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enseignement TJ : la trinité , étude biblique et historique

Posté : 11 avr.24, 20:42
par agecanonix
De la Genèse à la Révélation, de Moïse à Jean, aucun écrivain inspiré, aucun homme fidèle dont la vie a été contée par un autre, aucune révélation divine de quelque ordre que ce soit, n’a jamais abordé la notion de la nature de Dieu.

Pourtant des hommes remarquables se sont exprimés : Abraham, l’ami de Dieu, Salomon l’homme le plus sage de son époque, David auteur de tellement de Psaumes profonds, les prophètes si proches du divin, les apôtres formés directement par Jésus, Paul spécialement choisi par Jésus et enfin et surtout Jésus, le propre fils de Dieu.

Aucun d’entre eux n’a esquissé le moindre début d’une explication sur la nature de Dieu.
Tout ce qu’ils nous ont dit c’est que Dieu est esprit, incréé, tout-puissant, incorruptible, et surtout amour, miséricorde, pardon, patience autant de notions qu’un humain peut comprendre.

Quant à la nature de Dieu, à la façon dont il a créé, à sa substance, au mécanisme de la transmission de la vie, aucun écrivain biblique ne s’y est hasardé.
Si Dieu l’avait voulu, si tant est que nous puissions le comprendre, il n’avait pas plus efficace et plus légitime que son fils pour le faire.
Or, Jésus ne dira rien sur ce thème.

Il y a forcément une ou plusieurs raisons à cela.

La première raison, quand on observe la vitalité de la congrégation chrétienne au premier siècle, c’est que de toute évidence, connaître la nature de Dieu, sa substance, n’était pas nécessaire. On peut être un excellent chrétien, satisfaire à tous les critères de foi et d’amour requis des disciples de Jésus tout en ignorant tout de la substance de Dieu, du mécanisme de transmission de la vie entre Dieu et son fils ou du sexe des anges.
La seconde raison est que nous n’avons pas forcément le droit légitime de nous intéresser à ce que Dieu n’a jamais voulu aborder de son propre chef par le moyen d’écrivains bibliques vraiment inspirés par lui.
Nous rejoignons Paul ici, dans sa lettre au Galates quand il parle d’un évangile qui irait plus loin que celui accepté à l’époque.
Nous rejoignons aussi Jésus qui a expliqué que certains domaines de la connaissance ne nous sont pas accessibles de droit.(Actes 1:7)

Ensuite, si nous faisions table rase des réflexions précédentes, la méthode utilisée par Dieu serait bien chaotique.

Quand on lit les comptes-rendus du Concile de Nicée et que l’on constate que les motifs d’excommunications qui ont touché Arius et ses alliés reposaient principalement sur des reproches qui auraient aussi chassé de l’Eglise tous les apologistes et Pères de l’Eglise du II siècle, on imagine mal la main de Dieu dans une telle cacophonie.
Justin, cette figure de martyr, ce saint reconnu de l'Église, aurait été excommunié comme Arius, pour avoir expliqué que le Père était plus grand que le fils et que le fils avait été créé.

Trouve t’on dans la bible une seule doctrine sur laquelle certains écrivains tâtonnent, changent d’avis, se contredisent ?
Jésus contredit-il une seule fois Moïse, David, Salomon ou les prophètes ?

Pourtant, Athanase contredit Justin, Clément d’Alexandrie, Eusèbe, Irénée de Lyon, Clément de Rome, Tatien, Tertullien, etc.. tous se contredisent les uns les autres !
Chaque Père de l’Eglise, jusqu’au IV siècle y va de son interprétation personnelle, à celui qui rendait Jésus plus Dieu que Dieu à la fin..

Où se trouve la main de Dieu dans ce vacarme ?
Ce qui met trois siècles à naître dans le brouhaha d’un concile fratricide ne pouvait-il pas être expliqué par Jésus pendant les 3 années et demie de son ministère, ou par Paul qui s'attellera à expliquer des choses tellement plus complexes.

Athanase était-il plus compétent que Jésus, ou Paul, ou Jean, ou Pierre pour exprimer une doctrine aussi importante ?

Une saine méfiance
Aux Galates Paul a écrit :
  • “ Cependant, même si l’un de nous ou un ange du ciel vous annonçait comme bonne nouvelle quelque chose qui va au-delà de la bonne nouvelle que nous vous avons annoncée, qu’il soit maudit.  Nous l’avons déjà dit, et je le redis maintenant : quiconque vous annonce comme bonne nouvelle quelque chose qui va au-delà de ce que vous avez accepté, qu’il soit maudit “
Cette double insistance de Paul crée pour le chrétien un devoir : il lui faut distinguer et comprendre la bonne nouvelle telle qu’elle était annoncée, comprise et admise au premier siècle.

Les mots ont un sens. Le critère repris par Paul est précis. La base de comparaison est clairement “tout ce que vous avez accepté “.

Il n’est donc pas possible de biaiser cet avertissement en recherchant des textes qui, postérieurement à cette époque, ont été interprétés dans le sens Trinitaire.
Il faut absolument que ces interprétations aient été formulées au premier siècle pour constituer ce que les chrétiens avaient acceptés.

Fort de ce renseignement, il ne faut pas s’étonner que des chrétiens fassent preuve d’une très grande méfiance face à des doctrines pour lesquelles on ne dispose d’aucune preuve qu’elles étaient acceptées ni même enseignées au premier siècle.

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L’enseignement des apôtres

Le discours de Pierre

L’une des journées les plus importantes de la foi chrétienne s’est déroulée à la pentecôte de l’an 33. Ce jour là, 120 disciples vont se réunir et recevoir l’esprit saint.
Ce qui leur arrive correspond à ce que Jésus a vécu le jour de son baptême, Dieu les choisit comme fils et filles et le leur atteste miraculeusement.

Le texte explique ensuite que Pierre, rempli d’esprit saint, va prononcer un discours devant une foule importante qui s’est rassemblée suite au bruit que cet événement a produit.

Ce discours est remarquable à plus d’un titre. Nous assistons à la fondation de la congrégation chrétienne. C’est sans doute le discours le plus important de la vie de Pierre, celui qui a eu le plus de conséquences. Il utilise, ce jour là, la première clef du Royaume que Jésus lui a confiée.

Nous allons nous attacher à examiner la façon dont il va parler de Jésus. Voici son discours:
  • Jésus le Nazaréen est un homme que Dieu vous a désigné (...) par des miracles
    Cet homme a été (...) supprimé.
    Dieu l’a ressuscité.
    Dieu ne l’a pas abandonné dans la tombe.
    Jésus est fils de David, le descendant promis
    Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité
    Il a été élevé à la droite de Dieu et a reçu, de Dieu, l’esprit saint promis
    Sachez que Dieu l’a fait Seigneur et Christ.
Tels sont les renseignements que Pierre donne sur Jésus. Pierre s’adresse, certes, à des juifs, mais surtout à des juifs venant de toutes les nations (verset 5) qui reçoivent donc, pour beaucoup, par ce discours, les tous premiers vrais enseignements de leur vie relatifs à Jésus. Beaucoup même retourneront chez eux avec la perspective de ne plus avoir de contact avec des chrétiens avant longtemps.

Et qu’apprennent-ils précisément ce jour là ?
Qu’un homme, un nazaréen, a été désigné par Dieu par des miracles, qu’il a été livré et mis à mort conformément au plan de Dieu par ses ennemis, mais que Dieu l’a ressuscité pour ensuite l’élever en le faisant s’asseoir à sa droite au ciel. Il a fait de lui un Seigneur et un Messie ou Christ.

Se trouve-t-il, clairement exprimé pour être compris par ses auditeurs néophytes, la moindre explication sur l’élément qui devrait-être essentiel à la foi chrétienne, savoir que Jésus serait aussi l’égal du Dieu dont vient de parler Pierre ? Absolument pas.

Et pourtant, quelle est la conséquence de ce discours ?
3000 juifs décident immédiatement de se faire baptiser, grâce à un discours où, à aucun moment, Pierre ne va suggérer que le fils serait l’égal de Dieu, un discours où Pierre ne dit même pas que Jésus est le fils de Dieu ou que Dieu est le Père.
Un discours fait pour les juifs avec citations de prophètes.

On nous objectera le verset 40 où le texte dit qu’il reçurent ensuite un témoignage complet. Mais cela renverrai l’égalité de Jésus avec Dieu au niveau des détails qu’il faut ensuite expliquer.

Trouve-t-on dans le texte, suite aux secondes explications de Pierre, un changement d’attitude de la part de ceux qui avaient auparavant exprimé leur volonté de s’engager ? Nullement.
En effet, absolument aucune objection, aucun changement d’avis, n’est constaté ensuite, ce qui n’aurait pas manqué de se produire, si, après ce texte, Pierre était venu leur dire : “J’ai oublié un détail : cet homme, c’est Dieu ! “ et donc que le schéma juif s’écroulait.

Qui peut imaginer sérieusement que Pierre, cet homme engagé, fougueux, aurait volontairement omis d’expliquer l’égalité de Jésus avec son Père. Qui peut également imaginer que le même Pierre, porté par l’esprit saint, aurait oublié cet élément qui est décrit par les défenseurs de la trinité comme absolument indispensable pour se déclarer disciple de Jésus. Or, ce jour là, 3000 vont prendre le baptême sans que quelqu’un ne leur ait dit le plus merveilleux ?

Maintenant si Pierre était le seul à procéder de cette façon, certains pourraient avancer l’exception, l'exaltation qui fait perdre le fil d’une explication, qui fait croire que l’on a déjà dit ce que l’on pense un instant avoir oublié, ou qui fait penser qu’une idée est si importante et si évidente qu’elle n’a pas besoin d’être expliquée.
Seulement, la répétition systématique de cette anomalie finit par en faire une règle.

Quand Paul s’adresse aux juifs dans les synagogues de toutes les villes qu’il visite, il n’en dit pas plus que Pierre.

Quand Etienne, rempli d’esprit saint, s’adresse au Sanhédrin, il n’en dit pas plus que Pierre non plus.

Quand Paul s’adresse aux grecs, à l’aréopage, là aussi, il n’en dit pas plus, bien au contraire, il en dit même moins. Jésus, non cité, est simplement désigné comme “homme”.

Faut-il trouver pour chacun des nombreux discours ci-dessus rappelés une excuse pour expliquer cette omission ?
Les uns parce qu’ils sont juifs, les autres parce qu’ils sont grecs, d’autres encore parce qu’ils sont romains ?
Où se trouve t’elle, dans la bible, l’occasion idéale où il aurait été possible de poser l’explication du dogme ?

En effet, trouve-t-on, une seule fois, dans le NT, un discours, une démonstration, un argumentaire, un résumé historique, une narration ou un credo qui aille, concernant la position de Jésus, plus loin que ce qu’explique Pierre le jour de la pentecôte : “que Dieu l’a fait et Seigneur et Christ, ce Jésus“
  • Que dit d’autre Paul en Philippiens 2:9 : “ Dieu l’a élevé à un position supérieure et lui a donné volontiers un nom au dessus de tout autre nom “
    Que dit d’autre Pierre en 1 Pierre 3:22 : “ Celui-ci est à la droite de Dieu, car il est allé au ciel, et anges et autorités et puissances lui ont été soumis.”
    Que dit d’autre Paul en Actes 17:31 : “ parce qu’il a fixé un jour où il va juger la terre habitée avec justice par un homme qu’il a désigné. Et il a fourni à tous les humains une garantie en le ressuscitant d’entre les morts.
    Que dit d’autre Pierre en Actes 10:42: “De plus, il nous a ordonné de prêcher au peuple et d’attester que c’est lui que Dieu a établi comme juge des vivants et des morts “
    Que dit donc Paul en Romains 8:34: “ En effet, Christ Jésus, celui qui est mort, oui celui qui a même été ressuscité, est à la droite de Dieu et il intercède en notre faveur.
    Que dit Jean en Jean 3:35 “ Le Père aime le Fils et a tout remis entre ses mains
    Que redit Pierre en Actes 5:31 :Dieu l’a élevé à sa droite comme Agent principal et Sauveur, pour permettre à Israël de se repentir et d’obtenir le pardon de ses péchés
    Que dit Jésus en Mat 28:18 : “Jésus s’approcha d’eux et leur dit : « Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre.
Lisez bien tous ces textes:
Qui est toujours à la manœuvre ? Dieu.
Qui reçoit toujours de Dieu et ne donne jamais à Dieu ? Jésus.
Que fait Dieu dans tous ces textes : il établit Jésus “Seigneur”

Et qu’en ont conclu Pierre et les autres ?
1 Pierre 3:15  Mais sanctifiez le Christ comme Seigneur dans vos cœurs.
1 Cor 8:6: “  il y a en réalité pour nous un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses, et nous existons pour lui ; et il y a un seul Seigneur, Jésus Christ, par l’intermédiaire de qui viennent toutes choses, et nous existons par son intermédiaire.

La profession de foi de Paul

Je reproduis ici le texte de 1 Corinthiens 8:6 :
Il y a en réalité pour nous un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses, et nous existons pour lui ; et il y a un seul Seigneur, Jésus Christ, par l’intermédiaire de qui viennent toutes choses, et nous existons par son intermédiaire.

Paul exprime ici, en préambule, une idée forte quand il dit : “en réalité”. Le mot grec ἀλλά que l’on peut aussi traduire par “cependant”, par “mais” ou par “sinon” emporte l’idée d’un rétablissement de la vérité suite aux affirmations qui l’ont précédées.

Cela signifie que Paul va nous indiquer ensuite ce qu’il considère comme vrai.

Or, que dit il sur Dieu ? Il y a en réalité pour nous un seul Dieu, le Père.
L’information est directe, sans précaution oratoire, et destinée à être comprise pour ce qu’elle dit. Si on inverse l’idée en négatif, nous lisons : En dehors du Père, nous n’avons pas d’autre Dieu.

Paul ajoute ensuite l’élément qui justifie sa position et qui caractérise Dieu: de qui viennent toutes choses.

C’est le mot grec ἐξ (ex) qui introduit ce texte.
Son sens induit l’idée que toutes choses viennent du Père avec la notion d’une origine et d’un cheminement “ de l’intérieur vers l’extérieur ”.
C’est donc de Dieu, du Père, que toute chose trouve son origine, et cela constitue pour Paul la spécificité de Dieu.

Jésus, lui, n’est pas défini ainsi, Paul explique : et il y a un seul Seigneur, Jésus Christ, par l’intermédiaire de qui viennent toutes choses, et nous existons par son intermédiaire.
On remarque au début de ce texte la conjonction “et” qui se retrouve dans le texte grec. Cela confirme que Paul entame ici l’explication d’un autre personnage, bien distinct, dans le texte, du seul Dieu, le Père.

Ainsi Jésus reçoit ici le titre de Seigneur. Quelle belle occasion manquée si pour Paul Jésus était aussi Dieu à égalité avec le Père.

Un Seigneur, dans le vocabulaire biblique est un mot qui ne peut pas rivaliser avec le mot Dieu. Si Seigneur est honorifique, il est à 100 lieues de la gloire que le titre Dieu reconnaît à celui qui le porte.
Tout comme Paul a défini le rapport de Dieu à la création, il explique aussi celui de Jésus dans le même cadre.
Toutes choses ne viennent pas de Jésus, mais “par” (grec dia) Jésus.

Le sens du mot grec “dia” est le suivant :
  • à travers, par l'instrumentation de, (b) acc: à travers, à cause de..
Matthieu 8:17 nous aide à mieux comprendre le sens du mot : la prophétie a été prononcée par (dia) Jérémie .

Ainsi, dans l’explication de Paul, la chose créée ne vient pas de Jésus, mais par son intermédiaire. La notion d’instrument ou d’intermédiaire suffit donc à Paul pour indiquer que le seul Dieu qu’il reconnaisse est le Père pour la raison précise que la création trouve son origine, “sa base”, en lui. Jésus étant celui que Dieu va utiliser, comme instrument, pour créer.

Si Paul les distingue sur ce point de façon définitive, puisqu’il affirme que cela constitue ce qu’il croit, c’est que pour lui Jésus ne peut pas créer comme le Père a créé. Voilà qui induit de facto une différence de nature.

Si pour Paul, Jésus pouvait créer de la même façon que Dieu, mais que les circonstances faisaient que seul Dieu, le Père, avait eu l'opportunité de le faire, il reconnaîtrait cette capacité à Jésus et n’établirait pas cette différence qui exclut Jésus du champ des Dieux possibles.

C’est donc bien la conception de Paul sur l’identité et la nature de Dieu qui lui fait dire que pour “nous”, dit Paul, incluant les autres chrétiens, un seul est Dieu, le Père.

Paul ré-exprimera ce même crédo en 1 Timothée 2:5 : Car il y a un seul Dieu, et un seul médiateur entre Dieu et les hommes, un homme, Christ Jésus,
Précédemment à ce texte Paul avait expliqué qu’il s’agissait de la connaissance exacte de Dieu.

Pour revenir au texte de Galates cités en préambule de cette longue explication, nous avons ici la bonne nouvelle ou évangile que reconnaissait Paul. Un seul Dieu, ajoutant pour éteindre toute interprétation possible, le Père, ce qui exclut de facto Jésus et l’esprit saint.

Ainsi, pour quelle raison un chrétien pourrait-il affirmer, s’il veut rester fidèle à ce témoignage, que Paul avait deux autres Dieux égaux au Père?

Le témoignage de Jean

A se focaliser uniquement sur Jean 1:1, on en oublie de s’intéresser à l'œuvre majeure de l’apôtre, l’Apocalypse .

Au chapitre 4, l’apôtre déclare accéder aux cieux par une porte et pouvoir y observer l’environnement immédiat d’un personnage qu’il va appeler, tout au long de ce livre, “Celui qui est assis sur le trône”. Il s’agit bien évidemment de Dieu, le Père.

C’était l’occasion unique de valider une doctrine qui faisait de Dieu un personnage composé de trois personnes égales.
Par exemple, il aurait été déterminant de voir 3 trônes au lieu d’un seul et d’observer le Père, le Fils et le Saint Esprit dans leur égalité.

