L'athéisme est-il possible ?
Posté : 12 janv.04, 09:28
Il n'est pas facile de traiter un sujet comme l'athéisme. Un peu de vocabulaire au départ ne peut pas faire de tort à personne. Le dictionnaire, lorsqu'il parle de Dieu, utilise des mots comme théisme, déisme, athéisme, antithéisme, agnosticisme. Vérifions le sens de chacun de ces mots usuels.
Le théisme (du grec theos) est la doctrine qui admet l'existence d'un Dieu unique et personnel comme cause transcendante du monde. Il ne faut pas confondre ce mot avec le mot déisme, qui vient du latin deus, doctrine, très répandue au XV111e siècle, qui admet l'existence de Dieu, d'un être suprême aux attributs indéterminés. Cette doctrine ne fait référence à aucun dogme ni à aucune révélation.
L'athéisme, son contraire, est la doctrine qui nie l'existence de Dieu. L'antithéisme, appelé aussi antichristianisme, se manifeste chez certains philosophes, par une attaque en règle contre la doctrine chrétienne. Enfin, quant à l'agnosticisme, (du grec a, privation, et gnôsis, connaissance), c'est une doctrine selon laquelle ce qui dépasse les apparences sensibles est inconnaissable. L'agnostique c'est celui qui ne croit pas au surnaturel, à Dieu ou toutes manifestations du divin.
L'athéisme a pris plusieurs formes dans l'histoire. Les athées, peu importe la façon dont ils professent leur doctrine, ont tous cependant un point en commun: ils n'admettent pas l'existence de Dieu. Il est donc possible de nier Dieu de plusieurs manières. Traditionnellement, on a retenu cinq catégories d'athées. Examinons cela de plus près.
1. L'athéisme pratique
L'athéisme pratique s'exprime dans l'homme qui vit sa vie sans se soucier des lois de Dieu, et se comporte comme si Dieu n'existait pas. Il ne part pas en guerre contre Dieu il ne nie pas ouvertement son existence, mais il vit comme si Dieu n'existait tout simplement pas.
2. L'athéisme logique
L'athéisme logique déclare positivement l'existence de Dieu, mais il le décrit de telle sorte qu'il rend Dieu impossible. La conception que les partisans de cette doctrine donnent de Dieu les conduisent directement à l'athéisme .L'athéisme logique conduit au panthéisme, doctrine qui affirme que l'univers est divin. Conclusion: si tout dans le monde est Dieu, si le monde est divin, Dieu est forcément lié aux imperfections qu'il y a dans le monde. Dieu serait donc un Être imparfait, donc il ne serait pas Dieu. Bref, le panthéisme conduit toujours à l'athéisme.
3. L'agnosticisme
L'agnosticisme prétend que Dieu est inconnaissable. Il ne sert à rien de se mettre en quête ou en recherche de Dieu, il est et il sera toujours inaccessible à nos pauvres intelligences humaines. Certains, un peu moins radicaux, disent qu'on peut avoir une certaine connaissance de Dieu, mais qu'on est incapable d'avoir la certitude de Son existence.
Les conclusions de l'agnosticisme et de l'athéisme sont cependant les mêmes: il ne sert à rien de rendre un culte à Dieu, car on est incapable d'en prouver l'existence; il ne sert à rien de se soumettre à une loi morale qui aurait comme auteur l'Être suprême, car on n'est pas certain que cet être-là existe. Bref, l'agnosticisme arrive aux mêmes conclusions que l'athéisme: l'être humain n'a aucune obligation à l'égard d'un Être suprême qui est non existant ou inconnaissable.
Sous un aspect particulier, on peut parler aussi d'une autre forme d'agnosticisme, issue de la Réforme protestante, et qui enseigne que nous ne pouvons pas démontrer l'existence de Dieu à partir d'arguments rationnels. L'incapacité à démontrer l'existence de Dieu par la raison est remplacée par la sensation de son besoin pour équilibrer nos vies. Luther, et plus tard le philosophe Emmanuel Kant ont soutenu cette théorie. La preuve de l'existence de Dieu est basée sur le besoin, le sentiment ou l'émotion que nous éprouvons face à Lui. Le danger est là de faire dépendre l'existence de Dieu de sentiments qui peuvent changer constamment dans les situations variées de l'existence de chacun.
