systèmes vivants peuvent s’adapter (à l’intérieur de certaines limites) à des modifications brutales survenant dans le monde extérieur. / Quand il y a émergence il y a saut qualitatif ; franchissement d’un seuil, comme par exemple : la vie, la pensée réfléchie, la conscience collective planétaire, … / Pour illustrer le Principe d’émergence on peut citer un exemple éloquent : les enroulements d’une chaîne d’acides aminés composant une protéine, font que certains de ces acides, bien qu’éloignés dans leur ordre de succession, se retrouvent cependant rapprochés dans l’espace. Or, c’est justement de leur configuration dans l’espace, que ces molécules complexes tiennent leurs étonnantes propriétés. Les enzymes sont par exemple capables de reconnaître certaines autres molécules et de catalyser leur transformation. Ce qui est impossible quand les acides aminés qui les composent sont présents dans le milieu mais non attachés dans l’ordre requis, ou quand la chaîne qu’ils forment est déroulée. / Toute centralisation excessive entraîne une simplification des canaux de communication et un appauvrissement des interactions entre individus. Ce qui introduit le désordre, le déséquilibre et l’inadaptation à des situations rapidement changeantes. / Très souvent, l’action correctrice se réalise avant même qu’il ait été nécessaire de remonter jusqu’aux centres supérieures de décision. / Toute intégration réelle se fonde sur une différenciation préalable. L’originalité, le caractère unique de chaque élément se révèle dans la totalité organisée. C’est ce qu’exprime la célèbre expression de Teilhard de Chardin : « l’union différencie ». Cette loi de l’union « personnalisante » est illustrée par la spécialisation des cellules dans les tissus ou les organes dans le corps. / Il n’y a pas de vraie union sans antagonismes, rapport de forces, conflits. L’homogène, le mélange, le syncrétisme, c’est l’entropie. Seule l’union dans la diversité est créatrice. Elle accroît la complexité, conduit à des niveaux plus élevés d’organisation. / Un système homéostatique ne peut évoluer que s’il est « agressé » par des évènements venant du monde extérieur. / Les organismes vivants se maintiennent dans le renouvellement continu de leurs éléments. Ils ne craignent pas une désorganisation passagère, condition d’une réadaptation plus efficace. / Les processus de couplage se déroulent toujours avec un rendement optimum, correspondant à une puissance libérée maximum. Ce rendement est voisin de 50 % du rendement idéal. / Dans tous les processus couplés, la puissance maximum est bien obtenue quand le rapport des forces est égal à ½. / La nature préfère sacrifier le rendement à la puissance. / Un rapprochement très intéressant avec la loi du rendement optimum peut être fait sur le plan de l’information. La puissance d’une banque de données sur ordinateur contenant des références bibliographiques peut être exprimée par le maximum d’informations utiles que l’on peut obtenir en un minimum de temps. Lorsque la demande de l’utilisateur à la banque de donnée est très précise, on obtient un petit nombre de références, certes très utiles, mais on risque également de passer à côté de beaucoup d’autres références ayant un rapport avec la demande. Si la demande est plus générale (et donc moins précise), on obtient un très grand nombre de références, dont certaines sont très utiles, et d’autres sans aucun intérêt. Il faut de plus, dans ce cas, consacrer beaucoup de temps à dépouiller les réponses de l’ordinateur. La pratique montre que le rendement optimum est obtenu aux environs de 50 % de « bruit », c’est-à-dire d’informations inutiles. L’utilisateur se déclare satisfait par un compromis lui donnant la certitude d’avoir retrouver rapidement presque toutes les références qu’il considère comme utiles, même s’il doit les payer par 50 % de « bruit ». / Lorsqu’un résultat est obtenu par le concours de plusieurs facteurs, il suffit que la croissance d’un seul d’entre eux soit limitée, pour que le résultat global tende également vers une limite infranchissable, une asymptote, et cela même si les autres facteurs continuent de croître. C’est la loi dite des « rendements décroissants » dont les conséquences sont très importantes. [Si on met en ordonnée : les rendements étudiés, et en abscisse : l’énergie dépensée pour les obtenir, la fonction mathématique qui traduit cette loi est une hyperbole tendant