Ce n’est pas le cas.

Il aurait été également logique d’observer le 3ème Dieu un peu oublié de la Trinité, l’Esprit Saint, qui par nature serait chez lui dans ces visions, et qui, curieusement, brille par son absence.

Il faut aussi remarquer que Jean respecte le sens des mots “Dieu” et “Père” tels qu’ils ont été utilisé par tous les écrivains du NT. En effet, si l’agneau est clairement Jésus, le mot “Père” désigne le seul qui soit appelé Dieu dans ce livre : son Père.

En effet, une recherche sur le mot Dieu nous apprend que Jésus n’y est jamais appelé ainsi, et qu’il y désigne 6 fois son Père en l’appelant “mon Dieu” sur les 97 fois où ce mot apparaît exclusivement pour désigner son Père.

Ceux qui pensaient que Jean 1:1 avait libéré Jean sur l’usage du mot “Dieu” à destination de Jésus seront déçus.

Jean, contrairement aux apologistes et autres Pères de l’Eglise, ne va pas abuser du mot “logos” (ou Verbe) non plus pour identifier Jésus. Il ne le fait qu’en Apocalypse 19:13 pour indiquer, non pas qu’il est le logos de Dieu, mais qu’on l’appelle “la Parole” ou “logos”. L’expression “Parole ou Verbe de Dieu” n’est pas biblique.

A noter, ce qui est loin d’être anecdotique, que Jésus n’est appelé “la Parole” ou “Logos” que 5 fois dans la bible. Curieux si la doctrine faisant de la “Parole” un Dieu égal au Père était clairement comprise et acceptée au premier siècle.

Cependant, Jean préfère le mot “Agneau” pour identifier Jésus dans ses visions de l’Apocalypse, sans doute parce que c’est ainsi que la vision le dépeint.

Nous viendrait-il à l’esprit que Jésus soit vraiment un agneau? On comprend sans trop de difficultés que c’est le rôle préfiguré par l’agneau pascal qui a joué pour qu’il soit ainsi appelé.
C’est donc la fonction qui a fait le nom “agneau” et non pas la nature ou l’origine de Jésus.

Avec la même logique, si Jésus avait été envoyé pour porter la parole de son Père aux humains, s’il avait simplement été son porte parole, comme un envoyé, ne l'appellerions nous pas aussi la “Parole”.
Evidemment oui ! Tout comme on appelle “messager” ou “ange” un esprit choisi par Dieu pour transmettre un message, ou apôtre un envoyé par Dieu.

La fonction crée donc le nom.

Le chapitre 5 est intéressant puisqu’il décrit l’agneau non pas assis, mais debout au milieu du trône. Cela devrait donc bousculer un peu notre représentation mentale puisqu’il serait curieux, de voir un agneau debout sur Celui qui est assis sur le trône.

Si telle avait été la vision de Jean, il n’aurait pas manqué de s’en étonner.

C’est donc le trône qui n’est pas comme nous le pensons habituellement d’autant que Rev 4:6 vient ajouter qu’au milieu du trône se trouvent aussi 4 créatures vivantes.

Le trône doit donc être bien plus qu’un siège. Ce doit être une surface dédiée sur laquelle peuvent se trouver un siège unique réservé à Dieu et un espace où un agneau et 4 autres créatures peuvent se placer debout.

Ce qui est intéressant dans cette description, c’est que tout au long de l’Apocalypse, Jésus ne sera jamais décrit assis sur le seul trône observé par Jean.

La meilleure preuve se trouve dans la phrase qui identifie le Père.
On l’appelle “celui qui est assis sur le trône” ce qui ne peut être cohérent que s’il n’y a qu’un seul personnage à correspondre à cette description.

Que se dégage t’il donc de ce livre de l’Apocalypse ?
Que Jésus, l’agneau, reste, même au cieux, bien différencié de Dieu, qui est le seul à être assis sur un trône et que tous les personnages célestes appellent “notre Dieu”. Apo 4:11 / 5:10 / 7:3 / 12:10 / 14:10,12 / 19:1,5,6.

Cette formule n’est jamais employée pour désigner Jésus.
Pourtant, si Jean l’avait considéré comme l’égal de “Celui qui est assis sur le trône”, à un moment donné, au moins une fois, cela aurait dû apparaître.


Réinvention du sens de certains mots

Une citation de Claude Tresmontant fait état d’un glissement sémantique sur les mots Père et Fils qui, dans les écrits chrétiens du premier siècle, étaient à prendre au sens propre mais qui évolueront à mesure de l’élaboration de la doctrine trinitaire.

Ainsi, alors que le mot Père désignait simplement Dieu à l’origine, dans tous les écrits chrétiens jusque l’Apocalypse, il en est venu à ne plus désigner qu’une partie de Dieu sous l’appellation “Dieu le Père”.

De même, alors que le mot Fils désignait Jésus en tant que fils de Dieu, un nouveau mot est apparu, Dieu le Fils, désignant une autre composante de Dieu.
Les expressions “Dieu le Père” et “Dieu le Fils” sont néanmoins absentes sous cette forme, du NT.

C’est vrai également avec plusieurs autres mots qui vont se voir complètement ou partiellement vidés de leur sens premier pour pouvoir laisser le champ libre au dogme.

C’est le cas de l’expression “premier-né

Le cas est typique dans l’examen de Colossiens 1:15 qui déclare Jésus “premier-né de la création”. Il est certain qu’une telle affirmation est un réel danger pour la doctrine trinitaire car elle suppose deux éléments considérés comme nocifs au dogme : Jésus serait “né” et ferait partie des éléments créés par Dieu.
Or, Jésus, pour être égal au Père et donc de même nature que lui, doit absolument être incréé.

Pour résoudre ce vrai problème, l’hypothèse trinitaire avancée consiste à déclarer que le mot premier-né aurait perdu son sens premier pour ne conserver que la conséquence qu’il induisait.

En effet, un premier-né était le premier fils d’un personnage et recevait, de ce fait, un héritage plus important que ses frères, voire une situation honorifique de premier plan.
L’explication trinitaire affirme que le premier élément, la naissance, a disparu pour ne conserver que l’aspect “héritage”.

Seulement, un examen texte par texte de toutes les utilisations du mot “premier-né” dans la Bible vient annuler cette hypothèse, sauf à penser que Colossiens 1:15 serait le seul et unique texte qui occulterait l’aspect “naissance” ou “chronologique”.
En effet, toutes les occurrences renfermant le mot premier-né impliquent toujours l’idée que le personnage est bel et bien né avant les membres de sa fratrie.

On oppose souvent le Psaume 89:27 au texte de Colossiens pour affirmer que dans ce texte de l’AT se trouve une exception du même type que celle supposée en Colossiens.

Voici ce texte : Et je l’établirai comme premier-né, comme le plus grand des rois de la terre

On apporte comme hypothèse que David, qui était le benjamin de Jesse ne pouvait être considéré comme un vrai premier-né et que ce texte ne pourrait donc que faire allusion au côté honorifique de l’expression.

C’est oublier la possibilité de l’utilisation métaphorique.

Dans ce texte nous observons un homme, David, qui se trouve être le premier-né d’un ensemble que nous appellerons “les rois de la terre”.

Le verset 3 du même chapitre fait état de l’alliance de Dieu avec David. Nous lisons : « J’ai conclu une alliance avec celui que j’ai choisi ;j’ai juré à mon serviteur David :  “J’établirai solidement ta descendance pour toujours je consoliderai ton trône durant toutes les générations

Nous apprenons ici que David devient bien le premier d’une fratrie (symbolique) composée des rois qui lui succèderont jusqu’au Messie. Rappelez vous la façon dont Jésus était appelé “le fils de David”. C’est en référence à ce psaume.

Qu’avons nous donc in fine? Un homme qui est bien le premier à être “roi” dans une fratrie constituée de rois qui lui succéderont.

Cette notion de succession est évidente quand le verset 28 fait entrer la promesse de Dieu dans le cadre d’une alliance conclue avec David.
Il n’existe pas d’alliance rétroactive dans la bible. Ainsi, cette notion d’alliance et l’allusion à la descendance de David le place bien, chronologiquement, comme le premier des rois, la fratrie, à l’être devenu.

La dimension de premier à être apparue chronologiquement reste donc bien évidente dans ce psaume, de même que la notion de fratrie auquel le premier né appartient.

Décider que le mot “premier-né” de Colossiens 1:15 perd sa dimension chronologique liée à une naissance, c’est instaurer une règle unique à ce texte.

On constate par ailleurs ici une erreur de méthode dans la façon dont la doctrine trinitaire est confrontée à l’examen biblique que tout enseignement, quel qu’il soit, doit subir.
En effet, ce n’est pas ici le texte biblique qui fait la doctrine, mais la doctrine qui fait l’interprétation du texte et même des mots.

On peut raisonnablement penser que Dieu, Jésus et ceux qu’il a choisis, aidés de l’esprit saint, étaient capables de se faire comprendre et encore plus capables de trouver les bons mots pour exprimer une vérité divine.

Sur le Sabbat, la circoncision, la résurrection, l’apostasie, l’amour de Dieu et du Christ nous constatons chaque jour, par notre lecture individuelle comment la bible sait être “profonde” quand il le faut tout en restant abordable à chacun par son vocabulaire.

Chaque changement capital, et ils seront nombreux, est abordé avec détail, avec un choix des mots précis dans le soucis d’être compris à 100%.

La résurrection qui fera tellement débat chez les Juifs (cause du jugement de Paul au Sanhédrin), chez les grecs (motifs du rejet du discours de Paul à l’aréopage), chez les chrétiens (cause de l’intervention de Paul dans I Cor 15) va être l’objet d’une très riche argumentation visant à la démontrer comme seule possibilité offerte au salut (I Cor 15:32) puisque sa négation annulerait de facto le retour à la vie de Jésus.

Le sabbat, outre les très nombreuses explications de Jésus face aux juifs, fera aussi l’objet d’interventions de Paul suite à l'afflux incessant de nouveaux chrétiens d’origine juive.

La circoncision réclamera beaucoup de patience au premier siècle et beaucoup de rappels de la part des apôtres car cette question restera un totem pour beaucoup de convertis juifs.
Qui ne peut nier l’extrême souci des apôtres et autres anciens, et le soin qu’ils ont mis dans leurs écrits pour expliquer, avec les bons mots, la nouvelle doctrine sur ce thème.
Lorsque le premier non juif rejoint la congrégation, ce qui est à proprement parlé une hérésie sans nom pour les juifs de l’époque, Pierre, puis Paul s’expriment amplement, références à l’AT en main, pour démontrer que c’était écrit. Preuve qu’il fallait vraiment changer les mentalités, la faute de Pierre à Antioche où Paul est obligé de le reprendre devant tout le monde (Gal 2:11).

La question des aliments offerts aux idoles fera aussi l’objet de longues explications de Paul pour clarifier la notion de conscience et son rapport avec l’amour des autres.

Il n’est pas un seul thème, objet de discussion, de contestation, de friction au premier siècle qui n’ait été traité correctement et entièrement dans le NT.
Tous ces sujets n’ont pas eu besoin de discussions acharnées sur plusieurs siècles afin d’être finalement imposées de force au IV siècle.
Et surtout, la compréhension que nous en avons ne nécessite jamais de tordre le sens d’un mot, d’en inventer un qui soit unique à ce texte, pour faire entrer de force la conception moderne de ces sujets dans le texte ancien de référence.

On ne peut nier, preuve à l’appui, que tous ces thèmes étaient compris au premier siècle, compris mais aussi correctement expliqués avec les mots du vocabulaire courant.
Pour quelle raison logique aurions-nous l’exception extraordinaire de ne trouver aucun texte, aucun explication, aucune approche, aucune clarification sur un thème aussi explosif que celui de la nature de Jésus et son égalité avec Dieu, sachant que ce sujet ne pouvait absolument pas être accepté sans difficulté sérieuse par des juifs très à vif, de tous les temps, sur ce sujet ?

La question de l’identité de Dieu : un sujet explosif

Il s’agit ici d’être pragmatique. Par exemple, l’argument (à démontrer) qui voudrait que l’AT ait déjà indiqué que Jésus serait Dieu, égal à YHWH, n’a aucun impact sur le sujet au premier siècle car, pour qu’il puisse être recevable, il faudrait que le monde juif de l’époque, dans une proportion suffisamment importante, l’ai intégré et surtout que les textes qui nous sont parvenus démontrent que tous les juifs, et à tout le moins, la majorité des juifs de la diaspora, aient admis cette notion à cette époque là.

Nous traitons donc bien ici de l’absence d’une explication chrétienne argumentée et précise face à une doctrine qui, précisément dans ce monde juif, ne pouvait absolument pas passer inaperçue, et encore moins être admise sans contestation, voire même opposition violente.

Il n’est pas à démontrer que les juifs que Jésus va croiser n’attendaient pas Dieu. Ils attendaient un Messie. Dès lors, les conditions d’un choc terrible étaient réunies pour opposer juifs et chrétiens, de façon absolument inévitable sur ce seul sujet. Or, ce choc n’a pas lieu.

Le doute, dans cette affaire, ne se trouve pas du côté juif. Au premier siècle, mettre une statue de Caligula dans le temple fait craindre le pire au gouverneur Petronius qui fera tout pour l’éviter au risque de sa vie. La mort de Caligula le sauvera.
.
Le monde juif est extrêmement sensible sur ce thème.

Or, une fois encore, le choc n’a pas lieu, tous les historiens s’accordent à dire que les chrétiens sont considérés comme une secte juive par les juifs, tout comme les pharisiens, sadducéens et autres esséniens. Aucune mesure définitive n’est prise contre eux.

Preuve de cette vérité, la capacité des chrétiens juifs à entrer librement dans les synagogues.
Le livre des Actes regorgent de témoignages indiquant l’habitude quasi hebdomadaire de Paul à entrer dans ces lieux de culte pour y enseigner.

La seule solution à cette énigme est la suivante : les chrétiens n’enseignaient pas une doctrine susceptible de froisser la conscience juive au point de leur fermer les portes des synagogues.

Etienne sera lapidé pour avoir, dans une vision et face au Sanhédrin, vu Jésus à la droite de Dieu. Que penser si les chrétiens avaient affirmé que Jésus était, non plus à la droite de Dieu mais sur le trône, à la place de Dieu..
Paul est présent ce jour là, il sait la raison de la lapidation, il sait que pour les juifs le Psaume 110 repris par Etienne, ne fait pas du personnage à la droite de Dieu un dieu.
Ce n’est pas le sens que les juifs donnent à ce texte hier comme aujourd’hui.
Paul sait aussi qu’Etienne n’a pas dit dans sa défense que Jésus est Dieu. Et pourtant Paul approuve la lapidation d’Etienne.

Pour quelle raison ? Parce que le simple fait d’affirmer qu’un homme se trouve au côté de Dieu est un blasphème passible de mort.

On imagine donc parfaitement ce qu’aurait produit la doctrine trinitaire sur ce monde juif là.

Une chose aurait été de gérer cet aspect extérieur et hyper explosif de la doctrine trinitaire au premier siècle, une autre chose aurait été la gestion interne de ce dogme.

On sait l’extrême difficulté pour Paul, Pierre et les autres écrivains à faire admettre aux chrétiens juifs les nouvelles notions liées à la circoncision, au sabbat, aux fêtes juives traditionnelles.
Ces nouveaux enseignements ont demandé beaucoup de patience et beaucoup de temps pour être finalement acceptés..
Mais que penser d’une doctrine qui ferait d’un autre Dieu l’égal du Dieu d’Abraham ?

Qui aurait-il de plus difficile, de plus choquant, de plus troublant pour un juif sincère que d’accepter un tel dogme.

On ne peut raisonnablement admettre que cette doctrine n’ait pas fait l’objet d’un minimum d'explications.

Et que penser de l’hypothèse selon laquelle tout le monde le savait, l’acceptait et n’en parlait jamais.
Car c’est finalement le constat qu’essaient d’imposer les défenseurs de la trinité face à l’absence d’un texte auquel on pourrait donner comme titre : explication du dogme, tout comme on peut dire de I Cor 15 : explication de la résurrection, ou de Actes 15 explication de la circoncision, etc.

Car, ce dont nous avons besoin, ce n’est pas d’indices, de sous entendus, de raisonnements à trois bandes, d’explication compliquées de mots, mais de textes pratiquement aussi nombreux qu’il y a d’écrivains, nous disant : Jésus est Dieu, le Père est Dieu, le SE est Dieu, et les trois sont un seul Dieu.

Ce n’est pas très compliqué à écrire, les mots sont simples et abordables pour tous et il n’était pas utile d’attendre 3 siècles pour trouver cette formule là.

Qu’avons nous à la place de cela? Car finalement, l’explication existe, explicite, répétée très souvent dans toutes les lettres de tous les écrivains pratiquement.

Prenez Romains 1:7 . Et vous pourrez répéter l’opération à volonté;
Que Dieu notre Père et le Seigneur Jésus Christ vous accordent faveur imméritée et paix !
Il y a quelques variantes, par exemple en 2 Corinthiens 1:2-3.
Que Dieu notre Père et le Seigneur Jésus Christ vous accordent faveur imméritée et paix !  Loué soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ.
Pierre utilisera la seconde partie de la formule de Paul en 1 Pierre 1:3.
Loué soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ

Il s’agit ici d’une forme de credo en plus d’une action de grâce. Et quel est le rôle d’un tel texte sinon de formuler en quelques mots ce que l’on croit profondément.

Nous avons cité Galates en début de cet exposé, mais comment Paul s’y prend t’il pour l’introduire ? Galates 1:1-3
De la part de Paul, apôtre ni par des hommes ni par l’intermédiaire d’un homme mais par Jésus Christ et par Dieu le Père, qui l’a ressuscité, 2 et de la part de tous les frères qui sont avec moi, aux assemblées de Galatie : 3 Que Dieu notre Père et le Seigneur Jésus Christ vous accordent faveur imméritée et paix

Ainsi, l’évangile qu'ont accepté les Galates correspond à ce credo repris par Paul.

