FRAGMENTS de LETTRES
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1. 30 [Caractères du chrétien pour le temps actuel]
... Nous sommes dans les derniers temps, et évidemment Dieu agit en grâce pour retirer son peuple de devant le mal et les jugements ; mais il faut plus de dévouement, plus de séparation. Que Dieu, dans sa bonté, agisse ; il y a encore à faire en appelant les âmes et en les consolidant dans la vérité, afin qu’elles ne soient pas emportées par tout vent de doctrine. Il y a tant d’incrédulité, et l’esprit humain est tellement actif, que les âmes sont exposées à des dangers de toute espèce. Dieu les garde, et les siens sont, après tout, toujours en sûreté ; seulement le piège n’est plus le formalisme, mais le rejet de tout, ou la substitution d’opinions à la vérité divine. Toutefois je crois que c’est un beau moment pour celui qui est décidé. Il faut être chrétien tout de bon et accepter la folie de Dieu comme plus sage que les hommes, et la faiblesse de Dieu comme plus forte que les hommes. Une marche humble, dans une entière dépendance de Dieu, en regardant à Jésus-Christ, est singulièrement bénie dans ces jours-ci, et bientôt viendra le repos.
2. 31 [Nécessité du dévouement]
Je ne sais pas ce que nous avons à faire de plus ici-bas, que de mieux connaître Dieu et de le servir ; mais ce que je cherche surtout chez les frères, maintenant, c’est le dévouement. Je ne doute pas que leur place ne soit justement le témoignage de Dieu, non d’après aucune sagesse à nous, mais par la souveraine bonté de Dieu et par plus ou moins de connaissance. Mais le témoignage n’est pas complet, ni réalisé, s’il n’y a pas le dévouement. Ce n’est pas que je regarde la doctrine comme sans importance. Plus j’avance, plus je vois que le corps évangélique s’est perdu, qu’il n’a jamais eu la doctrine de Paul et qu’il y résiste, non-seulement quant à l’Église (il y a longtemps que cela est clair), mais même quant à notre position tout entière comme chrétiens. Je suis journellement plus explicite dans mon témoignage à ce sujet, quand l’occasion le requiert. Il peut être inutile de contester, mais je crois que la clarté dans le témoignage est utile, ainsi que de rendre ce témoignage sans crainte ; — les temps sont trop sérieux ; — seulement il faut savoir ce que l’on fait, ce dont il s’agit en réalité. Mais la controverse à l’égard de la justice, et ainsi à l’égard de la loi, a manifesté la chose. Sommes-nous dans le premier ou dans le second Adam ? Excepté l’utile et pénétrante épître de Jacques, il n’y a parmi les écrits du Nouveau Testament que ceux de Paul qui traitent de la justification. Jean s’occupe du principe qui y est renfermé, mais non sous cette forme. Sans doute, il renferme la doctrine comme celle de l’Esprit, mais être ressuscité avec Christ et ainsi présenté devant Dieu, c’est la doctrine de Paul. Seulement, si nous sommes occupés de cette doctrine, il faut veiller à ce que ce caractère divin soit pleinement développé, — dans notre propre esprit et notre propre foi, veux-je dire. C’est là ce que Paul fait pleinement, de la manière sans doute qui lui est propre, je veux dire dans cette ligne de vérité dans laquelle il fut conduit par le Saint Esprit, et il est merveilleux de voir de quelle manière c’est en dehors de la loi, et, en dehors de la loi, ces légalistes sont méprisables quant à leur doctrine. Nous devons être les imitateurs de Dieu, Christ étant notre modèle, et faire voir la vie divine en nous par l’entier sacrifice de nous-mêmes, et cela envers Dieu ; afin que le principe soit parfait. J’ai été occupé de cela dernièrement et j’ai la pensée d’envoyer un article sur ce sujet à ***. Je crois que Dieu a été dernièrement quelque peu en aide aux frères dans leurs publications, et c’est une miséricorde de sa part. Mais nous avons à remplir un bien plus grand cadre de témoignage que nous ne le faisons. Les ouvriers doivent avoir la foi pour tout ce qu’ils ont à faire. Souvent les plaintes et les questions, quant à l’état des frères, viennent en grande partie d’un manque de foi chez ceux qui les expriment ; toutefois je crains le monde pour eux ; quelquefois des assertions téméraires ont lieu ; ici le mal est moindre ; mais le dévouement, la séparation d’avec le monde, l’absence de conformité au monde, voilà ce que je cherche …
… Le Seigneur est partout le même, et il en est de même de l’homme moralement.
3. 32 [Justification et résurrection]
11 septembre 1841
La justification est un point, avec deux choses qui s’y réunissent : premièrement que le sang nous a lavés de nos péchés, et c’est peut-être la justification proprement dite. Mais, de fait, on peut y ajouter notre acceptation dans le Bien-aimé : Si quelqu’un pratique la justice, il est juste comme Jésus-Christ est juste ; car pratiquer la justice, découle de la vie de Christ en nous ; mais, par cette vie, nous sommes unis à Christ. et jouissons de sa justice devant Dieu, étant rendus agréables dans le Bien-aimé ; la résurrection en est le pivot, car c’est la preuve de l’expiation ; elle introduit Christ, selon la puissance de cette vie éternelle (à laquelle nous participons) dans la présence de Dieu. C’est autour de la personne de Christ envisagé comme ressuscité, que roulent toutes les vérités qui se trouvent dans la Parole. L’union de l’Église avec Lui en est le complément. La résurrection laisse derrière elle, dans le tombeau, tout ce qui pouvait nous condamner, et introduit le Seigneur dans ce nouveau monde dont il est la perfection, le Chef et la gloire. Or nous sommes unis à Lui.