toujours plus mais sans jamais l’atteindre, vers une asymptote horizontale.] / La leçon qu’il convient de tirer de la loi des rendements décroissants est sévère : dans de nombreuses organisations, entreprises, équipes de travail, on a atteint depuis longtemps, et sans s’en apercevoir, la limite des rendements. On continue pourtant dans le but d’améliorer ces rendements à dépenser des prodiges d’ingéniosité, des quantités énormes d’énergie, ou d’importantes ressources en hommes et en matériel, alors que le facteur limitant reste totalement inaperçu. / La loi empirique est simple : un « gain de temps » se paie en énergie. / Comme l’indique la loi du rendement optimum, nous préférons sacrifier le rendement à la puissance. Ce qui nous conduit à gaspiller en moyenne 50 % de l’énergie disponible, pour effectuer plus rapidement une transformation. / Il faut obligatoirement dépenser de l’énergie pour acquérir des informations. / Plus la précision d’une mesure est grande, plus il faut dépenser de l’énergie. / D’un côté, l’information est comprise comme « acquisition de connaissances » (c’est l’acte qui consiste à s’informer, en observant un objet ou la nature…). De l’autre, information signifie « pouvoir d’organisation » ou « action créatrice » (c’est l’acte qui consiste à informer la matière, à donner forme à un objet, comme le fait un sculpteur à partir de la glaise). / L’information qui circule dans une voie de transmission se dégrade de manière irréversible. Elle offre en cela une très grande analogie avec l’énergie, laquelle se dégrade en entropie. / Pour transmettre de l’information, il faut dépenser de l’énergie. Ce support énergétique, cette énergie s’affaiblie, se disperse. / L’information s’accroît quand l’incertitude diminue. Car l’incertitude traduit le manque d’information que l’on possède face à une interrogation. / Le manque d’information dont on dispose peut s’exprimer sous la forme d’un problème ou d’une question. / L’information est fonction du rapport entre le nombre des réponses possibles à une interrogation, avant la réception d’un message (ou d’une mesure par exemple) (P0), et le nombre de réponses possibles après (P1). / L’information est la différence entre deux incertitudes (avant le message et après). / Information et néguentropie sont équivalentes à de l’énergie potentielle. / Il est possible d’exprimer l’information en unités thermodynamiques et la relier directement à l’entropie. On calculerait alors la plus petite « chute » d’énergie associée à une mesure capable de générer un bit d’information. / Conventionnellement, le nombre de bits d’information correspond à la soustraction des logarithmes de P0 et de P1 en base 2. (Exemple : en base 2 le logarithme de 32 et 5 parce 32 c’est 2 élevé à la puissance 5). / Il est urgent de faire accepter le fait que l’homme n’est pas qu’une force de travail, mais avant tout une puissance d’intégration (de l’information), d’organisation et de création. / La plupart des grandes lois de la physique dérivent de l’interprétation des informations communiquées (directement ou indirectement) par l’œil et le muscle, puis stockées dans la mémoire. / L’œil est un instrument particulièrement adapté à reconnaître les formes, à détecter les changements, à percevoir un mouvement. Le muscle permet d’évaluer et de comparer des poids, des efforts. Il conduit à traduire les relations avec le monde extérieur en termes de forces. / La mémoire accumule et concentre le temps dont l’écoulement s’inscrit dans la trame de notre conscience. / [Mais, …] D’où vient la notion d’avant et d’après ? → Mémorisation et prévision flèchent le temps du passé (de l’avant) vers le futur (l’après). / Lorsque la bande de papier de l’enregistreur sur lequel s’inscrit la trace du balancier d’une horloge est arrêtée, on ne voit q’un trait continu. Si l’on met la bande en route, le trait se transforme en une sinusoïde. Pour le balancier de l’horloge, il n’y a pas de succession dans le temps. C’est notre conscience qui développe la durée et enregistre les informations passées comme le fait la bande de papier. Il apparaît ainsi une succession de crêtes que l’on peut numéroter. En décidant que l’une est avant et l’autre après, la conscience peut établir une chronologie des évènements. / Continu et discontinu sont des notions irréductibles l’une à l’autre. C’est pour cela que le flux du temps est perçu tantôt comme une durée et tantôt