LE SOUFISME ----------> CORAN ET SUNNA
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LE SOUFISME ----------> CORAN ET SUNNA
Ecrit le 11 févr.04, 11:07TEXTE NUMERO 1
Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux, Louanges et Paix sur notre bien aimé Prophète, Sa Famille et Ses Compagnons
Le Soufisme en Islam
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» Le Soufisme: Tassawwouf
I INTRODUCTION
DEFINITION, TERMINILOGIE ET ASPECTS HISTORIQUES
Salaf
TARIQA
La mauvaise compréhension des Temps Modernes
La Nécessité du développement des Sciences Islamiques après le Temps du Prophète (saw)
Les racines linguistiques du mot Tassawwouf
Le Prophète (saw) mentionne la condition du Cœur: La suprématie du Cœur sur tous les autres organes
I INTRODUCTION
Aujourd’hui, l’Islam est enseigné par des gens qui ne prennent pas soin de le pratiquer dans sa pureté ou de se purifier eux-mêmes dans leur pratique. Ceci, a été décrit dans plusieurs hadiths qui disent: «Ils ordonneront aux autres et ne feront pas attention à leur propre avertissement, et ils sont les pires.»
Telle ne fut pas la voie des Compagnons ni de Ahl al-Souffa au sujet desquels le verset suivant fut révélé:
"Résigne-toi à la compagnie de ceux qui évoquent leur Seigneur au début du jour et à sa fin dans l’espoir de voir un jour Son visage. Et, ne laisse pas tes yeux se détourner d’eux, désirant le luxe de ce bas-monde; et n’obéis pas à celui dont nous avons rendu le cœur inattentif à Notre Rappel, qui poursuit sa passion et dont le comportement est outrancier." (18:28)
Ceci ne fut pas non plus la voie d’Abou Bakr al-Siddiq, au sujet duquel Bakr ibn `Abd Allah dit: «Abou Bakr a la préséance sur vous non pas parce qu’il prie et jeûne beaucoup, mais à cause d’un secret qui a pris racine dans son cœur.» Ceci ne fut non plus la voie des Tabi`in dont Hassan al-Basri, Soufyan al-Thawri, et autres de la génération de soufis qui vinrent plus tard, les prirent pour modèles. Al Qoushayri rapporte que al-Jounayd dit: « Le tassawwouf n’est pas l’abondance de prières et de jeûnes, mais le vide de la poitrine et ne pas être sous l’emprise de son ego.» Ceci ne fut pas non plus la voie des Quatre Imams qui placèrent la renonciation (zouhd) et l’acquisition de la vraie peur d’Allah (wara) au-dessus de la simple pratique des obligations, tel l’Imam Ahmad qui composa deux livres avec ces deux qualités comme titres respectifs. Celui-ci plaça la connaissance des saints au-dessus de celle des savants, comme cela est montré par le rapport suivant de son élève Abou Bakr al-Marwazi:
J’entendis Fath ibn Abi al-Fath dire à Abou `Abd Allah (l’Imam Ahmad) durant sa dernière maladie: « invoque Allah pour nous afin qu’Il nous donne un bon khalifa (successeur) pour te succéder.» Il continua: « Qui devrons-nous consulter en matière de connaissance après toi ?» Ahmad répondit: « Consultez `Abd al-Wahhab.» Quelqu’un qui était présent me relata qu’il dit: «Mais, il n’a pas assez de connaissance» -- Abou `Abd Allah répliqua: « C’est un saint (innahou rajouloun salih ), et ainsi il lui est accordé du succès en exprimant la vérité.» [4]
Dans une célèbre fatwa citée dans les lignes qui vont suivre, le savant Chafi`i al-`Izz ibn `Abd al-Salam donne la même priorité au mystique ou connaisseur d’Allah (arifin) au-dessus des juristes. Le même accent est placé sur la perfection interne par l’Imam Malik dans son dire: «La Religion ne consiste pas en la connaissance de plusieurs narrations, mais en la lumière qu’Allah place dans la poitrine.» Et Ibn `ata' Allah cita Ibn `Arabi disant: «La Certitude (al-yaqin) ne dérive pas des évidences de la raison mais sort des profondeurs du cœur.»
Ceci est la raison pour laquelle plusieurs Imans mettèrent en garde contre la pure et simple soif du savoir aux dépends de l’éducation du «moi». L’Imam Ghazali abandonna les arènes du savoir au milieu d’une prestigieuse carrière, en vue de se consacrer à la purification du moi. C’est à l’issue de cette période qu’il rédigea son chef d’œuvre Ihya' `Ouloum al-din dans lequel il lance un avertissement à tous ceux qui réduisent la religion en l’étude pure et simple du fiqh ou jurisprudence.
Le même avertissement fut lancé par les plus grands des houffaz ou maîtres de hadiths de son temps et par l’un des premiers soufis, Soufyan al-Thawri (d. 161), à tous ceux qui prennent la narration de hadiths pour la religion, lorsqu’il dit: «Si le hadith était un bien il aurait disparu de même que toutes les bonnes choses ont disparu… Poursuivre l’étude du hadith ne fait pas partie de la préparation à la mort, mais c’est une maladie qui préoccupe les gens.»
Dhahabi cite cette parole et commente:
Par Allah, il a dit la vérité…Aujourd’hui, la recherche du savoir et du hadith ne signifie plus pour les savants l’obligation de s’y conformer, ce qui est le but du hadith. Il a raison lorsqu’il dit que poursuivre l’étude du hadith est autre que le hadith lui-même. [5]
Ce n’est pas pour le «hadith en soi», mais dans le but de vivre en conformité avec la Sunna du Prophète qui est synonyme de vivre en conformité avec le saint Coran – selon le hadith bien connu de `Aïcha concernant le caractère du Prophète – que les grands maîtres de la purification du moi renoncèrent à la simple poursuite de la science en tant que séduction mondaine, et préférèrent l’acquisition de l’ishan ou le caractère parfait. Un exemple est Abou Nasr Bishr al-Hafi (d.227), qui considéra l’étude du hadith comme une science conjecturelle en comparaison à la certitude qu’il acquit par la fréquentation de Foudayl ibn `Iyad (d.187). [6] Ainsi, les deux, l’ihsan et le processus qui y conduit sont connus sous le nom de tassawwouf, comme les pages suivantes le démontrent.
I) DEFINITION, TERMINILOGIE ET ASPECTS HISTORIQUES
Le Tassawwouf Parmi Les Salaf
Comme il est défini clairement dans le hadith rapporté par Sayyidina `Oumar au sujet de la rencontre de l’ange Gabriel avec le Prophète [7], appartenir à Ahl al-Sunna wa Jama`a ne se limite pas seulement aux règles de la foi. Cela entraîne l’adoption de principes qui conduisent à l’état d’ihsan ou la perfection de la croyance et de la pratique. Partant de là, le Groupe Sauvé suit l’une des nombreuses écoles de soulouk (éthique personnelle) en conformité avec les principes de la Chari`a et le `aza'im (les strictes applications) de la Sunna, ou les modes de conduite reflètent la complète détermination de plaire à son Créateur selon le modèle du Prophète . Ces écoles sont collectivement connues comme la science du tassawwouf ou la purification du soi.
Au cours du premier siècle de l’Hégire, la renonciation à ce bas-monde (zouhd) se développa comme une réaction à la vie mondaine de la société. Cette réaction prit ses racines dans l’ordre d’Allah à Son Vertueux Apôtre de purifier l’humanité: «Un Messager … pour leur réciter Tes versets, leur enseigner le Livre et la Sagesse, et les purifier» (2:129); «Nous avons envoyé parmi vous un Messager de chez-vous qui vous récite Nos versets, vous purifie, vous enseigne le Livre et la Sagesse » (2:151); «Allah a certainement fait une faveur aux croyants lorsqu’Il a envoyé chez eux un Messager qui venait d`eux, qui leur récite Ses versets, les purifie et leur enseigne le Livre et la Sagesse» (3:164); «Purifie-les, bénis-les, et prie pour eux. Certainement ta prière est une quiétude pour eux.» (9:103); «C’est Lui qui a envoyé… un Messager sorti d’eux qui leur récite Ses versets, les purifie et leur enseigne le Livre et la Sagesse» (62:2).
Les adeptes de cette voie s’attachèrent fermement au mode de vie Prophétique comme cela fut réflété dans la vie de ses compagnons et de leurs successeurs, dans les voies qu’ils employèrent pour purifier leur cœurs et leur caractère des mœurs blâmables et de s’inculquer, ainsi qu’à ceux qui furent autour d’eux, les mœurs et la stature morale de la meilleure créature de toute l’humanité, le Prophète Mouhammad, la paix et la bénédiction de Dieu sur lui. Les exemples de ces hommes-école de purification sont ceux cités par Abou Nou`aym et d’autres comme «Les Huit Ascétiques»: Amir ibn `Abd Qays, Abou Mouslim al-Khawlani, Ouways al-Qarani, al-Rabi’ Ibn Khouthaym, al-Aswad ibn Yazid, Masrouq, Soufyan al-Thawri, Hassan al-Basri, parmi tant d’autres.
Le pouvoir de tels saints et leurs bénéfices furent attestés par le Prophète lui-même, comme cela est attesté par les nombreux hadiths rapportés au sujet d’Ouways al-Qarani. L’Imam Ahmad en cite dans son livre al-Zouhd. Dans le récit suivant, le Prophète ordonne aux gens, de solliciter auprès d’Ouways s’ils le rencontrent, le pardon (d’Allah), et déclare que l’intercession d’Ouways fera entrer un nombre important de gens au Paradis:
Le Prophète dit: «Ouways ibn `Amir poindra sur vous avec l’assistance des gens du Yémen de la tribu de Mourad et Qaran. Il était lépreux et fut guéri, sauf une toute petite partie de son corps. Il a une mère dont il respecte scrupuleusement les droits. S’il fait un vœu à Allah, Allah l’accomplira. Si vous pouvez lui demander intercession pour votre pardon, faite-le.
Plusieurs personnes entreront au Paradis, à cause de l’intercession d’un certain homme de ma communauté, qu’il y a de personnes dans les tribus de Rabi' et Moudar, Al-Hassan al-Basri dit: «C'est Ouways al-Qarani.»[8]
A travers une graduelle évolution et comme une réaction contre l’emprise grandissante de l’appétit de la vie d’ici-bas, les Musulmans se ruèrent vers ces saints et leurs disciples jusqu’à ce que leur régiment s’acheva en école de pensée pratique et d’action morale dotée de sa prope structure de règles et de principes. Ceci devint la base utilisée par les maîtres Soufis pour guider les gens sur le droit chemin. En conséquence, le monde fut témoin du développement d’une variété d’écoles de purification de l’égo (tazkiyat an-nafs). La pensée Soufie, comme elle se répandit partout, servit de force dynamique dans la croissance et l’établissement de l’éducation Islamique. Cette spectaculaire avancée s’étendit à partir du premier siècle de l’Hégire, en parallèle avec les développements suivants:
Le développement des bases du fiqh (Loi et Jurisprudence), à travers les Quatre Imams;
Le développement des bases de l’aqida (doctrine) à travers al-Ach`ari et autres;
Le développement de la science du hadith (Les dires du Prophète), qui déboucha en six authentiques collections et d’innombrables autres;
Le développement des arts de nahw et balagha (La Langue et l’Ecriture Arabe).
TARIQA
Tariqa ou «chemin» est un terme dérivé du verset Coranique suivant:
«Et s’ils se maintiennent dans la bonne voie (tariqa), Nous les aurions abreuvés, certes d’une eau limpide (ou abondante)» (72:16 ).
Le sens de «voie» mentionné dans le verset ci-dessus est expliqué par le hadith du Prophète relaté par Boukhari et Mouslim, ordonnant aux musulmans de suivre sa Sunna et la Sunna de ses successeurs. Comme le mot tariqa dans le verset ci-haut mentionné, le sens de Sunna dans le hadith est «chemin» et «voie». Ainsi, tariqa devint un terme appliqué aux groupes de gens appartenant à l’école de pensée exercée par un maître ou “cheick”.
Quoique ces cheicks appliquèrent différentes méthodes dans l’enseignement à leurs disciples, le noyau de chaque discipline était identique. La situation n’était pas différente de ce que nous avons aujourd’hui dans les facultés de médecine ou de droit. L’approche des différentes facultés peut varier, mais le corps en droit, l’état d’art en médecine, reste essentiellement le même en tout lieu. Les étudiants diplômés de ces facultés portent chacun la marque de leur branche. Néanmoins, aucun n’est considéré inférieur à l’autre parce qu’il est le produit d’une faculté ou d’une autre; l’avocat n’est pas considéré supérieur au docteur ni le docteur à l’avocat.
Similairement, le disciple d’un cheick portera le cachet de son enseignement. En conséquence, les noms donnés aux différentes écoles Soufies diffèrent selon le nom et les perspectives de leurs fondateurs. Cette variation se manisfeste d’une façon plus concrète dans la méthode de dévotions surérrogatoires connue sous l’appellation de awrad, ahzab ou adhkar, utilisée comme la méthodologie pratique de la formation spirituelle. Ces différences cependant n’affectent pas les principes religieux. Dans les principes de base, les écoles Soufies sont essentiellement les mêmes, puisque basées sur l’essence de la religion, qui est uniforme.
Le groupe Soufi sous lequel chaque individu entreprit le chemin vers Allah était un itinéraire finement aiguisé qui établit les disciplines du progrès externe et interne dans la foi et la pratique religieuse. Suivant la pratique des Compagnons du Prophète qui fréquentaient régulièrement le groupe nommé Ahl al-Soufa («Les Gens du Banc»), les pratiquants de ce groupe menèrent une vie communautaire . Leurs habitations étaient les mosquées-écoles (zawiya), les forts frontaliers (ribat), et des maison-hôtes (khaniqa) où ils se réunissaient régulièrement lors d’occasions dédiées aux fêtes traditionnelles du calendrier musulman (‘id).
Ces structures avaient des institutions éducationelles ; par exemple les deux forts frontaliers (ribat) fondés par le savant Soufi `Abd Allah Ibn al-Moubarak en Merv, qui fonctionna pendant longtemps, et le Khaniqa baybarsiya du Caire. Cette école Soufie eu le grand savant de hadiths, Ibn Hajar al-Asqalani comme recteur et maître de conférence pendant les quarante dernières années de sa vie. Il assuma en même temps la fonction de juge principal en Syrie et en l’Egypte.
Les Soufis se réunissèrent également en associations informelles appelées souhba autour du cheick pour acquérir la connaissance, et en assemblée pour invoquer les noms d’Allah et réciter les adhkar (pluriel de dhikr, «le souvenir de Dieu») hérité de la Tradition Prophétique. Encore, une autre raison de leur regroupement était d’écouter les prêches inspirées et les exortations morales (wi’az). Les cheicks Soufis enseignèrent à leurs disciples à répondre activement à l’appel d’Allah et de Son Messager, de purifier leur cœur et leur âme de tous bas désirs incités par l’égo, de corriger toutes les croyances éronnées et de parfaire leur croyance en l’unicité d’Allah. On enseignait aux disciples à être honnête, loyal, digne de foi, patient dans la crainte d’Allah, à aimer son prochain, à dépendre que d’Allah et de s’en remettre à Lui tout au long de leur vie, et les autres moralités enseignées par l’Islam. Tout ceci fut accompli en s’attachant à la Sunna Prophétique. Les méthodes de souvenir d’Allah qu’ils inculquaient à leurs disciples furent les mêmes méthodes enseignées par le Prophète. De cette manière, ils propagèrent le caractère exemplaire du Prophète en paroles et en actions, pendant qu’ils encouragèrent les croyants à se consacrer à Allah de tout cœur. Le but de leur effort ne fut rien d’autre que d’obtenir la satisfaction d’Allah et de leur inspirer l’amour pour Son Prophète . En d’autres termes, ce qu’ils visaient était un état où Allah serait content d’eux comme ils l’étaient avec Lui.
Ces cheicks, par conséquent, furent des flambeaux qui dissipèrent les ténèbres de la voie du croyant aussi bien qu’ils illuminèrent les voies sur lesquelles la Umma pourrait bâtir la fondation d’une société idéale. Cet idéal était l’esprit de sacrifice et de dévouement qui caractérisait tous leurs efforts. Ces valeurs, imprégnaient l’entière fabrique sociale de l’Islam. Les couvents ou maisons-hôte (khaniqa), étaient établis dans le voisinage des pauvres offrant gratuitement de la nourriture et l’hospitalité. Ce fut aussi un lieu et un moyen de communion entre le pauvre et le riche, entre le blanc et le noir, entre l’arabe et non-arabe conformément aux dires du Prophète: “Il n’y a pas de différence entre un arabe et un non-arabe sauf dans les vertus.” Ces couvents furent des lieux de rencontres de toutes les races et de toutes les nationalités et des remèdes pour plusieurs maux sociaux.
En conséquence à de tels enseignements et formations, les disciples des cheicks Soufis, sortis de ces écoles, étaient pleinement capables de supporter les fardeaux et les torts de leurs contemporains dans leur effort à illuminer le chemin de la Vérité. En outre, à travers leur formation et auto-discipline, ils avaient développé le manifeste et la très ferme volonté de faire. Ces véritables et sincères savants et maîtres de tariqa ne laissèrent aucune pierre sans être tournée dans la conduite de leur jihad, un mot qui signifie à la fois la lutte physique contre les non-croyants et la lutte spirituelle contre les attraits invisibles qui piègent l’âme.
La mauvaise compréhension des Temps Modernes
Il est bien connu de tous, qu’en notre temps les gens ont une mauvaise compréhension du tassawwouf. Certains affirment que c’est une science opposée à l’Islam qui n’est pas mentionnée dans la Chari`a, le Coran ou la Sunna. D’autres, les adhérents aux écoles de pensée des quatre Imams et les Imams qui les suivirent plus tard mentionnons Nawawi, Ibn Hajar, al-Soubki, al-Souyouti, Ibn Hajar al-Haytami, et plusieurs autres, même Ibn Taymiyya et Ibn Qayyim, quoique ces deux derniers furent opposés à la doctrine de Ahl al-Sunna à plusieurs égards, l’acceptèrent et surent que le tassawwouf a ses racines profondes dans le Coran, dans la Sunna et dans la Char’ia. Ces savants acceptèrent le tassawwouf parce qu’ils connaissaient la réalité et le sens de ce terme, et non pas à cause de la réputation ou l’âge du terme en lui-même.
Il n’est pas rare d’entendre de ceux qui s’opposent au tassawwouf qu’ils rejètent tout ce qui ne figure pas dans le Coran et dans la Sunna. Avancer une telle affirmation est faire preuve de manque d’esprit critique. Prenons par exemple les Sciences Islamiques, notamment la science du hadith. Le sens du mot «Hadith» dans le dictionnaire est défini comme «opposé à l’ancien (qadim), nouvelle (jadid) ou alternativement, quelque chose de parlé.» Le sens commun qui lui est attribué est «la Tradition du Prophète» ou «la science des Traditions du Prophète.» Lorsque le mot «hadith» est mentionné, les savants savent qu’il sagit de «nouvelles.» Mais le sens attribué à ce mot après la période du Prophète est tout ce que le Prophète a dit et fait. Cependant, de son vivant, le mot «hadith» était rarement utilisé comme il l’est aujourd’hui. Il prit ce sens seulement lorsqu’il devint un terme technique pour décrire les dires, les actions, du temps du Prophète .
Dans Boukhari et Mouslim, le Prophète dit: «Le meilleur siècle est mon siècle et celui qui le suit» et dans un autre hadith il dit: «le premier siècle et le second et le troisième.» Après les compagnons furent les Tabi`in et les Tabi Tabi`in. Tous les savants de l’Islam affirment que la période des Tabi`in fut la fin de l’an 150 de l’hégire et l’an 220 de l’hégire fut la fin du siècle des Tabi Tabi`in. C’est deux périodes furent témoins de l’apparution successive de l’Imam Abou Hanifa, l’Imam Malik, l’Imam Shafi`i, l’Imam Hanbal, fondateurs des quatre écoles juridiques, et de celle de l’Imam Boukhari, l’Imam Mouslim, l’Imam Abou Dawoud, l’Imam Abou Issa Tirmidhi, l’Imam An-Nissa`i et de l’Imam Ibn Majah, auteurs des six livres cannoniques de hadiths.
Ces savants dévelopèrent une vaste science à un moment où plusieurs non-arabes embrassèrent l’Islam et mémorisèrent les hadiths; Ils trouvèrent nécessaire d’établir Ilm oul-Hadith ou la science du hadith, science qui n’existait pas au temps du Prophète (saw), en vue de préserver les dires, les pratiques, les anecdotes du Messager de Dieu et de ses compagnons. Cette science dès lors devint partie intégrante à l’Islam. Du temps du Messager , la propagation et la vérification du hadith étaient naturelles mais elles n’étaient pas formalisées. Cependant après cette période, les savants ci-dessus cités développèrent des lois et des méthodes de classification, d’enregistrement, de transmission et de formalisation des hadiths et y ajoutèrent des structures formelles et une méthodologie de vérification au mécanisme naturel de transmission qui incorpore toujours le sanad, chaîne vérifiable d’une information au sujet des dires du Prophète ou de ses compagnons. Ceci amena 35 classifications. De même, les savants développèrent plusieurs sciences [9] (`ouloum) mentionnons, la science de la grammaire, la science de l’explication et de l’éloquence du Coran, la science de l’Unicité de Dieu, la science de la croyance, la science du Coran, la science de la jurisprudence, la science des traditions du Prophète , la science de la vie du Prophète , la science de l’analyse linguistique, la science de la clarification, la science de l’exégèse du Coran, la science de la récitation harmonieuse, la science de la récitation fluide, la science de la purification du Soi connue aussi comme la science de la perfection du caractère , la science de l’héritage, etc… et plusieurs autres sciences dérivant toutes du Saint Coran et des Hadiths du Messager de Dieu . Aucune de ces disciplines ni leur terminologie n’existaient du temps du Prophète . Pourtant leurs réalités existaient, puisque les Sahaba les pratiquèrent mieux que tous ceux qui leur succédèrent.
Une question logique surgit à ce point: Où dans le Coran et dans la Sunna figurent littéralement ces termes? Ce qui suit logiquement est: D’où vint la permission de développer ces classifications et terminologies dans la mesure où elles n’existaient pas du temps du Prophète ? Par conséquent, s’opposer à la science du Tassawwouf ou la rejeter d’un trait parce qu’elle ne figure ni dans le Coran ni dans la Sunna contredit l’entendement d’une personne dotée d’intelligence.
Le terme tassawwouf n’était pas connu au temps du Prophète . Cependant, quoique le terme apparait nouveau, son essence est une partie et une parcelle de la religion et ne peut pas y être dissociée.
Une autre raison de la mauvaise compréhension de la réalité du tassawwouf est que certaines personnes confondent le vrai tassawwouf avec le pseudo-tassawwouf, ce dernier nie la nécessité de la char’ia et crée ses propres règles, prétendant avoir une certaine autorité historique , mais plutôt amorphe et qui n’a de racine dans aucun précédent. Ils ne sont ni soufi ni moutassawwif mais moustaswif ou «pseudo-soufi» ainsi sont-ils défini par le grand maître `Ali al-Houwjiri (d.469?) dans son Kashf al-mahjoub[10]. Les ennemis du tassawwouf brouillent souvent l’information donnée sur les Soufis et les moustaswifa dans leurs références au tassawwouf en vue de se débarrasser à la fois des deux.
Un exemple est le cas de l’aversion poussée de la secte Mou`tazila pour les soufis à un niveau tel qu’ils refusèrent de reconnaître les karamat ou miracles des saints, ils ne les considèrent pas comme un signe de vérité. De nos jours, nous trouvons encore des gens similaires à ces Mou`tazila, qui veulent formuler leur propre définition de l’Islam, avec ce qui y convient et ce qui n’y convient pas, en faisant un mélange de vrai et de faux afin qu’ils puissent se débarrasser de l’essence des enseignements de l’Islam qui exposent le caractère incomplet et les erreurs de ce qu’ils ont hérité.
L’objectif du tassawwouf est de purifier le cœur de toute sorte de mauvais désirs et penchants, des impuretés qui s’y accumulent à cause des péchés et des mauvaises actions internes comme externes, purifier le «soi» afin d’orner et de décorer le cœur avec le bon modèle et la bonne manière qu’exigent le Coran et la Sunna du Prophète . Son but est de créer l’état d’ishan, la perfection du caractère, qui fut celui du Prophète et l’état que tous ses Compagnons qui s’efforcèrent d’atteindre cette perfection.
La Nécessité du développement des Sciences Islamiques après le Temps du Prophète
Pour prendre un exemple, au temps du Prophète , il n’y avait pas la nécessité d’enseigner ‘ilm al-nahou (la science de la grammaire) même à un enfant. Dans le berceau de l’Islam, ayant grandit dans le Hijaz, même un enfant pouvait lire un poème ou un texte arabe sans avoir recours à aucun signe diacritique (tashkil). Cette connaissance leur était acquise naturellement au fur et mesure qu’ils grandissaient. Plus tard, lorsque plusieurs non-arabes commencèrent à embrasser l’Islam, et que le Coran se lisait incorrectement, il devint nécessaire de créer de nouvelles disciplines en vue d’assister les nouveaux Musulmans dans la lecture du Coran. Ainsi la grammaire fut développée et les signes diacritiques furent établis.
L’état de perfection (ihsan), l’état d’austérité (zouhd), l’état de la peur d’Allah (wara’) et l’état de la méfiance de Dieu (taqwa) furent naturellement pratiqués par les Compagnons parce qu’ils étaient en compagnie du Prophète et ces états furent un résultat direct de ce compagnonage. Ce fut la raison pour laquelle ils furent appelés Compagnons, c’est cette association avec le Prophète qui leur permit d’être purifié.
Après les compagnons, plusieurs gens n’eurent pas l’opportunité de rencontrer le Prophète ni ses Compagnons mais acceptèrent l’Islam, et parce que plusieurs nouveaux Musulmans, à cette époque, dévièrent du vrai chemin de l’Islam, il devint nécessaire d’établir une école avec une fondation, juste comme `ilm al-nahou fut établi avec ses écoles. Il fut nécessaire de mettre en place des écoles à travers lesquelles furent développées les disciplines spirituelles visant les états cités ci-dessus, et elles furent combinées sous une science principale appelée `ilm al-tassawwouf.
Nous devons savoir que le tassawwouf n’est pas une chose nouvelle en Islam ni quelque chose d’inventée. Au contraire, c’est une science héritée du Prophète (saw) et des Compagnons et ses racines sont dans l’Islam. Elle n’est pas ce que les ennemis de l’Islam--Les Orientalistes et leurs disciples--ont relaté. Ils ont innové et attribué plusieurs noms au tassawwouf afin d’attaquer la science et l’état d’ihsan que le Prophète mentionna dans son Saint Hadith. Ils tentèrent d’appliquer le terme «superstition» (sha‘waza) à la science de tassawwouf. Il est bien su de tous que tout terme peut être employé pour nommer une science et l’on est libre de définir ou d’utiliser tout terme que l’on désire. De même `ilm al-ihsan ne change pas en lui attribuant un nom différent. Il est profondément espéré que personne ne soit empêchée d’apprendre cette importante science citée dans le Coran et le hadith, à cause du préjudice causé au tassawwouf. Si le terme est problématique à quiconque, qu’il lui attribue un nom différent, mais qu’il apprenne cette science par tout autre nom qui lui conviendra.. Le terme tassawwouf qui est utilisé pour se référer aux voies de la purification du cœur, dénote la même chose que tazkiyat al-nafs dans le Coran. Les deux termes ont la même définition comme étant les sciences de «l’austérité» (zouhd) et celle de la perfection du caractère (ihsan). Les termes zouhd et ihsan furent utilisés au temps du Prophète . Plus tard, ces termes furent définis en détails et redéfinis sous la direction du Coran et du hadith, comme furent les autres sciences Islamiques déjà citées.
Les racines linguistiques du mot Tassawwouf
Il y a quatre racines données au mot tassawwouf. La première dérive du mot Arabe safa ou safw qui signifie pureté comme du cristal et limpide comme de l’eau. Le Prophète compara le monde à une petite eau de pluie sur un plateau de montagne dont la limpidité (safw) avait déjà été bue et dont la lie (kadar) seulement restait[11]; et il appela la Syrie la plus pure des terres d’Allah[12] après la Mecque et Madina. Ibn al-Athir défini le mot dans son dictionaire al-Nihaya comme «le meilleur de tout sujet, sa quintessence, et sa partie la plus pure.»[13]
Une autre racine dérive de Ahl al-Soufa, (les gens du Banc), qui furent ceux qui vivaient dans la mosquée du Prophète de son vivant et qui furent mentionnés dans le Coran au verset suivant:
«(O Mouhammad,) Résigne-toi à la compagnie de ceux qui invoquent leur Seigneur matin et soir désirant Sa Face; et ne laisse pas tes yeux se détourner d’eux, voulant le luxe de ce bas-monde; et n’obéis pas à celui dont nous avons rendu le cœur inattentif à Notre Rappel, qui poursuit sa passion et dont le comportement est outrancier.» (.18:.28)
Ce verset insiste sur la nécessité des croyants à se maintenir dans un état permanent de dhikr, le Souvenir d’Allah avec la bouche (la langue), dans l’esprit, et à travers le cœur. Cette racine est parfois comparée à ahl al-Saff, ou «les Gens du Rang», dans le sens de «premier rang», comme le premier rang est béni et les soufis sont l'élite de la communauté.
La troisième de ces racines est al-souf ou laine, comme ce fut la coutume des gens pieux de Koufa de s’en revêtir. La quatrième racine linguistique dérive de souffat al-kaffa ou éponge molle en référence au soufi dont le cœur est très mou à cause de sa pureté. Ceci est la raison pour laquelle le Prophète montra toujours sa préoccupation pour ses Compagnons, en vue de purifier leurs cœurs et de leur montrer que le progrès du «soi» est basé sur un cœur débarrassé de toutes les imperfections internes et externes.
Le Prophète (saw) mentionne la condition du Cœur: la suprématie du Cœur sur tousles autres organes
Le cœur est le siège de la sincérité en une personne sans lequel aucune de ses actions ne sont acceptées. Le Prophète dit dans Boukhari: «Sûrement il y a dans le corps un petit morceau de chair; s’il est en bon état le corps entier est en bon état, et s’il est corrompu le corps entier est corrompu et c’est le cœur»; et il dit dans deux autres hadiths rapportés par Mouslim: «Sûrement Allah ne regarde pas vos corps ni vos faces, mais Il régarde vos cœurs» et «N’entrera au paradis quiconque a même un atome d’orgueil en son cœur.» Plusieurs autres hadiths citent explicitement la primauté du cœur:
· Abou Hourayra rapporte: «Je dis: O Messager d’Allah! Qui sera le premier à bénéficier de ton intercession au jour de la résurrection?» Le Messager d’Allah dit: «O Abou Hourayra! Je savais que personne ne pouvait me demander cette question avant toi à cause de ton grand désir pour la connaissance de hadiths. Le premier à bénéficier de mon intercession au jour de la résurrection est celui qui dit «Il n’y a de Dieu qu’Allah» purement et sincèrement de son cœur (qalb) ou de son âme (nafs).»[14] Ibn Hajar dit dans son commentaire sur Boukhari:
Le Prophète mentionna le cœur pour insister, comme Allah dit à propos du pécheur: «Certes, il a un cœur pécheur» (2:283)… «Le Premier» fait allusion à leur différent ordre d’entrée au paradis comme distinct dans leur rang de sincérité, cette dernière qualité étant mise en valeur par son dire «de son cœur» quoiqu’il soit clair que le siège de la sincérité est le cœur. Cependant, l’attribution de l’action à cet organe est plus accentuée.[15]
· L’un des Compagnons nommé Wabissa rapporte que les gens avaient l’habitude de demander au Prophète des questions au sujet des bonnes choses, mais lui se résolut de lui demander qu’au sujet de mauvaises choses. Lorsqu’il vint au Messager de Dieu, celui-ci le tapota sur la poitrine avec ses doigts et dit par trois fois: «O Wabissa, la peur d’Allah est là.» Ensuite il dit: «Demande la réponse à ton coeur, peu importe celle des autres. »[16]
· De la part d’Oumar: Le Prophète dit: «Toute chose a une gomme, et la gomme du cœur est dhikr Allah. Rien ne sauve une personne de la punition plus que le dhikr Allah.» Ils dirent: «Même pas le jihad pour l’amour d’Allah?» Il dit: «Non, même si vous combattez jusqu’à ce que vos sabres se brisent.»[17]
· Ibn `Oumar rapporte: J’étais assis avec le Prophète lorsque Hamala ibn Zayd al-Ansari de la tribu des Banou Haritha vint à lui. Il s’assit en face du Messager d’Allah et dit: «O Messager d’Allah, la croyance est là» – et il montra sa langue du doigt – «et l’hypocrisie est là» -- et il montra son coeur du doigt – «et je ne fais pas assez de dhikr Allah à l’exception d’un petit nombre.» Le Messager d’Allah demeura silencieux. Hamala répèta ses mots au cours desquels le Prophète saisit sa langue par son extrémité et dit: «O Allah, donne lui une langue véridique et un cœur reconnaissant, et fait qu’il m’aime et aime tous ceux qui m’aiment, et dirige ses affaires vers le succès.» Hamala dit: «O Messager d’Allah, j’ai deux frères qui sont hypocrites; j’étais juste avec eux. Ne dois-je pas les conduire à toi (afin que tu pries pour eux)?» Le Prophète dit: «(oui), quiconque vient à nous de la manière dont tu es venu, nous demanderons le pardon pour eux comme nous avons demandé le pardon pour toi; et quiconque maintient cette voie, Allah devient son protecteur.»[18]
· De Ibn `Oumar aussi: le Prophète dit: «Ne parlez pas beaucoup, faites le dhikr Allah; parler beaucoup sans faire le dhikr Allah endurcit le cœur, et personne n’est plus éloigné d’Allah que celui qui a un cœur dur.»[19]
Nous voyons que le Prophète liait toute chose à la condition du cœur. Lorsque nous éliminons nos mauvais caractères et que nous endossons les bonnes manières, nous aurons un cœur parfait et sain; Ceci est la raison pour laquelle Allah mentionne dans le Coran: «Le jour où ni les biens, ni les enfants ne seront d’aucune utilité, sauf celui qui vient à Allah avec un cœur saint.» (26:88-89). Et Allah mentionne les cœurs de Ses vrais savants (`oulama) lorqu’Il dit: «Il consiste plutôt en des versets évidents, (préservés) dans les poitrines de ceux à qui le savoir a été donné. Et seul les injustes renient nos versets.»
Quelles sont les maladies du cœur? L’Imam Souyouti dit dans son livre sur la tariqa Chadhili: «La science des cœurs, la connaissance de ses maladies comme la jalousie, l’arrogance et la vanité, est une obligation pour tout Musulman de s’en débarrasser.»[20] Les exégètes disent que la jalousie (hassad), l’ostentation (al-riya’), l’hypocrisie (al-nifaq) et la haine (al-hiqd) sont les caractères les plus communs auquels Allah fait référence lorsqu’Il dit: «Dis: Mon Seigneur m’a interdit les turpitudes tant apparentes que secrètes» (7:33). La mention par Allah de «tant apparent que secret» est l’évidence de la nécessité pour toute personne de ne pas seulement corriger et parfaire les actions extérieures, mais de purifier celles qui sont cachées en son cœur et qui sont seulement connues de son Seigneur.
Le tassawwouf est la science et la connaissance par laquelle on apprend à purifier le moi des mauvais désirs de l’égo, comme la jalousie, la tricherie, l’ostentation, l’amour des éloges, la vanité, l’arrogance, la colère, l’avidité, la radinerie, le respect du riche au dépend du pauvre, tout comme on doit purifier son aspect externe. La science de tassawwouf enseigne la purification selon le Saint Coran et la Sunna du Prophète et enseigne à se vêtir des attributs parfaits (al-sifat oul-kamila) dont la repentance (tawba), la peur de Dieu (taqwa), se maintenir dans le droit chemin (istiqama), la franchise (sidq), la sincérité (ikhlas), l’abstentation (zouhd), la grande piété (wara’), se remettre à Allah (tawakkul), accepter le Destin (rida), s’abandonner à Allah (taslim), les bonnes manières (adab), l’amour (mahabba), le souvenir (dhikr), la méditation (mouraqaba), et plusieurs autres qualités trop nombreuses pour être énumérées ici.
Tout comme la science du hadith a des douzaines de classifications, de même la science de tassawwouf a plusieurs classifications à savoir, les bonnes caractéristiques (akhlaq hassana) que le croyant doit obligatoirement développer, et les mauvaises (akhlaq dhamina) qu’il doit obligatoirement éliminer, en vue d’atteindre l’état d’ihsan. Les bénéfices et les buts de la science de tassawwouf rendent manifestes en nous le coeur de l’Islam, sa précieuse essence et sa force. En effet, l’Islam n’est pas seulement une pratique externe, mais il a aussi une vie interne. Ceci est la raison pour laquelle Allah dit: «Evitez le péché apparent ou caché» (6:120) et «Il y a parmi les croyants, des hommes qui ont été sincères dans leur engagement envers Allah» (33:23). Ceci signifie que tous les croyants ne sont pas inclus dans ce groupe sélectionné de «ceux qui ont tenu leur engagement envers Allah.» En d’autres termes l’on peut être croyant, mais ne pas être parmi ceux qui ont tenu leur engagement à moins que l’on est atteint l’état de la purification de soi, l’état d’ihsan, la perfection du caractère, que le Saint Prophète mentionna dans le Saint Hadith. Et ceci, comme nous l’avons maintenant rendu clair, est ce qui fut connu plus tard comme étant la science du tassawwouf.
suite: Preuves dans le Coran
Sommaire
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Transmit sur l’autorité de ‘Oumar, ‘Ali, Ibn ‘Abbas, et autres. Récits rassemblés par Abou Talib al-Makki dans le chapître intitulé “La différence entre les savants du monde et ceux de l’au-delà” dans son Qout al-qouloub fi mou’amalat al-mahboub (Le Caire: Matba’at al maymouniyya, 1310/1893) 1:140-141.
Transmit par Ahmad avec une chaîne valable dans Kitab fada’il al-Sahaba, ed. Wasi Allah ibn Mouhammad ‘Abbas (Mecca: Mou’assasat al-risala, 1983) 1:141 (#118).
Al-Qoushayri, Risalat kitab al-sama’ dans al-Rasa’il al-qoushayriyya (Sidon et Béirut: al-maktaba al-‘asriyya, 1970) p. 60.
[4] Ahmad, Kitab al-wara’ ( Béirut: Dar al-kitab al-‘arabi, 1409/1988 ) p10.
[5] Ddhhabi ainsi cité dans Sakhawi, al-jaahir wa al-dourar fi tarjamat cheick al-islam (al-‘asqali), ed. Hamid ‘Abd al-Majid et Taha al-zayni (Le Caire: wizarat al-awqaf, al-majlis al-a’la li al-shou’oun al-islamiyya, lajnah ihya’al-tourath al-islmi, 1986) p.21-22.
