6. 9.6 [Le chrétien face au mal dans l’Église]
1. 9.6.1 [Se purifier]
Que doit donc faire le chrétien qui veut être fidèle ? Abandonner la grande maison ? Certainement non. En sortir serait cesser d’être chrétien. Ce que nous avons à faire, c’est de nous séparer de tout ce qui est contraire à la volonté du Seigneur, sans jamais abandonner la profession de son nom. Cette profession de Christ est en elle-même la seule position révélée qui soit bonne et complète ici-bas. Les rachetés la Lui doivent et c’est une bénédiction pour eux au même titre que leur salut. Car qui peut être sauvé, sinon celui qui invoque le nom du Seigneur ? De sorte que pour le croyant sur la terre, depuis qu’il est arrivé à la connaissance du Seigneur, confesser son nom est évidemment une joie autant qu’un devoir. Il n’est jamais autorisé à abandonner la maison caractérisée par la profession du nom du Sauveur. Mais, dans cette grande maison, il existe des vases à honneur et des vases à déshonneur. Que doit faire l’enfant de Dieu ? Il lui est enjoint de se purifier des vases à déshonneur. Telle est la signification du texte, telle est l’intention manifeste du Saint Esprit. «Si donc quelqu’un se purifie de ceux-ci...», est-il écrit en parlant des vases à déshonneur. En pratique, c’est cesser d’avoir communion avec ce que l’on sait être condamné par la Parole de Dieu, abandonner tout ce que l’Écriture démontre opposé à sa volonté.
2. 9.6.2 [La Cène, le ministère, le culte]
Si donc un homme se trouve rattaché et soumis à un ministère établi contrairement à la Parole ou bien encore qui falsifie une institution du Seigneur (la cène, par exemple), qu’il l’abandonne aussitôt ! Le Seigneur ne veut pas que son serviteur sanctionne ce qui est contraire à la vérité et à la sainteté. Comment par ma présence, m’associerais-je à la profanation de la cène du Seigneur transformée en un sacrement, devenue moyen de grâce pour n’importe qui ? Celui qui possède tant soit peu de connaissance de la Parole de Dieu sait parfaitement que la volonté du Seigneur est méconnue dans ces graves questions. Dois-je donc abandonner la cène du Seigneur, ou me passer du ministère de la Parole ? Certainement non. Ce qu’il me faut abandonner, c’est l’abus qu’en ont fait les hommes. Je dois en avoir fini avec ce qui, n’étant pas selon les Écritures, est manifestement au déshonneur de Dieu. Je ne renonce donc ni au ministère chrétien, ni à la cène du Seigneur ; mais je juge, selon la Parole de Dieu, autant que j’en suis rendu capable par sa grâce, quelle est sa volonté à cet égard. Le même principe s’applique à tous les autres points. Prenez le culte, par exemple ; je dois sonder les Écritures pour juger ce qu’est aujourd’hui le culte chrétien selon la Parole de Dieu. Ne suis-je pas tenu d’agir ainsi, de suivre la volonté de Dieu ?
3. 9.6.3 [Pas de simples arrangements préférés]
Ce n’est donc pas assez pour moi et ce ne devrait satisfaire aucun chrétien de savoir que ceux qui composent la congrégation à laquelle je me rattache sont tous des enfants de Dieu. Encore moins s’agit-il d’organiser des chrétiens en diverses classes de doctrines en fonction de leurs préférences. Quelle présomption ! Qui vous a chargé de régler l’ordre de la maison de Dieu ? Qui vous a donné le droit d’établir ceux-là ici et ceux-ci là ? Le caractère et le témoignage de l’Église de Dieu sont détruits par tout arrangement pareil. À supposer que tous ceux qui sont en communion professent exactement mes vues ou les vôtres sur tous les points, je regarderais cela comme une grande calamité pour l’Église de Dieu. Ce serait donner de l’état des saints une appréciation tout à fait fausse que de les voir ainsi ligués ensemble avec des vues identiques ; tous absolument remplis des mêmes pensées ; satisfaits les uns des autres, et méprisant ceux du dehors qui n’ont pas les mêmes sentiments. Même en admettant que toutes les vues professées soient justes et que les choses faites soient conformes à la pensée de Dieu, à mon avis, un pareil tableau ne répond ni à l’Écriture ni à l’amour de Christ.
4. 9.6.4 [Pratiquer l’Église comme dans la Parole de Dieu]
Disons-le sans détour : l’Église de Dieu n’est pas une citadelle pour les forts, les sages et les intelligents seulement. Ce n’est pas une belle résidence pour ceux qui sont arrivés à un certain degré de sainteté, encore moins de connaissance. Le Seigneur veut que je considère toujours tous les saints (excepté ceux qui sont dans le péché ou la fausse doctrine). L’Assemblée constitue le corps de Christ, dans lequel les divers membres occupent chacun leur place : l’oeil, la main, le pied. Le faible a sa fonction aussi bien que le fort, selon qu’il plaît à Dieu de distribuer et d’ordonner. Comme l’enseigne l’apôtre au coeur large, les membres les moins honorables, loin d’être laissés en dehors, sont traités avec plus d’honneur parce qu’ils sont en danger d’être méprisés. Serions-nous plus sages que l’Écriture ? Les forts sont appelés à porter les infirmités des faibles au lieu de se plaire à eux-mêmes. Les rationalistes religieux ne prennent guère en considération que les forts, c’est-à-dire ceux qui ont la même pensée, ou qui ont atteint un certain degré de connaissance. Mais est-ce là Christ ? L’Église de Dieu devrait être devant nos coeurs telle qu’elle est dans sa Parole. Souhaiter établir autre chose que ce qu’il nous a donné est une preuve d’insoumission et engendrera la confusion partout où on aura cherché à appliquer ces théories.
5. 9.6.5 [Des égards pour les faibles et ignorants ; pas d’indifférence pour le péché reconnu]
Soyons convaincus que c’est la volonté de Dieu à notre égard, particulièrement dans l’état actuel de ruine de l’Église, que celui qui est le plus affermi dans la sagesse divine veille affectueusement sur les ignorants et les faibles ; qu’il cherche à marcher envers tous les saints selon l’amour de Christ pour l’Église. Assurément Christ chérit, non seulement les membres de son corps les plus dignes et les plus honorables, mais l’Église comme un tout. Et s’il peut exister des différences, ce sont précisément ceux qui ont le plus besoin de son amour qu’il chérit le plus. Ne devons-nous pas avoir communion avec lui et lui ressembler en cela ? De la même manière Dieu considère son Église tout entière comme étant son habitation par l’Esprit. Il reconnaît tous ceux qui invoquent le nom du Seigneur. Ici naturellement, en Éphésiens 2, seuls ceux qui portent vraiment son nom y ont part, mais en est-il de même pour ceux qui le font indûment ? Pas le moins du monde assurément, si ce n’est pour le jugement. Dans l’état présent de la chrétienté, nombreux sont les vases à déshonneur. Dois-je m’unir à eux ? L’Esprit Saint ne me le permet pas et m’invite au contraire à m’en purifier. La communion avec des vases à déshonneur est un mal. Je suis appelé à m’en séparer si eux refusent de se séparer de ce qui porte le nom du Seigneur. Sans quoi je fais partie du mystère d’iniquité, car si un chrétien continue à être en communion avec un mal reconnu, c’est reconnaître implicitement qu’il y a accord de Christ avec Bélial, et il en est ainsi soit dans le support d’une fausse doctrine ou d’un péché moral, soit dans l’indifférence qui ignore la présence du Saint Esprit neutralisé par des interventions humaines.
Mais quelles que soient les formes particulières du mal toléré, lorsqu’il n’est pas possible de le juger, le devoir clair et positif consiste à s’en purifier. Agir ainsi n’est pas de la présomption, c’est la simple obéissance à Dieu. Il est formellement requis de tout homme qui invoque le nom du Seigneur de se retirer de l’iniquité ; il doit se purifier des vases à déshonneur quels qu’ils soient et où qu’ils soient. Si des personnes portant le nom du Seigneur s’adonnent au péché, ce sont des vases à déshonneur, et le chrétien est tenu de s’en éloigner et de se maintenir pur. C’est la ligne de conduite invariable, prescrite en un état de corruption de la chrétienté, aussi sûrement que d’autres passages traitent de cas individuels dans lesquels l’assemblée doit agir en discipline. Jamais le désir de paix ou d’unité n’autorise la moindre atteinte au caractère de Christ qui ne doit être compromis à aucun égard. Le premier devoir chrétien est de rendre au nom de Christ ce que nous lui devons. Nous n’avons jamais à sanctionner le mal ou à fermer les yeux à son sujet.
