Réponse de St Thomas d'Aquin à Sartre: les actes libres en tant même que libres sont causés par Dieu
Posté : 07 déc.24, 07:24
Les actes libres, en tant qu’actes, sont causés par Dieu en tant même que libres (St Thomas d’Aquin)
Voici une réponse partielle de St Thomas à l’objection de Sartre selon laquelle le libre arbitre est incompatible avec la causalité divine (qui cause l’existence de ce libre arbitre à chaque seconde, comme de tout le reste. Dieu est cause de L’acte du péché mais pas du péché.
Somme I-II, Q 79
Article 2 : L’acte du péché vient-il de Dieu ?
Objections :
1. S. Augustin dit que l’acte du péché n’est pas une réalité. Or tout ce qui vient de Dieu est réalité. Donc l’acte du péché ne vient pas de Dieu.
2. L’homme est dit cause du péché uniquement parce qu’il est cause de l’acte du péché; car, selon Denys “ nul ne fait le mal en voulant le mal ”. Mais nous venons de dire que Dieu n’est pas cause du péché. Donc il n’est pas cause de l’acte du péché.
3. Il y a des actes qui sont par leur espèce des maux et des péchés. Or tout ce qui est cause d’un être est cause de ce qui le caractérise spécifiquement. Donc, si Dieu était cause de l’acte du péché, il serait par suite cause du péché lui- même. Mais nous avons montré que ce n’est pas vrai. Donc Dieu n’est pas cause de l’acte du péché.
En sens contraire, l’acte du péché est un mouvement du libre arbitre. Mais, selon S. Augustin “ la volonté de Dieu est cause de tous les mouvements ”. Elle est donc cause de l’acte du péché.
Réponse : L’acte du péché est à la fois être et action ; à ce double titre il a de quoi dépendre de Dieu. En effet tout être, de quelque façon que ce soit, doit dériver du premier être, selon Denys. De même, toute action est causée par un être existant en acte, car aucun être n’agit sinon dans la mesure où il est en acte ; or tout être en acte se ramène à l’acte premier, c’est-à-dire à Dieu, comme à la cause qui est acte par son essence. Il faut conclure que Dieu est la cause de toute action, en tant qu’elle est action.
Mais le péché qualifie un être et une action affectés d’un défaut. Or, ce défaut vient d’une cause créée, le libre arbitre, en tant qu’il manque à l’ordre voulu par la première cause, Dieu. Aussi un tel défaut ne se ramène pas à Dieu comme à sa cause, mais au libre arbitre, de même que le fait de boiter est attribué à la déformation de la jambe, et non à la faculté motrice, de laquelle vient cependant tout ce qu’il y a encore de mouvement dans la démarche boiteuse. Ainsi Dieu est cause de l’acte du péché, et cependant n’est pas cause du péché parce qu’il n’est pas cause qu’il y ait un défaut dans l’acte.
Solutions :
1. Par réalité S. Augustin entend ce qui est réalité au sens absolu, c’est-à-dire la substance. Car c’est en ce sens que l’acte du péché n’est pas une réalité.
2. Il faut attribuer à l’homme, à titre de cause, non seulement l’acte mais encore le défaut qui est dans l’acte ; car il ne se soumet pas à qui il doit se soumettre, bien que ce ne soit pas là son intention première. Et c’est pourquoi l’homme est cause du péché. Mais Dieu est cause de l’acte de telle manière qu’il n’est nullement cause du défaut concomitant, et voilà pourquoi il n’est pas la cause du péché.
3. Comme nous l’avons dit plus haut, l’acte et l’habitus ne sont pas caractérisés spécifiquement par la privation même dans laquelle réside le mal, mais par un objet auquel se trouve jointe cette privation. Et ainsi, ce défaut dans l’acte, qu’on dit ne pas être de Dieu, est consécutif à l’espèce de l’acte mais ne la constitue pas comme ferait une différence spécifique.
--------------------------------
Il faut ajouter que pour St Thomas le libre arbitre ne concerne que les moyens. Il y a déterminisme absolu concernant la fin générale qui est le bonheur; il est impossible à la volonté humaine (appétit rationnel) de ne pas vouloir le bonheur. Ce déterminisme est aussi strict, plus même, que la loi de gravitation en physique.
