Re: Présentation
Posté : 27 janv.24, 22:39
par Stop !
Bonjour Dorian,
Ta demande m'a fait souvenir d'une réponse que j'avais faite il y a quelques années, sur un autre forum,
à une ado de 14 ans qui était dans le même genre de quête que toi-même. Alors attention, c'est la réponse
d'un athée pur et dur (encore qu'avec réserve d'ordre agnostique mais ce n'est pas ici le sujet), et je m'y
applique beaucoup à faire ressortir de l'incohérence, de l'absurdité, de l'ineptie. Mais ce que je rapporte avec
une forte dose d'ironie est bel et bien contenu, écrit noir sur blanc dans les divers livres dits saints des religions
abrahamiques, la Torah, la Bible et le Coran. C'est même le fondement de la vénération des croyants pour ces livres.
Je recopie le texte intégralement :
« Attention, pavé !
Lola_tsr étant demandeuse d'un peu d'instruction religieuse, je vais me permettre, pour étoffer peut-être un peu ce qu'a pu lui transmettre son ami nouvellement confirmé, de lui exposer d'une façon très résumée des éléments d'une chronologie qui, à mes yeux, figurent parmi les principaux évènements caractérisant l'essence des trois religions monothéistes, le judaïsme, le christianisme et l'islam. Il y a bien sûr beaucoup d'autres choses mais, sauf à lui conseiller de lire entièrement les livres dits saints, je crois qu'on peut la renseigner utilement par une présentation ainsi condensée. Bien sûr c'est à ma sauce que je l'ai rédigée, elle ne sera pas appréciée de tous, mais je ne crois pas qu'on puisse y trouver quelque chose qui soit contraire aux écrits originaux, ni même simplement faux, ou interprété de façon déraisonnable. En tout cas je recevrai les critiques et d'éventuelles corrections avec attention, sauf si c'est encore une fois trop bête.
L'homme actuel est apparu dans la lignée du genre Homo il y a 100 000 ans, ou 200 000, ou plus, les scientifiques ne peuvent pas encore l'établir avec beaucoup de précision. L'archéologie nous montre que, depuis longtemps déjà, ces hommes pratiquaient des cultes variés, très certainement tirés du besoin d'essayer d'amadouer les forces de la nature, souvent terrifiantes et meurtrières, mais si généreuses aussi dans leurs bons moments. Je suppose (ça n'engage que moi ici) que la notion de dieu est née déjà dans cette période. Les peintures de la grotte Chauvet en Ardèche datent d'environ 30 000 ans et celles de Lascaux en Dordogne d'environ 15 000 ans. C'est du moins ce que nous disent les scientifiques, mais beaucoup de religieux n'apprécient pas du tout ces affirmations.
En effet, la Bible nous apprend que le Bon Dieu, le seul vrai dieu, les précédents n'étant que des faux, a créé l'homme, et la femme, Adam et Ève de leurs prénoms, il y a un peu moins de 6000 ans. Ils avaient tout ce qu'il fallait pour vivre heureux et éternellement et devaient se reproduire et peupler le Paradis, bizarrement sans avoir conscience de leur nudité, Dieu seul sachant que cette nudité n'était pas très convenable. Ils avaient reçu des consignes assez précises de Dieu mais, Ève ne les ayant pas suivies, ils furent chassés du Paradis et condamnés à devoir travailler dur et mourir un jour. Nous autres leurs descendants, 6000 ans plus tard, vivons toujours sous le régime de cette punition.
Les enfants d'Adam et Ève eurent des descendants, nombreux, et très rapidement des civilisations brillantes apparurent dans le Monde, mais adorant, comme nous l'apprend l'archéologie, des dieux très divers, mais rarement le bon. Il arriva que Dieu, le vrai, le bon, se rendît compte que ces créatures qu'il avait mises au Monde en nourrissant pour elles certains espoirs ne correspondaient pas du tout à ses attentes. Les hommes étaient en effet mauvais, pleins de défauts, méchants, guerriers, meurtriers. Il regretta d'avoir créé l'espèce humaine et décida de la supprimer mais, connaissant tout de même un homme juste et bon, du nom de Noé, il se résolut à retenter l'expérience humaine à partir de zéro, ou plutôt à partir de Noé, qui ne pouvait qu'engendrer une lignée juste et bonne. Il choisit de noyer la Terre sous un déluge d'eau mais, pour sauver Noé et sa famille, ainsi que les animaux, il expliqua très précisément à Noé comment construire un bateau, l'Arche de Noé, et y faire embarquer tout ce monde.
L'Arche de Noé ne coula pas, le déluge prit fin et tout le monde redescendit sur la terre ferme. On cultiva la terre, on éleva du bétail, et Noé cultiva aussi la vigne. Il en tira du vin qu'il apprécia certainement puisqu'un de ses fils l'aperçut ivre et nu dans sa tente et se moqua de lui.