Soulignons qu’il ne s’agit pas seulement de mal grossier ou de torts flagrants. L’Église, étant l’habitation de Dieu, doit être intolérante pour tout ce qui ne convient pas à Sa présence, quoique nous ayons aussi besoin de patience ; et qui est aussi patient que Dieu ? Mais il veut être sanctifié dans tous ceux qui l’approchent, et au milieu desquels il habite. Tout ce qui est contraire à sa Parole doit être jugé. À supposer qu’il n’y ait, comme disent les hommes, qu’un peu de mal, dois-je lier le nom et la présence du Seigneur, pour ne pas parler de moi-même, même avec un «petit» mal ? Loin de nous une telle pensée ! Non que nous soyons appelés à nous séparer pour toute faute, mais nous ne devons jamais participer à ce qui est contraire à la Parole et, par la grâce de Dieu, nous en tenir toujours purs. En même temps, la manière dont cela doit être fait doit être déterminée par la Parole de Dieu. Par exemple il peut être nécessaire de blâmer un frère sans pour cela l’éloigner de l’assemblée, ce qui, par contre, doit être fait pour «le méchant» (1 Cor. 5). En aucun cas, un chrétien n’est tenu de cheminer avec ce qu’il sait être offensant pour Dieu. De plus, nous avons à nous juger, de peur d’être trop prompts à imputer le mal. Dieu veut que ses enfants soient lents à soupçonner, à parler, à agir en de telles circonstances. Hélas ! combien nous sommes prompts à imputer aux autres le mal que nos consciences nous reprochent à nous-mêmes !
7. 9.7 [La présence de Dieu dans l’Église]
1. 9.7.1 [Cette présence comme encouragement et source de responsabilité]
D’un autre côté, notre encouragement et notre consolation, aussi bien que la source de notre responsabilité, c’est que Dieu habite dans l’Assemblée. Nous pouvons et devons compter sur ce fait béni, assurés qu’Il nous aidera, nous entendra, se montrera pour nous. Oui, quels que soient la difficulté, le chagrin, la honte, ayons cette confiance : Dieu habite dans l’Assemblée qui est son temple. Elle peut n’avoir qu’une humble apparence, elle peut n’être représentée dans tel ou tel endroit que par deux ou trois individus seulement. Il peut arriver qu’un enfant de Dieu soit obligé de se tenir tout seul à l’écart ; il peut même ne pas y avoir de sentiment suffisant de la vérité pour produire ce résultat ; quoi qu’il en soit, il n’existe pas de circonstance possible où un membre de Christ soit obligé d’avoir communion avec ce qui est contraire à la volonté de Dieu. Il peut avoir à faire de sages et fermes remontrances, à attendre patiemment, mais tolérer le mal connu, jamais ! Ce n’est pas le mal en lui-même ni son importance qui détruisent la qualité de temple de Dieu, mais l’acceptation d’un mal connu, le fait de le supporter consciemment, même par simple indifférence. Lorsque ce qui porte le nom de maison de Dieu se rend coupable d’associer ce nom avec un mal toléré, Dieu se doit à lui-même de renier toute relation avec elle. La question est alors simple, quoique douloureuse : il faut abandonner ce qui a cessé d’être un témoignage au Dieu de vérité. Quel droit un tel groupement pourrait-il avoir encore sur la foi du croyant pour le retenir ? En même temps son départ constituera un puissant appel à la conscience de ceux qui restent.
En fait le caractère d’Église selon la Parole est déterminé par la présence de Dieu et nullement par la profession, le préjugé, la tradition ou la volonté humaine. N’est-ce pas alors chose extrêmement sérieuse de reconnaître ou de méconnaître un rassemblement comme assemblée de Dieu ? Celui qui le fait à tort ou à la légère fait bon marché du nom de Dieu et le méprise. Il ne s’agit donc pas de simples divergences de vues fondées sur l’opinion et les sentiments des hommes, mais de savoir si oui ou non Dieu est là. Sa Parole est la pierre de touche et son Esprit la puissance ! Et chaque fois qu’Il rencontre une foi simple, Dieu se manifeste, entend le cri et vient en aide. Rien ne peut être plus simple et en même temps plus certain : l’Esprit rendra évident le sentier d’un croyant qui est exercé et qui s’attend au Seigneur.
2. 9.7.2 [Pas d’infaillibilité]
Ce n’est pas, observons-le, à son infaillibilité que se reconnaît l’Église. Elle peut hélas, cela va sans dire, commettre bien des erreurs. Les mesures prises dans la discipline sont parfois trop promptes, trop lentes, parfois même arbitraires ou erronées. De fait, il en est de l’Assemblée comme du chrétien individuellement. Et nous le comprenons. Si les saints collectivement sont le temple de Dieu, chacun l’est aussi individuellement. Or, qui oserait soutenir qu’un chrétien est exempt de mal ou d’erreurs parce que le Saint Esprit habite en lui ? Le principe est le même pour l’Assemblée de Dieu, elle aussi est toujours faillible. Elle peut être gardée dans la pratique, compte tenu des hommes de Dieu qui s’y trouvent. Un individu peut facilement se tromper, mais il est difficile de supposer qu’au milieu d’une assemblée fidèle, il ne s’en trouve pas un seul qui regarde au Seigneur de manière à comprendre sa pensée. Cela pourtant peut hélas arriver ; et particulièrement lorsque l’influence dominatrice d’un ou de plusieurs frères affaiblit le sentiment que doit avoir l’assemblée de sa dépendance de Dieu. Il est évident qu’un faux principe, une fausse position ou même une simple précipitation peut exposer une assemblée de Dieu à mal agir. Aussi est-il capital, quels que soient les serviteurs de Dieu à l’oeuvre, de se rappeler que la seule sauvegarde est celle-ci : Dieu est là. Il peut trouver bon de corriger le plus sage de ses serviteurs sur la terre par un faible enfant dans la foi.
3. 9.7.3 [L’autorité est celle de Dieu]
Répétons-le avec force : l’Église n’est pas l’assemblée d’un homme, même d’un Paul ; c’est l’Assemblée de Dieu. Ce qui signifie par exemple que dans un cas de discipline, ce serait la destruction de cette assemblée si les mesures prises devaient l’être pour elle par un ou plusieurs frères agissant indépendamment du reste de l’assemblée. Certes l’Église doit savoir apprécier les dons et les charges que le Seigneur a donnés pour la guider. L’Église abandonnerait ses propres grâces si elle méprisait le secours de l’un ou de l’autre. Incontestablement certains frères ont de la sagesse, du discernement, l’expérience des âmes, et sont plus que d’autres capables de juger justement sur ces sujets pratiques. Mais l’autorité appartient à Dieu, et il entend l’exercer lui-même dans sa propre assemblée jusqu’au dernier moment. C’est pourquoi lorsque dans un rassemblement il n’est pas laissé de place pour réviser ce que des individus ont pu juger, lorsque l’Esprit n’a plus la liberté de récuser par le plus faible membre présent du corps de Christ, le jugement du plus sage des conducteurs, un tel rassemblement n’a pas plus le caractère d’assemblée de Dieu qu’aucune autre société de croyants sous le soleil.
4. 9.7.4 [L’Église est à Dieu]
Ainsi, l’Assemblée ne résulte pas simplement d’une doctrine pure, de grands dons, ou de précieuse communion fraternelle. Toutes ces choses y ont leur place, mais la vérité fondamentale à saisir et à maintenir toujours c’est que l’Église, même aujourd’hui, est la propre Église de Dieu. Et Dieu, parce qu’il y habite, exercera son action souveraine, répandra de nouvelles lumières, corrigera par qui il lui plaira les frères les plus expérimentés et sur lesquels on s’appuie trop. Cette possibilité doit toujours exister, car Dieu ne permettra pas que nous nous glorifiions dans la chair, à plus forte raison par le moyen des dons qu’il a accordés. Soyons reconnaissants pour tous les fruits de sa bonté, bénissons-le pour tout ce qu’il nous a donné, mais souvenons-nous que l’Église est à Dieu, qu’il aime à y être reconnu, et qu’il fera sentir sa présence dans l’Assemblée qui a foi en lui.