[6] Voir Ibn Sa’d, Tabaqat (ed. Sachau) 7(2):83; al-‘Arousi, Nata’ij al-afkar al-qoudsiyya (Boulaq, 1920/1873; et ‘Abd al-Wahhab al-Sha’rawi, al-Tabaqat al-koubra 1:57.
[7] Rapporté dans Boukhari et Muslim à travers plusieurs chaînes. Nawawi l’inclu dans sa collection de quarante hadiths (#2).
[8]Ahmad, al-Zouhd (Béirut: dar al-koutoub al-‘ilmiyya, 1414/1993) p.414,416.
[9] ‘Ilm an-Nahuo, Ilm al-‘Ajaaz, ‘Ilm ul-Kalam, ‘Ilm at-Tawhid, ‘Ilm al-Aqida, ‘Ilm al-Qour’an, ‘Ilm al-Fiqh, ‘Ilm al-Hadith, ‘Ilm as-Sirah, ‘Ilm as-Sarf, ‘Ilm al-Bayan, ‘Ilm at-Tafsir, ‘Ilm al-Tajwid, ‘Ilm al-Tartil, ‘Ilm at-Tassawwouf ou ‘Ilm oul-Ihsan, ‘Ilm oul-Mirath, etc…
[10]Al-Houwjiri, Kashf al-mahjoub, trad. R.A. Nicholson (Kazrachi: dar al-ishaat, 1990) p.35.
[11] Dans Ibn ‘Assakir de la part d’Ibn Mas’oud. Al-Qouchayri et al-Houwjiri le citent dans leurs chapitres sur le tassawwouf, respectivement dans Kashf al-mahjoub (La traducttion de Nicholson p.35) et al-Risala: traduction de B.R. Von Schlegell, les principes du soufisme (Berkeley, Mizan Press, 1990) p.301.
[12] Tabarani le cita et Haythami authentifia la chaîne à travers ‘Irba ibn Sariya dans Majma’al-zawa’id, chapître sur les mérites de la Syrie.
[13] Ibn al-Athir, al-Nihaya, s.v.s-f-w.
[14] Bukhari le rapporte (english 1:79).
[15] Ibn Hajar, Fath al-bari (1989 ed.) 1:258 et 11:541.
[16] Rapporté dans Ahmad, Tabarani, Abou Ya’la et Abou Nou’aym.
[17] Bayhaqi le rapporte dans “Shou’ab al-iman 1:396 #522; al-Moundhiri dans al-Targhib 2:396; et Ibn Abi al-Dunya.
[18] Al- hafiz Abou Nou’ayn le rapporta dans Hilyat al-awliya. Ibn Hajar dit dans al-Isaba (2:2 #1659): “Sa chaîne de transmission est acceptable et Ibn Mindah le soumit aussi. Nous avons rapporté la même à travers Abou al-Darda’ dans le Fawa’id de Hisham ibn ‘Ammar.” Al-Tabarani aussi le rapporte à travers Abou al-Darda’. Haythami dit de cette chaîne: “Elle contient un narrateur inconnu, mais le reste est fiable.”
[19] Tirmidhi le rélate et dit: un hadith rare (gharib); Bayhaqi aussi dans le shou’ab 4:245 #4951.
[20] Suyuti, Ta’yid al-haqiqa al-‘aliyya wa-tashyid al-tariqa al-shadhiliyya, ed. Abd Allah ibn Muhammad ibn al-Siddiq al-Ghumani al-Hassani (Cairo: al-matba’ al-izlamiyya, 1934), p, 56.
Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux, Louanges et Paix sur notre bien aimé Prophète, Sa Famille et Ses Compagnons
Le Soufisme en Islam
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» Le Soufisme: Tassawwouf
I INTRODUCTION
DEFINITION, TERMINILOGIE ET ASPECTS HISTORIQUES
Salaf
TARIQA
La mauvaise compréhension des Temps Modernes
La Nécessité du développement des Sciences Islamiques après le Temps du Prophète (saw)
Les racines linguistiques du mot Tassawwouf
Le Prophète (saw) mentionne la condition du Cœur: La suprématie du Cœur sur tous les autres organes
I INTRODUCTION
Aujourd’hui, l’Islam est enseigné par des gens qui ne prennent pas soin de le pratiquer dans sa pureté ou de se purifier eux-mêmes dans leur pratique. Ceci, a été décrit dans plusieurs hadiths qui disent: «Ils ordonneront aux autres et ne feront pas attention à leur propre avertissement, et ils sont les pires.»
Telle ne fut pas la voie des Compagnons ni de Ahl al-Souffa au sujet desquels le verset suivant fut révélé:
"Résigne-toi à la compagnie de ceux qui évoquent leur Seigneur au début du jour et à sa fin dans l’espoir de voir un jour Son visage. Et, ne laisse pas tes yeux se détourner d’eux, désirant le luxe de ce bas-monde; et n’obéis pas à celui dont nous avons rendu le cœur inattentif à Notre Rappel, qui poursuit sa passion et dont le comportement est outrancier." (18:28)
Ceci ne fut pas non plus la voie d’Abou Bakr al-Siddiq, au sujet duquel Bakr ibn `Abd Allah dit: «Abou Bakr a la préséance sur vous non pas parce qu’il prie et jeûne beaucoup, mais à cause d’un secret qui a pris racine dans son cœur.» Ceci ne fut non plus la voie des Tabi`in dont Hassan al-Basri, Soufyan al-Thawri, et autres de la génération de soufis qui vinrent plus tard, les prirent pour modèles. Al Qoushayri rapporte que al-Jounayd dit: « Le tassawwouf n’est pas l’abondance de prières et de jeûnes, mais le vide de la poitrine et ne pas être sous l’emprise de son ego.» Ceci ne fut pas non plus la voie des Quatre Imams qui placèrent la renonciation (zouhd) et l’acquisition de la vraie peur d’Allah (wara) au-dessus de la simple pratique des obligations, tel l’Imam Ahmad qui composa deux livres avec ces deux qualités comme titres respectifs. Celui-ci plaça la connaissance des saints au-dessus de celle des savants, comme cela est montré par le rapport suivant de son élève Abou Bakr al-Marwazi:
J’entendis Fath ibn Abi al-Fath dire à Abou `Abd Allah (l’Imam Ahmad) durant sa dernière maladie: « invoque Allah pour nous afin qu’Il nous donne un bon khalifa (successeur) pour te succéder.» Il continua: « Qui devrons-nous consulter en matière de connaissance après toi ?» Ahmad répondit: « Consultez `Abd al-Wahhab.» Quelqu’un qui était présent me relata qu’il dit: «Mais, il n’a pas assez de connaissance» -- Abou `Abd Allah répliqua: « C’est un saint (innahou rajouloun salih ), et ainsi il lui est accordé du succès en exprimant la vérité.» [4]
Dans une célèbre fatwa citée dans les lignes qui vont suivre, le savant Chafi`i al-`Izz ibn `Abd al-Salam donne la même priorité au mystique ou connaisseur d’Allah (arifin) au-dessus des juristes. Le même accent est placé sur la perfection interne par l’Imam Malik dans son dire: «La Religion ne consiste pas en la connaissance de plusieurs narrations, mais en la lumière qu’Allah place dans la poitrine.» Et Ibn `ata' Allah cita Ibn `Arabi disant: «La Certitude (al-yaqin) ne dérive pas des évidences de la raison mais sort des profondeurs du cœur.»
Ceci est la raison pour laquelle plusieurs Imans mettèrent en garde contre la pure et simple soif du savoir aux dépends de l’éducation du «moi». L’Imam Ghazali abandonna les arènes du savoir au milieu d’une prestigieuse carrière, en vue de se consacrer à la purification du moi. C’est à l’issue de cette période qu’il rédigea son chef d’œuvre Ihya' `Ouloum al-din dans lequel il lance un avertissement à tous ceux qui réduisent la religion en l’étude pure et simple du fiqh ou jurisprudence.
Le même avertissement fut lancé par les plus grands des houffaz ou maîtres de hadiths de son temps et par l’un des premiers soufis, Soufyan al-Thawri (d. 161), à tous ceux qui prennent la narration de hadiths pour la religion, lorsqu’il dit: «Si le hadith était un bien il aurait disparu de même que toutes les bonnes choses ont disparu… Poursuivre l’étude du hadith ne fait pas partie de la préparation à la mort, mais c’est une maladie qui préoccupe les gens.»
Dhahabi cite cette parole et commente:
Par Allah, il a dit la vérité…Aujourd’hui, la recherche du savoir et du hadith ne signifie plus pour les savants l’obligation de s’y conformer, ce qui est le but du hadith. Il a raison lorsqu’il dit que poursuivre l’étude du hadith est autre que le hadith lui-même. [5]
Ce n’est pas pour le «hadith en soi», mais dans le but de vivre en conformité avec la Sunna du Prophète qui est synonyme de vivre en conformité avec le saint Coran – selon le hadith bien connu de `Aïcha concernant le caractère du Prophète – que les grands maîtres de la purification du moi renoncèrent à la simple poursuite de la science en tant que séduction mondaine, et préférèrent l’acquisition de l’ishan ou le caractère parfait. Un exemple est Abou Nasr Bishr al-Hafi (d.227), qui considéra l’étude du hadith comme une science conjecturelle en comparaison à la certitude qu’il acquit par la fréquentation de Foudayl ibn `Iyad (d.187). [6] Ainsi, les deux, l’ihsan et le processus qui y conduit sont connus sous le nom de tassawwouf, comme les pages suivantes le démontrent.
I) DEFINITION, TERMINILOGIE ET ASPECTS HISTORIQUES
Le Tassawwouf Parmi Les Salaf
Comme il est défini clairement dans le hadith rapporté par Sayyidina `Oumar au sujet de la rencontre de l’ange Gabriel avec le Prophète [7], appartenir à Ahl al-Sunna wa Jama`a ne se limite pas seulement aux règles de la foi. Cela entraîne l’adoption de principes qui conduisent à l’état d’ihsan ou la perfection de la croyance et de la pratique. Partant de là, le Groupe Sauvé suit l’une des nombreuses écoles de soulouk (éthique personnelle) en conformité avec les principes de la Chari`a et le `aza'im (les strictes applications) de la Sunna, ou les modes de conduite reflètent la complète détermination de plaire à son Créateur selon le modèle du Prophète . Ces écoles sont collectivement connues comme la science du tassawwouf ou la purification du soi.
Au cours du premier siècle de l’Hégire, la renonciation à ce bas-monde (zouhd) se développa comme une réaction à la vie mondaine de la société. Cette réaction prit ses racines dans l’ordre d’Allah à Son Vertueux Apôtre de purifier l’humanité: «Un Messager … pour leur réciter Tes versets, leur enseigner le Livre et la Sagesse, et les purifier» (2:129); «Nous avons envoyé parmi vous un Messager de chez-vous qui vous récite Nos versets, vous purifie, vous enseigne le Livre et la Sagesse » (2:151); «Allah a certainement fait une faveur aux croyants lorsqu’Il a envoyé chez eux un Messager qui venait d`eux, qui leur récite Ses versets, les purifie et leur enseigne le Livre et la Sagesse» (3:164); «Purifie-les, bénis-les, et prie pour eux. Certainement ta prière est une quiétude pour eux.» (9:103); «C’est Lui qui a envoyé… un Messager sorti d’eux qui leur récite Ses versets, les purifie et leur enseigne le Livre et la Sagesse» (62:2).
Les adeptes de cette voie s’attachèrent fermement au mode de vie Prophétique comme cela fut réflété dans la vie de ses compagnons et de leurs successeurs, dans les voies qu’ils employèrent pour purifier leur cœurs et leur caractère des mœurs blâmables et de s’inculquer, ainsi qu’à ceux qui furent autour d’eux, les mœurs et la stature morale de la meilleure créature de toute l’humanité, le Prophète Mouhammad, la paix et la bénédiction de Dieu sur lui. Les exemples de ces hommes-école de purification sont ceux cités par Abou Nou`aym et d’autres comme «Les Huit Ascétiques»: Amir ibn `Abd Qays, Abou Mouslim al-Khawlani, Ouways al-Qarani, al-Rabi’ Ibn Khouthaym, al-Aswad ibn Yazid, Masrouq, Soufyan al-Thawri, Hassan al-Basri, parmi tant d’autres.
Le pouvoir de tels saints et leurs bénéfices furent attestés par le Prophète lui-même, comme cela est attesté par les nombreux hadiths rapportés au sujet d’Ouways al-Qarani. L’Imam Ahmad en cite dans son livre al-Zouhd. Dans le récit suivant, le Prophète ordonne aux gens, de solliciter auprès d’Ouways s’ils le rencontrent, le pardon (d’Allah), et déclare que l’intercession d’Ouways fera entrer un nombre important de gens au Paradis:
Le Prophète dit: «Ouways ibn `Amir poindra sur vous avec l’assistance des gens du Yémen de la tribu de Mourad et Qaran. Il était lépreux et fut guéri, sauf une toute petite partie de son corps. Il a une mère dont il respecte scrupuleusement les droits. S’il fait un vœu à Allah, Allah l’accomplira. Si vous pouvez lui demander intercession pour votre pardon, faite-le.
Plusieurs personnes entreront au Paradis, à cause de l’intercession d’un certain homme de ma communauté, qu’il y a de personnes dans les tribus de Rabi' et Moudar, Al-Hassan al-Basri dit: «C'est Ouways al-Qarani.»[8]
A travers une graduelle évolution et comme une réaction contre l’emprise grandissante de l’appétit de la vie d’ici-bas, les Musulmans se ruèrent vers ces saints et leurs disciples jusqu’à ce que leur régiment s’acheva en école de pensée pratique et d’action morale dotée de sa prope structure de règles et de principes. Ceci devint la base utilisée par les maîtres Soufis pour guider les gens sur le droit chemin. En conséquence, le monde fut témoin du développement d’une variété d’écoles de purification de l’égo (tazkiyat an-nafs). La pensée Soufie, comme elle se répandit partout, servit de force dynamique dans la croissance et l’établissement de l’éducation Islamique. Cette spectaculaire avancée s’étendit à partir du premier siècle de l’Hégire, en parallèle avec les développements suivants:
Le développement des bases du fiqh (Loi et Jurisprudence), à travers les Quatre Imams;
Le développement des bases de l’aqida (doctrine) à travers al-Ach`ari et autres;
Le développement de la science du hadith (Les dires du Prophète), qui déboucha en six authentiques collections et d’innombrables autres;
Le développement des arts de nahw et balagha (La Langue et l’Ecriture Arabe).
TARIQA
Tariqa ou «chemin» est un terme dérivé du verset Coranique suivant:
«Et s’ils se maintiennent dans la bonne voie (tariqa), Nous les aurions abreuvés, certes d’une eau limpide (ou abondante)» (72:16 ).
Le sens de «voie» mentionné dans le verset ci-dessus est expliqué par le hadith du Prophète relaté par Boukhari et Mouslim, ordonnant aux musulmans de suivre sa Sunna et la Sunna de ses successeurs. Comme le mot tariqa dans le verset ci-haut mentionné, le sens de Sunna dans le hadith est «chemin» et «voie». Ainsi, tariqa devint un terme appliqué aux groupes de gens appartenant à l’école de pensée exercée par un maître ou “cheick”.
Quoique ces cheicks appliquèrent différentes méthodes dans l’enseignement à leurs disciples, le noyau de chaque discipline était identique. La situation n’était pas différente de ce que nous avons aujourd’hui dans les facultés de médecine ou de droit. L’approche des différentes facultés peut varier, mais le corps en droit, l’état d’art en médecine, reste essentiellement le même en tout lieu. Les étudiants diplômés de ces facultés portent chacun la marque de leur branche. Néanmoins, aucun n’est considéré inférieur à l’autre parce qu’il est le produit d’une faculté ou d’une autre; l’avocat n’est pas considéré supérieur au docteur ni le docteur à l’avocat.
Similairement, le disciple d’un cheick portera le cachet de son enseignement. En conséquence, les noms donnés aux différentes écoles Soufies diffèrent selon le nom et les perspectives de leurs fondateurs. Cette variation se manisfeste d’une façon plus concrète dans la méthode de dévotions surérrogatoires connue sous l’appellation de awrad, ahzab ou adhkar, utilisée comme la méthodologie pratique de la formation spirituelle. Ces différences cependant n’affectent pas les principes religieux. Dans les principes de base, les écoles Soufies sont essentiellement les mêmes, puisque basées sur l’essence de la religion, qui est uniforme.
Le groupe Soufi sous lequel chaque individu entreprit le chemin vers Allah était un itinéraire finement aiguisé qui établit les disciplines du progrès externe et interne dans la foi et la pratique religieuse. Suivant la pratique des Compagnons du Prophète qui fréquentaient régulièrement le groupe nommé Ahl al-Soufa («Les Gens du Banc»), les pratiquants de ce groupe menèrent une vie communautaire . Leurs habitations étaient les mosquées-écoles (zawiya), les forts frontaliers (ribat), et des maison-hôtes (khaniqa) où ils se réunissaient régulièrement lors d’occasions dédiées aux fêtes traditionnelles du calendrier musulman (‘id).
Ces structures avaient des institutions éducationelles ; par exemple les deux forts frontaliers (ribat) fondés par le savant Soufi `Abd Allah Ibn al-Moubarak en Merv, qui fonctionna pendant longtemps, et le Khaniqa baybarsiya du Caire. Cette école Soufie eu le grand savant de hadiths, Ibn Hajar al-Asqalani comme recteur et maître de conférence pendant les quarante dernières années de sa vie. Il assuma en même temps la fonction de juge principal en Syrie et en l’Egypte.
Les Soufis se réunissèrent également en associations informelles appelées souhba autour du cheick pour acquérir la connaissance, et en assemblée pour invoquer les noms d’Allah et réciter les adhkar (pluriel de dhikr, «le souvenir de Dieu») hérité de la Tradition Prophétique. Encore, une autre raison de leur regroupement était d’écouter les prêches inspirées et les exortations morales (wi’az). Les cheicks Soufis enseignèrent à leurs disciples à répondre activement à l’appel d’Allah et de Son Messager, de purifier leur cœur et leur âme de tous bas désirs incités par l’égo, de corriger toutes les croyances éronnées et de parfaire leur croyance en l’unicité d’Allah. On enseignait aux disciples à être honnête, loyal, digne de foi, patient dans la crainte d’Allah, à aimer son prochain, à dépendre que d’Allah et de s’en remettre à Lui tout au long de leur vie, et les autres moralités enseignées par l’Islam. Tout ceci fut accompli en s’attachant à la Sunna Prophétique. Les méthodes de souvenir d’Allah qu’ils inculquaient à leurs disciples furent les mêmes méthodes enseignées par le Prophète. De cette manière, ils propagèrent le caractère exemplaire du Prophète en paroles et en actions, pendant qu’ils encouragèrent les croyants à se consacrer à Allah de tout cœur. Le but de leur effort ne fut rien d’autre que d’obtenir la satisfaction d’Allah et de leur inspirer l’amour pour Son Prophète . En d’autres termes, ce qu’ils visaient était un état où Allah serait content d’eux comme ils l’étaient avec Lui.
Ces cheicks, par conséquent, furent des flambeaux qui dissipèrent les ténèbres de la voie du croyant aussi bien qu’ils illuminèrent les voies sur lesquelles la Umma pourrait bâtir la fondation d’une société idéale. Cet idéal était l’esprit de sacrifice et de dévouement qui caractérisait tous leurs efforts. Ces valeurs, imprégnaient l’entière fabrique sociale de l’Islam. Les couvents ou maisons-hôte (khaniqa), étaient établis dans le voisinage des pauvres offrant gratuitement de la nourriture et l’hospitalité. Ce fut aussi un lieu et un moyen de communion entre le pauvre et le riche, entre le blanc et le noir, entre l’arabe et non-arabe conformément aux dires du Prophète: “Il n’y a pas de différence entre un arabe et un non-arabe sauf dans les vertus.” Ces couvents furent des lieux de rencontres de toutes les races et de toutes les nationalités et des remèdes pour plusieurs maux sociaux.
En conséquence à de tels enseignements et formations, les disciples des cheicks Soufis, sortis de ces écoles, étaient pleinement capables de supporter les fardeaux et les torts de leurs contemporains dans leur effort à illuminer le chemin de la Vérité. En outre, à travers leur formation et auto-discipline, ils avaient développé le manifeste et la très ferme volonté de faire. Ces véritables et sincères savants et maîtres de tariqa ne laissèrent aucune pierre sans être tournée dans la conduite de leur jihad, un mot qui signifie à la fois la lutte physique contre les non-croyants et la lutte spirituelle contre les attraits invisibles qui piègent l’âme.
La mauvaise compréhension des Temps Modernes
Il est bien connu de tous, qu’en notre temps les gens ont une mauvaise compréhension du tassawwouf. Certains affirment que c’est une science opposée à l’Islam qui n’est pas mentionnée dans la Chari`a, le Coran ou la Sunna. D’autres, les adhérents aux écoles de pensée des quatre Imams et les Imams qui les suivirent plus tard mentionnons Nawawi, Ibn Hajar, al-Soubki, al-Souyouti, Ibn Hajar al-Haytami, et plusieurs autres, même Ibn Taymiyya et Ibn Qayyim, quoique ces deux derniers furent opposés à la doctrine de Ahl al-Sunna à plusieurs égards, l’acceptèrent et surent que le tassawwouf a ses racines profondes dans le Coran, dans la Sunna et dans la Char’ia. Ces savants acceptèrent le tassawwouf parce qu’ils connaissaient la réalité et le sens de ce terme, et non pas à cause de la réputation ou l’âge du terme en lui-même.
Il n’est pas rare d’entendre de ceux qui s’opposent au tassawwouf qu’ils rejètent tout ce qui ne figure pas dans le Coran et dans la Sunna. Avancer une telle affirmation est faire preuve de manque d’esprit critique. Prenons par exemple les Sciences Islamiques, notamment la science du hadith. Le sens du mot «Hadith» dans le dictionnaire est défini comme «opposé à l’ancien (qadim), nouvelle (jadid) ou alternativement, quelque chose de parlé.» Le sens commun qui lui est attribué est «la Tradition du Prophète» ou «la science des Traditions du Prophète.» Lorsque le mot «hadith» est mentionné, les savants savent qu’il sagit de «nouvelles.» Mais le sens attribué à ce mot après la période du Prophète est tout ce que le Prophète a dit et fait. Cependant, de son vivant, le mot «hadith» était rarement utilisé comme il l’est aujourd’hui. Il prit ce sens seulement lorsqu’il devint un terme technique pour décrire les dires, les actions, du temps du Prophète .
Dans Boukhari et Mouslim, le Prophète dit: «Le meilleur siècle est mon siècle et celui qui le suit» et dans un autre hadith il dit: «le premier siècle et le second et le troisième.» Après les compagnons furent les Tabi`in et les Tabi Tabi`in. Tous les savants de l’Islam affirment que la période des Tabi`in fut la fin de l’an 150 de l’hégire et l’an 220 de l’hégire fut la fin du siècle des Tabi Tabi`in. C’est deux périodes furent témoins de l’apparution successive de l’Imam Abou Hanifa, l’Imam Malik, l’Imam Shafi`i, l’Imam Hanbal, fondateurs des quatre écoles juridiques, et de celle de l’Imam Boukhari, l’Imam Mouslim, l’Imam Abou Dawoud, l’Imam Abou Issa Tirmidhi, l’Imam An-Nissa`i et de l’Imam Ibn Majah, auteurs des six livres cannoniques de hadiths.
Ces savants dévelopèrent une vaste science à un moment où plusieurs non-arabes embrassèrent l’Islam et mémorisèrent les hadiths; Ils trouvèrent nécessaire d’établir Ilm oul-Hadith ou la science du hadith, science qui n’existait pas au temps du Prophète (saw), en vue de préserver les dires, les pratiques, les anecdotes du Messager de Dieu et de ses compagnons. Cette science dès lors devint partie intégrante à l’Islam. Du temps du Messager , la propagation et la vérification du hadith étaient naturelles mais elles n’étaient pas formalisées. Cependant après cette période, les savants ci-dessus cités développèrent des lois et des méthodes de classification, d’enregistrement, de transmission et de formalisation des hadiths et y ajoutèrent des structures formelles et une méthodologie de vérification au mécanisme naturel de transmission qui incorpore toujours le sanad, chaîne vérifiable d’une information au sujet des dires du Prophète ou de ses compagnons. Ceci amena 35 classifications. De même, les savants développèrent plusieurs sciences [9] (`ouloum) mentionnons, la science de la grammaire, la science de l’explication et de l’éloquence du Coran, la science de l’Unicité de Dieu, la science de la croyance, la science du Coran, la science de la jurisprudence, la science des traditions du Prophète , la science de la vie du Prophète , la science de l’analyse linguistique, la science de la clarification, la science de l’exégèse du Coran, la science de la récitation harmonieuse, la science de la récitation fluide, la science de la purification du Soi connue aussi comme la science de la perfection du caractère , la science de l’héritage, etc… et plusieurs autres sciences dérivant toutes du Saint Coran et des Hadiths du Messager de Dieu . Aucune de ces disciplines ni leur terminologie n’existaient du temps du Prophète . Pourtant leurs réalités existaient, puisque les Sahaba les pratiquèrent mieux que tous ceux qui leur succédèrent.
Une question logique surgit à ce point: Où dans le Coran et dans la Sunna figurent littéralement ces termes? Ce qui suit logiquement est: D’où vint la permission de développer ces classifications et terminologies dans la mesure où elles n’existaient pas du temps du Prophète ? Par conséquent, s’opposer à la science du Tassawwouf ou la rejeter d’un trait parce qu’elle ne figure ni dans le Coran ni dans la Sunna contredit l’entendement d’une personne dotée d’intelligence.
Le terme tassawwouf n’était pas connu au temps du Prophète . Cependant, quoique le terme apparait nouveau, son essence est une partie et une parcelle de la religion et ne peut pas y être dissociée.
Une autre raison de la mauvaise compréhension de la réalité du tassawwouf est que certaines personnes confondent le vrai tassawwouf avec le pseudo-tassawwouf, ce dernier nie la nécessité de la char’ia et crée ses propres règles, prétendant avoir une certaine autorité historique , mais plutôt amorphe et qui n’a de racine dans aucun précédent. Ils ne sont ni soufi ni moutassawwif mais moustaswif ou «pseudo-soufi» ainsi sont-ils défini par le grand maître `Ali al-Houwjiri (d.469?) dans son Kashf al-mahjoub[10]. Les ennemis du tassawwouf brouillent souvent l’information donnée sur les Soufis et les moustaswifa dans leurs références au tassawwouf en vue de se débarrasser à la fois des deux.
Un exemple est le cas de l’aversion poussée de la secte Mou`tazila pour les soufis à un niveau tel qu’ils refusèrent de reconnaître les karamat ou miracles des saints, ils ne les considèrent pas comme un signe de vérité. De nos jours, nous trouvons encore des gens similaires à ces Mou`tazila, qui veulent formuler leur propre définition de l’Islam, avec ce qui y convient et ce qui n’y convient pas, en faisant un mélange de vrai et de faux afin qu’ils puissent se débarrasser de l’essence des enseignements de l’Islam qui exposent le caractère incomplet et les erreurs de ce qu’ils ont hérité.
L’objectif du tassawwouf est de purifier le cœur de toute sorte de mauvais désirs et penchants, des impuretés qui s’y accumulent à cause des péchés et des mauvaises actions internes comme externes, purifier le «soi» afin d’orner et de décorer le cœur avec le bon modèle et la bonne manière qu’exigent le Coran et la Sunna du Prophète . Son but est de créer l’état d’ishan, la perfection du caractère, qui fut celui du Prophète et l’état que tous ses Compagnons qui s’efforcèrent d’atteindre cette perfection.
La Nécessité du développement des Sciences Islamiques après le Temps du Prophète
Pour prendre un exemple, au temps du Prophète , il n’y avait pas la nécessité d’enseigner ‘ilm al-nahou (la science de la grammaire) même à un enfant. Dans le berceau de l’Islam, ayant grandit dans le Hijaz, même un enfant pouvait lire un poème ou un texte arabe sans avoir recours à aucun signe diacritique (tashkil). Cette connaissance leur était acquise naturellement au fur et mesure qu’ils grandissaient. Plus tard, lorsque plusieurs non-arabes commencèrent à embrasser l’Islam, et que le Coran se lisait incorrectement, il devint nécessaire de créer de nouvelles disciplines en vue d’assister les nouveaux Musulmans dans la lecture du Coran. Ainsi la grammaire fut développée et les signes diacritiques furent établis.
L’état de perfection (ihsan), l’état d’austérité (zouhd), l’état de la peur d’Allah (wara’) et l’état de la méfiance de Dieu (taqwa) furent naturellement pratiqués par les Compagnons parce qu’ils étaient en compagnie du Prophète et ces états furent un résultat direct de ce compagnonage. Ce fut la raison pour laquelle ils furent appelés Compagnons, c’est cette association avec le Prophète qui leur permit d’être purifié.
Après les compagnons, plusieurs gens n’eurent pas l’opportunité de rencontrer le Prophète ni ses Compagnons mais acceptèrent l’Islam, et parce que plusieurs nouveaux Musulmans, à cette époque, dévièrent du vrai chemin de l’Islam, il devint nécessaire d’établir une école avec une fondation, juste comme `ilm al-nahou fut établi avec ses écoles. Il fut nécessaire de mettre en place des écoles à travers lesquelles furent développées les disciplines spirituelles visant les états cités ci-dessus, et elles furent combinées sous une science principale appelée `ilm al-tassawwouf.
Nous devons savoir que le tassawwouf n’est pas une chose nouvelle en Islam ni quelque chose d’inventée. Au contraire, c’est une science héritée du Prophète (saw) et des Compagnons et ses racines sont dans l’Islam. Elle n’est pas ce que les ennemis de l’Islam--Les Orientalistes et leurs disciples--ont relaté. Ils ont innové et attribué plusieurs noms au tassawwouf afin d’attaquer la science et l’état d’ihsan que le Prophète mentionna dans son Saint Hadith. Ils tentèrent d’appliquer le terme «superstition» (sha‘waza) à la science de tassawwouf. Il est bien su de tous que tout terme peut être employé pour nommer une science et l’on est libre de définir ou d’utiliser tout terme que l’on désire. De même `ilm al-ihsan ne change pas en lui attribuant un nom différent. Il est profondément espéré que personne ne soit empêchée d’apprendre cette importante science citée dans le Coran et le hadith, à cause du préjudice causé au tassawwouf. Si le terme est problématique à quiconque, qu’il lui attribue un nom différent, mais qu’il apprenne cette science par tout autre nom qui lui conviendra.. Le terme tassawwouf qui est utilisé pour se référer aux voies de la purification du cœur, dénote la même chose que tazkiyat al-nafs dans le Coran. Les deux termes ont la même définition comme étant les sciences de «l’austérité» (zouhd) et celle de la perfection du caractère (ihsan). Les termes zouhd et ihsan furent utilisés au temps du Prophète . Plus tard, ces termes furent définis en détails et redéfinis sous la direction du Coran et du hadith, comme furent les autres sciences Islamiques déjà citées.
Les racines linguistiques du mot Tassawwouf
Il y a quatre racines données au mot tassawwouf. La première dérive du mot Arabe safa ou safw qui signifie pureté comme du cristal et limpide comme de l’eau. Le Prophète compara le monde à une petite eau de pluie sur un plateau de montagne dont la limpidité (safw) avait déjà été bue et dont la lie (kadar) seulement restait[11]; et il appela la Syrie la plus pure des terres d’Allah[12] après la Mecque et Madina. Ibn al-Athir défini le mot dans son dictionaire al-Nihaya comme «le meilleur de tout sujet, sa quintessence, et sa partie la plus pure.»[13]
Une autre racine dérive de Ahl al-Soufa, (les gens du Banc), qui furent ceux qui vivaient dans la mosquée du Prophète de son vivant et qui furent mentionnés dans le Coran au verset suivant:
«(O Mouhammad,) Résigne-toi à la compagnie de ceux qui invoquent leur Seigneur matin et soir désirant Sa Face; et ne laisse pas tes yeux se détourner d’eux, voulant le luxe de ce bas-monde; et n’obéis pas à celui dont nous avons rendu le cœur inattentif à Notre Rappel, qui poursuit sa passion et dont le comportement est outrancier.» (.18:.28)
Ce verset insiste sur la nécessité des croyants à se maintenir dans un état permanent de dhikr, le Souvenir d’Allah avec la bouche (la langue), dans l’esprit, et à travers le cœur. Cette racine est parfois comparée à ahl al-Saff, ou «les Gens du Rang», dans le sens de «premier rang», comme le premier rang est béni et les soufis sont l'élite de la communauté.
La troisième de ces racines est al-souf ou laine, comme ce fut la coutume des gens pieux de Koufa de s’en revêtir. La quatrième racine linguistique dérive de souffat al-kaffa ou éponge molle en référence au soufi dont le cœur est très mou à cause de sa pureté. Ceci est la raison pour laquelle le Prophète montra toujours sa préoccupation pour ses Compagnons, en vue de purifier leurs cœurs et de leur montrer que le progrès du «soi» est basé sur un cœur débarrassé de toutes les imperfections internes et externes.
Le Prophète (saw) mentionne la condition du Cœur: la suprématie du Cœur sur tousles autres organes
Le cœur est le siège de la sincérité en une personne sans lequel aucune de ses actions ne sont acceptées. Le Prophète dit dans Boukhari: «Sûrement il y a dans le corps un petit morceau de chair; s’il est en bon état le corps entier est en bon état, et s’il est corrompu le corps entier est corrompu et c’est le cœur»; et il dit dans deux autres hadiths rapportés par Mouslim: «Sûrement Allah ne regarde pas vos corps ni vos faces, mais Il régarde vos cœurs» et «N’entrera au paradis quiconque a même un atome d’orgueil en son cœur.» Plusieurs autres hadiths citent explicitement la primauté du cœur:
· Abou Hourayra rapporte: «Je dis: O Messager d’Allah! Qui sera le premier à bénéficier de ton intercession au jour de la résurrection?» Le Messager d’Allah dit: «O Abou Hourayra! Je savais que personne ne pouvait me demander cette question avant toi à cause de ton grand désir pour la connaissance de hadiths. Le premier à bénéficier de mon intercession au jour de la résurrection est celui qui dit «Il n’y a de Dieu qu’Allah» purement et sincèrement de son cœur (qalb) ou de son âme (nafs).»[14] Ibn Hajar dit dans son commentaire sur Boukhari:
Le Prophète mentionna le cœur pour insister, comme Allah dit à propos du pécheur: «Certes, il a un cœur pécheur» (2:283)… «Le Premier» fait allusion à leur différent ordre d’entrée au paradis comme distinct dans leur rang de sincérité, cette dernière qualité étant mise en valeur par son dire «de son cœur» quoiqu’il soit clair que le siège de la sincérité est le cœur. Cependant, l’attribution de l’action à cet organe est plus accentuée.[15]
· L’un des Compagnons nommé Wabissa rapporte que les gens avaient l’habitude de demander au Prophète des questions au sujet des bonnes choses, mais lui se résolut de lui demander qu’au sujet de mauvaises choses. Lorsqu’il vint au Messager de Dieu, celui-ci le tapota sur la poitrine avec ses doigts et dit par trois fois: «O Wabissa, la peur d’Allah est là.» Ensuite il dit: «Demande la réponse à ton coeur, peu importe celle des autres. »[16]
· De la part d’Oumar: Le Prophète dit: «Toute chose a une gomme, et la gomme du cœur est dhikr Allah. Rien ne sauve une personne de la punition plus que le dhikr Allah.» Ils dirent: «Même pas le jihad pour l’amour d’Allah?» Il dit: «Non, même si vous combattez jusqu’à ce que vos sabres se brisent.»[17]
· Ibn `Oumar rapporte: J’étais assis avec le Prophète lorsque Hamala ibn Zayd al-Ansari de la tribu des Banou Haritha vint à lui. Il s’assit en face du Messager d’Allah et dit: «O Messager d’Allah, la croyance est là» – et il montra sa langue du doigt – «et l’hypocrisie est là» -- et il montra son coeur du doigt – «et je ne fais pas assez de dhikr Allah à l’exception d’un petit nombre.» Le Messager d’Allah demeura silencieux. Hamala répèta ses mots au cours desquels le Prophète saisit sa langue par son extrémité et dit: «O Allah, donne lui une langue véridique et un cœur reconnaissant, et fait qu’il m’aime et aime tous ceux qui m’aiment, et dirige ses affaires vers le succès.» Hamala dit: «O Messager d’Allah, j’ai deux frères qui sont hypocrites; j’étais juste avec eux. Ne dois-je pas les conduire à toi (afin que tu pries pour eux)?» Le Prophète dit: «(oui), quiconque vient à nous de la manière dont tu es venu, nous demanderons le pardon pour eux comme nous avons demandé le pardon pour toi; et quiconque maintient cette voie, Allah devient son protecteur.»[18]
· De Ibn `Oumar aussi: le Prophète dit: «Ne parlez pas beaucoup, faites le dhikr Allah; parler beaucoup sans faire le dhikr Allah endurcit le cœur, et personne n’est plus éloigné d’Allah que celui qui a un cœur dur.»[19]
Nous voyons que le Prophète liait toute chose à la condition du cœur. Lorsque nous éliminons nos mauvais caractères et que nous endossons les bonnes manières, nous aurons un cœur parfait et sain; Ceci est la raison pour laquelle Allah mentionne dans le Coran: «Le jour où ni les biens, ni les enfants ne seront d’aucune utilité, sauf celui qui vient à Allah avec un cœur saint.» (26:88-89). Et Allah mentionne les cœurs de Ses vrais savants (`oulama) lorqu’Il dit: «Il consiste plutôt en des versets évidents, (préservés) dans les poitrines de ceux à qui le savoir a été donné. Et seul les injustes renient nos versets.»
Quelles sont les maladies du cœur? L’Imam Souyouti dit dans son livre sur la tariqa Chadhili: «La science des cœurs, la connaissance de ses maladies comme la jalousie, l’arrogance et la vanité, est une obligation pour tout Musulman de s’en débarrasser.»[20] Les exégètes disent que la jalousie (hassad), l’ostentation (al-riya’), l’hypocrisie (al-nifaq) et la haine (al-hiqd) sont les caractères les plus communs auquels Allah fait référence lorsqu’Il dit: «Dis: Mon Seigneur m’a interdit les turpitudes tant apparentes que secrètes» (7:33). La mention par Allah de «tant apparent que secret» est l’évidence de la nécessité pour toute personne de ne pas seulement corriger et parfaire les actions extérieures, mais de purifier celles qui sont cachées en son cœur et qui sont seulement connues de son Seigneur.