4. L'athéisme philosophique
Les trois premiers types d'athéisme sont plutôt d'espèce négative. Les autres qui suivent réfèrent à une doctrine positive. L'athéisme positif professe et enseigne ouvertement la non-existence de Dieu. Il enseigne que ceux qui adhèrent à la doctrine de l'existence de Dieu sont victime d'une supercherie, d'une grave illusion, car Dieu est tout simplement un mythe pour dominer l'homme. Dans cette lignée de pensée, on retrouve tous les propagandistes de l'athéisme pur, à partir de Démocrite chez les Grecs jusqu'à Karl Marx.
5. L'athéisme moral et humaniste
L'athéisme moral et humaniste vise moins à nier Dieu qu'à affirmer dans toute sa dignité la liberté humaine. C'est la thèse soulevée par le marxiste dialectique. Dieu ne peut pas exister, parce que son existence rendrait impossible l'action de l'homme.
C'est dans cette foulée que s'inscrit une certaine forme d'athéisme que l'on rencontre dans notre monde contemporain. On parle alors de l'athéisme méthodologique. C'est l'athéisme professé par un certain nombre de scientifiques, qui posent au préalable la non-existence de dieu dans l'exercice de leur travail. Cette méthode pose, comme l'affirmait le physicien et mathématicien Laplace à une question posée à Napoléon, qu'on n'a pas besoin de Dieu comme hypothèse, pour régler le sort de l'univers. L'univers matériel donne l'explication du réel matériel. La science est l'explication et la seule explication sur le monde et sur l'homme. Tout le reste est superflu.
L'athéisme, sous plusieurs formes, pose donc que Dieu n'existe pas. Mais l'athéisme pose plus de questions qu'il ne donne de réponses. Nous avons déjà démontré la faiblesse de son argumentation en prouvant l'existence de Dieu. Il nous semble donc que l'athéisme positif - je ne parle pas évidemment de l'athéisme pratique - comme conviction doctrinale et idéologique me semble inadéquat pour l'intelligence, parce qu'il semble impossible à celle-ci d'avancer des preuves solides contre l'existence de Dieu.
Notons, en terminant, quelques contradictions au sujet de l'athéisme:
a) Si Dieu n'existe pas, comment expliquer l'ordre du monde ? L'athée doit l'attribuer à un hasard aveugle, à des forces cosmiques qui ne viennent de nulle part. Nous avons déjà démontré l'absurdité de cette doctrine.
b) Si Dieu n'existe pas, le monde est sans explication et forcément il n'y a pas de loi morale. L'Être suprême ou Dieu, ne peut pas être l'auteur cette loi morale. Sur quoi allons-nous fonder l'action humaine ? La réponse est évidente: sur chacun de nous qui décidons d'agir selon ce qui semble être le mieux pour nous... Si Dieu n'existe pas, chacun peut vivre comme bon lui semble. L'homme redevient la mesure de toutes choses.
c) Si Dieu n'existe pas, l'humanité vit depuis son origine sur un malentendu au sujet du sens et la destinée de l'homme. La vie est un farce. Il faut naître pour rien, vivre pour rien et mourir pour rien.
d) Si Dieu n'existe pas, l'espérance de l'homme est uniquement dans le bonheur terrestre. L'athée est en continuelle contradiction avec lui-même chaque fois qu'il se soumet aux diktats d'une loi morale qui vient de nulle part et qui l'empêche de vivre le seul et unique bonheur qu'il possède: celui qui s'inscrit dans le temps et que le temps lui enlèvera.
e) L'athéisme ne peut pas ne pas admettre le principe de causalité. Il structure la vie humaine du matin au soir. S'il se conforme au principe de causalité, il doit forcément en arriver à admettre l'existence de Dieu, cause première du monde. Car en remontant d'effets en effets, il arrivera, comme tout le monde, à une Cause première. Par contre, si l'athée nie le principe de causalité - on peut tout nier et tout affirmer dans la vie - il ne peut logiquement en arriver à nous dire les causes de sa propre croyance,qui est celle de ne rien croire.... Car il faudrait bien en donner la cause, ce qu'il nie être possible dès le départ.
Au sujet de l'athéisme Blaise Pascal avait déjà dit : « Athéisme marque de force de l'esprit, mais jusqu'à un certain degré seulement.» (Pensées, III, 225) Il y a dans l'athéisme trop de contradictions. Il faut avoir le courage de les mettre à jour, pas dans le but de débâtir la doctrine elle-même, mais afin d'en arriver à poser logiquement la véritable question. Le problème bien posé, la même réponse peut se présenter. Il ne s'agit pas de chercher à convaincre. Il s'agit plutôt d'utiliser une méthode qui interroge correctement. Il faut laisser à la conscience de chacun le soin de vivre avec ses conclusions.