La foi aime à savoir et à voir Christ au milieu des siens ; et cela dans les temps les plus sombres quand même deux ou trois seulement seraient réunis en son nom. Et si nous regardons ainsi à lui, l’Esprit ne manquera pas de nous guider. Mais la trop grande confiance dans un conducteur, la présomption de celui-ci, la hâte de l’incrédulité, le relâchement, la propre justice ou tout autre triste fruit de la chair peut pratiquement séparer l’assemblée de la pensée de Christ dans un cas particulier. Ainsi l’assemblée, aussi bien que l’individu, doit toujours être accessible à la correction de l’Esprit par les Écritures. Et s’il y a manquement de sa part, l’humiliation lui convient devant le Seigneur qu’elle a déshonoré.
Veuille le Seigneur nous pénétrer de cette vérité que nous sommes l’habitation de Dieu, par l’Esprit. Qu’il nous donne d’en déduire les conséquences pratiques : à la fois la bénédiction et la responsabilité qu’elle entraîne pour nous.
10. 10 Méditation 10 — L’Esprit dans l’Apocalypse et dans les Épîtres — Apocalypse 1:4, 5 ; 19:10
1. 10.1 [Résumé sur le Saint Esprit dans les épîtres]
L’aspect sous lequel la vérité nous est présentée par le Saint Esprit dans le dernier livre du Nouveau Testament contraste avec le témoignage des épîtres. Aussi, avant de commenter ces versets de l’Apocalypse, nous examinerons brièvement la manière dont le Saint Esprit est présenté dans les épîtres, manière qui est toujours et entièrement déterminée par le but de celles-ci.
1. 10.1.1 [Épître aux Romains]
Dans l’épître aux Romains, après avoir proclamé la ruine de l’homme et la justice de Dieu, l’apôtre en vient à la justice pratique qui y répond dans les enfants de Dieu, et le Saint Esprit prend sa place en rapport avec l’une et l’autre. Quand cette question de la justice est entièrement éclaircie, il peut être fait librement mention de l’amour de Dieu répandu dans nos coeurs par le Saint Esprit qui nous a été donné (5:5). Le Saint Esprit est ensuite manifesté comme une puissance qui non seulement remplace celle du péché mais se substitue à la loi, laquelle ne donne à des êtres tels que nous aucune capacité pour accomplir la justice (chap. 8). Ainsi d’une part la question entière de nos péchés et du jugement de Dieu contre eux, d’autre part celle du péché et de la délivrance du péché, ont été complètement résolues avant que l’Esprit de Dieu soit lui-même introduit. Il n’était pas convenable de présenter l’oeuvre qui doit se poursuivre dans le croyant, avant que Dieu ait été montré pleinement satisfait dans la rédemption et la résurrection de Christ. Mais c’est dans le chapitre 8 (c’est-à-dire quand non seulement le sujet de nos péchés, mais celui du péché ont été épuisés) que l’apôtre s’engage dans une ample exposition doctrinale : la doctrine de l’Esprit envisagé à la fois comme condition, comme état du chrétien, et aussi comme personne qui demeure dans le croyant.
2. 10.1.2 [1° Épître aux Corinthiens]
Dans la première épître aux Corinthiens, le Saint Esprit nous est présenté sous un aspect tout à fait différent, et avec une plénitude remarquable. Ce qui avait donné lieu à l’apôtre de l’écrire, c’est la manière dont la chair était à l’oeuvre dans l’église de Corinthe, où elle opérait sous toutes les formes possibles, excepté le légalisme. On y était trop relâché pour aimer la loi, mais l’état charnel de ces chrétiens était tel qu’il n’y avait aucune puissance dans la loi pour y remédier : la loi ne peut que condamner celui qui est charnel. Christ seul peut remédier à un mal pareil, comme à tout autre mal, l’efficacité de son oeuvre étant appliquée à la conscience par la puissance du Saint Esprit. De là vient que nous trouvons dans cette épître la sagesse de l’homme jugée d’abord par la croix (chap. 1) et ensuite supplantée par les communications de l’Esprit de Dieu (chap. 2). Celui-ci donne la vérité, les paroles qui l’expriment, enfin la capacité de les recevoir et de les comprendre. Il est donc évident que les Corinthiens, qui, dans l’espoir de rendre l’Évangile plus agréable à la chair, voulaient introduire quelque sagesse humaine, étaient complètement en défaut, et, de fait, en opposition avec la pensée de Dieu.
Le chapitre 3 montre comment le Saint Esprit a constitué les croyants en un temple de Dieu et la sérieuse responsabilité qui en découle pour eux de n’y rien faire entrer qui soit incompatible avec cette présence. «Si quelqu’un corrompt le temple de Dieu, Dieu le détruira». Mais à supposer même qu’un homme ne corrompe pas le temple de Dieu — dans toute la force du mot — s’il y introduit des matériaux sans valeur, tout son travail sera perdu et brûlé ; quant à lui personnellement il sera sauvé, mais comme à travers le feu. Figure bien instructive, impliquant le jugement de Dieu sur l’oeuvre de chacun, quoique l’homme lui-même puisse échapper.
L’application suivante — et bien solennelle — de ce don du Saint Esprit concerne le corps du croyant (chap. 6). Ce n’est plus seulement le fait que les chrétiens constituent ensemble le temple de Dieu, mais que le corps de chaque chrétien est son temple. Les Corinthiens étaient tombés dans une erreur grossière qui s’est perpétuée de nos jours, à savoir que, pourvu que nous soyons intérieurement dans un bon état, ce qui affecte le corps est sans conséquence. Ne soyons pas trop difficiles, disent ces personnes, le corps n’est qu’une enveloppe charnelle dont nous n’avons pas à nous préoccuper ; ce qui compte, c’est l’homme intérieur, la santé morale de l’âme. Pas du tout, répond l’apôtre, le Saint Esprit se plaît à habiter dans le croyant et fait son temple, non pas de l’âme, mais du corps. Si le corps est consacré au Seigneur, s’il est mis dans un état de séparation par la puissance du Saint Esprit, tout ira bien pour l’âme. Au reste les raisonnements de ceux qui disent mépriser le corps servent souvent d’excuse pour s’adonner librement à la sensualité, en faisant taire la conscience et en cultivant même des pensées d’orgueil. Il est évident que Dieu ne peut qu’avoir en horreur de tels sentiments et le comportement qui en est la conséquence. «Vous avez été achetés à prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps» (1 Cor. 6).
À partir du chapitre 12, le Saint Esprit est considéré dans l’Église. D’abord comme opérant par le moyen des dons qui ont été départis aux divers membres du corps. Puis, au chapitre 14, en rapport avec l’exercice de ces dons dans l’assemblée. Nous y trouvons l’ordre selon Dieu, c’est-à-dire les conditions dans lesquelles un don est appelé à s’exercer, autrement dit encore le principe important que la possession de la puissance du Saint Esprit n’exempte aucun chrétien de l’autorité du Seigneur par sa Parole. Mieux encore, c’est le Saint Esprit qui, employant cette Parole, agit sur la conscience du chrétien pour lui dicter l’usage qui doit être fait de Sa puissance. Quelqu’un aura beau alléguer qu’il a reçu une parole de Dieu et qu’elle doit être prononcée : il doit se taire si elle n’est pas à sa place. Telle parole peut véritablement provenir du Seigneur ; mais Dieu tient à l’ordre dans sa propre maison et la puissance reçue ne dispense nullement de la responsabilité personnelle dans l’exercice des dons. La Parole seule, non pas l’Esprit, est la pierre de touche (comparez 2 Tim. 3). C’est là une vérité inestimable, car la tendance des hommes qui croient réellement à l’action de l’Esprit de Dieu est de soumettre plus ou moins la Parole à l’Esprit, au lieu de reconnaître ce qui est si clair dans l’Écriture, à savoir que le Saint Esprit soumet toujours ses propres manifestations à l’autorité de la Parole du Seigneur, Parole qu’il a lui-même inspirée.