Le tassawwouf est la science et la connaissance par laquelle on apprend à purifier le moi des mauvais désirs de l’égo, comme la jalousie, la tricherie, l’ostentation, l’amour des éloges, la vanité, l’arrogance, la colère, l’avidité, la radinerie, le respect du riche au dépend du pauvre, tout comme on doit purifier son aspect externe. La science de tassawwouf enseigne la purification selon le Saint Coran et la Sunna du Prophète et enseigne à se vêtir des attributs parfaits (al-sifat oul-kamila) dont la repentance (tawba), la peur de Dieu (taqwa), se maintenir dans le droit chemin (istiqama), la franchise (sidq), la sincérité (ikhlas), l’abstentation (zouhd), la grande piété (wara’), se remettre à Allah (tawakkul), accepter le Destin (rida), s’abandonner à Allah (taslim), les bonnes manières (adab), l’amour (mahabba), le souvenir (dhikr), la méditation (mouraqaba), et plusieurs autres qualités trop nombreuses pour être énumérées ici.
Tout comme la science du hadith a des douzaines de classifications, de même la science de tassawwouf a plusieurs classifications à savoir, les bonnes caractéristiques (akhlaq hassana) que le croyant doit obligatoirement développer, et les mauvaises (akhlaq dhamina) qu’il doit obligatoirement éliminer, en vue d’atteindre l’état d’ihsan. Les bénéfices et les buts de la science de tassawwouf rendent manifestes en nous le coeur de l’Islam, sa précieuse essence et sa force. En effet, l’Islam n’est pas seulement une pratique externe, mais il a aussi une vie interne. Ceci est la raison pour laquelle Allah dit: «Evitez le péché apparent ou caché» (6:120) et «Il y a parmi les croyants, des hommes qui ont été sincères dans leur engagement envers Allah» (33:23). Ceci signifie que tous les croyants ne sont pas inclus dans ce groupe sélectionné de «ceux qui ont tenu leur engagement envers Allah.» En d’autres termes l’on peut être croyant, mais ne pas être parmi ceux qui ont tenu leur engagement à moins que l’on est atteint l’état de la purification de soi, l’état d’ihsan, la perfection du caractère, que le Saint Prophète mentionna dans le Saint Hadith. Et ceci, comme nous l’avons maintenant rendu clair, est ce qui fut connu plus tard comme étant la science du tassawwouf.
suite: Preuves dans le Coran
Sommaire
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Transmit sur l’autorité de ‘Oumar, ‘Ali, Ibn ‘Abbas, et autres. Récits rassemblés par Abou Talib al-Makki dans le chapître intitulé “La différence entre les savants du monde et ceux de l’au-delà” dans son Qout al-qouloub fi mou’amalat al-mahboub (Le Caire: Matba’at al maymouniyya, 1310/1893) 1:140-141.
Transmit par Ahmad avec une chaîne valable dans Kitab fada’il al-Sahaba, ed. Wasi Allah ibn Mouhammad ‘Abbas (Mecca: Mou’assasat al-risala, 1983) 1:141 (#118).
Al-Qoushayri, Risalat kitab al-sama’ dans al-Rasa’il al-qoushayriyya (Sidon et Béirut: al-maktaba al-‘asriyya, 1970) p. 60.
[4] Ahmad, Kitab al-wara’ ( Béirut: Dar al-kitab al-‘arabi, 1409/1988 ) p10.
[5] Ddhhabi ainsi cité dans Sakhawi, al-jaahir wa al-dourar fi tarjamat cheick al-islam (al-‘asqali), ed. Hamid ‘Abd al-Majid et Taha al-zayni (Le Caire: wizarat al-awqaf, al-majlis al-a’la li al-shou’oun al-islamiyya, lajnah ihya’al-tourath al-islmi, 1986) p.21-22.
[6] Voir Ibn Sa’d, Tabaqat (ed. Sachau) 7(2):83; al-‘Arousi, Nata’ij al-afkar al-qoudsiyya (Boulaq, 1920/1873; et ‘Abd al-Wahhab al-Sha’rawi, al-Tabaqat al-koubra 1:57.
[7] Rapporté dans Boukhari et Muslim à travers plusieurs chaînes. Nawawi l’inclu dans sa collection de quarante hadiths (#2).
[8]Ahmad, al-Zouhd (Béirut: dar al-koutoub al-‘ilmiyya, 1414/1993) p.414,416.
[9] ‘Ilm an-Nahuo, Ilm al-‘Ajaaz, ‘Ilm ul-Kalam, ‘Ilm at-Tawhid, ‘Ilm al-Aqida, ‘Ilm al-Qour’an, ‘Ilm al-Fiqh, ‘Ilm al-Hadith, ‘Ilm as-Sirah, ‘Ilm as-Sarf, ‘Ilm al-Bayan, ‘Ilm at-Tafsir, ‘Ilm al-Tajwid, ‘Ilm al-Tartil, ‘Ilm at-Tassawwouf ou ‘Ilm oul-Ihsan, ‘Ilm oul-Mirath, etc…
[10]Al-Houwjiri, Kashf al-mahjoub, trad. R.A. Nicholson (Kazrachi: dar al-ishaat, 1990) p.35.
[11] Dans Ibn ‘Assakir de la part d’Ibn Mas’oud. Al-Qouchayri et al-Houwjiri le citent dans leurs chapitres sur le tassawwouf, respectivement dans Kashf al-mahjoub (La traducttion de Nicholson p.35) et al-Risala: traduction de B.R. Von Schlegell, les principes du soufisme (Berkeley, Mizan Press, 1990) p.301.
[12] Tabarani le cita et Haythami authentifia la chaîne à travers ‘Irba ibn Sariya dans Majma’al-zawa’id, chapître sur les mérites de la Syrie.
[13] Ibn al-Athir, al-Nihaya, s.v.s-f-w.
[14] Bukhari le rapporte (english 1:79).
[15] Ibn Hajar, Fath al-bari (1989 ed.) 1:258 et 11:541.
[16] Rapporté dans Ahmad, Tabarani, Abou Ya’la et Abou Nou’aym.
[17] Bayhaqi le rapporte dans “Shou’ab al-iman 1:396 #522; al-Moundhiri dans al-Targhib 2:396; et Ibn Abi al-Dunya.
[18] Al- hafiz Abou Nou’ayn le rapporta dans Hilyat al-awliya. Ibn Hajar dit dans al-Isaba (2:2 #1659): “Sa chaîne de transmission est acceptable et Ibn Mindah le soumit aussi. Nous avons rapporté la même à travers Abou al-Darda’ dans le Fawa’id de Hisham ibn ‘Ammar.” Al-Tabarani aussi le rapporte à travers Abou al-Darda’. Haythami dit de cette chaîne: “Elle contient un narrateur inconnu, mais le reste est fiable.”
[19] Tirmidhi le rélate et dit: un hadith rare (gharib); Bayhaqi aussi dans le shou’ab 4:245 #4951.
[20] Suyuti, Ta’yid al-haqiqa al-‘aliyya wa-tashyid al-tariqa al-shadhiliyya, ed. Abd Allah ibn Muhammad ibn al-Siddiq al-Ghumani al-Hassani (Cairo: al-matba’ al-izlamiyya, 1934), p, 56.
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TEXTE NUMERO 2
Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux, Louanges et Paix sur notre bien aimé Prophète, Sa Famille et Ses Compagnons
Le Soufisme en Islam
· Tables des matières
· Introduction
· Preuves dans le Coran
· Preuves dans les Hadiths
· Position des Savant I
· Position des Savant II
· Position des Savant III
· Conclusions
· Glossaire
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» Le Soufisme: Tassawwouf
II - «Y-A-T’Il DES PREUVES ET DES EVIDENCES DANS LE CORAN AU SUJET DU TASSAWWOUF? CITEZ-LES DE MANIERES EXPLICITES.»
Allah décrit Tazkiyat Al-Nafs comme un devoir du Prophète
D’autres versets et commentaires sur Tazkiyat Al-Nafs
Allah ordonne aux croyants de chercher un moyen de s’approcher de lui et d’accompagner les Sadiqin.
Allah décrit quelqu’un qui a directement appris de Lui: Al-Khidr
La supériorité de l’Amour dans l’Adoration
Des versets au sujet du Caractère Parfait, Ihsan
II - «Y-A-T’Il DES PREUVES ET DES EVIDENCES DANS LE CORAN AU SUJET DU TASSAWWOUF? CITEZ-LES DE MANIERES EXPLICITES.»
Allah décrit Tazkiyat Al-Nafs comme un devoir du Prophète
Comme mentionné précédemment, l’évidence du tassawwouf à partir du Coran est la même que l’évidence pour tazkiyat al-nafs ou la purification du soi, qui a été établie dans les paragraphes antérieurs comme la définition du tassawwouf. Allah dit: «C’est Lui qui a envoyé à des gens sans Livre un Messager des leurs qui leur récite Ses versets, les purifie et leur enseigne le Livre et le Sagesse, car ils étaient auparavant dans un égarement évident» (62:2). Le terme utilisé ici est wa youzakkihim (les purifie). Les différents sens des différentes racines du mot tazkiya en arabe sont:
zaka: «il nettoya» ou «il fut propre»
youzakki «netttoyer» et «être purifier»
tazkiya «purification»
zakat «la taxe Islamique pour le nécessiteux,» «charité» «pureté»
azka «la plus pure»
zaki «pur, innocent»
Allah dit dans un autre verset: «Et par l’âme et Celui qui l’a harmonieusement façonnée et lui a alors inspiré son immortalité, de même que sa piété! A réussi, certes, celui qui la purifie. Et est perdu, certes, celui qui la corrompt.» (91:7-10) Ce verset du Coran fait état de la nécessité de purifier et de maintenir propre la nafs en vue de réussir dans cette vie et dans l’au-delà: et ceci est précisément le but du tassawwouf. Les versets suivants sont rélatés pour une telle auto-purification.
D’autres versets et commentaires sur Tazkiyat Al-Nafs
Des versets se référant à la purification et à la purification du soi dans le Coran ont été déjà mentionnés. Allah dit:
· «Notre Seigneur! Envoie l’un des leurs comme messager parmi eux, pour leur réciter Tes versets, leur enseigner le Livre et la Sagesse, et les purifier.» (2:129)
· «Ainsi, Nous avons envoyé parmi vous un messager de chez vous qui vous récite Nos versets, vous purifie…» (2:151)
· «Réussit, certes, celui qui se purifie, et se rappele le nom de son Seigneur, puis prie.» (87:14-15)
· «Et quiconque se purifie, ne se purifie que pour lui-même, et vers Allah est la Destination.» (35:18)
Dans tous ces versets Allah Tout-Puissant fait état des mutassawif, ou ceux qui sont préoccupés à se purifier. Ils se souviennent de leur Seigneur en tout lieu et en tout moment en invocant Ses Noms et Attributs, et ils sont attentifs dans leurs prières. Ceci est l’essence du tassawwouf, et aussi l’essence de l’Islam. Nous rappelons encore au lecteur que ceci n’est qu’un terme technique, qui peut être remplacé par tout autre synonyme. Pour quiconque prétend suivre ou pratiquer l’Islam, alors ce combat pour la purification du moi est obligatoire, comme il est clairement ordonné dans ces versets. En vérité, il est sans importance de prétendre qu’il puisse avoir une soumission totale à Allah sans se purifier soi-même et voici pourquoi certains savants, parmi lesquels l’Imam Ghazali et l’Iman Souyouti, ont considéré le tassawouf comme une obligation religieuse (wajib).[21] Que l’on réussisse ou non dans cette poursuite dépend d’Allah, mais quoiqu’il en soit sa nécessité incombe à tous les Musulmans, hommes et femmes.
Allah ordonne aux Croyants de chercher un Moyen de s’approcher de Lui et d’accompagner les Sadiqin. Il promet de guider Les Mouhsinin
Allah ordonne: «O vous qui croyez! Craignez Allah, cherchez le moyen de vous rapprocher de Lui et luttez pour Sa cause. Peut-être serez-vous de ceux qui réussissent!» (5:35). Ce verset ordonne de se battre dans la voie d’Allah – et non dans celle de l’égo et vers ses désirs – si l’on souhaite être victorieux. Et il indique la nécessité de suivre les pas du Prophète comme un moyen pour s’approcher d’Allah Tout-Puissant, et le prendre ainsi que ceux qui le connaissent comme guides.
Allah dit aussi: «O vous qui croyez! Craignez Allah et soyez avec les véridiques.» (9:119). Le verset montre une évidence de la nécessité de tenir compagnie et de s’associer avec les meilleurs serviteurs d’Allah. Les Sadiqin sont ceux qui ont atteint les plus hauts niveaux de la foi selon le verset déjà mentionné: “Il est parmi les croyants, des hommes qui ont été sincères dans leur engagement envers Allah. Certains d’entre eux sont morts, et d’autres attendent encore; et ils n’ont varié aucunement (dans leur engagement). (33:23). Ceci signifie qu’en tout temps il y a des gens qui tiennent solidement à leur engagement envers Allah. Ceux-là sont les amis d’Allah mentionnés dans d’autres versets, parmi lesquels: «En vérité, les bien-aimés d’Allah seront à l’abri de toute crainte, et ils ne sont point affligés» (10:62). L’un de ces Amis d’Allah est al-Khidr. On ordonna au prophète Moise de l’accompagner afin d’apprendre une partie de sa sagesse.
Allah dit: «Quant à ceux qui luttent pour notre cause, Nous les guiderons certes sur Nos sentiers. Allah est en vérité avec les bienfaisants» (29:62). La plupart des savants de l’Islam pratiquèrent tazkiyat al-nafs et essayèrent d’atteindre l’état d’ihsan illustré par le haut calibre des saints auquel le verset ci-dessus fait allusion. Ils sont les pieux exemples de ceux qui répendirent l’Islam en Asie Centrale, en Inde, au Pakistan, en Turquie, en Bosnie, en Indonésie, en Malaisie, en Chine, en Indochine, en Espagne, et en Afrique. Tous ces savants pratiquèrent le tassawwouf et utilisèrent ses métodes pour propager l’Islam dans ces pays, à travers leurs états de zouhd, wara', taqwa et tazkiya, ce qui les rendit comme des aimants pour les masses des gens qui se virent attirés à l’Islam par leur canal.
Allah décrit quelqu’un qui a directement appris de Lui: Al-Khidr
Allah décrit éloquemment la rencontre de Sayiddina Moussa avec Sayiddina Khidr dans les versets suivants: «Ils trouvèrent l’un de Nos serviteurs à qui Nous avons donné une grâce de Notre part, et à qui Nous avons enseigné une science émanant de Nous. Moïse lui dit: «Puis-je te suivre à la condition que tu m’apprennes ce qu’on t’a appris concernant une bonne direction?» L’autre dit: Sûrement, tu ne pourras pas être patient avec moi.» (18:65-67). De ces versets, nous voyons que quoique Sayiddina Moussa fut un prophète et de surcroit le seul prophète à parler directement à Allah (kalimoullah), Sayiddina Khidr possédait une connaissance que Moise n’avait pas, et qu’il cherchait à obtenir de lui. Khidr recevait son savoir directement de la Présence d’Allah (`ilm ladounni) car il était , comme nous l’avons dit, l’un des Amis d’Allah.
Allah dit aussi: «Et suis le chemin de celui qui se tourne vers Moi» (31:15). Youssouf `Ali commente convenablement ce verset en ces termes: «Ceci est le chemin de ceux qui aiment Allah.» Ceci est en effet un état d’amour qui est lié au coeur, non à l’esprit. A partir de l’ordre de tenir compagnie avec les Véridiques, à partir des versets de la rencontre de Moise avec al-Khidr, et à partir de l’ordre de suivre la voie des vrais Amoureux d’Allah, nous dérivons trois des nombreuses preuves de l’obligation de suivre un guide ou «maître d’éducation» (cheick al-tarbiya) dans la terminologie technique du tassawwouf.
La supériorité de l’Amour dans l’Adoration
Dans son livre intitulé Rawdat al-mouhibbin wa nouzhat la-moushtaqin (Le jardin des amoureux et la promenade des aspirants), Ibn Qayyim al-Jawziyya assembla quelques dires des grands Soufis sur l’amour et sa priorité dans l’adoration [22]:
· Jounayd dit, «j’entendis al-harith al-Mouhassabi dire, l’amour est quand tu t’inclines complètement envers quelque chose, ensuite la préférence de cette chose sur soi-même et sur ton esprit et tes possessions, ensuite la conformité avec cette chose intérieurement et extérieurement, et la réalisation de ta faiblesse dans ton amour pour Lui.»
· Abdoullah ibn al-Moubarak dit: «Quiconque auquel est donné une portion d’amour et auquel il n’est pas donné une équivalence de piété, a été lésé.»
· Yahya bin al-Mouadh al-Razi dit: «Un amour du poids d’un atome est préférable pour moi que d’adorer plus de soixante-dix années sans amour.»
· Abou Bakrah al-Qattani dit: «Il y avait une discussion au sujet de l’amour (de Dieu) à la Mecque au cours du pèlerinage et les cheicks en parlèrent. Jounayd était le moins âgé d’entre eux et ils dirent: Dis ce que tu possèdes O Iraqi. Il baissa sa tête par déférence et ses yeux se remplirent de larmes ensuite il dit: Un esclave se laissant lui-même, connecté avec le souvenir de son Seigneur, debout avec l’accomplissement de ses obligations, Le regardant avec son cœur, lequel cœur est consumé par la lumière de son Essence, sa soif est satisfaite du verre de Son amour, et s’il parle c’est par Allah, et s’il met en garde c’est d’Allah, et s’il se déplace c’est sur l’ordre d’Allah, et s’il est silencieux c’est qu’il est avec Lui, et il est par Allah, il est pour Allah, il est avec Allah (fa houwa billahi wa lillahi wa’allahi). Les cheicks s’esclamèrent et dirent: Il n’y a rien au-dessus de ceci, qu’Allah te renforce, couronne des Connaisseurs!»
Ces mots de Jounayd sont liés à l’un des textes fondamentaux montrant l’évidence du miracle ou karamat des saints, le hadith qoudsi (dire inspiré) rapporté dans Boukhari par Abu Hourayra, le Messager d’Allah a dit: «Allah dit»:
"Quiconque nuit à celui qui s’est consacré à Moi, Je lui déclarerai la guerre. Mon serviteur ne se rapproche de Moi par rien qui M’est agréable que l’accomplissement des obligations que Je lui ai imposées. Mon serviteur ne cessera de se rapprocher de Moi par des pratiques surérogatoires jusqu’à ce que Je l’aime, et quand Je l’aime, Je deviens l’oreille par laquelle il entend, les yeux par lesquels il voit, la main par laquelle il empoigne, son pied par lequel il marche. S’il Me sollicite quelque chose, certes, Je la lui accorderai, et s’il sollicite Ma protection, certes, Je la lui accorderai …"
· L’amour d’Allah fut mentionné par Dhoul-Noun et il dit: «Assez, ne discutez pas de cette question car le nafs l’entendra et il le réclamera.» Et il continua:
«En ce qui concerne le rebelle, la peur et le remord sont meilleurs! L’amour d’Allah est pour celui qui a déjà peur et est purifié de toute vulgarité.»
· Dhoul-Noun dit aussi: «Pour toute chose il y a une punition, et la punition pour le Connaisseur d’Allah est lorsqu’il est détaché du souvenir d’Allah (dhikroullah).»
· Jounayd fit allusion à cette différence de niveaux dans sa réponse lorsqu’il fut questionné: «Par dessus tout, il y a des gens qui disent que définitivement ils atteignent le niveau de la bonté en ne faisant aucune action.» Il dit: «Parlent-ils de la suppression des actes (obligatoires et autres)? Non, quiconque commet l’adultère et vole est mieux que celui qui tient un tel propos. Car sûrement les connaisseurs d’Allah (al `arifina billah) prennent les actions dictées par Allah et retournent à Lui avec ces actions, et si j’avais à vivre mille années je ne diminuerais jamais de faire de bonnes actions.»
· Jounayd dit aussi: «Le connaisseur d’Allah n’est pas considéré comme connaisseur jusqu’à ce qu’il ne devienne comme la terre; ça lui est égal qu’une bonne ou une mauvaise personne le piétine; ou comme la pluie, elle tombe sans discrimination sur ceux qu’elle aime ou ceux qu’elle n’aime pas.»
· Soummoun dit: «Les amoureux d’Allah ont obtenu l’honneur des deux mondes, celui-ci et celui de l’au-delà. Le Prophète a dit: «L’être humain est avec celui qu’il aime.» Ils sont avec Allah dans la dunya et dans l’au-delà.»
· Yahya ibn Mou’adh dit aussi: «Il n’est pas véridique celui qui prétend qu’il L’aime et trépasse Ses limites.»
· Et il dit: «Le connaisseur d’Allah abandonne cette vie mondaine et il n’a pas assez de deux choses: pleurer sur son propre moi, et son grand désir pour son Seigneur.»
· Et quelqu’un dit: «Le connaisseur d’Allah ne devient un connaisseur jusqu’à ce que lui soit offert les trésors de Soulayman, cela ne l’intéressera pas, même pas le temps d’un clignement de paupières.»
Des versets au Sujet du Caractère Parfait, Ihsan
Après les versets qui s’adressent à l’auto-purification, citons maintenant des versets qui évoquent l’état d’ihsan ou l’excellence du caractère. Allah dit:
· «La Miséricorde d’Allah est proche des bienfaisants.» (7:56)
· «Certes, Allah est avec ceux qui L’ont craint avec piété et ceux qui sont bienfaisants.» (16:128)
· «Y a-t-il d’autre récompense pour l’Excellence que l’excellence ?» (55:60)
· «Et il récompense ceux qui font le bien par la meilleure récompense.» (53:31)
· «Certes, Allah commande l’équité, la bienfaisance (ihsan) et l’assistance aux proches. Et Il interdit la turpitude, l’acte répréhensible et la rébellion. Il vous exhorte afin que vous vous souveniez.» (16:90)
· «Non, mais quiconque soumet à Allah son être entier tout en faisant du bien (dans l’état d’ihsan), aura sa rétribution auprès de son Seigneur. Pour eux nulle crainte, et ils ne serons point attristés.» (2:112)
· «Et quiconque soumet son être entier à Allah tout en étant bienfaisant (ihsan), s’accroche réellement à l’anse la plus ferme. La fin de toute chose appartient à Allah» (31:22)
· «Qui est meilleur en religion que celui qui soumet son être entier à Allah tout en oeuvrant bien dans la voie qu’Allah aime…» (4:125).
Les versets au sujet de l’état d’ihsan sont très nombreux, mais ce qui a été cité est suffisant. Le sens de ihsan, comme le Prophète l’a défini, c’est prier avec humilité et soumission (khoudou' et khouchou') comme si l’on voyait Allah et être conscient qu’Il nous voit. Dans son livre «Livre de Définitions» (Kitab al-ta’rifat), al-Jourjani (d. 816) dit:
al-ihsan: nom verbal dénotant ce que l’on doit faire dans la voie du bien. Dans la Chari`a cela signifie adorer Allah comme si tu Le vois, et si tu ne Le vois pas, Il te voit. C’est le degré de la vraie adoration dans la servitude prédit dans la vue de la divinité avec la lumière de la vision spirituelle (al-tahaqqouq bi al-`ouboudiyya `ala moushahadat hadrat al-rouboubiyya bi nour al-basira). Ceci est: la vue d’Allah comme Il est décrit par Ses attributs et à travers Son réel atttribut, afin que l’on puisse Le voir avec certitude, non littéralement (fa houwa yaqinan wa la yarahou haqiqatan). C’est la raison pour laquelle le Prophète dit: «Comme si tu Le voyais.» Car on Le voit derrière le voile de Ses attributs.[23]
Le mot ihsan et ses dérivés ont les sens suivants dans le dictionnaire:
hassouna: “devenir, sembler, rendre excellent, beau”
ihsanan: “faire excellemment”
ahsana: “il fit une bonne action”
ihsan: “gentillesse”
housna: “récompense”
hassan: “excellent, beau”
hissanoun: “beaux”
«Devenir beau» dans le premier sens de ces définitions signifie se décorer avec de bons attributs, embellir intérieurement et extérieurement. Utiliser comme adjectif, il signifie gentillesse comme une caractéristique ou une attitude interne aussi bien que tranquilité.
Il apparait évident que l’état d’ihsan cité dans le Saint Coran est un état très important, état que l’ange Jibril dé- montra comme partie intrinsèque de la religion, et qu’il plaça au même niveau que les états de l’Islam et de la foi. La religion consiste en trois états , l’Islam, l’Iman et l’Ihsan, chacun avec sa définition. Ceci est la raison pour laquelle il est mentionné en plusieurs lieux dans le Saint Coran et la raison pour laquelle lorsque le Prophète fut questionné à ce sujet par Jibril, il lui donna la même importance que l’Islam et l’Iman.
Ceci est le sens de la science entière du tassawwouf. A ceux qui s’y opposent nous disons: Vous pouvez changer ce terme si vous ne l’aimez pas, mais nous l’aimons ainsi parce que c’est un terme bien connu, bien utilisé. Les termes ne changent pas la nature ou la réalité fondamentale d’une chose. Comme l’adage le dit, «une rose quelque soit le nom qu’on lui donnera aura toujours une bonne odeur.»
suite: Preuves dans les Hadiths
Sommaire
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[21] L’opinion de Ghazali est citée dans The Riance of the Traveller, p.12. Pour Suyuti, voir la section des dires des savants à la fin de ce livre.
[22] Ibn Qayyim, rawdat al-mouhibbin wa nuzhat al-moushtaqin (Béirut: Dar al-Kutub al-ilmiyya, 1993 ) p. 406-409.
[23] Al-Charif ‘Ali ibn Mouhammad al-Joujani, kitab al-ta’rifat (Beirout: dar al-koutoub al-‘ilmiyya, 1408/1988) p. 12.
Suite : partie III
Sommaire
Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux, Louanges et Paix sur notre bien aimé Prophète, Sa Famille et Ses Compagnons
Le Soufisme en Islam
· Tables des matières
· Introduction
· Preuves dans le Coran
· Preuves dans les Hadiths
· Position des Savant I
· Position des Savant II
· Position des Savant III
· Conclusions
· Glossaire
· Version Imprimable
· Articles sur le Soufisme
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» Le Soufisme: Tassawwouf
II - «Y-A-T’Il DES PREUVES ET DES EVIDENCES DANS LE CORAN AU SUJET DU TASSAWWOUF? CITEZ-LES DE MANIERES EXPLICITES.»
Allah décrit Tazkiyat Al-Nafs comme un devoir du Prophète
D’autres versets et commentaires sur Tazkiyat Al-Nafs
Allah ordonne aux croyants de chercher un moyen de s’approcher de lui et d’accompagner les Sadiqin.
Allah décrit quelqu’un qui a directement appris de Lui: Al-Khidr
La supériorité de l’Amour dans l’Adoration
Des versets au sujet du Caractère Parfait, Ihsan
II - «Y-A-T’Il DES PREUVES ET DES EVIDENCES DANS LE CORAN AU SUJET DU TASSAWWOUF? CITEZ-LES DE MANIERES EXPLICITES.»
Allah décrit Tazkiyat Al-Nafs comme un devoir du Prophète
Comme mentionné précédemment, l’évidence du tassawwouf à partir du Coran est la même que l’évidence pour tazkiyat al-nafs ou la purification du soi, qui a été établie dans les paragraphes antérieurs comme la définition du tassawwouf. Allah dit: «C’est Lui qui a envoyé à des gens sans Livre un Messager des leurs qui leur récite Ses versets, les purifie et leur enseigne le Livre et le Sagesse, car ils étaient auparavant dans un égarement évident» (62:2). Le terme utilisé ici est wa youzakkihim (les purifie). Les différents sens des différentes racines du mot tazkiya en arabe sont:
zaka: «il nettoya» ou «il fut propre»
youzakki «netttoyer» et «être purifier»
tazkiya «purification»
zakat «la taxe Islamique pour le nécessiteux,» «charité» «pureté»
azka «la plus pure»
zaki «pur, innocent»
Allah dit dans un autre verset: «Et par l’âme et Celui qui l’a harmonieusement façonnée et lui a alors inspiré son immortalité, de même que sa piété! A réussi, certes, celui qui la purifie. Et est perdu, certes, celui qui la corrompt.» (91:7-10) Ce verset du Coran fait état de la nécessité de purifier et de maintenir propre la nafs en vue de réussir dans cette vie et dans l’au-delà: et ceci est précisément le but du tassawwouf. Les versets suivants sont rélatés pour une telle auto-purification.
D’autres versets et commentaires sur Tazkiyat Al-Nafs
Des versets se référant à la purification et à la purification du soi dans le Coran ont été déjà mentionnés. Allah dit:
· «Notre Seigneur! Envoie l’un des leurs comme messager parmi eux, pour leur réciter Tes versets, leur enseigner le Livre et la Sagesse, et les purifier.» (2:129)
· «Ainsi, Nous avons envoyé parmi vous un messager de chez vous qui vous récite Nos versets, vous purifie…» (2:151)
· «Réussit, certes, celui qui se purifie, et se rappele le nom de son Seigneur, puis prie.» (87:14-15)
· «Et quiconque se purifie, ne se purifie que pour lui-même, et vers Allah est la Destination.» (35:18)
Dans tous ces versets Allah Tout-Puissant fait état des mutassawif, ou ceux qui sont préoccupés à se purifier. Ils se souviennent de leur Seigneur en tout lieu et en tout moment en invocant Ses Noms et Attributs, et ils sont attentifs dans leurs prières. Ceci est l’essence du tassawwouf, et aussi l’essence de l’Islam. Nous rappelons encore au lecteur que ceci n’est qu’un terme technique, qui peut être remplacé par tout autre synonyme. Pour quiconque prétend suivre ou pratiquer l’Islam, alors ce combat pour la purification du moi est obligatoire, comme il est clairement ordonné dans ces versets. En vérité, il est sans importance de prétendre qu’il puisse avoir une soumission totale à Allah sans se purifier soi-même et voici pourquoi certains savants, parmi lesquels l’Imam Ghazali et l’Iman Souyouti, ont considéré le tassawouf comme une obligation religieuse (wajib).[21] Que l’on réussisse ou non dans cette poursuite dépend d’Allah, mais quoiqu’il en soit sa nécessité incombe à tous les Musulmans, hommes et femmes.
Allah ordonne aux Croyants de chercher un Moyen de s’approcher de Lui et d’accompagner les Sadiqin. Il promet de guider Les Mouhsinin
Allah ordonne: «O vous qui croyez! Craignez Allah, cherchez le moyen de vous rapprocher de Lui et luttez pour Sa cause. Peut-être serez-vous de ceux qui réussissent!» (5:35). Ce verset ordonne de se battre dans la voie d’Allah – et non dans celle de l’égo et vers ses désirs – si l’on souhaite être victorieux. Et il indique la nécessité de suivre les pas du Prophète comme un moyen pour s’approcher d’Allah Tout-Puissant, et le prendre ainsi que ceux qui le connaissent comme guides.
Allah dit aussi: «O vous qui croyez! Craignez Allah et soyez avec les véridiques.» (9:119). Le verset montre une évidence de la nécessité de tenir compagnie et de s’associer avec les meilleurs serviteurs d’Allah. Les Sadiqin sont ceux qui ont atteint les plus hauts niveaux de la foi selon le verset déjà mentionné: “Il est parmi les croyants, des hommes qui ont été sincères dans leur engagement envers Allah. Certains d’entre eux sont morts, et d’autres attendent encore; et ils n’ont varié aucunement (dans leur engagement). (33:23). Ceci signifie qu’en tout temps il y a des gens qui tiennent solidement à leur engagement envers Allah. Ceux-là sont les amis d’Allah mentionnés dans d’autres versets, parmi lesquels: «En vérité, les bien-aimés d’Allah seront à l’abri de toute crainte, et ils ne sont point affligés» (10:62). L’un de ces Amis d’Allah est al-Khidr. On ordonna au prophète Moise de l’accompagner afin d’apprendre une partie de sa sagesse.
Allah dit: «Quant à ceux qui luttent pour notre cause, Nous les guiderons certes sur Nos sentiers. Allah est en vérité avec les bienfaisants» (29:62). La plupart des savants de l’Islam pratiquèrent tazkiyat al-nafs et essayèrent d’atteindre l’état d’ihsan illustré par le haut calibre des saints auquel le verset ci-dessus fait allusion. Ils sont les pieux exemples de ceux qui répendirent l’Islam en Asie Centrale, en Inde, au Pakistan, en Turquie, en Bosnie, en Indonésie, en Malaisie, en Chine, en Indochine, en Espagne, et en Afrique. Tous ces savants pratiquèrent le tassawwouf et utilisèrent ses métodes pour propager l’Islam dans ces pays, à travers leurs états de zouhd, wara', taqwa et tazkiya, ce qui les rendit comme des aimants pour les masses des gens qui se virent attirés à l’Islam par leur canal.
Allah décrit quelqu’un qui a directement appris de Lui: Al-Khidr
Allah décrit éloquemment la rencontre de Sayiddina Moussa avec Sayiddina Khidr dans les versets suivants: «Ils trouvèrent l’un de Nos serviteurs à qui Nous avons donné une grâce de Notre part, et à qui Nous avons enseigné une science émanant de Nous. Moïse lui dit: «Puis-je te suivre à la condition que tu m’apprennes ce qu’on t’a appris concernant une bonne direction?» L’autre dit: Sûrement, tu ne pourras pas être patient avec moi.» (18:65-67). De ces versets, nous voyons que quoique Sayiddina Moussa fut un prophète et de surcroit le seul prophète à parler directement à Allah (kalimoullah), Sayiddina Khidr possédait une connaissance que Moise n’avait pas, et qu’il cherchait à obtenir de lui. Khidr recevait son savoir directement de la Présence d’Allah (`ilm ladounni) car il était , comme nous l’avons dit, l’un des Amis d’Allah.
Allah dit aussi: «Et suis le chemin de celui qui se tourne vers Moi» (31:15). Youssouf `Ali commente convenablement ce verset en ces termes: «Ceci est le chemin de ceux qui aiment Allah.» Ceci est en effet un état d’amour qui est lié au coeur, non à l’esprit. A partir de l’ordre de tenir compagnie avec les Véridiques, à partir des versets de la rencontre de Moise avec al-Khidr, et à partir de l’ordre de suivre la voie des vrais Amoureux d’Allah, nous dérivons trois des nombreuses preuves de l’obligation de suivre un guide ou «maître d’éducation» (cheick al-tarbiya) dans la terminologie technique du tassawwouf.
La supériorité de l’Amour dans l’Adoration
Dans son livre intitulé Rawdat al-mouhibbin wa nouzhat la-moushtaqin (Le jardin des amoureux et la promenade des aspirants), Ibn Qayyim al-Jawziyya assembla quelques dires des grands Soufis sur l’amour et sa priorité dans l’adoration [22]:
· Jounayd dit, «j’entendis al-harith al-Mouhassabi dire, l’amour est quand tu t’inclines complètement envers quelque chose, ensuite la préférence de cette chose sur soi-même et sur ton esprit et tes possessions, ensuite la conformité avec cette chose intérieurement et extérieurement, et la réalisation de ta faiblesse dans ton amour pour Lui.»
· Abdoullah ibn al-Moubarak dit: «Quiconque auquel est donné une portion d’amour et auquel il n’est pas donné une équivalence de piété, a été lésé.»
· Yahya bin al-Mouadh al-Razi dit: «Un amour du poids d’un atome est préférable pour moi que d’adorer plus de soixante-dix années sans amour.»
· Abou Bakrah al-Qattani dit: «Il y avait une discussion au sujet de l’amour (de Dieu) à la Mecque au cours du pèlerinage et les cheicks en parlèrent. Jounayd était le moins âgé d’entre eux et ils dirent: Dis ce que tu possèdes O Iraqi. Il baissa sa tête par déférence et ses yeux se remplirent de larmes ensuite il dit: Un esclave se laissant lui-même, connecté avec le souvenir de son Seigneur, debout avec l’accomplissement de ses obligations, Le regardant avec son cœur, lequel cœur est consumé par la lumière de son Essence, sa soif est satisfaite du verre de Son amour, et s’il parle c’est par Allah, et s’il met en garde c’est d’Allah, et s’il se déplace c’est sur l’ordre d’Allah, et s’il est silencieux c’est qu’il est avec Lui, et il est par Allah, il est pour Allah, il est avec Allah (fa houwa billahi wa lillahi wa’allahi). Les cheicks s’esclamèrent et dirent: Il n’y a rien au-dessus de ceci, qu’Allah te renforce, couronne des Connaisseurs!»
Ces mots de Jounayd sont liés à l’un des textes fondamentaux montrant l’évidence du miracle ou karamat des saints, le hadith qoudsi (dire inspiré) rapporté dans Boukhari par Abu Hourayra, le Messager d’Allah a dit: «Allah dit»:
"Quiconque nuit à celui qui s’est consacré à Moi, Je lui déclarerai la guerre. Mon serviteur ne se rapproche de Moi par rien qui M’est agréable que l’accomplissement des obligations que Je lui ai imposées. Mon serviteur ne cessera de se rapprocher de Moi par des pratiques surérogatoires jusqu’à ce que Je l’aime, et quand Je l’aime, Je deviens l’oreille par laquelle il entend, les yeux par lesquels il voit, la main par laquelle il empoigne, son pied par lequel il marche. S’il Me sollicite quelque chose, certes, Je la lui accorderai, et s’il sollicite Ma protection, certes, Je la lui accorderai …"
· L’amour d’Allah fut mentionné par Dhoul-Noun et il dit: «Assez, ne discutez pas de cette question car le nafs l’entendra et il le réclamera.» Et il continua:
«En ce qui concerne le rebelle, la peur et le remord sont meilleurs! L’amour d’Allah est pour celui qui a déjà peur et est purifié de toute vulgarité.»
· Dhoul-Noun dit aussi: «Pour toute chose il y a une punition, et la punition pour le Connaisseur d’Allah est lorsqu’il est détaché du souvenir d’Allah (dhikroullah).»
· Jounayd fit allusion à cette différence de niveaux dans sa réponse lorsqu’il fut questionné: «Par dessus tout, il y a des gens qui disent que définitivement ils atteignent le niveau de la bonté en ne faisant aucune action.» Il dit: «Parlent-ils de la suppression des actes (obligatoires et autres)? Non, quiconque commet l’adultère et vole est mieux que celui qui tient un tel propos. Car sûrement les connaisseurs d’Allah (al `arifina billah) prennent les actions dictées par Allah et retournent à Lui avec ces actions, et si j’avais à vivre mille années je ne diminuerais jamais de faire de bonnes actions.»
· Jounayd dit aussi: «Le connaisseur d’Allah n’est pas considéré comme connaisseur jusqu’à ce qu’il ne devienne comme la terre; ça lui est égal qu’une bonne ou une mauvaise personne le piétine; ou comme la pluie, elle tombe sans discrimination sur ceux qu’elle aime ou ceux qu’elle n’aime pas.»
