Les maquignons du prêt-à-penser : BHL et les autres
Posté : 07 janv.06, 11:27
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Les maquignons du prêt-à-penser : BHL et les autres
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de Leila Salem
Il était une fois en France des philosophes et des penseurs universels, Bourdieu , Deleuze, et d’autres qui, par la profondeur de leurs pensées ont apporté au monde des éléments de réflexion et des concepts novateurs ; ils ont formé, inventé et créé des concepts nouveaux qui leur ont survécus et qui sont actuellement enseignés dans les lycées et universités.
Malheureusement, depuis les années 80, la marchandisation de la pensée et sa médiatisation ont permis l’émergence d’une industrie nouvelle, celle de la pensée creuse et éphémère vendue par des maquignons du prêt-à-penser.
L’omniprésence médiatique de ces pseudo-intellectuels a eu pour effet de surmultiplier leur audience, d’appauvrir la pensée et le débat public et d’empêcher toute pensée critique « leur pensée est nulle... ils procèdent par gros concepts, aussi gros que des dents creuses, LA loi, LE pouvoir, LE maître, LE monde, LA rébellion, LA foi, etc. Ils peuvent faire ainsi des mélanges grotesques, des dualismes sommaires, la loi et le rebelle, le pouvoir et l’ange. En même temps, plus le contenu de pensée est faible, plus le penseur prend d’importance, plus le sujet d’énonciation se donne de l’importance par rapport aux énoncés vides » pour reprendre le texte de Gilles Deleuze à propos de ces nouveaux « penseurs ».
Parmi ces usurpateurs, Alain Finkielkraut, Alexandre Adler, Bernard Henri Levy et bien d’autres. A des années-lumière des penseurs universalistes, ces personnages développent des analyses simplistes, duales, biaisées et orientées par une logique communautariste. Manichéens jusqu’au bout des ongles, adeptes de la « croisade du bien contre le mal », ils travaillent pour une vulgarisation du « choc des civilisations » au sein de la société française. Le bien étant incarné, bien entendu, par l’Amérique, Israël et leurs défenseurs et le mal par tout ceux qui s’opposent à l’impérialisme et au sionisme en d’autres termes par « une ultragauche qui va des altermondialistes dévoyés aux islamo-progressistes, aux contempteurs du néolibéralisme « américano-sioniste » ou aux gens du monde diplomatique » comme le précise BHL.
Dans une grande partie de ses écrits et de ses prestations médiatiques, BHL accrédite la thèse d’un complot islamiste mondiale et présente une population arabe fanatique « Les talibans n’ont pas été seulement vaincus. Ils l’ont été sans combattre. Ils l’ont été piteusement, sans même un baroud d’honneur. Et l’image de ces combattants défaits, que, de Damas à Tunis, la rue arabe avait auréolés de tous les prestiges, l’image de ces Saladins qui étaient censés mettre l’Amérique à genoux et qui, au premier coup de feu, ont détalé comme des poulets, n’a pu que stupéfier ceux qui se reconnaissaient en eux. »
Dans son livre « Qui a tué Daniel Pearl ? », un livre formidablement bidonné, BHL distille son mépris de l’islam et sa haine du Pakistan et de Karachi en particulier. D’après BHL, ce pays « antisémite » et qui « hait » Israël ne peut-être que « la maison du Diable », « un pays drogué au fanatisme, dopé à la violence », « un enfer silencieux, plein de damnés vivants » avec ses « mollahs cauchemardesques » et Karachi est « un trou noir », rempli de « demi-morts », où les « derviches fanatiques aux cheveux longs et aux yeux furieux et injectés de sang » hurlent devant la « porte du Diable ». Le pakistanais est un « fanatique au sourire venimeux », au « regard fixe de tarentule », qui émet un « sifflement semblable à celui d’un serpent ». Quant au ministre pakistanais, il est « aimable à l’extrême », mais, au moment où il pense que BHL ne le regarde pas, « ses yeux lancent un éclair de férocité meurtrière ». Et BHL conclut que Daniel Pearl « est certainement, de ce point de vue, un martyre de l’antisémitisme moderne » .
Aujourd’hui BHL se polarise sur « une nouvelle judéophobie » arabo-musulmane. A t-il jeté aux oubliettes ses vieux griefs autour de Vichy et du nazisme ?
Il n’ y a pas si longtemps, BHL affirmait dans son livre « l’idéologie française » que les origines et racines du fascisme sont françaises et ne sont ni italiennes ni allemandes, ni autres ; c’est « un langage qui est, à la lettre, structuré comme un inconscient » et loge « au cœur de l’identité française » écrivait-il. Il a demandé à la gauche française de déconstruire le mythe d’un peuple français opprimé, héroïque et résistant, de rejeter la Nation et la Révolution française et de faire une lecture différente de son histoire et de l’histoire de la France. Il a expliqué que le fascisme en général et l’antisémitisme en particulier parlent français et que le peuple français était à l’aise dans ses chaussons de l’antisémitisme et de la collaboration aussi bien à droite qu’à gauche et même au sein du communisme français « le pétainisme rouge » d’ailleurs le communisme « c’est une barbarie comme le nazisme » affirmait t-il.