(*) Voyez la note de la page 62.
4. 33 [Justification, expiation et obéissance de Christ]
7 octobre 1841
... Je n’aime pas proprement cette expression : «Christ a obtenu de Dieu la justification», parce qu’elle présente Dieu comme involontaire et opposé même à la chose, tandis que c’est la volonté et le coeur de Dieu qui nous a préparé le sacrifice et tout. Il est vrai que la justice de Dieu exigeait l’expiation et le sacrifice de Christ. Toutefois, c’est lui dont l’amour a pourvu à nos besoins à cet égard. Aussi est-il Celui qui justifie (comp. Zach. 3). L’épître aux Hébreux parle plutôt de notre acceptation sous la forme de notre présentation à Lui, de la sanctification dans le sens extérieur : «Afin qu’il sanctifiât le peuple par son sang». Aussi les a-t-il perfectionnés ; ils peuvent se tenir dans sa présence, comme étant à lui, selon la perfection du sanctuaire, sans reproche, sans tache. Justification est une idée de tribunal, de juge pour ainsi dire. L’épître aux Hébreux par le du sanctuaire et de nous présenter là. Le fond est toujours le même ; seulement nous pouvons l’envisager de plusieurs manières, et chacune nous donne plus de lumière sur la perfection de l’oeuvre de Christ et sur les effets de cette oeuvre dont nous jouissons. — 1 Pierre 1:19, parle plutôt dans le sens de rachat, d’être tiré par une rançon d’entre les mains de l’ennemi. — L’obéissance de Christ pendant sa vie tendait à la perfection du sacrifice ; elle n’était pas expiatoire, mais parfaitement agréable. Il s’agissait de l’agrément de sa personne comme nécessaire à son oeuvre, mais cette obéissance n’était pas expiatoire. Il serait resté seul si le grain de froment n’était pas tombé en terre ; mais son obéissance tout entière l’a rendu parfaitement agréable à Dieu, comme aussi elle l’a été (voyez Phil. 2).
Sous la forme de la justification, c’est l’épître aux Romains qui traite le plus formellement le sujet de notre acceptation. Ce que j’ai voulu dire, en me servant de l’expression «Christ a obtenu notre justification», se comprendra en comparant la manière dont cette épître s’exprime (3:24) : «Ayant été justifiés gratuitement par sa grâce, par la rédemption qui est dans le Christ Jésus». Vous voyez de quelle manière elle est présentée, comme découlant de la gratuité de Dieu. Ceci est important pour l’état de l’âme et pour que la grâce soit clairement comprise.
5. 34 [La loi et le chrétien]
Janvier 1842
Bien saisir la place de la loi est chose difficile, parce qu’il faut être pleinement conduits par le Saint Esprit, pour ne pas être nous-mêmes en quelque manière sous la loi, quant à nos sentiments du moins. Il faut avoir bien saisi la puissance de l’oeuvre et de la résurrection de Jésus ; sans cela on serait sans loi, si l’on n’était pas sous la loi. Nous ne sommes nullement sous la loi. La grâce ne reconnaît aucune participation de la loi à nos coeurs ; mais comment cela, si nous reconnaissons la loi comme bonne ? Parce que Christ l’a épuisée dans sa mort. Il était sous la loi jusqu’à sa mort et dans sa mort ; mais évidemment il ne l’est pas maintenant. Il peut employer la loi pour juger ceux qui ont été sous la loi ; mais nous sommes unis à Lui. Comme Adam ne fut chef de l’ancienne famille qu’après sa chute, ainsi le Christ n’est chef de la nouvelle famille que comme ressuscité d’entre les morts. Il les place dans sa propre position, comme homme ressuscité ; ils commencent avec Christ là. Ils reconnaissent bien la force de la loi, mais en ce qu’elle a mis à mort Jésus, là où elle a perdu toute sa puissance et sa domination sur l’âme. Nous sommes à un autre.
