Page 1 sur 1

La raison humaine: entre indépendance et soumission à Dieu

Posté : 05 déc.05, 00:53
par muqtahim
Existe-t-il quelque différence entre un intellect adhérant à la Révélation et un autre qui évacue d’emblée toute
référence au Créateur, qui s’abreuve d’une source purement terrestre, qui appréhende le monde avec un regard
d’emprunt, qui recoure systématiquement à la preuve scientifique, et dont les veines sont irriguées de courants
philosophiques évolutionnistes.
La configuration cérébrale n'est-elle pas la même pour tous ? Les gens ne sont-ils pas soit intelligents et éduqués, soit
sombrant dans un abîme quelconque de l’illettrisme ?…

Quels rapports peut-il y avoir entre la raison et la Révélation ? Cette Révélation qui a été définitivement classée par
les psychologues et les orientalistes parmi les phénomènes pathologiques anormaux.

Mais les croyants et les croyantes ont entre leurs mains le livre de Dieu le Très Haut, créateur de l’Homme, de ses
facultés et de sa capacité à raisonner. Ils ont entre leurs mains de quoi se prémunir des égarements de la raison
orgueilleuse sourde et aveugle à la Révélation. Surdité et aveuglement qui ont pour effet de dévoyer encore plus cette
raison la faisant tomber dans une autosuffisance et une indépendance qui l’amènent en conclusion à s’ériger en
divinité[1]. Le résultat final est que cette raison spéculative organisatrice des affaires ici-bas en arrive à être voilée des
vérités du monde insensible tant qu’elle n’écoute pas et ne voit pas la lumière de la Révélation.

Et c’est là que réside la spécificité de la raison croyante et sa différence fondamentale avec la raison partagée par tous
les humains. Car la différenciation est beaucoup plus profonde qu’une simple question terminologique qui séparerait la
raison recevant de Dieu et stimulée par Ses recommandations de la raison instrumentale. Il ne s’agit nullement d’une
échelle de valeurs où l’une aurait plus ou moins de sagesse et de perspicacité que l’autre, mais la différence tient plutôt
d’une distinction quant à leurs natures respectives.

En effet, un vaste champ pour la réflexion et la méditation méthodique et logique s’offre à la raison instrumentale et
scientiste, et ce dans le cadre de tout ce qui se rapporte au cosmique. Mais dès lors que cette raison tente d’accéder au
suprasensoriel et de sonder ce qui est hors de sa perception et de ses limites, elle erre dans les océans philosophiques
et se perd dans les hypothèses et les spéculations.

Et ceci est inéluctable, à moins que la grâce de Dieu n’atteigne cette raison pour la ramener de ses horizons d’égarement
vers le seuil de la fitra[2], un état en lequel se retrouve sur le même pied d’égalité celui qui est resté sur sa condition
naturelle non corrompue par les parents ou la société, et le philosophe revenu de ses excursions intellectuelles et de
ses dissertations.

Le seuil de la fitra est tout simplement le besoin pour tout produit d’un artisan. Evidence parmi les évidences intuitives de
la raison humaine inaltérée, qui s’est soudain retrouvée remise en cause par l’approche philosophique moderne. Et c’est
alors que la raison instrumentale aveugle aux certitudes intuitives, accepte en toute stupidité qu’elle soit auto-créée !

Darwin, le philosophe naturaliste, a vu sa théorie s’élaborer et sa doctrine se consolider dans son esprit lorsqu’il a visité
les îles Galápagos et qu’il y a été le disciple d’une nature isolée du continent pendant des millions d’années. Cette
nature a alors développé un mode de vie qui a su préserver l’existence de sa faune et de sa flore. Un développement
autonome selon sa prétention et son aveuglement.

Des iguanes terrestres se seraient alors dotés, par étapes et par leurs propres moyens, de deux larges poumons pour
atteindre les fonds marins et ainsi avoir accès aux herbes marines quand les herbes terrestres se sont faites rares.