3. 10.1.3 [2° Épître aux Corinthiens]
La seconde épître aux Corinthiens nous montre le cher apôtre consolant les saints qui avaient été abaissés. Lui-même avait subi une terrible persécution, mais en était sorti. Il affirme que toutes les promesses de Dieu en Christ sont oui et amen en Lui, à la gloire de Dieu par nous. Quelques-uns lui avaient apparemment reproché de ne pas avoir mis son projet de visite à exécution. Ces tergiversations convenaient-elles à un apôtre ? On s’en était servi pour mettre en cause son autorité. Si je n’ai pas tenu ma promesse, répond-il, Dieu tient les siennes dans l’Évangile : «Car autant il y a de promesses de Dieu, en lui est le oui et en lui l’amen, à la gloire de Dieu par nous. Or celui qui nous lie fermement avec vous à Christ et qui nous a oints, c’est Dieu, qui aussi nous a scellés, et nous a donné les arrhes de l’Esprit dans nos coeurs». C’est précisément ce qui a lieu dans les voies de Dieu avec l’âme et tout est ici présenté d’une manière et dans un ordre admirablement complets. Le croyant est établi par Dieu en Christ. Ceci naturellement suppose qu’il est d’abord vivifié de la vie de Christ. De ce premier privilège découlent les autres, car Christ donne force et plénitude à cette vie que possède le croyant et qui est la sienne. Puis le racheté est déclaré oint, car le Saint Esprit est la puissance pour lui faire connaître toutes choses selon Dieu. «Vous avez l’onction de la part du Saint» est-il dit même des petits enfants en 1 Jean 2. Ainsi, immédiatement après que le racheté est établi en Christ, l’onction est mentionnée — cette bénédiction par laquelle l’Esprit ouvre les yeux du croyant et lui donne puissance pour voir et comprendre avec une capacité nouvelle et divine. Enfin, l’Esprit scelle le croyant sur la base d’une rédemption accomplie et devient pour lui les arrhes d’un héritage futur : «Dieu... nous a scellés, et nous a donné les arrhes de l’Esprit dans nos coeurs».
4. 10.1.4 [Épître aux Éphésiens ch. 1 v. 12-14]
Arrivons maintenant à un autre passage, celui d’Éphésiens 1:12 à 14, où se trouve la même double pensée : «... le Christ : en qui vous aussi vous avez espéré, ayant entendu la parole de la vérité, l’évangile de votre salut ; auquel aussi ayant cru, vous avez été scellés du Saint Esprit de la promesse, qui est les arrhes de notre héritage». Vous observerez que l’apôtre parle de l’Esprit Saint sous deux points de vue, et en rapport avec les deux principaux sujets qu’il a présentés dans ce chapitre. L’un est l’appel du Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, l’autre l’héritage. Le Saint Esprit agit avec nous en rapport avec les deux. Relativement à l’appel de Dieu, il scelle le croyant, et relativement à l’héritage, il est les arrhes dans nos coeurs. Dans le premier cas, il est la puissance d’une séparation consciente pour Dieu sur le terrain de ce qui est maintenant achevé. Et ainsi, vous remarquerez que dans ce même verset il est dit : «Ayant entendu la parole de la vérité, l’évangile de votre salut». C’est seulement sur cette base que le Saint Esprit prend une telle place dans le croyant. Il scelle la personne de celui qui se repose sur la rédemption et devient les arrhes de l’héritage de la gloire que nous partagerons avec Christ.
Ce sujet présente souvent des difficultés pour l’esprit des enfants de Dieu. Sous une forme ou sous une autre, c’est le légalisme qui est ordinairement le grand obstacle à une saine intelligence de la doctrine du Saint Esprit. L’Esprit est la puissance de sainteté dans le croyant, comme la loi était la force du péché pour l’homme placé sous elle. La loi avait affaire avec la chair, le Saint Esprit habite maintenant où est la nouvelle nature.
En commençant son oeuvre, il trouve une âme qui est absolument sans vie aucune à l’égard de Dieu. Elle ne possède rien d’autre que la nature déchue, jusqu’à ce que, par la foi en Christ, la nouvelle nature lui soit communiquée. La foi en la Parole rattache l’âme à Christ ; une vie nouvelle qu’elle ne possédait pas lui est conférée. «Ce qui est né de l’Esprit est Esprit», de même que la chair vient de la chair. Mais le sceau de l’Esprit suppose une chose sainte déjà existante : à savoir les saints comme ils sont en Christ. Il est évident qu’il ne peut y avoir de sceau sur la vieille nature. Le Saint Esprit scelle cette nouvelle nature ou plutôt la personne vivifiée. Il serait inconvenant et choquant de penser que le Saint Esprit puisse apposer son sceau sur la chair ou la vieille nature. Vivifier suppose une absence de vie ; mais sceller implique de plus qu’il existe quelque chose à sceller qui est selon Dieu. Le sceau de l’Esprit n’est pas imprimé simplement sur la vie, quoiqu’il la suppose toujours, mais il suit la réception de l’évangile du salut : «auquel aussi ayant cru, vous avez été scellés...». Ceci montre que les saints avaient déjà cru et que le sceau était une action subséquente du Saint Esprit sur leurs âmes. En somme, les hommes ne sont pas scellés comme incrédules, ce qui serait, si elle était possible, la chose la plus misérable. Ils sont scellés comme croyants, de même qu’ils ont d’abord été vivifiés comme morts dans leurs péchés.
La question du temps qui s’écoule entre croire et être scellé est d’une importance secondaire, mais la distinction des deux actes est au contraire de toute importance. N’y aurait-il qu’une minute d’intervalle, ils sont cependant distincts et le sceau suit la foi. L’incrédule a besoin d’être vivifié, le croyant d’être scellé. Ne pas reconnaître que ces actions sont distinctes et successives, c’est aussi s’exposer à confondre la condition des saints de l’Ancien Testament avec le christianisme. Sans aucun doute, le Saint Esprit s’occupait des âmes anciennement, elles étaient vivifiées et croyantes, mais elles n’étaient pas scellées et ne possédaient pas les arrhes de l’Esprit.
Pourquoi cette différence ? Parce que sous l’ancienne alliance l’évangile du salut n’était pas encore la base connue et publique pour la bénédiction de l’âme. Celle-ci se trouvait en quelque sorte dans une condition d’attente, ne jouissant pas d’une pleine communion avec Dieu dans la paix et la délivrance. Le christianisme a amené cela et davantage encore. Christ est venu ; il a accompli la rédemption, et le Saint Esprit, envoyé maintenant du ciel, nous apporte non seulement des promesses (car à elles seules les promesses ne sont pas le christianisme) — mais les promesses pleinement vérifiées en Christ. Quelques-unes sont futures, et sans doute, dans ce sens, elles ne sont pas encore accomplies, par exemple la résurrection du corps et le déploiement de la gloire. Néanmoins l’Écriture nous révèle maintenant un salut actuel, non plus promis, mais prêché dans l’Évangile comme une chose accomplie. N’avoir qu’une simple espérance de Christ correspond à la condition de ceux qui se trouvent toujours sous la loi. Ils soupirent constamment après le salut, la paix ou une part en Christ. Cet état était normal dans l’Ancien Testament, et personne ne possédait de titre pour aller au-delà. Le Messie n’était pas venu, ni l’oeuvre accomplie, aussi croire plus que la révélation d’alors aurait été du mysticisme et non la vérité de Dieu ; de l’imagination, et non la réalité. Mais maintenant l’oeuvre est accomplie. Le pardon n’est plus une promesse mais un fait actuel et la vie éternelle, tout en étant à venir, est une possession présente. Le salut est déjà la portion du croyant (Éphésiens 2), si complet que celui-ci est déclaré ressuscité avec Christ et assis en Lui dans les lieux célestes. À un autre point de vue, nos corps doivent être changés plus tard à la ressemblance de son corps et, dans ce sens-là, le salut n’est pas encore venu.
En conséquence, nous l’avons vu, l’Esprit de Dieu prend une relation nouvelle ou un nouveau mode d’action conforme à ce développement des voies de Dieu et de la révélation de la pleine bénédiction. Dans ce qui intéresse l’âme, le salut est déjà parfait : le Saint Esprit dans ses relations avec elle maintenant en est le messager et scelle la personne de celui qui croit à l’Évangile. Le sceau suppose, non plus seulement une nouvelle naissance, mais une rédemption complète, et suppose que l’oeuvre de Christ est connue. Nous-mêmes ne scellons pas une chose avant qu’elle ne soit achevée. Personne ne penserait à sceller une lettre avant qu’elle ne soit écrite. De même l’acte du sceau, appliqué par le Saint Esprit, indique clairement que celui qui est scellé repose sur une base complète et certaine.
Par rapport au présent, le Saint Esprit scelle donc pour le chrétien le salut qu’annonce l’évangile. Par rapport à l’avenir, nous l’avons vu, Il est un gage de l’héritage. Le chrétien, objet de l’amour de Dieu, jouit d’un salut tel que Dieu lui-même ne peut pas le rendre plus parfait ; mais il ne possède pas encore l’héritage, et le Saint Esprit, au lieu de lui en présenter simplement une promesse, lui en donne un avant-goût. Il permet à l’enfant de Dieu d’anticiper la joie et la bénédiction de son héritage bien qu’il séjourne encore dans le monde. C’est à ce titre qu’il en est appelé les arrhes.