comme une succession d’instants. / L’analyse s’est habituée à découper dans la continuité de la durée, des instants ou des objets. / A la différence de l’intuition qui est le sens du mouvement, l’analyse fige ce qu’elle isole du flux de la durée. / Tout ce qui est soumis au temps se dégrade. / Le futur n’est pas donné avec le présent, car toute création exige de la durée. C’est également pour cette raison qu’il est plus facile de détruire et de copier, que de construire et de créer. / L’entropie mesure le manque d’information sur un système. C’est ce qui nous permet de dire que l’information est équivalente à de l’entropie négative. / Les consciences qui s’informent ne peuvent explorer l’univers que dans la direction qui voit croître l’entropie, c’est-à-dire dans la direction que nous avons appelée le « temps ». / L’homme ne peut observer les phénomènes que dans le sens d’une désorganisation, d’une dispersion, parce que la chaleur, le rayonnement thermique, les radiations lumineuses, les ondes sonores et les odeurs, lesquelles nous renseignent si précieusement sur l’extérieur, se propagent de leurs sources vers nous, et que cette propagation ne peut se faire bien évidemment, que dans le sens de l’entropie croissante. / Chaque observateur descend ainsi le cours du temps en « accompagnant » les phénomènes qu’il observe. / Le temps de la vie est donc fléché par le temps de la mort : sans cette condition impérative, nous ne pourrions observer les phénomènes. Et sans information, toute création serait impossible. / Pour Costa de Beauregard, la direction dans laquelle toute conscience s’informe et explore l’univers est adaptative. C’est une condition rigoureuse de survie, puisque les êtres vivants ne peuvent réagir aux modifications de leur environnement, qu’après avoir recueilli et intercepté des informations provenant de cet environnement ou plus précisément, d’une multitude de sources appartenant à cet environnement. / Ce n’est donc pas la matière qui avance en « évoluant » dans un cadre statique d’espace-temps. Si quelque chose avance dans le temps, ce sont les consciences qui s’informent. / Pour acquérir de l’information les consciences ne peuvent explorer l’univers que dans la direction de l’entropie croissante (la direction du « temps »). En s’informant, les consciences accumulent cependant quelque chose dans une direction « inverse ». Dans une autre dimension : celle de la durée créative pointant vers des niveaux de complexité toujours plus élevés. / La néguentropie apparaît comme la contrepartie objective de l’information. / Information et néguentropie seraient les deux aspects, subjectif et objectif, d’une même forme d’énergie potentielle. / D’un côté, le cerveau s’informe (observation), de l’autre il informe (organise, donne forme) (action créatrice). / Les théories modernes suggèrent que le sens conventionnel de l’écoulement du temps (fléché du passé vers le futur), résulte d’une adaptation des consciences aux conditions de l’univers. / Dans une boucle information – décision – action, les informations sur les résultats des actions passés servent de base aux décisions qui permettent de corriger cette action. Les décisions étant prises en fonction d’un but, l’action qui en résulte est finalisée : une telle boucle illustre le déroulement d’un acte intelligent. / Dans le schéma d’une boucle de rétroaction il est impossible de dire si la cause précède l’effet ou si c’est le contraire. Cause et effet semblent confondus. Ils ne peuvent être dissociés dans le temps. La causalité circule tout au long de la boucle. On pourrait en dire de même pour la finalité. / On est [donc] obligés de parler de causalité circulaire par opposition à une causalité linéaire, représentée par un vecteur superposé à l’axe du temps et où la cause coïncide avec l’avant, et l’effet avec l’après. / La boucle de rétroaction ressemble [donc] à un serpent qui se mort la queue. Mais, une telle boucle de causalité circulaire ne doit pas être confondue avec un cycle. / Un cycle reste toujours soumis à la flèche du temps unidirectionnelle. Il y a répétition infinie d’une même séquence d’évènements. Il n’y a pas de devenir dans un cycle. / Une succession cyclique peut être mesurée à l’aide de n’importe quelle horloge. Alors que dans une boucle de causalité circulaire, c’est la flèche du temps qui semble se refermer sur elle-même. On ne peut plus vraiment dire que le