Sur de longues périodes successives, la tortue géante, reine des Galápagos, aurait développé un style de vie et des
moyens de survie compatibles avec son milieu naturel. Les îles ont alors porté le nom de la tortue, Galápago en
espagnol signifiant tortue. Elle se serait confectionnée au fil des générations un long cou pour atteindre les branches
des arbustes qui habituellement étaient hors de sa portée.

Et voilà que Darwin grimpe sur le dos de la tortue enseignante ! C’est alors que s’est dévoilée à lui la théorie de l’évolution
qu’il exposa publiquement. Il a questionné les continents, les plaines et les montagnes, les terres arides ou peuplées. Il
lui a alors semblé que la loi de l’évolution était générale dans la nature. Nature qui, selon sa théorie, se produit par ellemême
et développe pour ses membres des organes compatibles avec leur milieu évolutif.

Ce principe valait pour les reptiles et les tortues des îles Galápagos, pour les insectes du désert et les poissons de la
mer. Cela concernait aussi le singe qui a évolué par la seule force de sa volonté, d’âge en âge, jusqu’à se tenir debout et
utiliser des outils de pierre. Puis, il aurait développé son mental, élargit son crâne, augmenté le poids de son cerveau.
Son intelligence se serait affinée. Il aurait raffiné son caractère, se serait épilé le corps, aurait ajusté son nez et
arrangé son aspect. Il aurait parlé le langage des signes, puis aurait réussi à prononcer des paroles après s’être
exprimé par grognements instinctifs. Ensuite il aurait élaboré un langage puis plusieurs langues pour poser par la suite
les bases de la science et de la philosophie.

Et c’est ainsi que la raison instrumentale philosophe se perd dans une logique creuse et tourne en rond après que ses
accès se soient fermés, que ses voies se soient obstruées, que ses yeux se soient aveuglés, que ses oreilles se soient
assourdies en refusant l’enseignement de la Révélation.

D'après l'ouvrage "Mihnat al-'Aql al-Muslim Bayna Syâdat al-Wahy Wa Saytarat al-Hawâ", Abdessalam Yassine

A suivre ...









-----------------------------------------------------------------------------------------

[1] Dans la philosophie antique, notamment celle des stoïciens, la raison en tant que divinité, source de toute pensée est
appelée logos.

[2] Expression générique de l’islam pouvant être plus ou moins traduite par prime nature, innéité de l’Homme,
spontanéité que n’a pas déformée l’altération, nature primordiale, norme primordiale, foi originelle, condition naturelle,
croyance originelle, aspiration naturelle vers Dieu, nature profonde de l’humain, élan naturelle du coeur vers son créateur,
souffle préexistant, …

M. Chodkiewicz pense à un « état d’enfance » propre à recevoir « l’illumination »

J. Berque la traduit par prime nature.

Blaise Pascal n’en est pas loin dans une pensée présente dans le tome I de ses « Pensées » :

« Ceux qui croient sans avoir lu les testaments, c’est parce qu’ils ont une disposition intérieure toute simple, et que ce
qu’ils entendent dire de la religion y est conforme. Ils sentent qu’un Dieu les a faits….»
[/b]

Posté : 05 déc.05, 01:49
par Le Serpent
J'aime beaucoup l'image du savant rationnel qui grimpe sur le dos de la tortue savante pour recevoir son enseignement... si tu le permets, je la replacerai dans un prochain mythe. ;)

Posté : 05 déc.05, 01:55
par patlek
Ce qui m' épate, c' est que la foi est forcément vrai (bien que sans fondement rationnel) et la raison a tort (alors qu' elle est dans la rationnalité!)

Avec ce type de d' idée, tu peux donner raison a n' importe quoi.

Posté : 05 déc.05, 03:04
par KarmaStuff
Tu nous présentes là un bel argumentaire... Mais dénué de Raison !

J'imagine que ce fil fera partie d'un 'n' ième débat entre le camp des "pour" et le camp des "contre", chacun amenant sa pierre à l'édifice.

Comment peut-on encore ignorer la Théorie de l'Evolution de nos jours, et s'en remettre à des livres écrits par les Hommes soit-disant inspirés par un 'dieu' ?
Des livres qui n'ont jamais permis d'en apprendre sur l'Univers, sur la formation de la Terre, sur l'essor de la vie, sur l'essor de l'Humanité...