5. 10.1.5 [Épître aux Galates 3 et 4]
Aux Galates, l’apôtre avait posé la question : «Avez-vous reçu l’Esprit sur le principe des oeuvres de loi, ou de l’ouïe de la foi ?» Ces croyants, quoique séduits par les judaïsants, savaient bien que les oeuvres de la loi n’étaient pour rien dans le don du Saint Esprit ni non plus dans l’opération de miracles parmi eux (chap. 3). Une expression du chapitre 4 est plus explicite encore, quant à la distinction qui nous occupe. Alors que son peuple était sous la loi, «Dieu a envoyé son Fils,... afin qu’il rachetât ceux qui étaient sous la loi, afin que nous reçussions l’adoption. Et, parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos coeurs, criant : Abba, Père» (Gal. 4:4 à 6).
Ainsi c’est le Saint Esprit qui nous donne conscience de la relation avec Dieu qui nous appartient déjà par la foi en Christ. Déjà ils étaient fils — «parce que vous êtes fils», affirme Paul ; ils pouvaient cependant ne pas connaître la jouissance de cette relation ; c’est pourquoi «Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos coeurs, criant : Abba, Père». La signification et la force de ce passage sont aussi claires que possible. Sous la loi, le croyant, quoique enfant, n’a jamais eu conscience de son adoption. Sa condition était celle de serviteur, quoique seigneur de tout, comme l’apôtre l’explique. Pourquoi ? Parce que dans la première période, il était sous la loi. Il ressemblait à un mineur «sous des tuteurs et des curateurs jusqu’à l’époque fixée par le père». Il était tenu en esclavage sous les principes du monde. La loi le châtiait, lui faisant sentir la méchanceté et la rébellion de sa nature. Tout cela a continué sous le système légal ; mais maintenant est venu un état de choses entièrement différent comme l’apôtre le montre ici.
6. 10.1.6 [Épître aux Romains : la mort, la chair, et moi]
Ainsi l’épître aux Romains nous a appris cette grande vérité du christianisme : que, quant à la chair, j’ai le droit, je suis même tenu de la considérer comme morte. Je ne suis jamais appelé à mourir à la chair. Une pareille idée, courante chez les mystiques, n’est nullement la vérité révélée en Christ. Sans doute sommes-nous invités à mourir d’une manière pratique à nous-mêmes et au monde — à mourir tous les jours. Mais c’est une tout autre pensée qui signifie s’exposer continuellement pour Christ à l’épreuve et à la mort. Par contre, quant à la chair, j’ai le droit, par la grâce de Dieu, d’affirmer que je suis déjà mort, et je suis appelé à me considérer désormais, et pour toujours, comme mort. Le mysticisme est un effort pour devenir mort en soi-même, et cela sonne bien, mais la grâce divine me donne le droit — qui est celui de Christ lui-même — de croire à la puissance de sa mort pour moi, et de ma mort avec lui. En sorte que je puis sans présomption me tenir pour mort au péché, mais vivant à Dieu par Jésus Christ.
L’épître aux Romains nous a donné cet enseignement en rapport avec la justice. Mais l’exemple choisi ici par l’apôtre est en contraste avec le système légal de contrainte qui réglait sous la loi romaine la situation des mineurs. La rédemption nous a amenés, par la foi en Christ, à la position de fils et nous avons l’Esprit du Fils de Dieu, donné comme puissance, par lequel nous crions : Abba, Père. Telle est la connexion du Saint Esprit avec la doctrine de cette épître. L’objet de l’ennemi était de détourner les croyants de la liberté dans laquelle ils avaient été placés par l’affranchissement, et de la relation bénie de fils devant leur Dieu et Père, pour les ramener sous les ordonnances de la loi sous une forme ou sous une autre. Le Saint Esprit est la puissance libératrice qui nous est donnée, fondée sur la rédemption par Christ et en lui.
7. 10.1.7 [Épître aux Éphésiens, survol des ch. 1 à 6]
En revenant à l’épître aux Éphésiens nous constatons qu’il n’y a pas un seul chapitre qui ne fasse une ou plusieurs allusions au Saint Esprit. Dans le témoignage du chapitre 1 et du chapitre 2, le Saint Esprit est envisagé comme la puissance d’accès auprès du Père tant pour le Juif que pour le Gentil. À la fin du chapitre 2, il nous est présenté comme la puissance constitutive de l’habitation de Dieu. Cette habitation de Dieu dans l’Église n’est pas extérieure comme en Israël, et sa présence n’est pas signalée comme autrefois par une nuée visible, mais elle est bien plus réelle, par le Saint Esprit qui habite là.
Au chapitre 3, l’Esprit n’est pas seulement une puissance révélatrice pour éclairer l’intelligence, comme au chapitre 1, mais aussi une source intérieure pour rendre plus profonde la communion spirituelle du chrétien et fortifier son homme intérieur selon toutes ces richesses qui sont en Christ.
Dans le chapitre 4, la doctrine de l’Esprit de Dieu est largement développée, en relation avec le corps, aussi bien qu’avec les dons individuels. Par-dessus tout, dans la dernière partie du chapitre, il est fait allusion à lui comme à la puissance active et la mesure personnelle de sainteté dans la marche. Ce qui est convenable au nouvel homme, ce n’est pas simplement de faire ceci ou cela, mais de ne pas attrister cette personne divine par laquelle nous avons été scellés pour le jour de la rédemption. Ce n’est pas assez de savoir comme vérité le vieil homme jugé et le nouvel homme donné, mais l’Esprit de Dieu est en nous et nous devons veiller à ne l’attrister d’aucune manière.
Le chapitre 5 nous fournit une autre et très intéressante allusion au Saint Esprit. Nous n’y sommes pas seulement appelés à résister aux excitations charnelles, mais à être remplis de l’Esprit et en connexion avec cela à nous entretenir par des psaumes et des hymnes et des cantiques spirituels, chantant et psalmodiant de notre coeur au Seigneur (v. 19). Remarquons à ce propos l’absence dans le Nouveau Testament de louanges ou de cantiques de circonstance tout préparés à l’usage des enfants de Dieu. À la différence du Juif, le chrétien ne dispose pas d’un recueil de psaumes, d’hymnes ou de chants spirituels écrits par inspiration. Le Juif avait besoin que de telles louanges fussent préparées pour lui ; le chrétien non, car ayant le Saint Esprit comme le Juif ne l’avait pas, l’enfant de Dieu possède intérieurement une abondante source propre à le faire chanter dans son coeur. À l’Église, qui a le Saint Esprit toujours présent et habitant en elle, appartient la source de l’eau vive ; plus encore, chaque chrétien possède individuellement cette source qui d’une manière naturelle jaillit en psaumes, en hymnes et en cantiques spirituels.
Ainsi cette absence d’un recueil de cantiques inspirés et de prières préparées, qui sert de prétexte à certains pour mettre à la place des liturgies ou pour retourner aux psaumes de David, constitue en réalité la preuve la plus éclatante de la bénédiction actuelle de l’Église de Dieu. Ce qui manque hélas, aux chrétiens, c’est la foi pour se servir de leur bel héritage. Ceux qui sont sous la douloureuse expérience de la loi n’ont aucune source de joie en eux-mêmes ; ils ont donc besoin d’une provision extérieure. Mais, du moment que nous avons Christ et, de plus, le Saint Esprit comme puissance divine pour jouir de notre Sauveur avec notre Dieu et Père, ç’aurait été abaisser la place de l’Église si la Parole avait fait pour nous une provision de psaumes, d’hymnes et de cantiques spirituels. La sainte Écriture considère le chrétien comme étant arrivé à l’état d’homme fait, et suppose l’Église — à moins qu’elle ne soit égarée par des séducteurs — dans une position de pleine liberté devant Dieu, dans l’intelligence de sa pensée et la confiance de son amour, entrant dans les richesses de sa grâce et de sa gloire en Christ ; et cela, parce que le Saint Esprit habite et dans le chrétien et dans l’Église. En sorte que la conscience d’une telle bénédiction s’exprime non seulement dans la louange mais dans l’édification mutuelle par des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels, chantant et psalmodiant du coeur au Seigneur.