· Soummoun dit: «Les amoureux d’Allah ont obtenu l’honneur des deux mondes, celui-ci et celui de l’au-delà. Le Prophète a dit: «L’être humain est avec celui qu’il aime.» Ils sont avec Allah dans la dunya et dans l’au-delà.»
· Yahya ibn Mou’adh dit aussi: «Il n’est pas véridique celui qui prétend qu’il L’aime et trépasse Ses limites.»
· Et il dit: «Le connaisseur d’Allah abandonne cette vie mondaine et il n’a pas assez de deux choses: pleurer sur son propre moi, et son grand désir pour son Seigneur.»
· Et quelqu’un dit: «Le connaisseur d’Allah ne devient un connaisseur jusqu’à ce que lui soit offert les trésors de Soulayman, cela ne l’intéressera pas, même pas le temps d’un clignement de paupières.»
Des versets au Sujet du Caractère Parfait, Ihsan
Après les versets qui s’adressent à l’auto-purification, citons maintenant des versets qui évoquent l’état d’ihsan ou l’excellence du caractère. Allah dit:
· «La Miséricorde d’Allah est proche des bienfaisants.» (7:56)
· «Certes, Allah est avec ceux qui L’ont craint avec piété et ceux qui sont bienfaisants.» (16:128)
· «Y a-t-il d’autre récompense pour l’Excellence que l’excellence ?» (55:60)
· «Et il récompense ceux qui font le bien par la meilleure récompense.» (53:31)
· «Certes, Allah commande l’équité, la bienfaisance (ihsan) et l’assistance aux proches. Et Il interdit la turpitude, l’acte répréhensible et la rébellion. Il vous exhorte afin que vous vous souveniez.» (16:90)
· «Non, mais quiconque soumet à Allah son être entier tout en faisant du bien (dans l’état d’ihsan), aura sa rétribution auprès de son Seigneur. Pour eux nulle crainte, et ils ne serons point attristés.» (2:112)
· «Et quiconque soumet son être entier à Allah tout en étant bienfaisant (ihsan), s’accroche réellement à l’anse la plus ferme. La fin de toute chose appartient à Allah» (31:22)
· «Qui est meilleur en religion que celui qui soumet son être entier à Allah tout en oeuvrant bien dans la voie qu’Allah aime…» (4:125).
Les versets au sujet de l’état d’ihsan sont très nombreux, mais ce qui a été cité est suffisant. Le sens de ihsan, comme le Prophète l’a défini, c’est prier avec humilité et soumission (khoudou' et khouchou') comme si l’on voyait Allah et être conscient qu’Il nous voit. Dans son livre «Livre de Définitions» (Kitab al-ta’rifat), al-Jourjani (d. 816) dit:
al-ihsan: nom verbal dénotant ce que l’on doit faire dans la voie du bien. Dans la Chari`a cela signifie adorer Allah comme si tu Le vois, et si tu ne Le vois pas, Il te voit. C’est le degré de la vraie adoration dans la servitude prédit dans la vue de la divinité avec la lumière de la vision spirituelle (al-tahaqqouq bi al-`ouboudiyya `ala moushahadat hadrat al-rouboubiyya bi nour al-basira). Ceci est: la vue d’Allah comme Il est décrit par Ses attributs et à travers Son réel atttribut, afin que l’on puisse Le voir avec certitude, non littéralement (fa houwa yaqinan wa la yarahou haqiqatan). C’est la raison pour laquelle le Prophète dit: «Comme si tu Le voyais.» Car on Le voit derrière le voile de Ses attributs.[23]
Le mot ihsan et ses dérivés ont les sens suivants dans le dictionnaire:
hassouna: “devenir, sembler, rendre excellent, beau”
ihsanan: “faire excellemment”
ahsana: “il fit une bonne action”
ihsan: “gentillesse”
housna: “récompense”
hassan: “excellent, beau”
hissanoun: “beaux”
«Devenir beau» dans le premier sens de ces définitions signifie se décorer avec de bons attributs, embellir intérieurement et extérieurement. Utiliser comme adjectif, il signifie gentillesse comme une caractéristique ou une attitude interne aussi bien que tranquilité.
Il apparait évident que l’état d’ihsan cité dans le Saint Coran est un état très important, état que l’ange Jibril dé- montra comme partie intrinsèque de la religion, et qu’il plaça au même niveau que les états de l’Islam et de la foi. La religion consiste en trois états , l’Islam, l’Iman et l’Ihsan, chacun avec sa définition. Ceci est la raison pour laquelle il est mentionné en plusieurs lieux dans le Saint Coran et la raison pour laquelle lorsque le Prophète fut questionné à ce sujet par Jibril, il lui donna la même importance que l’Islam et l’Iman.
Ceci est le sens de la science entière du tassawwouf. A ceux qui s’y opposent nous disons: Vous pouvez changer ce terme si vous ne l’aimez pas, mais nous l’aimons ainsi parce que c’est un terme bien connu, bien utilisé. Les termes ne changent pas la nature ou la réalité fondamentale d’une chose. Comme l’adage le dit, «une rose quelque soit le nom qu’on lui donnera aura toujours une bonne odeur.»
suite: Preuves dans les Hadiths
Sommaire
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[21] L’opinion de Ghazali est citée dans The Riance of the Traveller, p.12. Pour Suyuti, voir la section des dires des savants à la fin de ce livre.
[22] Ibn Qayyim, rawdat al-mouhibbin wa nuzhat al-moushtaqin (Béirut: Dar al-Kutub al-ilmiyya, 1993 ) p. 406-409.
[23] Al-Charif ‘Ali ibn Mouhammad al-Joujani, kitab al-ta’rifat (Beirout: dar al-koutoub al-‘ilmiyya, 1408/1988) p. 12.
Suite : partie III
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TEXTE NUMERO 3
III - QUELLES SONT LES PREUVES SUR LE TASSAWWOUF A PARTIR DES HADITHS?
Oumm al-Ahadith, Le Hadith de Jibril
La troisième composante de la religion de l’Islam:
LE COMMENTAIRE DE L’IMAM NAWAWI SUR LE HADITH DE JIBRIL
L’école d’Ihsan et de Tazkiya
La relation entre Chari`a et Haqiqa
Le Grand Jihad: Le Jihad contre l’ego
Hadiths sur le Jihad contre l’ego
Jihad et soufis moujahiddin
Comme nous l’avons dit dans les paragraphes antérieurs, le terme tassawwouf est un terme technique qui a pris ses origines à travers les sens variés que nous avons cités dans la première et seconde réponse. Il a ses racines profondes dans la Sunna du Prophète, dans la mesure où son origine est l’ihsan, l’état d’Excellence qui est mentionné dans le hadith de Jibril, hadith qui est connu par tous les savants comme «la source de la Sunna et de tous les hadiths» (oumm al-Sunna wa oumm al-ahadith).
Oumm al-Ahadith, Le Hadith De Jibril
Oumar – qu’Allah lui accorde Sa satisfaction – dit aussi: «Pendant que nous étions assis un jour avec le Messager d’Allah – la bénédiction et le salut d’Allah sur lui – soudain un homme vint à nous. Il était habillé d’un vêtement excessivement blanc. Ses cheveux étaient très noir. Il n’y avait pas de signe de voyage sur cette personne. Aucun d’entre nous ne le connaissait. Il alla s’asseoir en face du Prophète – la bénédiction et le salut d’Allah sur lui – appuyant ses genoux contre les genoux du Prophète et ses mains sur ses jambes.
Il dit: «O Muhammad! Informe-moi au sujet de l’Islam.» Le Messager d’Allah – la bénédiction et le salut d’Allah sur lui – dit: «L’Islam est le témoignage qu’il y n’a de Dieu qu’Allah, et que Muhammad est le Messager d’Allah; de faire la prière; de payer la zakat; de jeûner pendant le mois du Ramadan; et d’effectuer le pèlerinage à la (maison d’Allah) si tu as les moyens de t’y rendre.» L’homme dit: «Tu as dit la vérité.» Nous étions surpris de lui: comment peut-il être en train de poser des questions au Prophète – la bénédiction et le salut d’Allah sur lui – et en même temps confirmer ses réponses? Ensuite il dit: «Parle-moi au sujet de la Foi.» Le Prophète – la bénédiction et le salut d’Allah sur lui – dit: «La Foi est de croire en Allah, Ses anges, Ses livres, Ses messagers, au Jour du Jugement, et de croire en la prédestination, le bon et le mal.» L’homme dit: «Tu as dit la vérité. Maintenant, parle-moi au sujet de l’Ihsan (l'excellence).» Le Prophète – la bénédiction et le salut d’Allah sur lui – répondit: «L’Ihsan est d’adorer Allah comme si tu Le vois, car si tu ne Le vois pas, certainement Il te voit.»
L’homme dit: «Maintenant informe-moi au sujet de l’Heure.» Le Prophète – la bénédiction et le salut d’Allah sur lui – dit: «Celui qui est questionné n’en sait pas plus que celui qui questionne.» Il dit: «Ainsi parle-moi au sujet de ses signes.» Il répondit: «La fille-esclave donnera naissance à ses maîtresses, et tu verras les va-nu-pieds, pauvres bergers construire de grands buildings.» Alors il s’en alla et le temps s’écoula. Longtemps après il me dit: «O `Oumar, sais-tu qui posait ces questions?» Je dis: «Allah et Son Messager savent mieux.» Il dit: «Il n’était rien d’autre que Gabriel. Il était venu vous enseigner votre religion.» Rapporté par Mouslim.
Dans ce hadith, Jibril a divisé la Religion en trois catégories ou branches, à partir desquelles toute la religion, tous les hadiths et toute la Sunna dérivent. Et, il précisa chaque branche en posant chaque question séparément. La première branche était au sujet de la question «Qu’est-ce l’Islam?», la seconde était au sujet de la question «Qu’est-ce l’Iman?», et la troisième était au sujet «Qu’est-ce l’Ihsan?» Nous ne pouvons pas dire que la Religion est seulement l’Islam, ou seulement l’Iman ou seulement l’Ihsan. Nous disons que chaque branche est essentielle à la Religion, et ne peut pas être séparée. Le Prophète, dans ses réponses à ces questions confirma ceci et dit à ses Compagnons après que Jibril soit parti, «Jibril était venu vous enseigner votre religion.»
Nous voyons à partir de ce hadith de Jibril qu’il catégorisa la religion en trois piliers ou composantes essentielles. Le premier est le pilier de l’Islam. Le deuxième est le pilier de l’Iman et le troisième est le pilier d’Ihsan. Le premier pilier est le côté pratique de la religion, comprenant l’adoration, les actions et autres obligations. L’état de ce pilier est le côté externe du soi, qui a attrait au corps et à la communauté. Les savants appellent celui-ci la Chari`a. Les savants sont spécialisés en cette science et elle fut nommée «Science de la Jurisprudence» (`ilm al-fiqh). Le second pilier consiste en la croyance à travers l’esprit et le cœur. Cela signifie croire en Allah, en Ses Messagers, Ses Livres, les Anges, le Jour du Jugement, et le Destin. Et ceci fut connu par les savants comme `ilm al-tawhid. Le troisième pilier est le principal sujet du tassawwouf.
La troisième composante de la Religion De L’Islam:
Ihsan (La Perfection Du Caractère)
Le troisième aspect de la Religion est connu comme l’aspect spirituel du cœur, qui combine avec le premier pilier, l’adoration, et le deuxième pilier, la croyance, amène l’individu à être conscient d’être en présence d’Allah dans toutes ses actions et pensées comme s’il Le voyait. Et s’il ne peut Le voir – parce que personne ne peut Le voir dans cette vie -- alors, il doit garder la permanence de la présence d’Allah dans son cœur, sachant qu’Il est présent dans chaque atome et chaque particule de son adoration et de sa croyance – voilà, les états et qualités de son adoration et sa croyance. En conséquence, cela produira en lui un état d’excellence, un état de haute qualité, en ayant à l’esprit la présence de la vision d’Allah sur lui et en ressentant le plaisir spirituel et la lumière de la connaissance qu’Allah dirigera à son cœur en guise de Sa faveur et de Sa gratitude. Voilà ce que les savants ont nommé la Science de la Vérité ou `ilm al-haqiqa, connue dans le temps des Compagnons comme al-siddiqiyya ou la voie des saints véridiques. C’est plus tard qu’il fut connu sous le nom de tassawwouf.
Nous pouvons résumer les définitions précédentes en disant que l’islam prescrit les comportements du Musulman, l’iman décrit ses croyances et les définit, et l’ihsan se réfère à l’état du coeur qui détermine si l’Islam et l’Ihsan de l’un portera fruit dans cette vie ou dans celle de l’au-delà. L’évidence de ceci est rapporté dans Boukhari dans le hadith mentionné dans les paragraphes précédents: «Sûrement il y a un morceau de chair dans le corps, s’il est bon tout le corps est bon et s’il est corrompu tout le corps est corrompu et c’est le cœur.»
DIN { al islam
chahada
salat
zakat
sawm
hajj
AL { al iman billah
wa mala'ikatihi
wa koutoubihi
wa roussoulihi
wa al-qadar khayrihi wa charrihi
wa al-yawmi al-akhir
an tabouda- Allah
ISLAM { ka-annaka tarah
ihsan taqwa
wara’
zouhd
khouchou
khoudou
sabr
tawba
rahma
karam
hilm
Ihsan est divisé en plusieurs parties comprenant toutes les bonnes caractéristiques et qualités du croyant telles que taqwa (la crainte d’Allah), wara' (la peur scrupuleuse d’Allah), zouhd (l’ascétisme), khoushou (la révérence), khoudou (l’humilité), sabr (la patience), sidq (la franchise), tawakkoul (la confiance), adab (les bonnes manières), tawba (le repentir), inaba (le retour à Allah), hilm (l’indulgence), rahma (la compassion), karam (la générosité), tawadou' (l’humilité), haya (la modestie), chaja`a (le courage), etc..
Toutes ces qualités sont celles du Prophète , et le caractère du Prophète est le Coran, selon le dire d’Aïcha «Son caractère était le Coran.»[24] Le Prophète à son tour revêtit ses Compagnons avec ces qualités si bien qu’ils devinrent de parfaits et de brillants exemples pour l’humanité à savoir comment les êtres humains devraient vivre en parfaite harmonie avec le Créateur et entre eux.
Dans son explication de ce hadith, l’Imam Nawawi parle de l’Ihsan sous les termes de maqam al-mouchahada (la station de l’expérience) et maqam al-siddiqin (la station des Saints les plus véridiques) qui sont des branches du tassawwouf. Le texte complet du commentaire sur le hadith de Jibril par l’Imam Nawawi est le suivant.
LE COMMENTAIRE DE L’IMAM NAWAWI SUR LE HADITH DE JIBRIL
«Parle-moi au sujet de la foi (iman).»
L’Iman, lexiquemment parlé, signifie une conviction de nature générale. Légalement, c’est une expression pour une conviction spécifique dans la croyance en Allah, Ses anges, Ses livres, Ses messagers, le jour dernier, et tout ce qui est décrété, le bon et le mal. Islam est un mot signifiant la performance des obligations légales. Celles-là sont les actions externes que l’on applique à soi-même.
Allah Le plus Exalté a fait une différence entre la foi (iman) et la soumission et ceci est aussi mentionné dans le hadith. Il dit: «Les Arabes disent: «Nous avons la foi.» Dit: «Vous n’avez pas encore la foi. Dites plutôt: Nous sommes simplement soumis» (49:14). Ceci est parce que les hypocrites priaient, jeûnaient, et payaient l’aumône légale cependant ils niaient dans leur cœur. Lorsqu’ils prétendaient avoir la foi, Allah déclara leur revendication de mensonge à cause du refus dans leur cœur, mais Il confirma leur revendication de soumission à cause de leur accomplissement des devoirs.
Allah dit: «Quand les hypocrites viennent à toi, ils disent: «Nous attestons que tu es certes le Messager d’Allah,» Allah sait que tu es vraiment Son Messager, et Allah atteste que les hypocrites sont assurément des menteurs» (63:1). Ils sont menteurs dans leur revendication d’attestation au message puisque leurs cœurs le nient. Les mots de leur bouche ne sont pas en accord avec le contenu de leurs cœurs, alors que la condition de l’attestation au message est que la langue confirme ce que contient le cœur. Lorsqu’ils mentaient dans leur revendication, Allah exposait leur mensonge.
Puisque la foi est aussi une condition pour la validité de la soumision, Allah l’Exalté différencie le soumis (musulman) du croyant (mou'min) en disant: «Nous avons donc fait sortir ce qu’il y avait comme croyants, mais Nous n’y avons trouvé qu’une maison de gens soumis» (51:35-36). Cette distinction lie la croyance et la soumission comme étant une condition et son exécution.
Pour finir, Allah désigna la prière par le nom de "foi" lorqu’Il dit: «Et ce n’est pas l’objectif d’Allah de vous faire perdre votre foi» (2:143) et «Tu n’avais aucune connaissance du Livre ni de la Foi» (42:52). Il parle de la prière.
«Et de croire en ce qui a été décrété (qadar), le bien et le mal.»
Le mot est prononcé de deux manière; qadar et qadr.
La voie des Gens de La Vérité (c’est-à-dire Ahl al-Sunna wa al-Jama`a) est de fermement croire au décret d’Allah. Le sens de ceci est qu’Allah – Glorifié et Exalté soit-Il – a décrété les choses depuis la pré-éternité et qu’Il – Glorifié et Exalté soit-Il – sait qu’elles se manifesteront aux temps qui sont connus de Lui; et elles se dérouleront exactement selon ce qu’Il a décrété – Gorifié et Exalté soit-Il!
Sache qu’il y a quatre sortes de décrets:
1. Le décret dans la Prescience Divine. Il est dit à son sujet: L’affection (`inaya) devant l’amitié (milaya), le plaisir avant la naissance, et la moisson se poursuit dès les premiers fruits. Allah l’Exalté dit: «Est détourné de lui quiconque a été fait pour être détourné» (51:9). En d’autres mots, l’un est détourné d’entendre le Coran et de croire dans ce monde celui qui a été détourné d’eux dans la pré-éternité.»[25]
2. Le décret sur la Tablette Protégée. Un tel décret peut être changé. Allah: «Allah efface ce qu’Il veut, et Il confirme ce qu’Il veut, et l’Ecriture Mère est auprès de Lui» (13:39). Nous savons qu’Ibn `Oumar avait l’habitude de dire dans ses invocations: «O Allah, si Tu as prédestiné des difficultés pour moi, efface-les et écrit de la félicité pour moi.»
3. Le décret dans la matrice concernant ce que l’ange est ordonné d’écrire au sujet de la subsistance et le terme de la vie de l’un, et s’il sera malheureux ou prospère.
4. Le décret qui consiste à rejoindre des choses spécifiques pré-établies au moment où elles doivent se dérouler, car Allah l’Exalté a créé à la fois le bien et le mal et a ordonné qu’ils atteignent Ses serviteurs au temps désigné par Lui.
Il est évident qu’Allah Tout -Puissant créa à la fois le bien et le mal puisqu’Il dit: «Les criminels sont certes dans l’égarement et la folie. Le jour où on les traînera dans le feu sur leur visage on leur dira: "Goûtez au contact de l’enfer Sakar." Oui! Nous avons créé toute chose avec mesure (qadar)» (54:47-49). Ce verset fut révélé concernant les partisants du libre arbitre absolu ou Qadariyya à qui on a dit: «Votre croyance est en enfer.»
Comme évidence supplémentaire de ce qui a été décrété , l’Exalté dit: «Dis: Je cherche refuge auprès du Seigneur du couperet contre le mal qu’Il a créé» (113:1-2). La lecture de ce serment au moment où quelque chose de bien arrive au serviteur d’Allah repoussera le mal avant qu’il l’atteigne. Il y a aussi dans le hadith: «Les bonnes actions et renforcer les liens familiaux évitent une mort terrible et éventuellement la change en une bonne» [26]; «L’invocation et l’affliction sont suspendues entre le ciel et la terre, vivante, et l’invocation repousse l’affliction avant qu’elle ne descende.»[27]
Les partisans du libre arbitre absolu [les Mou`tazila] prétendent qu’Allah l’Exalté n’a prédestiné aucune chose, que Sa connaissance ne les précède pas, qu’elles commencent à exister seulement lorsqu’elles se déroulent et que c’est à ce moment seulement qu’Il – Exalté soit-Il – les connait. Ils mentent au sujet d’Allah. -Exalté soit-Il -Il est très haut, au-dessus de leur propos mensonger. Ils rentrèrent dans l’obscurantisme.
Plus tard les Qadariyya disent que le bien provient d’Allah pendant que le mal provient de quelqu’un d'autre que Lui. Allah est aussi Exalté haut au-dessus d’une telle déclaration. Dans un hadith authentiquement rigoureux, le Prophète dit: «Les croyants au libre arbitre absolu sont les Zoroastriens de cette Communauté.»[28] Il les nomma Zoroastriens parce que leur école de pensée ressemble à celle du dualisme Zoroastrien. Les Dualistes prétendent que le bien est effectué par la lumière et le mal par l’obscurité, et c’est ainsi qu’ils méritèrent ce nom. Similairement, les partisants du libre arbitre absolu attribuent le bien à Allah et le mal à quelqu'un d’autre que Lui– Exalté soit- Il –Il est le Créateur à la fois du bien et du mal.
L’Imam des Deux Sanctuaires[29] dit dans le "Livre de Guidance aux Preuves Définitives Concernant les Fondations de la Coyance"[30] que certains des Qadariyya disent: «Ce n’est pas nous, mais vous (Ahl al-Sunna) qui êtes les Qadariyya à cause de votre croyance au soit disant Décret.» Jouwayni répondit à ces ignares qu’ils se sont attribués le pouvoir du décret, et quiconque revendique, par exemple, le pouvoir du mal et se l’attribue, mérite son attribut, plutôt que celui qui l’attribue à d’autres qu’à lui-même et nie toute paternité à son sujet.
«Informe-moi au sujet de l’ihsan.» Il dit: «L’ihsan c’est l ‘adoration d’ Allah comme si tu Le voyais.»
Ceci est la station de la Vrai Vision (maqam al-mouchahada). Quiconque est capable de voir directement le Roi répugne à se tourner vers d’autres que Lui dans la prière et à affairer son cœur avec d’autres que Lui.
La Station d’ihsan est la Station des Saints les Plus Véridiques (maqam al-siddiqin) à laquelle nous avons fait référence dans notre commentaire sur le hadith de l’intention (Les actions sont selon leurs intentions):
[Al-Mouhassibi dit: «La véracité (sidq) en tant qu’attribut d’un serviteur d’Allah, signifie la constance dans le comportement visible et caché d’une personne, en privé comme en public. La véracité est réalisée après la réalisation de toutes les stations (maqamat) et états (ahwal). Même la sincérité (ikhlas) a besoin de la véracité, alors que la véracité n’a besoin de rien, parce que quoique la réelle sincérité est de chercher Allah à travers l’obéissance, on peut chercher Allah en priant et toujours être insouciant ou absent en son propre cœur en cours de prière. La véracité est ainsi chercher Allah au moyen de l’adoration avec une complète présence du cœur devant Lui. En vérité tout véridique (sadiq) est sincère (moukhlis), pendant que tout sincère n’est pas véridique. Ceci est la signification de connection (ittissal) et déconnection (infissil): le véridique s’est déconnecté de tout ce qui est autre qu’Allah (ma siwa Allah) et il s’est empressé en la présence auprès d’Allah (al-houdour billah). Ceci est aussi le sens de la renonciation (takhalli) de tout ce qui est autre qu’Allah et l’auto-revêtement (tahalli) avec la présence auprès d’Allah, Le Glorifié, L’Exalté.»]
«Il te voit certainement».
Il voit ton insouciance si tu es insouciant pendant la prière et que tu converses avec ton moi.
«Informe-moi au sujet de l’Heure.» Il répondit: «Celui qui est interrogé n’en sait pas plus sur elle que celui qui l’interroge.»
Cette question indique que le Prophète – le salut et la paix d’Allah sur lui – ne connaissait pas l’Heure. La connaissance de l’Heure est parmi les choses dont Allah s’est réservé la connaissance. Il dit: «La connaissance de l’Heure est auprès d’Allah» et «C’est lourd dans les cieux et sur la terre, et elle ne viendra à vous que soudainement» (7:187) et «Qu’en sais-tu? Il se peut que l’Heure soit proche» (33:63, 42:17).
En ce qui concerne ceux qui prétendent que l’âge de ce monde est de 70000 ans et qu’il en reste 63000, c’est une fausse déclaration rapportée par al-Tawkhani dans les «Causes de la Révélation» par certains astrologues et mathématiciens. Encore, quiconque prétend que le terme du monde est de 7000 années, fait une affirmaton audacieuse au sujet de l’Inconnu, et ce n’est pas permis d’y croire.
«Informe-moi au sujet de ses signes.» Il répondit: «Quand la fille-esclave donnera naissance à sa propre maîtresse.»
Une autre version dit: «à son maître.» La plupart des commentateurs disent que ceci est un signe de multiplicité des filles-esclaves et leurs progénitures. Un enfant né d’un maître de fille-esclave est comme son maître, parce que les possessions du proprétaire vont à ses enfants. Certains disent que la signification se réfère aux filles-esclaves donnant naissance à des rois. La mère tombera alors sous la souveraineté de son fils. Une autre signification est qu’une personne peut avoir un fils avec une fille-esclave avant de la vendre; ensuite le fils grandit et achète sa propre mère. Ceci est une des conditions de l’Heure.
«Quand tu verras les va-nu-pieds, les déguenillés, les pauvres gardiens de bêtes rivalisant les uns les autres dans la construction de grands buildings.»
Cela signifie que les Bédoins qui vivent dans le désert et leurs semblables parmi les parvenus et les pauvres deviendront des experts dans l’érection de grandes structures. Le monde leur sera généreux et ils finiront par vivre dans le luxe avec leurs buildings.
«Et il (le Prophète) attendit [labitha] longtemps.»
Les rapports disent aussi: «J’attendis [labithou] longtemps.» Les deux sont fiables. Dans la narration d’Abou Dawoud et de Timidhi, `Oumar dit: «Après trois jours.» Dans le Charh al-Tanbih de Baghawi, il est rapporté: «Après trois jours ou plus,» ce qui apparemment signifie après que trois nuits soient passées. Tout ceci apparemment contredit la version d’Abou Hourayra dans sa narration (dans Boukhari): «L’homme se leva et parti, après lequel le Messager d’Allah dit – la paix et le salut d’Allah sur lui: «Ramenez-moi cette personne» et ils le cherchèrent pour le ramener, mais ils ne trouvèrent personne. Alors il dit—la paix et le salut d’Allah sur lui: «C’était Gabriel.»»
Il est possible de réconcillier les deux versions de l’évènement en considérant qu’Oumar n’a peut être pas été présent au moment de la révélation du Prophète – la paix et le salut d’Allah sur lui –qu’il s’était levé et avait pris congé du groupe à ce moment-là. Ainsi le Prophète fit juste sa révélation à ceux qui furent présents, et ils informèrent `Oumar à leur tour après trois jours, puisqu’il n’avait pas été présent au moment où le reste des Compagnons avaient été informés.
«C’était Gabriel. Il était venu vous enseigner les prescriptions de votre religion.»
Il y a une indication dans cette déclaration que l’islam, l’iman, et l’ihsan sont ensembles nommés «religion» (din).
Le hadith démontre que la croyance au décret d’Allah est une obligation, et que l’on doit éviter les choses interdites, et que le contentement avec ce qui advient est une obligation.
Un homme vint à Ahmad ibn Hanbal – qu’Allah soit satisfait de lui – et dit: «Donne-moi des conseils»: Il lui dit:
«Si Allah l’Exalté S’est approprié la provision de toutes les subsistances, pourquoi t’inquiètes-tu? Si en vérité la compensation pour toutes les choses appartiennent à Allah, pourquoi être mesquin? Si en vérité il y a un Paradis, pourquoi ne pas s’appaiser maintenant? Si en vérité il y a un Feu, pourquoi désobéir? Si le questionnement de Mounkar et de Nakir est vrai, qu’est-ce qui est bon de se tenir en compagnie des humains?[31] Si le monde est destiné à une instinction, quelle paix d’esprit y a-t’il? Si en vérité il y a un compte à rendre, à quoi servent les possessions? Et si toutes les choses sont mesurées et décrétées à passer, pourquoi avoir peur?»
L’auteur de Maqamat al-`oulama (Les stations des érudits)[32] mentionne que le monde est divisé en 25 parties:
Cinq ont rapport à ce qui est mesuré et décrété à se produire: la subsistance, les enfants, les parents, le pouvoir, et l’âge;
Cinq ont rapport à l’effort personnel (ijtihad): le paradis, l’enfer, la décence, la galanterie, et l’écriture;
Cinq ont rapport à l’habitude: manger, dormir, marcher, l’accouplement, et se soulager des excréments;
Cinq ont rapport à la constitution naturelle: l’abstinence, la pureté, l’altruisme, la beauté, et la dignité;
Cinq ont rapport à l’héritage: la richesse, les relations, l’indulgence, la vérité, et la loyauté.
Aucun des éléments ci-dessus cités ne contredit le dire du Prophète – la paix et le salut d’Allah sur lui – où il dit «Toute chose est mesurée et destinée à passer.»[33] Au contraire, cela veut dire que certaines de ces choses sont déterminées par des causes (secondaires), tandis que d’autres ne le sont pas, et toute chose est destinée mesurée et destinée à passer.
L’école d ’Ihsan et de Tazkiya
L’école à laquelle les Compagnons furent formés n’a pas péri après la mort du Prophète. Au contraire, les méthodes et la connaissance, dont Il était doté, furent transmises à ses Compagnons – qu’Allah soit satisfait d’eux – et chacune était une école à partir de laquelle la Umma dériva ses enseignements. Avec le passage du temps, ces écoles développèrent et formalisèrent leurs méthodes et créèrent une science distincte nommée la Science de tassawwouf. Tout comme les écoles de Chari`a se formèrent au cours des trois premiers siècles de l’Islam, de même de distinctes et visibles écoles de tassawwouf passèrent la connaisance et science aux générations successives de Musulmans. Et comme la Chari`a ne se développa pas en dehors du cadre de l’Islam, du Coran et de la Sunna, même si ses branches et son contenu couvrent plusieurs éléments non mentionnés verbalement dans ces sources, de même le tassawwouf se développa basé sur la structure établie par le Livre et la Sunna et jamais ne déborda des limites de ces paramètres.
La Relation Entre Chari`a Et Haqiqa
Le nom de «Science de Réalité» ou `ilm al-haqiqa est souvent attribué au tassawwouf. L’Imam Ahmad dit après avoir entendu al-Harith al-Mouhassibi parlé: «Je n’ai jamais entendu à propos de la Science des Réalités (`ilm al-haqa`iq) des mots comme ceux prononcés par cet homme.»[34] Le sens de cette expression est que la réalité de l’adoration du servant consiste en la condition spirituelle du cœur, pendant que la performance de son adoration consiste à remplir légalement ses obligations externes. Cette dernière, l’ensemble des obligations externes, est l’objet de la Chari`a et ses ramifications sont nombreuses tandis que la première, la réalité de l’adoration, est le sujet du haqiqa dont les ramifications sont très peu nombreuses.
Un exemple de ces deux aspects est illustré par la prière. Il est obligatoire d'accomplir la prière avec tous ses mouvements, ses règles essentielles, selon les stipulations de la Chari`a. Ceci est connu comme jassad al-salat ou le «corps de la prière.» Cependant, l’un des principes essentiels de la prière est de garder son cœur en la présence Divine d’Allah et de savoir qu’Il nous observe au cours de la prière. Ceci nous donne la Réalité et l’Essence de la prière. Nous savons que les gens peuvent exercer toutes les actions extérieurs essentielles (visibles) de la prière, mais leur cœur peut ne pas y être présent. Ce que l’état d’ihsan défini est de garder le cœur pur et propre de toute sorte de mauvaises pensées et attachements aux distractions de ce monde. Ceci fut la pratique du Prophète parce qu’il dit qu’il était venu pour détourner les gens de l’attraction de ce monde et de ses distractions.
Nous voyons dans cette comparaison que la forme de la salat est son corps, pendant que l’humilité et l’auto-effacement (khouchou') est son âme. Quel est ainsi le bénéfice du corps sans son âme? Si la prière est un mouvement sans présence d’esprit, alors l’action est similaire à celle d’un robot. Autant l’âme a besoin d’un corps pour y vivre, autant le corps a besoin d’une âme pour lui donner vie. Similairement la relation entre Chari`a et Haqiqa est comme la relation entre le corps et l’âme. Le croyant parfait qui a atteind l’état d’ihsan est celui qui peut joindre les deux.
Une autre expression pour cette distinction fût donné par le Prophète dans l’un de ses hadiths :
La connaissance est de deux sortes: la connaissance établie dans le cœur et la connaissance établie sur la langue.[35]
Al-`Izz ibn `Abd al-Salam al-Maqdissi (à ne pas confondre à Cheick al-Islam al-Soulami) expliqua cette différence entre Chari`a et Haqiqa dans son essai sur le tassawwouf intitulé Hall al-roumouz wa mafatih al-koumouz (Le dévoilement des symboles et les clefs des trésors):
La connaissance est de deux sortes: la connaissance extérieure (`ilm al-zahir) qui s’applique à la Chari`a, et la connaissance intérieure (`ilm al-batin) qui s’applique au Haqiqa. Le Prophète dit: La connaissance est de deux sortes…[36]
L’Imam al-Shafi`i fit allusion à la même distinction dans son dire: «La connaissance est de deux sortes: la connaissance des croyances et la connaissance des corps.» Souyouti le relata dans l’introduction de son livre al-Tibb al-nabawi.[37]
Ceci est la compréhension essentielle du tassawwuf – combiner Chari`a et Haqiqa, l’âme et le corps, l’externe et l’interne. A cause de la grande difficulté d’accomplir cet objectif, les méthodes du tassawwuf sont souvent appelées guerre spirituelle ou jihad al-nafs.
Le Grand Jihad: Le Jihad Contre L’Ego.
(Jihad Al-Nafs)
Allah déclare dans le Coran qu’Il accepte les actions de dévotions seulement de ceux qui se purifient (qad aflaha man zakkaha 91:9 ), qui ont un cœur sain (illa man ata Allaha bi qalbin salim 26:89), et qui montre un esprit humble (innaha lakabiratoun illa `ala al-khchi`in 2:45). La purification de l’Intention est l’idée majeure de ces versets. Ceci est la raison pour laquelle les grands savants tels que Boukhari, Chafi`i, Nawawi et autres, commencèrent leurs livres de fiqh avec le hadith de l’intention: «Les actions sont jugées selon l’intention.»
Un acte considéré du point de vue externe comme un acte d’adoration mais performé sans une pure intention n’est pas considéré comme une adoration, même combattre et mourir pour la défense des Musulmans. Le Prophète dit au sujet d’un tel combattant, «c’est un compagnon du feu», et ils sont appelés dans la Chari`a: chahid al-fassad (martyr corrompu). C’était un mounafiq (quelqu’un qui dissimule la croyance) de Madina. Ainsi la purification de l’intention est nécessaire pour les cinq piliers de l’Islam. C’est dans ce sens – la purification de l’intention – que l’expression jihad al-akbar (le plus grand jihad) est souvent utilisée en référence à l’auto-purification et c’est aussi dans ce sens que sa supériorité s’affirme.
Ibn Qayyim al-Jawziyya dit dans al-Fawa`id:
Allah dit: «Et quant à ceux qui luttent pour Notre cause, Nous les guiderons certes sur Nos sentiers» (29:69). Il a ainsi défini la direction du jihad. Partant de là, les meilleurs sont ceux qui luttent le plus pour Sa cause, et la jihad la plus importante est le jihad (afrad al-jihad) contre l’égo, le jihad contre les désirs, le jihad contre satan et le jihad contre le bas-monde (jihad al-nafs wa jihad al-hawa wa jihad al-satan wa jihad al-dunya). Quiconque lutte contre ces quatre jihads, Allah les guidera aux voies de Son bon plaisir qui conduit à Son Paradis, et quiconque abandonne le jihad, alors il renonce à être guidé en proportion de son abandon au jihad.
Al-Jounayd dit: «Ceux qui luttent contre leurs désirs et se repentent par notre amour, nous les guiderons sur la voie de la sincérité, et on ne peut lutter contre son ennemi extérieurement (c’est-à-dire avec le sabre) sauf celui qui lutte contre ses ennemis internes. Ainsi quiconque a la victoire sur eux (le moi) sera victorieux sur ses ennemis, et quiconque est défait par eux (le moi) sera défait par son ennemi.»[38]
La concurrence et la rivalité sont permises dans l’excellence de l’adoration. Dans ce respect, Allah établit dans Son Livre des niveaux entre les croyants, et ceci est aussi clarifié par d’innombrables hadiths. La récompense de la jihad est immense comme cela est prouvé par le hadith du Prophète lorsqu’il dit que s’il pouvait , il aurait demandé à Allah de le ramener en vie afin qu’il puisse retourner combattre et mourir plusieurs fois en chahid ou martyr. Mais toujours est-il qu’avec respect pour la présente issue, ceux qui se souviennent d’Allah – y compris les parfaits savants qui sont les réels connaisseurs d’Allah – sont supérieurs au moujahidin. Par exemple, quoique Zayd ibn Haritha et Khalid ibn Walid furent de grands généraux, leur disparution fut moins lourde, en terme de perte pour les Musulmans, que celle d’Abou Moussa al-Ach`ari ou d’Ibn `Abbas. Pour cette raison, le Prophète déclara explicitement la supériorité de ceux qui se souviennent d’Allah dans les deux authentiques hadiths suivants.
Le Prophète dit: «Voulez-vous que je vous dise quelles sont vos meilleures œuvres, quelles sont celles qui sont les plus pures et les plus cotées auprès de votre Seigneur, celles qui élèvent très haut votre degré, celles qui vous rapportent plus de salaire que de dépenser votre or et votre argent au service d’Allah ou prendre part à la jihad en tuant ou en se faisant tuer dans la voie d’Allah?» Ils dirent: «Nous voulons bien.» Il dit: «C’est l’invocation d’Allah.»[39]
Il dit aussi: «Même si quelqu’un frappe les mécréants et les idolâtres avec son sabre jusqu’à ce qu’il les brise, et meurt teinté complètement par leur sang, les invocateurs d’Allah lui sont supérieurs d’un degré.»[40]
Hadiths sur le Jihad contre L’Ego
Le savant de hadiths Moulla `Ali al-Qari dans son livre al-Mawdou`at al-koubra connu aussi sous le nom al-Asrar al-marfou`a dit:
Souyouti dit: al-Khatib al-Baghdadi rapporte dans son livre «Histoire» sur l’autorité de Jabir: Le Prophète revint de l’une de ses batailles et dit: «Vous avez avancé de la meilleure manière: vous êtes revenu du plus petit jihad au plus grand jihad.» Ils disent: «Et quelle est le plus grand jihad?» Il répondit: «Le combat (moujahadat) des serviteurs d’Allah contre leurs vains désirs.»