temps « s’écoule ». Il y a en quelque sorte, conservation du temps. / Mais, dès que l’on met en cause la chronologie des événements, notre logique perd pied. La raison de ce malaise, c’est que seule la chronologie permet l’explication par les causes. Or, être forcé d’abandonner, ne fût-ce qu’un instant, le principe de causalité, bouleverse profondément nos repères. / Du fait de la circulation de la causalité, nous ne savons plus « par quel bout » prendre les choses. La causalité circulaire désarme complètement notre logique. / Il existe une étroite ressemblance entre cercles vicieux et boucles de rétroaction. / Il semble que l’on soit enfermé dans un cercle vicieux chaque fois que l’on se pose le problème des origines d’un système complexe. Comme pour le fameux problème de la poule et de l’œuf, celui de l’origine de la vie ou encore de celle de l’homme : « Tout homme, toute femme sont issus d’un père et d’une mère, d’un couple, c’est-à-dire d’un autre homme et d’une autre femme, eux-mêmes issus d’autres hommes et d’autres femmes eux-mêmes issus… » Pour briser le cercle, il avait fallu imaginer à l’origine de l’humanité « un premier couple », crée de la main de Dieu lui-même. / Pour se débarrasser de l’irritant problème logique posé par un cercle vicieux ou une boucle (une relation circulaire), que fait la raison ? Elle l’ouvre. Elle la coupe arbitrairement en un point : ce qui lui permet de « l’étaler » à plat le long de la flèche conventionnelle du temps. Et de retrouver du même coup la relation familière d’avant – après entre la cause et son effet. Nous sommes de ce fait dans « l’explication causale » qui nous oblige à remonter de cause en cause vers une hypothétique « cause première » située bien évidemment dans le passé. / Bien que l’explication causale découle du processus d’observation nécessairement fléché dans le sens de l’entropie croissante, la coupure puis « l’étalage » des relations circulaires sont, nous l’avons compris, totalement artificiels. / Précisons que de l’explication causale est liée au Principe de raison suffisante qui veut que tout ne s’explique que par ce qui le conditionne. / Toute science repose exclusivement sur des explications de types causales, et il ne peut en être autrement. C’est ce qui explique que nous savons beaucoup mieux comment les choses se désorganisent que comment elles se complexifient. / Donner à l’évolution une explication de type causal nous la fait apparaître divergente. Et comme nous ne sommes pas actuellement en mesure de l’expliquer autrement, nous ne pouvons la concevoir que comme une arborescence de plus en plus ramifiées. Ce qui n’est évidemment pas conforme à la réalité, nous le sentons bien. / Si la science admet parfaitement aujourd’hui l’accroissement de la complexité au cours de l’évolution et l’émergence de propriétés nouvelles, on à cependant encore beaucoup de difficultés à expliquer le passage « verticale » d’un niveau d’organisation à un autre, de complexité plus élevée. / Dans l’optique de la convergence, chaque finalité particulière tend vers une fin unique (but ou terme) située dans le futur et à laquelle elle s’intègre. / Les finalités apparaissent au stade humain de l’évolution, elles prennent le relais de l’évolution biologique. / La finalité ne peut pas être avancée comme étant une explication possible du monde, elle en est une implication et relève plutôt d’un acte de foi. / L’évolution généralisée apparaît dans l’optique finaliste comme un mouvement antidispersif, sélectif, concentrateur, créateur d’ordre. Analogue donc à tout acte intelligent. / A l’opposé de l’évolution thermodynamique qui pointe vers des états qui nous sont toujours plus étrangers, l’évolution convergente se dirigerait vers se qui nous ressemble le plus : elle se chargerait de nos valeurs, de nos désirs, de nos espoirs. / Essayez de rendre compte d’un principe de convergence est peine perdue, car il est entièrement tourné vers l’avenir, et que l’avenir est inconnaissable. / Dans l’observation, les situations précèdent toujours les représentations (les modèles subjectifs). Tandis que, dans l’action, la représentation de ce que l’on veut faire (le modèle que l’on a de son action future et de ses conséquences possibles) précède les situations déterminées par cette action. / Si notre futur et celui de l’évolution coïncident et se superposent, c’est parce que nous nous représentons notre futur individuel (et celui de la société humaine) comme à construire, avant de le mettre en œuvre. On est dans le temps convergent. / L’accroissement de la complexité n’est ni inéluctable, ni irréversible. Toute organisation, quelle qu’elle soit, reste soumise à la dégradation, à l’usure, au vieillissement. Qu’il s’agisse d’êtres vivants, de machines, de constructions ou d’informations. La destruction de l’organisation de la société humaine pourrait même être quasi instantanée suite à une catastrophe nucléaire par exemple. / Maintenir l’organisation d’un système ouvert (cellule vivante ou société humaine) revient à ralentir la vitesse d’accroissement de l’entropie dans ce système. / L’information peut être assimilée à une réserve de temps, à du temps potentiel. / Information et néguentropie ne sont pas séparées dans deux mondes distincts. Elles sont la charnière entre l’objectif et le subjectif. / Pour Teilhard de Chardin il existe un « esprit-matière », analogue à l’ « espace-temps » des physiciens relativistes. / Bien que superposables et équivalentes, information et néguentropie possède une « polarisation temporelle » opposée. En effet, la néguentropie, mesure objective de l’information, est, de ce fait, obligatoirement fléchée (dès qu’on l’utilise) dans la direction du temps entropique. Au contraire, l’information, traduction subjective (signifiante) de la néguentropie, est obligatoirement fléchée (dès son acquisition) dans la direction de la durée créatrice. / S’il y a conservation du temps, la liberté est totalement contenue dans l’instant présent. L’univers apparaît ainsi comme une conscience qui se crée en prenant conscience d’elle-même. / L’univers laisse des traces [observables] [visibles] de son évolution. / Comme toute autre organisation ou toute information, la vie est un écart à l’équilibre. Une évasion temporaire, un sursis. / Un écart à l’équilibre thermodynamique est équivalent à une information. Autrement dit, les expressions « hors de l’état d’équilibre » et « reconnaissable de l’environnement » ont exactement la même signification. / Deux exemples : un iceberg et un château de sable. Un iceberg flottant dans la mer se distingue de son environnement. Il présente une structure, une organisation, une information. Quand il fond, chaque goutte d’eau de l’iceberg se mélange à celles de l’eau de mer. L’entropie est maximum, l’équilibre est atteint. Un château de sable est fait du même matériau que la plage. Lui aussi représente un écart à l’équilibre. Il possède une forme facilement reconnaissable dans l’environnement homogène de la plage. Mais, sous l’effet du vent et des mouvements des passants, il ne tarde pas à se confondre avec l’environnement. Il disparaît complètement quand chaque grain qui le constituait s’identifie avec un autre grain de la plage. / L’apparition de formes nouvelles, autrement dit le problème de la morphogenèse, peut être illustré par ces deux questions : (1) « Comment l’ordre, l’information, la variété peuvent-ils naître du désordre et de l’homogène ? » Et (2) « Comment peut-on passer d’un état d’équilibre à ce « déséquilibre contrôlé » qui caractérise la vie ? » / A la base de cet écart et de son maintient dans le temps, on retrouve l’effet des boucles de rétroaction positives et négatives. Tout écart à l’équilibre commence le plus souvent par une simple fluctuation, aléatoire. Et cette fluctuation peut s’amplifier, grâce au jeu des rétroactions positives. Mais, pour se maintenir dans le temps, cette fluctuation doit être stabilisée par des boucles de rétroaction négatives. Ce qui donne lieu à des oscillations entretenues, puis à des cycles. Processus caractéristiques des fonctions vitales d’autoconservation. / Il est bien connu des physiciens que ce qui semble stable et homogène au niveau macroscopique ne l’est plus au niveau microscopique. Chaque fluctuation qui se produit, et elles sont très généralement parfaitement aléatoires, est une possibilité d’organisation nouvelle. / Amplifiée par rétroaction positive, toute fluctuation constitue [donc] un générateur aléatoire de variété, à la base de toute évolution. / La genèse des formes est liée à des fluctuations aléatoires qui s’amplifient et se maintiennent. / Quand des fluctuations se prolongent en s’amplifiant, elles peuvent prendre la forme d’oscillations périodiques dans le temps. Elles se produisent, par exemple, quand certaines substances chimiques sont