La seule allusion à l’Esprit de Dieu qui reste encore à examiner dans les Éphésiens se trouve dans le dernier chapitre, où nous sommes exhortés à prier par l’Esprit. «Priant par toutes sortes de prières et de supplications, en tout temps, par l’Esprit». Le Nouveau Testament ne parle jamais de la prière à l’Esprit, mais par l’Esprit. Ce n’est pas que l’Esprit ne soit pas digne de louanges et de prières ; qu’il ne soit pas Dieu également avec le Père et le Fils. En fait la prière à Dieu s’adresse au Saint Esprit en même temps qu’au Père et au Fils. Mais il a plu à l’Esprit, depuis la rédemption, de prendre une place qui empêche que des prières lui soient spécialement adressées. Il habite en nous et s’adresser à l’Esprit serait, sans en avoir la conscience, ne pas croire à son habitation dans l’Église et dans le croyant.
8. 10.1.8 [Épître aux Philippiens et Colossiens]
Sans nous arrêter aux passages de moindre importance qui, dans les Philippiens, parlent de l’Esprit par rapport à son caractère plutôt que comme personne habitant en nous (c’est-à-dire comme la source de la communion et du caractère du culte : 3:3), observons l’omission remarquable de toute mention de l’Esprit de Dieu dans l’épître aux Colossiens. Celle-ci met l’accent sur la nouvelle vie alors que l’épître aux Éphésiens — qui présente beaucoup d’analogie avec celle aux Colossiens — le place sur le Saint Esprit, source de cette vie. Il va sans dire que chacun de ces points de vue est en rapport avec le caractère respectif des deux épîtres.
9. 10.1.9 [Épître aux Thessaloniciens]
Dans les Thessaloniciens le Saint Esprit est présenté avec une simplicité et une force extraordinaires, et cela depuis la conversion de ces croyants jusqu’au bout de leur carrière (l, 5 ; 4, 8 ; 5:19). Les textes ne demandent guère de remarques, excepté peut-être le dernier qui est souvent mal compris : «N’éteignez pas l’Esprit». Cette exhortation n’est pas à confondre avec celle d’Éphésiens 4:30 de ne pas attrister le Saint Esprit de Dieu. L’attrister est évidemment personnel ; tandis que l’éteindre est en rapport avec d’autres, et principalement, je suppose, dans l’usage de leurs dons. Je ne dois pas être une entrave pour un autre, ni élever des difficultés quant à la manifestation du Saint Esprit dans aucun frère. Telle oeuvre peut être grande ou au contraire très petite, la seule question est : est-elle de l’Esprit ? Avoir du respect pour la présence et l’opération du Saint Esprit selon toutes les variétés de son action dans l’Église garderait le frère le plus en vue d’éteindre l’Esprit dans celui qui l’est le moins. Certainement Dieu ne méprise pas le jour des petites choses.
10. 10.1.10 [Épîtres à Timothée]
Dans les deux épîtres à Timothée, il est constamment question de l’Esprit. Arrêtons-nous à 2 Timothée 1:7 : «Car Dieu», dit l’apôtre, «ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais de puissance, et d’amour, et de conseil» (voyez aussi verset 14). Il n’est pas difficile de voir pourquoi le Saint Esprit est ainsi mentionné à cette place. Timothée tremblait devant les difficultés de la lutte chrétienne — devant cette tristesse et cette épreuve dans lesquelles le service de Christ, plus particulièrement au milieu des assemblées, conduit le serviteur fidèle. C’est pourquoi l’apôtre lui rappelle le don qui lui avait été accordé par l’imposition de ses propres mains, et ajoute que l’Esprit qui nous est donné, à nous autres chrétiens, n’est pas un esprit de crainte, mais de puissance, d’amour et de conseil. Notons la distinction entre le don communiqué à Timothée par l’imposition des mains de l’apôtre, et le caractère général de l’Esprit donné aux saints. Il est clair que le but de ce rappel était de fortifier l’homme de Dieu craintif. Pourquoi aurait-il été surchargé de tristesse par les difficultés, les dangers, les désappointements, ou même la défection de ceux qui avaient autrefois travaillé avec l’apôtre lui-même et qui maintenant s’étaient tournés contre lui ?
11. 10.1.11 [Épître à Tite]
Dans l’épître à Tite, nous avons un riche passage exposant la bénédiction dans laquelle le christianisme introduit une âme (3:4-7). «Mais, quand la bonté de notre Dieu Sauveur et son amour envers les hommes sont apparus, il nous sauva, non sur le principe d’oeuvres accomplies en justice, que nous, nous eussions faites, mais selon sa propre miséricorde, par le lavage de la régénération et le renouvellement de l’Esprit Saint, qu’il a répandu richement sur nous par Jésus Christ, notre Sauveur, afin que, ayant été justifiés par sa grâce, nous devinssions héritiers selon l’espérance de la vie éternelle». Ici nous avons non seulement le lavage de la régénération, privilège commun à tous les saints de toutes les époques ; mais elle nous est donnée sous la forme et la plénitude qui maintenant sont la part distincte du chrétien. La régénération est universelle et propre à tous les saints ; mais la riche effusion du Saint Esprit résulte de la rédemption ; il a été répandu abondamment sur nous par Jésus Christ notre Sauveur. Ainsi le passage montre d’une manière bien frappante à la fois ce qui est et doit toujours être vrai, et ce qui ne devint possible, selon les voies sages de Dieu, que lorsque l’obstacle eut été ôté, la chair jugée, et que le Saint Esprit put être répandu richement, par Jésus Christ notre Sauveur.
12. 10.1.12 [Épître aux Hébreux]
L’épître aux Hébreux contient plusieurs allusions à l’Esprit. Nous retiendrons deux expressions : «l’Esprit de grâce» et «l’Esprit éternel» qui toutes les deux désignent le Saint Esprit en contraste avec le système juif. «L’Esprit de grâce» (10:29) est en contraste avec la loi, et «l’Esprit éternel» (9:14) avec les voies temporaires des temps anciens.
13. 10.1.13 [1° Épître de Pierre]
Nous arrivons ensuite en 1 Pierre 1 à un passage de grande importance pour le croyant. L’apôtre y parle du salut dont les prophètes «se sont... enquis avec soin, recherchant quel temps ou quelle sorte de temps l’Esprit de Christ qui était en eux indiquait, rendant par avance témoignage des souffrances qui devaient être la part de Christ et des gloires qui suivraient» (v. 10, 11). Nous avons là un énoncé clair de l’oeuvre de l’Esprit de Christ dans l’âme des anciens prophètes. Il était en eux sous le caractère d’esprit de prophétie pour rendre témoignage de ce qui allait arriver, à savoir les souffrances qui seraient la part de Christ et les gloires qui suivraient. Nous ne savons pas dans quelle mesure ils comprirent ces vérités, et purent en jouir, mais l’une et l’autre furent placées devant eux. Les Psaumes en parlent, puis les prophètes, tout particulièrement Ésaïe, Michée, Daniel et Zacharie. Mais de plus, «il leur fut révélé que ce n’était pas pour eux-mêmes, mais pour vous, qu’ils administraient ces choses, qui vous sont maintenant annoncées par ceux qui vous ont annoncé la bonne nouvelle par l’Esprit Saint envoyé du ciel» (v. 12). Christ étant venu et la rédemption étant accomplie, l’évangile est maintenant annoncé. De ce fait, le Saint Esprit prend une place toute nouvelle. Il est «envoyé du ciel», expression qui n’est pas employée pour désigner son action dans les temps précédents. La mission du Saint Esprit envoyé du ciel est évidemment distincte des opérations de l’Esprit de Christ dans l’Ancien Testament, quelque bénies qu’elles fussent. C’est le Saint Esprit descendu du ciel qui constitue la puissance du croyant pour entrer dans ce qui est maintenant annoncé par l’Évangile. Reste encore, pour une époque future, l’accomplissement de la prophétie, quand le royaume sera établi en puissance et en gloire ici-bas.
En résumé ce passage contient trois pensées principales : premièrement, le Saint Esprit prophétisant ; secondement, la jouissance présente d’un salut d’âmes proclamé par l’Évangile dans la puissance du Saint Esprit envoyé du ciel ; en troisième lieu, la révélation de la grâce à l’apparition du Christ qui sera l’accomplissement des prophéties. Une oeuvre puissante a été faite et, sans aucun doute, la prophétie s’applique à cette oeuvre, quoique cette dernière aille bien au-delà de ce que la prophétie a révélé. Finalement le plein accomplissement de la prophétie est réservé pour l’apparition du Seigneur en gloire. Entre les deux époques — après la venue de Christ pour souffrir, mais avant son apparition en gloire — le Saint Esprit est envoyé du ciel ; et nous jouissons, dans la foi, par sa puissance, de ce que l’Évangile annonce au sujet de Christ.
