Ludwig Feuerbach: athée ou anthropothéiste?
Posté : 07 nov.23, 15:40
Feuerbach: Athée ou anthropothéiste?
Ici:
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Je classe Feuerbach parmi les athées forts. Finalement ce N’est pas aussi clair, pour ce qui est de la 1ere partie de sa carrière, la raison étant qu’il était encore hégélien, tout en se disant anthropothéiste. Or chez Hegel le monde est de nature idéelle ou spirituelle, englobé par ce qu’il appelle l’Esprit absolu, qui a une allure nettement panthéiste-panentéiste. Donc quand Feuerbach parle d’athéisme c’est seulement en un certain sens. Tout se passe comme si le Dieu de Hegel, L’Esprit absolu, existait mais ramené vers l’homme, ou le pan humain de la nature, plutôt que d’être vu comme le grand Tout. Le point important ici, c’est que Feuerbach parle bien de l’essence humaine, pas des hommes, Pierre, Jean, Jacques. Cette essence est intemporelle, surpasse les individus, ressemble à une idée platonicienne hypostasiée, bref on est encore dans Hegel. Donc c’est pas l’humanité au sens courant qui est Dieu (comme si on disait que la matière est Dieu, ce serait de l’athéisme), mais une entité hégélienne semitranscendante ayant des traits communs avec Dieu au sens plus classique. Il est donc permis de dire qu’il n’est pas athée, comme Hegel ne l’est pas, mais panenthéiste modifié, comme dans un hégélianisme anthropoligisé. L’au-delà des esprits individuels que Hegel nommerait Dieu, doit être concu comme essence humaine tout en continuant d’être nommé Dieu. C’est une réinterprétation de la divinité.
D’autre part si Feurbach avait à ce stade cessé d’être hégélien et avait dit Dieu c’est Pierre, Jean, Jacques, on aurait pu parler d’athéisme fort simpliciter.
Voici un texte de l’encyclopédie Stanford de philo :
The Essence of Christianity is divided into two parts. In the first part Feuerbach considers religion “in its agreement with the human essence” (WC 75), arguing that, when purportedly theological claims are understood in their proper sense, they are recognized as expressing anthropological, rather than theological, truths. That is, the predicates that religious believers apply to God are predicates that properly apply to the human species-essence of which God is an imaginary representation. In the second part Feuerbach considers religion “in its contradiction with the human essence” (WC 316), arguing that, when theological claims are understood in the sense in which they are ordinarily taken (i.e., as referring to a non-human divine person), they are self-contradictory.[9] In early 1842 Feuerbach still preferred that his views be presented to the public under the label “anthropotheism” rather than “atheism” (GW v. 18, 164), emphasizing that his overriding purpose in negating “the false or theological essence of religion” had been to affirm its “true or anthropological essence”, i.e., the divinity of man.
Feuerbach begins The Essence of Christianity by proposing that, since human beings have religion and animals don’t, the key to understanding religion must be directly related to whatever it is that most essentially distinguishes human beings from animals. This, he maintains, is the distinctive kind of consciousness that is involved in the cognition of universals.[10] A being endowed with such “species-consciousness” is able to take its own essential nature as an object of thought. The capacity for thought is conceived here as the capacity to engage in internal dialogue, and thus to be aware of oneself as containing both an I and a Thou (a generic other), so that, in the act of thinking, the human individual stands in a relation to his species in which non-human animals, and human beings qua biological organisms, are incapable of standing. When a human being is conscious of himself as human, he is conscious of himself not only as a thinking being, but also as a willing and a feeling being.
Traduction google:
L'essence du christianisme est divisée en deux parties. Dans la première partie, Feuerbach considère la religion « dans son accord avec l’essence humaine » (WC 75), arguant que, lorsque les affirmations prétendument théologiques sont comprises dans leur sens propre, elles sont reconnues comme exprimant des vérités anthropologiques plutôt que théologiques. Autrement dit, les prédicats que les croyants religieux appliquent à Dieu sont des prédicats qui s’appliquent correctement à l’essence de l’espèce humaine dont Dieu est une représentation imaginaire. Dans la deuxième partie, Feuerbach considère la religion « dans sa contradiction avec l'essence humaine » (WC 316), arguant que, lorsque les affirmations théologiques sont comprises dans le sens dans lequel elles sont ordinairement prises (c'est-à-dire comme faisant référence à une personne divine non humaine ), ils sont contradictoires.[9] Au début de 1842, Feuerbach préférait encore que ses opinions soient présentées au public sous l’étiquette d’« anthropothéisme » plutôt que d’« athéisme » (GW v. 18, 164), soulignant que son objectif primordial de nier « l’essence fausse ou théologique de la religion » avait été d’affirmer sa « véritable essence ou anthropologique », c’est-à-dire la divinité de l’homme.
Feuerbach commence L’Essence du christianisme en proposant que, puisque les êtres humains ont une religion et que les animaux n’en ont pas, la clé pour comprendre la religion doit être directement liée à ce qui distingue le plus essentiellement les êtres humains des animaux. C'est là, soutient-il, le type distinctif de conscience impliqué dans la cognition des universaux.[10] Un être doté d’une telle « conscience d’espèce » est capable de prendre sa propre nature essentielle comme objet de pensée. La capacité de pensée est conçue ici comme la capacité d'engager un dialogue intérieur, et ainsi d'être conscient de soi-même comme contenant à la fois un Je et un Tu (un autre générique), de sorte que, dans l'acte de penser, l'individu humain se trouve debout. dans une relation à son espèce dans laquelle les animaux non humains, et les êtres humains en tant qu'organismes biologiques, sont incapables de se tenir debout. Lorsqu’un être humain est conscient de lui-même en tant qu’humain, il est conscient de lui-même non seulement en tant qu’être pensant, mais aussi en tant qu’être voulant et ressentant.