Cette lecture de l’histoire française a fait réagir Raymond Aron qui répond dans un article publié dans l’Express « Que leur (juifs de France) dit ce livre (L’Idéologie française, de BHL), Que le péril est partout, que l’idéologie française les condamne à un combat de chaque instant contre un ennemi installé dans l’inconscient de millions de leurs concitoyens. (...) Il nous annonce la vérité pour que la nation française connaisse et surmonte son passé, il jette du sel sur toutes les plaies mal cicatrisées. Par son hystérie, il va nourrir l’hystérie d’une fraction de la communauté juive, déjà portée aux actes du délire œuvre d’intérêt public, écrivait en conclusion le compte rendu du « Nouvel Observateur ». Intérêt public ou danger public ? »
Hier, BHL a matraqué l’histoire française et a mis un signe d’égalité entre le peuple français et le fascisme ; aujourd’hui il rompt avec la tradition profonde juive pour laquelle l’islamophobie et le mépris arabe n’ont jamais été des passions et sombre dans un racisme primaire et grossièrement huntingtonien.
En réalité, derrière ce comportement débridé se cache une recherche identitaire renforcée par l’amour d’un pays suridéalisé et d’une religion rêvée comme l’explique Esther Benbessa. Si le personnage mythique Majnoun était fou de Leila, BHL est quant à lui Majnoun de l’ « idyllique » Israël. Son cœur est hermétiquement scellé et ne laisse pénétrer que l’amour de la dulcinée ; désormais, il n’entend que par elle et pour elle, ne voit que par elle et pour elle, ne parle que par elle et pour elle et ne lutte que par elle et pour elle.
Le problème de BHL, c’est qu’en plus de cette maladie d’amour passionnelle et obsessionnelle, il est atteint du délire de persécution. Il se voit avec sa bien aimée victimes sacrées d’un antisémitisme éternel varié et multiforme, logé dans l’inconscient de millions voire de milliards de non-juifs. Pour chasser ce démon, le fou d’Israël a traversé le pays des « damnés vivants » au « péril de sa vie ». Aujourd’hui, il est parti, seul, en Amérique sur les traces de Tocqueville nous raconte t-il mais « à la réflexion, on finit par comprendre que le sujet réel de BHL n’est pas l’Amérique » ; la raison est toujours la même : la chasse au démon. Dans ses délires paranoïaques, BHL voit le péril partout : l’antiaméricanisme, l’anti-impérialisme, l’anti-néolibéralisme et la critique des médias ne seraient que des versions de l’antisémitisme « l’antiaméricanisme constitue l’un des fonds communs d’une certaine gauche et d’une certaine extrême droite », à ce « fonds commun » , à ce « socialisme des imbéciles », on retrouve la lutte contre la mondialisation néolibérale en général et les actions de M. José Bové en particulier » estime BHL [4].
Le commun des mortels atteint du délire paranoïaque est hospitalisé même contre son gré ; apparemment l’intellectuel le plus médiatique de France échappe à cette règle. Normal, BHL est riche, très riche et dispose d’ un réseau complexe, fait d’amitiés réelles, de rapports professionnels, de relations d’intérêt, de convictions partagées etc... .
BHL est l’héritier d’une immense fortune familiale. Son père, André Lévy a fondé La Becob, une société d’importation de bois africains qui fut rachetée par le groupe Pinault-Printemps-Redoute en 1997.
Des intérêts réciproques ont rapproché deux hommes : BHL intellectuel, « gauchiste » et pourfendeur du fascisme et François Pinault, un homme puissant, sans diplôme, sans lignage, avec un passé douteux et des ex-amis issus des milieux d’extrême droite.
François Pinault, qui avait déjà renforcé ses relations dans les milieux de droite, a pu grâce à BHL pénétrer un milieu qui n’est pas sien, comme l’explique Philippe Cohen dans « BHL, une biographie » dont on peut lire un extrait publié dans l’Express. BHL lui a servi de relais médiatique et ses multiples relations ont permis à l’industriel d’acquérir la Fnac et le Point, journal dont BHL est l’un des chroniqueurs réguliers. En retour, BHL a eu le plaisir de bénéficier de la compagnie d’un puissant industriel et de profiter de ses services.
François Pinault sait aussi exprimer sa gratitude, il contribue « généreusement » pour combler le déficit de SOS Racisme, dont BHL est parrain, facilite la venue et la rencontre des lecteurs dans sa librairie (la Fnac) avec Taslima Nasreen et Salman Rushdi auteurs adulés de BHL, diabolisation de l’islam oblige. En 1994, le capitaliste finance le film de BHL « Bosna ! » et en 1997, il s’associe à France Télévision pour produire l’un des plus grands bides du cinéma français « Le Jour et la nuit », un navet mémorable de BHL !
BHL a deux autres grands amis, Arnaud et Jean-Luc Lagardère. Cette amitié lui a ouvert divers horizons. En effet, le groupe Lagardère possède Hachette Livre, Hachette Filipacchi Médias (premier éditeur de presse magazine au monde avec plus de 200 titres), Hachette Distribution Services, Lagardère Active (audiovisuel et nouveaux médias). Il est propriétaire de Grasset, la maison où BHL est auteur et éditeur. Il possède les magazines Elle, France Dimanche, Ici Paris, Paris Match, Première, Télé 7 Jours, ..., les radios Europe 1 , Europe 2 , RFM, le réseau de distribution Virgin en France... Tous ces médias sont des tribunes ouvertes et des relais permanents offerts par les Lagardère à leur ami BHL.