Car on avait appris depuis la faute d'Ève que la nudité n'était pas convenable. Noé se fâcha et maudit son fils et ses descendants pour plusieurs générations. Il est vrai qu'on maudirait à moins. La bonne entente avait assez peu duré et Dieu, le vrai, le bon, put se rendre compte que les hommes étaient toujours pleins de défauts. Personne ne sait aujourd'hui pourquoi le Déluge avait ainsi foiré.
Cependant, il arriva que les hommes s'entendent à merveille pour réaliser un grand projet : construire une tour qui monte jusqu'au ciel, pour devenir l'égal de Dieu, qui a toujours été supposé habiter là-haut puisque c'est de là-haut que descendent la plupart des catastrophes. La tour de Babel. Dieu se rendit compte alors de la puissance qu'avait acquise l'homme et prit apparemment un peu peur, craignant une concurrence pas très loyale de sa part. Il avait probablement oublié à ce moment les dimensions du globe terrestre qu'il avait lui-même créé et de l'espace qui l'entoure, et la science de la résistance des matériaux devait lui échapper. Quoi qu'il en soit, la divine idée qui lui vint pour résoudre ce problème fut de brouiller le langage des hommes afin qu'ils ne se comprennent plus et qu'ils ne puissent pas achever la tour. Et qu'ils ne s'entendent plus, l'un entraînant l'autre.
Dieu envisagea-t-il alors un nouveau déluge ? Nous l'ignorons. Mais, ayant réussi à disperser les hommes aux quatre coins de la planète avec des langages multiples et, très rapidement, des dieux nouveaux également multiples, il eut l'idée de se choisir un peuple, son peuple élu, le peuple hébreux, qui habitait au Moyen-Orient. Il vint très souvent lui parler, surtout à Moïse à qui il transmit même solennellement ses ordres, ses commandements, pour qu'ils puissent bien vivre en l'adorant correctement. Car on a su plus tard qu'il n'avait créé les hommes que pour qu'ils l'adorent. Il conclut une alliance avec le peuple hébreux, qui devint le peuple juif, grâce à laquelle il s'assurait d'être toujours bien adoré. Lui et personne d'autre. Parmi les commandements divins, l'homme ne devait pas tuer (Tu ne tueras pas !!!), mais ne devait pas non plus laisser vivre une sorcière. Ni un zoophile. Ni plein d'autres pervers. Quelqu'un qui insulte son père ou sa mère devait être mis à mort.
Puis il se montra à des élus parmi le peuple élu, à qui il raconta pleins d'histoires, dont certaines à venir, qu'ils purent retransmettre. Ces gens sont les prophètes, qui ont, entre autres, annoncé la venue du Messie. Qui devait donc être ce fameux Messie ? C'est là une des plus fantastiques trouvailles du génie divin. Les hommes étant redevenus tout ce que Dieu n'aime pas, il eut la merveilleuse idée d'envoyer son propre fils, qui n'était autre que lui-même tout en étant son fils, enseigner à nouveau la bonne conduite aux humains, puis se faire sacrifier par clouage sur une croix, afin de racheter les péchés de l'humanité. Un tel stratagème étant sans conteste une preuve d'amour inégalable, et le fils étant ensuite remonté dare-dare à l'abri des nuages, les hommes, enfin, ne pouvaient qu'avoir bien compris comment il fallait se conduire.
Et ils avaient acquis la possibilité de se voir pardonnés de leurs péchés. Parce que sans ça… Déjà le coup d'Ève…Faut pas pousser quand même.
Toutes ces péripéties, dont je ne cite que de courts extraits, ont été retransmises dans le Livre des livres, au cours des siècles, par des écrivains très divers et très nombreux. C'est la Bible. Elle se compose de deux grandes parties : l'Ancien Testament et le Nouveau Testament. L'ancien raconte tous les évènements ayant précédé l'arrivée sur Terre du Messie, Jésus, dit le Christ ( l'Oint, car il a été oint par Jean le Baptiste dans le fleuve Jourdain ). C'est le Livre saint du judaïsme (des Juifs, ou Israélites) qu'ils appellent la Torah. Il dit tout ce qu'un bon Israélite doit faire, comment laver un récipient qui aurait malencontreusement été touché par une crevette, animal impur et interdit, ou le détruire dans les cas graves. Il enseigne aussi la loi dite du talion, "œil pour œil, dent pour dent", ou comment ne pas se laisser faire impunément.
