Partie 4 Saint Esprit

Au fil des siècles issu de la Réforme et connue comme l'Adventiste, le Pentecôtisme, le Baptisme, ou différentes communautés.
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francis

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Partie 4 Saint Esprit

Ecrit le 20 déc.03, 20:13

Message par francis »

4. 7.4 [Romains 8 — En Christ]
1. 7.4.1 [La délivrance en Christ]
C’est ce que l’apôtre nous présente dans les premiers versets du chapitre 8 des Romains : «Il n’y a donc maintenant aucune condamnation», proclame-t-il, parce qu’il n’envisage que Christ ; il «est» et se repose en Lui seul. Telle est la première et bienheureuse réponse à l’âme qui confesse sa misère et réclame un libérateur. Réveillé pour sentir que ce n’est pas le pardon seul qu’il lui faut, mais bien d’être délivré de soi-même, l’homme découvre que cette délivrance est dans Un Autre. Il s’était imaginé jusque-là qu’ayant obtenu le pardon en Christ, il lui fallait se délivrer par l’opération intérieure de l’Esprit de Dieu. Mais au moment même où son secours lui était le plus nécessaire, il a appris que l’Esprit Saint, non seulement ne l’aidait pas, mais le rendait profondément misérable. La raison en est claire : en fait il s’était placé sous la loi. Et le Saint Esprit — précisément parce qu’il est l’Esprit de Dieu descendu pour glorifier Christ — ne donnera jamais la puissance à l’homme tant que celui-ci cherchera à mettre la loi à la place de Christ ; au contraire, il lui fera éprouver son impuissance totale. Le Saint Esprit est descendu du ciel sur la terre pour glorifier le Seigneur et non pas la loi.
C’est dans les gémissements que le croyant du chapitre 7 avait appris l’impossibilité de se délivrer lui-même. Réduit à se tourner vers le Libérateur, la conclusion qu’il en tire c’est qu’«il n’y a donc maintenant aucune condamnation» — non pas pour ceux pour lesquels Christ mourut — mais «pour ceux qui sont dans le Christ Jésus». Nous sommes maintenant par grâce établis dans un Autre : Christ ressuscité. Voilà ce qui détermine notre condition devant Dieu. Rien ne peut être plus béni. La comparaison suivante pourra aider à s’en faire une faible idée. Prenez un homme noble, dont les sentiments sont à la hauteur de sa situation sociale. Il fait choix d’une femme et il lui plait de la prendre dans un milieu tenu pour indigne. Qu’en résulte-t-il ? Celle qu’il a choisie et qui devient sa femme acquiert de ce fait, publiquement, l’état propre à son mari, et tous les antécédents, la misère, l’humiliation disparaissent entièrement. Aux yeux de tous la femme prend un nouveau nom, celui de son mari ; le sien propre est à jamais abandonné. Il en est de même pour ceux qui sont dans le Christ Jésus. Quelle est leur place ? Là où Lui se trouve. Ma position ne peut être celle de Jésus marchant sur la terre. En tant qu’exemple parfait nous sommes invités à le suivre, mais il «demeure seul». S’il n’y avait eu que sa vie, j’aurais été à jamais exclu. Mais Christ est mort, bien plus, il est ressuscité, il peut me donner son Esprit. Sa mort a agi de deux manières à l’égard du mal : les péchés ne sont plus, mais aussi la nature même est jugée, saintement et justement. Dès lors, Dieu peut révéler la nature nouvelle qu’il a donnée, et conférer une position correspondante.
Christ ressuscité est le seul chef de la famille de Dieu (à l’exception de l’allusion au «seul corps en Christ» que nous trouvons en 12:5), l’épître aux Romains ne va pas au-delà de la famille). Or ici je trouve la demeure et la condition de cette famille devant Dieu, comme résultat de la mort et de la résurrection de Christ. «Me voici, moi, et les enfants que Dieu m’a donnés», déclare Jésus ressuscité (Héb. 2:13). La grâce fait participer la famille tout entière à l’état même de Christ. Et quel en est le résultat pour eux ? «Aucune condamnation». Christ avait souffert pour le chrétien, et maintenant qu’Il est ressuscité, le chrétien, pour ainsi dire, fait partie de la justice de Dieu, ainsi que 2 Corinthiens 5:21 l’affirme avec plus de force encore. Comment Dieu pourrait-il, en justice, exiger une seconde fois le paiement de la même dette ? Et désormais Christ est entré dans cette position où il pouvait avoir avec Lui ses rachetés, identifiés avec sa propre bénédiction devant Dieu, bénédiction caractérisée par le fait qu’il n’y a «aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus».
2. 7.4.2 [La loi de l’Esprit de vie en Christ m’a affranchi]
Et puis vient la raison : ce que l’apôtre appelle «la loi de l’Esprit de vie». Remarquons bien que le sang de Christ n’est pas tout ce dont nous avons besoin. Si efficace qu’il soit pour faire disparaître les conséquences de notre ancienne condition, ce n’est pas ce sang qui nous donne une position nouvelle devant Dieu. Certes, sans son précieux sang, je ne pourrais jamais entrer dans cette condition nouvelle. Mais ce qu’il me faut ce n’est pas seulement le sang qui nettoie les péchés de ma vie passée, mais encore l’affranchissement complet hors de l’ancienne condition et une place sainte, sûre et joyeuse dans la création nouvelle. Et qu’est-ce qui peut produire cela ? Christ mort et ressuscité. De même que c’est lui qui a été la parfaite propitiation pour les péchés ; qui, plus que cela, fut jugé pour le péché ; de même c’est lui qui est le Modèle béni et la puissance du nouvel état en résurrection. Il est le chef et la source de toute la bénédiction. Voilà pourquoi lorsqu’il fut ressuscité des morts, après avoir, au prix de son sang, acquis les bénédictions les plus chères et les plus hautes, il souffla en ses disciples : sa personne adorée en accorde le signe. Le jugement était tombé sur Christ au lieu de tomber sur nous ; le péché était aboli, la mort vaincue ; rien ne peut affecter la vie nouvelle qui est en Christ. Ce n’est pas qu’un chrétien ne puisse tomber dans le péché, comme il peut aussi mourir. Mais ce n’est pas parce qu’il possède la vie nouvelle qu’il pèche ou qu’il meurt. Il pèche, parce qu’il a cédé à la vieille nature ; il meurt, parce qu’il plaît à Dieu que Jésus ne vienne pas encore. La vie que le chrétien obtient de Jésus ne pèche, ni ne meurt. C’est une vie sainte, au sujet de laquelle Dieu peut déclarer : «Quiconque est né de Dieu ne pratique pas le péché» (1 Jean 3:9). De même, quant à la nature nouvelle, le chrétien ne meurt pas, puisqu’il n’a rien moins que la vie éternelle du Christ. Mais répétons que toute cette délivrance n’est au profit que de l’homme intérieur. Quant à l’âme, la réconciliation est complète ; mais pour ce qui regarde le reste de notre être, elle n’est que partielle. Et Dieu ne se contentera jamais de ce qui n’atteint pas à ses propres conseils. Il se propose de nous affranchir complètement, et cet affranchissement sera digne de Lui-même, du Saint Esprit, de Christ et de sa rédemption.
Plus loin, l’apôtre donne la raison pour laquelle la loi de l’Esprit de vie en Christ a affranchi le chrétien de la loi du péché et de la mort. Il dit : «Ce qui était impossible à la loi, en ce qu’elle était faible par la chair», Dieu l’a fait. Remarquez que la loi et la chair vont naturellement ensemble : la loi, dit l’apôtre, était faible par la chair. Pour répondre à cette impuissance, Dieu a envoyé son propre Fils en ressemblance de chair de péché. Né de femme, mais par puissance surnaturelle, cet Être béni n’a pas refusé de se trouver dans un monde souillé par le péché. Il n’est venu qu’«en ressemblance de chair de péché», et pourtant il est véritablement né dans le monde ; condition nécessaire pour qu’il participe à la nature humaine. Celui qui était Fils de Dieu devient homme aussi véritablement qu’il était Dieu de toute éternité, et meurt dans la nature qu’il avait prise, meurt pour l’homme, meurt pour glorifier Dieu quant aux péchés de l’homme ; plus encore, il meurt non seulement pour les péchés, mais pour le péché. Dieu a «envoyé son propre Fils en ressemblance de chair de péché, et pour le péché». Ce n’est pas seulement d’une accumulation de péchés mais de la nature même qu’il est ici question. Le pardon de mes péchés m’est indispensable et je le possède ; mais comment pourrais-je désirer que Dieu pardonne à ma mauvaise nature ? Je ne lui pardonne pas moi-même ! Non, ce qu’il me faut, c’est que cette nature soit condamnée et que moi je sois affranchi. Et c’est là exactement le caractère du nouvel état dans lequel Christ nous introduit et nous place devant Dieu. Quant à l’âme, c’est la liberté parfaite ; la délivrance, non seulement de ce que j’ai fait, mais de ce que je suis. De sorte que, comme chrétien, je n’ai plus affaire avec la responsabilité qui s’attache à l’homme mortel ; je suis déjà passé à un état nouveau, lors même que je suis encore dans le monde. Avant de quitter les choses d’ici-bas, j’ai déjà acquis par grâce une relation nouvelle envers Dieu. Et Celui qui proclame cette relation, qui l’établit, qui en est le modèle, c’est Jésus dans la présence de Dieu. Telle est, en vertu de la rédemption, la place du croyant ; et elle appartient à tous les chrétiens.