Et bien évidemment BHL sait renvoyer l’ascenseur. En 1992, quand Jean-Luc Lagardère est mis en examen pour abus de biens sociaux, BHL utilise son Bloc Note du Point pour défendre son ami ; il dénonce la « surchauffe hystérique d’un discours » qui transforme en « escroc n’importe quel chef d’entreprise » conduisant ainsi à la « destruction des élites ». Même scénario en 2000, lorsque Jean-Luc Lagardère est à nouveau mis en examen, BHL fustige « la clameur populiste » de cette France « qui n’en finit pas d’accabler ses élites ». Le comble c’est en 2002 lorsque Lagardère Média (groupe Hachette), s’est porté candidat pour le rachat de Vivendi Universal Publishing ; BHL, qui ne s’est pas du tout inquiété des conséquences de la concentration éditoriale, est monté au créneau pour fustiger ceux qui accusent le groupe de vouloir dominer le marché de l’édition. Pire, il va jusqu’à reprendre dans son plaidoyer un argumentaire qu’Hachette a distribué à ses salariés pour diffuser des mensonges telles par exemple : l’ensemble Hachette-VUP ne représenterait qu’un tiers du marché global du livre francophone. En réalité, cette fusion permettrait à Hachette-VUP d’avoir 70% de la distribution du livre en France, 60 % de l’édition du livre de poche et plus de 80 % du livre scolaire ce qui lui rapporterait entre 42 à 50 % du chiffre d’affaire de l’édition sur le seul marché français.
Les amitiés de BHL ne se recrutent pas seulement parmi les grands patrons. Le journal Le Monde qui d’après BHL, « a trempé dans « l’Idéologie française » (fascisme français), qui en a même été l’un des laboratoires et qui a fini par en sortir au terme d’un travail sur soi dont l’histoire reste à faire mais dont on sait, d’ores et déjà, ce qu’il doit à son actuelle direction » est devenue une tribune et un relais permanents grâce à des soutiens sûrs tels Colombani, Plenel et Minc. Par ailleurs, Jean Marie Colombani et Edwy Plenel ont permis à BHL d’accéder à d’autres tribunes au sein des émissions « La rumeur du Monde » sur France Culture et « Le monde des idées » sur LCI dont ils sont animateurs respectifs.
Le nouvel Observateur est depuis longtemps un soutien régulier de BHL grâce à l’amitié entretenue avec Jean Daniel, cofondateur et directeur du Nouvel Observateur et à Françoise Giroud éditorialiste du même hebdomadaire.
Le carnet d’adresse de BHL est bien fourni. Annette Lévy-Willard à Libération ; Maurice Szafran, Guy Konopniki et Alexis Liebaert à Marianne ; Josiane Savigneau et Roger-Pol Droit au Le Monde des livres ; Paul Guilbert au Figaro. A cette liste d’amis on peut inclure Jean-Pierre Elkabbach , Georges-Marc Benamou, Philippe Sollers, Franz-Olivier Giesbert, Laure Adler, Jorge Semprun, Françoise Giroud, Jérôme Clément, Anne Sinclair, Tahar Ben Jelloun, Robert Menard, Pierre Lescure, Thierry Ardisson, Michel Drucker sur France 2, Karl Zéro sur Canal +, Claire Chazal, Patrick Poivre d’Arvor, sans oublier ses appuis à Gala, Voici, l’événement du jeudi, France Culture, les médias détenus par Hachette-Lagardère (Paris Match, Elle, Le Journal du dimanche, télé 7 jours, Europe1,...) etc.
Sans oublier Arte, dont il préside depuis 1993 le conseil de surveillance, le journal le Point, dont il est l’un des chroniqueurs réguliers et Grasset la maison d’édition où il est auteur et éditeur ; cette maison suit d’ailleurs à merveille la ligne de « l’imam » BHL et s’est spécialisée dans l’édition des livres qui vulgarisent « le choc des civilisations ».
Si BHL est fasciné par la puissance et les médias, il aime aussi le pouvoir et l’admire ; la fréquentation des hommes politiques lui confère une distinction, une certaine honorabilité. BHL peut-être de gauche ou de droite, c’est selon. Une flatterie, une petite reconnaissance et BHL est dans la poche : c’est l’intello rêvé du politique écrivent les deux auteurs du livre « Le B.A.BA du BHL ». Son rapport au pouvoir est si spécial que le sigle BHL a pris une connotation particulière « J’allais devenir le BHL de ces messieurs. » déclare l’historien Le Roy Ladurie agacé d’être choyé par Mitterrand et Giscard d’Estaing.
Ses amis de la vie politique sont nombreux et se recrutent à gauche comme à droite : Laurent Fabius, Dominique Strauss-Kahn, Julien Dray, Dominique de Villepin , Nicolas Sarkozy qu’il tutoie ([un Nicolas Sarkozy qui s’est construit un réseau médiatique colossal sans précédent dans la vie politique récente ] [5]) et la liste est longue.
