106 (faiblesse des expériences; si Dieu existait, cela devrait se voir; si Dieu voulait que je croie ce serait vite fait
--argument de Russell.
C’est pas si simple. D’abord Dieu est transcendant. Nous sommes des animaux raisonnables et pour St Thomas l’objet propre de notre intellect est la nature des choses sensibles, Dieu ne pouvant être qu’objet indirect. Vouloir que nous connaissions directement Dieu c’est vouloir que l’homme ne soit pas un animal raisonnable (un animal surtout en ce cas ci) mais autre chose, donc c’est vouloir que l’homme n’existe pas, ce qui serait encore pire. La question de CS équivaut à se scandaliser que les arbres ne connaissent pas Dieu; mais s’ils le connaissaient ils ne seraient plus des arbres.
Il est vrai que des prophètes, par hypothèse, ont un accès spécial, mais justement c’est par un don exceptionnel particulier et surnaturel, un privilège magnanime, qui doit rester ainsi si l’homme est l’homme. CS peut certes regretter de ne pas être un prophète, mais il ne peut dire que cela devrait être le cas de l’homme en général et qu’ainsi Dieu devrait se voir (un être invisible!)
107 (Dieu est invisible, donc, puisqu’il est tout puissant, il refuse de se montrer; on dit pour nous laisser libre
--La nature des choses est la bonne raison, la liberté est une raison secondaire. Elle n’est pas indéfendable. L’idée est que la foi , pcq sous motion de la volonté, est plus méritoire que le savoir, pcq en croyant Dieu on montre une attirance, un respect pour lui. La foi n’est pas seulement une vertu (au sens de disposition) intellectuelle mais aussi morale car elle est aussi un rapport avec (en ce cas ci par hypothèse) une personne. Ici la philo existentielle a un point d’application : croire intellectuellement un témoin pcq il est fiable (compétent et véridique) c’est un tout petit peu moins que le croire en plus pcq on le respecte et on l’aime.
https://www.forum-religion.org/viewtopic.php?t=68890
112 (expérience mystique est non controlable; l’autosuggestion est moins improbable que le surnaturel. Ou il veut se cacher , ou il n’existe pas
--Pour la cachette on a vu.
Certes l’expérience mystique n’est pas et n’a jamais été une preuve démonstrative. Cependant elle peut être un indice parmi d’autres, si p.ex. elle est accompagnée d’héroisme moral (du pt de vue de la philo morale), ou ,encore une fois de crédibilité, générale du mystique.
A cet endroit CS aurait du s’étendre davantage sur l’usage philosophique (en une sorte d’approche empirique-existentielle) de la mystique que Bergson développe dans les 2 sources de la morale et de la religion
https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Deux_ ... a_religion
Il considère, sur base de philo morale (ce que Kant et la tradition appellent une « preuve « morale donc) dite « ouverte », la haute crédibilité des mystiques authentiques. CS à ce sujet ne distingue pas suffisamment sa raison de ne pas savoir des raisons de croire, et n’analyse pas le fait qu’une non-preuve peut très bien constituer un bon fondement. Dire que ca ne prouve pas sans plus fait l’effet d’enfoncer une porte ouverte tout en négligeant le caractère d’indice à base moral comme le fait Bergson.