3. 7.4.3 [Les états de Romains 7 et 8 sont incompatibles]
La question sérieuse est de savoir si nous occupons cette place réellement et d’une manière consciente. Selon l’Écriture, nul ne peut douter que Dieu n’ait véritablement destiné cette position aux siens. Mais la foi devrait y entrer dès à présent, la réaliser en regardant à Christ. C’est se tromper soi-même et se méprendre sérieusement sur la parole de Dieu, que de supposer que l’homme puisse au même instant être engagé dans la lutte entre le mal et le bien, décrite au dernier verset de Romains 7, et jouir de la liberté de Romains 8. Un homme peut-il être au même instant esclave et libre ? Ce sont deux états qui se contredisent et s’excluent mutuellement. Personne ne peut être à la fois misérable et heureux, à la fois «affranchi de la loi du péché et de la mort» et «charnel», «vendu au péché». Mais après avoir été «misérable», on peut dire : «Je rends grâces à Dieu».
On peut être accablé sous des épreuves répétées, tout en jouissant de la paix dans le Saint Esprit ; on peut avoir la paix avec Dieu et souffrir pourtant profondément à cause de l’état du monde et de celui du peuple de Dieu. Cette douleur pleine de grâce pesait sur notre bien-aimé Sauveur ici-bas, et provoquait ses soupirs. Or nous pouvons et devons connaître la communion de ses souffrances. Mais ces soupirs n’étaient pas ceux de quelqu’un à qui manquait la paix de Dieu. La communion ininterrompue est précisément ce que posséda sans cesse le Seigneur Jésus dans les jours de sa chair. Ne dit-Il pas, en effet : «Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix» ? Eh bien, cette paix est maintenant notre part. Elle a été faite par son sang, établie pour nous dans la puissance de sa résurrection ; mais nous n’en jouissons qu’après avoir laissé derrière nous les tourments décrits dans le chapitre 7. Hélas, combien d’âmes vivifiées s’attachent encore à la loi et se font un devoir de travailler comme des galériens à la rame de cet amer esclavage, alors que Dieu les appelle à la liberté du Christ ! Elles ne sont pas mortes à la loi. La mort de Christ nous place absolument en dehors de cette condition-là. Si un homme emprisonné pour ses dettes vient à mourir, la justice ne peut plus rien exiger de lui. Tant qu’il est en vie, la loi s’applique à lui ; mais que la mort survienne, et il est impossible dès lors que la justice le retienne. Pour le chrétien, il en est précisément de même.
Certains traitent tout cela de mysticisme. Sans doute est-ce dans un style figuré que l’apôtre nous parle, mais c’est pour rendre plus expressive une bienheureuse réalité. Ceux qui n’y croient pas en toute simplicité se privent de la certitude et de la puissance qui en découlent. Prendre la loi comme règle de vie, c’est éprouver aussitôt son esclavage. La loi est la force du péché et non de la sainteté. C’est la défaite qui en est la fin, non la victoire. Ce n’est jamais ainsi qu’on trouve la force ; celle-ci est le fruit de la grâce et non pas de la loi. Quand une âme est ainsi sous la loi, plus le Saint Esprit agit sur la conscience, et plus cette âme est malheureuse ; il s’ensuit que ce sont souvent les plus consciencieux qui en sont là. Osera-t-on affirmer que c’est là ce que Dieu veut ? Est-ce bien son oeuvre qu’un chrétien pieux et consciencieux demeure privé d’une joie paisible et du repos en Christ ? Qu’est-ce qui explique un état si étrange, sinon le fait que l’âme n’a jamais compris la condition de mort à la loi dans laquelle Christ voulait l’établir ?
La mort au péché par la mort de Christ est une vérité essentielle du christianisme. Celui qui borne l’évangile au pardon par le moyen du sang de Christ, qui, dans l’oeuvre de Jésus, n’admet rien de plus que sa mort pour les péchés, celui-là n’a pas saisi le côté positif du christianisme. Savoir que toutes mes oeuvres mauvaises et ma culpabilité sont entièrement effacées est une immense bénédiction de la part de Dieu ; mais cela tout seul est comparativement négatif, et explique pourquoi tant d’enfants de Dieu s’acharnent à établir un terrain positif de justice à partir de la vie de Christ prise pour modèle. Or le côté positif existe aussi bien que le côté négatif ; seulement il se trouve au-delà de la croix, dans la résurrection — et non pas sous la loi, avant la mort de Christ.
Ainsi le chrétien apprendra qu’il a besoin de tout ce que Dieu lui a donné — y compris cette précieuse vérité. Être mort à la loi est une partie essentielle de la bénédiction du chrétien. L’ignorer, c’est méconnaître tout le côté positif du christianisme révélé dans les Romains depuis le verset 12 du chapitre 5 jusqu’au chapitre 8. Je ne parle même pas des épîtres aux Colossiens et aux Éphésiens, épîtres qu’on ne doit jamais s’attendre à voir comprises par ceux qui se retranchent sur le terrain de la loi. Je limite mon sujet à ce dont le chrétien a besoin pour la liberté et l’affermissement de son âme. Remarquez que, jusqu’à ce que nous en soyons arrivés là, il n’est pas question de victoire ni d’être «plus que vainqueurs», la joie et les soupirs de l’Esprit, ce travail intime de Dieu dans l’âme, sont absents jusqu’à ce qu’on soit solidement affermi sur le terrain précieux où nous placent la mort et la résurrection du Seigneur Jésus Christ. Que Dieu garde ses enfants d’abandonner ce qu’il a fait et déclaré pour leur délivrance et pour la victoire pratique ! L’Écriture est bien claire : comme toujours l’obscurité et les difficultés viennent d’ailleurs : de ce que le coeur recule devant une condamnation de la nature sous toutes ses formes.
5. 7.5 [Est-ce encore réalisable ?]
Les jours sont-ils mauvais ? Raison de plus pour tenir ferme ! Que trouvons-nous dans la 2° épître de Pierre et dans celle de Jude, deux portions de la parole de Dieu qui ont particulièrement en vue un jour de déclin, de méchanceté croissante, et même d’apostasie ? Que les saints sont abandonnés au déclin comme à une chose inévitable ? Point du tout ! C’est dans ces épîtres-là plus que dans toutes les autres que nous sommes exhortés à croître et à avancer dans la vérité de Dieu. Telles sont les ressources de la grâce pour un jour de ténèbres de plus en plus profondes. Considérons, chers amis, comme l’oeuvre de l’Ennemi tout ce qui contribue à affaiblir, à effacer une vérité à la fois si simple et si fondamentale se rattachant même à notre baptême.
6. 7.6 [3 catégories d’hommes : spirituels, charnels, naturels]
Comment donc décrire cette position nouvelle où le Seigneur Jésus place le chrétien ? Selon le Nouveau Testament, il n’y a pas deux, mais bien trois conditions dans lesquelles l’homme peut se trouver. J’y insiste car c’est une question de foi aussi bien que de pratique. Il n’est pas vrai que, si l’on n’est pas un homme spirituel, on doive nécessairement être un homme naturel. Ce dernier état est évidemment celui de quelqu’un dont les péchés ne sont pas encore remis — qui est simplement enfant d’Adam, sans rien posséder d’autre que la nature déchue.
Quand une telle âme est convertie par la grâce de Dieu, elle reçoit une nouvelle nature, et, sur le pied de la rédemption, elle est amenée à Dieu. Mais tout homme ainsi réconcilié avec Dieu n’est pas nécessairement un homme spirituel. Ceux qui sont spirituels (ou parfaits selon Philippiens 3:15 et d’autres passages) sont ceux qui ne sont pas «dans la chair, mais dans l’Esprit», comme s’exprime l’apôtre Paul.