Or que lisons nous ?
Le mot Dieu apparaît 2 fois ici et il est systématiquement accolé au mot “Père”. Paul écrit “ Dieu le Père “ et “ Dieu notre Père “ .

Un lecture simple nous indique donc que, pour Paul, Dieu est le Père.
Vous notez avec moi que Jésus n’est pas appelé le fils, et encore moins par l’expression “Dieu le fils” qui n’existe pas dans le NT.
Jésus est désigné comme le Christ..

Rappelez vous la citation de Claude Tresmontant qui indiquait que dans le NT, le mot Père était à prendre au sens littéral et que la doctrine trinitaire avait réussi à faire des 3 mots, Dieu, le et Père, un seul mot désignant une personne, “Dieu le Père”.

Or, ce n’est pas le sens donné par Paul ici, il ne dit pas “je vous parle de la personne nommée Dieu le Père”, mais il nous dit ici “ je vous parle de Dieu qui se trouve être le (ou notre) Père””.

Paul distribue donc les rôles ici : Dieu, c’est le Père et Jésus c’est le Christ.

Maintenant appliquons la formule qui se vérifie toujours.

La meilleure explication est toujours la plus simple.
La meilleure compréhension d’un texte conçu sans arrière pensée, en toute objectivité, dans le but d’être compris par le plus humble comme par le plus instruit des humains, est toujours celle qui ne demande aucun artifice, aucune explication demandant du temps ou un bagage intellectuel particulier, et aucune modification du sens des mots.

Dans le cas contraire, si Paul voulait nous enseigner que Jésus est Dieu dans ce texte, quel piètre professeur il serait.
Or, il n’existe aucun texte, écrit dans l’esprit de ceux que je vous ai cités, qui nous présente Dieu et Jésus autrement que de la façon dont Paul l’a fait aux Galates, Romains, Corinthiens, Colossiens, Thessaloniciens, etc…

Ainsi, et j’insiste, le credo de Paul est celui-ci : Que Dieu notre Père et le Seigneur Jésus Christ vous accordent faveur imméritée et paix !  Loué soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ.

Il suffit de le lire.

Il ne peut exister qu’un seule solution pour valider la doctrine trinitaire. C’est l’hypothèse d’un testament incomplet. Celle des mormons qui justifient ainsi un autre livre saint postérieur.

Et celle des Eglises issues de Nicée qui, face à l’histoire, aux textes, sont contraintes à évoquer l’idée d’une révélation progressive de l’identité de Dieu.

On nomme cela : la Tradition. Or Jésus, en Matthieu 15:3 aura des mots très durs contre ce système de perversion de la pensée biblique originelle : “ Et vous, pourquoi, à cause de votre tradition, ne respectez-vous pas les commandements de Dieu ? “ Ici tradition rime avec trahison .

Seulement cela suppose que Paul, Pierre, Jacques, Jude, aient été incapables de comprendre et d’expliquer qui était celui que certains d’entre eux avaient côtoyé plus de 3 années.
Cela suppose aussi, soit une volonté de Jésus de cacher sa véritable identité, soit son incapacité à la faire admettre.
Dans l’hypothèse où Jésus l’aurait clairement explicité, alors c’est l’esprit saint qui serait en cause car il se serait montré incapable de faire revenir en mémoire ces explications dans l’esprit des écrivains des évangiles.

Les supposés indices dans le Nouveau Testament

Pour quelle raison employer le mot indice ?

Il n’existe pas de preuve irréfutable dans la bible démontrant l’acceptation ou même l’explication du dogme trinitaire, pas plus chez Jean que chez tout autre écrivain du NT.

Tous les textes employés dans le but de valider le dogme acceptent tous, sans exception aucune, une explication non trinitaire à minima aussi logique que l’argument retenu par la doctrine.

D’ailleurs, si ce texte existait, il y a bien longtemps qu’il serait produit et largement exploité. Jean 1:1 a longtemps joué ce rôle, mais chacun sait, sans toujours vouloir le reconnaître, que la traduction communément admise n’est pas la seule possible et que l’autre option ne valide absolument pas la doctrine trinitaire.

Nous étudierons, dans la suite de cette recherche, le cas de Jean 1:1.

Restent un certain nombre de textes, que nous appellerons “indices” qui sont exploités pour la simple raison qu’ils seraient logiques de les trouver dans l’hypothèse trinitaire. Ces textes, à première lecture, n’emportent aucune adhésion au dogme, mais après une petite explication théologique de quelques minutes, on tente de les faire quitter la case “indice” où ils se trouvent pour leur donner le statut
de “preuve”.

Examinons l’un d’entre eux pour analyser la méthode.

Il s’agit de Mat 28:19 où Jésus demande aux chrétiens de baptiser au nom du Père, du Fils et de l’Esprit Saint.
On y trouve effectivement dans une seule phrase la référence aux 3 éléments constituant la trinité supposée. C’est tout et le reste va consister à interpréter cette liste.

Lu comme cela, ce texte ne met pas le Père, le Fils, et le Saint Esprit au même niveau, pas plus qu’il ne dit qu’il s’agit de 3 personnes, et encore moins que ces 3 personnes sont égales ou toutes les 3 incréées. Et ne parlons pas de 3 personnes n’en faisant qu’une seule.

On apprend seulement que dans la démarche de la foi, un chrétien, pour son baptême, aura dû reconnaître les rôles respectifs du Père, de son fils et de l’Esprit Saint.

Peut-on, sincèrement, sur la base de ce texte, affirmer qu’on y trouve les éléments indiscutables d’une démonstration rationnelle et logique visant à démontrer, comme on le ferait avec une rigueur quasi scientifique, la réalité du dogme.

Tout ce qu’on peut y trouver, dès lors où l’on est convaincu du dogme, mais indépendamment de ce texte, c’est un indice concordant à ce que l’on croit par avance.

Il faut être déjà imprégné de la croyance trinitaire pour lire ce texte dans ce sens là, mais ce n’est pas un tel texte qui peut créer la croyance. Par contre, ce qui est anormal, dans l’hypothèse trinitaire, c’est que ce texte soit une des seules exceptions où l’on retrouve ces 3 éléments dans une même phrase.

Paul, Pierre et d’autres ont tous débuté leurs épîtres par une phrase que l’on peut assimiler à un credo. “ Que Dieu notre Père et le Seigneur Jésus Christ vous accordent faveur imméritée ….”

Si donc l’Esprit Saint avait le même rang et s’il s’agissait d’une personne d’une nature et d’une stature égale au Père et au Fils, pour quelle raison est-il toujours absent de ces déclarations de foi.

Faut-il citer également 1 Cor 8:6 : “ il y a en réalité pour nous un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses, et nous existons pour lui ; et il y a un seul Seigneur, Jésus Christ, par l’intermédiaire de qui viennent toutes choses, et nous existons par
son intermédiaire."


Ou même 1 Cor 2:5 : Car il y a un seul Dieu, et un seul médiateur entre Dieu et les hommes, un homme, Christ Jésus.

Si donc Mat 28:19 avait l’importance que lui donne l’hypothèse trinitaire, si donc Père, Fils et Esprit Saint étaient 3 personnes impliquées directement dans le baptême d’un nouveau disciple, pour quelle raison, l’Esprit Saint est-il toujours absent des remerciements, des louanges, des actions de grâce reprises dans le reste des Ecritures.

Et là, pour le coup, cet indice est bien plus puissant que de trouver ces 3 noms dans un seul texte, puisqu’il démontre que la leçon trinitaire que certains donnent à Mat 28 n’était pas du tout appliquée dans la vraie vie des chrétiens.

Par contre, la pentecôte de l’an 33 nous donne un éclairage révélateur car nous y observons les premiers baptêmes faisant suite au texte de Mat 28.

Comment sont donc appliquées les instructions de ce texte relatives aux baptêmes ?

Actes 2:38 : “ Pierre leur dit : « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ pour le pardon de vos péchés, et vous recevrez le don gratuit de l’esprit saint.”

Rassurez-vous, le Père est présent puisqu’il est, de fait, le principal personnage du discours que vient de prononcer Pierre. Ce sont donc les actions de Dieu, qui n’est pas appelé “le Père”, mais dont on comprend qu’il s’agit de lui, qui poussent ces juifs à vouloir être baptisés.
C’est donc bien au nom du Père, acteur et décideur des événements que les baptêmes ont lieu.

Jésus est cité parce qu’il est celui qui a permis le pardon des péchés par son sacrifice.

Quant à l’esprit saint, il est considéré comme un don gratuit... et non comme un individu. Rappelez vous de Simon qui voudra acheter la capacité de distribuer ce don, preuve de l’idée que s’en faisaient les chrétiens de l’époque.

La lecture du NT, et surtout les introductions de toutes les lettres et épîtres, sans exception, si elles citent et mettent en valeur le Père, comme Dieu, et le fils, comme Seigneur, ne font jamais référence au Saint Esprit en tant que personne et ne lui dédient aucune louange et aucun remerciement qu’un Dieu égal au Père et au fils mériterait de recevoir.

Le cas de Jean 1:1

Il s’agit du texte de référence du dogme trinitaire.

LA BIBLE de Jérusalem rend Jean 1:1 de cette manière: “Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu.”

Voici comment d’autres traductions rendent cette partie du verset:
  • 1808: “et la parole était dieu.” The New Testament in an Improved Version.

    1864: “et dieu était la parole.” The Emphatic Diaglott, traduction interlinéaire de Benjamin Wilson.

    1928: “et le Verbe était un être divin.” La Bible du Centenaire, L’Évangile selon Jean, Maurice Goguel.

    1935: “et la Parole était divine.” The Bible — An American Translation, J. Smith et E. Goodspeed.

    1946: “et d’espèce divine était la Parole.” Das Neue Testament, Ludwig Thimme.

    1963: “et la Parole était dieu.” Les Saintes Écritures — Traduction du monde nouveau.

    1975: “et dieu (ou d’espèce divine) était la Parole.” Das Evangelium nach Johannes, Siegfried Schulz.

    1978: “et d’espèce divine était le Logos.” Das Evangelium nach Johannes, Johannes Schneider.
En Jean 1:1, on trouve deux fois le nom commun grec théos (dieu). Dans le premier cas, il désigne le Dieu Tout-Puissant, avec qui était la Parole. Ce premier théos est précédé de "ton" (le), forme de l’article défini grec qui se rapporte à un être distinct, en l’occurrence le Dieu Tout-Puissant.

D’un autre côté, il n’y a pas d’article devant le deuxième théos. Ainsi, on pourrait traduire littéralement: “et dieu était la Parole.”

Cependant, nous avons vu que nombre de versions rendent ce second théos (qui est ici un nom commun attribut) par “un être divin”, “divin” ou “dieu”. Qu’est-ce qui les autorise à le faire?

Le grec koïnê possédait un article défini (“le”, “la”, “les”), mais pas d’article indéfini (“un[e]”, “des”). Quand donc un nom commun attribut n’est pas précédé de l’article défini, il peut, selon le contexte, être indéfini.

D’après la Revue de littérature biblique, ces expressions, “où un attribut sans article précède le verbe, expriment essentiellement l’attribution d’une qualité”. Comme le constate cette publication, cela indique que le logos peut être comparé à un dieu. On lit encore dans cet ouvrage à propos de Jean 1:1: “La force qualitative de l’attribut est tellement importante que le nom commun [théos] ne peut être considéré comme défini.

Par conséquent, ce que Jean 1:1 met en lumière, c’est la qualité de la Parole: le fait qu’elle est “divine”, qu’elle est “dieu”, mais non le Dieu Tout-Puissant
.
Joseph Thayer, théologien et bibliste qui a participé à la traduction de l’American Standard Version, a déclaré sans ambiguïté: “Le logos était divin, non l’Être divin lui-même.” Quant au jésuite John McKenzie, il a écrit dans son Dictionnaire de la Bible (angl.): “Une traduction rigoureuse de Jn 1:1 donne ceci: ‘(...) la parole était un "être divin.’”
La grammaire est respectée

Pour certaines personnes, ces traductions ne tiennent pas compte d’une règle de grammaire du grec koïnê énoncée, en 1933, par l’helléniste E. Colwell. Selon lui, en grec, un nom attribut “porte l’article [défini] lorsqu’il suit le verbe; s’il précède le verbe, il n’est pas accompagné de l’article [défini]”.

Cet auteur veut dire par là que lorsqu’un nom commun attribut précède le verbe, il faut le considérer comme s’il était effectivement accompagné de l’article défini (“le”, “la”, “les”).
En Jean 1:1, le second nom commun (théos), qui est attribut, précède le verbe: “et [théos] était la Parole.” Par conséquent, d’après Colwell, Jean 1:1 devrait se lire ainsi: “et [le] Dieu était la Parole.”

Considérons l’exemple que l’on trouve en Jean 8:44. Jésus dit ici à propos du Diable: “Ce fut un homicide.” Comme en Jean 1:1, dans le grec, le nom commun attribut (“homicide”) précède le verbe (“fut”). Il n’y a pas d’article indéfini devant ce mot, car l’article indéfini n’existait pas en grec koïnè. Toutefois, la plupart des traductions ajoutent l’article “un”, parce qu’il est requis par la grammaire grecque aussi bien que par le contexte et par la langue française.

Colwell a dû reconnaître cette caractéristique du nom commun attribut, car il dit: “Dans cette position, il est indéfini [“un(e)” ou “des”] seulement si le contexte l’exige.”

Il a donc admis le fait que, lorsque le contexte l’exige, le traducteur peut introduire un article indéfini devant le nom commun pour montrer qu’il s’agit d’un attribut.

Cas où l’évangile de Jean se détache de la règle Colwell.
  • Jean 4:19 Ordre des mots : je compris que prophète êtes vous.
    Traduction : je vois que tu es prophète.
    Le mot “prophète” agit comme un attribut.

    Jean 6:70 Ordre des mots: et un de vous calomniateur est
    Traduction : l’un de vous est un calomniateur.
    Le mot "calomniateur'' agit comme attribut.

    Jean 8:44 Ordre des mots: lui meurtrier est
    Traduction : il est meurtrier.
    Le mot “meurtrier” agit comme attribut.

    Jean 9:17 Ordre des mots : et il dit prophète il est.
    Traduction : il dit : c’est un prophète
    Le mot “prophète” agit comme attribut.

    Jean 10:1 Ordre des mots : il pillard est.
    Traduction : c’est un pillard.
    Le mot “pillard” agit comme attribut.

    Jean 10:13 Ordre des mots : parce que un salarié il est.
    Traduction : c’est un salarié .
    Le mot “salarié” agit comme attribut.

    Jean 18:37 Ordre des mots: vraiment roi n’es tu pas ? tu l’as dit, roi je suis
    Traduction : alors tu es roi ? C’est toi qui dis que je suis roi .
    Le mot “roi” agit comme attribut.
Ainsi, la construction de Jean 1:1 avec le verbe après le nom n’est vraiment pas une exception, particulièrement chez Jean, pas plus que la fonction “attribut” du mot précédant le verbe.
Comme pour ces quelques exemples, Jean 1:1 se présente ainsi:
  • Jean 1:1 Ordre des mots: et théos était la parole.
    Traduction : et la Parole était dieu, ou un dieu.
    Le mot “théos” agit comme attribut
.
Il apparaît évident que la traduction “et la Parole était Dieu” ne peut donc plus être avancée comme preuve irréfutable que Jésus serait le Dieu tout Puissant puisque l’autre traduction “ et la parole était un dieu” est très sérieusement envisageable.

Traduction Copte 813 du III siècle de Jean 1:1.
https://www.stepbible.org/version.jsp?v ... SahidicMSS

Ci-dessus le lien permettant l’observation d’une traduction Copte du III siècle, traduite elle-même, à l’époque, d’un texte grec de Jean 1:1..
Le Copte, à la différence du grec, possède les articles indéfinis un, une, des. La fin du texte se lit donc ainsi : et un dieu était la Parole.

L’expression “un dieu” apparaît ainsi écrite : NEYNOYTE, NEY étant l’article indéfini (un), NOYTE signifiant dieu.

Il est intéressant de savoir qu’un texte Copte du III siècle a été traduit du grec et compris comme expliquant que la Parole était “un dieu” au commencement.

Le “JE SUIS” de Jésus.

A défaut de produire un texte qui expliquerait directement et sans artifice que Jésus serait l’égal du Père, le dogme recherche des détails de langage qui permettraient de conclure que Jésus, disant les mêmes mots ou les mêmes formules que le Père, se dévoilerait ainsi comme étant l’égal du Père.

En voici un exemple : « Oui, je vous le dis, c’est la vérité : avant qu’Abraham vienne à l’existence, je suis (ego eimi) “ Jean 8:58

L’argument trinitaire fait la relation entre l’expression “je suis”, utilisée par Jésus et la phrase célèbre prononcée par Dieu en Exode 3:14.
Dieu déclara à Moïse : "Je serai qui je serai.” Voici donc ce que tu diras aux Israélites : “‘Je serai m'a envoyé vers vous”. BFC

A remarquer que les différentes traductions modernes hésitent sur le rendu de cette expression de l’Exode, cela oscille entre “je suis” et “je serai” .

Ainsi, parce que Dieu aurait dit “ je suis”, et que Jésus aurait dit également “je suis”, cela démontrerait une même identité.

Seulement Jésus n’est pas le seul à utiliser cette expression : Jean 9. Les uns disaient : C'est lui ! D'autres disaient : Non, il lui ressemble ! Lui-même disait: Je suis ! (ego eimi)

Il s’agit ici d’un mendiant. Cela démontre que cette expression n’avait rien de “sacrée” et pouvait, sans la moindre difficulté, être utilisée par tout un chacun sans générer la moindre réaction.

Jésus l’emploira plusieurs autres fois. En Jean 18:5,6 et 8, le texte grec reproduit au moins 3 fois l’expression “ego eimi” sans que le rédacteur de cet évangile ne s’en soit ému.