Le théisme (du grec theos) est la doctrine qui admet l'existence d'un Dieu unique et personnel comme cause transcendante du monde. Il ne faut pas confondre ce mot avec le mot déisme, qui vient du latin deus, doctrine, très répandue au XV111e siècle, qui admet l'existence de Dieu, d'un être suprême aux attributs indéterminés. Cette doctrine ne fait référence à aucun dogme ni à aucune révélation.
L'athéisme, son contraire, est la doctrine qui nie l'existence de Dieu. L'antithéisme, appelé aussi antichristianisme, se manifeste chez certains philosophes, par une attaque en règle contre la doctrine chrétienne. Enfin, quant à l'agnosticisme, (du grec a, privation, et gnôsis, connaissance), c'est une doctrine selon laquelle ce qui dépasse les apparences sensibles est inconnaissable. L'agnostique c'est celui qui ne croit pas au surnaturel, à Dieu ou toutes manifestations du divin.
L'athéisme a pris plusieurs formes dans l'histoire. Les athées, peu importe la façon dont ils professent leur doctrine, ont tous cependant un point en commun: ils n'admettent pas l'existence de Dieu. Il est donc possible de nier Dieu de plusieurs manières. Traditionnellement, on a retenu cinq catégories d'athées. Examinons cela de plus près.
1. L'athéisme pratique
L'athéisme pratique s'exprime dans l'homme qui vit sa vie sans se soucier des lois de Dieu, et se comporte comme si Dieu n'existait pas. Il ne part pas en guerre contre Dieu il ne nie pas ouvertement son existence, mais il vit comme si Dieu n'existait tout simplement pas.
2. L'athéisme logique
L'athéisme logique déclare positivement l'existence de Dieu, mais il le décrit de telle sorte qu'il rend Dieu impossible. La conception que les partisans de cette doctrine donnent de Dieu les conduisent directement à l'athéisme .L'athéisme logique conduit au panthéisme, doctrine qui affirme que l'univers est divin. Conclusion: si tout dans le monde est Dieu, si le monde est divin, Dieu est forcément lié aux imperfections qu'il y a dans le monde. Dieu serait donc un Être imparfait, donc il ne serait pas Dieu. Bref, le panthéisme conduit toujours à l'athéisme.
3. L'agnosticisme
L'agnosticisme prétend que Dieu est inconnaissable. Il ne sert à rien de se mettre en quête ou en recherche de Dieu, il est et il sera toujours inaccessible à nos pauvres intelligences humaines. Certains, un peu moins radicaux, disent qu'on peut avoir une certaine connaissance de Dieu, mais qu'on est incapable d'avoir la certitude de Son existence.
Les conclusions de l'agnosticisme et de l'athéisme sont cependant les mêmes: il ne sert à rien de rendre un culte à Dieu, car on est incapable d'en prouver l'existence; il ne sert à rien de se soumettre à une loi morale qui aurait comme auteur l'Être suprême, car on n'est pas certain que cet être-là existe. Bref, l'agnosticisme arrive aux mêmes conclusions que l'athéisme: l'être humain n'a aucune obligation à l'égard d'un Être suprême qui est non existant ou inconnaissable.
Sous un aspect particulier, on peut parler aussi d'une autre forme d'agnosticisme, issue de la Réforme protestante, et qui enseigne que nous ne pouvons pas démontrer l'existence de Dieu à partir d'arguments rationnels. L'incapacité à démontrer l'existence de Dieu par la raison est remplacée par la sensation de son besoin pour équilibrer nos vies. Luther, et plus tard le philosophe Emmanuel Kant ont soutenu cette théorie. La preuve de l'existence de Dieu est basée sur le besoin, le sentiment ou l'émotion que nous éprouvons face à Lui. Le danger est là de faire dépendre l'existence de Dieu de sentiments qui peuvent changer constamment dans les situations variées de l'existence de chacun.
4. L'athéisme philosophique
Les trois premiers types d'athéisme sont plutôt d'espèce négative. Les autres qui suivent réfèrent à une doctrine positive. L'athéisme positif professe et enseigne ouvertement la non-existence de Dieu. Il enseigne que ceux qui adhèrent à la doctrine de l'existence de Dieu sont victime d'une supercherie, d'une grave illusion, car Dieu est tout simplement un mythe pour dominer l'homme. Dans cette lignée de pensée, on retrouve tous les propagandistes de l'athéisme pur, à partir de Démocrite chez les Grecs jusqu'à Karl Marx.