Parlant aux saints de Corinthe, malgré la gravité de leurs fautes, l’apôtre ne leur dit pas qu’ils sont des hommes naturels. Il pose ce principe : «l’homme animal (ou naturel : Jude 19 note) ne reçoit pas les choses qui sont de l’Esprit de Dieu». Ce n’est nullement ainsi qu’il désigne les saints ; mais il leur parle comme à de petits enfants non encore parvenus à la maturité spirituelle, en sorte qu’au lieu de pouvoir les entretenir des choses profondes de Dieu, il est contraint de les nourrir du lait qui convient à leur état. Et qu’étaient-ils donc ? «Des hommes charnels». Il s’ensuit que les hommes sont ou naturels ou charnels ou spirituels. C’est là une vérité bien humiliante. On comprend facilement que les hommes ne l’aiment pas ; ils craignent, si les croyants peuvent être charnels, sans être des hommes naturels, qu’on ne les estime pas, eux, comme spirituels. Faites allusion à une action du Saint Esprit qui soit distincte de la nouvelle naissance, et ces personnes-là dressent l’oreille. Elles refusent d’entendre parler de ses opérations qui sont distinctement chrétiennes, comme si l’assertion de privilèges si brillants devait les priver de ce qu’ils ne possèdent pas au lieu de leur faire sentir le manque de ce qu’ils devraient posséder. N’est-ce pas là le moyen de rectifier le mal, et d’obtenir de Dieu qu’il supplée à ce qui fait défaut ?
7. 7.7 [Les causes de retard spirituel]
1. 7.7.1 [Erreurs diverses]
Eh bien, il y a plusieurs causes qui retardent le progrès spirituel du croyant. La première est qu’il n’ait pas encore la conviction intime que, dans sa chair, il n’existe absolument que le mal, ni la foi que la chair a été complètement jugée dans la mort de Christ. Un tel chrétien ne peut vraiment être considéré comme spirituel, tout en ayant peut-être un sentiment bien profond de l’amour de Christ. Mais une autre difficulté peut se présenter : non plus la loi, mais la sagesse de la chair. Attribuer de la valeur aux pensées de l’homme, admirer ses capacités, se laisser influencer par la philosophie de ce monde, sous une forme ou sous une autre, c’est également être charnel. Ceux qui sont spirituels manifestent les caractères moraux du second homme ; et, quant au premier, ils désirent non le cultiver, mais le mortifier. Loin d’admirer la chair, le chrétien spirituel la traite en chose morte, en sorte qu’il reçoit de Dieu la puissance d’échapper à cette emprise de la gloire de l’homme.
2. 7.7.2 [L’attrait du monde]
Le piège dans lequel Satan cherche toujours à entraîner les enfants de Dieu, c’est de leur faire croire qu’ils peuvent saisir d’une main les privilèges chrétiens tout en retenant fermement de l’autre ce qu’ils souhaitent des aises de ce monde. Il est clair que le coeur et la conscience du croyant doivent repousser de telles pensées et un tel comportement. Du reste, le monde lui-même le comprend : qu’un enfant de Dieu soit découvert là où il ne devrait pas être, les autres exprimeront leur étonnement qu’un chrétien puisse se trouver là. N’est-ce pas profondément humiliant pour un chrétien d’étonner le monde de cette manière-là ? — se permettant, lui, une liberté qui, d’après le sentiment des hommes en général, convient si peu au nom de son Maître ? Le monde sait apprécier une conduite conséquente. Il peut inciter le chrétien à le suivre dans ses occupations et ses plaisirs ; il peut souligner le rôle social et exemplaire que le chrétien pourrait remplir utilement en aidant à bien diriger le monde, en siégeant dans ses sénats, dans ses tribunaux, et en exerçant l’autorité dans toutes les sphères imaginables. Or, sans aucun doute, il est fort agréable à la chair de participer à la dignité et au pouvoir ! Mais n’est-ce pas précisément ce que Christ a formellement interdit aux siens aussi bien par l’esprit de son enseignement que par son exemple ? Il est mort et ressuscité afin de nous retirer de ce présent siècle mauvais. Au milieu de notre humble sort, sa grâce peut nous rendre heureux et contents des circonstances, quelles qu’elles soient, qu’il a plu à Dieu de nous départir. Dans un monde tel que celui-ci, puissions-nous estimer Christ à un tel prix, et jouir si pleinement de la place que Dieu nous a faite en Christ, que nous ne soupirions qu’après Sa volonté et Sa gloire.
3. 7.7.3 [La loi — les bonnes résolutions qu’on ne tient pas]
En troisième lieu, nous l’avons vu, aussi longtemps qu’un homme travaille et lutte sous la loi, livré à ses propres forces, il est toujours faible à cause de la chair. Il prend des résolutions qu’il n’est pas capable de tenir ; il fait des efforts considérables, mais au bout de chaque journée, il est contraint de reconnaître que ce qu’il voulait, il ne le fait pas, et ce qu’il ne voulait pas, il le fait. Il passe ainsi son temps à se repentir et à pécher, à pécher et à se repentir. Telle est la condition invariable d’un homme sous la loi. Mais est-ce celle du chrétien ? L’état de bien des enfants de Dieu y ressemble en fait, mais c’est entièrement anormal et contraire à ce que suppose l’Écriture chez tous les rachetés du Seigneur. En faisant valoir que ce n’est pas là une condition chrétienne, je ne prétends pas qu’aucun chrétien ne puisse s’y trouver, mais seulement que cet état est tout l’opposé de ce que notre Dieu nous accorde et de ce qu’Il attend de nous. Un enfant de Dieu peut être dans un état qui ne répond pas à la grâce qui lui a été témoignée. Mais quelle intention de Dieu se discerne dans toutes les épîtres ? Il veut que, par le moyen du Saint Esprit agissant par la Parole, je m’empare de la place qu’il m’a donnée, de manière à m’établir dans une paix stable et dans la joie véritable du coeur. Pour le témoignage pratique, cela est de la plus haute importance. En tant que vase du Saint Esprit, Dieu veut que je sois toujours occupé à rendre témoignage à Christ dans ce misérable monde. Voilà la raison principale de tant de bénédictions octroyées par la grâce, grâce qui veut que nous les connaissions et que nous en jouissions pleinement.
8. 7.8 [La position «dans l’Esprit» : l’Esprit habite dans le croyant]
Ce qui précède explique ce que c’est qu’être «dans l’Esprit», position qui est à la fois la conséquence et la preuve du fait que le Saint Esprit habite en nous. Ce n’est pas l’Esprit agissant sur l’âme pour y produire la foi ; c’est l’Esprit habitant en celui qui croit. «Vous n’êtes pas dans la chair, mais dans l’Esprit, si du moins l’Esprit de Dieu habite en vous ; mais si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ, celui-là n’est pas de lui» (v. 9). C’est là ce qui caractérise celui qui est de Christ. Sans Son Esprit, on n’est pas revêtu de l’empreinte de son caractère essentiel. C’est le Saint Esprit, et non seulement la nature humaine, qui distingua Christ dès sa conception ; de même, au temps convenable, il fut scellé par l’Esprit, et jamais il n’agit que «dans l’Esprit». Il en est ainsi du chrétien. De même qu’il vit par l’Esprit, il est appelé désormais à marcher par l’Esprit. Il ne s’agit pas de ne pas être perdu, — ce n’est pas là la force de l’expression du verset 9 (fin) du chapitre 8 — mais bien d’être distinctement de Christ, même ici-bas. «Mais si Christ est en vous, le corps est bien mort à cause du péché, mais l’Esprit est vie à cause de la justice».
L’homme qui est converti mais tourmenté sous la loi n’a aucun sentiment d’une telle position, aucun pouvoir de tenir le corps pour mort. Tant qu’il est dans cet état, l’Esprit lui donne la conviction du péché, et non pas la force de glorifier Dieu en paix. Mais qu’il accepte simplement la condamnation de Dieu sur la chair, trouvant en Christ une entière délivrance, aussitôt l’Esprit le fortifie intérieurement. Non seulement il est affranchi, mais il peut encore user de sa liberté en puissance pratique. Il y a plus encore : «Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité le Christ d’entre les morts vivifiera vos corps mortels aussi, à cause de son Esprit qui habite en vous» (v. 11). C’est là la pleine délivrance garantie même pour le corps, et la réponse complète à la question soulevée dans la détresse du chapitre 7, verset 24.