mise en présence : la dégradation de l’une catalyse la régénération de l’autre. Et réciproquement. Des oscillations tout à fait analogues se retrouvent notamment dans les relations entre deux populations de prédateurs et de proies... / De telles oscillations représentent un début de régulation par rétroaction négative et donc de stabilisation. Mais, lorsque des chaînes de réactions autocatalytiques se prolongent en réseaux très ramifiés, il arrive qu’une de leurs branches se referme en un cycle. C’est alors toute la succession de réactions correspondantes qui se trouve stabilisée par rétroaction négative et donc automatiquement conservée. Il y a autosélection. C’est ce qui explique pourquoi on retrouve de tels cycles à la base de tous les processus de la vie (cycles métaboliques ou écologiques). / A la racine de la genèse de toute forme nouvelle, on retrouve donc un générateur aléatoire de variété et un processus de stabilisation. / En perturbant des systèmes ultra-stables (homéostatiques), l’environnement les force à s’adapter et à évoluer. / C’est par l’intermédiaire de la boucle de renforcement (les survivants les mieux adaptés), que l’environnement exerce son pouvoir de sélection : seuls les survivants peuvent évidemment léguer à leurs descendants les caractéristiques qui leur ont permis de survivre. / L’autocatalyse entraîne inévitablement croissance rapide et accélération. Mais aussi conflits avec l’environnement. Les systèmes en croissance drainent de l’énergie à leur profit. Lorsque les ressources de l’environnement viennent à manquer, ces systèmes entrent en compétition avec d’autres. Certains survivent, d’autres sont éliminés. C’est dans cette optique qu’il faut relier autocatalyse et autosélection. / La vieille notion de sélection naturelle doit donc faire place à une notion plus générale, intégrant la durée et l’accélération : l’exclusion compétitive. / L’exclusion compétitive intègre les vitesses de croissance des populations et leurs accélérations. / Deux populations en compétition pour des ressources limitées et occupant la même niche écologique ne peuvent en effet coexister dans un équilibre durable, que si leurs taux d’accroissement sont identiques. / Poussée à l’extrême, certains s’imaginent que l’exclusion compétitive peut aboutir à une seule espèce, mieux adaptée et donc sélectionnée aux dépend de toutes les autres : l’homme par exemple ! En réalité, cette sélection exclusive est inenvisageable car elle amènerait à la destruction l’écosystème. / La prédominance d’une seule espèce ou une trop grande réduction de la variété des espèces en présence entraîne un déséquilibre fatal. (Loi de la variété requise) / L’autoconservation porte [donc] sur l’ensemble : la dynamique globale des systèmes ouverts en évolutions, c’est-à-dire l’écosystème. (Loi de la variété requise) / Plus l’écosystème est varié, plus il est en mesure de se maintenir. (Loi de la variété requise) / L’accélération est un des traits caractéristiques de l’évolution généralisée. La durée se contracte, depuis les formes vivantes primitives jusqu’à l’homme et les sociétés humaines. / L’évolution intellectuelle et technico-sociales de l’humanité accélère encore le processus si on la compare à l’évolution biologique. / Liée à l’accélération, l’exclusion compétitive introduit des divergences temporelles difficile à combler, entre deux ou plusieurs types d’évolution. Tout écart qui se creuse entre deux taux de croissance ou deux vitesses de métabolisme conduit à l’élimination du plus lent. Et ceci est valable au niveau biologique comme au niveau des sociétés humaines. / La notion de divergence temporelle paraît fondamentale pour comprendre les mécanismes les plus généraux de l’évolution et de la « sélection ». Elle présente aussi l’avantage de relier étroitement l’évolution et le temps. / Potentiellement chaque espèce à le pouvoir d’envahir le monde avec sa descendance. Mais ce qui l’en empêche c’est la compétition et la mort. / C’est dans de telles conditions, celles de la compétition pour la vie, que les variations favorables tendent à être conservées, et les moins favorables à disparaître. Ceci expliquerait au moins en partie le comment de l’apparition de nouvelles espèces. / Au niveau des sociétés, la loi de l’exclusion compétitive se constate actuellement par exemple, dans l’accroissement de l’écart entre les pays riches et les pays pauvres. La consommation