C’est là précisément que se trouve la réponse à cet argument trinitaire : l'indifférence de Jean. L’apôtre ne relève pas ce qu’on nous présente comme absolument déterminant, évident, imparable. Visiblement, cela ne l’est pas pour lui, même 67 ans après la mort de Jésus et donc autant de temps pour y réfléchir.

Car, à minima, nous devrions trouver un embryon d’explication sur ce thème si, d’une part, les chrétiens de ce siècle-là étaient trinitaires et si cet argument était à ce point probant.

Ajouté 2 heures 1 minute 40 secondes après :
Le Père est plus grand que moi. Jean 14:28.

La doctrine trinitaire s’est rapidement vue opposée cette réflexion de Jésus.

Et c’est pour pallier ce type d’argument qu’est né le concept du “ mais il était homme à ce moment là ! ”.

Cette phrase 1000 fois entendues par les défenseurs de la foi originelle permet de solutionner, apparemment, toutes les expressions bibliques qui montrent Jésus clairement inférieur à son Père.

On rétorque à ces arguments que Jésus, s’étant fait homme, était par nature, à ce moment là, inférieur à son Père, resté divin. Le texte ne serait donc pas déterminant.

C’est déjà présumer que Jésus, dans ce texte notamment, utilisait le mot grand pour faire référence à la nature et non pas à la grandeur de son Père.

En effet le mot grec utilisé par Jean est "mégas" et se retrouve en Mat 11:11 pour décrire Jean Baptiste et le qualifier de plus grand homme. Voir aussi Jean 8:53.

Si Jean, bien qu’humain est déclaré plus grand que tous les autres humains ayant vécu, il faut rechercher cette “grandeur” ailleurs que dans sa nature ou sa force.

L’argument lié aux natures différentes de Jésus/homme et du Père ne tient donc pas.

Cependant, certains propos de Jésus tendent à prouver qu’au ciel aussi, avant sa venue sur terre, la prééminence du Père sur le fils ne faisait aucun doute.

En Jean, Jésus indiquera qu’il avait été envoyé par le Père et il expliquera ce que cela signifiait pour lui : “ un serviteur n’est pas plus grand que son maître, ni un envoyé plus grand que celui qui l’envoie.”

La présence de la première phrase éclaire l’intention de Jésus. En effet, il met en parallèle deux situations qu’il juge similaires, l’une éclairant l’autre.

Le rapport serviteur/maître explique le rapport envoyé/celui qui envoie.

Sans aucun doute, pour Jésus, celui qui envoie est le maître de l’envoyé. Il est plus grand, pour reprendre les mots de Jean 14:28.

Et nous revoilà avec l’affirmation: ”le Père est plus grand que moi”, mais cette fois-ci avec un détail chronologique supplémentaire.

En effet, la supériorité du Père sur le fils est également démontrée à la genèse de la mission de Jésus. Le Père l’a envoyé. Or, il est difficile d’envoyer quelqu’un sans que ce dernier ne se trouve encore à son point de départ lorsqu’il reçoit l'instruction de partir. C’est donc du ciel que Jésus est envoyé sur la terre, et c’est donc au ciel que celui qui l’envoie est le maître de l’envoyé.

Nous avons ainsi contourné l’argument : “mais il était homme à ce moment là ! “ car pour le coup, il ne l’était pas.
Ce n’est pas non plus Jésus dans son humanité qui se trouvait au ciel au moment de son départ sur terre car, à ce moment là, il n’avait jamais été homme.. Il est donc tout à fait légitime de considérer Jean 14:28 comme une vraie preuve de l’inégalité entre Dieu et Jésus.

Jean, dans son évangile, va citer Jésus 40 fois expliquant qu’il a été envoyé par son Père. Compte tenu du rapport de supériorité (serviteur/maître) qu’il donne à la notion d'envoyé , c’est donc 40 fois que Jésus nous explique qu’au ciel, avant même de venir sur terre, Dieu lui était supérieur.

On comprend donc pour quelle raison Jésus a pu dire: je retourne vers mon Dieu en Jean 20:17.

Re: enseignement TJ : la trinité , étude biblique et historique

Posté : 11 avr.24, 20:42
par agecanonix
suite du message précédent

L’engendrement

Sur le terrain de la sémantique nous retrouvons maintenant le verbe “engendrer”.

C’est Jean qui introduit ce mot dans le débat en Jean 1:18 : “ personne n’a encore jamais vu Dieu, le Dieu unique-engendré, qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a expliqué

Il s’agit du grec mono-genés μονογενής que l’on retrouve en Luc 8:42 concernant une fille unique.

On comprend aisément que la partie de cette expression qui nous intéresse en premier lieu concerne le mot “génos” qui a pour sens “engendré”. L’argumentaire trinitaire joue sur le sens de ce mot, arguant que tout fils unique, toute fille unique, tout unique-engendré (mono-genés) est obligatoirement de la même nature que son géniteur : Un fils unique humain est humain.

L’idée est donc que si Jésus est l’unique engendré de Dieu, il est aussi Dieu de par sa nature.

Expliqué ainsi, les choses semblent logiques, à supposer que les règles de la génétique humaine s’applique à Dieu, ce que rien ne démontre.

Mais il présuppose un élément non vérifié dans cette hypothèse. C’est que le sens de ce mot soit bien celui que le dogme avance et donc que les premiers chrétiens faisaient réellement la différence entre créer et engendrer dans leurs écrits.

Il suppose également une attitude cohérente de la part des trinitaires qui exige une lecture littérale et absolument stricte du sens de ce mot sur la notion de nature égale, mais qui évacuent l’autre leçon fondamentale que le sens du même mot impose par ailleurs.

Il s’agit de l'aspect chronologique : qui peut imaginer que la fille unique (mono-genès) de Luc 8:42 ne soit jamais née et qu’elle n’ait jamais eu de commencement.

Comment et pourquoi alors l’appeler fille unique ?

Si donc le même mot, mono-genès, est utilisé pour affirmer que Jésus est le fils unique de Dieu, et si on en déduit qu’il est, de part ce que l’on peut appeler sa naissance, de même nature que Dieu, on ne peut ensuite nier ce qui, précisément, crée l’argument, savoir “la naissance”, pour affirmer qu’elle n’a pas eu lieu.

Et si donc elle a eu lieu, création ou engendrement, peu importe, elle correspond à un événement qui peut être déterminé dans le temps.

Quelle est l’action qui crée l’argument de la nature identique du Père et du Fils ? C’est bien l’engendrement et donc l’action de donner la vie.

Cependant, si on nie que la vie ait un jour été transmise, on nie l’engendrement. L’un ne va pas sans l’autre. Nier la transmission de la vie, c’est nier l’engendrement.
Dès lors où Dieu est de toute éternité, sans commencement, et dès lors où il a engendré un fils, alors ce fils, qui n’existait pas avant cet engendrement, selon le sens de ce mot, et avec le même souci de le respecter, a eu un commencement.

S’il est légitime de réclamer le respect du sens d’un mot, il est honnête d’en accepter aussi tous les sens, sans les rejeter de façon arbitraire, dogmatique et sans la moindre justification.
Pour que Jésus, engendré, n’ai pas eu de commencement, il faut démontrer qu’il existe des individus engendrés qui n’ont jamais eu de commencement.

Dans le cas contraire, comme pour le mot premier-né, le dogme agit sans aucun droit en changeant arbitrairement le sens des mots, sans aucune justification textuelle, pour en éliminer les aspects dérangeants.

Mat 1:20 nous apprend : Mais après qu’il eut réfléchi à ces choses, voyez, l’ange de Jéhovah lui apparut en rêve et dit : “ Joseph, fils de David, n’aie pas peur de prendre chez toi Marie ta femme, car ce qui a été engendré (γεννηθὲν (gennēthen) ) en elle est de par [l’]esprit saint.”

Il apparaît que l’expression “engendré ” est utilisée ici pour expliquer la naissance humaine de Jésus par Marie. Le mot grec, gennēthen, strong 1085, a en effet la même racine que celui, génos, strong 1080, de Jean 1:18.

On le retrouve dans la longue généalogie de Mat 1:1-16 où certaines versions de la bible choisissent de traduire : “ et “untel” engendra “untel” .
Ce qui revient à dire que Dieu a engendré Jésus pour en faire un homme. Voici donc un exemple biblique d’engendrement qui ne confère pas à l’engendré la même nature que son Père. Le sens restrictif imposé par le dogme trinitaire n’est donc pas bibliquement défendable.

Pour quelle raison Jésus est-il donc appelé le fils unique engendré de Dieu ?

Tous les textes , dont Jean 1:1, indiquent que Jésus existait avec Dieu avant le commencement du monde. Il a donc été engendré par Dieu avant tous les autres êtres vivants, célestes ou humains.

Les mêmes textes indiquent aussi que Jésus a participé à la création de tous les autres “fils de Dieu”. Jean 1:3. Col 1:16. 1 Cor 8:6.
Jésus est donc unique parce qu’il est le seul à avoir été engendré par Dieu seul, et il est le premier-né car même s’il a été utilisé par Dieu pour créer ses frères, ils restent ses frères.
En effet, la puissance créatrice et la vie viennent du Père, le seul a être appelé “Créateur”.

Philippiens 2:10. Une énigme

C’est pourquoi Dieu l’a élevé à une position supérieure et lui a donné volontiers le nom qui est au-dessus de tout autre nom, afin qu’au nom de Jésus plie tout genou — de ceux qui sont dans le ciel et de ceux qui sont sur la terre et de ceux qui sont sous le sol

Nous nous trouvons ici face à un problème.

Le texte présente ce qui précède comme une récompense à l’obéissance de Jésus. Dans une égalité, on emploierait plutôt le mot “collaboration”, “concours” ou “partenariat”, mais difficilement “obéissance”. Les anges sont obéissants, pas un Dieu co-égal : il serait participant.

Si Dieu, le Père, a son nom qui fait partie de ceux au dessus desquels le nom de Jésus va se positionner comme plus grand, alors Jésus devient plus grand que le Père ? Impossible ! Mauvaise option pour tout le monde !
Maintenant on ne voit pas comment Jésus pourrait obtenir un nom plus grand que celui qu’il avait avant de venir sur terre.
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En effet, s’agissant d’une récompense, on imagine facilement que ce que Jésus reçoit de Dieu, pour son obéissance, le place dans une meilleure position qu’avant son départ.

Seulement, si Jésus obtient une meilleure position qu’avant, comment peut-il devenir plus grand et plus respecté au ciel que le Dieu égal au Père qu’il était depuis si longtemps. La seule solution serait qu’il devienne plus grand que le Père. Mais nous avons vu que c’était impossible.
De plus, la récompense de Dieu peut elle consister à lui offrir ce qu’il avait de plein droit de par sa nature divine, et depuis des milliards d’années ?
Par ailleurs, si Jésus était l’égal de Dieu avant de venir sur terre, alors tout ce qui se trouve au ciel pliait déjà les genoux devant lui. Or, cela fait partie de sa récompense. C’est donc qu’avant de descendre parmi les humains, les anges ne pliaient pas les genoux devant Jésus.
Ainsi, ce texte, qui devrait satisfaire les partisans du dogme trinitaire, se révèle en fait un puissant contre-argument.

Cela nous éclaire donc sur le vrai sens du verset 6, qui loin de dire que Jésus ne trouvait pas anormal de se dire l’égal de Dieu, vient exposer l’exact contraire.
De façon littérale, le texte dit que Jésus, bien qu’existant dans la forme de Dieu, n’a pas songer à une usurpation: se faire l’égal de Dieu..

Il est révélateur que dans ce texte le mot Père soit absent car dans l’hypothèse trinitaire, Jésus ne pourrait être l’égal que du Père ou du SE, et non pas du Dieu composé du Père, du Fils et du SE, trois fois plus puissant que lui et l’englobantdéjà.
C’est également vrai concernant Jean 1:1. En effet, le texte dit que la Parole était avec Dieu et non pas avec le Père, ce que la logique imposerait si Jésus avait dû se trouver avec son égal dans ce texte.
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Quelques textes couramment utilisés pour soutenir le dogme
Romains 9:5 : C'est dans leur peuple que le Christ est né comme être humain, lui
qui est Dieu au-dessus de tout. Louange à lui pour toujours ! Amen !
  • Voici une autre traduction (BFC) qui va dans un autre sens : “Ils sont les descendants des patriarches, et le Christ, en tant qu’être humain, appartient à leur peuple. Que Dieu, qui est au-dessus de tout soit béni pour toujours, Amen ! “
    Ainsi, comme en Jean 1:1, une autre traduction est possible. La BFC a été produite par l’Alliance biblique universelle (ABU) qui est un réseau mondial de sociétés bibliques . Leur sérieux n’est pas à mettre en doute
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Jean 20:28.
“Thomas lui répondit : Mon Seigneur et mon Dieu !”
  • Qu’a vraiment voulu exprimer Thomas par cette réaction exclamative ?
    En tout cas, Jean, qui a reproduit cet épisode, a conclu, à peine deux versets plus loin, que cela avait pour but de permettre de croire que Jésus est le Christ, le fils de Dieu, avec le sens accepté par les premiers chrétiens pour cette expression “fils de Dieu”. (voir analyse de Tresmontant dans les citations des historiens)

    Rien de nouveau depuis Jean-Baptiste, 3 ans plus tôt .Jean 1:34.
    Rien de nouveau depuis le choix des apôtres . Jean 1:49.
    Rien de nouveau depuis un précédent passage de Jésus à Jérusalem. Jean 5:25.
    Rien de nouveau depuis la résurrection de Lazare. Jean 11:4.
La réaction de Thomas n’a donc rien changé à la perception qu’avaient les apôtres
concernant l’identité de Jésus.

Colossiens 2:9 :
Car c’est en lui qu’habite corporellement toute la plénitude de la divinité. TOB
  • C’est le mot grec θεότητος qui se retrouve dans ce verset. Employé ainsi il peut prendre le sens de “nature divine” ou “divinité” sans majuscule..
    TOB traduit donc correctement en ne personnalisant pas le mot θεότητος comme le font certaines traductions qui écrivent que Dieu habite dans le corps du Christ.
    Quelque soit le choix la traduction ce texte n’amène aucun argument tranchant sur le fait que Jésus serait un élément d’une trinité.

    Jésus n’est pas un demi dieu, mais un être divin, il jouit donc de la plénitude de ce qui fait un dieu.
    L’autre traduction qui voudrait que Dieu habite en Jésus, ne pose aucun problème en rapport avec le dogme trinitaire puisque Dieu habite en tous ceux qu’il aime et choisit.
Tite 2:13.
Louis Segond traduit :
“ en attendant la bienheureuse espérance et la manifestation de la gloire du grand Dieu et de notre sauveur Jésus Christ “
  • TOB de son côté a choisi : “ en attendant la bienheureuse espérance et la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et sauveur Jésus Christ “
    Reconnaissons tout d’abord que cette formule choisie par TOB serait unique dans sa formulation. On ne trouve rien d’équivalent dans le NT.
    Louis Segond ne peut être taxé d’anti-trinitarisme. Sa traduction implique que le choix existe entre deux interprétations du texte.

    Seulement, pour qui a l’habitude de lire la bible, cette formulation, si elle concernait Jésus, serait bien anachronique et unique chez Paul
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1 Jean 5:20. NBS
Mais nous savons aussi que le Fils de Dieu est venu, et qu'il nous a donné l'intelligence pour que nous connaissions celui qui est le Vrai ; et nous sommes dans le Vrai, en son Fils Jésus-Christ. C'est lui le vrai Dieu et la vie éternelle.
  • Segond n’est pas le seul à traduire de cette façon. La dernière phrase est effectivement bien détachée des précédentes et la question est de savoir qui est le personnage auquel se réfère l’expression “C’est lui le vrai Dieu” en tout début.
    Or le texte offre les deux possibilités.
    Cela dépend de ce que nous considérons comme l’idée principale de la phrase précédente.
    • 1. Si en lisant, nous considérons que l’idée principale est que nous sommes dans le Vrai, alors “C’est lui qui est Dieu ” renvoie au Vrai.

      2. Si nous considérons comme plus importante l’idée que nous sommes dans le Vrai grâce à Jésus, alors “C’est lui qui est Dieu” renvoie à Jésus.
    Seulement, aucun moyen de le savoir. Ce texte, comme Jean 1:1 supporte deux compréhensions possibles et contradictoires.
Jean 10:30.
“moi et le Père, nous sommes un”
Il est certain que présenté comme cela, sans la moindre précaution liée à l’usage de cette expression, ce texte peut sembler très trinitaire. Mais, contentons nous de rester logiques.
C’est le mot grec ἕν qui se trouve traduit par le mot “un” dans ce texte. Une vraie approche objective réclame que nous recherchions, écrit par Jean, d’autres textes qui emploieraient ce mot grec pour que nous en trouvions le sens exact.

Jean 17:11, 21-22 vont nous y aider.
Père saint, garde-les unis à toi, toi qui es uni à moi, afin qu'ils soient un comme toi et moi nous sommes un. (...) Je prie pour que tous soient un. Père, qu'ils soient unis à nous, comme toi tu es uni à moi et moi à toi. Qu'ils soient un pour que le monde croie que c'est toi qui m'as envoyé. Je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée, afin qu'ils soient un comme toi et moi nous sommes un.
  • Nous trouvons ici tout ce qu’il faut pour comprendre ce que signifie et surtout ce que ne signifie pas l’expression “être un”.

    S’il fallait comprendre que Jésus et le Père sont une seule et même personne, ou ce que l’on veut de plus compliqué, quand le texte dit qu’ils sont un, alors que penser lorsque Jésus dit que tous les chrétiens aussi doivent être un, ou lorsqu’il dit afin qu'ils soient un comme toi et moi nous sommes un.

    Une lecture objective nous fait évidemment comprendre que l’on traite ici du sujet de l’unité, mot qui revient plusieurs fois dans ces textes. Jésus veut donc simplement expliquer une unité de pensée en Jean 10:30.