Ainsi donc, l’Esprit Saint qui rend témoignage de la rédemption n’assure pas seulement mon état présent en Christ mort et ressuscité devant Dieu ; tandis que je regarde à Christ, il est encore le gage divin que ce corps mortel sera pénétré de cette vie dont je jouis déjà dans mon âme. Car ce n’est pas seulement comme Fils de Dieu que j’envisage Christ, mais comme ressuscité selon la justice et par la gloire du Père. En grâce, il descendit et mourut ; désormais il est ressuscité en justice et assis à la droite de Dieu. Et nous jouissons pleinement des justes et glorieuses conséquences de l’oeuvre infinie qu’il accomplit en grâce. Jadis esclaves du péché et de Satan, nous qui maintenant croyons en lui sommes affranchis par Dieu selon la liberté même de Christ — pour l’âme d’abord, puis pour le corps quand Lui-même viendra nous réveiller. L’Esprit est le sceau de l’une de ces deux parties de notre bénédiction et les arrhes de l’autre.
Christ est-il ma portion ? C’est lui-même qui détermine l’étendue de la justification. Elle est réellement aussi parfaite que Christ devant Dieu. Quelle mesure devant Dieu que Christ lui-même ! C’est pourquoi il est déclaré que «nous sommes devenus justice de Dieu en Lui».
Avec cette justice pour base, l’Esprit Saint vient dès maintenant non seulement agir mais habiter en moi ; de là, il anticipe le jour radieux de la gloire, et, en attendant, me donne la puissance dans la mesure même où je tiens pour morte la vieille nature et fais de Christ mon tout. Voilà donc la réponse complète pour celui qui crie après un Libérateur. L’âme est d’abord émancipée ; plus tard, le corps aussi sera vivifié. En attendant, l’Esprit Saint prend sa place bénie, non seulement par rapport à l’âme, mais aussi par rapport au corps. Lorsque aura lieu, bientôt, la résurrection du croyant, elle ne s’effectuera pas sans le Saint Esprit. C’est le Fils qui donne la vie, mais il le fait par l’Esprit qui a sa part dans toutes les parties de la bénédiction que reçoivent l’âme et le corps. Qu’il est doux, qu’il est glorieux de posséder ainsi l’Esprit de Dieu s’identifiant avec chaque partie de la bénédiction ! Combien il est grave d’attrister le Saint Esprit de Dieu par lequel nous avons «été scellés pour le jour de la rédemption» ! Mais ce n’est pas tout ! Assurément le Saint Esprit n’a pas encore ressuscité nos corps mortels ; néanmoins il opère en nous déjà, inspirant le cri : «Abba, Père». C’est là l’action première, l’action propre du Saint Esprit quand le croyant a bien compris la délivrance. Elle oriente l’âme vers Dieu, et elle est l’action de l’Esprit comme Esprit filial ou d’adoption. Ce n’est donc pas dans la bénédiction seule que l’âme se réjouit, mais dans la source d’où elle a découlé : aussi l’expression est-elle bien : «Abba, Père».
Et ce n’est pas seulement de cette manière qu’opère le même Esprit qui habite en nous. Il donne la certitude que nous serons bientôt délivrés ; bien plus : Il soupire en nous ; et ce sont «des soupirs inexprimables». Ce n’est pas parce que je ne suis pas affranchi que l’Esprit de Dieu pousse ces soupirs, mais justement parce que je le suis. Il est vrai que je ne suis délivré encore qu’en partie. Si l’Esprit soupire en moi, c’est parce que, affranchi dans mon âme, je sens l’état contraire de mon être extérieur et de tout ce qui m’entoure (conflit qui auparavant ne m’était pas sensible). Et mon coeur envisage le jour où la création même sera affranchie de la servitude de la corruption pour entrer dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu. La liberté de la grâce de Dieu, je la possède déjà ; la liberté de la gloire, pour le corps même, sera à moi tout à l’heure. Notre place bénie est celle que prend l’Esprit en tant que Personne, distincte de la nouvelle nature. Mais en même temps le Saint Esprit donne son nom, pour ainsi dire, à la condition dans laquelle je suis introduit comme âme affranchie, comme chrétien, en vertu de la mort et de la résurrection de Christ ; et ainsi je suis dans l’Esprit en même temps que l’Esprit habite en moi.
Il n’est pas possible dans cette courte esquisse d’envisager toutes les applications d’une aussi grande vérité. Mon propos était principalement de traiter la question, généralement peu comprise, de l’Esprit comme condition dans laquelle nous nous trouvons à présent. La vérité qui nous est la plus familière est probablement celle de l’Esprit de Dieu habitant en nous. Mais celle que nous avons considérée n’est pas de moindre importance et elle a pour la pratique de notre vie chrétienne d’incalculables conséquences.

8. 8 Méditation 8 — «Baptisés d’un seul Esprit pour être un seul Corps» — 1 Corinthiens 12:13
Je me propose maintenant de parler de quelques-uns des puissants effets de la présence du Saint Esprit. L’un de ces effets est ici désigné comme son baptême, par lequel il forme un corps nouveau et uni : le corps de Christ sur la terre. Non seulement cette vérité appartient exclusivement au Nouveau Testament, mais, même dans le Nouveau Testament, sa révélation pour nous en est confiée à un seul apôtre. On ne la trouve que dans les écrits de Paul. Je ne prétends pas que l’Église, le corps de Christ, n’existait pas avant que Dieu ait suscité cet apôtre pour faire connaître cette grande vérité. Mais tandis que le mystère de Christ et de l’Église fut révélé par l’Esprit aux saints apôtres et prophètes, il ne fut annoncé que par un seul d’entre eux.
1. 8.1 [La préparation de Paul en vue de ses écrits]
Or l’histoire de Paul, telle que l’Écriture nous la présente, montre combien il était propre pour l’oeuvre que Dieu lui confiait. Il avait été ennemi tant que le témoignage de Christ glorifié en haut était limité au peuple juif. Il fut un témoin consentant du martyre d’Étienne, l’émissaire actif des Juifs dans la persécution des croyants non seulement à Jérusalem mais de ville en ville. Et dans l’ardeur de la haine qu’il portait au nom de Jésus, il avait reçu des lettres des plus hautes autorités religieuses, afin de poursuivre implacablement les chrétiens sous le couvert de la religion. C’était un moment où les voies de Dieu envers la terre prenaient un autre cours. La bénédiction ne descend plus vers Jérusalem, mais en découle. Tout ce qui constituait alors la vraie gloire est foulé aux pieds ou dispersé. L’Esprit de Dieu regarde, pour ainsi dire, en dehors ; il bénit les anciens ennemis de Jérusalem. Non seulement il opère parmi les Samaritains (et nous savons leur jalousie à l’égard de Jérusalem), mais même envers un étranger venu d’un pays lointain. L’eunuque éthiopien est recherché par le Seigneur qui le rencontre en grâce en dépit de sa complète ignorance, et le renvoie son chemin tout joyeux, non pas montant à Jérusalem, mais s’en éloignant vers sa demeure lointaine.
C’est à ce moment critique qu’il plaît à Dieu d’appeler Saul de Tarse sur son chemin vers Damas. Lui aussi s’éloignait de Jérusalem, plein de fureur persécutrice contre ceux qui confessaient le nom de Jésus. Plongé dans les ténèbres quant à la véritable grâce de Dieu et pourtant avec bonne conscience, il poursuit la mission de douleur, de honte et de mort dont l’avaient chargé les chefs religieux poussés par Satan. Le voici soudainement renversé par une lumière plus brillante que le soleil en plein midi ; aveuglé et en même temps rendu capable de voir surnaturellement le Seigneur de gloire et d’entendre sa voix. Il est appelé non seulement comme saint, mais aussi comme apôtre : invité non pas simplement à goûter la grâce dont il devait être un témoin si remarquable, mais à servir dans le ministère, avec l’autorité du Seigneur. Il devient son ambassadeur non seulement pour cette seule journée, mais en tout temps, non seulement pour un peuple, mais pour tous les pays sous le ciel. À cet homme béni fut donnée, dans les paroles mêmes qui convertirent son âme, la substance de la grande vérité qui est l’objet de notre présente méditation. Il apprit, à son grand effroi, de Celui qu’il ne pouvait pas douter être le Seigneur, non seulement qu’il était Jésus — vérité merveilleuse qui confondit son coeur — mais que ce Seigneur glorifié, Jésus de Nazareth, qui avait été crucifié, s’identifiait avec les objets de son implacable persécution : «Je suis Jésus que tu persécutes». L’union de Christ avec ses rachetés, autrement dit l’Église, était ainsi révélée pour la première fois. Et celui à qui était faite cette révélation se trouvait par là qualifié pour la développer dans ses écrits et l’appliquer d’une manière pratique. Son ministère consisterait à poser les fondements de l’Église de Dieu, à insister sur son caractère céleste comme corps de Christ, et à combattre pour la gloire de Dieu en elle. Cela devenait sa vie ; c’est à cela désormais que Dieu l’appelait par Jésus Christ notre Seigneur.