Nous pouvons employer la loi, s’il en est besoin, contre les injustes, parce qu’ayant la nature divine, nous pouvons manier la loi, et elle ne peut pas faire cette plaie mortelle à la nature divine dont elle est sortie. Nous pouvons faire voir où l’homme en est, s’il est sous la loi, pour faire ressortir par là la perfection de la rédemption ; c’est ce que l’Apôtre fait dans les Romains et dans les Galates, pour faire comprendre que nous ne sommes plus sous la loi, parce que nous sommes morts avec Christ. Par la loi nous sommes morts à la loi ; nous sommes crucifiés avec Christ. Un gentil n’était jamais vraiment sous la loi. En devenant chrétien, il prend Christ à un point où il en a fini avec la loi ; mais, ayant reçu l’Esprit de Christ, il n’a plus besoin de la loi pour discerner la perfection de la rédemption : il a l’intelligence pour comprendre les choses accomplies dans l’histoire du Messie — son oeuvre parfaite. Mais la chose est loin d’être nette dans l’esprit des chrétiens, car, de fait, la plupart d’entre eux ont fait du christianisme une loi, et se sont placés sous la loi. Il faut qu’ils sortent de là pour jouir de la paix, mais pour eux la discussion de ce que c’est que la loi est une chose très importante et très opportune à cause de cela. Au reste le coeur humain se place si naturellement sous la loi, qu’il est très important que toute âme soit bien éclairée là-dessus. La loi, souvenons-nous-en toujours, ne nous révèle rien de Dieu, sauf que la loi implique un juge. Elle donne la mesure de notre responsabilité : «Tu aimeras l’Éternel ton Dieu et ton prochain» ; voilà la loi. On peut dire que l’Évangile donne de nouveaux motifs pour que nous accomplissions la loi ; mais ces motifs se puisent dans un fait qui donne à Christ, sur nos coeurs, tout le droit auquel la loi pouvait prétendre, et met, par la mort, un terme à la puissance de cette dernière, car nous sommes morts et ressuscités avec Christ. Nous ferons ou éviterons bien des choses qui se trouvent dans la loi, et le sommaire qui nous en a été donné, reste le principe ou le fruit de la vie de Christ en nous. Il est accompli dans tout ce qui découle de cette vie, mais nous ne sommes nullement sous la loi, car nous sommes un avec Christ, et Christ n’est pas sous la loi. La loi ne condamne pas seulement la conduite, mais les hommes. La loi ne dit pas seulement : «Maudite est toute chose», mais : «Maudit est quiconque ne persévère pas». Ainsi l’on doit être sous la malédiction, si l’on est sous la loi. Mais c’est parce que nous ne sommes pas sous la loi que nous pouvons l’employer s’il en est besoin. Les Juifs ont voulu l’employer contre la femme adultère, mais ils étaient sous la loi, dans la chair. La loi leur a percé le coeur jusqu’à la mort et à la condamnation. Christ l’a employée ou du moins lui a laissé son efficace, parce que, quoiqu’il fût né sous la loi, celle-ci ne pouvait pas l’atteindre pour la condamnation, la vie de Dieu en lui étant parfaite. Unis à lui dans la résurrection, nous pouvons l’employer parce que nous sommes en dehors de son atteinte par la mort et la résurrection de Christ, jouissant de sa vie dans nos âmes. C’est pourquoi on est toujours plus ou moins sous la loi, jusqu’à ce qu’on ait compris la résurrection de Christ, et aussi toutes les fois que la chair obscurcit la puissance de notre rédemption. J’espère que vous pourrez comprendre ces quelques remarques.
Quant à l’épître aux Philippiens, elle offre un autre trait très intéressant : la désolation et l’expérience personnelle de l’Apôtre. Il envisage l’Église comme privée de ses soins ; et lui-même est opprimé, pour le moment, par la puissance de Satan. Ainsi il entre d’une manière très touchante et très puissante dans tout ce qui concerne le combat de l’Église, et dans tout ce qui est important pour elle pendant la période de son délaissement : aussi présente-t-il les grâces qui l’empêcheraient de tomber dans les misères qui surgissaient à la suite de l’absence de l’Apôtre. De là, la grande utilité de cette épître pour le temps actuel. On commençait à prêcher Christ avec un esprit de dispute, à ne pas être d’un même sentiment, à murmurer. Il montre en quoi consistent les richesses et les grâces de Christ, particulièrement nécessaires pour un tel état de choses, état, hélas ; bien mûri depuis lors. Pourquoi dirais-je : hélas ! car tout cela tournera à salut, et fait voir que la venue de Jésus est plus proche.
6. 35 [Nombres 15 et 17 ; épître aux Philippiens]
19 avril 1845
J’ai lu dernièrement les Nombres et l’épître aux Philippiens avec de l’édification. L’établissement de la verge d’Aaron, sacrificateur en grâce, tout en étant d’autorité, après tous les murmures de l’assemblée ; son emploi, quoique ce fût par Moïse ; son manque d’emploi, lors des nouvelles plaintes de l’assemblée ; tout cela m’a singulièrement instruit. En même temps, lorsque Dieu avait jugé et discipliné le peuple, la manière dont, immédiatement, Il parle (chap. 15) de toutes ses promesses et de la terre comme étant la leur, comme leur ayant été donnée par Lui, m’a beaucoup touché. Sa promesse et ses pensées pour son peuple sont aussi fermes que si rien n’était arrivé. La responsabilité et la nourriture des sacrificateurs comme tels, et de leurs familles comme familles, et les points de différence, m’ont aussi beaucoup édifié.
Ce qui m’a frappé dans l’épître aux Philippiens, c’est comment l’Apôtre a continuellement sa mort devant ses yeux ; ensuite, que les épreuves qu’il avait endurées avaient agi comme une bonne discipline, en faisant que Christ était tout pour lui, lui-même n’étant que néant. Et quelle paix cela donne ! Il ne sait pas s’il doit être condamné. Pour lui-même, les dispositions des magistrats n’entrent pas dans sa pensée ; pour lui-même, il ne sait pas que choisir ; mais il est bon qu’il reste pour l’Église ; donc c’est décidé. Il juge son procès par la seule considération qu’une telle décision sera pour le bien de l’Église ; et ainsi Christ la fera prononcer. Est-ce ainsi que nous nous fions à lui, cher frère ? Hélas ! non ; au moins trop souvent nous ne sommes pas assez dépouillés de nous-mêmes ; nous ne pouvons pas dire avec l’Apôtre : «J’ai appris». C’est ce qu’il faut apprendre. Eh bien ! c’est la vie de cet homme si fidèle, si dévoué et si doué de Dieu, la vie de l’apôtre Paul, instruit et discipliné de cette manière, et le calme parfait dont il jouit à la suite de cette discipline, qui m’a été dernièrement en édification en lisant cette épitre.