BHL use et abuse de sa plume pour être un bon communicant et un porte parole de ces messieurs et il en reçoit à son tour des prébendes. En 1991 Jack Lang, à l’époque ministre de la culture, le nomme à la présidence de la commission d’avance sur recette (commission qui décide de l’attribution de l’aide accordée par le Ministère de la Culture au bénéfice des films français). En 1993 Alain Carignon le nomme à la tête du conseil de surveillance de la Sept-Arte. En 2002, Jacques Chirac et Lionel Jospin lui confient une mission d’enquête sur la reconstruction de l’Afghanistan.
Mais tout cela ne suffit pas, la star veut occuper toute la scène médiatico-politique. Ainsi, lors de la création de la spectaculaire association SOS-Racisme, BHL fut l’un des tout premiers à se précipiter pour proposer « spontanément » ses services. Le « philosophe » et Marek Halter ont joué un rôle décisif dans la médiatisation en profondeur de SOS. BHL parrain, puis initiateur de l’agence de presse SOS, a ouvert l’association sur d’autres mondes de la politique et a provoqué sa rencontre avec beaucoup d’intellectuels. Il était aussi l’éditorialiste vedette de Globe, un journal lancé par SOS-Racisme et dirigé par son ami Georges Benamou. Ce mensuel qui n’était qu’un relais aux idées présidentielles - « On y organisait des campagnes de communication directement décidées à l’Elysée » raconte un ancien collaborateur de Jacques Pilhan [6] - a permis à BHL de devenir un communicant à nul autre pareil de l’Elysée.
Et lorsque l’association clone de SOS-racisme, l’hyper médiatique association « ni putes ni soumises » fut créée, le promoteur BHL accourut et fit profiter l’association de ses réseaux et en particulier du magazine Elle (du groupe Lagardère). Le combat est « noble » : ne faut-il pas « libérer » la femme du « joug de l’homme arabe indigène brutal et barbare » ?
Si la première association a été un tapis rouge emprunté par le parti d’extrême droite pour passer de l’ombre à la lumière, la seconde a joué un rôle non négligeable dans la diabolisation des jeunes issus de l’immigration et a imputé le phénomène des viols collectifs à la "barbarie" supposée de ces jeunes, chose que le sociologue Laurent Mucchielli a réprouvé et il a pu démontrer, preuves à l’appui, que le phénomène du viol collectif n’est pas nouveau et qu’il n’est pas l’apanage des cités.
L’étude du cas BHL montre comment un groupuscule et un néo-réactionnaire liés par une connivence inaltérable ont réussi à s’emparer de la parole pour contrôler les pensées, les sentiments et les comportements des gens. Ce travail de sape a mis au panier des chercheurs, des intellectuels, des militants et des artistes pour donner la parole à des clowns de service qui font la promotion de la marchandisation du monde et poussent au crime en faisant l’apologie de la théorie de la guerre de civilisation.
BHL le retour
Sitôt de retour de son périple chez l’oncle Sam, le fou d’Israël, activera son réseau et tout le « système BHL » qui attend avec impatience le retour de sa marque déposée : BHL se mettra alors en route ; ensemble ils verseront dans la tête de la « masse imbécile » celle qui a pris goût à consommer des pensées toutes faites et n’a plus le temps de réfléchir à l’essentiel, l’œuvre « monumentale » du parano prodige déguisé cette fois-ci en Tocqueville.
Leila
P.S.
(1) Le B.A.BA du BHL, Jade Lindgaard, Xavier De La Porte, La découverte, 2004.
(2) L’idéologie française, BHL, Grasset, 1981
(3) Rassurante Amérique : BHL dans les pas de Tocqueville, David A. Westbrook, Esprit, Novembre 2005.
(4) BHL, une biographie, Philippe Cohen, Fayard, 01/2005
(5) Les nouveaux Chiens de garde, Sege Halimi, Raison D’Agir, 2005.
(6) Le scandale des "tournantes" : Dérives médiatique, contre-enquête sociologique, Laurent Mucchielli,La Découverte, 2005
Notes
tiré de Ce que nous avons appris depuis le 11 septembre, par Bernard-Henri Lévy, Le Monde, 21 décembre 2001.
Majnoun mot arabe qui signifie fou. Majnoun Leila est une légende rapportée sous forme d’un recueil de poèmes enivrants qui conte l’amour fou d’un couple mystique : Quais et Leila. Quais tomba amoureux de Leila et pour son grand malheur, il la chante et en faisant cela il la perd et il le sait. Quand Leila lui devint inaccessible, il s’exila au désert et vécut parmi les gazelles. Sur chaque roche, sur chaque grain de sable, Quais a inscrit le nom de sa Leila. Cette passion qui l’a dévoré, a supprimé chez lui toute trace de raison et l’a conduit à la folie puis à la mort.
Rassurante Amérique : BHL dans les pas de Tocqueville, David A. Westbrook, Esprit, Novembre 2005.