Le Nouveau Testament qui, lui, raconte la vie de Jésus, quoique retranscrite par des écrivains qui n'ont pas connu Jésus personnellement, complète l'ancien pour former la Bible chrétienne, à l'usage des Chrétiens donc, Orthodoxes, Catholiques et Protestants. Il rapporte également l'enseignement dispensé par le Christ aux humains, comme par exemple « Si on te frappe sur une joue, tends l'autre.» En dépit des apparences, cette prescription ne contredit pas la loi du talion de l'Ancien Testament mais, si on reprend le vocabulaire de la théologie chrétienne, elle "l'accomplit". Il y est aussi rapporté comment Jésus, à son dernier repas, a conseillé à ses amis, "ses disciples", de le manger, lui Jésus, pour devenir aussi saints que lui, sous la forme d'une hostie, puis de faire faire la même chose à tous les croyants à venir. Aussi mange-t-on toujours Jésus aujourd'hui, sous l'apparence d'une hostie de farine certes, mais bel et bien Jésus quand même, comme l'affirme haut et fort l'Église catholique, apostolique et romaine. Ça n'est nullement symbolique.
Mais ce qui est très important à retenir, c'est qu'il faut toujours bien parler à Dieu, qu'on soit juif, catholique, orthodoxe ou protestant, qu'on soit méthodiste, baptiste, évangéliste, adventiste, pentecôtiste, anabaptiste ou fidèle de l'Église de Jésus-Christ des Saints des derniers jours, il faut lui dire le plus souvent possible qu'il est formidable, qu'il est le plus grand, le plus beau, et qu'on l'aime par-dessus tout. Il faut aussi faire le bien envers les autres humains, être juste, généreux, attentionné et solidaire. On peut alors accéder au Paradis après sa mort, au Royaume de Dieu, de Jésus aussi puisqu'il est Dieu, mais attention, Jésus a dit : «Il sera plus difficile à un riche d'entrer dans le royaume de mon Père qu'à un chameau de passer par le chas d'une aiguille.» Bernard Arnaud devra donc essayer d'y monter avec une aiguille de fabrication spéciale. Par ailleurs, Dieu s'étant toujours plus préoccupé du Moyen-Orient que du reste du Monde, on ne sait pas le sort qu'il entend réserver à tous ceux qui, nés en Amérique ou en Chine, ou en Océanie, n'ont pas été instruits de ses directives quand ils vivaient dans ces contrées. Mais comme on sait que c'est un dieu de bonté, et que son fils (lui) s'est fait clouer pour ça, on peut espérer de sa part de la mansuétude.
Quoique…
Dieu s'apercevant soudain, sept siècle après sa clouaison, que ses directives avaient été mal retranscrites dans la Bible et la Torah, et que tous les gens qui suivaient les préceptes de ces livres ne l'adoraient pas comme il fallait, il a pris des mesures drastiques et vraiment à la hauteur cette fois-ci. Il a été parler à un bédouin d'Arabie, au milieu du désert, pour lui dire qu'il n'avait créé les hommes que pour qu'ils l'adorent, et que ceux qui ne croyaient pas qu'il existe, lui, Dieu, le seul vrai, le seul bon, le plus gentil, le plus miséricordieux, il les enverrait brûler en Enfer pour l'éternité, en prenant soin de remplacer leur peau une fois brûlée par une neuve pour que ça continue à faire mal. Il lui a dit que tous ceux qui suivaient ce que dit la Bible et la Torah ne méritaient pas de vivre et que ceux qui tenaient à leur peau devaient les exterminer. Son peuple élu n'était plus le peuple juif, celui-là il pouvait toujours continuer à fayoter tant qu'il voulait en se tapant la tête contre le Mur des lamentations, ça n'y changerait rien. Il aurait d'ailleurs pu sentir un peu le vent qui tournait, ce peuple élu, plus tard, au cours des années 1940, mais bon. Non, le peuple élu, maintenant, c'était celui à qui ce bédouin, nommé Mahomet, transmettrait toutes les directives qu'il allait lui donner sous la forme d'un nouveau livre, le Coran, qui annule et remplace tout ce qui a été écrit auparavant. On y apprenait que le vin est une abomination, une œuvre du Diable, et qu'un adorateur convenable, qui s'appellera un Musulman (un soumis) et qui voudra mériter le Paradis ne devra pas en boire. Puis, un peu comme sont longuement décrites les tortures que promet l'Enfer, on y apprenait que, parmi les bienfaits que dispensera le Paradis, on trouvera des vins délicieux à boire. Et qu'on pourra être assis sur des coussins verts. Alors Mahomet a bien essayé d'exterminer ceux qui ne voulaient pas faire tout ce qu'il disait, les Mécréants, c'est-à-dire, dans les premiers temps suivant sa Révélation, l'espèce humaine à peu près entière, mais il n'y est pas parvenu. D'autres s'y essaient encore aujourd'hui.
Pour être juste, m'adressant à une ado de 14 ans, je ne passerai pas sous silence l'excellence de certaines des valeurs humaines portées par ces religions, surtout par les deux plus anciennes, mais en précisant qu'à mon sens on n'a nullement besoin, et même qu'il n'est pas très honnête, d'enrober ces valeurs d'élémentaire humanisme dans un gloubi-boulga abracadabrantesque et céleste pour le faire mieux digérer.
Bien à toi Lola_tsr »
Bien à toi également, Dorian.