    Par contre, je trouve la méthode très malhonnête car aucun lecteur doté d’un peu de mémoire ne peut ignorer le vrai sens de l’expression “être un”, telle qu’elle s’impose en Jean 17 et ensuite affirmer que Jean 10:30 serait une preuve que Jésus et son Père sont une seule personne sur la base de cette expression.
    À propos de Jn 10:30, Jean Calvin (qui était trinitaire) a déclaré : Les docteurs anciens ont grandement abusé de ce passage pour prouver que Jésus Christ est d’une même essence que son Père. Car notre Seigneur Jésus ne dispute point ici de l’unité de la substance, mais de l’accord ou du consentement qu’il a avec son père
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Hébreux 1:8 :
Ton trône, [fondé par] Dieu, durera à jamais; le sceptre de ta royauté est un sceptre de droiture. Sefarim : Traduction du rabbinat (Zadoc Kahn, 1902) Ancien Testament bilingue hébreu-français
  • Le bibliste B. Westcott ( évêque de Durham de 1890 jusqu'à sa mort) écrivait: “La LXX admet deux versions: [ho théos] peut être pris comme un vocatif dans les deux cas (Ton trône, ô Dieu... [et] C’est pourquoi, ô Dieu, ton Dieu...), ou bien on peut le regarder comme le sujet (ou l’attribut) dans la première occurrence (Dieu est ton trône ou Ton trône est Dieu), et comme une apposition à [ho théos sou] dans la seconde (C’est pourquoi Dieu, ton Dieu...) (...). Il est peu probable que dans l’original le terme [ʼÈlohim] se rapporte au roi. Par conséquent, les présomptions s’opposent à la thèse qui veut faire de [ho théos] un vocatif dans la LXX. Tout bien considéré, il semble préférable d’opter dans le premier membre de phrase pour l’expression Dieu est ton trône (ou Ton trône est Dieu), autrement dit: ‘Ton royaume est fondé sur Dieu, le Rocher inébranlable.’” — The Epistle to the Hebrews (Londres, 1889), pp. 25, 26.
Quand les mots ne correspondent plus

Le dogme trinitaire a bien défini les rôles et les noms. Il y a Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu l’Esprit Saint. Ces 3 expressions définissent trois personnes distinctes.
On ne peut pas attribuer à Dieu le Fils ce qu’a fait Dieu le Père, et réciproquement. Si donc, ce dogme est apparu au cours du premier siècle, nous devrions retrouver ces formules à longueurs de pages et en tout cas suffisamment souvent pour qu’elles soient banalisées. Or, elles sont absentes du NT.
En désespoir de cause, il faudrait à minima que les mots qui ont identifié le Père, le Fils et le Saint Esprit ne soient pas complètement incohérents dans l’hypothèse trinitaire.

Ainsi, il n’est pas possible qu’une action attribuée au Père seulement soit créditée au Dieu trinitaire dans sa totalité, composé du Père du Fils et du SE.
Par exemple, quand Jésus dit : le Père est plus grand que moi, on trouve une formulation cohérente avec le dogme.

Mais quand on lit : ce Jésus, Dieu l’a ressuscité, on se trouve devant une anomalie. La formulation est incorrecte, si évidemment l’on préfère l’option trinitaire car il faudrait lire: "ce Jésus, Dieu le Père l'a ressuscité "

Car Dieu, dans ce cadre, ça ne veut rien dire.. Et on va nous répondre : mais c’est du Père dont on parle ici..
Eh oui, justement, c’est là qu’est le soucis ..

Car le chrétien qui a écrit ce dernier texte considère que Dieu, c’est le Père et qu’il n’a pas besoin de le spécifier pour être compris.
On pourrait arguer que c’est une exception.. C’est loin d’être le vrai.

Prenons le cas du discours de Pierre à la Pentecôte. Il va utiliser 10 fois le mot Dieu et quand on examine les actions prêtées à ce Dieu,
elles le désignent toutes comme étant le Père..

Seulement Pierre le nomme “Dieu”, et non pas “Dieu le Père” ou “le Père” Ce qui nous amène à penser que le mot Père ne servait pas à différencier un des Dieux trinitaires parmi les autres, mais simplement à désigner Dieu.

D’où le credo de Paul : en I Cor 8:6 “il y a en réalité pour nous un seul Dieu, le Père

Ou de Pierre : en 1 Pierre 1:3: “Loué soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ

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Résultat d’une recherche personnelle

J’ai voulu vérifier une idée qui me trottait dans la tête depuis longtemps. Il s’agit d’étudier la façon dont les écrivains du NT ont fait usage des mots “Seigneur”, “Père ”et “Dieu” en retirant de la recherche toutes les recopies de textes de l’AT.

Pourquoi ?

Appelons texte brut le texte complet du NT.

Appelons texte propre à l’écrivain, le texte du NT dont chaque mot est choisi par
l’auteur lui-même.

Cela exclut les citations de l’AT puisqu’elles sont des recopies fidèles d’un texte écrit dans un passé lointain.

L’auteur, Pierre par exemple, ne choisit pas les mots d’une citation de Joël 2:28 quand il l’utilise dans son discours de la Pentecôte. Ces mots sont d’un autre auteur. Si donc l’on veut comprendre les habitudes de Pierre, ou des autres, on ne peut examiner que leurs textes propres en excluant de la recherche les recopies de l’AT.

Pour finir d’expliquer cette condition importante, prenons le présent document. Je vais produire une recherche de citation du II siècle. Je vais bien sur faire des copiés-collés de ces textes. C’est dans un langage assez éloigné de mes habitudes.

Si on voulait examiner mon vocabulaire courant , on comprend facilement que l’on exclurait ces citations.
Les résultats sont assez révélateurs.

Le mot Père, s’il apparaît 300 fois dans les évangiles et au début des Actes, évidemment dans la bouche de Jésus, n’est plus utilisé ensuite que 74 fois dans le reste du NT pour désigner Dieu. C’est, de toute évidence, très peu, l’essentiel se trouvant dans les paroles
d’introduction et de conclusion des lettres et épîtres.

Le mot “Dieu” est beaucoup plus utilisé, sans surprise, plus de 1200 fois, mais il n’est jamais directement associé aux noms “Jésus”, “Fils” et encore moins “Saint Esprit”, en dehors d’une poignée de textes comme Jean 1:1 sur lesquels, à chaque fois, un débat légitime met en doute les traductions retenues par l’option trinitaire.

C’est donc Dieu, ou plus exactement le Père, qui monopolise cet emploi du mot “théos”.
Quand au mot “Seigneur”, toujours en dehors des recopies de l’AT, il est essentiellement attribué à Jésus, à hauteur de 96%, dans les 445 occurrences.

Quelle leçon en tirer ?

La première est que l’intervention humaine extra biblique qui a substitué le mot grec kurios (seigneur) au tétragramme (YHWH) fausse de façon importante, dans les traductions modernes hors TMN, la perception que nous avons des habitudes des premiers chrétiens dans l’utilisation des titres qu’ils attribuaient à Dieu et à Jésus.

Un lecteur d’une traduction Segond, par exemple, va avoir la fausse impression que les rédacteurs, dans leur vie courante, attribuaient le titre Kurios indifféremment au Père et au fils.

Et la, pour le coup, le tableau est radicalement différent : le mot Dieu va toujours vers le Père, le mot Seigneur va toujours vers le fils.
On trouvera évidemment quelques exceptions comme celles examinées plus haut, mais qui trouvent toutes des explications rationnelles.

Le plus souvent, une autre traduction des textes, moins trinitaire, est possible et se trouve appliquée par des traductions célèbres comme TOB, Segond ou BFC. Car au final, c’est la vision d’ensemble qui est importante. Comme un tableau impressionniste, personne ne tire de conclusion logique de l’observation d’un seul cm² d’une oeuvre et tout le monde va plutôt prendre du recul pour observer et admirer l’œuvre dans sa globalité. Ainsi, peu importe qu’un cm² ait pu donner l’impression que l’artiste peignait un cheval, si, sur la vision globale, on observe une maison.

Or, qu’observons nous ? Littéralement ce que nous lisons ci-dessous
  • 1. Ephésiens 4:5. un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême ; un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous et par tous et en tous

    2. 1 Cor 8:6: il y a en réalité pour nous un seul Dieu, le Père (...) et il y a un seul Seigneur, Jésus Christ,

    3. Jude 25: au seul Dieu notre sauveur par l’intermédiaire de Jésus Christ, notre Seigneur.
A cela il faut ajouter l’utilisation combinée de trois titres “Dieu”, “Père” et “Seigneur” qui situent clairement Dieu, le Père, au dessus du seigneur Jésus.
  • 1. Romains 15:6 vous rendiez gloire d’une seule voix au Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ.

    2. 2 Cor 1:3 : “Loué soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ”

    3. 2 Cor 11:31 Le Dieu et Père du Seigneur Jésus, celui qu’on doit louer pour toujours

    4. Ephésiens 1:3 Loué soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ
La conclusion est que le tableau qui se dégage de l’utilisation de ces titres ne va vraiment pas dans le sens d’une égalité révélée, assumée et clairement expliquée par les premiers chrétiens entre Père, Fils et Saint Esprit.
Chacun a son rôle très clivant, le Père est le seul Dieu de tous, y compris du Christ, et le fils est Seigneur au service de Dieu.

Quand en Ephésiens 4:5, Paul, parlant exclusivement du Père, explique qu’il est le seul Dieu, au dessus de tous, et par tous et en tous, lui attribuant la totalité des prérogatives revenant à un Dieu unique, et laissant à Jésus le seul titre de Seigneur.

L’apôtre laisse peu de place à une autre distribution des rôles.
Si ce credo était une exception, le doute pourrait subsister, mais pour reprendre l’image du tableau impressionniste, ce sont des centaines de textes qui créent cette certitude d’une prééminence criante du Père dans l'échelle des valeurs des premiers chrétiens.

Si, indifféremment, Jésus était qualifié de “Dieu” au même titre que le Père, à 50%, ou même à 30 %, ou même à 10%, ou même à 5%, la chose serait discutable, et encore, de moins en moins au fur et à mesure où l’on s’approche des 0%.

Mais ici, il suffit de voir à quel point un texte comme Jean 1:1 a créé le bouillonnement que l’on connait pour se rendre compte qu’il s’agit de l’exemple qui confirme la règle.

Quand vous avez un tableau entièrement blanc et qu’une toute petite tache sombre semble découverte, faisant sur-réagir au point de dire que c’est la preuve que le tableau est noir, vous pouvez douter légitimement de l’argument, surtout si, en grattant la toile, vous vous rendez compte que la tâche est possiblement une illusion comme le montre l’examen que nous faisons de ce texte.

On observe également la totale absence du Saint Esprit qui n’est jamais associé aux mots Dieu et Seigneur.

Matthieu 20:23, Actes 1:7 et les autres.

Mat 20:23.
Il est certaines réflexions de Jésus qui soulèvent l'interrogation. “Mais ce n’est pas à moi de décider qui va s’asseoir à ma droite et à ma gauche. Ces places appartiennent à ceux pour qui mon Père les a préparées.”

Dans la mesure où Jésus mourra bien avant que le premier de ses apôtres ne disparaisse de la terre, il n’est pas difficile de concevoir que cette prérogative du Père n’est pas temporaire car il ne s’agit pas ici de décider qui sera sauvé, mais quelle sera la place, au ciel, des futurs sauvés.
Il apparaît ici une réelle subordination de Jésus au ciel, quand bien même il y recevra un nom au dessus de tout autre nom selon Philippiens 2.

Actes 1:7
Il leur dit : « Il ne vous appartient pas de connaître les temps ou les époques que le Père a placés sous son propre pouvoir

Une nouvelle fois, Jésus reconnaît au Père une véritable autorité sur beaucoup de sujets, dont les plus importants. Jésus, s’il savait avoir à son retour au ciel, quelques minutes plus tard, une autorité égale à celle de son Père, n’avait absolument pas besoin de produire la fin de cette réponse.

Mat 24:36
« Ce jour-là et cette heure-là, personne ne les connaît, ni les anges du ciel ni le Fils, mais seulement le Père “

Seulement l’argument habituellement avancé pour faire “coller” cette affirmation au dogme trinitaire, savoir que Jésus était un homme au moment où il s’exprime ainsi, ne résiste pas à l’explication précédente de Jésus. La raison est tout autre: c’est le Père qui décide du calendrier. Que Jésus soit sur terre ne change rien à cette réalité.

Le pardon des péchés

Mat 9:6 : Mais, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a sur la terre le pouvoir de pardonner les péchés

Cette réponse de Jésus à des scribes qui lui reprochaient de blasphémer parce qu’il avait dit à un paralysé que ses péchés étaient pardonnés réclame, évidemment, une réponse sérieuse et argumentée. En effet, ce scribe a été choqué d’entendre que Jésus s’octroyait un droit qu’il pensait, légitimement , réservé à Dieu..

Cependant, la question de la délégation de pouvoir ne peut pas être ignorée puisque Jésus a déclaré plus d’une fois qu’il en bénéficiait.

Quelques exemples :

1 Cor 15 : 27 : “ Car Dieu a soumis toute chose sous ses pieds “.

Jean 5:22: Car le Père ne juge personne, mais il a confié tout le jugement au Fils

Actes 10:42: De plus, il nous a ordonné de prêcher au peuple et d’attester que c’est lui que Dieu a établi comme juge des vivants et des morts.

Actes 17:31 : “ parce qu’il a fixé un jour où il va juger la terre habitée avec justice par un homme qu’il a désigné.”

Il ressort de ces textes que Dieu est tout à fait disposé à déléguer à son fils Jésus des responsabilités aussi importantes que le jugement.
Or, de toute évidence, la notion de pardon des péchés ne peut pas être séparée de celle du jugement quand on sait qu’un jugement, dans la bible, n’est pas forcément synonyme de sanction.

Actes 17:31 : “ parce qu’il a fixé un jour où il va juger la terre habitée avec justice par un homme qu’il a désigné. Et il a fourni à tous les humains une garantie en le ressuscitant d’entre les morts

Par ailleurs nous savons également que Jésus lui-même a délégué une certaine possibilité de pardon à ses apôtres :


Jean 20:21 : “De nouveau, Jésus leur dit : « Paix à vous. Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. » Après avoir dit cela, il souffla sur eux et leur dit : « Recevez de l’esprit saint. Si vous pardonnez les péchés de quelqu’un, ils lui sont pardonnés ; si vous ne pardonnez pas les péchés de quelqu’un, ils ne lui sont pas pardonnés. »

Dès lors, si l’interrogation du scribe s’avérait légitime, la réponse de la bible est claire et sans ambiguïté. Jésus pouvait pardonner sans être Dieu.

Re: enseignement TJ : la trinité , étude biblique et historique

Posté : 11 avr.24, 20:46
par agecanonix
suite du message précédent.

Les pères de l’église

En complément, il est intéressant de considérer comment les pères de l’Eglise ont, au II siècle, défendu l’idée que Jésus ne serait pas incréé.

Ces Pères de l’Eglise ne peuvent évidemment pas emporter la moindre conviction, mais leur témoignage est un élément capital qui nous apprend le sens des mots, à cette époque là, et surtout la conception admise de la personne de Jésus par rapport à son Père.
Jésus avait-il eu un commencement ? Était-il l’égal du Père ?

Rappelons au passage cette partie du credo du concile de Nicée de 325:
“Quant à ceux qui disent qu’il y a eu [un temps] où [le Fils] n’était pas, qu’avant de naître il n’était pas, et qu’il est né du néant; ou qui affirment que le Fils de Dieu est d’une autre hypostase ou substance, ou qu’il a été créé et qu’il est soumis au changement; ceux-là, l’Église catholique les anathématise.”

En 381 le concile de Constantinople précise :
“Quiconque nie que le Père est éternel, que le Fils est éternel et que le Saint-Esprit est éternel, celui-là est un hérétique.”

Vous allez vous rendre compte que cela fait beaucoup de monde.

Justin le Martyr - Dialogue avec Tryphon (fin II siècle)
  • Pour vous convaincre, dis-je, que ce n'est pas le Dieu incréé qui est descendu ou monté de quelqu'endroit. 2 Car le père, le souverain maître de toutes choses, dont le nom est inénarrable, ne va pas d'un lieu à un autre, il ne marche, ni ne dort; il demeure dans son séjour qui est partout ; il n'est rien qu'il ne discerne , qu'il n'entende parfaitement sans yeux et sans oreilles; mais par sa seule vertu ineffable il voit tout, il entend tout; personne ne lui échappe, il ne change point de lieu ; l'espace, que dis-je, le monde tout entier, ne peut le contenir, car il était avant le monde; et 3 comment pourrait-il parler ou apparaître à quelqu'un, ou se montrer sur un petit coin de terre, puisque le peuple sur le mont Sinaï ne put supporter l'éclat de celui qu'il avait envoyé, puisque Moise lui-même n'aurait pu entrer dans le tabernacle qu'il avait fait, si Dieu l'eût rempli de sa gloire; puisque le grand-prêtre ne put se tenir debout à la porte du temple, quand Salomon fit entrer l'arche sainte dans la demeure qu'il venait d'élever au Très-Haut à Jérusalem? 4 Ainsi donc, ni Abraham, ni Isaac, ni Jacob, ni aucun homme n'a vu le souverain arbitre dont le nom est inénarrable, le Père de toutes choses et du Christ lui-même; mais ils ont vu celui qui, selon la volonté du Père, est son fils et dieu lui-même, et son ange, parce qu'il exécute ses ordres; c'est lui qui s'est fait homme et a voulu naître d'une vierge, et qui autrefois s'était entretenu du milieu d'un buisson avec Moïse, sous la forme du feu. 5 Si ce n'était pas le sens des divines Ecritures, qu'arriverait-il ? Il faudrait dire que le Père, le maître de toutes choses, n'était point dans le Ciel dans cette circonstance ou Moïse nous dit:
Justin veut démontrer que c’est Jésus qui est apparu aux patriarches. Pour y parvenir, il va s’attacher à prouver que le Père ne peut absolument pas apparaître à quelqu’un sur terre.