[4] Cf. Bernard-Henri Lévy, « Gare à l’antiaméricanisme » , Le Point, 10 septembre 1999
[5] Emission de Daniel Mermet du 15/12/05 avec Serge Halimi : http://w3.la-bas.org/rm/
[6] Jacques Pilhan, fut un publicitaire et l’ancien conseiller en communication du président François Mitterrand
De : Leila Salem
mercredi 4 janvier 2006
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Les maquignons du prêt-à-penser : BHL et les autres
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de Leila Salem
Il était une fois en France des philosophes et des penseurs universels, Bourdieu , Deleuze, et d’autres qui, par la profondeur de leurs pensées ont apporté au monde des éléments de réflexion et des concepts novateurs ; ils ont formé, inventé et créé des concepts nouveaux qui leur ont survécus et qui sont actuellement enseignés dans les lycées et universités.
Malheureusement, depuis les années 80, la marchandisation de la pensée et sa médiatisation ont permis l’émergence d’une industrie nouvelle, celle de la pensée creuse et éphémère vendue par des maquignons du prêt-à-penser.
L’omniprésence médiatique de ces pseudo-intellectuels a eu pour effet de surmultiplier leur audience, d’appauvrir la pensée et le débat public et d’empêcher toute pensée critique « leur pensée est nulle... ils procèdent par gros concepts, aussi gros que des dents creuses, LA loi, LE pouvoir, LE maître, LE monde, LA rébellion, LA foi, etc. Ils peuvent faire ainsi des mélanges grotesques, des dualismes sommaires, la loi et le rebelle, le pouvoir et l’ange. En même temps, plus le contenu de pensée est faible, plus le penseur prend d’importance, plus le sujet d’énonciation se donne de l’importance par rapport aux énoncés vides » pour reprendre le texte de Gilles Deleuze à propos de ces nouveaux « penseurs ».
Parmi ces usurpateurs, Alain Finkielkraut, Alexandre Adler, Bernard Henri Levy et bien d’autres. A des années-lumière des penseurs universalistes, ces personnages développent des analyses simplistes, duales, biaisées et orientées par une logique communautariste. Manichéens jusqu’au bout des ongles, adeptes de la « croisade du bien contre le mal », ils travaillent pour une vulgarisation du « choc des civilisations » au sein de la société française. Le bien étant incarné, bien entendu, par l’Amérique, Israël et leurs défenseurs et le mal par tout ceux qui s’opposent à l’impérialisme et au sionisme en d’autres termes par « une ultragauche qui va des altermondialistes dévoyés aux islamo-progressistes, aux contempteurs du néolibéralisme « américano-sioniste » ou aux gens du monde diplomatique » comme le précise BHL.
Dans une grande partie de ses écrits et de ses prestations médiatiques, BHL accrédite la thèse d’un complot islamiste mondiale et présente une population arabe fanatique « Les talibans n’ont pas été seulement vaincus. Ils l’ont été sans combattre. Ils l’ont été piteusement, sans même un baroud d’honneur. Et l’image de ces combattants défaits, que, de Damas à Tunis, la rue arabe avait auréolés de tous les prestiges, l’image de ces Saladins qui étaient censés mettre l’Amérique à genoux et qui, au premier coup de feu, ont détalé comme des poulets, n’a pu que stupéfier ceux qui se reconnaissaient en eux. »
Dans son livre « Qui a tué Daniel Pearl ? », un livre formidablement bidonné, BHL distille son mépris de l’islam et sa haine du Pakistan et de Karachi en particulier. D’après BHL, ce pays « antisémite » et qui « hait » Israël ne peut-être que « la maison du Diable », « un pays drogué au fanatisme, dopé à la violence », « un enfer silencieux, plein de damnés vivants » avec ses « mollahs cauchemardesques » et Karachi est « un trou noir », rempli de « demi-morts », où les « derviches fanatiques aux cheveux longs et aux yeux furieux et injectés de sang » hurlent devant la « porte du Diable ». Le pakistanais est un « fanatique au sourire venimeux », au « regard fixe de tarentule », qui émet un « sifflement semblable à celui d’un serpent ». Quant au ministre pakistanais, il est « aimable à l’extrême », mais, au moment où il pense que BHL ne le regarde pas, « ses yeux lancent un éclair de férocité meurtrière ». Et BHL conclut que Daniel Pearl « est certainement, de ce point de vue, un martyre de l’antisémitisme moderne » .
Aujourd’hui BHL se polarise sur « une nouvelle judéophobie » arabo-musulmane. A t-il jeté aux oubliettes ses vieux griefs autour de Vichy et du nazisme ?
Il n’ y a pas si longtemps, BHL affirmait dans son livre « l’idéologie française » que les origines et racines du fascisme sont françaises et ne sont ni italiennes ni allemandes, ni autres ; c’est « un langage qui est, à la lettre, structuré comme un inconscient » et loge « au cœur de l’identité française » écrivait-il. Il a demandé à la gauche française de déconstruire le mythe d’un peuple français opprimé, héroïque et résistant, de rejeter la Nation et la Révolution française et de faire une lecture différente de son histoire et de l’histoire de la France. Il a expliqué que le fascisme en général et l’antisémitisme en particulier parlent français et que le peuple français était à l’aise dans ses chaussons de l’antisémitisme et de la collaboration aussi bien à droite qu’à gauche et même au sein du communisme français « le pétainisme rouge » d’ailleurs le communisme « c’est une barbarie comme le nazisme » affirmait t-il.