énergétique effrénée des pays riches, liée à la vitesse des processus économiques, les conduit à drainer des flux toujours plus intenses dans un environnement qui s’appauvrit. De plus, la croissance et l’accélération liées à la mainmise sur les mécanismes régulateurs d’un système de complexité inférieure (et donc à son contrôle) conduisent obligatoirement à la domination du plus faible par le plus fort. / Au-delà des intérêts égoïstes, ce sont des valeurs morales, éthiques et humanitaire qui doivent maintenant nous guider. Sans quoi nous risquons d’assister à un phénomène d’exclusion compétitive inexorable : l’autosélection des pays riches et l’élimination des pays pauvres. Avec, pour conséquence catastrophique, la perte d’une richesse bien plus importante pour l’humanité que les biens matériels et l’argent. Celle d’une variété culturelle et humaine indispensable à son évolution. / Pour les biologistes, la croissance n’est qu’une marche vers l’équilibre. Cet équilibre, une fois atteint, n’est pas un équilibre statique, mais un équilibre dynamique. / L’équilibre statique, on le sait, c’est la mort. / L’état stationnaire qui se maintient est [quant à lui] comparable à un déséquilibre contrôlé. / L’ensemble des états stationnaires de la cellule confère à la vie une de ses propriétés les plus remarquables : se maintenir. / Développer une « économie stationnaire » est à l’évidence la seule vraie solution aux problèmes écologiques qui nous menacent. C’est la seule qui soit valable à moyen, long et très long terme. / Mais, parler de « croissance zéro » amène à de nombreux malentendus sur les finalités de la croissance économique. On confond en effet la croissance zéro avec un arrêt du progrès technique et intellectuel de l’humanité, ou avec un équilibre statique. Or natalité et production (industrielle) sont des flux, l’économie stationnaire est une économie parfaitement dynamique. / L’objet de l’économie stationnaire est le maintient de la richesse à un niveau désiré et adéquat, grâce à la régulation de ces flux à leur débit minimum. (S’efforcer de les accroître comme s’il représentait une richesse en eux-mêmes est absurde.) / Au-delà des problèmes posés par la pollution ou l’épuisement des ressources naturelles, la croissance économique « à tout prix » introduit une autre contrainte : elle fait du temps un « produit consommable ». Le temps, comme le travail, est de plus en plus rationné, car il devient un bien dont nous commençons à manquer. / L’abondance de biens crée une pénurie de temps. / Il faut du temps pour lire un livre, écouter un disque, regarder la télévision, se servir de tel ou tel appareil. Le temps devient un bien rare par rapport aux choses. Sa valeur s’accroît avec le niveau de vie. D’où la recherche de moyens permettant de gagner du temps sur des activités dévoreuses de temps. On rogne sur le sommeil, l’hygiène, la durée des repas, le temps de réflexion, les déplacements, la vie de famille ou l’activité physique. Il faut allonger la durée de son travail pour pouvoir s’acheter des machines à gagner du temps ou pour se payer le temps des autres. / Gagner du temps conduit à gaspiller de l’énergie. / Les moyens permettant de s’opposer à l’entropie ne sont pas à rechercher du côté de l’accélération de la machine économique. Cette accélération conduit à un accroissement de la consommation. Elle va dans le sens du désordre et de l’entropie maximale. / Perdre son temps à gagner sa vie, ou risquer de perdre sa vie à gagner du temps ? Telle est l’alternative qui ronge aujourd’hui tant d’hommes et de femmes des pays industrialisés. / Il faut apprendre à perdre du temps pour mieux savoir comment l’économiser. / Notre civilisation de la hâte et du gaspillage va jusqu’à susciter en nous un sentiment de culpabilité lorsque nous passons du temps à la réflexion par exemple, à la contemplation de la nature ou encore à converser avec ses propres enfants. / Le conflit entre la vitesse effrénée de notre société et la plénitude d’un instant vécu dans toute sa profondeur n’a jamais été aussi aigu. / On atteint les limites de la résistance. / En tant qu’observateurs nous sommes pris aux piège de notre propre subjectivité. / On ne réalise bien l’importance d’une fonction vitale qu’au moment où elle se ralentit. / Les grandes catastrophes, sécheresses, inondations, tornades, tremblements de terre, épidémies, famines… ont malgré tout cela de bon : elles rapprochent les hommes. / L’interdépendance des fluctuations extérieures renforce le sentiment de participation aux fonctions vitales d’un organisme qui nous englobe et que l’on ne perçoit que partiellement, mais dont on sent pulser la vie. / L’accélération de l’histoire joue le rôle d’un extraordinaire « révélateur ». Elle fait apparaître, comme le film accéléré d’une très lente transformation, l’évidence d’une direction vers laquelle les choses évoluent. / L’influence n’est pas la contrainte car elle implique la liberté de choix. / On à voulu faire de la réussite sociale la principale motivation de la vie professionnelle et l’un des facteurs indirects du progrès économique et social. / Avec la réussite viennent les honneurs, la considération, le respect, la situation, la sécurité, l’aisance matérielle, le pouvoir aussi. Valeurs égoïstes d’une civilisation fondée sur la conquête et la domination de la nature ; l’asservissement de l’homme par l’homme. / Mais, ce qu’on recherche vraiment, c’est un « rôle », un engagement, une cause, plutôt qu’un « boulot » spécialisé et dénué de signification globale qu’offre trop souvent la société moderne. On recherche le sentiment du travail bien fait, de l’utilité et de l’efficacité de son action. / L’hypocrisie du « travail-alibi » découle que pour beaucoup, le travail est devenu à lui-même sa propre fin, d’où sa logique totalement déconnectée de la vraie vie. / L’homme d’affaires ou le cadre surmené n’est plus une source de considération mais plutôt de pitié. Le surmenage ne cache-t-il pas, plus souvent qu’on ne le croit, des soucis conjugaux ou familiaux que l’on cherche à oublier et à fuir ? La valorisation du travail peut cacher une fuite devant l’être. / Il serait vraiment très avantageux pour le bien de tous de refuser enfin de gaspiller nos forces dans une joute stérile et vide où le « paraître » prend le dessus sur l’être. Où l’image que l’on présente à l’extérieur compte plus que les conséquences de nos actes. / « Le contrat de travail est le nouvel esclavage. » Ce n’est pas une parole légère. / A la connaissance objective, on peut opposer l’expérience subjective ; à la propriété « vie » définie scientifiquement, la vie vécue et sa qualité. / Il est nécessaire de recourir à une autre logique que la logique d’exclusion (à laquelle notre éducation nous a habitués). Il faudrait la remplacer par une « logique d’association ». La logique d’exclusion, c’est celle qui conduit à raisonner en termes opposés et mutuellement exclusifs. Comme vrai ou faux, bien ou mal, noir ou blanc. Elle conduit aux dichotomies bien connues de la pensée et dans lesquelles s’enferment de nombreuses idéologies dont la plupart ont infligé de cruelles blessures à l’histoire. C’est tout ou rien. La vie ou la mort. Elle conduit à des pensées du type : « Si j’ai raison vous avez tord ! », « Si je gagne vous êtes les perdant ! »… et à toute sorte d’attitudes sectaires et plus intransigeantes les unes que les autres. / [Or,] la biologie et l’écologie nous montrent qu’il n’existe pas d’oppositions aussi tranchées dans la nature. Toute relation ou équilibre sont fondés sur la pluralité, la diversité et la causalité mutuelle. Il n’y a pas de logique d’exclusion ou de l’opposition, mais une logique de l’association et de la complémentarité. / Une attitude et un sentiment religieux basés sur une vérité non seulement compatible, mais en parfait accord avec la connaissance objective du monde, sont non seulement possibles mais voient actuellement le jour et tendent à se répandre. / A l’économie de survie des sociétés primitives a succédé l’économie de croissance des sociétés industrielles. A cette économie de croissance succédera nécessairement une économie dite d’équilibre ou de régulation des sociétés postindustrielles. / L’économie d’équilibre qui caractérisera très certainement les sociétés futures sera une économie « régulée ». Certains secteurs pourront passer par des phases de croissance ; d’autres seront maintenus à l’équilibre dynamique ; et d’autres encore à un taux de croissance « négative ». Mais « l’équilibre » de cette économie résultera de l’harmonie de l’ensemble. Comme pour la vie, cet état stationnaire constituera un déséquilibre contrôlé. / Il reste un espoir que quelque chose peut être sauvé. Parce qu’il existe en chacun une capacité unique de création ; et parce que l’issue est dans la création collective.