14. 10.1.14 [2° Épître de Pierre et 1° Épître de Jean]
Il n’est pas nécessaire de nous arrêter à 2 Pierre où la seule allusion au Saint Esprit concerne les saints hommes de Dieu de l’Ancien Testament qui parlèrent sous son influence (1:21).
1 Jean développe le sujet du Saint Esprit en nous, par lequel Dieu demeure en nous et nous mêmes demeurons en Dieu.
2. 10.2 [Apocalypse]
Nous arrivons ainsi à l’Apocalypse. Dès le premier chapitre l’Esprit de Dieu nous y est présenté sous un aspect entièrement nouveau, au point que plusieurs commentateurs anciens ou modernes ont nié que la mention des «sept esprits de Dieu» puisse désigner le Saint Esprit et ont appliqué la phrase aux sept anges qui se tiennent devant Dieu (Apocalypse 8:2). Or on ne peut douter qu’il ne s’agisse ici de la même Puissance spirituelle septuple que celle dont parle Ésaïe 11:2, 3.
L’Apocalypse ne s’occupe nullement dans ses visions prophétiques des sujets ordinaires du Nouveau Testament, et c’est ce qui explique le style propre à ce livre. Allant traiter non pas du déploiement de la grâce mais du gouvernement de Dieu, l’Apocalypse est remplie d’allusions à l’Ancien Testament. Personne ne comprendra ce livre s’il n’a pas les voies anciennes de Dieu présentes à son esprit. Inversement, chacun pourra suivre ses communications d’une manière plus intelligente s’il ne perd pas de vue les continuelles références à la loi et aux prophètes, que ce livre lie avec les éléments du Nouveau Testament.
1. 10.2.1 [Apoc. 1:4 — Les 7 esprits de Dieu]
Malgré la salutation propre aux apôtres : «Grâce et paix à vous», Dieu nous est présenté dans ce livre tout autrement que dans les épîtres : celui «qui est, et qui était, et qui vient». C’est une traduction, si on peut parler ainsi, du Jéhovah hébreu dans le langage du Nouveau Testament. Il en est de même de son Esprit présenté ici sous forme des «sept Esprits qui sont devant son trône». Quiconque est familier avec le Nouveau Testament doit être d’autant plus frappé d’une telle expression qu’ailleurs il est sans cesse question de l’Esprit — «d’un seul Esprit». N’est-ce pas là l’enseignement invariable de Paul ? Le corps de Christ est un parce qu’un seul et même Esprit habite dans chaque disciple de Christ, unissant étroitement et constituant en un tous les membres divers. Partout il est «le Saint Esprit envoyé du ciel» ; habitant dans le croyant ; distribuant et opérant dans l’Église. Pourtant ici, c’est des sept Esprits qui sont devant le trône de Dieu qu’il nous est parlé. D’où cela vient-il ? De ce que nous entrons dans une scène de gouvernement et d’actes judiciaires. La céleste parenthèse de grâce est désormais fermée. Elle correspondait au merveilleux déploiement du mystère caché aux générations antérieures, révélant la gloire de Christ en haut et l’union avec Lui du chrétien et de l’Église. Même dans la préface (chap. 2 et 3) où il est question des sept églises et de Christ en relation avec elles, le jugement est le point capital, et le Saint Esprit est envisagé selon le caractère de gouvernement que l’Apocalypse dans son ensemble nous révèle. C’est le livre final où tous les systèmes, et l’homme comme tel, doivent être jugés. Les églises sont jugées en premier lieu ; le monde l’est ensuite ; puis les vivants lors de l’apparition de Christ et avant la fin de son règne terrestre ; en dernier lieu, les morts sont jugés devant le grand trône blanc. Tout le long du livre ce n’est que jugement.
Le Saint Esprit nous est donc présenté en harmonie avec un état de choses terrestre et judiciaire, repris du point de vue de l’Ancien Testament, mais avec une profondeur caractéristique de la révélation finale et complète de Dieu. Jean parle «de sept Esprits», expression de la perfection pleine mais variée du Saint Esprit agissant selon les voies de Dieu développées en gouvernement. Et pour cette raison ils sont désignés comme étant devant son trône.
2. 10.2.2 [L’Esprit parlant aux assemblées]
La manière de parler dans les épîtres aux assemblées est remarquablement conforme à ce caractère : «ce que l’Esprit dit aux assemblées». Ce n’est pas l’oeuvre de l’Esprit de Dieu dans le saint ou dans l’Église. Ce n’est pas l’habitation de Dieu par l’Esprit. C’est plutôt comme quelqu’un qui est dehors, qu’il s’adresse ici à elles pour avertir et faire des remontrances. Christ lui-même agit de cette manière. Il n’est pas vu ici comme la Tête de l’Église, communiquant la nourriture et chérissant son corps. Bien qu’il soit plus qu’un sacrificateur, il est revêtu des vêtements sacerdotaux, non pas certes en vue d’intercéder pour le croyant et de le restaurer, mais, au contraire, pour le sonder de ses yeux qui sont comme une flamme de feu et pour s’occuper de ce qui est contraire à la pensée de Dieu. Il est révélé ici solennellement sous son nom de Fils de l’homme — désignation qui est inhabituelle en rapport avec l’Église. Il va en effet prendre le royaume et, en attendant, le jugement lui est donné parce qu’il est le Fils de l’homme (Jean 5). Ainsi le Seigneur a pris la place de juge, quoique le sujet soit les églises. Toute forme de jugement est entre ses mains. «Malheur ! Qui vivra, quand Dieu fera ces choses ?» (Nomb. 24:23). Aussi constatons-nous que la première et à certains égards la meilleure de ces églises est menacée d’avoir sa lampe ôtée, si elle ne se repent (et s’est-elle repentie ?) ; tandis que la dernière, quoique appelée à se repentir, est positivement menacée d’être vomie de la bouche du Seigneur. Pour ce qui est des églises responsables, la réjection est donc entière et sans espoir.
3. 10.2.3 [À partir du ch. 4]
À partir du chapitre 4, un vaste changement s’est effectué. Les rachetés mis à l’abri des jugements terrestres sont glorifiés dans le ciel, et le Seigneur est vu en haut comme un agneau immolé, un Christ rejeté, dans la présence de Dieu et sur Son trône. Là aussi l’Esprit est présent mais de nouveau comme sept Esprits, symbolisés par sept lampes ou torches de feu, autrement dit encore sous un aspect judiciaire. Le chapitre 5 signale la puissance et l’activité des sept Esprits de Dieu envoyés sur toute la terre. Il ne s’agit plus de la prédication de l’Évangile par le Saint Esprit envoyé du ciel, et de l’Église pas davantage. Cette mission de l’Esprit sur toute la terre s’accomplit non plus en grâce mais en gouvernement. Il n’est plus question des églises après le chapitre 3, excepté dans les exhortations de la fin, et ce n’est plus comme aujourd’hui par leur moyen que le Saint Esprit rend témoignage. À partir de ce moment, Dieu est occupé d’autres plans, de plans terrestres, les cohéritiers célestes étant en haut avec Christ. L’Esprit de Dieu agit donc en vue de toute la terre.
Cela indique suffisamment le caractère si particulier de l’action du Saint Esprit dans cette période apocalyptique. La plus grande portion du livre traite de l’intervalle qui prend place entre le moment où les églises ont disparu de la scène, et celui où le Seigneur Jésus viendra du ciel avec ses saints glorifiés, en vue du jugement de la terre. La période de la longue patience prend fin, et les jugements divins commencent leur cours. Sans doute y a-t-il des saints appelés et rendant témoignage ; et il va sans dire qu’il ne pourrait pas y avoir des saints vivifiés sans la puissance du Saint Esprit agissant par la Parole comme précédemment. Mais quel est le caractère de l’action du Saint Esprit dans et par ces saints qui succèdent à l’Église sur la terre ? Quelle est la nature de ses communications à leurs âmes ? Quelle est l’expérience qu’il forme au-dedans et quelle est la marche qu’il leur confère ? La réponse, dans les termes même de l’Apocalypse, c’est que «l’esprit de prophétie est le témoignage de Jésus» (19:10).