7. 36 [Souffrances de Christ à Gethsémané]
Novembre 1849
J’ai pensé dernièrement que les souffrances de Christ en Gethsémané, tout en anticipant la croix, étaient beaucoup plus des souffrances de la part de Satan qui, l’empire de la mort dans sa main, cherchait à l’accabler par les ténèbres, pour que la crainte fût telle qu’il ne s’offrit pas lui-même. Comme homme, il avait vaincu l’ennemi auparavant, de manière à pouvoir introduire la bénédiction ici-bas ; mais l’homme n’en était pas capable. Il a dû établir cette bénédiction par la mort, dans une autre sphère. Satan se jette au-devant de lui pour obstruer le chemin, mais il n’a pas pu réussir à l’empêcher de trouver Dieu ; étant dans l’angoisse du combat, il priait plus instamment. Pour lui, la coupe venait de la part de son Père. Une fois entièrement sorti de tout cela, il s’offre. Lorsque la chose arrive, il peut en parler, n’y étant plus : «C’est votre heure et la puissance des ténèbres». Puis il passe outre, et va subir une autre chose : la colère immédiate de Dieu. Il a bu cette coupe terrible pour nous, cher frère, mais il en est aussi sorti complètement, et a remis lui-même son âme en paix à Dieu, son Père, ayant compris que tout était accompli. La mort est maintenant le droit d’aller vers lui dans cette sphère nouvelle, où il a laissé pour toujours en arrière toute la puissance de l’ennemi, et où il n’y a que bénédiction loin de la puissance de celui qui l’a employée contre Christ.
8. 37 [Tribunal de Christ — Genèse 15 et 17]
Novembre 1855
Sans avoir des choses bien nouvelles, j’ai beaucoup joui, et, je l’espère, profité de la Parole. Les Psaumes ont fait le sujet de nos entretiens, et une quantité de passages, par ci, par là, ont pris plus de force et de clarté dans mon esprit. J’ai été assez frappé de l’effet du tribunal de Christ sur Paul. Il en voit toute la terreur, mais le seul effet est de l’engager à persuader les autres. Le Christ, devant lequel il comparaîtrait, était sa justice, et jugeait selon cette justice ; ainsi il n’y avait pas de question possible. Ce qui jugeait et ce qui était devant le jugement étaient identifiés : c’était un côté de la vérité de la nature de Dieu. L’autre côté, c’est l’amour. Or c’est celui-ci seul qui se met, par conséquent, en activité : il persuade les autres à cause de cette terreur. Je sais peu de passages qui démontrent avec plus de force quelle est la puissance de l’Évangile et la perfection de la justification. Mais il y a une opération précieuse de ce tribunal : l’Apôtre réalisait la comparution devant Lui ; il ne craignait pas d’être manifesté à l’avenir ; il était, de fait, manifesté à Dieu ; la conscience, parfaitement purifiée relativement à Dieu, prenait tout son empire, et, en se tenant dans la présence de Dieu, tout ce qui n’était pas selon cette présence était, de fait, manifesté dans la lumière. C’était nécessaire, et par la grâce il avait la lumière de Dieu pour montrer, pour avoir la conscience qu’il n’y avait rien. Il est bien important d’y être : bien des choses s’y jugent qui, souvent, ne se jugent pas dans une vie chrétienne assez régulière ; et lorsque la conscience est devant Dieu et nette, l’amour est libre. On sait aussi de cette manière ce que c’est que de porter toujours dans son corps la mort du Seigneur Jésus, afin que la vie de Jésus se manifeste dans nos corps mortels, ou plutôt, en marchant ainsi, on est à même d’être, on est pleinement en sa présence.
Entre autres choses, j’ai été frappé aussi des chapitres 15 et 17 de la Genèse : Il me semble que le désintéressement d’Abraham, à la fin du chapitre 14, a été la raison pour laquelle Dieu en grâce lui a dit : «Je suis ton bouclier et ta grande récompense». De prime-abord, on aurait pensé qu’Abraham n’aurait à faire qu’à se réjouir d’une joie ineffable, en pensant que Dieu lui-même était sa récompense ; mais il dit : «Que me donneras-tu ?» Dieu condescend en grâce quand il s’agit d’un vrai besoin fondé sur une promesse. Mais il y a un élément qui imprime son caractère sur cette grâce : «Je suis ton bouclier et ta grande récompense» ; la bénédiction ne dépasse pas les besoins ou les privilèges personnels d’Abraham. Tout naturellement son coeur y entre, et c’est le développement du besoin du coeur selon son propre état. C’est une immense grâce, mais une grâce qui, dans un certain sens, se mesure par les besoins de la créature. Au chapitre 17, Dieu dit : «Je suis le Dieu tout-puissant». Il ne dit pas : «Je suis ton»... C’est ce qu’il est en Lui-même. — Marche devant moi et sois parfait, intègre. Abram se prosterne, et Dieu parle avec Abraham. Il lui promet le fils, et ensuite lui révèle comme à un ami ce qu’il va faire. Alors Abraham, au lieu de demander pour lui-même, intercède pour les autres. Aussi peut-on remarquer que le chapitre 15 ne dépasse pas les promesses juives ; au chapitre 17, il est père de plusieurs nations. C’est la différence entre la bonté de Dieu, qui se lie en grâce à nous et à nos besoins, et la communion avec lui-même.