Ibn Hajar al-`Asqalani dit dans Tasdid al-qaws: «Ce dire est répandu et c’est un dire rapporté par ibn Ablah selon Nisa`i dans al-Kouna. Ghazali le mentionne dans le Ihya' et al-`Iraqi dit que Bayhaqi le rapporte sur l’autorité de jabir et dit: Il y a une faiblesse dans sa transmission.»[41]
Le hafiz Ibn Abou Jammal al-Azdi al-Andalousi (d.695) dit dans son commentaire sur Boukhari intitulé Bahjat al-noufous:
`Oumar rapporte qu’un homme vint au Prophète lui demander la permission d’aller en jihad. Le prophète lui demanda: «Tes parents sont-ils en vie?» Il dit qu’ils le sont. Le Prophète répliqua: « Alors force-toi à respecter leurs droits» (fihima fa jahid)… Il y a dans ce hadith l’évidence que la Sunna pour entrer dans la voie et d’entreprendre l’auto-discipline est d’agir sous la direction d’un expert, afin qu’il nous soit montré la meilleure voie celle qui nous convient, et la plus fiable pour l ‘aspirant. Car lorsque ce Compagnon désira aller en jihad, il ne se contenta pas de sa propre opinion sur le sujet, mais il chercha le conseil de quelqu’un plus savant et de plus expert que lui. Si ceci est le cas pour le Petit jihad, qu’en est-il alors pour le Grand jihad?[42]
Ibn Hibban rapporte dans son Sahih de la part de Fadala ibn Oubayd:
Le Prophète dit dans son dernier pèlerinage: «… Le moujahid est celui qui est en jihad contre lui-même (jahada nafsah) afin d ‘obéir à Allah par amour.»[43]
Al-Haytami relata la version suivante dans le chapitre sur leJihad al-nafs dans son Majma' al-zawa`id et la déclara fiable:
Le plus fort n’est pas celui qui triomphe des autres, le plus fort est celui qui triomphe de son égo (ghalaba nafsah).
Jihad et Soufis Moujahiddin
Les livres d’histoires sont remplis de noms de Soufis moujahidin (Les Gens qui Combattent) et de chouhada' (Martyrs) qui ont consacré leur vie en confrontant les ennemis de la foi et en appelant l’humanité en la présence divine d’Allah, de même que rappelant ceux qui ont dévié de la vraie voie et de la Sunna du Prophète . Ils accomplirent ceci avec sagesse et ils furent efficaces. Leurs noms et leurs récits sont trop nombreux pour être énumérés dans ce livre, cela devrait couvrir plusieurs centaines de volumes. Il est suffisant de mentionner quelques exemples de l’histoire moderne cités par l’auteur de The Reliance of the Traveller (`Oumdat al-Salik ou La dépendance du Voyageur):
Parmi les Soufis qui aidèrent l’Islam aussi bien avec le sabre qu’avec la plume, selon B.G. Martin dans Muslim Brotherhoods in Nineteenth Century Africa (les confrèreries Musulmanes dans l’Afrique du 19ième siècle), il y a des hommes dont le cheick Naqshbandi Chamil Daghestani, qui mena une guerre prolongée contre les Russes dans le Caucasse au cours du 19ième siècle; Sayyid Mouhammad `Abdullah al-Somalie, un cheick de l’ordre Salihiyya qui conduisit les musulmans contre les Britanniques et les Italiens en Somalie de 1899 à 1920; le cheick Qadiri `Outhman ibn Fodio, qui mena jihad au nord du Nigéria de 1804 à 1808 pour établir une régulation Islamique; le cheick Qadiri `Abd al-Qadir al-Jaza`iri, qui conduisit les Algériens contre les Français de 1832 à 1847; le faqir Darqawi al-Hajj Mouhammad al-Ahrach, qui combattit les Français en Egypte en 1799; le cheick Tijani al-Hajj `Oumar Tall, qui mena un jihad Islamique en Guinée, au Sénégal, et au Mali de 1852 à 1864; et le cheick Qadiri Ma' al-`Aynayn al-Qalqami, qui aida à rassembler la résistance Musulmane contre les Français au Nord de la Mauritanie et au sud du Maroc de 1905 à 1909.
Parmi les Soufis dont les travaux missionnaires Islamisèrent des régions entières sont des hommes tels que le fondateur de l’ordre Sanousiyya, Mouhammad `Ali Sanousi, dont l’effort et le jihad de 1807 à 1859 consolida l’Islam comme religion chez les habitants du désert Libyen de l’Afrique du sud-sahara; le cheick Chadhili Mouhammad Ma`rouf et le cheick Qadiri Ouzaous al-Barawi, dont les efforts propagèrent l’Islam à l’Ouest et à l’intérieur à partir des côtes de l’Afrique de l’Est; et les centaines de cheicks anonymes Naqshbandi qui enseignèrent et préservèrent l’Islam au sein des gens de ce qui est appelé maintenant le sud de l’Union Soviétique et qui continuent encore de nos jours à servir la religion malgré la pression officielle. Il est évident que l’attachement du cœur à Allah, est l’aspect sur lequel le Soufisme met l’accent, cela ne gêne aucunement les travaux spirituels quels qu’ils soient, mais au contraire fournit une base réelle. Et seul Allah donne le succès.[44]
Nous renvoyons aussi le lecteur au Mystics and Commissars de Benningsen pour le rôle des Soufis dans la préservation de l’Islam en Union Soviétique, et Lion of Daghestan pour leur jihad contre les Tsars et leur dynastie. Nous rappellons aussi que ce sont les Naqshbandis qui préservèrent l’Islam en Chine dans le passé – à partir duquel pays, l’Islam se répendit jusqu’à la péninsule Malay – et sous les sombres jours de la soit-disant «Révolution Culturelle» de Mao Tsé-Toung. Dans tout ce qui a été énuméré ci-dessus, il y a une évidence que le tassawuf, loin d’encourager l’évasion et l’immobilisme qui retarde le progrès social, soutena les plus hautes valeurs de la conscience sociale aussi bien que la recherche religieuse et la science. En fait, ils fournissent un témoignage adéquat à un inlassable jihad et lutte contre les injustices sociales et l’inaction qui prit place au fil des siècles.
suite: Position des Imams
Sommaire
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[24] Muslim; Ahmad, Mousnad 6:91, 163, et autres
[25] Mouslim; Iman #208: "Nul ne péri avec Allah sauf qu’il est destiné à la destruction." Ibn Hajar dit (Fath al-bari Riqaq Ch.31 #6491): "C’est -à -dire celui qui persiste dans son accrochage au mal dans sa résolution, son parlé, et son action, et évite le bien dans sa conception, son parlé, et action."
[26] Tirmidhi, Zakat #28.
[27] Cf. Ibn Majah, Mouqaddima #1à, Fitan #66; Tirmidhi, Witr #21, Qadar #6; Ahmad 5:277,280,282; Ibn Hibban.
[28] Abou Dawoud, Tabarani, Ahmad, Boukhari dans son Tarikh, et autres.
[29] Abou al-Ma`ali Roukn al-Din `Abd abd al-Malik ibn `Abd Allah ibn Youssouf al-Jouwayni al-Naysabouri al-Chafi`i al-Ach`ari (419-478): Le cheick de Ghazali et auteur des 15 volumes Nihayat al-latlab fi dirayat al-madhhab (Le plus important dans ce qui est cherché sur la compréhension de l’école Chafi`i) aussi bien que d’autres travaux dans les doctrines de la foi, la théologie, les fondements de la méthodologie Islamique, et du fiqh chafi`i (loi). Voir le Tabaqat al-chafi`iyya al-koubra d’al-Soubki 5:165.
[30] Kitab al-irchad ila qawati` al-adilla fi ousoul al-i`tiqad.
[31] Cf.Le cheick Soufi Ibn `Ata' Allah: «Quand Dieu t’aliène de la compagnie de Ses créatures, sache qu’Il désire t’ouvrir la porte de Sa propre intimité.» Kitab al-hikam #93.
[32] Ceci est l’Imam Ghazali.
[33] Hadiths: koullou chay'in bi qadar: «Toute chose est mesurée…» Mouslim, Qadar Ch.4 #18, Ahmad aussi; koullou chay'in bi qdar'in wa qadar: «Toute chose est destinée à passer et est mesurée…» Tabarani dans “al-Awssat”: Haythami dit dans Majma' al-zawa'id que ce hadith contient des sous-narrateurs inconnus.
[34] Relté avec une chaîne fiable par al-Khatib al-baghdadi dans son Tarikh Baghdad 8:214, et par al-Dhahabi dans Mizan al-I’tidal 1:430.
[35] Narré par Ibn ‘Abd al’Barr, jami’ bayan al-‘ilm wa fadlih 1:190; al-Moundhiri, al-Targhib 1:103; al-khatib al-Bagndadi, Tarikh Baghdad 4:346; et autres.
[36] Al-‘Izz ibn ‘Abd al-Salam, Bayn al-chari’a wa al-haqiqa aw hall al-roumouz wa mafatih al-kounouz (Cairo: matba’at nour al-amal, n.d.) p.11.
[37] Comme mentionné par al-‘Ajlouni dans Kach al-Khafa 2:89 (#1765).
[38] Ibn Qayyim al-Jawziyya, al-Fawa’id, éd. Mouhammad ‘Ali Qoutb (Alexandria: dar al-da’wa, 1412/1992) p.50.
[39] Rapporté sur l’autorité d’Abu al-Darda’ par Ahmad, Tirmidhi, Ibn Majah, Ibn Abi al-Dunya, al-Hakim qui le déclare fiable, et Dhahabi le confirme, Bayhaqi, Souyuti dans al-Jami’ al-saghir, et Ahmad aussi le rélate de Mou’adh ibn Jabal.
[40] Relaté sur l’autorité d’Abou Sa’id al-Khoudri par Ahmad (3:75), Tirmidhi (#3376), Baghawi dans Shar al-Sunna (5:195), Ibn Kathir dans sonTafsir (6:416), et autres.
[41] ‘Ali al-Qari, al-Asrar al-marfu’a (Béirout 1985 ed.) p.127.
[42] Ibn Abou Jamra, Bahjat al-noufous sharh moukhhtasar sahir al-boukhari 3:146.
[43] Tirmidhi, Ahmad, Tabarani, Ibn Majah, al-Hakim, et Qouda’i aussi le rapporte. Le contemporain savant de hadith Ch’ayb al-Arna’out confirme que sa chaîne de transmission est fiable dans son édition de ibn Hibban, Sahih 11:203 (#4862).
[44] Reliance of the Traveller, p.863.
III - QUELLES SONT LES PREUVES SUR LE TASSAWWOUF A PARTIR DES HADITHS?
Oumm al-Ahadith, Le Hadith de Jibril
La troisième composante de la religion de l’Islam:
LE COMMENTAIRE DE L’IMAM NAWAWI SUR LE HADITH DE JIBRIL
L’école d’Ihsan et de Tazkiya
La relation entre Chari`a et Haqiqa
Le Grand Jihad: Le Jihad contre l’ego
Hadiths sur le Jihad contre l’ego
Jihad et soufis moujahiddin
Comme nous l’avons dit dans les paragraphes antérieurs, le terme tassawwouf est un terme technique qui a pris ses origines à travers les sens variés que nous avons cités dans la première et seconde réponse. Il a ses racines profondes dans la Sunna du Prophète, dans la mesure où son origine est l’ihsan, l’état d’Excellence qui est mentionné dans le hadith de Jibril, hadith qui est connu par tous les savants comme «la source de la Sunna et de tous les hadiths» (oumm al-Sunna wa oumm al-ahadith).
Oumm al-Ahadith, Le Hadith De Jibril
Oumar – qu’Allah lui accorde Sa satisfaction – dit aussi: «Pendant que nous étions assis un jour avec le Messager d’Allah – la bénédiction et le salut d’Allah sur lui – soudain un homme vint à nous. Il était habillé d’un vêtement excessivement blanc. Ses cheveux étaient très noir. Il n’y avait pas de signe de voyage sur cette personne. Aucun d’entre nous ne le connaissait. Il alla s’asseoir en face du Prophète – la bénédiction et le salut d’Allah sur lui – appuyant ses genoux contre les genoux du Prophète et ses mains sur ses jambes.
Il dit: «O Muhammad! Informe-moi au sujet de l’Islam.» Le Messager d’Allah – la bénédiction et le salut d’Allah sur lui – dit: «L’Islam est le témoignage qu’il y n’a de Dieu qu’Allah, et que Muhammad est le Messager d’Allah; de faire la prière; de payer la zakat; de jeûner pendant le mois du Ramadan; et d’effectuer le pèlerinage à la (maison d’Allah) si tu as les moyens de t’y rendre.» L’homme dit: «Tu as dit la vérité.» Nous étions surpris de lui: comment peut-il être en train de poser des questions au Prophète – la bénédiction et le salut d’Allah sur lui – et en même temps confirmer ses réponses? Ensuite il dit: «Parle-moi au sujet de la Foi.» Le Prophète – la bénédiction et le salut d’Allah sur lui – dit: «La Foi est de croire en Allah, Ses anges, Ses livres, Ses messagers, au Jour du Jugement, et de croire en la prédestination, le bon et le mal.» L’homme dit: «Tu as dit la vérité. Maintenant, parle-moi au sujet de l’Ihsan (l'excellence).» Le Prophète – la bénédiction et le salut d’Allah sur lui – répondit: «L’Ihsan est d’adorer Allah comme si tu Le vois, car si tu ne Le vois pas, certainement Il te voit.»
L’homme dit: «Maintenant informe-moi au sujet de l’Heure.» Le Prophète – la bénédiction et le salut d’Allah sur lui – dit: «Celui qui est questionné n’en sait pas plus que celui qui questionne.» Il dit: «Ainsi parle-moi au sujet de ses signes.» Il répondit: «La fille-esclave donnera naissance à ses maîtresses, et tu verras les va-nu-pieds, pauvres bergers construire de grands buildings.» Alors il s’en alla et le temps s’écoula. Longtemps après il me dit: «O `Oumar, sais-tu qui posait ces questions?» Je dis: «Allah et Son Messager savent mieux.» Il dit: «Il n’était rien d’autre que Gabriel. Il était venu vous enseigner votre religion.» Rapporté par Mouslim.
Dans ce hadith, Jibril a divisé la Religion en trois catégories ou branches, à partir desquelles toute la religion, tous les hadiths et toute la Sunna dérivent. Et, il précisa chaque branche en posant chaque question séparément. La première branche était au sujet de la question «Qu’est-ce l’Islam?», la seconde était au sujet de la question «Qu’est-ce l’Iman?», et la troisième était au sujet «Qu’est-ce l’Ihsan?» Nous ne pouvons pas dire que la Religion est seulement l’Islam, ou seulement l’Iman ou seulement l’Ihsan. Nous disons que chaque branche est essentielle à la Religion, et ne peut pas être séparée. Le Prophète, dans ses réponses à ces questions confirma ceci et dit à ses Compagnons après que Jibril soit parti, «Jibril était venu vous enseigner votre religion.»
Nous voyons à partir de ce hadith de Jibril qu’il catégorisa la religion en trois piliers ou composantes essentielles. Le premier est le pilier de l’Islam. Le deuxième est le pilier de l’Iman et le troisième est le pilier d’Ihsan. Le premier pilier est le côté pratique de la religion, comprenant l’adoration, les actions et autres obligations. L’état de ce pilier est le côté externe du soi, qui a attrait au corps et à la communauté. Les savants appellent celui-ci la Chari`a. Les savants sont spécialisés en cette science et elle fut nommée «Science de la Jurisprudence» (`ilm al-fiqh). Le second pilier consiste en la croyance à travers l’esprit et le cœur. Cela signifie croire en Allah, en Ses Messagers, Ses Livres, les Anges, le Jour du Jugement, et le Destin. Et ceci fut connu par les savants comme `ilm al-tawhid. Le troisième pilier est le principal sujet du tassawwouf.
La troisième composante de la Religion De L’Islam:
Ihsan (La Perfection Du Caractère)
Le troisième aspect de la Religion est connu comme l’aspect spirituel du cœur, qui combine avec le premier pilier, l’adoration, et le deuxième pilier, la croyance, amène l’individu à être conscient d’être en présence d’Allah dans toutes ses actions et pensées comme s’il Le voyait. Et s’il ne peut Le voir – parce que personne ne peut Le voir dans cette vie -- alors, il doit garder la permanence de la présence d’Allah dans son cœur, sachant qu’Il est présent dans chaque atome et chaque particule de son adoration et de sa croyance – voilà, les états et qualités de son adoration et sa croyance. En conséquence, cela produira en lui un état d’excellence, un état de haute qualité, en ayant à l’esprit la présence de la vision d’Allah sur lui et en ressentant le plaisir spirituel et la lumière de la connaissance qu’Allah dirigera à son cœur en guise de Sa faveur et de Sa gratitude. Voilà ce que les savants ont nommé la Science de la Vérité ou `ilm al-haqiqa, connue dans le temps des Compagnons comme al-siddiqiyya ou la voie des saints véridiques. C’est plus tard qu’il fut connu sous le nom de tassawwouf.
Nous pouvons résumer les définitions précédentes en disant que l’islam prescrit les comportements du Musulman, l’iman décrit ses croyances et les définit, et l’ihsan se réfère à l’état du coeur qui détermine si l’Islam et l’Ihsan de l’un portera fruit dans cette vie ou dans celle de l’au-delà. L’évidence de ceci est rapporté dans Boukhari dans le hadith mentionné dans les paragraphes précédents: «Sûrement il y a un morceau de chair dans le corps, s’il est bon tout le corps est bon et s’il est corrompu tout le corps est corrompu et c’est le cœur.»
DIN { al islam
chahada
salat
zakat
sawm
hajj
AL { al iman billah
wa mala'ikatihi
wa koutoubihi
wa roussoulihi
wa al-qadar khayrihi wa charrihi
wa al-yawmi al-akhir
an tabouda- Allah
ISLAM { ka-annaka tarah
ihsan taqwa
wara’
zouhd
khouchou
khoudou
sabr
tawba
rahma
karam
hilm
Ihsan est divisé en plusieurs parties comprenant toutes les bonnes caractéristiques et qualités du croyant telles que taqwa (la crainte d’Allah), wara' (la peur scrupuleuse d’Allah), zouhd (l’ascétisme), khoushou (la révérence), khoudou (l’humilité), sabr (la patience), sidq (la franchise), tawakkoul (la confiance), adab (les bonnes manières), tawba (le repentir), inaba (le retour à Allah), hilm (l’indulgence), rahma (la compassion), karam (la générosité), tawadou' (l’humilité), haya (la modestie), chaja`a (le courage), etc..
Toutes ces qualités sont celles du Prophète , et le caractère du Prophète est le Coran, selon le dire d’Aïcha «Son caractère était le Coran.»[24] Le Prophète à son tour revêtit ses Compagnons avec ces qualités si bien qu’ils devinrent de parfaits et de brillants exemples pour l’humanité à savoir comment les êtres humains devraient vivre en parfaite harmonie avec le Créateur et entre eux.
Dans son explication de ce hadith, l’Imam Nawawi parle de l’Ihsan sous les termes de maqam al-mouchahada (la station de l’expérience) et maqam al-siddiqin (la station des Saints les plus véridiques) qui sont des branches du tassawwouf. Le texte complet du commentaire sur le hadith de Jibril par l’Imam Nawawi est le suivant.
LE COMMENTAIRE DE L’IMAM NAWAWI SUR LE HADITH DE JIBRIL
«Parle-moi au sujet de la foi (iman).»
L’Iman, lexiquemment parlé, signifie une conviction de nature générale. Légalement, c’est une expression pour une conviction spécifique dans la croyance en Allah, Ses anges, Ses livres, Ses messagers, le jour dernier, et tout ce qui est décrété, le bon et le mal. Islam est un mot signifiant la performance des obligations légales. Celles-là sont les actions externes que l’on applique à soi-même.
Allah Le plus Exalté a fait une différence entre la foi (iman) et la soumission et ceci est aussi mentionné dans le hadith. Il dit: «Les Arabes disent: «Nous avons la foi.» Dit: «Vous n’avez pas encore la foi. Dites plutôt: Nous sommes simplement soumis» (49:14). Ceci est parce que les hypocrites priaient, jeûnaient, et payaient l’aumône légale cependant ils niaient dans leur cœur. Lorsqu’ils prétendaient avoir la foi, Allah déclara leur revendication de mensonge à cause du refus dans leur cœur, mais Il confirma leur revendication de soumission à cause de leur accomplissement des devoirs.
Allah dit: «Quand les hypocrites viennent à toi, ils disent: «Nous attestons que tu es certes le Messager d’Allah,» Allah sait que tu es vraiment Son Messager, et Allah atteste que les hypocrites sont assurément des menteurs» (63:1). Ils sont menteurs dans leur revendication d’attestation au message puisque leurs cœurs le nient. Les mots de leur bouche ne sont pas en accord avec le contenu de leurs cœurs, alors que la condition de l’attestation au message est que la langue confirme ce que contient le cœur. Lorsqu’ils mentaient dans leur revendication, Allah exposait leur mensonge.
Puisque la foi est aussi une condition pour la validité de la soumision, Allah l’Exalté différencie le soumis (musulman) du croyant (mou'min) en disant: «Nous avons donc fait sortir ce qu’il y avait comme croyants, mais Nous n’y avons trouvé qu’une maison de gens soumis» (51:35-36). Cette distinction lie la croyance et la soumission comme étant une condition et son exécution.
Pour finir, Allah désigna la prière par le nom de "foi" lorqu’Il dit: «Et ce n’est pas l’objectif d’Allah de vous faire perdre votre foi» (2:143) et «Tu n’avais aucune connaissance du Livre ni de la Foi» (42:52). Il parle de la prière.
«Et de croire en ce qui a été décrété (qadar), le bien et le mal.»
Le mot est prononcé de deux manière; qadar et qadr.
La voie des Gens de La Vérité (c’est-à-dire Ahl al-Sunna wa al-Jama`a) est de fermement croire au décret d’Allah. Le sens de ceci est qu’Allah – Glorifié et Exalté soit-Il – a décrété les choses depuis la pré-éternité et qu’Il – Glorifié et Exalté soit-Il – sait qu’elles se manifesteront aux temps qui sont connus de Lui; et elles se dérouleront exactement selon ce qu’Il a décrété – Gorifié et Exalté soit-Il!
Sache qu’il y a quatre sortes de décrets:
1. Le décret dans la Prescience Divine. Il est dit à son sujet: L’affection (`inaya) devant l’amitié (milaya), le plaisir avant la naissance, et la moisson se poursuit dès les premiers fruits. Allah l’Exalté dit: «Est détourné de lui quiconque a été fait pour être détourné» (51:9). En d’autres mots, l’un est détourné d’entendre le Coran et de croire dans ce monde celui qui a été détourné d’eux dans la pré-éternité.»[25]
2. Le décret sur la Tablette Protégée. Un tel décret peut être changé. Allah: «Allah efface ce qu’Il veut, et Il confirme ce qu’Il veut, et l’Ecriture Mère est auprès de Lui» (13:39). Nous savons qu’Ibn `Oumar avait l’habitude de dire dans ses invocations: «O Allah, si Tu as prédestiné des difficultés pour moi, efface-les et écrit de la félicité pour moi.»
3. Le décret dans la matrice concernant ce que l’ange est ordonné d’écrire au sujet de la subsistance et le terme de la vie de l’un, et s’il sera malheureux ou prospère.
4. Le décret qui consiste à rejoindre des choses spécifiques pré-établies au moment où elles doivent se dérouler, car Allah l’Exalté a créé à la fois le bien et le mal et a ordonné qu’ils atteignent Ses serviteurs au temps désigné par Lui.
Il est évident qu’Allah Tout -Puissant créa à la fois le bien et le mal puisqu’Il dit: «Les criminels sont certes dans l’égarement et la folie. Le jour où on les traînera dans le feu sur leur visage on leur dira: "Goûtez au contact de l’enfer Sakar." Oui! Nous avons créé toute chose avec mesure (qadar)» (54:47-49). Ce verset fut révélé concernant les partisants du libre arbitre absolu ou Qadariyya à qui on a dit: «Votre croyance est en enfer.»
Comme évidence supplémentaire de ce qui a été décrété , l’Exalté dit: «Dis: Je cherche refuge auprès du Seigneur du couperet contre le mal qu’Il a créé» (113:1-2). La lecture de ce serment au moment où quelque chose de bien arrive au serviteur d’Allah repoussera le mal avant qu’il l’atteigne. Il y a aussi dans le hadith: «Les bonnes actions et renforcer les liens familiaux évitent une mort terrible et éventuellement la change en une bonne» [26]; «L’invocation et l’affliction sont suspendues entre le ciel et la terre, vivante, et l’invocation repousse l’affliction avant qu’elle ne descende.»[27]
Les partisans du libre arbitre absolu [les Mou`tazila] prétendent qu’Allah l’Exalté n’a prédestiné aucune chose, que Sa connaissance ne les précède pas, qu’elles commencent à exister seulement lorsqu’elles se déroulent et que c’est à ce moment seulement qu’Il – Exalté soit-Il – les connait. Ils mentent au sujet d’Allah. -Exalté soit-Il -Il est très haut, au-dessus de leur propos mensonger. Ils rentrèrent dans l’obscurantisme.
Plus tard les Qadariyya disent que le bien provient d’Allah pendant que le mal provient de quelqu’un d'autre que Lui. Allah est aussi Exalté haut au-dessus d’une telle déclaration. Dans un hadith authentiquement rigoureux, le Prophète dit: «Les croyants au libre arbitre absolu sont les Zoroastriens de cette Communauté.»[28] Il les nomma Zoroastriens parce que leur école de pensée ressemble à celle du dualisme Zoroastrien. Les Dualistes prétendent que le bien est effectué par la lumière et le mal par l’obscurité, et c’est ainsi qu’ils méritèrent ce nom. Similairement, les partisants du libre arbitre absolu attribuent le bien à Allah et le mal à quelqu'un d’autre que Lui– Exalté soit- Il –Il est le Créateur à la fois du bien et du mal.
L’Imam des Deux Sanctuaires[29] dit dans le "Livre de Guidance aux Preuves Définitives Concernant les Fondations de la Coyance"[30] que certains des Qadariyya disent: «Ce n’est pas nous, mais vous (Ahl al-Sunna) qui êtes les Qadariyya à cause de votre croyance au soit disant Décret.» Jouwayni répondit à ces ignares qu’ils se sont attribués le pouvoir du décret, et quiconque revendique, par exemple, le pouvoir du mal et se l’attribue, mérite son attribut, plutôt que celui qui l’attribue à d’autres qu’à lui-même et nie toute paternité à son sujet.
«Informe-moi au sujet de l’ihsan.» Il dit: «L’ihsan c’est l ‘adoration d’ Allah comme si tu Le voyais.»
Ceci est la station de la Vrai Vision (maqam al-mouchahada). Quiconque est capable de voir directement le Roi répugne à se tourner vers d’autres que Lui dans la prière et à affairer son cœur avec d’autres que Lui.
La Station d’ihsan est la Station des Saints les Plus Véridiques (maqam al-siddiqin) à laquelle nous avons fait référence dans notre commentaire sur le hadith de l’intention (Les actions sont selon leurs intentions):
[Al-Mouhassibi dit: «La véracité (sidq) en tant qu’attribut d’un serviteur d’Allah, signifie la constance dans le comportement visible et caché d’une personne, en privé comme en public. La véracité est réalisée après la réalisation de toutes les stations (maqamat) et états (ahwal). Même la sincérité (ikhlas) a besoin de la véracité, alors que la véracité n’a besoin de rien, parce que quoique la réelle sincérité est de chercher Allah à travers l’obéissance, on peut chercher Allah en priant et toujours être insouciant ou absent en son propre cœur en cours de prière. La véracité est ainsi chercher Allah au moyen de l’adoration avec une complète présence du cœur devant Lui. En vérité tout véridique (sadiq) est sincère (moukhlis), pendant que tout sincère n’est pas véridique. Ceci est la signification de connection (ittissal) et déconnection (infissil): le véridique s’est déconnecté de tout ce qui est autre qu’Allah (ma siwa Allah) et il s’est empressé en la présence auprès d’Allah (al-houdour billah). Ceci est aussi le sens de la renonciation (takhalli) de tout ce qui est autre qu’Allah et l’auto-revêtement (tahalli) avec la présence auprès d’Allah, Le Glorifié, L’Exalté.»]
«Il te voit certainement».
Il voit ton insouciance si tu es insouciant pendant la prière et que tu converses avec ton moi.
«Informe-moi au sujet de l’Heure.» Il répondit: «Celui qui est interrogé n’en sait pas plus sur elle que celui qui l’interroge.»
Cette question indique que le Prophète – le salut et la paix d’Allah sur lui – ne connaissait pas l’Heure. La connaissance de l’Heure est parmi les choses dont Allah s’est réservé la connaissance. Il dit: «La connaissance de l’Heure est auprès d’Allah» et «C’est lourd dans les cieux et sur la terre, et elle ne viendra à vous que soudainement» (7:187) et «Qu’en sais-tu? Il se peut que l’Heure soit proche» (33:63, 42:17).
En ce qui concerne ceux qui prétendent que l’âge de ce monde est de 70000 ans et qu’il en reste 63000, c’est une fausse déclaration rapportée par al-Tawkhani dans les «Causes de la Révélation» par certains astrologues et mathématiciens. Encore, quiconque prétend que le terme du monde est de 7000 années, fait une affirmaton audacieuse au sujet de l’Inconnu, et ce n’est pas permis d’y croire.
«Informe-moi au sujet de ses signes.» Il répondit: «Quand la fille-esclave donnera naissance à sa propre maîtresse.»
Une autre version dit: «à son maître.» La plupart des commentateurs disent que ceci est un signe de multiplicité des filles-esclaves et leurs progénitures. Un enfant né d’un maître de fille-esclave est comme son maître, parce que les possessions du proprétaire vont à ses enfants. Certains disent que la signification se réfère aux filles-esclaves donnant naissance à des rois. La mère tombera alors sous la souveraineté de son fils. Une autre signification est qu’une personne peut avoir un fils avec une fille-esclave avant de la vendre; ensuite le fils grandit et achète sa propre mère. Ceci est une des conditions de l’Heure.
«Quand tu verras les va-nu-pieds, les déguenillés, les pauvres gardiens de bêtes rivalisant les uns les autres dans la construction de grands buildings.»
Cela signifie que les Bédoins qui vivent dans le désert et leurs semblables parmi les parvenus et les pauvres deviendront des experts dans l’érection de grandes structures. Le monde leur sera généreux et ils finiront par vivre dans le luxe avec leurs buildings.
«Et il (le Prophète) attendit [labitha] longtemps.»
Les rapports disent aussi: «J’attendis [labithou] longtemps.» Les deux sont fiables. Dans la narration d’Abou Dawoud et de Timidhi, `Oumar dit: «Après trois jours.» Dans le Charh al-Tanbih de Baghawi, il est rapporté: «Après trois jours ou plus,» ce qui apparemment signifie après que trois nuits soient passées. Tout ceci apparemment contredit la version d’Abou Hourayra dans sa narration (dans Boukhari): «L’homme se leva et parti, après lequel le Messager d’Allah dit – la paix et le salut d’Allah sur lui: «Ramenez-moi cette personne» et ils le cherchèrent pour le ramener, mais ils ne trouvèrent personne. Alors il dit—la paix et le salut d’Allah sur lui: «C’était Gabriel.»»
Il est possible de réconcillier les deux versions de l’évènement en considérant qu’Oumar n’a peut être pas été présent au moment de la révélation du Prophète – la paix et le salut d’Allah sur lui –qu’il s’était levé et avait pris congé du groupe à ce moment-là. Ainsi le Prophète fit juste sa révélation à ceux qui furent présents, et ils informèrent `Oumar à leur tour après trois jours, puisqu’il n’avait pas été présent au moment où le reste des Compagnons avaient été informés.
«C’était Gabriel. Il était venu vous enseigner les prescriptions de votre religion.»
Il y a une indication dans cette déclaration que l’islam, l’iman, et l’ihsan sont ensembles nommés «religion» (din).
Le hadith démontre que la croyance au décret d’Allah est une obligation, et que l’on doit éviter les choses interdites, et que le contentement avec ce qui advient est une obligation.
Un homme vint à Ahmad ibn Hanbal – qu’Allah soit satisfait de lui – et dit: «Donne-moi des conseils»: Il lui dit:
«Si Allah l’Exalté S’est approprié la provision de toutes les subsistances, pourquoi t’inquiètes-tu? Si en vérité la compensation pour toutes les choses appartiennent à Allah, pourquoi être mesquin? Si en vérité il y a un Paradis, pourquoi ne pas s’appaiser maintenant? Si en vérité il y a un Feu, pourquoi désobéir? Si le questionnement de Mounkar et de Nakir est vrai, qu’est-ce qui est bon de se tenir en compagnie des humains?[31] Si le monde est destiné à une instinction, quelle paix d’esprit y a-t’il? Si en vérité il y a un compte à rendre, à quoi servent les possessions? Et si toutes les choses sont mesurées et décrétées à passer, pourquoi avoir peur?»
L’auteur de Maqamat al-`oulama (Les stations des érudits)[32] mentionne que le monde est divisé en 25 parties:
Cinq ont rapport à ce qui est mesuré et décrété à se produire: la subsistance, les enfants, les parents, le pouvoir, et l’âge;
Cinq ont rapport à l’effort personnel (ijtihad): le paradis, l’enfer, la décence, la galanterie, et l’écriture;
Cinq ont rapport à l’habitude: manger, dormir, marcher, l’accouplement, et se soulager des excréments;
Cinq ont rapport à la constitution naturelle: l’abstinence, la pureté, l’altruisme, la beauté, et la dignité;
Cinq ont rapport à l’héritage: la richesse, les relations, l’indulgence, la vérité, et la loyauté.
Aucun des éléments ci-dessus cités ne contredit le dire du Prophète – la paix et le salut d’Allah sur lui – où il dit «Toute chose est mesurée et destinée à passer.»[33] Au contraire, cela veut dire que certaines de ces choses sont déterminées par des causes (secondaires), tandis que d’autres ne le sont pas, et toute chose est destinée mesurée et destinée à passer.
L’école d ’Ihsan et de Tazkiya
L’école à laquelle les Compagnons furent formés n’a pas péri après la mort du Prophète. Au contraire, les méthodes et la connaissance, dont Il était doté, furent transmises à ses Compagnons – qu’Allah soit satisfait d’eux – et chacune était une école à partir de laquelle la Umma dériva ses enseignements. Avec le passage du temps, ces écoles développèrent et formalisèrent leurs méthodes et créèrent une science distincte nommée la Science de tassawwouf. Tout comme les écoles de Chari`a se formèrent au cours des trois premiers siècles de l’Islam, de même de distinctes et visibles écoles de tassawwouf passèrent la connaisance et science aux générations successives de Musulmans. Et comme la Chari`a ne se développa pas en dehors du cadre de l’Islam, du Coran et de la Sunna, même si ses branches et son contenu couvrent plusieurs éléments non mentionnés verbalement dans ces sources, de même le tassawwouf se développa basé sur la structure établie par le Livre et la Sunna et jamais ne déborda des limites de ces paramètres.
La Relation Entre Chari`a Et Haqiqa
Le nom de «Science de Réalité» ou `ilm al-haqiqa est souvent attribué au tassawwouf. L’Imam Ahmad dit après avoir entendu al-Harith al-Mouhassibi parlé: «Je n’ai jamais entendu à propos de la Science des Réalités (`ilm al-haqa`iq) des mots comme ceux prononcés par cet homme.»[34] Le sens de cette expression est que la réalité de l’adoration du servant consiste en la condition spirituelle du cœur, pendant que la performance de son adoration consiste à remplir légalement ses obligations externes. Cette dernière, l’ensemble des obligations externes, est l’objet de la Chari`a et ses ramifications sont nombreuses tandis que la première, la réalité de l’adoration, est le sujet du haqiqa dont les ramifications sont très peu nombreuses.
Un exemple de ces deux aspects est illustré par la prière. Il est obligatoire d'accomplir la prière avec tous ses mouvements, ses règles essentielles, selon les stipulations de la Chari`a. Ceci est connu comme jassad al-salat ou le «corps de la prière.» Cependant, l’un des principes essentiels de la prière est de garder son cœur en la présence Divine d’Allah et de savoir qu’Il nous observe au cours de la prière. Ceci nous donne la Réalité et l’Essence de la prière. Nous savons que les gens peuvent exercer toutes les actions extérieurs essentielles (visibles) de la prière, mais leur cœur peut ne pas y être présent. Ce que l’état d’ihsan défini est de garder le cœur pur et propre de toute sorte de mauvaises pensées et attachements aux distractions de ce monde. Ceci fut la pratique du Prophète parce qu’il dit qu’il était venu pour détourner les gens de l’attraction de ce monde et de ses distractions.
Nous voyons dans cette comparaison que la forme de la salat est son corps, pendant que l’humilité et l’auto-effacement (khouchou') est son âme. Quel est ainsi le bénéfice du corps sans son âme? Si la prière est un mouvement sans présence d’esprit, alors l’action est similaire à celle d’un robot. Autant l’âme a besoin d’un corps pour y vivre, autant le corps a besoin d’une âme pour lui donner vie. Similairement la relation entre Chari`a et Haqiqa est comme la relation entre le corps et l’âme. Le croyant parfait qui a atteind l’état d’ihsan est celui qui peut joindre les deux.
Une autre expression pour cette distinction fût donné par le Prophète dans l’un de ses hadiths :
La connaissance est de deux sortes: la connaissance établie dans le cœur et la connaissance établie sur la langue.[35]
Al-`Izz ibn `Abd al-Salam al-Maqdissi (à ne pas confondre à Cheick al-Islam al-Soulami) expliqua cette différence entre Chari`a et Haqiqa dans son essai sur le tassawwouf intitulé Hall al-roumouz wa mafatih al-koumouz (Le dévoilement des symboles et les clefs des trésors):
La connaissance est de deux sortes: la connaissance extérieure (`ilm al-zahir) qui s’applique à la Chari`a, et la connaissance intérieure (`ilm al-batin) qui s’applique au Haqiqa. Le Prophète dit: La connaissance est de deux sortes…[36]
L’Imam al-Shafi`i fit allusion à la même distinction dans son dire: «La connaissance est de deux sortes: la connaissance des croyances et la connaissance des corps.» Souyouti le relata dans l’introduction de son livre al-Tibb al-nabawi.[37]
Ceci est la compréhension essentielle du tassawwuf – combiner Chari`a et Haqiqa, l’âme et le corps, l’externe et l’interne. A cause de la grande difficulté d’accomplir cet objectif, les méthodes du tassawwuf sont souvent appelées guerre spirituelle ou jihad al-nafs.
Le Grand Jihad: Le Jihad Contre L’Ego.