Soit ces écrits restent dans le vague, soit ils font référence à des légendes qui n'apportent strictement rien à la connaissance absolue de la vérité...

Tu énumères d'émblée certaines étapes relatives à l'évolution afin d'aboutir à l'Espèce Humaine... Cependant, ce que tu oublies de dire, c'est que ces étapes se sont succédées durant des millions d'années, pas du jour au lendemain !

Et comme tu sembles le suggérer, notre ancêtre commun n'a pas 'désiré' développer son encéphal, sa morphologie ou élaborer le langage...
Il ne s'est pas dit : "Hé, les gars, et si on parlait maintenant ? Ca serait cool pour communiquer, non ?"

Ca s'est fait au fil du temps, petit à petit, sans qu'une quelconque 'conscience supérieure' ne s'en mêle... Cela s'est déroulé relativement à l'évolution, à des conditions spécifiques, à des contraintes particulières...

Je suis certain que mon intervention n'aura rien changé à tes opinions...

Pour moi, la tienne non plus ne me permet pas de trouver une explication au sein de l'idée du 'divin' religieux, création de l'Humanité, et je reste persuadé qu'aucun des 'livres sacrés' n'a jamais atteint ne serait-ce même un iota de la vérité, en tout cas en ce qui concerne l'Univers, sa formation, celle de la Terre, l'apparition de la vie ou de l'Humanité, donc de l'intelligence...

Intelligence qui elle est capable de répondre via une 'divinité' si bien définie sur des centaines de pages qui lui sont consacrées le pourquoi du comment de notre présence sur Terre...

La religion, c'est le chemin de la facilité, évitant de chercher des raisons légitimes et véritables par rapport à la réalité. Je dirais presque que c'est pathétique à notre époque...

Posté : 05 déc.05, 03:36
par Wiwi
Conclusion, la religion égale l’inculture du fidèle pour mieux le contrôler et lui faire avaler ce que l’on veut. C’est de l’aliénation mentale que de s’attaquer directement à la raison. La foi est un véritable fléau pour l’humanité ,car elle n’engendre que folie.

Posté : 05 déc.05, 05:17
par patlek
La religion entend etre une "vérité" intangible, et une affirmation sans aucune démonstration;: c' est le dogme "intouchable"

Hors; la raison c' est d' avoir une démonstration. Une affirmation sans aucune démonstration, ou pire, sans aucune démonstration possible!!, c' est une affirmation douteuse; gratuite.

Mais le doute, c' est déjà commencer a ébranler l' édifice (et qui est bien plus fragile qu' il n' y parait), donc, le doute est déjà un blasphéme, surtout que si la raison continu de demander une démonstration qu'il est totalement impossible d' apporter, ou pire encore!: si la raison commence a démonter le dogme, la religion se découvre faible, et sans aucun argument (et çà, elle déteste!, il lui reste plus qu' a ressortir la vieille corde (usée comme c' est pas possible): la menace d' un au delà cauchemardesque, sauf que la raison balaye cette menace d' un revers de manche.

Posté : 05 déc.05, 05:24
par LumendeLumine
Pour le chrétien, la foi est une lumière pour la raison, et la raison, une lumière pour la foi. Il s'agit de deux phares sur le réel; ainsi, puisqu'ils éclairent tous les deux la même chose (le réel), ils ne sauraient se contredire mais bien se compléter.

Autrement, il faudrait croire qu'il existe deux réalités, ce qui est absurde.

En effet, il doit n'exister qu'une seule réalité car le réel est tout simplement ce qui est, et il n'y a aucune différence possible entre "être" et "être".

Ainsi, être étant être, le réel est donc le réel et rien d'autre que lui-même. Il ne saurait y avoir deux "réels" puisque rien ne les différencierait.