C’est Paul qui, aussitôt après sa conversion, commence à prêcher le Seigneur Jésus, non seulement comme le Christ, mais comme le Fils de Dieu (Actes 9) — autre grand point de ses écrits. Je ne dis pas que cette doctrine soit aussi caractéristique de Paul, ou tout au moins lui appartienne aussi exclusivement que celle du Corps de Christ ; mais je la fais remarquer pour montrer la largeur des voies de Dieu développées par le bienheureux apôtre. Quoique l’Église de Dieu se rattache directement davantage à Christ comme l’Homme exalté, n’oublions pas que Celui qui est l’Homme exalté dans le ciel est le Fils ; et Dieu ne manque pas d’insister sur cette relation de Christ avec lui-même, aussi bien que sur celle dans laquelle le Seigneur se tient pour nous comme homme à sa propre droite. Bref, l’apôtre n’est pas conduit par l’Esprit à insister uniquement sur ce que d’autres ont dit avant lui. Il n’attire pas simplement, comme Pierre, l’attention sur le fait que Jésus a été fait Seigneur et Christ ; il ne parle pas de Lui comme le saint serviteur de Dieu (Actes 3 et 4). Non, Paul prêche immédiatement dans la synagogue que Jésus est le Fils de Dieu. Le Saint Esprit l’a rendu capable de saisir ce qui ne nous est pas déclaré lui avoir été dit sur la route de Damas. Dans ce qui se passa entre Christ et Saul, Dieu ne dirige pas particulièrement notre attention sur le caractère de Fils. Pourtant, les deux grandes vérités de la gloire de Christ, comme Fils et comme Tête céleste, deviennent dès lors son témoignage. Le temps de Le proclamer comme Messie sur la terre était passé, le Seigneur lui-même ayant mis fin à cette prédication avant de quitter ce monde (lire Matt. 16:20 et Luc 9:20 à 22).
Jésus monté au ciel fut fait et Seigneur et Christ. Qu’il soit Seigneur est la confession la plus élémentaire qui puisse être faite parce que c’est simplement reconnaître son autorité, et il est clair que l’autorité, quoique très réelle, est après tout le côté le moins élevé de la vérité en Christ. Elle ne fait pas ressortir sa grâce, elle ne manifeste pas sa gloire infinie. Elle représente ce qu’il fut fait, non ce qu’il était et ce qu’il est en lui-même. Elle n’est donc pas ce qui lui est intrinsèque, mais une place qui lui fut donnée, qu’il revêtit, dans laquelle il a été exalté. L’apôtre Pierre et les autres prêchent cela. Ensuite Étienne le voit d’une autre manière, découvrant tragiquement combien est totalement rejetée (en sa propre personne) la vérité divine quant au Seigneur et Christ exalté. Il rend son témoignage que Jésus n’est plus seulement le Christ exalté dans la position de Seigneur mais le Fils de l’homme dans la gloire debout à la droite de Dieu. Finalement, Paul non seulement entre d’emblée dans la vérité déjà connue, mais il apprend là, au moins en substance, le grand mystère que Christ et les saints qu’il persécutait étaient un ; et il prêche aussitôt Jésus comme le Fils de Dieu.
Ce caractère de Fils de Dieu, bien que ne nous concernant pas aussi directement que les autres, est plus élevé qu’aucune autre de ses gloires, y compris son exaltation à la droite de Dieu. Non pas que nous prétendions comparer et apprécier ce qui touche à une telle personne ou opposer une vérité à l’autre ; mais nous avons à maintenir la vérité entière de la gloire de Christ. Et je suis persuadé que c’est de la manière dont nous sentons et reconnaissons dans nos âmes la vérité de sa gloire personnelle que découle toute puissance pour saisir le reste de la vérité, en jouir et y marcher. À mesure que la vérité de Christ exalté nous sera plus précieuse, la Parole tout entière prendra plus de réalité dans nos coeurs. Inversement tout ce qui peut atténuer, affaiblir, corrompre, détruire la vérité de Dieu, prend naissance dans les vues étroites de l’homme au sujet du Seigneur Jésus. Nous pourrons le vérifier dans ce que nous allons considérer présentement.
2. 8.2 [L’Église, corps de Christ, est la réponse glorieuse à l’abandon de Christ à la croix]
Qu’est-ce en effet que l’Église, sinon le corps même de Christ ? Elle est la réponse, produite sur la terre par le Saint Esprit, à la gloire de cet Homme exalté dans le ciel. Comme corps elle est inséparable de la Tête glorieuse. La plupart des enfants de Dieu n’ayant jamais été exercés quant à cette gloire, la place dans laquelle Christ est entré ne peut que leur être inconnue. La gloire et la bénédiction de l’homme exalté dans le ciel sont aussi faiblement senties que la misère de l’homme maintenant, fût-il le plus grand sur la terre. Même les enfants de Dieu envisagent souvent les choses présentes comme capables de les satisfaire. Ils se croient autorisés à en jouir et en tirer le meilleur parti. N’est-ce pas là faire contribuer autant que possible la vérité et la miséricorde de Dieu aux aises et aux joies terrestres ? Ce qui n’est pour le monde qu’une vaine recherche de plaisir n’a pas, sans doute, ce même caractère pour le chrétien : des pensées spirituelles sont en lui. Mais combien sont peu nombreux cependant les chrétiens qui considèrent ce monde comme une scène jugée et condamnée ! Jusqu’à sa mise à l’épreuve finale, le monde avait été l’objet de témoignages continuels de la part de Dieu. Alors vint le Fils, l’Homme Christ Jésus. Et ce fut la rencontre décisive, si l’on peut parler ainsi, entre Dieu le Père, qui avait donné son Fils, et le monde conduit par la puissance de Satan. Mais Dieu ne voulut pas reculer devant ce qui — nous pouvons bien le dire — était pour Lui l’épreuve infinie, celle de l’abandon de Jésus. Il permit que toute injustice soit faite à celui qu’il aimait par-dessus tout ; et le Fils de Dieu lui-même ne s’épargna aucune douleur, aucune honte dont l’homme pouvait l’accabler. En vérité, c’est pour cela qu’il était venu. Il fallait, selon les voies de Dieu, que le monde manifeste son état de péché comme il ne l’avait jamais fait auparavant ; et c’est ce qu’il fit. Ainsi tout le mal fut mis en évidence afin que Dieu puisse agir d’une manière unique et définitive, afin qu’il puisse en finir par un coup suprême de son jugement, non pas sur le monde, mais sur son Fils ; oui, afin qu’il puisse agir en grâce absolue envers ce pauvre monde. Dès lors tout est changé. Au lieu d’un homme chassé hors d’un jardin, en pleine déchéance au milieu d’un monde sans Dieu, l’homme dans la personne de Jésus entre maintenant dans le ciel même et s’assied sur le trône de Dieu dans la gloire.
C’est seulement lorsque Dieu eut accompli cela qu’un corps a pu être formé sur la terre ; car il fallait qu’il y ait d’abord une Tête suffisante, et une seule personne était digne d’être cette Tête, ce Chef. Or Jésus, cet Être béni, ne pouvait être Tête avant d’être homme aussi bien que Dieu, et plus encore, avant que le péché ait été jugé et que la grâce, en conséquence, puisse avoir son libre cours. Admirons de quelle façon merveilleuse toute la vérité se concentre en Christ, dans sa croix et dans son exaltation à la droite de Dieu. En outre une puissance compétente et suffisante était nécessaire ici-bas. Ce serait le Saint Esprit, Agent divin habituel des voies de Dieu sur la terre, mais agissant d’une manière nouvelle, conforme à celle dans laquelle Dieu s’était manifesté. Il s’était montré dans le Fils de Dieu, et il ne voulait pas en sortir.
Une seule personne, même dans la divinité, pouvait manifester Dieu : c’était le Fils, resplendissement de sa gloire et empreinte de sa substance. Dès l’Ancien Testament, il pouvait venir sous la forme d’un ange visitant Abraham ou Manoah, pourtant c’était toujours le Fils. Mais s’il y eut jamais une puissance à l’oeuvre, soit dans l’homme juste, soit dans l’inconverti, accomplissant quelque chose de divin par l’homme ou en lui sur la terre, c’était invariablement celle de l’Esprit de Dieu. Aussi prend-il maintenant sa place dans cette nouvelle oeuvre de Dieu. Le Fils était entré comme homme dans la gloire qu’il avait eue auparavant comme Dieu. Il avait en quelque sorte porté l’humanité dans sa personne jusqu’au trône de Dieu. Chose merveilleuse, désormais tout dans le ciel était assujetti à un homme. Et Dieu manifestait ainsi publiquement, en haut, les conseils jusque-là cachés de son coeur.