Cette lecture de l’histoire française a fait réagir Raymond Aron qui répond dans un article publié dans l’Express « Que leur (juifs de France) dit ce livre (L’Idéologie française, de BHL), Que le péril est partout, que l’idéologie française les condamne à un combat de chaque instant contre un ennemi installé dans l’inconscient de millions de leurs concitoyens. (...) Il nous annonce la vérité pour que la nation française connaisse et surmonte son passé, il jette du sel sur toutes les plaies mal cicatrisées. Par son hystérie, il va nourrir l’hystérie d’une fraction de la communauté juive, déjà portée aux actes du délire œuvre d’intérêt public, écrivait en conclusion le compte rendu du « Nouvel Observateur ». Intérêt public ou danger public ? »
Hier, BHL a matraqué l’histoire française et a mis un signe d’égalité entre le peuple français et le fascisme ; aujourd’hui il rompt avec la tradition profonde juive pour laquelle l’islamophobie et le mépris arabe n’ont jamais été des passions et sombre dans un racisme primaire et grossièrement huntingtonien.
En réalité, derrière ce comportement débridé se cache une recherche identitaire renforcée par l’amour d’un pays suridéalisé et d’une religion rêvée comme l’explique Esther Benbessa. Si le personnage mythique Majnoun était fou de Leila, BHL est quant à lui Majnoun de l’ « idyllique » Israël. Son cœur est hermétiquement scellé et ne laisse pénétrer que l’amour de la dulcinée ; désormais, il n’entend que par elle et pour elle, ne voit que par elle et pour elle, ne parle que par elle et pour elle et ne lutte que par elle et pour elle.
Le problème de BHL, c’est qu’en plus de cette maladie d’amour passionnelle et obsessionnelle, il est atteint du délire de persécution. Il se voit avec sa bien aimée victimes sacrées d’un antisémitisme éternel varié et multiforme, logé dans l’inconscient de millions voire de milliards de non-juifs. Pour chasser ce démon, le fou d’Israël a traversé le pays des « damnés vivants » au « péril de sa vie ». Aujourd’hui, il est parti, seul, en Amérique sur les traces de Tocqueville nous raconte t-il mais « à la réflexion, on finit par comprendre que le sujet réel de BHL n’est pas l’Amérique » ; la raison est toujours la même : la chasse au démon. Dans ses délires paranoïaques, BHL voit le péril partout : l’antiaméricanisme, l’anti-impérialisme, l’anti-néolibéralisme et la critique des médias ne seraient que des versions de l’antisémitisme « l’antiaméricanisme constitue l’un des fonds communs d’une certaine gauche et d’une certaine extrême droite », à ce « fonds commun » , à ce « socialisme des imbéciles », on retrouve la lutte contre la mondialisation néolibérale en général et les actions de M. José Bové en particulier » estime BHL [4].
Le commun des mortels atteint du délire paranoïaque est hospitalisé même contre son gré ; apparemment l’intellectuel le plus médiatique de France échappe à cette règle. Normal, BHL est riche, très riche et dispose d’ un réseau complexe, fait d’amitiés réelles, de rapports professionnels, de relations d’intérêt, de convictions partagées etc... .
BHL est l’héritier d’une immense fortune familiale. Son père, André Lévy a fondé La Becob, une société d’importation de bois africains qui fut rachetée par le groupe Pinault-Printemps-Redoute en 1997.
Des intérêts réciproques ont rapproché deux hommes : BHL intellectuel, « gauchiste » et pourfendeur du fascisme et François Pinault, un homme puissant, sans diplôme, sans lignage, avec un passé douteux et des ex-amis issus des milieux d’extrême droite.
François Pinault, qui avait déjà renforcé ses relations dans les milieux de droite, a pu grâce à BHL pénétrer un milieu qui n’est pas sien, comme l’explique Philippe Cohen dans « BHL, une biographie » dont on peut lire un extrait publié dans l’Express. BHL lui a servi de relais médiatique et ses multiples relations ont permis à l’industriel d’acquérir la Fnac et le Point, journal dont BHL est l’un des chroniqueurs réguliers. En retour, BHL a eu le plaisir de bénéficier de la compagnie d’un puissant industriel et de profiter de ses services.
François Pinault sait aussi exprimer sa gratitude, il contribue « généreusement » pour combler le déficit de SOS Racisme, dont BHL est parrain, facilite la venue et la rencontre des lecteurs dans sa librairie (la Fnac) avec Taslima Nasreen et Salman Rushdi auteurs adulés de BHL, diabolisation de l’islam oblige. En 1994, le capitaliste finance le film de BHL « Bosna ! » et en 1997, il s’associe à France Télévision pour produire l’un des plus grands bides du cinéma français « Le Jour et la nuit », un navet mémorable de BHL !
BHL a deux autres grands amis, Arnaud et Jean-Luc Lagardère. Cette amitié lui a ouvert divers horizons. En effet, le groupe Lagardère possède Hachette Livre, Hachette Filipacchi Médias (premier éditeur de presse magazine au monde avec plus de 200 titres), Hachette Distribution Services, Lagardère Active (audiovisuel et nouveaux médias). Il est propriétaire de Grasset, la maison où BHL est auteur et éditeur. Il possède les magazines Elle, France Dimanche, Ici Paris, Paris Match, Première, Télé 7 Jours, ..., les radios Europe 1 , Europe 2 , RFM, le réseau de distribution Virgin en France... Tous ces médias sont des tribunes ouvertes et des relais permanents offerts par les Lagardère à leur ami BHL.