Cela nous permet de comprendre la différence des relations de l’Esprit de Dieu envers ces saints, comparées avec son aspect envers l’Église et le chrétien. Le Saint Esprit, comme fait actuel et caractéristique, habite dans le croyant comme esprit de communion. Ce que j’apprends en Christ devient ma portion et mon bonheur ; j’en jouis comme étant mien. Dieu ne fait pas une seule révélation concernant son Fils, que je n’aie le droit de m’approprier comme consolation de mon coeur. Le chrétien a un intérêt direct dans toute Sa gloire. Né de Dieu, ayant le Saint Esprit qui met le coeur au large, le croyant trouve sa joie à avoir quelqu’un au-dessus de lui devant qui il peut se prosterner et adorer. Hélas ! Jean trahit là sa propre faiblesse. Impressionné par la gloire de l’ange qui lui montre ces choses, il s’apprête à l’adorer. Mais le croyant est un adorateur empressé du Père et aussi du Fils parce qu’il connaît le Fils de Dieu, goûte sa grâce et se réjouit dans sa gloire selon que le Saint Esprit lui montre Jésus. Dans tous les autres domaines où Christ n’est pas ainsi simplement le Fils, la personne éternelle et divine, l’objet du culte et de l’adoration, il est celui qui, tout en étant au-dessus de nous, se plaît dans son profond amour à partager avec nous sa propre part, tout ce que le Père lui a donné. Ce qu’il a acquis, il le fait contribuer à notre bénédiction infinie par le moyen de l’Esprit de Dieu qui prend ce qui est à Christ et nous le communique. Il glorifie Christ mais en nous annonçant ce qui est à lui. Il fait déborder nos coeurs de la joie de Christ qui est notre éternelle portion.
Dans l’Apocalypse tel n’est pas le cas. Voyez les saints terrestres du chapitre 6. Ils demandent au Seigneur de juger leurs adversaires. Ils soupirent ardemment après ce qu’ils ne possèdent pas encore. C’est le thème du cantique de Salomon où il n’est aucunement question de l’Église ni de la relation du chrétien. La position des saints sur la terre après que l’Église a disparu est telle que le Saint Esprit n’est que l’Esprit de prophétie. Le seul témoignage qu’il rende à Jésus, c’est comme un esprit prophétique, ce qui rejette les fidèles sur l’avenir — sur ce qu’ils doivent recevoir de la main de Jésus lorsqu’il apparaîtra. Il n’en est pas ainsi du chrétien ; et cela nous aide à comprendre la diversité qu’il y a dans les manifestations de Dieu et la bénédiction des saints. Deux choses sont nécessaires pour me placer dans une véritable bénédiction actuelle. Il me faut un objet qui satisfasse mes affections et dont j’aie la possession. Mais il me faut aussi un stimulant pour mon attente, étant encore dans le corps et entouré d’objets dont Satan se sert pour m’éloigner de Dieu. Il est donc pour moi essentiel que, de même que j’ai Christ comme objet pour mon coeur, je le possède aussi comme mon espérance.
4. 10.2.4 [Apoc. 22]
Il nous faut ces deux choses qui semblent contradictoires mais qui, en réalité, sont les éléments essentiels de la pleine bénédiction des saints et de l’Église. Si je n’ai pas devant mon coeur un objet qui puisse le satisfaire, quel exercice ou quel repos peut-il y avoir pour mes affections ? Mais le chrétien possède Christ. Et c’est pour cela que le Saint Esprit le scelle, lui donne cette onction, lui donne de connaître sa part, de même qu’Il est sa puissance pour jouir de Christ et de ce que Christ lui a donné. Comme conséquence, le même Saint Esprit me conduit à attendre Christ. Nous trouverons cela aussi dans l’Apocalypse — pour nous, non pas pour ceux qui viendront après l’Église ; ce n’est qu’avec l’Épouse que l’Esprit dit : «Viens». Agissant sur les affections de l’Église, il inspire son cri et s’y joint. Il dit : «Viens», parce que Celui qui nous aime et qui est vraiment aimé de nos coeurs nous a dit : «Je viens bientôt». L’Esprit, qui honore Sa parole, inspire ce désir et nous fait soupirer après Lui. Or celui que j’attends, c’est Celui qui aime comme personne jamais n’a aimé, qui s’est entièrement donné lui-même dans son amour. Ainsi j’ai et en même temps je n’ai pas. Ma foi possède dès à présent une pleine bénédiction. Néanmoins j’ai tout le stimulant que constitue l’espérance qui me fait regarder hors de la scène présente à une pleine satisfaction encore à venir, lorsque Christ m’aura, et que je l’aurai, dans la gloire céleste où il est allé.
C’est là précisément ce que le coeur trouve dans le christianisme. Christ est descendu sur la terre et m’aime là où je suis. Il m’a aimé au milieu de ma folie et en dépit de mes péchés. En même temps il est mon espérance. Je serai semblable à lui, et avec lui là où il est lui-même. Telle est la part caractéristique et exclusive du christianisme. Cela ne pouvait pas être avant la venue de Christ, précisément parce qu’il n’était ni venu, ni pleinement révélé. Cela ne peut plus être après sa deuxième venue. Avant, il ne pouvait être l’objet connu du coeur. Après, il ne pourra plus être l’espérance des saints. À son apparition une bénédiction pleine et éternelle sera la part des siens et toute tristesse, toute difficulté s’évanouira. Alors le sentier du croyant sur la terre deviendra un sentier facile, tandis que maintenant l’Esprit de Dieu s’oppose à la puissance de Satan dans ce monde où tout se coalise pour entraver et éprouver l’enfant de Dieu. Mais il possède la foi et l’espérance. Le Saint Esprit est la source de toute sa puissance. Depuis la rédemption, il habite dans le croyant et dans l’Assemblée. Que la portion de l’Église de Dieu est belle !
Mais évidemment quand l’Église s’en sera allée en haut, une telle condition aura cessé. L’Esprit de Dieu vivifiera les âmes comme il le faisait avant d’être envoyé du ciel pour former l’Église : aussi longtemps qu’il y aura des âmes ici-bas et un Dieu à connaître par une relation vitale, cette oeuvre du Saint Esprit se fera en elles. De plus l’Esprit, opérant d’une manière appropriée à la dispensation, rejettera les saints sur l’avenir. Ainsi le contraste est manifeste. Les saints célestes auront été, juste auparavant, ôtés du monde, alors que les âmes que nous voyons ici sont préparées pour la terre milléniale. Il s’agit d’une période de transition où la forme d’action et de témoignage de l’Esprit consiste à diriger les coeurs sur l’avenir qui va être révélé. L’Esprit de prophétie est le témoignage de Jésus (19:10), non le déploiement de la plénitude de la rédemption. Ce n’est pas comme aujourd’hui la puissance qui donne l’assurance à l’âme pour pénétrer «au-dedans du voile» et y trouver «une ancre sûre et ferme». Rien dans ces pages ne ressemble à la paix et à la joie que les saints possèdent maintenant en Jésus. Le Saint Esprit dirigera ces croyants à regarder à Christ pour l’avenir. Ils auront à attendre, car d’autres doivent aussi souffrir comme eux (Apoc. 6:11). Leur soupir monte devant Dieu : «Jusques à quand, Seigneur ?» Ils attendent Celui qui doit venir, et il ne faut pas moins que la toute-puissance de Dieu pour leur donner de croire cela, tant sera grande la séduction d’injustice.
Ce n’est pas à l’homme de disputer avec Dieu, ni davantage au croyant de mettre en question Sa Parole. Toute notre sagesse consiste à avoir une foi simple dans les Écritures, ce qui a pour effet de mettre du calme dans l’âme, en présence de toutes les questions, de toutes les difficultés, et de tous les doutes qui peuvent s’élever dans nos esprits. Si Dieu a révélé l’avenir, n’est-ce pas pour que nous le connaissions ? Il est si peu vrai que le chrétien a assez à faire de s’occuper exclusivement de ses propres bénédictions qu’au contraire vous le dépouillez d’une portion de son héritage particulier si vous l’induisez à abandonner cette connaissance des choses à venir. Non seulement le chrétien possède maintenant la foi et l’anticipation de l’espérance, mais il est ici placé sur une éminence d’où il embrasse l’avenir, plongeant ses regards jusque dans l’éternité même. Quelle position peut être plus large, plus bénie que celle d’un chrétien ? Oh ! comme nous entrons peu dans notre propre bénédiction en Christ ! Combien peu nous la connaissons ! Comme nous en jouissons peu ! Les saints apocalyptiques n’auront pas cela, mais un
Partie 5 Saint Esprit
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Ecrit le 20 déc.03, 20:14-
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