3. 8.3 [La gloire de Christ racontée par le Saint Esprit qui forme un corps sur la terre]
Mais qui pouvait raconter cela dignement ici-bas, être un témoin véritable de cette gloire céleste ? Celui qui la connaissait parfaitement ; celui qui seul était capable de glorifier Christ et était prêt à le faire, celui qui était habitué à enseigner à l’homme les pensées de Dieu et à l’en faire jouir. C’était le Saint Esprit qui descendit, céleste Témoin de la gloire de Christ, pour nous la révéler. Et voici le fruit de sa venue : il forme sur la terre un corps et un seul. Dieu peut-il reconnaître plusieurs corps de chrétiens sur la terre ? Une telle pensée non seulement est choquante pour le coeur du croyant, mais elle est une offense à Jésus, un tort fait à cette manière bénie par laquelle Dieu glorifie son Fils, par le Saint Esprit envoyé du ciel.
4. 8.4 [Il peut y avoir de la puissance malgré le désordre (perte de bénédictions)]
Il existe désormais ici-bas ce que Dieu appelle son Église, le corps de Christ, identifié avec Jésus lui-même. Cela est si vrai que l’Esprit va jusqu’à appeler le tout (c’est-à-dire Christ et l’Église) le Christ (1 Cor. 12:12), tant les saints constituent une partie de sa gloire. Et, chose intéressante (bien qu’humiliante pour nous), ce furent les tristes désordres qui s’étaient introduits au milieu des saints de Corinthe qui donnèrent à l’Esprit l’occasion de nous instruire largement sur l’Église, le corps de Christ. Remarquons que ces désordres n’excluaient pas la puissance. Bien des personnes supposent que la faiblesse est la grande raison des désordres qui peuvent exister dans l’Église de Dieu. Il n’en est rien. De fait, quelques-uns de ceux qui ont causé les plus grands désordres dans l’Église ont trahi moins de faiblesse que de forte volonté charnelle. La cause du désordre à Corinthe et ailleurs a toujours été l’insoumission à Christ, la vanité avec l’abus du pouvoir, le désir plein d’ostentation de montrer ce qu’ils possédaient, en un mot la séparation de la puissance de l’Esprit d’avec la glorification de Christ. Quelles que soient la puissance ou les qualités que l’on possède, les posséder indépendamment de Christ est quelque chose de fatal — fatal à sa gloire — fatal à la bénédiction des saints et des autres âmes — par-dessus tout, fatal à celui qui est ainsi abusé par Satan. C’est ce qui précisément se manifestait parmi les Corinthiens à cette époque. Combien nous devrions bénir Dieu pour l’instruction qu’il nous donne à ce propos.
5. 8.5 [Des choses qu’il faut reconnaître]
1. 8.5.1 [D’abord reconnaître la seigneurerie de Christ]
Deux puissances sont à l’oeuvre ici-bas : l’esprit du mal qui agit dans les fils de la désobéissance, et l’Esprit Saint qui travaille dans les enfants de Dieu. La première s’emploie à élever l’homme contre Jésus, la seconde, à soumettre les croyants au Seigneur (car c’est le grand point présenté ici : Jésus comme Seigneur). Les Corinthiens faisaient de la cène du Seigneur leur propre repas, et de l’assemblée le théâtre où ils se donnaient en spectacle, comme si la Parole émanait d’eux, au lieu d’être venue à eux en réclamant leur obéissance à Dieu. De fait, ce n’est que lorsque les âmes sont rendues indépendantes par l’orgueil ou la négligence, qu’il est nécessaire d’insister sur cette vérité de la seigneurie de Jésus. Le racheté qui jouit de Christ n’a nullement besoin d’une telle pression ; il ne voudrait pas avoir d’autre Seigneur et il fait ses délices de Sa grâce. Il va sans dire que cela devrait être réalisé par tout croyant, mais il est nécessaire de rappeler cette vérité chaque fois que l’insubordination prédomine, et que la chair se fait valoir comme c’était le cas à Corinthe. C’est pourquoi l’apôtre commence par établir un fait sérieux et de toute importance : l’Église de Dieu se trouve là où le Saint Esprit maintient Jésus comme Seigneur. C’est le principe préliminaire atteignant les Corinthiens en fonction de leur état et c’est toujours ainsi que l’Esprit de Dieu opère. Dieu agit moralement ; cela seul peut être digne de lui, et bon pour nous. Son but est de ramener nos âmes à la jouissance de lui-même ; nous n’avons alors même plus besoin de penser à notre marche, car en fait il n’y a rien qui agisse aussi puissamment sur notre marche pour la conformer à sa nature.
2. 8.5.2 [Reconnaître la diversité de dons, mais le même Esprit]
L’apôtre poursuit en déclarant qu’il y a «diversité de dons de grâce, mais le même Esprit», et encore : «il y a diversité de services, et le même Seigneur ; il y a diversité d’opérations, mais le même Dieu qui opère tout en tous». Ces trois versets sont essentiels pour l’intelligence pratique de ce que le Seigneur place devant nous. Les plus simples éléments sont ici : pourtant dans la pratique l’Église les a oubliés. Ce sont les plus petites conditions requises qu’il puisse accepter, le seul caractère qu’il puisse reconnaître de l’assemblée de Dieu, envisagée dans son oeuvre journalière.
La première des conditions requises est donc «la diversité des dons». Partout où un groupe chrétien prétend répondre à l’idée de l’Église de Dieu sur la terre, il faut que soit reconnu le principe du libre exercice des dons. Quand ceux-ci sont méconnus et que la congrégation se contente de s’attendre à un ou à plusieurs individus (doués ou non) la preuve est faite que ce terrain n’est pas celui de la Parole de Dieu. Il y a diversité de dons, mais le même Esprit (pas le même ministre).
Tout ce qui nie cette vérité en principe ou en pratique n’est pas l’Église de Dieu et n’a par conséquent aucun droit à ma soumission ni à la vôtre. Puis-je sanctionner ou paraître approuver ce qui est contraire à la volonté du Seigneur dans ces graves sujets concernant le Saint Esprit ? Ne dois-je pas traiter comme une association humaine même une congrégation de vrais chrétiens s’ils jettent par-dessus bord ce qu’enseigne l’Écriture par exemple au sujet de la liberté de l’exercice de tous les dons ? Si des règles sont substituées à l’autorité de la Parole de Dieu, n’avons-nous pas affaire à l’Église de l’homme ? De quel droit un chrétien réglemente-t-il l’assemblée de Dieu ? Qui a permis à l’homme d’intervenir ? La formation de l’Église était une grande oeuvre, même pour Dieu. Elle nécessitait, une fois la rédemption achevée, que le Fils monte au ciel et que le Saint Esprit descende sur la terre. Dieu fit le monde par sa parole pour le premier Adam, quoique, sans doute, son but final ait été Christ manifesté comme Roi dans sa gloire. Mais quant à l’Église, Dieu ne la constitua pas et, en toute révérence, nous pouvons dire, ne pouvait la constituer avant d’avoir reçu le second Homme, comme Tête glorifiée en haut, et envoyé le Saint Esprit pour former le corps en bas. Seules la mort et la résurrection de Christ pouvaient en être la base ; seul le Seigneur Jésus ressuscité et glorifié pouvait en être la Tête. Ainsi, l’Église de Dieu sur la terre n’est pas une société organisée pour répondre aux besoins religieux des hommes : elle est le corps que le Saint Esprit a formé ici-bas pour Christ en revendiquant d’emblée ses droits de Seigneur.