9. 38 [Vie chrétienne et mort de Christ selon les Philippiens]
14 août 1858
J’ai été extrêmement frappé, à la dernière conférence, du caractère de l’épître aux Philippiens. Elle ne suppose pas l’existence de la chair dans le sens pratique, c’est-à-dire du combat avec elle : Vivre, c’est Christ ; — rien d’autre. Paul peut tout par Christ, qui le fortifie. Il n’a jamais eu honte, n’en aura jamais de lui-même comme chrétien ; mais Christ sera toujours, comme par le passé, glorifié en lui. Voilà la vie normale du chrétien : la chair est tenue pour morte, ne l’embarrasse pas — comme il dit ailleurs : «Portant toujours dans mon corps la mort du Seigneur Jésus, afin que la vie de Jésus se manifeste dans mon corps mortel». La supériorité de la vie chrétienne, comme n’étant pas atteinte par le mal ou par l’ennemi, est très frappante ; cette vérité a produit une assez profonde impression sur moi et m’a réjoui. Je savais bien qu’un chrétien devrait marcher ainsi ; mais en voici un qui l’a fait, et qui sait ce que c’est que cette vie. C’est encourageant quel que soit le moyen pour produire cela, que ce soit un messager de Satan, s’il le faut, ou autre chose, tel est le résultat. On est associé, à travers tout, avec Christ, qui peut et fait tout, et il est en nous ; en sorte que c’est plus intime qu’aucune circonstance quelconque. Quelle force, quelle bénédiction de vie cela donne : — en soi, car on jouit de Christ, — pour les difficultés, car on se confie en lui, et on se réjouit, quand même, — dans les soucis, car cette vie, qui a Christ pour son objet, nous en délivre, — dans les vraies épreuves, car la paix de Dieu garde le coeur.
10. 39 [Marche selon l’Esprit — Jean 21:18]
10 novembre 1858
Quant à l’épître aux Philippiens (en la lisant, vous pourrez en juger), la vie chrétienne ne reconnaît rien que le fruit de la résurrection, parce qu’on doit marcher selon l’Esprit, et jamais selon la chair. Dieu est fidèle, pour ne pas nous permettre d’être tentés au delà de notre force. Le chrétien est censé marcher toujours selon l’Esprit, se tenir pour mort au péché mais vivant à Dieu. Ensuite, il y a : «Ma grâce te suffit ; ma force s’accomplit dans l’infirmité». Si l’on prétend à l’absence de la chair, ou qu’on ne veuille pas en tenir compte, ou si l’on prétend ne pas avoir à se juger intérieurement, on se trompe, et lors même qu’on est sincère, il reste une masse de choses subtiles, non jugées, et l’état général de l’âme est au-dessous du véritable effet de la lumière de Dieu. Mais il y a la force de Dieu avec nous, pour nous faire marcher dans sa communion.
Quant au passage de Jean 21:18, je ne crois pas que le Seigneur signale chez Pierre une mauvaise volonté. Il avait voulu, c’est-à-dire par sa volonté, accompagner le Seigneur. Il a dû apprendre son impuissance, parce qu’il y avait chez lui de la volonté, de la force de l’homme ; mais à la fin de sa vie il n’en serait pas ainsi : un autre le ceindrait, et il irait où il ne voudrait pas. Il n’est pas question ici d’une mauvaise volonté, mais ce ne serait pas sa volonté qui le ceindrait ou le ferait mourir. Il a pu, sans doute, en bénir Dieu ; mais il ne cherchait pas à souffrir. Je suis d’autant plus convaincu que c’est là le sens, que le Seigneur ajoute : «Il disait cela, signifiant par quelle mort il glorifierait Dieu». Ce que Pierre a dû apprendre dans ce moment, et ce que le Seigneur enseignait, c’était que la volonté de l’homme ne pouvait rien dans le chemin de la vie à travers la mort, et c’est là le seul chemin de vie.
11. 40 [Vivre c’est Christ — Phil. 1:21]
23 juin 1859
L’épître aux Philippiens m’a passablement préoccupé ces derniers temps. Ce qui m’a frappé particulièrement dans cette épître, c’est que l’Apôtre se place tellement dans la vie de Christ, qu’il n’exprime aucune conscience de l’existence de la chair. Il avait une écharde dans la chair, de sorte qu’il ne s’agit pas de la doctrine seulement ; c’est un état dans lequel la chair n’agit pas et ne peut égarer les pensées ; ce qui paraît un succès de Satan tournera au salut de Paul. — Christ sera glorifié dans son corps, soit par la vie, soit par la mort, comme il l’a toujours été. Vivre, c’est Christ ; rien d’autre ; — mourir, un gain ; car il jouira de Christ sans entrave. Il décide son propre procès, sans avoir égard à lui-même, car il ne sait que choisir ; mais, pour l’Église, il convient qu’il reste ; donc il restera. Il n’est en souci de rien. Il connaît cette paix de Dieu qui surpasse toute intelligence (lui à qui on allait faire son procès devant Néron). Il sait comment être abaissé, comment abonder. Il peut tout par Christ, qui le fortifie. Il est, par ce qui appartient à la vie de Christ, au-dessus de tout. Il n’a pas, sans doute, atteint le but, savoir la résurrection d’entre les morts, mais il ne fait qu’une chose ; — l’activité de la vie de Christ ne laisse aucune place pour autre chose. Plus vous examinez l’épître, plus vous trouvez que, pendant la vie dans laquelle il n’a pas atteint le but, il ne connaît autre chose que : «Vivre, c’est Christ».