Or pour le croyant, la foi lui vient du fondement même du Réel, Dieu: elle établit une confiance (fides) et l'ouvre à la plénitude du bonheur en Lui. Son regard s'en trouve tout transformé et il est plus à même de comprendre la réalité intime des choses à travers sa connaissance (imparfaite) du Créateur. Sa raison, qui regarde dans la même direction, peut lui confirmer ce que la foi lui a appris et approfondir ses connaissances techniques et scientifiques.

Pour tenir avec wiwi que la foi soit un obstacle à la liberté, il faudrait qu'elle soit un obstacle à la connaissance. Or connaître, c'est posséder, d'une certaine manière, la réalité. Or le but même de la foi est de posséder, en quelque manière, le fondement ultime du Réel qui est Dieu lui-même. Donc la foi vise, indirectement, à une connaissance transcendante et ultime de la même réalité que celle qu'explore la raison. Il n'y a donc pas contradiction mais entraide mutuelle entre les deux.

Posté : 05 déc.05, 06:32
par Wiwi
LumendeLumine a écrit :Pour tenir avec wiwi que la foi soit un obstacle à la liberté, il faudrait qu'elle soit un obstacle à la connaissance. Or connaître, c'est posséder, d'une certaine manière, la réalité. Or le but même de la foi est de posséder, en quelque manière, le fondement ultime du Réel qui est Dieu lui-même. Donc la foi vise, indirectement, à une connaissance transcendante et ultime de la même réalité que celle qu'explore la raison. Il n'y a donc pas contradiction mais entraide mutuelle entre les deux.
D’abord, je n’ai jamais dis que la foi est un obstacle à la liberté. Tu es libre de croire en une Déesse de l’amour si cela te fait plaisir ou en n’importe quoi d’autre, tant que tu es conscient de ton dévouement.

Sinon, connaître ne veut pas dire posséder la réalité. Tu connais les schtroumpfs ou le père noël, mais ce n’est pas pour autant qu’ils existent. Je t’arrête donc dans ta suite logique.

Re: La raison humaine: entre indépendance et soumission à Di

Posté : 05 déc.05, 06:35
par Falenn
muqtahim a écrit :Existe-t-il quelque différence entre un intellect adhérant à la Révélation et un autre qui évacue d’emblée toute référence au Créateur, qui s’abreuve d’une source purement terrestre, qui appréhende le monde avec un regard d’emprunt, qui recoure systématiquement à la preuve scientifique, et dont les veines sont irriguées de courants philosophiques évolutionnistes.
Ils font preuve, tous deux, d'a priori.
Toute croyance qui s'oppose à la logique est erronée.
Encore faut-il être capable de logique.
La réflexion qui n'inclue pas de supposition, d'hypothèse, et donc d'imaginaire est limitée.

Posté : 05 déc.05, 06:48
par LumendeLumine
Wiwi a écrit :Sinon, connaître ne veut pas dire posséder la réalité. Tu connais les schtroumpfs ou le père noël, mais ce n’est pas pour autant qu’ils existent. Je t’arrête donc dans ta suite logique.
Les schtroumpfs sont une réalité dans une certaine mesure (sur le papier), et il est évident que quand on dit "je connais les schtroumpfs", on sous-entend qu'ils n'existent pas tels qu'ils sont décrits dans les histoires, mais qu'ils n'existent qu'en tant qu'élément d'un univers fictif.

Si toutefois une personne ignorait que les schtroumpfs n'ont pas une réalité comme toi et moi, si on lui disait "je connais les schtroumpfs", elle serait conduite à penser qu'ils sont réels. Il faudrait lui préciser la nuance, ou bien, ayant acquis une certaine expérience, elle demanderait cette précision.

Si les schtroumpfs n'avaient strictement aucune réalité, alors il serait impossible d'en parler.

Quand on dit que quelqu'un a beaucoup de connaissances, on veut dire qu'il connaît bien la réalité, en profondeur.
Wiwi a écrit :D’abord, je n’ai jamais dis que la foi est un obstacle à la liberté.
Si:
...C’est de l’aliénation mentale (...) La foi est un véritable fléau pour l’humanité ,car elle n’engendre que folie.
L'ignorance et l'erreur sont de graves obstacles à liberté.