(Jihad Al-Nafs)
Allah déclare dans le Coran qu’Il accepte les actions de dévotions seulement de ceux qui se purifient (qad aflaha man zakkaha 91:9 ), qui ont un cœur sain (illa man ata Allaha bi qalbin salim 26:89), et qui montre un esprit humble (innaha lakabiratoun illa `ala al-khchi`in 2:45). La purification de l’Intention est l’idée majeure de ces versets. Ceci est la raison pour laquelle les grands savants tels que Boukhari, Chafi`i, Nawawi et autres, commencèrent leurs livres de fiqh avec le hadith de l’intention: «Les actions sont jugées selon l’intention.»
Un acte considéré du point de vue externe comme un acte d’adoration mais performé sans une pure intention n’est pas considéré comme une adoration, même combattre et mourir pour la défense des Musulmans. Le Prophète dit au sujet d’un tel combattant, «c’est un compagnon du feu», et ils sont appelés dans la Chari`a: chahid al-fassad (martyr corrompu). C’était un mounafiq (quelqu’un qui dissimule la croyance) de Madina. Ainsi la purification de l’intention est nécessaire pour les cinq piliers de l’Islam. C’est dans ce sens – la purification de l’intention – que l’expression jihad al-akbar (le plus grand jihad) est souvent utilisée en référence à l’auto-purification et c’est aussi dans ce sens que sa supériorité s’affirme.
Ibn Qayyim al-Jawziyya dit dans al-Fawa`id:
Allah dit: «Et quant à ceux qui luttent pour Notre cause, Nous les guiderons certes sur Nos sentiers» (29:69). Il a ainsi défini la direction du jihad. Partant de là, les meilleurs sont ceux qui luttent le plus pour Sa cause, et la jihad la plus importante est le jihad (afrad al-jihad) contre l’égo, le jihad contre les désirs, le jihad contre satan et le jihad contre le bas-monde (jihad al-nafs wa jihad al-hawa wa jihad al-satan wa jihad al-dunya). Quiconque lutte contre ces quatre jihads, Allah les guidera aux voies de Son bon plaisir qui conduit à Son Paradis, et quiconque abandonne le jihad, alors il renonce à être guidé en proportion de son abandon au jihad.
Al-Jounayd dit: «Ceux qui luttent contre leurs désirs et se repentent par notre amour, nous les guiderons sur la voie de la sincérité, et on ne peut lutter contre son ennemi extérieurement (c’est-à-dire avec le sabre) sauf celui qui lutte contre ses ennemis internes. Ainsi quiconque a la victoire sur eux (le moi) sera victorieux sur ses ennemis, et quiconque est défait par eux (le moi) sera défait par son ennemi.»[38]
La concurrence et la rivalité sont permises dans l’excellence de l’adoration. Dans ce respect, Allah établit dans Son Livre des niveaux entre les croyants, et ceci est aussi clarifié par d’innombrables hadiths. La récompense de la jihad est immense comme cela est prouvé par le hadith du Prophète lorsqu’il dit que s’il pouvait , il aurait demandé à Allah de le ramener en vie afin qu’il puisse retourner combattre et mourir plusieurs fois en chahid ou martyr. Mais toujours est-il qu’avec respect pour la présente issue, ceux qui se souviennent d’Allah – y compris les parfaits savants qui sont les réels connaisseurs d’Allah – sont supérieurs au moujahidin. Par exemple, quoique Zayd ibn Haritha et Khalid ibn Walid furent de grands généraux, leur disparution fut moins lourde, en terme de perte pour les Musulmans, que celle d’Abou Moussa al-Ach`ari ou d’Ibn `Abbas. Pour cette raison, le Prophète déclara explicitement la supériorité de ceux qui se souviennent d’Allah dans les deux authentiques hadiths suivants.
Le Prophète dit: «Voulez-vous que je vous dise quelles sont vos meilleures œuvres, quelles sont celles qui sont les plus pures et les plus cotées auprès de votre Seigneur, celles qui élèvent très haut votre degré, celles qui vous rapportent plus de salaire que de dépenser votre or et votre argent au service d’Allah ou prendre part à la jihad en tuant ou en se faisant tuer dans la voie d’Allah?» Ils dirent: «Nous voulons bien.» Il dit: «C’est l’invocation d’Allah.»[39]
Il dit aussi: «Même si quelqu’un frappe les mécréants et les idolâtres avec son sabre jusqu’à ce qu’il les brise, et meurt teinté complètement par leur sang, les invocateurs d’Allah lui sont supérieurs d’un degré.»[40]
Hadiths sur le Jihad contre L’Ego
Le savant de hadiths Moulla `Ali al-Qari dans son livre al-Mawdou`at al-koubra connu aussi sous le nom al-Asrar al-marfou`a dit:
Souyouti dit: al-Khatib al-Baghdadi rapporte dans son livre «Histoire» sur l’autorité de Jabir: Le Prophète revint de l’une de ses batailles et dit: «Vous avez avancé de la meilleure manière: vous êtes revenu du plus petit jihad au plus grand jihad.» Ils disent: «Et quelle est le plus grand jihad?» Il répondit: «Le combat (moujahadat) des serviteurs d’Allah contre leurs vains désirs.»
Ibn Hajar al-`Asqalani dit dans Tasdid al-qaws: «Ce dire est répandu et c’est un dire rapporté par ibn Ablah selon Nisa`i dans al-Kouna. Ghazali le mentionne dans le Ihya' et al-`Iraqi dit que Bayhaqi le rapporte sur l’autorité de jabir et dit: Il y a une faiblesse dans sa transmission.»[41]
Le hafiz Ibn Abou Jammal al-Azdi al-Andalousi (d.695) dit dans son commentaire sur Boukhari intitulé Bahjat al-noufous:
`Oumar rapporte qu’un homme vint au Prophète lui demander la permission d’aller en jihad. Le prophète lui demanda: «Tes parents sont-ils en vie?» Il dit qu’ils le sont. Le Prophète répliqua: « Alors force-toi à respecter leurs droits» (fihima fa jahid)… Il y a dans ce hadith l’évidence que la Sunna pour entrer dans la voie et d’entreprendre l’auto-discipline est d’agir sous la direction d’un expert, afin qu’il nous soit montré la meilleure voie celle qui nous convient, et la plus fiable pour l ‘aspirant. Car lorsque ce Compagnon désira aller en jihad, il ne se contenta pas de sa propre opinion sur le sujet, mais il chercha le conseil de quelqu’un plus savant et de plus expert que lui. Si ceci est le cas pour le Petit jihad, qu’en est-il alors pour le Grand jihad?[42]
Ibn Hibban rapporte dans son Sahih de la part de Fadala ibn Oubayd:
Le Prophète dit dans son dernier pèlerinage: «… Le moujahid est celui qui est en jihad contre lui-même (jahada nafsah) afin d ‘obéir à Allah par amour.»[43]
Al-Haytami relata la version suivante dans le chapitre sur leJihad al-nafs dans son Majma' al-zawa`id et la déclara fiable:
Le plus fort n’est pas celui qui triomphe des autres, le plus fort est celui qui triomphe de son égo (ghalaba nafsah).
Jihad et Soufis Moujahiddin
Les livres d’histoires sont remplis de noms de Soufis moujahidin (Les Gens qui Combattent) et de chouhada' (Martyrs) qui ont consacré leur vie en confrontant les ennemis de la foi et en appelant l’humanité en la présence divine d’Allah, de même que rappelant ceux qui ont dévié de la vraie voie et de la Sunna du Prophète . Ils accomplirent ceci avec sagesse et ils furent efficaces. Leurs noms et leurs récits sont trop nombreux pour être énumérés dans ce livre, cela devrait couvrir plusieurs centaines de volumes. Il est suffisant de mentionner quelques exemples de l’histoire moderne cités par l’auteur de The Reliance of the Traveller (`Oumdat al-Salik ou La dépendance du Voyageur):
Parmi les Soufis qui aidèrent l’Islam aussi bien avec le sabre qu’avec la plume, selon B.G. Martin dans Muslim Brotherhoods in Nineteenth Century Africa (les confrèreries Musulmanes dans l’Afrique du 19ième siècle), il y a des hommes dont le cheick Naqshbandi Chamil Daghestani, qui mena une guerre prolongée contre les Russes dans le Caucasse au cours du 19ième siècle; Sayyid Mouhammad `Abdullah al-Somalie, un cheick de l’ordre Salihiyya qui conduisit les musulmans contre les Britanniques et les Italiens en Somalie de 1899 à 1920; le cheick Qadiri `Outhman ibn Fodio, qui mena jihad au nord du Nigéria de 1804 à 1808 pour établir une régulation Islamique; le cheick Qadiri `Abd al-Qadir al-Jaza`iri, qui conduisit les Algériens contre les Français de 1832 à 1847; le faqir Darqawi al-Hajj Mouhammad al-Ahrach, qui combattit les Français en Egypte en 1799; le cheick Tijani al-Hajj `Oumar Tall, qui mena un jihad Islamique en Guinée, au Sénégal, et au Mali de 1852 à 1864; et le cheick Qadiri Ma' al-`Aynayn al-Qalqami, qui aida à rassembler la résistance Musulmane contre les Français au Nord de la Mauritanie et au sud du Maroc de 1905 à 1909.
Parmi les Soufis dont les travaux missionnaires Islamisèrent des régions entières sont des hommes tels que le fondateur de l’ordre Sanousiyya, Mouhammad `Ali Sanousi, dont l’effort et le jihad de 1807 à 1859 consolida l’Islam comme religion chez les habitants du désert Libyen de l’Afrique du sud-sahara; le cheick Chadhili Mouhammad Ma`rouf et le cheick Qadiri Ouzaous al-Barawi, dont les efforts propagèrent l’Islam à l’Ouest et à l’intérieur à partir des côtes de l’Afrique de l’Est; et les centaines de cheicks anonymes Naqshbandi qui enseignèrent et préservèrent l’Islam au sein des gens de ce qui est appelé maintenant le sud de l’Union Soviétique et qui continuent encore de nos jours à servir la religion malgré la pression officielle. Il est évident que l’attachement du cœur à Allah, est l’aspect sur lequel le Soufisme met l’accent, cela ne gêne aucunement les travaux spirituels quels qu’ils soient, mais au contraire fournit une base réelle. Et seul Allah donne le succès.[44]
Nous renvoyons aussi le lecteur au Mystics and Commissars de Benningsen pour le rôle des Soufis dans la préservation de l’Islam en Union Soviétique, et Lion of Daghestan pour leur jihad contre les Tsars et leur dynastie. Nous rappellons aussi que ce sont les Naqshbandis qui préservèrent l’Islam en Chine dans le passé – à partir duquel pays, l’Islam se répendit jusqu’à la péninsule Malay – et sous les sombres jours de la soit-disant «Révolution Culturelle» de Mao Tsé-Toung. Dans tout ce qui a été énuméré ci-dessus, il y a une évidence que le tassawuf, loin d’encourager l’évasion et l’immobilisme qui retarde le progrès social, soutena les plus hautes valeurs de la conscience sociale aussi bien que la recherche religieuse et la science. En fait, ils fournissent un témoignage adéquat à un inlassable jihad et lutte contre les injustices sociales et l’inaction qui prit place au fil des siècles.
suite: Position des Imams
Sommaire
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[24] Muslim; Ahmad, Mousnad 6:91, 163, et autres
[25] Mouslim; Iman #208: "Nul ne péri avec Allah sauf qu’il est destiné à la destruction." Ibn Hajar dit (Fath al-bari Riqaq Ch.31 #6491): "C’est -à -dire celui qui persiste dans son accrochage au mal dans sa résolution, son parlé, et son action, et évite le bien dans sa conception, son parlé, et action."
[26] Tirmidhi, Zakat #28.
[27] Cf. Ibn Majah, Mouqaddima #1à, Fitan #66; Tirmidhi, Witr #21, Qadar #6; Ahmad 5:277,280,282; Ibn Hibban.
[28] Abou Dawoud, Tabarani, Ahmad, Boukhari dans son Tarikh, et autres.
[29] Abou al-Ma`ali Roukn al-Din `Abd abd al-Malik ibn `Abd Allah ibn Youssouf al-Jouwayni al-Naysabouri al-Chafi`i al-Ach`ari (419-478): Le cheick de Ghazali et auteur des 15 volumes Nihayat al-latlab fi dirayat al-madhhab (Le plus important dans ce qui est cherché sur la compréhension de l’école Chafi`i) aussi bien que d’autres travaux dans les doctrines de la foi, la théologie, les fondements de la méthodologie Islamique, et du fiqh chafi`i (loi). Voir le Tabaqat al-chafi`iyya al-koubra d’al-Soubki 5:165.
[30] Kitab al-irchad ila qawati` al-adilla fi ousoul al-i`tiqad.
[31] Cf.Le cheick Soufi Ibn `Ata' Allah: «Quand Dieu t’aliène de la compagnie de Ses créatures, sache qu’Il désire t’ouvrir la porte de Sa propre intimité.» Kitab al-hikam #93.
[32] Ceci est l’Imam Ghazali.
[33] Hadiths: koullou chay'in bi qadar: «Toute chose est mesurée…» Mouslim, Qadar Ch.4 #18, Ahmad aussi; koullou chay'in bi qdar'in wa qadar: «Toute chose est destinée à passer et est mesurée…» Tabarani dans “al-Awssat”: Haythami dit dans Majma' al-zawa'id que ce hadith contient des sous-narrateurs inconnus.
[34] Relté avec une chaîne fiable par al-Khatib al-baghdadi dans son Tarikh Baghdad 8:214, et par al-Dhahabi dans Mizan al-I’tidal 1:430.
[35] Narré par Ibn ‘Abd al’Barr, jami’ bayan al-‘ilm wa fadlih 1:190; al-Moundhiri, al-Targhib 1:103; al-khatib al-Bagndadi, Tarikh Baghdad 4:346; et autres.
[36] Al-‘Izz ibn ‘Abd al-Salam, Bayn al-chari’a wa al-haqiqa aw hall al-roumouz wa mafatih al-kounouz (Cairo: matba’at nour al-amal, n.d.) p.11.
[37] Comme mentionné par al-‘Ajlouni dans Kach al-Khafa 2:89 (#1765).
[38] Ibn Qayyim al-Jawziyya, al-Fawa’id, éd. Mouhammad ‘Ali Qoutb (Alexandria: dar al-da’wa, 1412/1992) p.50.
[39] Rapporté sur l’autorité d’Abu al-Darda’ par Ahmad, Tirmidhi, Ibn Majah, Ibn Abi al-Dunya, al-Hakim qui le déclare fiable, et Dhahabi le confirme, Bayhaqi, Souyuti dans al-Jami’ al-saghir, et Ahmad aussi le rélate de Mou’adh ibn Jabal.
[40] Relaté sur l’autorité d’Abou Sa’id al-Khoudri par Ahmad (3:75), Tirmidhi (#3376), Baghawi dans Shar al-Sunna (5:195), Ibn Kathir dans sonTafsir (6:416), et autres.
[41] ‘Ali al-Qari, al-Asrar al-marfu’a (Béirout 1985 ed.) p.127.
[42] Ibn Abou Jamra, Bahjat al-noufous sharh moukhhtasar sahir al-boukhari 3:146.
[43] Tirmidhi, Ahmad, Tabarani, Ibn Majah, al-Hakim, et Qouda’i aussi le rapporte. Le contemporain savant de hadith Ch’ayb al-Arna’out confirme que sa chaîne de transmission est fiable dans son édition de ibn Hibban, Sahih 11:203 (#4862).
[44] Reliance of the Traveller, p.863.
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Ecrit le 11 févr.04, 11:17
TEXTE NUMERO 4
Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux, Louanges et Paix sur notre bien aimé Prophète, Sa Famille et Ses Compagnons
Le Soufisme en Islam
· Tables des matières
· Introduction
· Preuves dans le Coran
· Preuves dans les Hadiths
· Position des Savant I
· Position des Savant II
· Position des Savant III
· Conclusions
· Glossaire
· Version Imprimable
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» Le Soufisme: Tassawwouf
IV - DIRES ET ECRITS DES IMAMS ET SAVANTS AU SUJET DU TASSAWOUF
al-Hassan al-Basri (d. 110)
Imam Abou Hanifa (d.150)
Soufyan al-Thawri (d.161)
Imam Malik (94-179 H/ 716-795)
Imam Chafi`i (d.204)
Imam Ahmad bin Hanbal (d.241)
L’Imam al-Harith al-Mouhassibi (d.243)
La piété de l’Imam Ahmad devant Al-Mouhassibi
Les Maîtres Soufis de Hadiths de Dhahabi
al-Qassim ibn `Outhman al-Joui`i (d.248)
L’Imam al-Jounayd al-Baghdadi (d.297)
al-Hakim al-Tirmidhi (d.320)
L’Imam Abou Mansour `Abd al-Qahir al-Baghdadi (d.429)
L’Imam Abou al-Qasim al-Qouchayri (d.465)
Cheick Abou Ismai`il `Abd Allah al-Harawi al-Ansari (d.481)
Imam Ghazali (d.505)
Ceux Qui Attaquent L’Imam Ghazali
La Validité de Hadiths Faibles
Abou al-Wafa' Ibn `Aqil al-Hanbali (d.513)
al-Hassan al-Basri (d. 110)
L’un des premiers Soufis formels dans le sens littéraire et général, puisqu’il vêtit toute sa vie un manteau de laine (souf). Le fils d’une esclave libérée de Oumm Salama (la femme du Prophète ), et d’un esclave affranchi de Zayd ibn Thabit (le fils adoptif du Prophète ), ce grand Imam de Basra, le leader des saints et des savants de son temps, était connu pour sa stricte observance de la Sunna du Prophète. Il fut aussi fameux pour son immense savoir, son austérité et son ascétisme, ses intréprides reproches aux autorités, son pouvoir d’attraction par la parole et par ses apparitions.
Ibn al-Jawzi écrit un livre de 100 pages sur sa vie et ses caractères intitulé Adab al-Chaykh al-Hassan ibn al-Hassan al-Basri. Dans son chapitre sur al-Hassan dans Sifat al-safwa, il mentionne qu’al-Hassan laissa un manteau blanc (joubba) en laine, c’est le seul vêtement qu’il avait revêti au cours des vingt-cinq dernières années de sa vie, en été comme en hiver, et que lorsqu’il mouru, il était d’une impeccable beauté, propre, et de bonne qualité.[45]
Dans le livre qu’il consacra aux dires et aux actions des Soufis, Rawdat al-mihibbin wa nouzhat al-moushtaqin (Le jardin des amoureux et l’excursion des nostalgiques), Ibn Qayyim rapporte:
Un groupe de femmes sortirent le jour de la `Id et regardèrent les gens. On leur demanda: «Quelle est la personne la plus belle que vous avez vue aujourd’hui?» Elles répondirent: «C’est un cheick portant un turban noir.» Elles voulaient dire Hassan al-Basri.[46]
Le maître de hadiths Abou Nou`aym al-Isfanahi (d.430) mentionne dans ses biographies de Soufis intitulées Hilyat al-awliya' (L’ornement des saints) que c’est le disciple de Hassan al-Basri, `Abd al-Wahid ibn Zayd (d.177) qui fut la première personne à construire un hospice spirituel (khaniqa soufi) ou maison de l’hôte et une école à Abadan qui de nos jours fait frontière entre l’Iran et l’Iraq.[47]
Ce fut sur les bases de Hassan al-Basri et sur la renommée de ses disciples reconnus comme Soufis qu’Ibn Taymiyya dit dans son essai al-Soufiyya wa al-fouqara: «L’origine du tassawwouf est Basra».[48] Ceci une est déclaration trompeuse qui équivaut à accuser al-Hassan d’avoir inventé le tassawwouf. Au contraire, Basra est en tête parmi les places renommées pour le développement officiel des écoles de purification qui vinrent à être connues comme tassawwouf et dont les principes ne sont rien d’autre que le Coran et la Sunna comme nous l’avons déjà démontrer abondamment.
Ghazali rapporte les dires de al-Hassan sur la jihad al-nafs dans la section de son Ihya' intitulé Kitab riyadat al-nafs wa tahdhib al-akhlaq wa mou'alajat amrad al-qalb (Le livre du dressage de l’égo et la discipline des comportements et la guérison des maladies du cœur):
Deux pensées parcourent l’esprit, une provenant d’Allah, une provenant de l’ennemi. Allah couvre de miséricorde un serviteur qui s’installe dans la pensée qui vient de Lui. Il étreind la pensée qui vient d’Allah, tandis qu’il lutte contre celle qui vient de l’ennemi. Pour illustrer l’attraction mutuelle du cœur entre ces deux pouvoirs, le Prophète dit: «Le cœur du croyant repose entre deux doigts du Miséricordieux»[49]… Les doigts signifient le bouleversement et l’hésitation dans le cœur… Si l’Homme suit les ordres de la colère et de l’appétit, la domination de satan apparaît en lui à travers les passions oisives (hawa) et son cœur devient le nid et le contenant de satan, qui se nourrit de passions. S’il combat ses passions et ne les laissent pas dominer son ego, imitant en ceci le caractère des anges, à ce moment son cœur devient le lieu de quiétude des anges et ils s’y posent.
Une mesure de la dimension du scrupule (wara') et de la peur de Hasan Al-Basri envers Allah est illustrée par sa déclaration suivante, citée aussi par Ghazali:
L’oubli et l’espoir sont deux puissantes bénédictions sur les descendants d’Adam; mais pour cela les Musulmans ne devraient pas marcher dans les rues.[50]
Imam Abou Hanifa (d.150)
Ibn `Abidin rapporte dans son al-Dourr al-moulkhtar que l’Imam Abou Hanifa dit: «Si je n’avais pas eut deux années, j’aurais péri.»
Ibn `Abidin commente:
Pendant deux années, il accompagna Sayyidina Ja`far al-Sadiq et il acquit la connaissance spirituelle qui fit de lui un gnostique dans la Voie… Abou `Ali Daqqa (le cheick de l’Imam Qouchayri) reçu l’initiation d’Abou al-Qasim al-Nasiribadi, qui la reçu d’al-Chibli, qui la reçu de Sari al-Saqati qui la reçu d’al-Ma`rouf al-Karkhi, qui la reçu de Dawoud at-Ta`i, qui reçu les deux connaissances, l’interne et l’externe de l’Imam Abou Hanifa.[51]
Soufyan al-Thawri (d.161)
Ibn Qayyim al-Jawziyya rapporte dans Madarij al-salikin, et Ibn al-Jawzi dans le chapitre intitulé «Abou hashim al-Zahid» dans son Sifat al-safwa après le maître de hadiths Abou Nou`aym dans son Hilyat al-awliya', que Soufyan al-Thawri dit:
Si ce n’était pas à cause d’Abou Hachim al-Soufi (d.115), je n’aurais jamais perçu la présence des plus subtiles formes d’hypocrisie en moi … Le meilleur est le Soufi érudit en jurisprudence.[52]
Ibn al-Jawzi rapporte aussi le passage suivant:
Abou Hachim al-Zahid dit: «Allah a marqué l’aliénation sur le monde afin que la compagnie fraternelle des mouridin (les aspirants) ne consiste qu’à être uniquement avec Lui et non avec le monde, et afin que ceux qui Lui obéissent viennent à Lui en négligeant le monde. Le Groupe des connaisseurs d’Allah (ahl al-ma`rifa billah) sont étrangers dans le monde et ont très envie de l’au-delà.»[53]
Imam Malik (94-179 H/ 716-795)
Un savant de Madina, fut connu pour sa grande piété et son amour pour le Prophète , qu’il aimait et vénérait à tel point qu’il ne montait jamais à dos de son cheval dans les limites de Madina en guise de respect à la terre qui contenait le corps du Prophète , il ne rapportait aucun hadith sans avoir accompli d’abord son ablution. Ibn al-Jawzi rapporte dans le chapitre intitulé «La couche 6 des gens de Madina» dans son livre Sifat al-sawfa:
Abou Mous`ab dit: J’entrai pour voir Malik ibn Nas. Il me dit: "Regarde à ma place de prière ou sous ma natte de prière voit ce qu’il y a". Je regardai et j’y trouvai une certaine écriture. Il me dit : "Lis la!" Je constatai qu’elle contenait le récit d’un rêve que l’un de ses frères avait fait et qui le concernait. Il dit (lisant ce qui était écrit): «Je vis le Prophète dans mon sommeil. Il était dans sa mosquée et les gens étaient autour de lui, et il dit: J’ai caché sous ma chaire (minbar) une bonne chose – ou une connaissance – et j’ai ordonné à Malik de vous la distribuer.» Malik alors pleura, je me levai et pris congé de lui.[54]
Juste comme Abou Hanifa et Soufyan al-Thawri implicitement affirmèrent la nécessité de suivre la voie soufie afin d’acquérir la perfection, l’Imam Malik ordonna explicitement la pratique du tassawwouf dans sa déclaration suivante comme un devoir des savants:
"Quiconque pratique le Tassawwouf sans étudier la Loi Sacrée (la jurisprudence) corrompt sa foi, alors que quiconque étudie la Loi Sacrée (la jurisprudence) sans pratiquer le Tassawwouf est un hérétique. Seulement celui qui combine les deux atteindra la vérité."
Cette déclaration est rapportée par le mouhaddith Ahmad Zarrouq (d.899), le hafiz `Ali al-Qari al-Harawi (d.1014), les mouhaddiths `Ali ibn Ahmad al-`Adawi (d.1190) et Ibn `Ajiba (d.1224) et autres.[55]
Ibn `Ajiba explique:
Cheick Ahmad Zarrouq dit: «Le tassawwouf a plus de deux milles définitions, qui vont toutes dans le sens de la sincérité et de la dévotion à Allah … Chaque définition correspond à l’état et l’étendue de l’expérience de celui qui le pratique, ce qui lui fera dire: «Le Tassawwouf est ceci ou cela.»
Il s’en suit que chacun des saints cités (dans le Hilyat al-awliya' d’Abou Nou'aym) qui ont une part de détermination sincère (sidq tawajjouh) ont une part dans le tassawwouf, et le tassawwouf de chacun consiste dans sa sincère détermination. En tant que règle, la sincère détermination est une nécessité de la religion dans la mesure où elle forme à la fois la manière et le contenu des actions qu’Allah accepte. La manière et le contenu ne sont pas fiables à moins que la sincérité de la détermination soit fiable. «Il n’approuve pas la non reconnaissance en Ses serviteurs, mais si vous êtes reconnaissant, Il l’agrée pour vous» (39:7).
Ainsi l’Islam exige des actions, et il n’y a pas d’auto-purification (tassawwouf) sans la connaissance de la Loi (fiqh), car les commandes externes d’Allah ne sont connues que par la connaissance de la Loi; et il n’y a pas de connaissance de la Loi sans l’auto-purification, comme il n’y a pas d’action sans sincérité dans la détermination, et il n’y a rien sans croyance. Ainsi , par définition la Loi les exige toutes, juste comme le corps et l’esprit ont besoin l’un de l’autre, aussi comme l’on ne peut exister ou être complet dans le monde qu’en étant en conjonction avec les autres. Ceci est la définition de la déclaration de l’Imam Malik: «Celui qui pratique le Tassawwouf sans avoir appris la Loi Sacrée … » [56]
Imam Chafi`i (d.204)
Al-hafiz al-Souyouti rapporte dans Ta'yid al-haqiqa al-`aliyya que l’Imam Chafi`i dit:
J’accompagnai les soufis et reçu d’eux trois mots: leur déclaration que le temps est un sabre: si tu ne le coupe pas, il te coupe; leur déclaration que si tu ne te préoccupe pas ton égo avec la vérité, il te préoccupera avec le mensonge; leur déclaration que la déprivation est une immunité.[57]
Le mouhaddith al-`Ajlouni rapporte aussi dans son livre Kachf al-Khafa wa mouzil al-albas que l’Imam Chafi`i dit:
Trois choses m’ont plu dans ce monde: éviter l’affection, traiter les gens avec indulgence et suivre la voie du tassawwouf.[58]
Imam Ahmad bin Hanbal (d.241)
Mouhammad ibn Ahmad al-Saffarini al-Hanbali (d.1188) rapporte dans son Ghidha' al-albab li-charh manzoumat al-adab de la part d’Ibrahim ibn `Abd Allah al-Qalanassi que l’Imam Ahmad dit au sujet des soufis:
«Je ne connais pas de gens meilleurs qu’eux.» Quelqu’un lui dit: «Ils écoutent la musique et ils atteignent des états extatiques.» Il dit: «Est-ce que tu les empêches de se réjouir quelque temps avec Allah?»[59]
Cheick Amin al-Kourdi dit: l’Imam Ahmad conseillant son fils dit:
«O fils, tu dois tenir compagnie avec les gens qui pratiquent le soufisme parce qu’ils sont une fontaine de savoir et leurs cœurs sont en constante invocation. Ils sont les ascétiques, et ils ont le plus puissant pouvoir spirituel.»[60]
L’Admiration des Soufis par l’Imam Ahmad est confirmée par son respect vis-à-vis de al-Harith al-Mouhassibi, quoiqu’il exprima un avertissement au sujet des difficultés de la voie Soufie pour ceux qui ne sont pas préparés à la suivre, dans la mesure où cela peut ne pas être facile pour la majorité des gens de suivre la voie de ceux au sujet desquels Allah dit au Prophète: «Et résigne-toi à la compagnie de ceux qui invoquent leur Seigneur matin et soir désirant Sa Face …» (18:28).
L’Imam al-Harith al-Mouhassibi (d.243)
Il fut l’un des premiers auteurs de traité de Soufis et maître de al-Jounayd. `Abd al-Qahir al-Baghdadi, Taj al-Din al-Soubki, et Jamal al-Din al-Isnawi, tous reconnaissent et réitèrent que «Sur les livres de al-Harith ibn Assad al-Mouhassabi sur le kalam, le fiqh, et le hadith reposent ceux parmi nous qui sont moutakallim (théologiens), faqih (juristes), et Soufis»[61] Ses livres encore existants sont:
· Kitab al-ri`aya li houqouq Allah (Le livre d’observance des droits d’Allah; Cheick al-Islam al-`Izz ibn `Abd al-Salam en écrivit une version abrégée.[62]
· Kitab al-tawahhoum (Le livre d’imagination), une description du jour du Jugement;
· Kitab al-Khalwa (Le livre de la retraite spirituelle);
· Rissalat al-moustarshidin (Traité pour ceux qui demandent à être guidé);
· Kitab al-Coran (Le livre de la compréhension du Coran);
· Kitab mahiyyat al-`aql wa ma’nahou wa ikhtilaf al-nas fihi (Le livre de la nature et le sens de l’esprit et les différences parmi les gens à ce sujet;
· al-Massa`il fi a’mal al-qouloub wa al-jawarih wa al-`aql (Les questions concernant les travaux des cœurs, des pieds et de l’esprit;
· Kitab al-`azama (Le livre de la magnificence);
· al-Wassaya wa al-nassa`ih al-diniyya wa al-nafahat al-qoudsiyya li naf`i jami' al-bariyya (Les héritages et conseils spirituels et les dons sanctifiés pour le bénéfice de toutes les créatures).
Le passage suivant est extrait d’al-Wassayat dans lequel al-Mouhassibi décrit le parcours de sa recherche de la vérité parmi les groupes variés de musulmans, son entrée dans la voie Soufie, et les caractéristiques des Soufis comparées aux non-Soufis:
Il a été clairement dit que cette Communauté sera divisée en soixante-dix groupes impairs, l’un d’eux est le groupe Sauvé, et Allah sait mieux au sujet du reste. J’ai consacré une partie de ma vie à étudier les différences de cette Communauté, cherchant la méthode claire et le droit chemin, recherchant le savoir et agissant par rapport à cette connaissance, guidé sur le chemin de l’au-delà aux moyens des directives des savants. Je compris une grande partie de la parole d’Allah (le Coran) à travers l’interprétation des juristes. J’ai contemplé les conditions de cette Umma, j’ai regardé ses voies de pensée et discours et j’ai compris de ce constat ce qui a été prédestiné pour moi.
Je vis leurs divisions comme un océan profond où plusieurs se sont noyés, et peu furent sauvés. Je vis que chaque groupe prétend que le salut est pour ceux qui les suivent et la destruction est pour tout ceux qui leur sont opposés. Ainsi je compris que les gens sont de différent types:
· Parmi eux est celui qui possède la connaissance de l’au-delà – il est très difficile de le trouver et il est rare;
· un autre type est l’ignorant; prendre ses distance de celui-ci est une bénédiction;
· un autre type est celui qui prétend être un savant, alors qu’il est attaché à la dunya, la préférant en réalité à toute autre chose;
· un autre type est celui possédant la connaissance, étant une référence pour la religion, mais utilisant sa connaissance comme une source de célébrité et de gain de prestige, échangeant sa religion pour le refus de cette dunya;
· un autre type est celui qui a la connaissance mais ne sachant pas le sens réel de ce qu’il possède;
· un autre type est celui qui apparait comme un ascétique, cherchant la vertu, mais il est impuissant, et sa connaissance ne peut pénétrer les cœurs de son audience, et ses dires ne sont pas fiables;
· un autre type est celui doté d’intelligence et de savoir, alors qu’il manque d’abstinence - à travers - la peur d’Allah (wara') et sa méfiance (taqwa);
· un autre type sont les disciples de leurs passions et de leurs bas-désirs, ceux qui s’humilient pour l’amour de la dunya, cherchant une position élevée ;
· un autre type ce sont les démons humains empêchant les gens de chercher l’au-delà, qui luttent comme des chiens pour la dunya, l’adulant, et ne voulant rien d’autre que d’en obtenir au maximum, qui partant de là sont vivants dans cette dunya, mais en réalité ils sont morts; ce qui est vrai est faux selon eux et ils considèrent les vivants et les morts égaux.
Je me cherchai une voie parmi ces différents types et je devins perplexe. Ainsi j’ai décidai d’être guidé par les guides, demandant du support et de la directive, et je pris la connaissance pour guide. Je réfléchi et examinai les choses méticuleusement, jusqu’à ce qu’elles me deviennent claires – avec le Livre d’Allah, la Sunna de Son Prophète , et le consensus de la Communauté pour preuve – il était évident que suivre son désir rend aveugle dans la recherche de la vérité, et que l’on perd sa voie vers la vérité, et accentue son aveuglement.
Alors je commençai à vider mon cœur de tous les bas-désirs (hawa), et je me concentrai sur les divisions de la Umma, à la recherche du Groupe sauvé, attentif à ceux qui ont suivi les désirs destructifs et les goupes égarés, faisant attention de ne pas faire un pas sans en être sûr, cherchant la voie du salut pour mon âme.
Ainsi je trouvai – comme l’unanimité de la Umma la dérive du Coran – que la voie du Salut est dans la peur d’Allah (taqwa), dans la performance des obligations, dans la peur d’Allah au sujet de ce qu’Il a permis et de ce qu’Il a interdit (wara') et les limites qu’Il a établies, dans la sincérité envers Allah à travers l’obéissance et suivant les exemples de Son Messager. Je cherchai le savoir des obligations (fara`id) et les pratiques Prophétiques (Sunna) des savants, des narrations, et je trouvai en eux à la fois l’accord et la division, mais je trouvai qu’ils s’accordent tous sur le fait que la connaissance des obligations et de la Sunna sont avec ceux qui connaissent Allah et Ses ordres, les Connaisseurs d’Allah qui agissent selon Son bon plaisir, craignant pleinement de violer ce qu’Il a interdit, se façonnant de l’exemple de Son Messager, et préférant l’Au-delà à ce monde: ce sont ceux qui s’accrochent fermement aux commandes d’Allah et aux voies des Messagers.
Alors, je regardai parmi cette Communauté pour ce genre de serviteurs qui sont connus pour leurs talents, et cherchai à bénéficier de leur savoir, et je trouvai qu’ils étaient extrêmement rares et peu nombreux, et que leur genre de savoir est en train de disparaître, comme le Messager d’Allah l’a dit: «Lorsque l’Islam commença ils étaient étranges, et ils deviendront étranges encore, comme au début, et la bonne nouvelle est aux étranges»[63] – et ils sont solitaires avec leur religion. Je sentis que ma calamité augmentait du fait de la disparition des saints Vertueux (al-awliya' al-atqiya'), et j’eus peur qu’une mort soudaine m’arrive pendant que je suis encore troublé sur la division de cette Umma. Alors je commençai à chercher un maître: et je n’avais pas d’autre choix que d’en trouver un, et je fis de mon mieux jusqu’à ce que Celui qui est Affectueux envers Sa Création me permis de rencontrer leur groupe .
Je trouvai en eux les signes de Taqwa et les qualités de wara' et la préférence de akhira sur la dunya, et trouvai que leurs intructions et leurs conseils sont en conformité avec les actions des maitres de guidance, et je les trouvai regroupés, unis à donner des conseils à la Communauté, n’encourageant personne à Lui désobéir ni à perdre espoir en Sa Miséricorde, ils acceptent toujours et patiemment les fardeaux et les difficultés, ils sont contents avec le destin et reconnaissant dans la prospérité. Ils emmènent la création à aimer leur Seigneur en parfait repentir en leur rappelant Ses faveurs et ses bontés, et ils les encouragent à remettre toutes leurs affaires à Allah, à leur faire connaître Sa Grandeur, Son livre et la Sunna, Sa Religion, Ce qu’Il aime et ce qu’Il n’aime pas, à être prudent et éviter les nouveautés et les caprices, se garder des extrêmes et des exagérations, mépriser les disputes et les arguments, se garder de la médisance et de l’oppression, s’opposer à leurs désirs, prendre leur responsabilité, contrôler leurs sens, être prudent dans leur nourriture, leur habillement et toutes leurs situations, évitant tout ce qui est douteux, évitant les bas-désirs, se satisfaire du minimum de nourriture, supprimer ce qui est indifférent, la renonciation en ce qu’il est permissible, la peur du Jugement, la circonception de la Résurrection, être affairé avec leur propre fardeau, strict avec eux-même et non avec les autres. Chacun d’eux a ses propres affaires qui le préoccupent, chacun d’eux est savant concernant l’Akhira et la description du Jour du Jugement, l’abondante récompense et la douloureuse punition. Ceci est ce qui explique leur constante anxiété et incessante inquiétude qui les éloigne de la joie de la dunya et ses plaisirs.
Ce groupe a endossé les caractères de cette religion, et dessiné les lignes définitives pour la renonciation (wara') d’une manière qui a contracté ma poitrine avec peur, et me rendit clair que la conduite de la religion et la sincérité mêlées à la crainte (wara') est un océan que quelqu’un comme moi ne peut pas comprendre; ainsi je vins à réaliser l’étendue de leurs vertus, à voir clairement leur inquiétude, et je devins de plus en plus certain qu’ils sont ceux qui luttent dans la Voie de l’au-delà, les vrais disciples de l’exemple des Messagers, la source de ceux qui demandent à être éclairé, et des conseillers pour ceux qui ont besoin de conseils.