Et bien évidemment BHL sait renvoyer l’ascenseur. En 1992, quand Jean-Luc Lagardère est mis en examen pour abus de biens sociaux, BHL utilise son Bloc Note du Point pour défendre son ami ; il dénonce la « surchauffe hystérique d’un discours » qui transforme en « escroc n’importe quel chef d’entreprise » conduisant ainsi à la « destruction des élites ». Même scénario en 2000, lorsque Jean-Luc Lagardère est à nouveau mis en examen, BHL fustige « la clameur populiste » de cette France « qui n’en finit pas d’accabler ses élites ». Le comble c’est en 2002 lorsque Lagardère Média (groupe Hachette), s’est porté candidat pour le rachat de Vivendi Universal Publishing ; BHL, qui ne s’est pas du tout inquiété des conséquences de la concentration éditoriale, est monté au créneau pour fustiger ceux qui accusent le groupe de vouloir dominer le marché de l’édition. Pire, il va jusqu’à reprendre dans son plaidoyer un argumentaire qu’Hachette a distribué à ses salariés pour diffuser des mensonges telles par exemple : l’ensemble Hachette-VUP ne représenterait qu’un tiers du marché global du livre francophone. En réalité, cette fusion permettrait à Hachette-VUP d’avoir 70% de la distribution du livre en France, 60 % de l’édition du livre de poche et plus de 80 % du livre scolaire ce qui lui rapporterait entre 42 à 50 % du chiffre d’affaire de l’édition sur le seul marché français.
Les amitiés de BHL ne se recrutent pas seulement parmi les grands patrons. Le journal Le Monde qui d’après BHL, « a trempé dans « l’Idéologie française » (fascisme français), qui en a même été l’un des laboratoires et qui a fini par en sortir au terme d’un travail sur soi dont l’histoire reste à faire mais dont on sait, d’ores et déjà, ce qu’il doit à son actuelle direction » est devenue une tribune et un relais permanents grâce à des soutiens sûrs tels Colombani, Plenel et Minc. Par ailleurs, Jean Marie Colombani et Edwy Plenel ont permis à BHL d’accéder à d’autres tribunes au sein des émissions « La rumeur du Monde » sur France Culture et « Le monde des idées » sur LCI dont ils sont animateurs respectifs.
Le nouvel Observateur est depuis longtemps un soutien régulier de BHL grâce à l’amitié entretenue avec Jean Daniel, cofondateur et directeur du Nouvel Observateur et à Françoise Giroud éditorialiste du même hebdomadaire.
Le carnet d’adresse de BHL est bien fourni. Annette Lévy-Willard à Libération ; Maurice Szafran, Guy Konopniki et Alexis Liebaert à Marianne ; Josiane Savigneau et Roger-Pol Droit au Le Monde des livres ; Paul Guilbert au Figaro. A cette liste d’amis on peut inclure Jean-Pierre Elkabbach , Georges-Marc Benamou, Philippe Sollers, Franz-Olivier Giesbert, Laure Adler, Jorge Semprun, Françoise Giroud, Jérôme Clément, Anne Sinclair, Tahar Ben Jelloun, Robert Menard, Pierre Lescure, Thierry Ardisson, Michel Drucker sur France 2, Karl Zéro sur Canal +, Claire Chazal, Patrick Poivre d’Arvor, sans oublier ses appuis à Gala, Voici, l’événement du jeudi, France Culture, les médias détenus par Hachette-Lagardère (Paris Match, Elle, Le Journal du dimanche, télé 7 jours, Europe1,...) etc.
Sans oublier Arte, dont il préside depuis 1993 le conseil de surveillance, le journal le Point, dont il est l’un des chroniqueurs réguliers et Grasset la maison d’édition où il est auteur et éditeur ; cette maison suit d’ailleurs à merveille la ligne de « l’imam » BHL et s’est spécialisée dans l’édition des livres qui vulgarisent « le choc des civilisations ».
Si BHL est fasciné par la puissance et les médias, il aime aussi le pouvoir et l’admire ; la fréquentation des hommes politiques lui confère une distinction, une certaine honorabilité. BHL peut-être de gauche ou de droite, c’est selon. Une flatterie, une petite reconnaissance et BHL est dans la poche : c’est l’intello rêvé du politique écrivent les deux auteurs du livre « Le B.A.BA du BHL ». Son rapport au pouvoir est si spécial que le sigle BHL a pris une connotation particulière « J’allais devenir le BHL de ces messieurs. » déclare l’historien Le Roy Ladurie agacé d’être choyé par Mitterrand et Giscard d’Estaing.
Ses amis de la vie politique sont nombreux et se recrutent à gauche comme à droite : Laurent Fabius, Dominique Strauss-Kahn, Julien Dray, Dominique de Villepin , Nicolas Sarkozy qu’il tutoie ([un Nicolas Sarkozy qui s’est construit un réseau médiatique colossal sans précédent dans la vie politique récente ] [5]) et la liste est longue.