12. 41 [Pardon et justice par la foi]
19 juin 1861
Il est remarquable que, dans le Nouveau Testament, personne ne parle de la justice par la foi, sauf Paul. J’ai trouvé beaucoup d’âmes qui comprennent le pardon, mais qui ne savent rien de la justice de Dieu, et pour lesquelles la présentation du jour du jugement est souvent bonne comme pierre de touche, afin de voir si elles sont vraiment sur le pied de la justice divine dans leurs relations avec notre Dieu bon et fidèle.
13. 42 [Libre arbitre et perdition de l’homme]
Elberfeld, 23 octobre 1861
Bien cher frère,
J’avais un peu perdu de vue, par la multitude de mes occupations, un sujet important de votre avant-dernière lettre. Cette recrudescence de la doctrine du libre arbitre sert la doctrine de la prétention de l’homme naturel à ne pas être entièrement déchu, car c’est là ce qu’est cette doctrine. Tous les hommes qui n’ont jamais été profondément convaincus de péché, toutes les personnes chez lesquelles cette conviction se base sur des péchés grossiers et extérieurs, croient plus ou moins au libre arbitre. Vous savez que c’est le dogme des Wesleyens, de tous les raisonneurs, de tous les philosophes. Mais cette doctrine change complètement toute l’idée du christianisme, et le dénature entièrement.
Si Christ est venu sauver ce qui est perdu, le libre arbitre n’a plus de place. Non pas que Dieu empêche l’homme de recevoir le Christ ; loin de là. Mais lors même que Dieu emploie tous les motifs possibles, tout ce qui est capable d’influer sur le coeur de l’homme, cela ne sert qu’à démontrer que l’homme n’en veut rien, que son coeur est tellement corrompu et sa volonté si décidée à ne pas se soumettre à Dieu (quoi qu’il en soit du diable qui l’encourage dans le péché), que rien ne peut l’engager à recevoir le Seigneur et à abandonner le péché. Si, par ces mots : liberté de l’homme, on veut dire que personne ne le force à rejeter le Seigneur, cette liberté existe en plein. Mais si l’on dit que — à cause de la domination du péché, dont il est l’esclave, et volontairement l’esclave, il ne peut échapper à son état et choisir le bien — tout en reconnaissant que c’est le bien, et en l’approuvant — alors il n’a aucune liberté quelconque. Il n’est pas assujetti à la loi et même il ne peut pas l’être ; de sorte que ceux qui sont dans la chair ne peuvent plaire à Dieu.
Et voici où nous touchons de plus près au fond de la question. Est-ce le vieil homme qui est changé, enseigné et sanctifié, ou recevons-nous pour être sauvés une nouvelle nature ? Le caractère universel de l’incrédulité de ces temps-ci est celui-ci : — non pas de nier le christianisme formellement, comme autrefois, ou de rejeter le Christ ouvertement, mais de le recevoir comme une personne, on dira même divine, inspirée (mais comme une affaire de degré), qui rétablit l’homme dans sa position d’enfant de Dieu. Les Wesleyens, en tant qu’enseignés de Dieu, ne disent pas cela ; la foi leur fait sentir que sans Christ ils sont perdus, et qu’il s’agit du salut. Seulement leur frayeur à l’égard de la pure grâce, leur désir de gagner les hommes, mélange de charité et de l’esprit de l’homme ; en un mot, leur confiance dans leurs propres forces, fait qu’ils ont un enseignement embrouillé et ne reconnaissent pas la chute totale de l’homme.
Pour moi, je vois dans la Parole et je reconnais en moi-même la ruine totale de l’homme. Je vois que la croix est la fin de tous les moyens que Dieu avait employés pour gagner le coeur de l’homme, et, partant, qu’elle démontre que la chose était impossible. Dieu a épuisé toutes ses ressources ; l’homme a montré qu’il était méchant, sans remède ; la croix de Christ condamne l’homme — le péché dans la chair. Mais cette condamnation ayant été manifestée en ce qu’un autre l’a subie, elle est le salut absolu de ceux qui croient, car la condamnation, le jugement du péché est derrière nous ; la vie en est sortie dans la résurrection. Nous sommes morts au péché et vivants à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur. La rédemption, le mot lui-même, perd sa force quand on entretient ces idées du vieil homme. Elle devient une amélioration, une délivrance pratique d’un état moral, non un rachat par l’oeuvre accomplie d’une autre personne. Le christianisme enseigne la mort du vieil homme et sa juste condamnation, puis la rédemption accomplie par Christ, et une nouvelle vie, la vie éternelle, descendue du ciel dans sa personne, et qui nous est communiquée lorsque Christ entre en nous par la Parole. L’arminianisme, ou plutôt le pélagianisme, prétend que l’homme peut choisir, et qu’ainsi le vieil homme s’améliore par la chose qu’il a acceptée. — Le premier pas est fait sans la grâce, et c’est le premier pas qui coûte vraiment dans ce cas.
