La création du Monde, religion et nombres
Posté : 20 juin23, 05:39
Pembélé bambara
https://www.persee.fr/doc/rhr_0035-1423 ... 135_2_5651
1. Avant la création, le principe premier, Koni, aux vingt- deux noms cachés , n’était que pensée, se contenant en secret dans le vide (lankolo), il était aussi ce vide. Vint un moment où il s’amassa, formant un point ou boule, kuru, qui était en même temps « l’air lourd » (fyë gri), « l’air en gestation » (fyë kono) . Immobile, sans dimensions, sans limites, mais les impliquant toutes, il était centre de tout mouvement. Pensée et parole primordiales, en lui était aussi la substance de toutes choses. A ce moment il était « un », contenant én lui-même ses propres déploiements et ceux du monde à venir; « un était rien » (kelen iunye foi ye), car on ne le connaissait pas encore, mais « rien était un » (foi iunye kelenye), car sans lui le monde n’aurait pas existé.
Ayant pitié des choses qui étaient en puissance en lui et afin d’être connu d’elles, il voulut créer. « Je placerai, dit-il, le ciel et la terre du monde, et les personnes qui sont dans le monde sortiront de mon propre ventre »a. Par l’effort qu’il fît pour se dire à lui-même sa propre pensée, il prit connaissance de sa dualité : il fut deux.
2.Quand il eut dit les noms des choses, elles bruirent en lui (fëu ye mangati a la). S’étant ainsi manifesté, il fut connu par la création à venir ; son nombre fut alors trois, origine du mouvement (lama) et du temps (wati) . Mais trois est aussi le nombre du mâle qui contient en puissance le quatre, celui du principe femelle (saba ni nani bi bo nwâna, c’est-à-dire : trois et quatre sont l’un dans l’autre) .
Koni commença alors à limiter en lui-même l’espace pour en faire idéalement « l’œuf du monde ». Là où serait l’Est, il fit une spirale de trois tours, ce qui le doubla : il fut six, mais en même temps cette spirale le contenait comme une matrice (dëzo)* et l’ensemble était également sept, c’est-à- dire une « personne », à la fois mâle et femelle (3+4 = 7). Dans ce nombre sept, la création entière était en puissance (folo)h.
https://www.persee.fr/doc/rhr_0035-1423 ... 135_2_5651
1. Avant la création, le principe premier, Koni, aux vingt- deux noms cachés , n’était que pensée, se contenant en secret dans le vide (lankolo), il était aussi ce vide. Vint un moment où il s’amassa, formant un point ou boule, kuru, qui était en même temps « l’air lourd » (fyë gri), « l’air en gestation » (fyë kono) . Immobile, sans dimensions, sans limites, mais les impliquant toutes, il était centre de tout mouvement. Pensée et parole primordiales, en lui était aussi la substance de toutes choses. A ce moment il était « un », contenant én lui-même ses propres déploiements et ceux du monde à venir; « un était rien » (kelen iunye foi ye), car on ne le connaissait pas encore, mais « rien était un » (foi iunye kelenye), car sans lui le monde n’aurait pas existé.
Ayant pitié des choses qui étaient en puissance en lui et afin d’être connu d’elles, il voulut créer. « Je placerai, dit-il, le ciel et la terre du monde, et les personnes qui sont dans le monde sortiront de mon propre ventre »a. Par l’effort qu’il fît pour se dire à lui-même sa propre pensée, il prit connaissance de sa dualité : il fut deux.
2.Quand il eut dit les noms des choses, elles bruirent en lui (fëu ye mangati a la). S’étant ainsi manifesté, il fut connu par la création à venir ; son nombre fut alors trois, origine du mouvement (lama) et du temps (wati) . Mais trois est aussi le nombre du mâle qui contient en puissance le quatre, celui du principe femelle (saba ni nani bi bo nwâna, c’est-à-dire : trois et quatre sont l’un dans l’autre) .
Koni commença alors à limiter en lui-même l’espace pour en faire idéalement « l’œuf du monde ». Là où serait l’Est, il fit une spirale de trois tours, ce qui le doubla : il fut six, mais en même temps cette spirale le contenait comme une matrice (dëzo)* et l’ensemble était également sept, c’est-à- dire une « personne », à la fois mâle et femelle (3+4 = 7). Dans ce nombre sept, la création entière était en puissance (folo)h.