Ici:
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Je classe Feuerbach parmi les athées forts. Finalement ce N’est pas aussi clair, pour ce qui est de la 1ere partie de sa carrière, la raison étant qu’il était encore hégélien, tout en se disant anthropothéiste. Or chez Hegel le monde est de nature idéelle ou spirituelle, englobé par ce qu’il appelle l’Esprit absolu, qui a une allure nettement panthéiste-panentéiste. Donc quand Feuerbach parle d’athéisme c’est seulement en un certain sens. Tout se passe comme si le Dieu de Hegel, L’Esprit absolu, existait mais ramené vers l’homme, ou le pan humain de la nature, plutôt que d’être vu comme le grand Tout. Le point important ici, c’est que Feuerbach parle bien de l’essence humaine, pas des hommes, Pierre, Jean, Jacques. Cette essence est intemporelle, surpasse les individus, ressemble à une idée platonicienne hypostasiée, bref on est encore dans Hegel. Donc c’est pas l’humanité au sens courant qui est Dieu (comme si on disait que la matière est Dieu, ce serait de l’athéisme), mais une entité hégélienne semitranscendante ayant des traits communs avec Dieu au sens plus classique. Il est donc permis de dire qu’il n’est pas athée, comme Hegel ne l’est pas, mais panenthéiste modifié, comme dans un hégélianisme anthropoligisé. L’au-delà des esprits individuels que Hegel nommerait Dieu, doit être concu comme essence humaine tout en continuant d’être nommé Dieu. C’est une réinterprétation de la divinité.
D’autre part si Feurbach avait à ce stade cessé d’être hégélien et avait dit Dieu c’est Pierre, Jean, Jacques, on aurait pu parler d’athéisme fort simpliciter.
Voici un texte de l’encyclopédie Stanford de philo :
The Essence of Christianity is divided into two parts. In the first part Feuerbach considers religion “in its agreement with the human essence” (WC 75), arguing that, when purportedly theological claims are understood in their proper sense, they are recognized as expressing anthropological, rather than theological, truths. That is, the predicates that religious believers apply to God are predicates that properly apply to the human species-essence of which God is an imaginary representation. In the second part Feuerbach considers religion “in its contradiction with the human essence” (WC 316), arguing that, when theological claims are understood in the sense in which they are ordinarily taken (i.e., as referring to a non-human divine person), they are self-contradictory.[9] In early 1842 Feuerbach still preferred that his views be presented to the public under the label “anthropotheism” rather than “atheism” (GW v. 18, 164), emphasizing that his overriding purpose in negating “the false or theological essence of religion” had been to affirm its “true or anthropological essence”, i.e., the divinity of man.
Feuerbach begins The Essence of Christianity by proposing that, since human beings have religion and animals don’t, the key to understanding religion must be directly related to whatever it is that most essentially distinguishes human beings from animals. This, he maintains, is the distinctive kind of consciousness that is involved in the cognition of universals.[10] A being endowed with such “species-consciousness” is able to take its own essential nature as an object of thought. The capacity for thought is conceived here as the capacity to engage in internal dialogue, and thus to be aware of oneself as containing both an I and a Thou (a generic other), so that, in the act of thinking, the human individual stands in a relation to his species in which non-human animals, and human beings qua biological organisms, are incapable of standing. When a human being is conscious of himself as human, he is conscious of himself not only as a thinking being, but also as a willing and a feeling being.
Traduction google:
L'essence du christianisme est divisée en deux parties. Dans la première partie, Feuerbach considère la religion « dans son accord avec l’essence humaine » (WC 75), arguant que, lorsque les affirmations prétendument théologiques sont comprises dans leur sens propre, elles sont reconnues comme exprimant des vérités anthropologiques plutôt que théologiques. Autrement dit, les prédicats que les croyants religieux appliquent à Dieu sont des prédicats qui s’appliquent correctement à l’essence de l’espèce humaine dont Dieu est une représentation imaginaire. Dans la deuxième partie, Feuerbach considère la religion « dans sa contradiction avec l'essence humaine » (WC 316), arguant que, lorsque les affirmations théologiques sont comprises dans le sens dans lequel elles sont ordinairement prises (c'est-à-dire comme faisant référence à une personne divine non humaine ), ils sont contradictoires.[9] Au début de 1842, Feuerbach préférait encore que ses opinions soient présentées au public sous l’étiquette d’« anthropothéisme » plutôt que d’« athéisme » (GW v. 18, 164), soulignant que son objectif primordial de nier « l’essence fausse ou théologique de la religion » avait été d’affirmer sa « véritable essence ou anthropologique », c’est-à-dire la divinité de l’homme.
Feuerbach commence L’Essence du christianisme en proposant que, puisque les êtres humains ont une religion et que les animaux n’en ont pas, la clé pour comprendre la religion doit être directement liée à ce qui distingue le plus essentiellement les êtres humains des animaux. C'est là, soutient-il, le type distinctif de conscience impliqué dans la cognition des universaux.[10] Un être doté d’une telle « conscience d’espèce » est capable de prendre sa propre nature essentielle comme objet de pensée. La capacité de pensée est conçue ici comme la capacité d'engager un dialogue intérieur, et ainsi d'être conscient de soi-même comme contenant à la fois un Je et un Tu (un autre générique), de sorte que, dans l'acte de penser, l'individu humain se trouve debout. dans une relation à son espèce dans laquelle les animaux non humains, et les êtres humains en tant qu'organismes biologiques, sont incapables de se tenir debout. Lorsqu’un être humain est conscient de lui-même en tant qu’humain, il est conscient de lui-même non seulement en tant qu’être pensant, mais aussi en tant qu’être voulant et ressentant.