Je crois que nous devons nous tenir à la Parole ; mais, philosophiquement et moralement parlant, le libre arbitre est une théorie fausse et absurde. Le libre arbitre est un état de péché. L’homme ne devrait pas avoir à choisir, comme étant en dehors du bien. Pourquoi est-il dans cet état ? Il devait ne pas avoir une volonté, un choix quelconque à faire. Il devait obéir et jouir en paix. S’il doit choisir le bien, il ne l’a donc pas encore. Il est sans ce qui est bon en soi, de toute manière, puisqu’il ne s’est pas décidé. Mais, de fait, l’homme est disposé à suivre ce qui est mauvais. Quelle cruauté de proposer un devoir à l’homme qui est déjà tourné vers le mal ! De plus, philosophiquement parlant, pour choisir, il doit être indifférent, autrement il a déjà choisi quant à sa volonté — il doit être donc absolument indifférent. Or, s’il est absolument indifférent, qu’est-ce qui décidera son choix ? Une créature doit avoir un motif, mais il n’en a point, puisqu’il est indifférent ; s’il ne l’est pas, il a choisi. Au reste, il n’en est point ainsi : l’homme a une conscience ; mais il a une volonté et des convoitises, et elles le mènent. L’homme était libre dans le paradis, mais alors il jouissait de ce qui est bon. Il s’est servi de son libre arbitre, et, partant, il est pécheur. Le laisser à son libre arbitre, maintenant qu’il est disposé à faire le mal, serait une cruauté. Dieu lui a présenté le choix ; mais c’était pour convaincre la conscience du fait qu’en aucun cas l’homme ne voulait ni le bien, ni Dieu. J’ai été un peu appesanti de sommeil en vous écrivant, mais je pense que vous me comprendrez.
Qu’on croie que Dieu aime le monde, c’est très bien ; mais qu’on ne croie pas que l’homme soit en lui-même méchant, sans remède (et nonobstant le remède), c’est très mauvais. On ne se connaît pas et on ne connaît pas Dieu.
... Le Seigneur vient, cher frère ; le temps pour le monde s’en va. Quel bonheur ! Que Dieu nous trouve veillant et ne pensant qu’à une chose — à Celui auquel Dieu pense, à Jésus notre précieux Sauveur.
14. 43 [Incrédulité quant à la Parole de Dieu]
Londres, 23 décembre 1861
... La conviction que le même esprit qui est à l’oeuvre ici travaille en France pour populariser l’incrédulité allemande, et que, par conséquent, c’est une oeuvre formulée de l’ennemi, m’a engagé à répondre à la publication anglaise qui sert de drapeau au parti incrédule. Je m’en occupe dans ce moment. Le résultat de mon examen a été non-seulement que la Bible a gagné encore du prix à mes yeux, mais que je suis pleinement convaincu de l’esprit superficiel et de la fausseté des défenseurs de l’incrédulité. Leur savoir n’est autre chose qu’un rassemblement de toutes les objections qu’on élève sur des suppositions et des raisonnements qui manquent de fondement. Il y a un manque de recherche consciencieuse qui frappe, quand on en fait. Il n’y a rien d’historique dans leur histoire. C’est une confiance illimitée dans le pouvoir de l’esprit humain, dans ces jours-ci (car, jusqu’à présent, on s’est toujours trompé), qui est vraiment ridicule. On croit pouvoir dire qu’il faut que telle ou telle chose soit ainsi, qu’une telle période ait telle durée, etc. Cela doit être ou ne peut être, — jamais cela est. Tout le système de Bunsen, leur coryphée, n’est qu’une reproduction de Philon, le juif platoniste, avec le nom de Christ, qu’on y a plus ou moins rattaché pour la façon. Ils comptent les longues listes de Manéthon, les dynasties et le grand nombre de rois qui ont gouverné l’Égypte, et les donnent comme une preuve évidente que le monde a duré ou doit avoir duré vingt mille ans au moins. On examine les monuments, on trouve deux, quatre, huit de ces rois sur un seul monument, régnant ensemble, les uns souvent subordonnés à un autre. Puis le fait d’être affranchis des ornières de la vieille théologie, sans avoir la foi, les rend incrédules. Ils ne connaissaient que cette routine ; la glace est brisée ; et n’ayant eu que cela, il ne reste rien du tout. La vérité n’existe pas. Ils ont vu que ces vieilles formes ne sont pas soutenables, et il ne leur reste rien. J’accepte qu’on sorte des vieilles formes, mais on doit bénir Dieu de ce qu’à la place des formes, sa grâce nous ait donné la vérité ; beaucoup à apprendre, sans doute, davantage à réaliser ; mais une certitude divine à l’égard de ce qu’on possède. Quelle douce et paisible pensée ! .... Ils ont découvert ce que les frères ont découvert, par la grâce, avant eux, que les choses vieilles s’en vont ; — ils notent la différence des caractères des écrivains sacrés, mais ils ne touchent que l’écorce ; et tout ce qui est de Dieu, tout ce qui a trait à sa sagesse, à sa grâce, à sa bonté, ils l’ignorent et manquent entièrement d’yeux pour voir.