Ainsi je commençai à m’intérresser à leur voie, bénéficiant d’eux, acceptant leur code de conduite, prenant plaisir à leur obéir. Je ne vois rien d’égal à eux, et je ne préfère rien à eux, et Allah me bénit avec un genre de connaissance dont la véracité me devint claire et dont j’ai vu la totalité. J’espère que le salut atteindra ceux qui l’accepte et l’adopte, et je suis certain que le support viendra à quiconque la pratiquera.
J’ai trouvé de la malhonnêteté en ceux qui s’opposent à cette voie, et la rouille s’est accumulée sur le cœur de quiconque l’ignore et la nie. J’ai découvert que la preuve suprême est avec celui qui la comprend et j’ai découvert que l’adopter et agir en s’y conformant est une obligation pour moi; ainsi j’y ai cru de tout cœur et l’ai gardé dans ma conscience et fait d’elle la fondation de ma religion, et j’y ai établi mes actions, et je suis passé à travers différents états d’expérience.
J’ai demandé à Allah de me donner l’abilité de Le remercier pour la Générosité qu’Il a répandu sur moi et de me donner la force de performer les tâches se rapportant à ce qu’Il m’a enseigné, sachant mes défauts et sachant que je ne pourrai pas Le remercier suffisamment.[64]
La Piété de L’Imam Ahmad devant Al-Mouhassibi
Voici le récit de la première fois que l’Imam Ahmad a entendu al-Mouhassibi parler directement, raconté par le hafiz al-khatib al-Baghdadi dans son Histoire de Bagdad:
Ahmad ibn Hanbal n’aimait pas les spéculations de al-Harith dans la science du calame de même que les livres qu’il éditait. Fréquemment, il mettait les gens en garde contre al-Harith. Mouhammad ibn Ahmad Yaqoub appris de Mouhammad ibn Nou`aym al-Dabbi: J’entendis l’Imam Abou Bakr Ahmad ibn Ishaq - al-Sibji - dire: J’entendis Isma`il ibn Ishaq al-Sarraj dire: «Ahmad ibn Hanbal me dit un jour: J’ai appris que ce Harith est souvent chez toi. Qu’en est-il si tu m’invitais et me plaçais quelque part où je pourrais l’entendre sans être vu?» Je répondis: «Certainement, O Abou `Abd Allah!» et j’étais content de ce premier pas de sa part. Je partis et je demandai à al-Harith de venir nous visiter cette même nuit comme ses compagnons y seront aussi. «O Isma`il, ils sont nombreux, par conséquent tu ne leur serviras que de l’huile et des dattes, et seulement ce que tu peux.» Je suivis ses intructions et je partis informer Abou `Abd Allah. Il vint après Maghrib, alla s’installer dans une petite chambre la-haut et commençai à réciter ses dévotions usuelles (wird). Al-Harith et ses compagnons arrivèrent, mangèrent, et se levèrent pour prier salat al-`icha, et ils ne prièrent pas après cela. Ensuite, ils s’asseillèrent silencieusement devant al-Harith et ne dit aucun mot jusqu’au milieu de la nuit. L’un d’eux alors posa une question à al-Harith et celui-ci commença à parler. Ses compagnons l’écoutèrent comme s’ils avaient peur d’effrayer un oiseau. Certains pleuraient. D’autres poussaient des petits sanglots au fur et mesure qu’il parlait. Je partis alors dans la chambre pour voir Abou `Abd Allah et le trouvai évanoui à force d’avoir pleuré. Je redescendis. Ils continuèrent ainsi jusqu’au matin où ils se levèrent et s’en allèrent. Je retournai là-haut voir Abou `Abd Allah. Il avait changé. Je lui demandai: «Que penses-tu maintenant de ces gens?» Il dit: «En ce qui me concerne, je n’ai jamais vu leur pareil, ni entendu sur la Science des Réalités (`ilm al-haqa`iq) des mots comme ceux prononcés par cet homme. Néanmoins, malgré ce que je viens de dire, je ne te vois pas en vérité apte à leur tenir compagnie. Ensuite il se leva et s’en alla.[65]
Al-Soubki expliqua la réaction ambigüe de l’Imam Ahmad de la façon suivante:
Considérons ce récit avec attention et sachons que Ahmad ibn Hanbal ne considérait pas sage pour cet homme (al-Sarraj) de joindre leur compagnie parce qu’il n’était pas l’un de ceux qui pourrait s’élever à leur niveau. En vérité, ils étaient sur un chemin difficile ; tous les gens ne peuvent pas entreprendre équitablement ce chemin qui fait peur. Autrement, Ahmad aurait-il pleuré et glorifier al-Harith de la manière dont il fait ses éloges?[66]
Quelqu’un pourrait soulever des objections:
Question. Al-Harith et ses compagnons ont prié salat al-`icha' pendant que Ahmad était présent. Pourquoi Ahmad n’a t-il pas joint la prière prescrite, sachant précisément que la position d’Ahmad était de joindre la prière du groupe celle-ci étant obligatoire?
Réponse. Ahmad était avec le groupe, mais à l’étage, séparé du groupe, précisément dans une chambre où il pourrait entendre - mais sans nécessairement voir al-Mouhassibi, comme le rapport le mentionne? Plus loin:
- Ce n’est pas affirmé dans le rapport qu’il n’a pas prié derrière lui.
- C’est possible qu’il ne fusse pas en ablution.
- C’est possible qu’ils aient retardé le temps de `Icha et qu’au moment où ils priaient, il avait déjà fini.
Le premier cas ci-dessus est le moindre qui peut être dit, et tous les cas ont tendance à dire: Il n’a pas délibérément prié derrière lui pour plusieurs raisons parmi lesquelles: on sait que `Oumar pria derrière al-Hajjaj ibn Youssouf al-Thaqafi qui était un tyran qui répendit le sang d’innocents; il est aussi su que Ibn `Oumar pria derrière les Gens d’Innovation dont les Khawarij. Il disait souvent que: «La prière est une excellente action (hassana) et cela m’est égal que quiconque y prenne part avec moi et quiconque dit: Hayya `ala al-Salat, je lui répond oui.» [67]
Dire que l’Imam Ahmad ne pria pas délibérement derrière al-Mouhassibi est équivalent à attribuer à l’Imam Ahmad l’un des points de vue suivant:
- Ou bien il considérait al-Mouhassibi pire que al-Hajjaj et les Kwararij, ce qui est absurde et impieux;
- Ou bien il laissa la pratique du Sahaba `Abd Allah ibn `Oumar, quoique le madhab Hanbali est en partie une revivication de celle-ci, et ceci n’est pas le cas.
Question. Pourquoi Ahmad mentionna-t-il `ilm al-haqa`iq (la science des réalités) qui est une terminoligie Soufie?
Réponse. L’Imam Ahmad acceptait la terminologie Soufie. Il n’y a plus rien à dire à ce sujet. Supposer que cela est peu probable est parfaitement acceptable, mais supposer que ceci est impossible est faux. Encore, la fin de l’argument est que le rapport est fiable selon le critère des maîtres de hadiths, ainsi laissons la spéculation dans la mesure où nous avons une évidence solide.
Q. Pourquoi al-Dhahabi n’acceptait-il pas l’authenticité du récit?
R. al-Dhahabi fit des commentaires ambigus dans son Mizan al-I’tidal au sujet du récit ci-dessus, mais il ne questionne pas l’authenticité de sa chaîne de transmission. Il l’authentifie mais y exprime de la mécréance[68]. Cependant, son rejet subjectif, quoique connaissant le sujet – sa biographie de l’Imam Ahmad est d’environ 300 pages – n’est pas crédible devant l’évidence.
Il est clair que Dhahabi admirait al-Mouhassibi car il l’appela «d’un haut niveau» dans son Siyar a`lam al-noubala':
L’Ascétique, le Connaisseur…Je dis: al-Mouhassibi est d’un haut rang, et il toucha brièvement à la théologie spéculative; par conséquent, il eut des reproches à ce niveau.[69]
Tous les maîtres Soufis sont des savants de la Sunna, autrement ils ne seraient pas qualifiés de maîtres Soufis. De l’autre côté, plusieurs grands savants qui ne sont pas des maîtres Soufis admiraient profondément ces gens et voyaient clairement qu’ils étaient du groupe des élus d’Allah ou des awliya. L’histoire et ces jours présents sont remplis d’innombrables Savants de l’Islam, des muftis de nations aux cheicks al-Ahzar, et des ministres de l’Education Islamique aux Présidents des Ligues de Savants Islamiques, qui ont vu et compris que ces maîtres Soufis pratiquaient mieux la Sunna que ceux qui mémorisaient seulement les lois de la Chari`a. Plusieurs maîtres Soufis ont atteind de hautes positions parmi les savants de l’Islam de leur temps.
Certains aujourd’hui sont enclin à utiliser le terme «conflit» entre ce qu’ils imaginent être maîtres de tassawwouf d’un côté et non-savants Soufis de l’autre. Ceci est une dichotomie artificielle qui n’existe pas en réalité dans la communauté du Prophète. Cependant, certains frères non informés ou mal intentionnés prennent quelques citations illustrant des différences parmi les savants en vue de désunir et de créer l’image de ce qu’ils appellent «une histoire de conflict».
En réalité, les savants représentant les Quatre Madhahib en Islam ont défendu ceux qui pratiquent le tassawwouf de la diffamation érigée contre eux en certaines parties du monde Islamique. Pourquoi alors encore aujourd’hui certains sont-ils en train de fouiller les livres de littérature Islamique essayant de raviver quelques insignifiantes issues déjà résolues et semer le doute dans les cœurs de nos frères au sujet des voies de l’Islam? Ils mentionnent par exemple la censure d’Ibn al-Jawzi de quelques excès dans Talbis Iblis comme si c’était une condamnation entière du tassawwouf, oubliant qu’il écrivit plusieurs pages et des livres entiers sur les premiers Soufis dont Rabi`a al-`Adawiyya et Ibrahim al-Adham; ou bien ils mentionnent le blâme de kalam de l’Imam Ahmad dans la méthode de Mouhassibi, oubliant qu’il admirait beaucoup les discours Soufis d’al-Mouhassibi; ou bien ils citent le rapport de al-Dhahabi sur la censure d’Abou Zour`a d’al-Mouhassibi et la lamentation de Dhahabi sur le niveau médiocre d’érudition de hadith dans les livres Soufis, oubliant que Dhahabi admirait al-Mouhassibi et exprimait le plus grand respect pour les Soufis.
Il est étrange que Dhahabi soit cité pour illustrer des points de vue anti-Soufis alors qu’il dit explicitement au sujet de l’un des Soufis qui fut le plus attaqué, Ibn al-Farid: «Ne vous empressez pas à le juger.» Ici est la remarque de Dhahabi sur Ibn al-Farid dans Mizan al-i`tidal:
Il rapporta des hadiths de al-Qassim ibn `Assair; il parla haut d’une union franche avec Allah dans sa poésie, et ceci est une grande calamité: par conséquent, examinez précieusement ses compositons et ne vous empressez pas de juger, au contraire, aillez la meilleure opinion des Soufis (hassin al-zanna bi al-soufiyya).[70]
Voici encore d’autres extaits et exemples des éloges des Soufis de Dhahabi, tirés de Siyar a`lam al-noubala':
[#506] al-`Abdin connu sous le nom de Qassim al-Jou`i (d.248): l’Imam, le modèle, le saint, le Mouhaddith…le cheick des Soufis et l’ami d’Ahmad ibn al-Hawari. Il est connu comme al-Jou`i.
… Je dis, les acsétiques (zouhhhad) de ce temps étaient al-Jou`i à Damas, al-Sari al-Saqati à Bagdad, Ahmad ibn Hard à Naysabour, Dhou al-Noun en Egypte, et Mouhammad ibn Aslam à Tus. Où sont les semblables à ces maîtres? Seulement la poussière remplira mes yeux, ou ce qui est sous la poussière!
[#969] Chihab al-Din al-Souhrawardi; le cheick, l’Imam, le savant, le zahid, le connaisseur, le Mouhaddith, le Cheick Al-Islam, le Hors-Pair des Soufis…
[#512] Je dis: si vous voyez le Soufi se consacrer au hadith, alors ayez confiance en lui, et si vous le voyez s’éloigner du hadith alors retirez-vous de lui…
Ceci est une louange indirecte à tous les Soufis, dans la mesure où aucun d’eux ne peut être que dévoué aux hadiths et s’y référant constamment. Ces lignes montrent que Dhahabi n’était en aucun cas contre le tassawwouf, au contraire, il protesta contre quelques éléments de quelques Soufis qu’il ne voyait pas être dans sa ligne de compréhension de la Sunna. Il ne considéra pas la différence entre les adhérents et simples prétendants au tassawwouf, quoiqu’il le mentionna ailleurs .
Les Maîtres Soufis de Hadiths de Dhahabi
Les Soufis parmi les maîtres de hadiths de Dhahabi sont trop nombreux pour être cités. Ci-dessous quelques noms comme cela est énuméré par Dhahabi lui-même dans son Mou`jam shouyoukal-Dhahabi ou «l’abrégé des cheicks (de hadiths) de Dhahabi»:
· Ahmad ibn Abou al-Ma`ali al-Abarqouhi (d.701), qui dit au cours de sa dernière maladie lorsqu’il était à la Mecque: «Je mourrai de cette maladie parce que le Prophète m’a promis que je mourrais à Mecque.»[71]
· Ahmad ibn `Abd Allah al-Qadi Chouqayr (d.715), le Soufi Hariri.[72]
· Ahmad ibn `Abd Allah al-Rahman al-Chahrazouri al-Soufi al-Qadiri (d.701).[73]
· Ahmad ibn `Abd al-Moun`im Roukn al-Din Abou al-`Abbas al-Qazwini al-Tawoussi al-Soufi (d.704.).[74]
· Ahmad ibn `Ali al-Qadi al-Jayli al-Dimaschqi al-Soufi (d.724).[75]
· Ahmad ibn Mouhammad Najm al-Din Abou al-`Abbas ibn Sasra (d.723), le chef juge Chafi`i (qadi al-qoudat) et le chef des enseignants religieux (cheick al-chouyouck) à Damas. Il désapprouva Ibn Taymiyya et présida à son jugement à Damas en 705.[76]
· «Mon ami» Charaf al-Din Ahmad ibn Nasr Allah al-Faqih al-Soufi (d.730), de la Khaniqa al-Tawawis.[77]
· al-Cheick Abou Ichaq Ibrahim ibn Barakat al-Ba`albaki, connu comme Ibn al-Qourachiyya (d.740): «L’un des remarqables fouqara' Qadiri, un homme de religion, de clarté, de perfection, aimable, et de rare bénéfice.»[78]
· al-Cheick Abou Ichaq Ibrahim ibn Dawoud al-Hakkari al-Kourdi al-Mouqri' al-Soufi al-Zahid (d.712), le père de Chams al-Din et d’`Imad al-Din.[79]
· Le leader et Cheick Sadr al-Din Abou al-Majami' Ibrahim ibn Mouhammad al-Jouwayni al-Khourassani al-Soufi al-Mouhaddith (d.720). Dhahabi rapporta que le gouverneur Mongol Ghazan Khan accepta de devenir Musulman par lui. Il ajouta: «Il était extrêmement respecté par les Soufis à cause du niveau spirituel de son père Sa`d al-Din ibn Hammouwayh (ou Hamawayh).»[80] Sa`d al-Din (d.678) fut cheick al-chouyoukh à Damas.[81]
· «Mon cheick» Ibrahim ibn Mounir al-Ba`albaki al-`Abid al-Zahid al-Sayyah (d.725).[82]
· Ichaq ibn Ibrahim Mouzaffar al-Misri al-Waziri al-Mouqri' al-Mou`addid al-Soufi (d.719), l’enseignant des orphelins.[83]
· Aqouch Abou Mouhammad Houssam al-Din al-qoutbi al-Younini (d.720), «il était l’un des Soufis d’al-Assadiyya, il était pieux et récitait beaucoup le Coran.»[84]
· «Mon compagnon» `Izz al-Din al-Hassan ibn Ahmad al-Irbili le medecin (d.726), «il était l’un des Soufis de Douwayrat Hamd.»[85]
· Houssayn ibn Moubarak al-Mawsili al-Soufi (d.742). «Il était un homme de bonté et pieux. Il rédigea plusieurs livres de savoir et des livres au sujet de la Sunna, et il resta en compagnie des fouqara'.»[86]
· Abou Sa`d al-Khidr `Abd Allah al-Jouwayni al-Dimachqi al-Soufi (d.674). «Il était le cheick de la khaniqa soumayssatina… Il rédigea un livre d’histoire en deux volumes rempli de bienfaits et de merveilles.»[87]
· Oumm Mouhammad Zaynab bint `Ali al-Wassiti (d.695). «Une femme versée dans la servitude, dans le jeûne, forte, humble, honorable. Son frère l’Imam Taqi al-Din ibn al-Wassiti avait l’habitude de la visiter pour bénéficier de sa bénédiction (yaqsoud ziyarataha wa al-tabarrouk biha).»[88]
· Zayn al-`Rab bint `Abd al-Rahman al-Dimachqiyya al-Soulamiyya (d.704). Elle était la cheicka de la ribat à al-Kharimiyyin.[89]
· Abou `Ali Souwanj ibn Mouhammad al-Tourkoumani al-Dimachqi al-Faqir (d.694).[90]
· Abou al-Barakat Cha`ban ibn Abi Bakr al-Irbili al-Soufi al-Qadiri al-Zahiri al-Zahid (d.711). «Il était un homme de bonté, de clairvoyance, modeste, raffiné, qui n’a ni lu ni écrit.»[91]
· Abou Ghanim Zafir ibn Ja`far al-Soulami al-Dimachqi (d.615). «Il était l’un des fouqara' du mouqsoura (tombeau de saints) des Halabiyyin.»[92]
· Charaf al-Din `Abou Mouhammad Abd Allah ibn `Abd al-Halim ibn Taymiyya al-Harrani al-Hanbali (d.727). «Frugal dans son manger et dans son habillement, doté de plusieurs qualités, il avait l’habitude de faire des reproches à son frère sur certaines choses (Taqi al-Din Ibn Taymiyya) qu’il considéra blâmables de sa part.»[93]
· Ibn Abou Nasr `Abd Allah ibn Nasr ibn `Abd al-Razzaq ibn al-Cheick `Abd al-Qadir al-Jili (c’est-à-dire al-Gilani) al-Hanbali al-faqih al-Soufi (d.708).[94]
· Abou al-Majd `Abd al-Rahman ibn al-Mouhaddith Abi `Abd Allah al-Isfarayini al-Dimachqi al-Chafi`i (d.701). «Il était le cheick de la khaniqa chihabiyya.»[95]
· Zayn al-Din `Abd al-Rahman ibn mouhammad al-Zahid, Khatib Yalda (712). «Il était perspicace, saint, honorable, et restait en retraite pour éviter les gens.»[96]
· Abou al-Qassim `Abd al-Samad ibn Qadi al-Qoudat `Abd al-Karim al-Harastani al-Dimachqi al-Chafi`i (d.694). «Il apprit le fiqh et fréquenta les écoles, puis il devint un ascétique… Les gens le vénéraient et des miracles sont rapportés à son sujet. J’ai appris que mon cheick Zayn al-Din al-Fariqi mentionna qu’Ibn al-Harastani lui parla de la chute des Tartares avant qu’elle eût lieu en 680.»[97]
· `Izz al-Din `Abd al-`Izz ibn `Oumar al-Hamawi al-Ghassani al-Soufi (d.720).[98]
· Abou Mouhammad `Abd al-Ghaffar ibn Mouhammad al-Maqdissi al-Soufi (d.circa 700).[99]
· Abou Nasr `Abd al-Latif ibn Nasr al-Cheicki al-Soufi al-Halabi (d.697). «Il était cheick al-chouyouk à Aleppo.»[100]
· Najm al-Din `Abd al-Malik ibn `Abd al-Qahir Ibn `Abd al-Ghani Ibn Taymiyya al-Harrani al-Chahid al-Soufi (d.720).[101]
· Abou `Amr `Outhman ibn Abi Bakr al-Faqir al-Salih (Né en 674). «Un réciteur de Coran, il est érudit et est un homme de bonté, de décence, solitaire en dehors des gens. Je suis resté en sa compagnie depuis mon enfance.»[102]
· «L’Unique Leader, le Connaisseur et Savant de Hadith», Abou `Abd Allah Najm al-Din `Ali ibn Mouhammad al-Azli al-Hilali al-Dimaschqi al-Chafi`i (d.729). «Il avait l’habitude de raconter des récits bénéfiques, et il garda une excellente estime pour les saints – qu’Allah le compte ainsi que moi parmi eux.»[103]
· Abou Hafs `Oumar ibn Abi al-Qassim al-Younini al-Salawi al-Soufi (d.707). «Il resta en compagnie des fouqara'.»[104]
· Oumm Mouhammad `Aïcha Bint Rizq Allah al-Biladiyya al-Maqdissiyya (d.711). «Elle était l’une des femmes dévotes qui pleurait beaucoup, exhibait l’humilité, et tenait fermement à la récitation des dévotions (awrad).»[105]
· al-Foulk al-Soufi, `Ali ibn al-Foulk al-`Alawi al-Hassani al-Wassiti al-Mou`ammar (né en 600).[106]
· «Le faqih et le connaisseur» Abou al-Qassim al-Fadl ibn `Issa al-`Ajlouni al-Hanbali al-Masmari (d.735). «Il était de haute stature et portait un large turban et des tenues imposantes. Il était un bon interprète de rêves. Les gens le vénéraient comme un saint.»[107]
· Abou `Abd Allah Mouhammad ibn Ahmad al-Maqdissi al-Salihi (d.705). «Il était connu sous le nom de Chamlaj al-Faqir.»[108]
· Mouhammad ibn Ahmad al-Mawsili al-Salihi al-Faqir (d.723). «Il était clairvoyant, menait une vie simple, un homme de décence et de bonté.»[109]
· Diya' al-Din Abou `Abd Allah Mouhammad ibn Ahmad al-Faqir (d.713).[110]
· al-Imam al-khayyir Chams al-Din Abou `Abd Allah Mouhammad ibn Ahmad al-Khallati al-Chafi`i al-Soufi (d.706).[111]
· Abou `Abd Allah mouhammad ibn Jawhar al-Mouqri' al-Moujawwid al-Tala`fazi al-Soufi al-Moulaqqan (d.696).[112]
· «L’Imam, le Juge, l’Exégète, le Savant, l’Ascétique» Jamal al-Din Mouhammad ibn Soulayman al-Naqih al-Balkhi al-Dimaschqi al-Hanafi (d.698). «Il compila un très long commentaire du Coran en quatre-vingt-dix- neuf volumes dans lesquels il figura les lectures Coraniques, les contextes de la révélation, les explications linguistiques, les dires des exégètes, ceux des Soufis, et leurs haqa`iq (réalités spirituelles).»[113]
· Abou `Abd Allah Mouhammad ibn Soulayman al-Faqih al-Chafi`i (d.699). «Il était celui qui prenait soin de la tombe d’al-Sayyida Nafissa (la plus grande femme sainte d’Egypte).»[114]
· Abou `Abd Allah Mouhammad ibn `Abd Allah ibn al-Saqil al-Harrani (d.713). «Il était l’un des fouqara' de la ribat d’Ibn al-Askaf.»[115]
· «Le brillant savant et le spécialiste d’oussoul» Safi al-Din Mouhammad ibn `Abd al-Rahim al-Hindi al-Chafi`i (d.715). «Il était versé en prière, en adoration, en tassawwouf et d’une excellente croyance.»[116] Il témoigna contre Ibn Taymiyya au jugement de ce dernier à Damas.»[117]
· «Qadi al-qoudat, le Paragon de l’Islam, le porteur-standard de la Sunna, mon cheick» Jamal al-Din Abou al-Ma`ali Mouhammad ibn `Ali al-Anssari al-Zamalkani al-Dimaschqi al-Chafi`i (d.727).[118] Il remplaça Safi al-Din al-Hindi dans le jugement contre Ibn Taymiyya, contre lequel il rédigea par la suite une réfutation de sa position sur le divorce et de ses points de vue sur la Visitation du Prophète (al-ziyara).[119]
· Abou `Abd Allah Mouhammad ibn Mouhammad al-Mouhaddith al-Zahid al-Kikhi al-Soufi (d.684).[120]
· «Le vertueux de la bonté, l’Imam, le Connaisseur, le Mouhaddith» Abou `Abd Allah Badr al-din Mouhammad ibn Mas`oud Ibn al-Touwwazi al-Halabi al-Chafi`i (d.705). «Il était le Cheick de Hims et l’adjoint au juge ainsi que le Cheick de la Khaniqa.»[121]
· «L’Imam, le Réciteur, le Perfecteur, le Résidu des Salaf» Mouwaffaq al-Din Abou `Abd Allah Mouhammad ibn Abi al-`Ala' al-Rabbani al-Nassibi al-Chafi`i al-Soufi (d.695). «Le cheick des Soufis et des fouqara' à Ba`albak.[122]
· «L’Orateur, l’Ascétique, la Bénédiction de l’Humanité» Abou `Abd Allah Mouhammad ibn Abi al-Fadl al-Ja`bari al-Soufi (d.713). «L’Imam du Masjid al-Halabiyyin au Caire.»[123]
· al-Cheick al-Imam al-Moufti al-Zahid al-`Arif Zahir al-Din Abou al-Mahmid Mahmoud ibn `Oubayd Allah al-Zanjani al-Chafii al-Soufi (d.673). «Il tena compagnie avec Cheick Chihab al-Din al-Souhrawardi et apprit de lui `Awarif al-ma`arif, et d’`Abd al-Salam al-Dahiri il apprit l’œuvre al-Louma' d’Abou Nasr al-Sarraj.»[124]
· «L’Imam, le Mouhaddith de confiance, le Connaisseur, le Linguiste, l’Ascétique» Safi al-Din Abou al-Thana' Mahmoud ibn Abi Bakr al-Tannoukhi al-Armouwi al-Chami al-Chafi`i al-Soufi (d.723).[125]
· al-Alim al-Zahid Taqi al-Din Abou Bakr ibn Charaf al-Salihi Nazil Hims (d.728). «Il était un moutassawwif, avait l’éloquence, la noblesse, une connaissance intime des questions en main, et une large portion d’excellentes qualités.»[126]
· Abou Bakr ibn Sanjar al-`Ala'i al-Chayzari al-Soufi (pas de date).[127]
Plusieurs des maître de hadiths que Dhahabi cite dans son Tadhkirat al-houffaz sont Soufis:[128]
· Abou `Abd Allah Mouhammad Ibn al-Banna' al-Soufi
· Abou al-Hassan b. Jahdam al-Soufi
· Abou al-Houssayn al-Baghdadi Ahmad b. al-Hassan b. `Abd al-Jabbar al-Soufi al-Hakim
· Abou Mouhammad `Abd al-`Aziz b. Ahmad Ibn Mouhammad b. `Ali al-Tamimi al-Dimachqi al-Soufi al-Wahchi
· Abou Mouhammad al-Andalousi al-maghrib al-Qafassi al-Soufi
· Abou Sa'd Ahmad b. Mouhammad b. Ahmad b; Abdillah b. Hafs al-Anssari al-harawi al-Malini al-Soufi
· Abou Sa`id Ahmad b. Mouhammad b. Ziyad b. Bichr b. Dirham al-Basri al-Soufi
· Abou Ya`qoub Youssouf b. Ahmad b. Ibrahim al-Soufi
· Ahmad b. `Abd Allah b. Ahmad b. Ishaq b. Moussa b. Mahran al-Mihrani al-Isbahani
· al-Soufi al-Ahwal sibt al-Zahid Mouhammad b. Youssouf al-Banna' al-Talamanki
· al-Hafiz Abou Hafs al-Soukkari Ahmad b. al-Hassan al-Soufi
· Ishaq b. Balkouyah al-Soufi
· Isma`il b. Sa`d al-Soufi
· Mouhammad b. al-Houssayn b. Mouhammad b. Moussa al-Nissabouri al-Soufi al-Azdi
· Zaynouddin Abou al-Fath Mouhammad b. Ahmad b. Abi Bakr al-Abyourdi al-Soufi al-Chafi`i al-Is`irdi
En conclusion le supposé conflit entre les savants de hadiths d’un côté et les Soufis de l’autre est une fabrication intentionnelle en vue d’inspirer la division parmi certains membres de la Communauté. Les détracteurs rassemblent quelques dires qui soulèvent l’incertitude et le doute au sujet du tassawwouf, omettant de mentionner que de telles critiques tombent sous la rubrique de l’exception. La règle est que le tassawwouf est l’indication d’un niveau spirituel qui n’amène rien d’autre que de l’honneur à celui qui l’endosse, parmi eux l’Imam Ahmad, Dhahabi, Sakhawi, Souyouti, al-`Izz ibn `Abd al-Salam, al-Qari, al-Nawawi, et les autres Imams de hadiths l’ont attesté. Ceci est le cas même pour Ibn Taymiyya qui se considérait capable de définir le tassawwouf en profondeur, et se félicitait d’avoir pris la tariqa Qadiri, même s’il prit des inclinations anti-Soufies qui firent surfaces dans ses attaques contre ibn `Arabi et autres. Permettez-nous d’avertir nos frères et sœurs qu’en regardant les désaccords des grands savants sans un œil critique, nous invitons à la confusion. Al-Soubki avertit:
Prenez garde d'écouter ce qui s’est passé entre Abou Hanifa et Soufyan al-Thawri, ou entre Malik et ibn Abi Dhi'b, ou entre Ahmad ibn Salih et al-Nissa`i, ou entre Ahmad ibn Hanbal et al-Harith al-Mouhassibi (et autres dans les temps ultérieurs). Si vous êtes affairés avec cela, je crains la mort pour vous. Ceux-là sont les notables en religion et leurs paroles ont plusieurs explications que certains ont peut-être mal compris. En ce qui nous concerne, nous n’avons rien d’autre qu’à approuver ce qu’ils ont dit et de ne rien dire concernant ce qui a eu lieu entre eux, comme ce qui s’est passé entre les Compagnons, qu’Allah soit satisfait d’eux… O toi qui cherche à être guidé! Consacre-toi à la voie des bonnes manières avec les maîtres passés, évite de creuser dans leurs divergences sauf ce qui est le produit d’une claire démonstration. Si vous êtes capable d’y appliquer une bonne interprétation faites-le, dans le cas contraire, laissez ce qui eut lieu entre eux, et préoccupez-vous de ce qui vous concerne, et laissez ce qui ne vous concerne pas![129]
al-Qassim ibn `Outhman al-Joui`i (d.248)
L’un des grands saints de Damas qui étudia le hadith sous Soufyan ibn `Ouyayna. Ibn al-Jawzi rapporte dans Sifat al-safwa que al-Jou`i expliqua qu’il reçu le nom al-Jou`i (de la faim) parce qu’Allah l’a guéri contre la faim du corps au moyen de la faim spirituelle. Il dit:
Même si j’étais laissé un mois sans nourriture, je n’étais pas gêné. O Allah, tu as fait ceci avec moi: Cependant, complète le pour moi![130]
Al-Dhahabi écrit à propos de lui dans Siyar a`lam al-noubala':
[#506] al-`Abdi, connu sous le nom de Qassim al-Jou`i: L’Imam, le modèle, le saint, le Mouhaddith… le cheick des Soufis et l’ami d’Ahmad ibn al-Hawari. (al-Imam al-qoudwa al-wali al-mouhaddith Abou `Abd Al-Malik Al-Qassim ibn `Outhman al-`Abdi-Dimaqshqi, Cheick as-soufiyya wa rafiq Ahmad ibn al-Hawari, `Ourifa bi al-Jou`i).
Ibn al-Jawzi aussi rapporte qu’Ibn Abou Hatim al-Razi dit:
J’entrai à Damas pour voir les reporteurs de hadiths et je passai par le cercle de Qassim al-Jou`i et je vis une immense foule assise autour de lui. Je m’approchai et je l’entendis dire:
Faites cinq choses dans votre vie, sans les autres:
-Si vous êtes présent parmi les gens, ne soyez pas connu;
-Si vous êtes absent, que l‘on ne vous manque pas;
-Si vous connaissez quelque chose, votre conseil n’est pas recherché;
-Si vous dites quelque chose, votre parole est rejetée;
-Si vous faites quelque chose, n’en recevez pas d’honneur;
Je vous conseille de même cinq autres choses:
-Si du tort vous est fait, ne rendez pas la pareille;
-Si des éloges vous sont faites, ne soyez pas heureux;
-Si vous êtes blâmez, ne soyez pas éperdu;
-Si vous êtes appelé menteur, ne vous mettez pas en colère;
-Si vous êtes trahi, ne trahissez pas en retour.
Ibn Abou Hatim dit: «Je fis de ces mots tout le bénéfice de ma visite à Damas.»[131]
L’Imam al-Jounayd al-Baghdadi (d.297)
L’Imam du monde de son temps, al-Jounatd al-Baghdadi, dit en définissant un Soufi:
al-soufi man labissa al-soufa `ala al-safa
wa ittaba`a tariq al-moustafa
wa qthaqa al-jassada ta`m al-jafa
wa kanat al-dunya minhou `ala qafa.
Le Soufi est celui qui porte de la laine au-dessus de la pureté, suit le chemin du Prophète, endure les peines corporelles, dédit sa vie à l’adoration et se retire des plaisirs et abandonne tout ce qui à rapport au monde.[132]
Le texte du livre Kitab dawa' al-arwah (Livre du remède des âmes) d’al-Jounayd fut édité en arabe et traduit en anglais par le savant A.J.Arberry.[133]
al-Hakim al-Tirmidhi (d.320)
Abou `Abd Allah Mouhammad ibn `Ali al-Hakim al-Tirmidhi al-Hanafi, un faqih et un mouhaddith de Khorasssan et l’un des grands auteurs de tassawwouf que Ibn `Arabi cite particulièrement. Il rédigea plusieurs volumes parmi lesquels les suivants ont été publiés:
· al-Massq`il am-makanouna: Les affaires dissimulées;
· Adab al-nafs: La discipline de l’égo;
· Adab al-mouridin: Léthique des chercheurs d’Allah, ou l'éthique des disciples Soufis;
· al-amthal min al-kitab wa al-sunna: Les exemples du Coran et de la Sunna;
· Asrar moujahadat al-nafs: Les secrets du combat contre l’égo;
· `Ilm al-awliya': La connaissance des saints;
· Khatm al-awliya': Le sceau de la sainteté;
· Chifa' al-`ilal: La guérison des défauts;
· Kitab manazil al-`ibad min al-`ibadah, aw, Manazil al-qassidin ila Allah: Le livre des positions des adorateurs en relation à l’adoration, ou Les positions des voyageurs vers Allah;
· Kitab ma`rifat al-asrar: Le Livre de la connaissance des secrets;
· Kitab al-A`da' wa-alnafs; wa al-‘aql wa al-hawa: Le livre des ennemis, l’égo, l’esprit, et les vains désirs;
· al-Manhiyyat: Les interdits;
· Nawadir al-ousoul fi ma`rifat ahadith al-Rassoul: Les sources rares de la religion concernant la connaissance et les dires des Prophètes;
· Taba`i al-noufous: wa-houwa al-kitab al-moussamma bi al-akyas wa al-moughtarrin: Les différents caractères des âmes, ou Le livre des intelligents et des leurrés;
· al-Kalam `ala ma`na la ilaha illa Allah: Débat sur la signification de “Il n’y a de Dieu que Dieu.»
L’extrait suivant est une une reproduction des deux premiers chapitres de son Adab al-mouridin ou «L’éthique des disciples Soufis»:
I. Concernant le Mourid (l’aspirant) et Ce qui L’aide ou Ce qui lui fait du tort dans Son Trajet vers Allah le Plus Exalté, et Ce Que Doit être Son Premier Pas.
Il y a deux types de mourids: Ceux qui cherchent la grâce d’Allah en L’adorant, exécutant Ses commandes et évitant Ses interdits, ensuite se dévouant à performer des actes volontaires aussi nombreux qu’ils le peuvent, et cherchant à travers le salut à éviter le feu de l’enfer et parvenir à atteindre les récompenses qu’Il a préparées pour Ses fidèles.
D’autres approchent Allah en adoration, exécutant ses commandes et évitant Ses interdits, ensuite examinent leur moi interne trouvent plusieurs maladies dans leur coeur, comme l’amour pour le monde, le désir pour le pouvoir, l’honneur, la grandeur, l’avidité, le fourneau des appétits (chahawat), le bavardage au sujet des vains désirs (hawa), l’ambition, l’envie, l’amour des éloges et des compliments – tous des liens mondains aveuglant le cœur.
Un tel cœur portant ces teintes ne peut jamais trouver le chemin vers Allah, car aimant ce monde il se sépare de Son Seigneur. Il aime quelque chose qu’Allah a éloigné de lui-même et méprisé. Demander la grandeur, c’est se comparer à Allah Le Plus-Haut; dans le fourneau des désirs l’on fait face aux plus grandes séductions; et dans le bavardage des passions vaines repose la tyranie en elle-même et l’horreur de respecter les droits d’Allah, Le Seigneur de La Puissance et de la Majesté. Le cœur est voilé de la sagesse et de la compréhension du comment Allah dispose de Ses affaires.
Une telle personne est prisonnière de son égo (assir an-nafs). Elle performe les obligations alors qu’elle est attachée au monde, elle évite les interdits pendant qu’elle est attachée au monde, et elle adore généralement Allah selon sa propre commodité. Ceci est un serviteur qui doit chercher la sincérité en toute chose, en toute action, à tout moment et travailler sur son égo.
Celui ou celle qui désire la récompense d’Allah le Plus Haut, doit prendre la peine de demander la sincérité en son coeur jusqu’à ce que la porte lui soit ouverte. Lorsque la porte est ouverte et que le cadeau est offert, à ce moment le coût de son voyage lui sera remboursé en totalité. Il sera fortifié et continuera sur sa voie, et plus loin il ira, plus le cadeau s’accroîtra pour lui et il ira plus loin. Ceci ne s’arrête pas jusqu’à ce qu’il atteigne Allah à travers son cœur (hatta yassil ilallah qalban). A ce moment, Allah l’appointe selon son degré et il devient un Ami d’Allah (wali Allah). Il a gardé son cœur calme en présence d’Allah donc il a reçu sa nomination. De ce point, il continue de travailler avec un cœur solidifié par la force d’Allah et riche avec la profusion d’Allah, avec un égo irréprochable de péchés et de démons. Il s’est séparé des voies des passions vaines et de la poursuite de l’honneur et il s’est purifié.
Nous avons traité de ces sujets dans deux livres, «Le dressage de l’égo» (Riyadat al-nafs) et «La pratique des Saints» (Sirat al-awliya'), dans lesquels s’y trouve par la permission d’Allah, des remèdes pour tous ceux qui aspirent à la connaissance dans cette matière.
II. Concernant le Bien-Etre du cœur et ses Remèdes, et la Corruption du Cœur et ses maux.
Le bien-être du cœur réside dans la tristesse et l’anxiété, et le remède est le permanent souvenir (dhikr) d’Allah Le Plus Haut. La corruption du cœur provient de la joie du monde et du contentement dans les états (ahwal) de l’égo, et sa maladie est le refus du souvenir d’Allah et de s’adonner à tout ce qui distrait de ce souvenir.