Voici une réponse partielle de St Thomas à l’objection de Sartre selon laquelle le libre arbitre est incompatible avec la causalité divine (qui cause l’existence de ce libre arbitre à chaque seconde, comme de tout le reste. Dieu est cause de L’acte du péché mais pas du péché.
Somme I-II, Q 79
Article 2 : L’acte du péché vient-il de Dieu ?
Objections :
1. S. Augustin dit que l’acte du péché n’est pas une réalité. Or tout ce qui vient de Dieu est réalité. Donc l’acte du péché ne vient pas de Dieu.
2. L’homme est dit cause du péché uniquement parce qu’il est cause de l’acte du péché; car, selon Denys “ nul ne fait le mal en voulant le mal ”. Mais nous venons de dire que Dieu n’est pas cause du péché. Donc il n’est pas cause de l’acte du péché.
3. Il y a des actes qui sont par leur espèce des maux et des péchés. Or tout ce qui est cause d’un être est cause de ce qui le caractérise spécifiquement. Donc, si Dieu était cause de l’acte du péché, il serait par suite cause du péché lui- même. Mais nous avons montré que ce n’est pas vrai. Donc Dieu n’est pas cause de l’acte du péché.
En sens contraire, l’acte du péché est un mouvement du libre arbitre. Mais, selon S. Augustin “ la volonté de Dieu est cause de tous les mouvements ”. Elle est donc cause de l’acte du péché.
Réponse : L’acte du péché est à la fois être et action ; à ce double titre il a de quoi dépendre de Dieu. En effet tout être, de quelque façon que ce soit, doit dériver du premier être, selon Denys. De même, toute action est causée par un être existant en acte, car aucun être n’agit sinon dans la mesure où il est en acte ; or tout être en acte se ramène à l’acte premier, c’est-à-dire à Dieu, comme à la cause qui est acte par son essence. Il faut conclure que Dieu est la cause de toute action, en tant qu’elle est action.
Mais le péché qualifie un être et une action affectés d’un défaut. Or, ce défaut vient d’une cause créée, le libre arbitre, en tant qu’il manque à l’ordre voulu par la première cause, Dieu. Aussi un tel défaut ne se ramène pas à Dieu comme à sa cause, mais au libre arbitre, de même que le fait de boiter est attribué à la déformation de la jambe, et non à la faculté motrice, de laquelle vient cependant tout ce qu’il y a encore de mouvement dans la démarche boiteuse. Ainsi Dieu est cause de l’acte du péché, et cependant n’est pas cause du péché parce qu’il n’est pas cause qu’il y ait un défaut dans l’acte.
Solutions :
1. Par réalité S. Augustin entend ce qui est réalité au sens absolu, c’est-à-dire la substance. Car c’est en ce sens que l’acte du péché n’est pas une réalité.
2. Il faut attribuer à l’homme, à titre de cause, non seulement l’acte mais encore le défaut qui est dans l’acte ; car il ne se soumet pas à qui il doit se soumettre, bien que ce ne soit pas là son intention première. Et c’est pourquoi l’homme est cause du péché. Mais Dieu est cause de l’acte de telle manière qu’il n’est nullement cause du défaut concomitant, et voilà pourquoi il n’est pas la cause du péché.
3. Comme nous l’avons dit plus haut, l’acte et l’habitus ne sont pas caractérisés spécifiquement par la privation même dans laquelle réside le mal, mais par un objet auquel se trouve jointe cette privation. Et ainsi, ce défaut dans l’acte, qu’on dit ne pas être de Dieu, est consécutif à l’espèce de l’acte mais ne la constitue pas comme ferait une différence spécifique.
--------------------------------
Il faut ajouter que pour St Thomas le libre arbitre ne concerne que les moyens. Il y a déterminisme absolu concernant la fin générale qui est le bonheur; il est impossible à la volonté humaine (appétit rationnel) de ne pas vouloir le bonheur. Ce déterminisme est aussi strict, plus même, que la loi de gravitation en physique.