BHL use et abuse de sa plume pour être un bon communicant et un porte parole de ces messieurs et il en reçoit à son tour des prébendes. En 1991 Jack Lang, à l’époque ministre de la culture, le nomme à la présidence de la commission d’avance sur recette (commission qui décide de l’attribution de l’aide accordée par le Ministère de la Culture au bénéfice des films français). En 1993 Alain Carignon le nomme à la tête du conseil de surveillance de la Sept-Arte. En 2002, Jacques Chirac et Lionel Jospin lui confient une mission d’enquête sur la reconstruction de l’Afghanistan.
Mais tout cela ne suffit pas, la star veut occuper toute la scène médiatico-politique. Ainsi, lors de la création de la spectaculaire association SOS-Racisme, BHL fut l’un des tout premiers à se précipiter pour proposer « spontanément » ses services. Le « philosophe » et Marek Halter ont joué un rôle décisif dans la médiatisation en profondeur de SOS. BHL parrain, puis initiateur de l’agence de presse SOS, a ouvert l’association sur d’autres mondes de la politique et a provoqué sa rencontre avec beaucoup d’intellectuels. Il était aussi l’éditorialiste vedette de Globe, un journal lancé par SOS-Racisme et dirigé par son ami Georges Benamou. Ce mensuel qui n’était qu’un relais aux idées présidentielles - « On y organisait des campagnes de communication directement décidées à l’Elysée » raconte un ancien collaborateur de Jacques Pilhan [6] - a permis à BHL de devenir un communicant à nul autre pareil de l’Elysée.
Et lorsque l’association clone de SOS-racisme, l’hyper médiatique association « ni putes ni soumises » fut créée, le promoteur BHL accourut et fit profiter l’association de ses réseaux et en particulier du magazine Elle (du groupe Lagardère). Le combat est « noble » : ne faut-il pas « libérer » la femme du « joug de l’homme arabe indigène brutal et barbare » ?
Si la première association a été un tapis rouge emprunté par le parti d’extrême droite pour passer de l’ombre à la lumière, la seconde a joué un rôle non négligeable dans la diabolisation des jeunes issus de l’immigration et a imputé le phénomène des viols collectifs à la "barbarie" supposée de ces jeunes, chose que le sociologue Laurent Mucchielli a réprouvé et il a pu démontrer, preuves à l’appui, que le phénomène du viol collectif n’est pas nouveau et qu’il n’est pas l’apanage des cités.
L’étude du cas BHL montre comment un groupuscule et un néo-réactionnaire liés par une connivence inaltérable ont réussi à s’emparer de la parole pour contrôler les pensées, les sentiments et les comportements des gens. Ce travail de sape a mis au panier des chercheurs, des intellectuels, des militants et des artistes pour donner la parole à des clowns de service qui font la promotion de la marchandisation du monde et poussent au crime en faisant l’apologie de la théorie de la guerre de civilisation.
BHL le retour
Sitôt de retour de son périple chez l’oncle Sam, le fou d’Israël, activera son réseau et tout le « système BHL » qui attend avec impatience le retour de sa marque déposée : BHL se mettra alors en route ; ensemble ils verseront dans la tête de la « masse imbécile » celle qui a pris goût à consommer des pensées toutes faites et n’a plus le temps de réfléchir à l’essentiel, l’œuvre « monumentale » du parano prodige déguisé cette fois-ci en Tocqueville.
Leila
P.S.
(1) Le B.A.BA du BHL, Jade Lindgaard, Xavier De La Porte, La découverte, 2004.
(2) L’idéologie française, BHL, Grasset, 1981
(3) Rassurante Amérique : BHL dans les pas de Tocqueville, David A. Westbrook, Esprit, Novembre 2005.
(4) BHL, une biographie, Philippe Cohen, Fayard, 01/2005
(5) Les nouveaux Chiens de garde, Sege Halimi, Raison D’Agir, 2005.
(6) Le scandale des "tournantes" : Dérives médiatique, contre-enquête sociologique, Laurent Mucchielli,La Découverte, 2005
Notes
tiré de Ce que nous avons appris depuis le 11 septembre, par Bernard-Henri Lévy, Le Monde, 21 décembre 2001.
Majnoun mot arabe qui signifie fou. Majnoun Leila est une légende rapportée sous forme d’un recueil de poèmes enivrants qui conte l’amour fou d’un couple mystique : Quais et Leila. Quais tomba amoureux de Leila et pour son grand malheur, il la chante et en faisant cela il la perd et il le sait. Quand Leila lui devint inaccessible, il s’exila au désert et vécut parmi les gazelles. Sur chaque roche, sur chaque grain de sable, Quais a inscrit le nom de sa Leila. Cette passion qui l’a dévoré, a supprimé chez lui toute trace de raison et l’a conduit à la folie puis à la mort.
Rassurante Amérique : BHL dans les pas de Tocqueville, David A. Westbrook, Esprit, Novembre 2005.
[4] Cf. Bernard-Henri Lévy, « Gare à l’antiaméricanisme » , Le Point, 10 septembre 1999
[5] Emission de Daniel Mermet du 15/12/05 avec Serge Halimi : http://w3.la-bas.org/rm/
[6] Jacques Pilhan, fut un publicitaire et l’ancien conseiller en communication du président François Mitterrand
De : Leila Salem
mercredi 4 janvier 2006