Les phrases sont directes, au premier degré. Justin dit : comment pourrait-il parler ou apparaître à quelqu'un ? (...) l'espace, que dis-je, le monde tout entier, ne peut le contenir.

C’est donc bien une impossibilité de nature qui, selon Justin, empêcherait Dieu de paraître devant un humain.
Il en conclut donc : “mais ils ont vu celui qui, selon la volonté du Père, est son fils et dieu lui-même, et son ange, parce qu'il exécute ses ordres.

Si donc le Père ne peut pas, de par sa nature, apparaître aux humains, et si le fils ne rencontre pas ce problème pour le faire, c’est de toute évidence parce que la nature du Père diffère de celle du fils.
Même à supposer que Jésus se serait matérialisé en s’incarnant, (ce qu’il faudrait démontrer), il n'empêche que Justin dénie au Père la possibilité de le faire. La différence de nature ne serait pas résolue.

Au passage, dans sa première phrase, Justin utilise un mot dans le but de distinguer, du Père ou du Fils, celui dont il va parler..

Il dit : ce n'est pas le Dieu incréé qui est descendu ou monté de quelqu'endroit.

La construction de la phrase est assez simple et on comprend que le détail qu’il donne, “incréé” est suffisant, à ses yeux, pour ne pas le confondre avec l’autre dieu, objet de ses explications, Jésus.

Seulement, ce choix réfléchi a pour effet de nous faire comprendre que Jésus, au yeux de Justin, n’est pas incréé.

Vous m'accorderez que celui qui dit à Moïse : « Je suis le Dieu d'Abraham, etc., » n'est pas, comme je l'ai prouvé plus haut, le Dieu créateur de l'univers, mais le dieu qui se fit voir à Abraham et à Jacob, le Dieu serviteur des volontés de celui qui a tout fait, le Dieu qui vint exécuter les décrets que sa justice avait portés sur Sodome.

Il n’y a pas plus antitrinitaire que ce texte de Justin où l’auteur prend grand soin de distinguer un Dieu qu’il nomme “créateur de l’Univers”, d’un autre Dieu qu’il déclare serviteur ou ministre du premier.
Si l’on ajoute ce texte à ceux déjà examinés, et qui indiquent que Jésus est d’une autre nature que celle du Dieu créateur et qu’il a été créé, nous avons au final ce que les premiers chrétiens acceptaient comme enseignement.

Justin le Martyr - Apologie II pour le Sénat (fin IIe siècle)
  • VI. Le Créateur de l'univers n'a pas de nom, parce qu'il est non engendré. Recevoir un nom suppose en effet quelqu'un de plus ancien qui donne ce nom. Ces mots Père, Dieu, Créateur, Seigneur et Maître ne sont pas des noms, mais des appellations motivées par ses bienfaits et ses actions. Son Fils, le seul qui soit appelé proprement Fils, le Verbe existant avec lui et engendré avant la création, lorsque au commencement, il fit et ordonna par lui toutes choses, est appelé Christ .
Nous avons ici la pensée de Justin sur Dieu, appelé le Créateur de l’univers, et sur Jésus.
Dieu qu’il identifie au Père, est déclaré “non engendré” et Justin y trouve une justification assez curieuse.

Un nom ne pourrait être donné que par un personnage plus ancien. Le Père, incréé, non engendré, n’aurait donc pas de nom.

Par contre, Jésus, dit Justin, a été engendré et peut donc être appelé “Christ” ou le “verbe”..
Cela signifie que le Père, qui lui a donné ce nom, est reconnu par Justin comme plus ancien que son fils.
Cela signifie également que l’engendrement implique aussi un commencement de vie.

De plus, la structure de la dernière phrase choisie par Justin est sans équivoque, il écrit : le Verbe existant avec lui et engendré avant la création lorsque au commencement , il fit par lui toute chose.

La notion chronologique est évidente avec les mots “avant”, “lorsque” et “commencement”.
Et ce que dit Justin, c’est que Jésus a été engendré avant la création et plus précisément lorsque au commencement Dieu allait créer par lui.
Dieu étant incréé pour Justin, Jésus, de son côté, a été engendré juste avant le commencement de la création.

Tatien - Discours aux Grecs V (vers 170)
  • et comme le Logos, qui fut engendré dans le principe, a engendré à son tour, comme son œuvre, en organisant la matière, la création que nous voyons.
Nous trouvons ici, sous la plume de Tatien, une double utilisation du mot “engendrer”.
Jésus, le Logos y est déclaré “engendré” au commencement, mais l’auteur le déclare aussi engendrant ensuite la création matérielle.

Il apparaît clairement que le mot “engendrer” ne portait pas le sens exclusif réservé à Jésus par la doctrine trinitaire. Ainsi, il n’était pas mal venu pour Tatien d’écrire que la création matérielle avait été engendrée.

L’argument qui voudrait qu’un engendrement ne pourrait produire que des êtres de la même nature que celui qui engendre, trouve ici un sérieux problème de cohérence. Car Jésus a engendré des anges, des animaux, l’homme, selon Tatien.

Théophile d’Antioche - Traité à Autolycus: livre second (170-177)
  • Dieu, qui de toute éternité portait son Verbe dans son sein, l'a engendré avec sa sagesse avant la création. Il s'est servi de ce Verbe comme d'un ministre, pour l'accomplissement de ses oeuvres, et c'est par lui qu'il a créé toutes choses. On l'appelle principe, parce qu'il a l'empire et la souveraineté sur les êtres qu'il a lui-même créés.(...) Vous me direz peut-être : comment pouvez-vous maintenant nous présenter Dieu se promenant dans le paradis, vous qui disiez tout à l'heure qu'il ne pouvait être renfermé dans aucun lieu ? Écoutez ma réponse : sans doute, le Dieu suprême, le Père de toutes choses, n'est et ne peut être renfermé dans aucun lieu ; car il n'en est aucun qui le circonscrive. Mais son Verbe, par lequel il a tout fait, et qui est à la fois sa vertu et sa sagesse ; son Verbe, dis-je, représentant le Père et maître de toutes choses, venait dans le paradis, comme personne divine, et conversait avec Adam. (...) Lorsqu'ensuite Dieu voulut créer, ainsi qu'il l'avait résolu, il engendra son Verbe, émané de lui et antérieur à toute créature. (...) " Ainsi donc le Verbe étant Dieu et engendré de Dieu, peut être envoyé par le Père de toutes choses dans un lieu quelconque, selon son bon plaisir ; et lorsqu'il y est, on le voit, on l'entend, et il est véritablement présent dans ce lieu.
Nous trouvons chez Théophile d’Antioche un raisonnement identique à celui de Justin le Martyr concernant la nature de Dieu.
Ainsi, parlant du “Dieu suprême”, qu’il nomme “Père de toute chose” , Théophile indique lui-aussi qu’il lui est impossible, de par sa nature, d’être vu et entendu des humains et notamment dans l’épisode où Adam conversait avec Dieu dans le paradis.
Et Théophile de répondre que c’est le verbe, Jésus, qui en sa qualité de dieu, était véritablement présent sur les lieux.

Tout est dans cette phrase.
Sans nous prononcer sur le bien fondé de cette affirmation, la leçon que nous pouvons en tirer, sans le moindre doute, c’est que dans l’esprit de Théophile, le verbe n’a pas la même nature que le Père. C’est indéniable.

Alors que le Père “n’est et ne peut être renfermé dans aucun lieu ”, le fils, lui, peut parfaitement le faire, tout en restant Dieu, et a pratiquement été créé pour cela, car le Père, dit Théophile, s'est servi de ce Verbe comme d'un ministre (serviteur) , pour l'accomplissement de ses oeuvres.

Il semble y avoir une contradiction dans les propos de Théophile lorsqu’il dit : Dieu, qui de toute éternité portait son Verbe dans son sein, l'a engendré avec sa sagesse avant la création.
Théophile, comme beaucoup d’écrivains chrétiens non-inspirés qui écrivent en “électrons libres” à cette époque là, tente de résoudre une équation qu’il ne maîtrise pas et sur laquelle aucun écrivain biblique ne s’est exprimé.

Il essaie d’expliquer comment un être incréé, au milieu de “rien”, a pu engendrer un être vivant.
Et la seule solution, pour Théophile, c’est que le Verbe existait depuis toujours en Dieu .
Si nous nous arrêtions là, nous pourrions affirmer que, selon Théophile, le verbe a toujours existé. Seulement Théophile ajoute que Dieu a engendré ce Verbe avant la création.

Qu’on le veuille ou non, il y a forcément une différence importante entre le fait d’être en Dieu depuis toujours et le fait d’être engendré avant la création.

Car s’il s’agissait de la même situation pour le Verbe, que viendrait faire ici le mot “engendrer” qui signifie , au ciel ou sur la terre, donner la vie.

Et puis, il faut bien que cette phrase ne se contredise pas, par respect pour l’intelligence de Théophile.

Hippolyte (mort vers 235 )
  • “ le Dieu unique, le premier et le Seul, créateur et Seigneur de tout, de qui rien n’était contemporain du même âge. Mais il était Un et seul, qui parce qu’il le voulait, appela à l’existence ce qui auparavant n’était pas, comme Jésus, qui fut créé avant de venir sur la terre “

Le texte se passe de commentaire.

Irénée de Lyon - La prédication des apôtres (fin II Siècle).
  • Voici donc l'exposé de la doctrine. Un seul Dieu, le Père, incréé, invisible, créateur de tout, au-dessus duquel il n'y a pas d'autre Dieu. Ce Dieu est intelligence, et c'est pourquoi il a fait les créatures par le Verbe. Et Dieu est esprit, aussi est-ce par l'Esprit qu'il a embelli toutes choses, comme dit le prophète: «Par la Parole du Seigneur, les cieux ont été créés, et dans son Esprit est toute leur force» (Ps 32, 6). C'est le Verbe qui pose la base, c'est-à-dire qui travaille pour donner à l'être sa substance et le gratifie de l'existence, et c'est l'Esprit qui procure à ces différentes forces leur forme et leur beauté; c'est donc avec justesse et convenance que le Verbe est appelé Fils, tandis que l'Esprit est appelé Sagesse de Dieu. Aussi l'apôtre Paul dit très justement: «Un seul Dieu, le Père, qui est au-dessus de tous, et par tous et en nous tous» (Ep 4, 6). En effet, celui qui est au-dessus de tous, c'est le Père; mais celui qui est avec tous, c'est le Verbe, puisque par son moyen tout a été fait par le Père; et celui qui est en nous tous, c'est l'Esprit. (...)

En affirmant qu’il n’y a qu’un seul Dieu, le Père, Irénée se heurte frontalement à l’idée qu’il y ait un ou plusieurs autres Dieux égaux en nature au Père.

Si donc pour Irénée, le Père est l’unique Dieu, ce qui n’est pas et ne peut pas être dit du fils sauf à donner au mot “seul” une définition mystérieuse , c’est que quelque chose fait que le fils possède un différence fondamentale qui le distingue du Père.

Et cette différence ne peut pas être autre chose qu’une infériorité de nature puisque Irénée a fermé les deux autres options possibles.
L’égalité puisque dans ce cas le père ne serait pas le seul Dieu, et la supériorité puisque Irénée a expliqué qu’aucun Dieu n’était au-dessus du Père.

Or, Irénée a spécifié ce qui faisait du Père le seul Dieu des chrétiens.
.
Le Père, dit-il, est “incréé” mais également “invisible”.

Irénée ne veut pas seulement dire que Dieu ne serait pas visible mais plus précisément qu’il “ne peut être vu “ au sens de 1 Jean 4:12: “ personne n’a jamais vu Dieu

La phrase d’Irénée est la suivante : Un seul Dieu, le Père, incréé, invisible, créateur de tout, au-dessus duquel il n'y a pas d'autre Dieu.

Si ces caractéristiques qu’il énumère s’appliquaient à d’autre que le Père, alors pourquoi dire de lui qu’il est le seul Dieu pour les lister ensuite comme démonstration de son caractère unique ?

Par déduction nous comprenons que Irénée de Lyon déclare Jésus “créé”.

Et enfin, en utilisant le mot “incréé” pour caractériser Dieu, et non pas “non engendré”, Irénée nous démontre que le mot “créer” ne posait aucun problème pour désigner la création d’un être divin, fût-il Dieu lui-même.

Dans le même ouvrage, Irénée dit de Jésus qu’il a été engendré avant la constitution du monde, ce qui situe son engendrement dans le temps.
  • Ils annonçaient dans leurs oracles la manifestation de notre Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, en disant qu'il sortirait comme un bourgeon de la race de David, qu'il serait fils de David selon la chair, lequel descendrait d'Abraham, par une longue suite de générations. Selon l'esprit, il serait Fils de Dieu, étant au commencement auprès de son Père, engendré avant la constitution du monde


Clément d’Alexandrie (fin II Siècle)

Dans les Stromates, Clément définit le rapport de la personne du Logos Fils à celle du Logos Père. “
  • en tant que raison éternelle , Logos ,le verbe est aussi infini que le Père, mais en vue de la création Dieu l’engendre, c’est à dire le profère, en lui conférant une substance propre”

Nous trouvons ici un ébauche d’explication que nous retrouverons chez Tertullien.
Le mot “engendrer” est cependant toujours reconnu par Clément.
Le verbe prend donc une substance qui lui est propre lors de l’engendrement ce qui sous tend un commencement.

Ci-dessous l’avis de Photius, patriarche de Constantinople sur Clément d’Alexandrie
  • J’ai lu trois volumes des ouvrages de Clément,[1] prêtre d’Alexandrie, intitulés Hypotyposes, Les Stromates, Le Pédagogue. Il y a des endroits où il paraît réussir à suivre la vérité; mais il y en a d'autres où il tombe dans des fables ridicules & impies. Car il tient une matière éternelle, & des idées prétendant tirer tout et cela de quelques paroles de l'Ecriture. Il met le Fils au rang des créatures.
    Photius reproche ici à Clément d’Alexandrie d’avoir mis le Fils, Jésus, au rang des créatures.

Bibliothèque de Photius - sur Origène (?185-?253)
  • J’ai lu les quatre livres d’Origène Des premiers principes. Le premier parle du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Ses déclarations sont souvent blasphématoires; ainsi, il affirme que le Fils fut créé par le Père.

Très intéressant ce texte qui propose l’avis d’un patriarche de Constantinople du IX siècle, visiblement très remonté contre ce Père de l’Eglise.
L’intérêt de ce texte et des différents commentaires de ce patriarche, c’est que cela démontre une certaine “chasse au sorcières” de la part d’hommes d'Église de haut rang contre les écrivains du II siècle qui auraient blasphémé en expliquant que Jésus a été créé.
L’image d’une révélation progressive et acceptée comme telle semble bien écornée.

Bibliothèque de Photius - sur Clément de Rome.
  • Le travail est plein d'innombrables absurdités et de blasphèmes contre le Fils en accord avec l'hérésie des Ariens. Les Constitutions semblent être passibles de blâme sur les trois points suivants: fiction maladroite, qui il est facile d’enlever ; les charges abusives retenues contre le Deutéronome, qui peuvent facilement être satisfaites, et ses Arianismes, qui peuvent être réfutés par une vigoureuse attaque.

Photius, patriarche de Constantinople, nous fournit ici ses commentaires sur les écrits de Clément de Rome.. parmi eux des reproches appuyés sur les idées anti-trinitaires de Clément.
Pourtant, Clément est considéré comme le Clément contemporain de Paul. Un beau témoignage sur le fait que très près des origines, l’enseignement prévalant n’était pas trinitaire.

Ci dessous une des explications de Clément de Rome établissant une différence de gloire entre le Père et Jésus. .
  • “Comme il reflète la splendeur de Dieu, il est d’autant plus supérieur aux anges que son titre est plus remarquable que le leur.” De même que la lune reflète la lumière du soleil, sans pour autant égaler la source de cette lumière, le soleil, de même Jésus reflète, sans l’égaler, la splendeur de Dieu.

A rapprocher de 1 Cor 15:41.Différence de nature.

Bibliothèque de Photius - sur Eusèbe
  • J’ai lu deux livres d’Eusèbe La Réfutation et la Défense, et une deuxième édition des mêmes (...)Dans de nombreux passages, il profère des blasphèmes contre le Fils, l’appelant deuxième cause, commandant en chef, et d'autres excroissances de la folie aériennes.

Une nouvelle fois Photius nous aide dans notre recherche des idées non trinitaires parmi les écrits des Pères de l’Eglise.
Ces commentaires de Photius, sur Eusèbe ou sur d’autres, sont, en fait, d’une aide précieuse à notre recherche car personne ne pourra soupçonner ce patriarche de collusion avec les idées anti-trinitaires.

Hermas Pasteur - Similitude IX 12 (1ere partie II siècle)
  • Écoute et comprends, dit-il, homme borné. Le Fils de Dieu est né avant la création tout entière, si bien qu'il a été le conseiller de son Père pour la création (Pr 8,27-30)

Encore un chrétien qui aurait fortement déplu à Photius.


Tertullien (fin II siècle)
  • Je tire mes arguments d'ailleurs, c'est-à-dire de l'économie qui existait en Dieu avant la création du monde, jusqu'au moment où il engendra un Fils.
    En effet, avant tout commencement Dieu existait seul; il était à lui-même son monde, son espace, et l'universalité des êtres. Il était seul, dans ce sens qu'en dehors de lui il n'y avait rien de créé. (...) Car, quoique Dieu n'eût pas encore engendré son Verbe, il ne laissait pas de l'avoir au fond de lui-même, avec et dans sa Raison, en méditant secrètement et en disposant avec lui-même ce qu'il allait dire par son Verbe.(...) J'ai donc pu établir d'abord, sans rien hasarder, que Dieu avant la création de l'univers n'était pas seul, puisqu'il avait en lui-même sa Raison par conséquent, et dans sa raison son Verbe, qu'il engendrait le second après lui, en l'agitant au-dedans de lui-même.

Tertullien a une conception pour le moins spéciale de Dieu et de Jésus. Cependant, sur Jésus, le Verbe, sa théorie est précise : il y a eu commencement.