5. L'athéisme moral et humaniste
L'athéisme moral et humaniste vise moins à nier Dieu qu'à affirmer dans toute sa dignité la liberté humaine. C'est la thèse soulevée par le marxiste dialectique. Dieu ne peut pas exister, parce que son existence rendrait impossible l'action de l'homme.
C'est dans cette foulée que s'inscrit une certaine forme d'athéisme que l'on rencontre dans notre monde contemporain. On parle alors de l'athéisme méthodologique. C'est l'athéisme professé par un certain nombre de scientifiques, qui posent au préalable la non-existence de dieu dans l'exercice de leur travail. Cette méthode pose, comme l'affirmait le physicien et mathématicien Laplace à une question posée à Napoléon, qu'on n'a pas besoin de Dieu comme hypothèse, pour régler le sort de l'univers. L'univers matériel donne l'explication du réel matériel. La science est l'explication et la seule explication sur le monde et sur l'homme. Tout le reste est superflu.
L'athéisme, sous plusieurs formes, pose donc que Dieu n'existe pas. Mais l'athéisme pose plus de questions qu'il ne donne de réponses. Nous avons déjà démontré la faiblesse de son argumentation en prouvant l'existence de Dieu. Il nous semble donc que l'athéisme positif - je ne parle pas évidemment de l'athéisme pratique - comme conviction doctrinale et idéologique me semble inadéquat pour l'intelligence, parce qu'il semble impossible à celle-ci d'avancer des preuves solides contre l'existence de Dieu.
Notons, en terminant, quelques contradictions au sujet de l'athéisme:
a) Si Dieu n'existe pas, comment expliquer l'ordre du monde ? L'athée doit l'attribuer à un hasard aveugle, à des forces cosmiques qui ne viennent de nulle part. Nous avons déjà démontré l'absurdité de cette doctrine.
b) Si Dieu n'existe pas, le monde est sans explication et forcément il n'y a pas de loi morale. L'Être suprême ou Dieu, ne peut pas être l'auteur cette loi morale. Sur quoi allons-nous fonder l'action humaine ? La réponse est évidente: sur chacun de nous qui décidons d'agir selon ce qui semble être le mieux pour nous... Si Dieu n'existe pas, chacun peut vivre comme bon lui semble. L'homme redevient la mesure de toutes choses.
c) Si Dieu n'existe pas, l'humanité vit depuis son origine sur un malentendu au sujet du sens et la destinée de l'homme. La vie est un farce. Il faut naître pour rien, vivre pour rien et mourir pour rien.
d) Si Dieu n'existe pas, l'espérance de l'homme est uniquement dans le bonheur terrestre. L'athée est en continuelle contradiction avec lui-même chaque fois qu'il se soumet aux diktats d'une loi morale qui vient de nulle part et qui l'empêche de vivre le seul et unique bonheur qu'il possède: celui qui s'inscrit dans le temps et que le temps lui enlèvera.
e) L'athéisme ne peut pas ne pas admettre le principe de causalité. Il structure la vie humaine du matin au soir. S'il se conforme au principe de causalité, il doit forcément en arriver à admettre l'existence de Dieu, cause première du monde. Car en remontant d'effets en effets, il arrivera, comme tout le monde, à une Cause première. Par contre, si l'athée nie le principe de causalité - on peut tout nier et tout affirmer dans la vie - il ne peut logiquement en arriver à nous dire les causes de sa propre croyance,qui est celle de ne rien croire.... Car il faudrait bien en donner la cause, ce qu'il nie être possible dès le départ.
Au sujet de l'athéisme Blaise Pascal avait déjà dit : « Athéisme marque de force de l'esprit, mais jusqu'à un certain degré seulement.» (Pensées, III, 225) Il y a dans l'athéisme trop de contradictions. Il faut avoir le courage de les mettre à jour, pas dans le but de débâtir la doctrine elle-même, mais afin d'en arriver à poser logiquement la véritable question. Le problème bien posé, la même réponse peut se présenter. Il ne s'agit pas de chercher à convaincre. Il s'agit plutôt d'utiliser une méthode qui interroge correctement. Il faut laisser à la conscience de chacun le soin de vivre avec ses conclusions.