George Washington sur la nécessité sociale de la religion
Posté : 07 oct.23, 04:21
Voici un texte de Washington, qui était mi déiste mi xtien c’est pas clair, sur la nécessité sociale de la religion pour le bien commun, de 1796. Son dernier discours de président, vraisemblablement rédigé par Hamilton :
- la religion et la morale sont reliées
-surtout pour les masses, à l’expérience
-elles sont liées à l’obligation
-mais elles disjoignables mais seulement avec prudence
Comme il était quasi déiste il devait penser qu’en certains cas Dieu suffisait, mais probablement pas généralement. Pourquoi donc ?
La réponse la plus vraisemblable est la rétribution morale. Sans Dieu qui récompense et punit éternellement, la morale peut exister, comme chez Aristote ou les systèmes contractuels, donc il est faux de dire que tout est permis comme Karamasov, mais sans législateur ultime rétributif elle sera nettement moins convaincante, moins « obligatoire ». Car il est bien plus facile de comprendre l’obligation avec un législateur suprême qui est en même temps auteur de la nature humaine, donc qui ne peut pas ne pas avoir créé ses fins naturelles en même temps, donc les fins de son agir.
Donc le théisme a incontestablement un plus que l’athéisme n’a pas en morale, pense Washington.
Ce qui n’équivaut pas à la parole de Karamazov, et c’est pourquoi au sens strict, on peut avoir (et on a souvent en philo, Le fondateur Aristote ne fait aucunement dépendre la morale de son théisme) une morale sans théisme. Cependant le fait qu’une morale soit compatible avec l’athéisme n’empêche pas ce dernier d’être davantage compatible avec l’immoralisme ou le nihilisme moral que le théisme. Donc la morale en sort affaiblie. Avec un Dieu législateur ultime et rétributeur, il est difficile voire impossible d’être nihiliste. Pas avec l’athéisme, comme l’histoire des idées le montre : pour certains esprits, sans rétribution ultime, on peut tirer la conclusion que tout est permis puisque rien n’est ultimement puni. Il y a bel et bien un affaiblissement, d’où la position de Washington.
2 nuances additionnelles :
-Le théisme n’est pas seul à impliquer une rétribution ultime. Certains systèmes orientaux ou autres peuvent utiliser la réincarnation pour ce faire, avec bonne ou mauvaise conséquences selon la moralité de la vie suivie. Cependant, ces systèmes sont plus faibles que le théisme car ne réfèrent pas à un souverain juge, ils fonctionnent d’une facon moins volontariste ou législative, avec une sorte de loi des choses mais sans juge conscient appliquant ces lois et cause de ces lois. Le théisme est plus complet, a un élément de plus
-Il n’est question ici que de rétribution, pas du contenu de la morale. Donc la rétribution va aussi fonctionner pour une fausse morale ( ou une fausse religion), totalement ou partiellement, p.ex.la morale nazie (qui n’était pas athée), qui disposera ainsi elle aussi du concept de rétribution.
Cependant, si on réduit la morale à une règle très simple comme la règle d’or (ne fais pas à autrui etc.), qui est aussi biblique, très incomplète mais sur laquelle presque tous sont d’accord, le théisme rétributif sera très utile. Ce qui lui fournit au minimum un argument de convenance comme fondement pour une croyance.
D’après le texte :
De toutes les dispositions et habitudes qui conduisent à la prospérité politique, la religion et la morale sont des appuis indispensables. C'est en vain que l'homme réclamerait le tribut du Patriotisme, qui travaillerait à subvertir ces grands piliers du bonheur humain, ces piliers les plus solides des devoirs des Hommes et des Citoyens. Le simple Politicien, à l'égal de l'homme pieux, doit les respecter et les chérir. Un volume ne saurait retracer tous leurs rapports avec la félicité privée et publique. Qu'on se demande simplement : où est la sécurité de la propriété, de la réputation, de la vie, si le sens de l'obligation religieuse déserte les serments, qui sont les instruments d'investigation des cours de justice ? Ne nous laissons aller qu’avec prudence à la supposition, que la moralité peut être maintenue sans religion. Quoi qu'on puisse accorder à l'influence d'une éducation raffinée sur des esprits de structure particulière, la raison et l'expérience nous interdisent de nous attendre à ce que la morale nationale puisse prévaloir à l'exclusion du principe religieux. Il est substantiellement vrai que la vertu ou la moralité est un ressort nécessaire du gouvernement populaire. La règle, en effet, s'étend avec plus ou moins de force à toutes les espèces de gouvernement libre. Qui, qui en est un ami sincère, peut regarder avec indifférence les tentatives d'ébranler les fondations du tissu ?
- la religion et la morale sont reliées
-surtout pour les masses, à l’expérience
-elles sont liées à l’obligation
-mais elles disjoignables mais seulement avec prudence
Comme il était quasi déiste il devait penser qu’en certains cas Dieu suffisait, mais probablement pas généralement. Pourquoi donc ?
La réponse la plus vraisemblable est la rétribution morale. Sans Dieu qui récompense et punit éternellement, la morale peut exister, comme chez Aristote ou les systèmes contractuels, donc il est faux de dire que tout est permis comme Karamasov, mais sans législateur ultime rétributif elle sera nettement moins convaincante, moins « obligatoire ». Car il est bien plus facile de comprendre l’obligation avec un législateur suprême qui est en même temps auteur de la nature humaine, donc qui ne peut pas ne pas avoir créé ses fins naturelles en même temps, donc les fins de son agir.
Donc le théisme a incontestablement un plus que l’athéisme n’a pas en morale, pense Washington.
Ce qui n’équivaut pas à la parole de Karamazov, et c’est pourquoi au sens strict, on peut avoir (et on a souvent en philo, Le fondateur Aristote ne fait aucunement dépendre la morale de son théisme) une morale sans théisme. Cependant le fait qu’une morale soit compatible avec l’athéisme n’empêche pas ce dernier d’être davantage compatible avec l’immoralisme ou le nihilisme moral que le théisme. Donc la morale en sort affaiblie. Avec un Dieu législateur ultime et rétributeur, il est difficile voire impossible d’être nihiliste. Pas avec l’athéisme, comme l’histoire des idées le montre : pour certains esprits, sans rétribution ultime, on peut tirer la conclusion que tout est permis puisque rien n’est ultimement puni. Il y a bel et bien un affaiblissement, d’où la position de Washington.
2 nuances additionnelles :
-Le théisme n’est pas seul à impliquer une rétribution ultime. Certains systèmes orientaux ou autres peuvent utiliser la réincarnation pour ce faire, avec bonne ou mauvaise conséquences selon la moralité de la vie suivie. Cependant, ces systèmes sont plus faibles que le théisme car ne réfèrent pas à un souverain juge, ils fonctionnent d’une facon moins volontariste ou législative, avec une sorte de loi des choses mais sans juge conscient appliquant ces lois et cause de ces lois. Le théisme est plus complet, a un élément de plus
-Il n’est question ici que de rétribution, pas du contenu de la morale. Donc la rétribution va aussi fonctionner pour une fausse morale ( ou une fausse religion), totalement ou partiellement, p.ex.la morale nazie (qui n’était pas athée), qui disposera ainsi elle aussi du concept de rétribution.
Cependant, si on réduit la morale à une règle très simple comme la règle d’or (ne fais pas à autrui etc.), qui est aussi biblique, très incomplète mais sur laquelle presque tous sont d’accord, le théisme rétributif sera très utile. Ce qui lui fournit au minimum un argument de convenance comme fondement pour une croyance.