Tertullien contre Hermogène . Chapitre 3.
  • Nous déclarons que le nom de Dieu a de toute éternité résidé en lui-même; mais il n'en va point ainsi du nom de Seigneur, parce que la nature de l'un et de l'autre diffère. Dieu est le nom de la substance elle-même, c'est-à-dire de la divinité. Seigneur, au contraire, n'est pas le nom de la substance, mais de la puissance; la substance a toujours existé avec son nom, qui est Dieu. Seigneur est la mention d'une chose nouvellement survenue. Car, à dater du jour où il y eut pour la première fois des êtres sur lesquels s'exerça la puissance du Seigneur, dès ce moment il est devenu et il a été appelé Seigneur, par cet accroissement de puissance. Parce que Dieu est père, Dieu est aussi juge; mais il ne s'ensuit pas qu'il ait toujours été père, ni qu'il ait toujours été juge, parce qu'il a toujours été Dieu. En effet, il n'a pu être père avant d'avoir un fils, ni juge avant qu'il y eût des offenses. Or, il y a eu un temps où il n'existait ni offense pour faire de Dieu un juge, ni fils pour faire de lui un père
.
Sans vouloir débattre de l'hypothèse de Tertullien concernant la nature de Dieu et de Jésus (substance pour Dieu et puissance pour Jésus), on note, pour ce qui nous occupe dans cet exposé, que pour Tertullien,Jésus, le fils, a bien un commencement.

Dans Contre Hermogène XVIII, il a écrit:
  • “C’est afin que les hommes fussent bien convaincus qu’il n’y a rien qui n’ait pris naissance et n’ait eu un commencement, excepté Dieu. (...) Comment supposer qu’il y eût quelque chose, excepté le Père, qui soit plus ancien que le Fils de Dieu, son Verbe unique et premier-né et par là même qu’il y a quelque chose de plus noble que lui. (...) Ce [Dieu] qui n’a pas eu besoin d’un Créateur pour qu’il lui donne l’existence a un rang bien plus élevé que celui [le Fils] qui a eu un auteur”

La dernière phrase suffit à la démonstration.

De même, dans Contre Praxéas, il montre que le Fils est différent du Dieu
Tout-Puissant et qu’il lui est subordonné. Il dit:
  • “Le Père est la substance toute entière. Le Fils est la dérivation et la partie de ce tout, ainsi qu’il le déclare lui-même: ‘Mon Père est plus grand que moi.’ (...) Le Père est donc autre que le Fils, en ce sens qu’il est plus grand que le Fils; en ce sens que celui qui engendre est autre que celui qui est engendré; en ce sens que celui qui envoie est autre que celui qui est envoyé; en ce sens que celui qui produit est autre que celui qui est produit.”.

Si, effectivement, Tertulien sera le premier à utiliser le mot latin “Trinitas”, et à imaginer que Dieu serait une substance composée de 3 personnes, il se heurte ici à deux principes de la trinité : Jésus et le Père se sont ni égaux, ni co-éternels.

Relevons que Tertullien n’explique pas Jean 14:28 comme les trinitaires actuels. Son argument n’est pas que Jésus homme serait par nature inférieur au Père divin. C’est bien au ciel que le Père est plus grand que le fils. Le Père serait la substance toute entière et Jésus la dérivation de ce tout, étant ce qui a été produit.

Nul doute que Tertullien eut été jugé comme hérétique s’il avait osé cette explication au IV siècle !!

Conclusion sur les témoignages du II siècle.

Nous avons compilé ci-dessus le témoignage de chrétiens du II siècle dont certains furent des Pères de l’Eglise. Tous semblent unanimes pour affirmer, à leur façon, que le logos a bien été engendré, que seul le père est incréé, et pour certains que leurs natures respectives sont tellement différentes que l’un fait ce que l’autre ne peut pas faire.

Il apparaît donc que la notion déclarant Jésus incréé n’était pas enseignée au II siècle, ce qui jette un sérieux doute sur l’hypothèse qu’elle l’était au Ier siècle..

Justin et les autres apologistes du II siècle auraient eu de gros ennuis s’ils avaient professé leurs idées au IVème siècle .
Dire que Jésus avait une nature inférieure à celle du Père, ou qu’il avait été engendré était bien plus proche des idées défendues par Arius qui aurait très apprécié leur soutien lorsqu’il s’est retrouvé excommunié pour avoir enseigné la même chose. (Arius n’est pas pour autant un exemple pour les chrétiens)

L’hypothèse d’un dogme trinitaire reconnu au premier siècle, et resté identique jusqu’au IV siècle est un mythe.
La complexité d’une idée étant proportionnelle au temps qui passe, on ne peut que comprendre qu’elle n’était pas enseignée au premier siècle quand les témoignages du II siècle peinent à nous faire admettre qu’elle y était déjà.

Peut-on arguer d’une révélation divine ?

Il faudrait supposer qu’elle soit chaotique et désordonnée puisque chaque apologiste, chaque Père de l'Église, ira de sa propre hypothèse, souvent rejetée par les autres ou corrigée.
La lecture de Paul, si incisif, si expert des sujets qu’il maîtrisait parfaitement, si logique sans jamais que l’on trouve chez lui la faute de quart qui pourrait jeter le doute sur l’action de l’esprit saint sur lui, tranche d’une façon tellement évidente avec un Justin qui fait la publicité pour Platon, un Clément de Rome qui croyait que le sphinx était un animal réel, un Tertullien qui trouve que Dieu n’était pas seul parce qu’il se parlait à lui-même, ou un ou plusieurs autres qui vont chercher dans la mythologie grecque des justifications à ce que Dieu ait un fils.

L’immense différence entre une lettre aux Corinthiens ou aux Hébreux avec ces écrits qui n’apprennent rien de vraiment profond, qui se basent sur des références douteuses et païennes, qui se contredisent les unes les autres ne milite pas pour une révélation qui se poursuivrait. Quelle perte de qualité dans cette hypothèse là !

S’il était temps de révéler la trinité, pourquoi le faire avec un tel désordre, Dieu ayant fait la preuve qu’il était capable de révéler de façon claire, nette et sans bavure des idées bien plus compliquées comme la rançon, et en un seul témoignage.

Maintenant, le présent argumentaire ne vaut que pour les chrétiens qui se réfèrent au texte de Galates, cité en préambule.
Un chrétien de la Galatie pouvait-il avoir accepté un argumentaire du même type que celui de Tertullien ?
Pouvait-il imaginer que Jésus n’avait eu aucun commencement quand on se rend compte que pendant plus d’un siècle encore, la notion de commencement sera la norme ?
Or, cette notion de commencement est un sérieux problème pour le dogme qui se base sur l’égalité de nature entre Jésus et son Père.

Les premiers chrétiens ont gardé l’humilité originelle du christianisme. Quand Jésus dit à ses apôtres que certaines choses ne leur appartenaient pas, comme connaître temps et événements, il leur donne une leçon.
Les chrétiens du II siècle et encore plus après, voudront aller sur un terrain qui ne leur appartenait pas plus : la nature de Dieu.

A Job Dieu demandera :
Job 38:2-4

Qui est celui qui obscurcit le conseil et parle sans connaissance?
Prépare-toi, s’il te plait, et agis comme un homme;
je vais t’interroger, et tu me renseigneras.
Où étais tu quand je fondais la terre ?
Indique le moi si tu possèdes l’intelligence ?


Voici la leçon qu’auraient dû retenir ces apologistes qui ajouteront aux Écritures
Job 42:3
J’ai donc parlé, mais sans comprendre,
certaines choses trop prodigieuses pour moi, que je ne connais pas.


En Jean 1:18 Jean a témoigné: Aucun homme n’a jamais vu Dieu ; le dieu-unique engendré, qui est auprès du Père, c’est lui qui a expliqué qui il est.

Pour un chrétien, du premier siècle ou non, seul Jésus est crédible pour expliquer qui est Dieu.
Que viennent faire Justin, Tatien, Tertullien, puis plus tard Athanase et autres consorts pour nous expliquer, se contredisant tous, et mieux que Jésus, qui est Dieu?.

Voilà l’évangile reçu et accepté des Galates.. 1:7-12:
Ce n’est pas qu’il y ait une autre bonne nouvelle; mais il y en a certains qui vous troublent et veulent déformer la bonne nouvelle concernant le Christ. (...)
Nous l’avons déjà dit, et je le redis maintenant : quiconque vous annonce comme bonne nouvelle quelque chose qui va au-delà de ce que vous avez accepté, qu’il soit maudit “(...) car la bonne nouvelle que je vous ai annoncée n’est pas d’origine humaine (...) mais c’est par une révélation de Jésus Christ que je l’ai reçue.


Ajouté 2 heures 18 minutes 21 secondes après :
Témoignages de l’histoire


Dans Une courte histoire de l’Église primitive 1976 p.110 (angl.), H. Bœr expose l’idée maîtresse de l’enseignement des apologistes:
“Justin a enseigné qu’avant la création du monde, Dieu était seul et qu’il n’y avait pas de Fils. (...) Quand Dieu a eu le désir de créer le monde, (...) il a engendré un autre être divin pour créer le monde pour lui. Cet être divin a été appelé (...) Fils parce qu’il
était né; il a été appelé Logos parce qu’il a été tiré de la Raison ou de l’Esprit de Dieu. (...) “Justin et les autres apologistes enseignaient donc que le Fils est une créature. C’est une créature élevée, une créature assez puissante pour créer le monde, mais, néanmoins, une créature. La théologie appelle subordinatianisme cette relation du Fils au Père. Le Fils est subordonné, c’est-à-dire secondaire par rapport
au Père, dépendant du Père et causé par lui. Les apologistes étaient subordinatianistes.”


John McKenzie déclare: “La trinité de personnes dans l’unité de nature est définie en termes de ‘personne’ et de ‘nature’, qui sont des termes de philosophie [grecque]; en fait, ces mots n’apparaissent pas dans la Bible. Les définitions trinitaires résultent de longues controverses dans lesquelles ces termes et d’autres comme ‘essence’ et ‘substance’ ont été appliqués à tort à Dieu par certains théologiens.” Dictionary of the Bible (New York, 1965), p. 899.

L'encyclopaedia britannica indique :
« Ni le mot Trinité, ni la doctrine explicite de la Trinité n'apparaissent dans le Nouveau Testament ; Jésus et ses disciples n'avaient pas l'intention de contredire le Schéma de l'Ancien Testament, savoir : Écoute, Israël! l'Éternel, ton Dieu, est Un.

The Stanford Encyclopedia of Philosophy :

«Le Nouveau Testament ne contient aucune doctrine trinitaire explicite... Beaucoup de théologiens et des apologistes chrétiens semblent la considérer comme une déduction » (Dale Tuggy, « History of Trinitarian Doctrines »).

Le Nouveau Dictionnaire universel de Maurice Lachâtre dit de l’influence exercée par Platon: “La trinité platonique [platonicienne], qui ne fut elle-même au fond qu’une sorte d’arrangement, de disposition nouvelle, des trinités plus anciennes des peuples qui avaient précédé, nous paraît bien être la trinité philosophique, rationnelle, c’est-à-dire la trinité d’attributs qui a donné naissance à la triplicité des hypostases ou de personnes divines des Églises chrétiennes (...). Cette conception de la Trinité divine du philosophe grec (...) se trouve partout dans les anciennes religions [païennes].” Paris, 1865-1870, tome II, p. 1467.

The Encyclopedia Americana (1956), tome XXVII, p. 294L
“Le christianisme tirait ses origines du judaïsme, et celui-ci était strictement unitaire [il présentait Dieu comme une seule personne]. De Jérusalem à Nicée, on est loin d’avoir cheminé en droite ligne. La doctrine trinitaire du IVe siècle ne donnait pas une idée exacte des croyances des premiers chrétiens sur la nature de Dieu; elle en constituait au contraire une déviation.”

La Nouvelle Encyclopédie de la connaissance religieuse de Schaff-Herzog, décrit l’influence de la philosophie grecque:“Les doctrines du Logos et de la Trinité ont reçu leur forme à partir des Pères grecs, qui(...) étaient, directement ou indirectement, grandement influencés par la philosophie platonicienne (...). Il est indéniable que cette philosophie a constitué pour l’Église une source d’erreur et de corruption.”

Wikipedia France écrit :
Le mot Trinité n’appartient pas au vocabulaire du Nouveau Testament ni, par conséquent, au kérygme originel de la première communauté chrétienne. C'est en quelque sorte un résumé du dogme central de la foi chrétienne. Les premières attestations du terme grec Tριάς, -άδος / Trias, -ados (« Triade») pour désigner les trois Personnes divines se rencontrent vers 180 chez Théophile d'Antioche (À Autolycus, II, 15), sans que cet auteur se présente comme l'inventeur du mot dans cette acception, puis chez Hippolyte de Rome (Contre Noët, 14). C’est Tertullien (v. 155 – v. 222) qui a introduit Trinitas dans le lexique théologique latin (Contre Praxeas). Trias n'est pas employé aux conciles de Nicée, de Constantinople I et Chalcédoine ; il ne s'impose qu'avec Athanase d'Alexandrie. Comme le dit Adolf Harnack dans son Précis de l’histoire des dogmes, la doctrine de l’Église se trouvait “rivée par des chaînes au sol de l’hellénisme [la pensée grecque païenne]. (...) Elle devint ainsi un mystère pour la très grande majorité des chrétiens”.(...)“En réalité, l’Église reconnut pour légitime la présence dans son sein de la spéculation hellénique des idées et des usages superstitieux des mystères païens.”

Claude Tresmontant explique :
Si, comme c'est le cas dans tous les écrits du Nouveau Testament — sans exception — le terme fils désigne Jésus de Nazareth pris concrètement, c'est-à-dire l'Homme véritable uni à Dieu véritable, alors, comme c'est le cas aussi dans tous les écrits du Nouveau Testament, le terme père signifie et désigne Dieu, purement et simplement. Dieu est le père de tous les êtres, parce qu'il est le Créateur. ; Dans le langage ultérieur par contre, le terme de fils ne désigne plus directement Jésus de Nazareth pris concrètement, mais le Logos, de Dieu considéré en son éternité, avant l'incarnation, et indépendamment de l'incarnation. Dans ce cas, le terme de père ne peut plus signifier, comme c'est le cas dans les écrits du Nouveau Testament, Dieu purement et simplement. Il en vient à signifier Celui qui, en Dieu, est le père de son propre Logos, qui est son fils.

Dans Une déclaration de raisons (angl.), Andrews Norton dit de la Trinité:
“Nous pouvons retracer l’histoire de cette doctrine et découvrir son origine, non dans la révélation chrétienne, mais dans la philosophie platonicienne (...). La Trinité n’est pas une doctrine enseignée par le Christ et ses Apôtres, mais une fiction due à l’école des platoniciens tardifs.”

Dans Origine et évolution de la religion (angl.), E. Hopkins répond:
“La définition orthodoxe de la Trinité qui finit par l’emporter fut essentiellement le résultat des préoccupations politiques de l’Église.”

New Catholic Encyclopedia, 1967, volume XIV, page 295.
“Les exégètes et les théologiens, y compris un nombre sans cesse croissant de catholiques, reconnaissent qu’il ne convient pas de parler de la doctrine trinitaire dans le Nouveau Testament sans faire d’importantes réserves. Les spécialistes de l’histoire des dogmes et les théologiens systématiques reconnaissent, chacun de leur côté, que lorsqu’on parle d’une doctrine trinitaire achevée, on passe de la période des origines du christianisme à celle, disons, du dernier quart du IVe siècle. C’est seulement à ce moment que ce que l’on pourrait appeler le dogme définitif de la Trinité, ‘un seul Dieu en trois personnes’, est devenu partie intégrante de la vie et de la pensée chrétiennes. (...) “La formule elle-même ne reflète pas la conscience immédiate qu’on en avait à l’époque des origines; elle est le produit de 3 siècles de formation doctrinale.”

L’Encyclopédie des religions (angl) 1987, volume 15, page 54: indique :
“Aujourd’hui, exégètes et théologiens s’accordent à reconnaître que la Bible hébraïque ne renferme pas de doctrine de la Trinité. (...) Bien que la Bible hébraïque appelle Dieu le père d’Israël et qu’elle personnifie Dieu en employant des termes tels que Parole (davar), Esprit (rouah), Sagesse (hokhmah) et Présence (shekhinah), ce serait forcer l’intention et l’esprit de l’Ancien Testament que de lier ces notions à la doctrine de la Trinité apparue plus tard.
“En outre, exégètes et théologiens admettent que le Nouveau Testament ne contient pas non plus de doctrine explicite de la Trinité. Dieu le Père est source de tout ce qui est (Pantokrator), ainsi que le père de Jésus Christ; ‘Père’ n’est pas un titre donné à la première personne de la Trinité, mais un synonyme de Dieu. (...) “Dans le Nouveau Testament, il n’y a pas de conscience réflexive de la nature métaphysique de Dieu (la ‘trinité immanente’); on n’y trouve pas non plus le langage technique dans lequel cette doctrine a été par la suite exposée (hupostasis, ousia, substantia, subsistentia, prosôpon, persona). (...) Il est incontestable que cette doctrine ne peut être prouvée par le seul appui des Écritures.”