15. 44 [Lumière et amour]
11 janvier 1865
Pourquoi est-il dit que nous sommes lumière, et non pas amour ? Ce sont les deux noms que Dieu se donne. J’en ai quelque idée : qu’en dites-vous ? Voyez comment, au chapitre 5 de l’épître aux Éphésiens, les deux noms de Dieu sont les modèles qui nous sont donnés à suivre, c’est-à-dire Dieu sous ces deux noms qui révèlent sa nature, et dans les deux cas Christ en est l’expression dans l’homme. Quel privilège ! Quelle vocation dans le monde ! Eh ! que nous sommes pauvres ! Quand l’amour nous conduit, les hommes sont bien les personnes pour lesquelles on se donne ; mais Dieu, Celui à qui l’on s’offre (chap. 5, vers. 2). C’est ce qui le rend parfait. Peut-être cela aide à comprendre pourquoi l’on est lumière, et qu’on n’est pas amour.
16. 45 [Valeur de la Parole de Dieu]
30 mars 1865
La Parole est toujours plus riche et plus précieuse pour moi. Je crois qu’elle s’est ouverte à mon âme, à ma foi, dans ces derniers temps, comme elle ne l’a jamais fait. Les conseils de Dieu et combien nous appartenons au ciel, deviennent tous les jours plus réels, et la place de la loi me paraît plus évidente, à la fois dans ce qui tient à la justice de Dieu et dans ce qui regarde la pratique. Le caractère céleste et divin, nécessaire pour juger de toutes choses, est pour moi plus clair, plus réel : aime-t-on son prochain comme soi-même ? Non, et c’est l’état normal de la nature ; mais on se donne pour les autres, animé d’un dévouement divin, tel qu’il s’est montré en Christ. Sans doute ainsi, on ne manquera pas à l’amour du prochain, mais quelle bénédiction, quel privilège ! Voyez Éph. 4-5, où vous avez la nouvelle nature et le Saint Esprit, — puis Dieu amour et lumière, et Christ le modèle dans ces deux caractères comme éléments de la vie chrétienne. On sent combien l’on est petit quand on y pense ; toutefois cela réjouit le coeur. La doctrine de la justice divine m’est aussi devenue plus claire. Remarquez encore comment l’épître aux Romains se partage en deux au vers. 11 du chap. 5 : les péchés d’abord, le péché ensuite ; chacune de ces deux parties complète.
17. 46 [Aperçu des Romains — Essence de Dieu : lumière et amour]
10 octobre 1865
Est-ce que je vous ai parlé de la division de l’épître aux Romains, qui m’a préoccupé ces derniers temps ? Au vers. 11 du chap. 5 se termine la première partie de l’épître où l’Apôtre s’occupe des péchés ; chapitre 3, le sang ; chapitre 4, la résurrection pour nous. Au vers. 12 du chap. 5, il s’agit d’Adam et de Christ, et dès lors du péché : non-seulement Christ est mort pour nous, mais nous sommes morts ; vers. 1-11 du chap. 5, le résultat en joie de l’une de ces vérités ; chapitre 8, de l’autre. Au chapitre 8, notre position plus excellente ; mais au chapitre 5, me semble-t-il, Dieu connu davantage en grâce, ou plutôt connu davantage en Lui-même ; mais le grand point, c’est : les péchés et le péché.
Voici une autre chose qui m’a été en grande bénédiction, en pensant à l’épître aux Éphésiens : La responsabilité dépend de la révélation que Dieu fait de lui-même : Créateur, «bon Dieu» avec Adam ; Législateur en Sinaï ; maintenant parfaitement révélé en Christ. En Éphés. 4, nouvel homme, Saint Esprit — subjectivement. En Éph. 5, imitateurs de Dieu en amour ; marcher en amour, comme Christ nous a aimés, s’est donné lui-même pour nous à Dieu, — non pas aimer comme on s’aime soi-même, mais se donner soi-même absolument pour, mais (afin que le mobile soit parfait) à Dieu. Nous agissons en imitateurs de Dieu, comme ses chers enfants. L’un des deux noms de ce que Dieu est, est : amour ; seulement nous ne sommes pas amour, car Dieu est souverain et absolu en amour ; Il est Dieu. L’autre nom est lumière : nous sommes lumière dans le Seigneur. Christ est la mesure dans les deux cas : «Comme Christ nous a aimés» ; «Christ vous éclairera». Quelle position pratique en grâce ! Qu’on est malheureux, si l’on n’est pas chrétien ! Tout dépend du fait que nous sommes morts et ressuscités, et cela en tant que recevant Christ, qui l’est. Dans sa mort, il a fait face à toutes nos responsabilités en tant qu’enfants d’Adam responsables dans ce monde ; mais il nous a acquis une place selon les conseils de Dieu avant que le monde fût. Comparez 2 Tim. 1 et Tite 1, où il ne s’agit pas de notre responsabilité, mais du dessein de Dieu. Seulement, en tant que nous sommes un peuple acquis, nous voyons que c’est par la valeur de l’acte du Christ que nous le sommes, par son sacrifice sur la croix qui a pleinement glorifié Dieu.
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Ecrit le 20 déc.03, 20:37-
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