3. 8.5.3 [Reconnaître la diversité de services, mais le même Seigneur]
Nous apprenons en effet ensuite qu’«il y a diversité de services, et le même Seigneur». Les activités chrétiennes sont multiples, mais c’est le Chef, Christ, qui les ordonne et les dirige. Le Saint Esprit ne prend pas ici la place du Seigneur. Et je suis sûr que ce n’est pas là une manière juste d’envisager l’Esprit de Dieu. J’admets entièrement la puissance, l’oeuvre et la souveraineté de l’Esprit, et je suppose que c’est cette souveraineté qu’entendent certains quand ils parlent de son gouvernement. Pourtant il y a danger à s’écarter du langage de la Parole de Dieu. Les paroles de l’Écriture sont les plus propres à exprimer les vérités de l’Écriture ; aussi, lorsque nous nous écartons des paroles, sommes-nous en danger d’affaiblir la vérité elle-même. Dans certaines sectes de la chrétienté, il existe une tendance à donner au Saint Esprit la place qui appartient au Seigneur. Or, puisque le Saint Esprit agit en l’homme et par lui, cela revient plus ou moins à mettre l’homme à la place de Christ. Tandis que, si nous nous tenons à ce qu’enseigne l’Écriture, il est clair que le Saint Esprit lui-même, dans l’oeuvre de l’Église, ne prend pas la place de tête et de Seigneur mais celle de serviteur, prenant soin de tout et glorifiant Christ. De même que le Fils ici-bas prit la place de serviteur du Père pour l’accomplissement des conseils divins, de même le Saint Esprit, quoiqu’il soit Dieu dans sa personne et par suite souverain, daigne, pour la poursuite des conseils de Dieu, s’assujettir actuellement au Seigneur Jésus. C’est ainsi qu’il imprime le caractère de serviteur sur le saint réellement animé et conduit par lui, pour la gloire de Christ. Autrement dit, même si sa fonction est de gouverner l’Église de Dieu, le Saint Esprit se constitue serviteur dans sa relation avec le Seigneur Jésus et il donne à chaque croyant ce caractère. Au contraire, lorsque c’est l’homme qui commande, quelle valeur, quelle autorité ou quelle puissance peut-il y avoir ? Et si un homme est appelé à une quelconque administration, que sa sphère soit grande ou petite, il n’en reste pas moins serviteur, et il ne l’est réellement que s’il poursuit l’accomplissement de ce que le Seigneur lui a donné à faire. En le servant ainsi, quel que soit son don ou sa place, ce n’est pas le moi qui est glorifié, c’est Christ lui-même. Il y a diversité de services mais le même Seigneur, comme il y a diversité de dons mais le même Esprit.
4. 8.5.4 [S’effacer pour que Dieu agisse selon Sa volonté]
«Il y a diversité d’opérations» ; ajoute l’apôtre, mais c’est «le même Dieu qui opère tout en tous». Dans l’Église l’homme n’a pas le moindre droit et il ne s’y trouve pas la plus petite place pour sa volonté. Si Dieu y travaille, le devoir de l’homme est de s’effacer pour que Dieu puisse réellement agir d’après Sa volonté. Sont-ce là, chers frères et soeurs, des vérités qui remplissent nos coeurs ? Quand nous nous réunissons pour l’édification ou l’adoration, est-ce comme l’assemblée de Dieu regardant au Saint Esprit, au Seigneur Dieu lui-même ? Plusieurs peuvent trouver fort présomptueux qu’on s’appelle l’assemblée de Dieu. Mais si ce n’est pas l’assemblée de Dieu qu’est-ce, sinon l’assemblée de l’homme, autrement dit pas une assemblée du tout ? Ce qui reviendrait à détruire toute responsabilité des saints de Dieu sur la terre.
Accepteriez-vous que Jésus n’ait aucune gloire par vous, si pauvrement qu’elle puisse être réfléchie ? Qu’il ne reçoive de votre part aucune réponse à sa grâce ? que le Saint Esprit soit contrarié, entravé, supplanté, maintenant qu’il a daigné descendre pour glorifier Christ dans les saints ? Eh bien, s’il en est ainsi, ne devons-nous pas être prêts à faire sa volonté ? Et comment mieux la faire qu’en prenant à coeur ce qui lui est cher ? Or un objet lui est incomparablement plus cher que tout ce que poursuivent les hommes. Que représentent pour Christ tous les mondes, comparés à l’amour qu’il éprouve pour son Épouse, l’Église qui est son corps ici-bas ? Dans ces conditions, est-ce que nous Lui obéirions moins volontiers sous prétexte que c’est pour nous une obligation ?
Le respect mêlé de tendresse, sentiment qu’une épouse doit normalement témoigner à son mari, illustre ce que devraient être les dispositions du coeur de l’Église pour Christ son Seigneur. Faible comparaison, suffisante toutefois pour montrer que l’intimité des relations n’affaiblit pas l’amour et le respect pour quelqu’un qui en est digne de toute manière.
C’est un mensonge de Satan, de dire que connaître Dieu comme notre Père en Christ affaiblit notre obéissance ; c’en est un autre de refuser à des enfants de Dieu le titre de membres de Christ. Les reconnaître comme Siens donne essor à l’amour mutuel, inspire de la confiance et encourage la persévérance à chercher à les servir. Si vous ne tenez pas compte de leur relation avec le Seigneur, avec quelle différence de sentiments vous agirez envers eux ! En vertu de quel principe leur demanderez-vous d’abandonner les voies et les systèmes de l’homme ? À quel titre leur parlerez-vous de la bénédiction qu’il y a à se réunir au seul nom de Christ sur la terre, avant de le rencontrer dans la gloire ? Il devrait être affreux et choquant pour le chrétien de voir le monde, souillé de la sanglante culpabilité de la croix de Christ, oser se mêler du corps et de l’Épouse de Christ ! Quelle désastreuse inconséquence pour un croyant que de s’associer à une «religion» gouvernée suivant des règles d’invention humaine ! Dans une telle conjoncture la responsabilité de chaque enfant de Dieu est simple : qu’il s’attache uniquement à ce que Dieu a fait et révélé, ne doutant nullement de la puissance et du vouloir de l’Esprit pour le rendre fidèle.
5. 8.5.5 [Reconnaître ce que l’Esprit a formé]
Mais une autre vérité se rattache à cela. L’Esprit de Dieu étant présent sur la terre, il ne s’agit nullement d’y former une nouvelle Église, encore moins de procéder à une espèce de raccommodage. Il nous appartient de reconnaître ce que l’Esprit a formé et n’abandonne jamais, de nous conformer aux injonctions de la Parole de Dieu en nous purifiant de ce qu’elle condamne et en cherchant à être fidèle à ce que Dieu lui-même a donné ! Il se peut que, dans un endroit, deux ou trois seulement aient la foi nécessaire pour sentir et agir de la sorte. Mais n’y en aurait-il, même dans une grande ville, que deux ou trois assemblés au nom du Seigneur Jésus, ils ne devraient rien tolérer d’incompatible avec les enseignements de la Parole touchant «la diversité de dons», «la diversité de services», et «la diversité d’opérations» de l’Esprit. La vérité et la volonté de Dieu ne peuvent jamais perdre leur autorité sur le peuple de Dieu par suite du changement des circonstances. Le cléricalisme et le libéralisme religieux sont également et entièrement opposés à l’Écriture et à l’action du Saint Esprit. Ce sont des formes différentes et opposées de la volonté de l’homme. Or quel autre que Dieu possède un droit réel au gouvernement de son Église ? Si c’était «notre Église» nous pourrions légitimement l’organiser, la modifier ou l’élargir comme bon nous semble. Mais l’Église est une institution divine où l’ordre de Dieu doit régner et où le Saint Esprit seul peut tout mener à bien selon la Parole écrite.
1. 8.5.5.1 [Témoignage en un temps de ruine]
Mais, même s’il n’y a que deux ou trois saints seulement qui, à cause des droits méconnus du Seigneur Jésus, sont sortis de cette religion organisée par l’homme, je suis tenu de les reconnaître comme étant sur le vrai terrain de l’Église de Dieu. Les sentiments qui leur conviennent sont : l’humilité, la reconnaissance envers Dieu, l’humiliation à l’égard de la ruine de la chrétienté responsable, le désir de la bénédiction pour tous les croyants, et une sainte crainte que leur propre faiblesse ou leur négligence n’attire du déshonneur sur le témoignage. Je me garde de dire que ces deux ou trois seuls sont l’Église de Dieu, mais je les appelle, marchant ainsi ensemble, son Église. N’y aurait-il, dans le monde entier, que ces deux ou trois ainsi rassemblés selon la Parole, ils seraient la seule chose de cette nature ici-bas. Ainsi ce qui constitue l’Église de Dieu sur la terre, ce n’est pas seulement que les saints qui la composent sont membres de Christ — cela, sans doute, est essentiel — mais qu’ils soient assemblés et marchent ensemble selon la Parole de Dieu, laissant au Saint Esprit sa place en action souveraine pour la gloire du Seigneur Jésus.