Dans L’influence des idées grecques sur le christianisme (angl.),Edwin Hatch, 1957, page 252, cite le chapitre 10 de la Didachè (vers 100 de notre ère).
“Nous te rendons grâces, Père saint, pour Ton saint nom que Tu as fait habiter dans nos cœurs et pour la connaissance et la foi et l’immortalité que Tu nous as révélées par Jésus Ton Enfant. À Toi la gloire pour les siècles. C’est Toi, Maître tout-puissant, qui as créé toutes choses à cause de Ton nom (...). À nous Tu as daigné accorder une nourriture et un breuvage spirituels et la vie éternelle par Ton Enfant [4].”
Puis, commentant ce texte, Edwin Hatch poursuit :
“À l’origine, dans la sphère d’influence du christianisme, il ne semble pas que l’on soit allé bien au delà de ces conceptions toutes simples. La doctrine sur laquelle on insistait était que Dieu est, qu’Il est un, qu’Il est tout-puissant et éternel, qu’Il a fait le monde, que Sa miséricorde est sur toutes Ses œuvres. On n’avait aucun goût pour la discussion métaphysique”

J’ai beaucoup apprécié le blog de l’Eglise protestante unie de l’Etoile qui reconnaît :
Dans le protestantisme, aujourd'hui au moins, on reconnaît que la Trinité est une des expressions possibles de notre croyance en Dieu, mais qu'il n'est pas obligatoire de croire en la Trinité. En effet, la Trinité est un développement théologique qui date du IIIe ou IVe siècle, elle n'est donc pas, telle quelle, dans la Bible. Bien sûr il est question dans la Bible de Dieu comme notre Père, il est question du Christ comme Fils de Dieu, et il est question de l'Esprit Saint. Mais que Dieu soit à la fois Père Fils et Saint-Esprit, trois personnes en un seul Dieu ne s'y trouve pas... C'est une chose plus délicate qui est apparue peu à peu dans l'Eglise, après des siècles de résistances et de discussions.
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A moins de supposer une théorie du complot fomentée par les historiens, les universitaires, les experts cités ci-dessus, et un pouvoir immense aux Unitariens et Témoins de Jéhovah leur permettant de ré-écrire aussi facilement l’histoire, il apparaît que le dogme de la trinité était très loin d’être explicité dans l’AT comme dans le NT, et très loin d’être compris et admis par les chrétiens du premier siècle.
Une chose est de croire que l’on trouverait des indices, sous-entendus dans le NT, autre chose est de démontrer qu’ils étaient interprétés dans ce sens à l’époque. Il semble pertinent, à la lecture de ces experts/historiens, et pour reprendre le vocabulaire de Paul, de penser que la foi que ces Galates avaient acceptée ne pouvait pas, chronologiquement, intégrer la trinité.

La position des témoins de Jéhovah

Avec un ouvrage du volume de la bible, avec ses dizaines de milliers de versets, n'importe laquelle des doctrines apostates n’aurait aucun mal à rassembler ce que ses défenseurs appelleraient alors des indices, des allusions, des sous entendus, des signes, des non-dits mais fortement pensés, des évidences, etc..
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On trouverait aussi avec facilité des traductions particulières et non unanimes de certains versets allant dans le sens de la doctrine souhaitée. On prêterait à certains écrivains des sentiments supposés ou des idées non exprimées simplement parce qu’une phrase, un mot, collerait assez bien avec le but recherché.

On aurait recours également à la re-définition des mots trop nocifs pour le nouveau dogme et à l’introduction de notions compliquées, seulement compréhensibles par une élite, y compris un vocabulaire spécifique nouveau et nécessitant souvent l’aide d’un dictionnaire théologique pour le chrétien ordinaire .

Et enfin, si finalement la théorie venait à s’opposer à la simple raison, le notion de mystère apparaîtrait pour résoudre tous les problèmes non résolus, une sorte d’éponge magique à questions dérangeantes.

Et cela, pour n’importe laquelle des hérésies qui nous passerait par la tête.

Au II siècle, des déviances sont apparues, annoncées par Paul, Jean et surtout par Jésus. II thes 2:3. 1 Jean 2:18-19. Mat 24:5.

Chacune y allait de ses références bibliques, philosophiques, de sa logique. Irénée en combattra quelques unes et elles étaient assez nombreuses !

La question pragmatique qui se pose est forcément la suivante : Et si la trinité n’était que l’une de ces hérésies qui aurait fini par s’imposer ? Car, honnêtement, si une autre doctrine avait remporté la bataille des hérésies qui avait lieu à cette époque là, que croyons nous qu’elle ferait aujourd’hui, si ce n’est la même chose et avec les mêmes moyens et les mêmes types d’arguments que ceux
du camp qui a finalement gagné.

La seule solution, c’est celle suggérée par Paul, savoir la comparaison avec la foi originelle, solution que les chrétiens de Galatie étaient invités à mettre en oeuvre.
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C’est comme un gabarit que l’on poserait sur toute doctrine pour vérifier qu’elle correspond parfaitement à la réalité des croyances des premiers chrétiens, les seuls dont on peut affirmer qu’ils possédaient la pure vérité.

1 Jean 2:22 nous prévient : “ Qui est le menteur, sinon celui qui nie que Jésus est le Christ ? Voilà l’antichrist, celui qui nie le Père et le Fils. Toute personne qui nie le Fils n’est pas non plus en union avec le Père. Mais toute personne qui déclare croire au Fils est aussi en union avec le Père “

Ce texte ne traite pas de la trinité, certes. Mais il montre le très grand danger à se hasarder sur un domaine lié à la foi originelle des premiers chrétiens concernant Jésus et son Père.
L’antichrist, dit Jean, c’est celui qui modifiera la vérité sur Dieu et son fils, certains en niant que Jésus soit le christ venu en union avec son Père, Dieu..

Quel jugement méritera celui qui modifiera aussi la vérité sur la nature du Père ou du Fils ?

Nier que le Père est le seul Dieu, n’est-il pas aussi grave que d’affirmer que le Fils n’est pas le Christ ?

En préparant ce dossier, et notamment en recherchant les encyclopédies et autres experts qui ont donné leur avis sur l’histoire de la Trinité, je n’ai pas eu à trier entre des opinions diamétralement différentes et opposées.

Sur le terrain historique, la question ne se pose pas, ou plus.

Ils sont ultra minoritaires ceux qui avanceraient que la trinité était comprise, admise, expliquée et enseignée même au II siècle, que dire donc du I siècle. De même, à la lecture des écrits des Pères de l’Eglise, il n’est plus possible d’affirmer qu’ils enseignaient la trinité, telle que connue aujourd’hui, avant la fin du II siècle.

Et l’argument qui expliquerait que la connaissance venait progressivement ne ferait que démontrer que ce dogme, en simple gestation fin II siècle, était forcément inconnu au I siècle.

Pour preuve, les Pères de l’Eglise cités plus haut enseignaient tous que le Christ avait été engendré, et même créé pour certains et que seul le Père était incréé.

C’est un fait et tous auraient été excommuniés s’ils avaient soutenu ces idées là au Concile de Nicée.

La position des témoins de Jéhovah est donc logique, prudente et respectueuse des avertissements répétés des apôtres.

Leur foi restera celle des premiers chrétiens: un seul Dieu, le Père.

Re: enseignement TJ : la trinité , étude biblique et historique

Posté : 02 mai24, 22:33
par agecanonix
Etude de Philippiens 2:1-11
  • Ne faites rien 3367 par 2596 esprit de parti 2052 ou 2228 par vaine gloire 2754, mais 235 que l'humilité 5012 vous fasse regarder 2233 5740 les autres 240 comme étant au-dessus 5242 5723 de vous-mêmes 1438. 4 Que chacun de vous 1538, au lieu de considérer 4648 5720 3361 ses propres intérêts 1438, 235 1538 considère aussi 2532 ceux 3588 des autres 2087. 5 1063 Ayez en 1722 vous 5213 les sentiments 5124 qui 3739 étaient 5426 5744 2532 en 1722 Jésus 2424-Christ 5547, 6 lequel 3739, existant 5225 5723 en 1722 forme 3444 de Dieu 2316, n'a point 3756 regardé 2233 5662 comme une proie à arracher 725 d'être 1511 5750 égal 2470 avec Dieu 2316, 7 mais 235 s'est dépouillé 2758 5656 lui-même 1438, en prenant 2983 5631 une forme 3444 de serviteur 1401, en devenant 1096 5637 1722 semblable 3667 aux hommes 444; 8 (2:7) et 2532 ayant paru 2147 5685 comme 5613 un simple 4976 homme 444, (2:8) il s'est humilié 5013 5656 lui-même 1438, se rendant 1096 5637 obéissant 5255 jusqu'à 3360 la mort 2288, même 1161 jusqu'à la mort 2288 de la croix 4716. 9 C'est pourquoi 1352 aussi 2532 Dieu 2316 l 846'a souverainement élevé 5251 5656, et 2532 lui 846 a donné 5483 5662 le nom 3686 qui est 3588 au-dessus 5228 de tout 3956 nom 3686, 10 afin 2443 qu'au 1722 nom 3686 de Jésus 2424 tout 3956 genou 1119 fléchisse 2578 5661 dans les cieux 2032, 2532 sur la terre 1919 et 2532 sous la terre 2709, 11 et 2532 que toute 3956 langue 1100 confesse 1843 5672 que 3754 Jésus 2424-Christ 5547 est Seigneur 2962, à 1519 la gloire 1391 de Dieu 2316 le Père 3962.


Ce texte est celui da la traduction interlinéaire de Louis Segond, elle fait l'unanimité chez les étudiants de la bible.

Retirons les références Strong.
  • Ne faites rien par esprit de parti ou par vaine gloire, mais que l'humilité vous fasse regarder les autres comme étant au-dessus de vous-mêmes. 4 Que chacun de vous, au lieu de considérer ses propres intérêts, considère aussi ceux des autres. Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ, 6 lequel, existant en forme de Dieu, n'a point regardé comme une proie à arracher d'être égal avec Dieu, 7 mais s'est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes; 8 et ayant paru comme un simple homme, il s'est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu'à la mort, même jusqu'à la mort de la croix. 9 C'est pourquoi aussi Dieu l'a souverainement élevé, et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, 10 afin qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, 11 et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père.
Nous avons ici une explication de Paul qui encourage ses frères de la ville de Philippes à faire preuve d'humilité.

L'idée est exprimée au verset 3 : que l'humilité vous fasse regarder les autres comme étant au-dessus de vous-mêmes.

Il va nous falloir conserver à l'esprit cette idée puisque Paul va ensuite utiliser l'exemple de Jésus pour illustrer concrètement ce qu'il espère des chrétiens.

Ainsi, à partir du verset 4, nous allons devoir considérer que Jésus est l'exemple parfait de quelqu'un qui considère "un" autre comme supérieur à lui ou "au dessus de lui".

Paul va donc, dans un premier temps expliquer ce qui aurait pu faire que Jésus n'agisse pas avec humilité pour ensuite développer les sentiments qu'il a développés pour ne pas tomber dans ce piège.

Paul commence par dire que Jésus était un être divin par l'expression " existant en forme de Dieu". C'est la traduction exacte du texte grec.

Si vous y réfléchissez bien, Paul dit la même chose que Jean 1:1 puisqu'il indique que Jésus Christ a existé en forme de Dieu avant de venir sur terre pour prendre la forme d'un serviteur, d'un humain.

Le mot grec rendu par "forme" est "μορφή (morphe)" et il a pour sens "la forme par laquelle une personne ou une chose frappe la vision
aspect extérieur"

Il n'est donc pas question ici d'une identité, mais de ce à quoi ressemblait Jésus.

Marc 16:12 (C L) utilise ce mot également : Après cela, il apparut, sous une autre forme (morphe), à deux d'entre eux qui étaient en chemin pour aller à la campagne.
  • Le contexte est assez clair, le mot grec "morphe" désigne bien l'apparence et non pas l'identité.
Ainsi, en Philippiens, l'expression " en forme de Dieu " indique que Jésus, avant de venir sur terre, avait une apparence de Dieu ou une nature divine.

Est ce à dire, en parlant de nature divine, que cette expression désigne Jésus comme étant Dieu ? Pas plus que le Psaume 8:4 qui, parlant des anges, les appelle ainsi: « Qu’est-​ce que le mortel pour que tu penses à lui, et un fils d’homme pour que tu t’occupes de lui ? »5 Tu l’as fait de peu inférieur aux anges (ou littéralement : des êtres de nature divine")

Ne jouons pas les étonnés, la bible explique souvent que Dieu ne vit pas seul dans son monde spirituel, qu'il y a de nombreux anges, et que leur nature est divine. Pas de quoi chambouler nos croyances, Jésus était aussi de nature divine et possédait une forme de Dieu avant de venir sur terre.

Réfléchissons maintenant à l'expression " arracher comme une proie" qui est la traduction littérale du texte grec au verset 4.
  • n'a point regardé comme une proie à arracher d'être égal avec Dieu
Question: si Jésus est Dieu, pourquoi le reconnaître serait il une proie à arracher ? Vous visualisez l'image choisie par Paul ? Une proie, qui symbolise l'égalité avec Dieu, et Jésus qui viendrait arracher cette proie, comme un fauve qui réclamerait sa part du repas.

Si Jésus est l'égal de Dieu, il n'y a rien à arracher, car cela indiquerait que l'autre partie de Dieu, le Père, serait de son côté réticente à "lâcher" et à reconnaître cette égalité.

En effet, si Jésus devait arracher une égalité avec Dieu, c'est:
  • soit que Dieu résisterait à cet arrachage car l'action d'arracher suppose une résistance : vous n'avez pas à arracher ce qui vient tout seul.

    soit que vous résisteriez vous même à cette idée, ce qui serait loin d'une légitimation.
Une autre expression pose problème.

La phrase utilisée par Paul n'a aucun sens dans l'hypothèse trinitaire : il n'a point regardé comme une proie à arracher d'être égal avec Dieu

En effet la trinité ne dit pas que Jésus soit l'égal de Dieu, mais qu'il serait l'égal du Père, une des composantes de Dieu. Ce que Paul explique ici, c'est que Jésus n'a pas songé à saisir comme une proie, du fait qu'il existait en forme de Dieu, le fait d'être un égal de Dieu et donc un autre Dieu que Dieu. Il n'est pas question du Père dans cette phrase.

La chronologie:

Si vous lisez bien le texte vous vous rendez compte assez facilement de la chronologie des sentiments de Jésus:

C'est quand il est dans une forme de Dieu que Jésus n'imagine pas être l'égal de Dieu. Lisez bien : ce qui traduit concrètement les sentiments de Jésus, c'est sa décision de prendre une forme d'humain. Jésus ne devient pas humble et ne considère pas Dieu comme au-dessus de lui une fois qu'il est déjà sur terre.
C'est donc au ciel que Jésus ne veut pas usurper une égalité avec Dieu, et c'est ensuite que la traduction de cet état d'esprit se concrétise par sa venue sur terre.
Cela signifie que Jésus était évidemment déjà dans un état d'esprit d'obéissance et d'humilité, quand il était encore au ciel, dans une forme de Dieu.

Le Jésus, au ciel, était donc, malgré sa forme de Dieu, déjà soumis à Dieu car c'est cette soumission qui l'a poussé à venir sur terre.

La fin du texte, à partir du verset 9, est intéressante puisqu'elle y décrit la récompense que Jésus reçoit une fois retourné au ciel et donc, à nouveau, dans une forme de Dieu.

Dieu fait beaucoup de choses pour lui. Très difficile à concevoir si Jésus est Dieu car dans ce cas, ce serait Jésus aussi, puisque l'une des composante de Dieu, qui se récompenserait lui même.
  • C'est pourquoi aussi Dieu l'a souverainement élevé, et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, 10 afin qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre
Ne perdez pas de l'esprit que le dogme trinitaire fait que le fils et le Père sont un seul et même Dieu. Donc si le fils est récompensé, c'est le fils aussi qui le décide.

Mais où est la leçon d'humilité défendue par Paul ? Au début il dit bien que le fils ne veut pas usurper une égalité avec Dieu, et à la fin, patatra, le fils, en tant que Dieu à 33%, s'auto promulgue n°1 au ciel et sur la terre.

Où est dans ce cas l'humilité de Jésus ?

Elle n'est vraiment préservée que s'il n'en est pas le décideur et donc si la personne qui le glorifie à ce point n'est pas lui-même. Car dans l'hypothèse trinitaire la leçon serait la suivante :
  • Admirez l'humilité de Jésus qui au début reste humble; mais qui, ensuite, s'auto proclame lui-même chef de tout.
Nous sommes très loin de Cor 15:
  • Car Dieu « a soumis toutes choses sous ses pieds ». Mais lorsqu’il est dit que toutes choses ont été soumises, il est évident que cela n’inclut pas celui qui lui a soumis toutes choses.28 Et lorsque toutes choses lui auront été soumises, alors le Fils lui-​même se soumettra aussi à celui qui lui a soumis toutes choses

Re: enseignement TJ : la trinité , étude biblique et historique

Posté : 03 mai24, 01:12
par medico
Merci pour tes recherches. :waving-hand:

Re: enseignement TJ : la trinité , étude biblique et historique

Posté : 22 juin24, 00:30
par medico
Le concept chrétien de « Trinité » passe souvent pour l’un des points
les plus obscurs, les plus irrationnels, les plus difficiles de la théologie chrétienne. Au XVIIIe s., déjà, on pouvait lire, dans l’article « Trinité » de l’Encyclopédie : « […] Il est peu de dogmes qui aient été attaqués avec tant
d’acharnement et de tant de différentes manières par les ennemis du christianisme 2
. » L’article « Anti-trinitaires » du Dictionnaire philosophique de
Voltaire transmet l’un des arguments des adversaires de la Trinité :
« […] rien n’est plus contraire à la droite raison que ce que l’on enseigne
parmi les Chrétiens touchant la trinité des personnes dans une seule essence
divine, dont la seconde est engendrée par la première et la troisième procède
des deux autres 3
. » Feuerbach dira plus tard que la doctrine de la Trinité
conduit à un conflit entre la raison, qui veut que Dieu soit unique, et
l’imagination, qui suppose l’existence de trois personnes 4
.
Les croyants ne contredisent pas foncièrement cette vision des choses,
pour qui la Trinité passe la plupart du temps pour un « mystère », c’est-àdire une donnée de la foi, nécessairement révélée dans l’Écriture, et qu’il
serait inutile, voire vain, de vouloir justifier rationnellement. L’article
« Trinité » du Dictionnaire de théologie catholique commence ainsi par
évoquer « La révélation du mystère : Écriture et tradition », et, dans une
optique confessionnelle classique, envisage successivement Ancien Testament, Nouveau Testament et textes patristiques