2. 8.5.5.2 [Le nombre et l’ordre selon l’homme ne remplacent pas l’Esprit]
Inversement, beaucoup de saints peuvent s’être réunis ; mais s’ils se sont arrangés comme ils l’ont trouvé convenable, en dehors des Écritures, s’ils ont reçu quelqu’un selon leur sagesse, appliqué leur discipline, reconnu cette doctrine-ci et non celle-là, que représentent-ils ? Rien d’autre qu’une association de chrétiens plus ou moins pieuse, plus ou moins prudente ou active. Il suffit d’un seul de ces principes humains, contraire à la Parole de Dieu, et substitué au Saint Esprit opérant dans l’Église, pour ôter à un tel rassemblement le caractère d’Église de Dieu. Quoique individuellement nous ayons à aimer ces chrétiens, ils n’ont dans ce cas aucun droit à être reconnus comme corps. L’Église, envisagée comme étant sur la terre, est l’assemblée des saints où Dieu agit par le Saint Esprit envoyé du ciel : c’est son assemblée, et non pas simplement une assemblée de saints. Une assemblée de saints est une bonne chose ; mais s’ils ne sont que cela, ils ne peuvent prétendre avec vérité à la place d’Église de Dieu. Ce n’est pas leur présence mais celle du Saint Esprit qui les constitue son Église. Qu’il est précieux qu’il y ait sur la terre des saints édifiés ensemble pour être l’habitation de Dieu par l’Esprit !
Mais de même que pour le Fils de Dieu quand il était ici-bas, ainsi de nos jours la place du Saint Esprit lui est contestée. L’état actuel de la chrétienté oblige, hélas, à en convenir. Chose vraiment remarquable, de la même manière que Dieu permit à l’homme de faire ce qu’il voulut à Christ, il lui permet maintenant d’outrager l’Esprit de grâce en méconnaissant sa présence et sa gloire dans l’Église. L’homme a failli successivement à cette double responsabilité. Mais nous savons que le temps approche où l’Église quittera le monde pour rejoindre son Chef et occuper avec lui la position de gloire qui lui est destinée. Devant le monde aussi elle brillera au temps convenable. Combien il serait désirable que chaque enfant de Dieu examine jusqu’à quel point il a reçu dans son âme et jusqu’à quel point il réalise dans sa marche la vérité de Dieu concernant son Église ! Si vous dites que vous ne vous en préoccupez pas particulièrement et que vous vous contentez du salut, je vous demande : Où est votre amour pour Christ ? Où sont vos affections pour ceux qui appartiennent à Christ et pour sa gloire en eux ? Quelle condition égoïste et inférieure pour un chrétien ! Au reste ceux qui s’en contentent se condamnent généralement à une incertitude continuelle quant à leur acceptation personnelle devant Dieu et trouvent dans la mondanité un soulagement à leur manque de paix réelle.
Quelle différence avec la voie de Dieu ! Il sauve d’un parfait salut ; il nous rend parfaitement libres afin d’accomplir en nous toutes ses pensées, pour sa gloire en Christ et tout particulièrement dans l’Église. Chrétien, Dieu vous a-t-il sauvé pour vous laisser en dehors de ses propres desseins et sans un souci pour la gloire de Christ ? Si Dieu vous a montré une telle miséricorde, est-ce que votre coeur éclairé par sa Parole et sous l’action de l’Esprit ne vous pousse pas à servir Christ ? Le servir comment ? Tout spécialement en apprenant et en accomplissant la volonté de Dieu dans un domaine aussi précieux à Christ que celui de son Église. Que Dieu donne à chacun de nous de considérer sérieusement la chose.
6. 8.5.6 [Les dons de l’Esprit comme un signe pour le monde : reconnaître l’Esprit comme seul agent opérant]
Mais ce chapitre 12 des Corinthiens nous enseigne encore bien davantage. L’apôtre parle de la manifestation de l’Esprit sous des formes diverses. Elle est donnée à chaque saint, non seulement pour lui-même, mais pour l’utilité de tous. «À l’un est donnée, par l’Esprit, la parole de sagesse ; et à un autre la parole de connaissance, selon le même Esprit ; et à un autre la foi, par le même Esprit ; et à un autre des dons de grâce de guérisons, par le même Esprit ; et à un autre des opérations de miracles ; et à un autre la prophétie ; et à un autre des discernements d’esprits ; et à un autre diverses sortes de langues ; et à un autre l’interprétation des langues». Ce chapitre envisage les dons comme un signe pour le monde. Ils étaient dans l’Église, dans les différents membres du corps de Christ ; mais pas exclusivement pour le profit de l’Église puisque certains constituaient une marque extérieure en faveur de tous les hommes. Prenez par exemple le don des langues. Quel témoignage de la grâce parfaite de Dieu qui ne se limite plus à la nation élue, mais qui rencontre maintenant tous les hommes en grâce, là où son jugement les avait placés après le déluge ! Les choses magnifiques de Dieu dans la rédemption sont proclamées par l’Esprit à chaque nation dans sa propre langue.
«Le seul et même Esprit opère toutes ces choses — ajoute l’apôtre — distribuant à chacun en particulier comme il lui plaît». Quelle que soit la place de dépendance qu’il plaît à l’Esprit Saint de revêtir maintenant, il n’en est pas moins souverain, agissant comme il veut ; il est divin ; il est Dieu. «Car de même que le corps est un et qu’il a plusieurs membres, mais que tous les membres du corps, quoiqu’ils soient plusieurs, sont un seul corps, ainsi aussi est le Christ». Avez-vous été amenés à Dieu ? Avez-vous cru de coeur et confessé de votre bouche que Dieu a ressuscité Jésus d’entre les morts ? Alors vous êtes à lui pour magnifier celui qui est votre Sauveur et Seigneur. Reconnaissez-le comme seul Seigneur. Reconnaissez le Saint Esprit comme le seul agent opérant dans les saints, en tant qu’assemblée de Dieu ici-bas. J’admets que l’Esprit de Dieu, agissant librement en grâce, ne se confine pas à l’assemblée comme telle. Il peut agir dans les membres de Christ, parfois même quand ils ne sont pas dans la place où Dieu les voudrait. Aussi n’ai-je pas la pensée de nier un instant que le Saint Esprit travaille dans quelque système ou dénomination chrétienne que ce soit. Mais celui qui apprécie et comprend l’Écriture peut voir que toute cette concurrence de sociétés chrétiennes prouve un total éloignement de la Parole de Dieu quant à son Église.
L’Église est-elle libre de choisir certaines doctrines particulières ? Voyons-nous dans la Parole qu’elle désigne ses propres ministres ? Quand l’Église prend une telle place, elle abandonne en principe la sujétion au Seigneur. C’est la femme s’efforçant de prendre la place du mari. Rien ne peut être plus simple si nous tenons ferme ce que Dieu lui-même a établi. L’Église ne confère point de mission, elle n’enseigne pas ; en revanche elle est tenue de juger, et non seulement quand il s’agit de mal moral, mais aussi de la doctrine, ne tolérant rien de ce qui peut nuire à la vérité ou à la sainteté de Dieu. Elle doit être vigilante sur tout ce qui touche la gloire de Christ. Mais entre cette fonction et le fait d’établir un clergé ou de définir des articles de foi, la différence est grande. En considérant l’Église dans l’Écriture, je la vois chargée de l’obligation de maintenir la vérité dont elle est la colonne et le soutien ici-bas. Je ne cherche pas au loin dans le monde pour trouver la vérité. Je sais qu’elle ne se trouve que dans l’Église. Et son état de désordre n’a pas mis fin à sa responsabilité.
6. 8.6 [Juger l’état de l’Église selon la Parole de Dieu]
L’état de choses actuel contraste fâcheusement avec ce qui est présenté dans la Parole de Dieu. En présence de toutes les dénominations qui chacune s’intitule Église, que doit faire un enfant de Dieu qui désire être fidèle ? Juger sa position d’après la Parole de Dieu ; s’assurer si ce qu’il approuve ou sanctionne par sa présence est bien selon l’Écriture. Prétendre que l’on n’a rien à faire avec les autres, que le seul devoir consiste à bien marcher soi-même est une piètre excuse, et revient à abandonner entièrement le terrain de l’Église de Dieu. Par contre, chers enfants de Dieu, si vous vous trouvez — peut-être à deux ou trois seulement — sur le terrain où la Parole seule a toute autorité, quelle heureuse part est la vôtre ! Car Dieu honorera en son temps ceux qui l’auront honoré. En attendant, la lumière divine brille sur votre sentier chaque fois que vous vous réunissez. Elle peut vous montrer votre faiblesse et vos manquements ; n’importe, vous êtes à la place où Dieu vous veut, où Il pr

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