La joie est pour l’égo ce qu’est l’eau pour le poisson. Le domaine de vie du poisson est dans l’eau, s’il reste en surface en dehors de l’eau, il ne pourra pas vivre. Similairement, si l’égo est restreint des joies de ce monde, il se fanera et deviendra faible, son pouvoir décroîtra, ses activités diminueront et prendront fin – car la tristesse tue sa vie – jusqu’à ce que le coeur se débarrasse de tout ce que y avait pris place auparavant et des impuretés qui en sont résultées.
Lorsque le cœur atteind Allah Le plus Exalté, Il lui donne vie. Lorsqu’Il lui donne vie, l’égo expérimente cette vie avec La Lumière d’Allah Le Plus Haut. Auparavant le cœur était mort avec le plaisir et les joies de l’égo: lorsque l’individu apprivoise l’égo et lui interdit ses joies, son Seigneur le remercie parce qu’il a mené un combat pour Allah avec toutes ses forces, et Allah a guidé son chemin comme Il l’a promis dans Sa révélation quand Il dit: «Ceux qui ont combattu pour Notre cause, Nous les guidons à Nos Voies» (29:69).
Quand la porte lui est ouverte, il continue avec son coeur sur la voie d’Allah Le Puissant et Majesté. Ensuite, vient le cadeau qui lui repaie le coût de son voyage jusqu’à Allah, qui le revivifie dans Sa proximité avec Sa Lumière, alors il devient l’un de ceux qui se sont Approchés (mouqarrabin). A ce point, il obtient la joie en Allah après avoir mis fin aux plaisirs du monde de l’égo et de ses différents états. Il a obtenu l’éminence auprès d’Allah, le Puissant et Majesté.
Quant à celui qui met fin au souvenir d’Allah, son cœur s’endurci, parce que le souvenir contient de la miséricorde de la part d’Allah Le Plus Haut, qu’Il a promis à Ses serviteurs dans Sa révélation lorsqu’Il dit: «Souvenez-vous de Moi et Je Me souviendrai de vous» (2:152). Lorsque la miséricorde arrive, le cœur devient léger et s’adoucit; alors le feu de l’égo s’éteind du fait d’avoir été attiré par la miséricorde qui apparait dans le cœur. Le cœur perd sa rudesse, sa grossièreté et sa brutalité.
Maintenant le cœur et l’égo sont partenaires dans ce corps. La force du cœur réside dans le gnostique ou la connaissance interne (ma`rifa), la raison (`aql), la connaissance externe (`ilm), la compréhension (fahm), l’intellect (dhihm), l’intelligence (fitna), la mémoire (hafz), et la vie en Allah. La joie en ces choses motive le coeur, le renforce et lui donne vie.
La force de l’égo provient de la joie, des plaisirs matériels, la gratification sexuelle, l’honneur, le pouvoir, les hauts rangs, et la satisfaction de tout appétit affamé. La joie en ces choses motive l’égo et le renforce. Tous ceux-ci sont les soldats des passions vaines, parce que les passions vaines gouvernent l’égo. Ce qui dirige le cœur est la connaissance interne, et les autres choses que nous avons mentionnées sont ses soldats.
Lorsque l’égo prospère et que ses joies se développent, l’égo étouffe le cœur. A cet instant, la vie du cœur cesse, ensemble avec les éléments avec lesquels il vit. Mais, lorsque ses plaisirs et contentements sexuels lui sont interdits, il perd sa force et relâche ses griffes, et au même moment l’anxiété et les remords s’accumulent et le rabaissent. Ainsi, à travers les anxiétés causées par le refus et l’abstinence, l’égo perd sa force, et le cœur gagne du pouvoir à travers les éléments déjà mentionnés.
La joie du cœur en Allah devient manifeste, et ceci est la raison pour laquelle Allah dit: «Dis: ceci provient de la grâce d’Allah et de Sa Miséricorde; Voilà de quoi ils devraient se réjouir. C’est mieux que tout ce qu’ils amassent» (10:58). Il est rapporté du Prophète, que la paix et la bénédiction d’Allah soit sur lui, dit:
L’égo de l’être humain est un feu violent comme celui au sommet d’un vieux volcan, sauf pour ceux dont Allah examine les cœurs pour la piété (taqwa) et ils sont peu nombreux.[134]
Il est rapporté d’Anas b. Malik, qu’Allah soit satisfait de lui, que le Prophète a dit:
"Même lorsque les êtres humains deviennent âgés et ont les cheveux blancs, deux choses restent rajeunies en eux: l’avidité pour l’argent et le désir pour la vie."[135]
Le Prophète par conséquent nous exhorte à nous souvenir de la mort comme il dit:
"Souvenez-vous de celui qui détruit les plaisirs. Se souvenir (d’Allah) amoindrit son pouvoir; se souvenir rarement renforce son pouvoir."[136]
Ce hadith rapporté avec une chaîne d’autorité par Abou Hourayra. Le sens de ceci, est que lorsque tu te rappelles de la mort, tu réalises que ton tout est de ne rien posséder, et qu’à la fin, tu te diriges vers l'extinction. Si tu te rappelles de ceci, la mort devient une chose facile pour toi, et si tu te rappelles du premier, tu réalises que le peu que l’on a dans ce monde est assez. Car l’on ne sait pas le temps et l’instant auquel soudainement la mort nous confrontera. Ainsi donc la mort est «le destructeur des joies.» Se rappeler de ses destructions enlèvera les fausses joies et les remplacera avec l’abattement et la tristesse.
Il t’est maintenant clair qu’il y a deux sortes de joie: la joie du cœur en Allah, en Sa Bonté, dans Sa Miséricorde, et la joie de l’égo dans le plaisir et les merveilles. Quiconque désire sincèrement atteindre Allah Le Plus Haut doit faire attention aux plaisirs de son égo, tant en matière religieuse que mondaine. Il doit ensuite lui interdire un tel plaisir jusqu’à ce qu’il s’affaiblisse et meurt (son égo) de chagrin dans sa poitrine.
Car lorsque l’on interdit à son égo la réjouissance des plaisirs mondains et à l’opposé on le satisfait avec la réjouissance de la religion, à titre d’exemple les bonnes œuvres et les dévotions, l’égo aura toujours de la satisfaction, et partant de là il reste en vie. La raison est que les passions d’une telle personne continuent d’ête une partie de chacune de ses bonnes actions. Malgré tous ses efforts, elle demeure une personne confuse et impie. Si elle renonce à ses efforts, ses teintes resteront sûrement avec lui, et il n’atteindra jamais Allah Le Plus Haut à travers ses erreurs et ses passions vaines. Cela est la raison pour laquelle Allah dit: «Luttez pour Allah jusqu’à votre exrême pouvoir» (22:78). Le «pouvoir extrême» signifie l’irradiation de tout plaisir de l’égo que se soit en matière religieuse ou mondaine. Dans la mesure où l’on a du plaisir dans toute bonne œuvre, et puisque la passion reste une composante de chacune d’elle, il est clair que de telles actions ne sont pas purement pour l’amour d’Allah. Il devient alors une obligation de se tourner vers d’autres actions qui excluront les plaisirs de l’égo.
Si l’un effectue cela avec sa force extrême et toute sa capacité, Allah Le Plus Haut le remerciera dans ce monde et celui qu’Allah remercie, Allah lui ouvre le cœur à Sa Lumière. Lorsque cette lumière s’élève dans la poitrine, l’égo trouve dans un tel présent tout ce qu’il ne pouvait pas avoir auparavant, c’est-à-dire les distractions, les plaisirs et les joies de ce bas-monde.
Ensuite, se présente la nécessité de contrôler l’égo, de peur qu’il commence à dériver de ces présents un plaisir qui piègera et tuera celui à qui de droit. Car l’ego trouve du plaisir dans les présents d’Allah, il prospère et se délecte de joie après avoir été fané et négligé, et c’est en cela que réside le plus grand danger. Voici où sont les cœurs de la majorité des aspirants dans la voie d’Allah. Ils ont été des proies à la traîtrise de l’égo. Ce chapitre contient en bref les réponses à plusieurs milliers de questions qui sont toutes des parties et corollaires à celle-ci.[137]
L’Imam Abou Mansour `Abd al-Qahir al-Baghdadi (d.429)
L’un de ceux qui possèdaient la connaissance couvrant les divers vues et croyances des groupes des musulmans et non-musulmans, il écrit dans son Farq bayn al-firaq:
Sachez que Ahl al-Sunna wa al-jama’a est divisé en huit groupes de gens… le sixième groupe étant les Soufis Ascétiques (al-zouhhad al-soufiyya), qui ont vue des choses pour ce qu’elles sont et malgré tout s’en sont abstenus, qui ont connu par expérience et cependant sont fidèlement prudents, qui ont accepté ce qu’Allah leur a assigné et se contentent avec ce qui est à leur portée.
Ils ont compris qu’entendre, voir, et penser est compté pour leurs bonnes et mauvaises actions et sont sujet à une estimation du poids d’un atome. En conséquence, ils se sont sécurisés avec la meilleure sécurité en préparation pour le Jour du retour. Leurs discours ont parcouru les deux voies des préceptes et allusions subtiles à la manière des Gens de Hadith mais sans la poursuite de discours futils. Ils ne cherchent ni à se faire voir dans la pratique des bonnes actions ni dans l’abandon des bonnes actions par timidité. Leur religion est la déclaration de la ténacité et le désavouement de la similitude. Leur école est l’engagement dans les devoirs d’Allah, dépendre de Lui, la soumission à Ses ordres, la satisfaction avec ce qu’ils ont reçu de Lui, et référer toute leur objection à Lui. «Telle est la grâce d’Allah, Il la donne à qui Il veut. Et Allah est le Détenteur de l’énorme grâce» (57:21).[138]
L’Imam `Abd al-Qadir al-Baghdadi écrit dans Oussoul al-Din:
Le livre Tarikh al-soufiyya (L’histoire des Soufis, plus connu sous le nom de Tabaqat al-soufiyya ou le niveau des Soufis) par Abou `Abd al-Rahman Soulami comprend la biographie d’à peu près mille cheicks Soufis, aucun d’eux n’appartenant à des sectes hérétiques et qui étaient de la communauté Sunnite à l’exception seulement de trois: Abou Hilman de Damas, qui prétendait être de Soufi mais qui en réalité croyait à l’incarnation (houloul): Houssayn ibn Mansour al-Hallaj dont le cas reste problématique, alors que Ibn `Ata Allah, Ibn Khaif, et Abou al-Qassim al-Nassir Abadi l’approuve [comme l’approuvent aussi les Hanbalis Ibn `Aqil, Ibn Qoudama, et al-Toufi]; et al-Qannad, que les Soufis accusent être un Mou`tazili et un rejeté, car le bon n’accepte pas le mauvais.[139]
L’Imam Abou al-Qasim al-Qouchayri (d.465)
Un mouhaddith qui transmit des hadiths par milliers à ses disciples à Nayssabour, à travers lesquels il combattit les Mou`tazila jusqu’à ce qu’il s’enfuit à la Mecque pour protéger sa vie, al-Qoushayri était le disciple du grand cheick Soufi Abou `Ali al-Daqqaq. C’était aussi un moufassir qui écrivit un commentaire complet du Coran intitulé Lata'if al-icharat bi tafsir al-Coran (Les subtilités et allusions dans le commentaire du Coran). Son œuvre la plus fameuse, est cependant son Rissala i
Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux, Louanges et Paix sur notre bien aimé Prophète, Sa Famille et Ses Compagnons
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» Le Soufisme: Tassawwouf
IV - DIRES ET ECRITS DES IMAMS ET SAVANTS AU SUJET DU TASSAWOUF
al-Hassan al-Basri (d. 110)
Imam Abou Hanifa (d.150)
Soufyan al-Thawri (d.161)
Imam Malik (94-179 H/ 716-795)
Imam Chafi`i (d.204)
Imam Ahmad bin Hanbal (d.241)
L’Imam al-Harith al-Mouhassibi (d.243)
La piété de l’Imam Ahmad devant Al-Mouhassibi
Les Maîtres Soufis de Hadiths de Dhahabi
al-Qassim ibn `Outhman al-Joui`i (d.248)
L’Imam al-Jounayd al-Baghdadi (d.297)
al-Hakim al-Tirmidhi (d.320)
L’Imam Abou Mansour `Abd al-Qahir al-Baghdadi (d.429)
L’Imam Abou al-Qasim al-Qouchayri (d.465)
Cheick Abou Ismai`il `Abd Allah al-Harawi al-Ansari (d.481)
Imam Ghazali (d.505)
Ceux Qui Attaquent L’Imam Ghazali
La Validité de Hadiths Faibles
Abou al-Wafa' Ibn `Aqil al-Hanbali (d.513)
al-Hassan al-Basri (d. 110)
L’un des premiers Soufis formels dans le sens littéraire et général, puisqu’il vêtit toute sa vie un manteau de laine (souf). Le fils d’une esclave libérée de Oumm Salama (la femme du Prophète ), et d’un esclave affranchi de Zayd ibn Thabit (le fils adoptif du Prophète ), ce grand Imam de Basra, le leader des saints et des savants de son temps, était connu pour sa stricte observance de la Sunna du Prophète. Il fut aussi fameux pour son immense savoir, son austérité et son ascétisme, ses intréprides reproches aux autorités, son pouvoir d’attraction par la parole et par ses apparitions.
Ibn al-Jawzi écrit un livre de 100 pages sur sa vie et ses caractères intitulé Adab al-Chaykh al-Hassan ibn al-Hassan al-Basri. Dans son chapitre sur al-Hassan dans Sifat al-safwa, il mentionne qu’al-Hassan laissa un manteau blanc (joubba) en laine, c’est le seul vêtement qu’il avait revêti au cours des vingt-cinq dernières années de sa vie, en été comme en hiver, et que lorsqu’il mouru, il était d’une impeccable beauté, propre, et de bonne qualité.[45]
Dans le livre qu’il consacra aux dires et aux actions des Soufis, Rawdat al-mihibbin wa nouzhat al-moushtaqin (Le jardin des amoureux et l’excursion des nostalgiques), Ibn Qayyim rapporte:
Un groupe de femmes sortirent le jour de la `Id et regardèrent les gens. On leur demanda: «Quelle est la personne la plus belle que vous avez vue aujourd’hui?» Elles répondirent: «C’est un cheick portant un turban noir.» Elles voulaient dire Hassan al-Basri.[46]
Le maître de hadiths Abou Nou`aym al-Isfanahi (d.430) mentionne dans ses biographies de Soufis intitulées Hilyat al-awliya' (L’ornement des saints) que c’est le disciple de Hassan al-Basri, `Abd al-Wahid ibn Zayd (d.177) qui fut la première personne à construire un hospice spirituel (khaniqa soufi) ou maison de l’hôte et une école à Abadan qui de nos jours fait frontière entre l’Iran et l’Iraq.[47]
Ce fut sur les bases de Hassan al-Basri et sur la renommée de ses disciples reconnus comme Soufis qu’Ibn Taymiyya dit dans son essai al-Soufiyya wa al-fouqara: «L’origine du tassawwouf est Basra».[48] Ceci une est déclaration trompeuse qui équivaut à accuser al-Hassan d’avoir inventé le tassawwouf. Au contraire, Basra est en tête parmi les places renommées pour le développement officiel des écoles de purification qui vinrent à être connues comme tassawwouf et dont les principes ne sont rien d’autre que le Coran et la Sunna comme nous l’avons déjà démontrer abondamment.
Ghazali rapporte les dires de al-Hassan sur la jihad al-nafs dans la section de son Ihya' intitulé Kitab riyadat al-nafs wa tahdhib al-akhlaq wa mou'alajat amrad al-qalb (Le livre du dressage de l’égo et la discipline des comportements et la guérison des maladies du cœur):
Deux pensées parcourent l’esprit, une provenant d’Allah, une provenant de l’ennemi. Allah couvre de miséricorde un serviteur qui s’installe dans la pensée qui vient de Lui. Il étreind la pensée qui vient d’Allah, tandis qu’il lutte contre celle qui vient de l’ennemi. Pour illustrer l’attraction mutuelle du cœur entre ces deux pouvoirs, le Prophète dit: «Le cœur du croyant repose entre deux doigts du Miséricordieux»[49]… Les doigts signifient le bouleversement et l’hésitation dans le cœur… Si l’Homme suit les ordres de la colère et de l’appétit, la domination de satan apparaît en lui à travers les passions oisives (hawa) et son cœur devient le nid et le contenant de satan, qui se nourrit de passions. S’il combat ses passions et ne les laissent pas dominer son ego, imitant en ceci le caractère des anges, à ce moment son cœur devient le lieu de quiétude des anges et ils s’y posent.
Une mesure de la dimension du scrupule (wara') et de la peur de Hasan Al-Basri envers Allah est illustrée par sa déclaration suivante, citée aussi par Ghazali:
L’oubli et l’espoir sont deux puissantes bénédictions sur les descendants d’Adam; mais pour cela les Musulmans ne devraient pas marcher dans les rues.[50]
Imam Abou Hanifa (d.150)
Ibn `Abidin rapporte dans son al-Dourr al-moulkhtar que l’Imam Abou Hanifa dit: «Si je n’avais pas eut deux années, j’aurais péri.»
Ibn `Abidin commente:
Pendant deux années, il accompagna Sayyidina Ja`far al-Sadiq et il acquit la connaissance spirituelle qui fit de lui un gnostique dans la Voie… Abou `Ali Daqqa (le cheick de l’Imam Qouchayri) reçu l’initiation d’Abou al-Qasim al-Nasiribadi, qui la reçu d’al-Chibli, qui la reçu de Sari al-Saqati qui la reçu d’al-Ma`rouf al-Karkhi, qui la reçu de Dawoud at-Ta`i, qui reçu les deux connaissances, l’interne et l’externe de l’Imam Abou Hanifa.[51]
Soufyan al-Thawri (d.161)
Ibn Qayyim al-Jawziyya rapporte dans Madarij al-salikin, et Ibn al-Jawzi dans le chapitre intitulé «Abou hashim al-Zahid» dans son Sifat al-safwa après le maître de hadiths Abou Nou`aym dans son Hilyat al-awliya', que Soufyan al-Thawri dit:
Si ce n’était pas à cause d’Abou Hachim al-Soufi (d.115), je n’aurais jamais perçu la présence des plus subtiles formes d’hypocrisie en moi … Le meilleur est le Soufi érudit en jurisprudence.[52]
Ibn al-Jawzi rapporte aussi le passage suivant:
Abou Hachim al-Zahid dit: «Allah a marqué l’aliénation sur le monde afin que la compagnie fraternelle des mouridin (les aspirants) ne consiste qu’à être uniquement avec Lui et non avec le monde, et afin que ceux qui Lui obéissent viennent à Lui en négligeant le monde. Le Groupe des connaisseurs d’Allah (ahl al-ma`rifa billah) sont étrangers dans le monde et ont très envie de l’au-delà.»[53]
Imam Malik (94-179 H/ 716-795)
Un savant de Madina, fut connu pour sa grande piété et son amour pour le Prophète , qu’il aimait et vénérait à tel point qu’il ne montait jamais à dos de son cheval dans les limites de Madina en guise de respect à la terre qui contenait le corps du Prophète , il ne rapportait aucun hadith sans avoir accompli d’abord son ablution. Ibn al-Jawzi rapporte dans le chapitre intitulé «La couche 6 des gens de Madina» dans son livre Sifat al-sawfa:
Abou Mous`ab dit: J’entrai pour voir Malik ibn Nas. Il me dit: "Regarde à ma place de prière ou sous ma natte de prière voit ce qu’il y a". Je regardai et j’y trouvai une certaine écriture. Il me dit : "Lis la!" Je constatai qu’elle contenait le récit d’un rêve que l’un de ses frères avait fait et qui le concernait. Il dit (lisant ce qui était écrit): «Je vis le Prophète dans mon sommeil. Il était dans sa mosquée et les gens étaient autour de lui, et il dit: J’ai caché sous ma chaire (minbar) une bonne chose – ou une connaissance – et j’ai ordonné à Malik de vous la distribuer.» Malik alors pleura, je me levai et pris congé de lui.[54]
Juste comme Abou Hanifa et Soufyan al-Thawri implicitement affirmèrent la nécessité de suivre la voie soufie afin d’acquérir la perfection, l’Imam Malik ordonna explicitement la pratique du tassawwouf dans sa déclaration suivante comme un devoir des savants:
"Quiconque pratique le Tassawwouf sans étudier la Loi Sacrée (la jurisprudence) corrompt sa foi, alors que quiconque étudie la Loi Sacrée (la jurisprudence) sans pratiquer le Tassawwouf est un hérétique. Seulement celui qui combine les deux atteindra la vérité."
Cette déclaration est rapportée par le mouhaddith Ahmad Zarrouq (d.899), le hafiz `Ali al-Qari al-Harawi (d.1014), les mouhaddiths `Ali ibn Ahmad al-`Adawi (d.1190) et Ibn `Ajiba (d.1224) et autres.[55]
Ibn `Ajiba explique:
Cheick Ahmad Zarrouq dit: «Le tassawwouf a plus de deux milles définitions, qui vont toutes dans le sens de la sincérité et de la dévotion à Allah … Chaque définition correspond à l’état et l’étendue de l’expérience de celui qui le pratique, ce qui lui fera dire: «Le Tassawwouf est ceci ou cela.»
Il s’en suit que chacun des saints cités (dans le Hilyat al-awliya' d’Abou Nou'aym) qui ont une part de détermination sincère (sidq tawajjouh) ont une part dans le tassawwouf, et le tassawwouf de chacun consiste dans sa sincère détermination. En tant que règle, la sincère détermination est une nécessité de la religion dans la mesure où elle forme à la fois la manière et le contenu des actions qu’Allah accepte. La manière et le contenu ne sont pas fiables à moins que la sincérité de la détermination soit fiable. «Il n’approuve pas la non reconnaissance en Ses serviteurs, mais si vous êtes reconnaissant, Il l’agrée pour vous» (39:7).
Ainsi l’Islam exige des actions, et il n’y a pas d’auto-purification (tassawwouf) sans la connaissance de la Loi (fiqh), car les commandes externes d’Allah ne sont connues que par la connaissance de la Loi; et il n’y a pas de connaissance de la Loi sans l’auto-purification, comme il n’y a pas d’action sans sincérité dans la détermination, et il n’y a rien sans croyance. Ainsi , par définition la Loi les exige toutes, juste comme le corps et l’esprit ont besoin l’un de l’autre, aussi comme l’on ne peut exister ou être complet dans le monde qu’en étant en conjonction avec les autres. Ceci est la définition de la déclaration de l’Imam Malik: «Celui qui pratique le Tassawwouf sans avoir appris la Loi Sacrée … » [56]
Imam Chafi`i (d.204)
Al-hafiz al-Souyouti rapporte dans Ta'yid al-haqiqa al-`aliyya que l’Imam Chafi`i dit:
J’accompagnai les soufis et reçu d’eux trois mots: leur déclaration que le temps est un sabre: si tu ne le coupe pas, il te coupe; leur déclaration que si tu ne te préoccupe pas ton égo avec la vérité, il te préoccupera avec le mensonge; leur déclaration que la déprivation est une immunité.[57]
Le mouhaddith al-`Ajlouni rapporte aussi dans son livre Kachf al-Khafa wa mouzil al-albas que l’Imam Chafi`i dit:
Trois choses m’ont plu dans ce monde: éviter l’affection, traiter les gens avec indulgence et suivre la voie du tassawwouf.[58]
Imam Ahmad bin Hanbal (d.241)
Mouhammad ibn Ahmad al-Saffarini al-Hanbali (d.1188) rapporte dans son Ghidha' al-albab li-charh manzoumat al-adab de la part d’Ibrahim ibn `Abd Allah al-Qalanassi que l’Imam Ahmad dit au sujet des soufis:
«Je ne connais pas de gens meilleurs qu’eux.» Quelqu’un lui dit: «Ils écoutent la musique et ils atteignent des états extatiques.» Il dit: «Est-ce que tu les empêches de se réjouir quelque temps avec Allah?»[59]
Cheick Amin al-Kourdi dit: l’Imam Ahmad conseillant son fils dit:
«O fils, tu dois tenir compagnie avec les gens qui pratiquent le soufisme parce qu’ils sont une fontaine de savoir et leurs cœurs sont en constante invocation. Ils sont les ascétiques, et ils ont le plus puissant pouvoir spirituel.»[60]
L’Admiration des Soufis par l’Imam Ahmad est confirmée par son respect vis-à-vis de al-Harith al-Mouhassibi, quoiqu’il exprima un avertissement au sujet des difficultés de la voie Soufie pour ceux qui ne sont pas préparés à la suivre, dans la mesure où cela peut ne pas être facile pour la majorité des gens de suivre la voie de ceux au sujet desquels Allah dit au Prophète: «Et résigne-toi à la compagnie de ceux qui invoquent leur Seigneur matin et soir désirant Sa Face …» (18:28).
L’Imam al-Harith al-Mouhassibi (d.243)
Il fut l’un des premiers auteurs de traité de Soufis et maître de al-Jounayd. `Abd al-Qahir al-Baghdadi, Taj al-Din al-Soubki, et Jamal al-Din al-Isnawi, tous reconnaissent et réitèrent que «Sur les livres de al-Harith ibn Assad al-Mouhassabi sur le kalam, le fiqh, et le hadith reposent ceux parmi nous qui sont moutakallim (théologiens), faqih (juristes), et Soufis»[61] Ses livres encore existants sont:
· Kitab al-ri`aya li houqouq Allah (Le livre d’observance des droits d’Allah; Cheick al-Islam al-`Izz ibn `Abd al-Salam en écrivit une version abrégée.[62]
· Kitab al-tawahhoum (Le livre d’imagination), une description du jour du Jugement;
· Kitab al-Khalwa (Le livre de la retraite spirituelle);
· Rissalat al-moustarshidin (Traité pour ceux qui demandent à être guidé);
· Kitab al-Coran (Le livre de la compréhension du Coran);
· Kitab mahiyyat al-`aql wa ma’nahou wa ikhtilaf al-nas fihi (Le livre de la nature et le sens de l’esprit et les différences parmi les gens à ce sujet;
· al-Massa`il fi a’mal al-qouloub wa al-jawarih wa al-`aql (Les questions concernant les travaux des cœurs, des pieds et de l’esprit;
· Kitab al-`azama (Le livre de la magnificence);
· al-Wassaya wa al-nassa`ih al-diniyya wa al-nafahat al-qoudsiyya li naf`i jami' al-bariyya (Les héritages et conseils spirituels et les dons sanctifiés pour le bénéfice de toutes les créatures).
Le passage suivant est extrait d’al-Wassayat dans lequel al-Mouhassibi décrit le parcours de sa recherche de la vérité parmi les groupes variés de musulmans, son entrée dans la voie Soufie, et les caractéristiques des Soufis comparées aux non-Soufis:
Il a été clairement dit que cette Communauté sera divisée en soixante-dix groupes impairs, l’un d’eux est le groupe Sauvé, et Allah sait mieux au sujet du reste. J’ai consacré une partie de ma vie à étudier les différences de cette Communauté, cherchant la méthode claire et le droit chemin, recherchant le savoir et agissant par rapport à cette connaissance, guidé sur le chemin de l’au-delà aux moyens des directives des savants. Je compris une grande partie de la parole d’Allah (le Coran) à travers l’interprétation des juristes. J’ai contemplé les conditions de cette Umma, j’ai regardé ses voies de pensée et discours et j’ai compris de ce constat ce qui a été prédestiné pour moi.
Je vis leurs divisions comme un océan profond où plusieurs se sont noyés, et peu furent sauvés. Je vis que chaque groupe prétend que le salut est pour ceux qui les suivent et la destruction est pour tout ceux qui leur sont opposés. Ainsi je compris que les gens sont de différent types:
· Parmi eux est celui qui possède la connaissance de l’au-delà – il est très difficile de le trouver et il est rare;
· un autre type est l’ignorant; prendre ses distance de celui-ci est une bénédiction;
· un autre type est celui qui prétend être un savant, alors qu’il est attaché à la dunya, la préférant en réalité à toute autre chose;
· un autre type est celui possédant la connaissance, étant une référence pour la religion, mais utilisant sa connaissance comme une source de célébrité et de gain de prestige, échangeant sa religion pour le refus de cette dunya;
· un autre type est celui qui a la connaissance mais ne sachant pas le sens réel de ce qu’il possède;
· un autre type est celui qui apparait comme un ascétique, cherchant la vertu, mais il est impuissant, et sa connaissance ne peut pénétrer les cœurs de son audience, et ses dires ne sont pas fiables;
· un autre type est celui doté d’intelligence et de savoir, alors qu’il manque d’abstinence - à travers - la peur d’Allah (wara') et sa méfiance (taqwa);
· un autre type sont les disciples de leurs passions et de leurs bas-désirs, ceux qui s’humilient pour l’amour de la dunya, cherchant une position élevée ;
· un autre type ce sont les démons humains empêchant les gens de chercher l’au-delà, qui luttent comme des chiens pour la dunya, l’adulant, et ne voulant rien d’autre que d’en obtenir au maximum, qui partant de là sont vivants dans cette dunya, mais en réalité ils sont morts; ce qui est vrai est faux selon eux et ils considèrent les vivants et les morts égaux.
Je me cherchai une voie parmi ces différents types et je devins perplexe. Ainsi j’ai décidai d’être guidé par les guides, demandant du support et de la directive, et je pris la connaissance pour guide. Je réfléchi et examinai les choses méticuleusement, jusqu’à ce qu’elles me deviennent claires – avec le Livre d’Allah, la Sunna de Son Prophète , et le consensus de la Communauté pour preuve – il était évident que suivre son désir rend aveugle dans la recherche de la vérité, et que l’on perd sa voie vers la vérité, et accentue son aveuglement.
Alors je commençai à vider mon cœur de tous les bas-désirs (hawa), et je me concentrai sur les divisions de la Umma, à la recherche du Groupe sauvé, attentif à ceux qui ont suivi les désirs destructifs et les goupes égarés, faisant attention de ne pas faire un pas sans en être sûr, cherchant la voie du salut pour mon âme.
Ainsi je trouvai – comme l’unanimité de la Umma la dérive du Coran – que la voie du Salut est dans la peur d’Allah (taqwa), dans la performance des obligations, dans la peur d’Allah au sujet de ce qu’Il a permis et de ce qu’Il a interdit (wara') et les limites qu’Il a établies, dans la sincérité envers Allah à travers l’obéissance et suivant les exemples de Son Messager. Je cherchai le savoir des obligations (fara`id) et les pratiques Prophétiques (Sunna) des savants, des narrations, et je trouvai en eux à la fois l’accord et la division, mais je trouvai qu’ils s’accordent tous sur le fait que la connaissance des obligations et de la Sunna sont avec ceux qui connaissent Allah et Ses ordres, les Connaisseurs d’Allah qui agissent selon Son bon plaisir, craignant pleinement de violer ce qu’Il a interdit, se façonnant de l’exemple de Son Messager, et préférant l’Au-delà à ce monde: ce sont ceux qui s’accrochent fermement aux commandes d’Allah et aux voies des Messagers.
Alors, je regardai parmi cette Communauté pour ce genre de serviteurs qui sont connus pour leurs talents, et cherchai à bénéficier de leur savoir, et je trouvai qu’ils étaient extrêmement rares et peu nombreux, et que leur genre de savoir est en train de disparaître, comme le Messager d’Allah l’a dit: «Lorsque l’Islam commença ils étaient étranges, et ils deviendront étranges encore, comme au début, et la bonne nouvelle est aux étranges»[63] – et ils sont solitaires avec leur religion. Je sentis que ma calamité augmentait du fait de la disparition des saints Vertueux (al-awliya' al-atqiya'), et j’eus peur qu’une mort soudaine m’arrive pendant que je suis encore troublé sur la division de cette Umma. Alors je commençai à chercher un maître: et je n’avais pas d’autre choix que d’en trouver un, et je fis de mon mieux jusqu’à ce que Celui qui est Affectueux envers Sa Création me permis de rencontrer leur groupe .
Je trouvai en eux les signes de Taqwa et les qualités de wara' et la préférence de akhira sur la dunya, et trouvai que leurs intructions et leurs conseils sont en conformité avec les actions des maitres de guidance, et je les trouvai regroupés, unis à donner des conseils à la Communauté, n’encourageant personne à Lui désobéir ni à perdre espoir en Sa Miséricorde, ils acceptent toujours et patiemment les fardeaux et les difficultés, ils sont contents avec le destin et reconnaissant dans la prospérité. Ils emmènent la création à aimer leur Seigneur en parfait repentir en leur rappelant Ses faveurs et ses bontés, et ils les encouragent à remettre toutes leurs affaires à Allah, à leur faire connaître Sa Grandeur, Son livre et la Sunna, Sa Religion, Ce qu’Il aime et ce qu’Il n’aime pas, à être prudent et éviter les nouveautés et les caprices, se garder des extrêmes et des exagérations, mépriser les disputes et les arguments, se garder de la médisance et de l’oppression, s’opposer à leurs désirs, prendre leur responsabilité, contrôler leurs sens, être prudent dans leur nourriture, leur habillement et toutes leurs situations, évitant tout ce qui est douteux, évitant les bas-désirs, se satisfaire du minimum de nourriture, supprimer ce qui est indifférent, la renonciation en ce qu’il est permissible, la peur du Jugement, la circonception de la Résurrection, être affairé avec leur propre fardeau, strict avec eux-même et non avec les autres. Chacun d’eux a ses propres affaires qui le préoccupent, chacun d’eux est savant concernant l’Akhira et la description du Jour du Jugement, l’abondante récompense et la douloureuse punition. Ceci est ce qui explique leur constante anxiété et incessante inquiétude qui les éloigne de la joie de la dunya et ses plaisirs.
Ce groupe a endossé les caractères de cette religion, et dessiné les lignes définitives pour la renonciation (wara') d’une manière qui a contracté ma poitrine avec peur, et me rendit clair que la conduite de la religion et la sincérité mêlées à la crainte (wara') est un océan que quelqu’un comme moi ne peut pas comprendre; ainsi je vins à réaliser l’étendue de leurs vertus, à voir clairement leur inquiétude, et je devins de plus en plus certain qu’ils sont ceux qui luttent dans la Voie de l’au-delà, les vrais disciples de l’exemple des Messagers, la source de ceux qui demandent à être éclairé, et des conseillers pour ceux qui ont besoin de conseils.
Ainsi je commençai à m’intérresser à leur voie, bénéficiant d’eux, acceptant leur code de conduite, prenant plaisir à leur obéir. Je ne vois rien d’égal à eux, et je ne préfère rien à eux, et Allah me bénit avec un genre de connaissance dont la véracité me devint claire et dont j’ai vu la totalité. J’espère que le salut atteindra ceux qui l’accepte et l’adopte, et je suis certain que le support viendra à quiconque la pratiquera.
J’ai trouvé de la malhonnêteté en ceux qui s’opposent à cette voie, et la rouille s’est accumulée sur le cœur de quiconque l’ignore et la nie. J’ai découvert que la preuve suprême est avec celui qui la comprend et j’ai découvert que l’adopter et agir en s’y conformant est une obligation pour moi; ainsi j’y ai cru de tout cœur et l’ai gardé dans ma conscience et fait d’elle la fondation de ma religion, et j’y ai établi mes actions, et je suis passé à travers différents états d’expérience.
J’ai demandé à Allah de me donner l’abilité de Le remercier pour la Générosité qu’Il a répandu sur moi et de me donner la force de performer les tâches se rapportant à ce qu’Il m’a enseigné, sachant mes défauts et sachant que je ne pourrai pas Le remercier suffisamment.[64]
La Piété de L’Imam Ahmad devant Al-Mouhassibi
Voici le récit de la première fois que l’Imam Ahmad a entendu al-Mouhassibi parler directement, raconté par le hafiz al-khatib al-Baghdadi dans son Histoire de Bagdad:
Ahmad ibn Hanbal n’aimait pas les spéculations de al-Harith dans la science du calame de même que les livres qu’il éditait. Fréquemment, il mettait les gens en garde contre al-Harith. Mouhammad ibn Ahmad Yaqoub appris de Mouhammad ibn Nou`aym al-Dabbi: J’entendis l’Imam Abou Bakr Ahmad ibn Ishaq - al-Sibji - dire: J’entendis Isma`il ibn Ishaq al-Sarraj dire: «Ahmad ibn Hanbal me dit un jour: J’ai appris que ce Harith est souvent chez toi. Qu’en est-il si tu m’invitais et me plaçais quelque part où je pourrais l’entendre sans être vu?» Je répondis: «Certainement, O Abou `Abd Allah!» et j’étais content de ce premier pas de sa part. Je partis et je demandai à al-Harith de venir nous visiter cette même nuit comme ses compagnons y seront aussi. «O Isma`il, ils sont nombreux, par conséquent tu ne leur serviras que de l’huile et des dattes, et seulement ce que tu peux.» Je suivis ses intructions et je partis informer Abou `Abd Allah. Il vint après Maghrib, alla s’installer dans une petite chambre la-haut et commençai à réciter ses dévotions usuelles (wird). Al-Harith et ses compagnons arrivèrent, mangèrent, et se levèrent pour prier salat al-`icha, et ils ne prièrent pas après cela. Ensuite, ils s’asseillèrent silencieusement devant al-Harith et ne dit aucun mot jusqu’au milieu de la nuit. L’un d’eux alors posa une question à al-Harith et celui-ci commença à parler. Ses compagnons l’écoutèrent comme s’ils avaient peur d’effrayer un oiseau. Certains pleuraient. D’autres poussaient des petits sanglots au fur et mesure qu’il parlait. Je partis alors dans la chambre pour voir Abou `Abd Allah et le trouvai évanoui à force d’avoir pleuré. Je redescendis. Ils continuèrent ainsi jusqu’au matin où ils se levèrent et s’en allèrent. Je retournai là-haut voir Abou `Abd Allah. Il avait changé. Je lui demandai: «Que penses-tu maintenant de ces gens?» Il dit: «En ce qui me concerne, je n’ai jamais vu leur pareil, ni entendu sur la Science des Réalités (`ilm al-haqa`iq) des mots comme ceux prononcés par cet homme. Néanmoins, malgré ce que je viens de dire, je ne te vois pas en vérité apte à leur tenir compagnie. Ensuite il se leva et s’en alla.[65]
Al-Soubki expliqua la réaction ambigüe de l’Imam Ahmad de la façon suivante:
Considérons ce récit avec attention et sachons que Ahmad ibn Hanbal ne considérait pas sage pour cet homme (al-Sarraj) de joindre leur compagnie parce qu’il n’était pas l’un de ceux qui pourrait s’élever à leur niveau. En vérité, ils étaient sur un chemin difficile ; tous les gens ne peuvent pas entreprendre équitablement ce chemin qui fait peur. Autrement, Ahmad aurait-il pleuré et glorifier al-Harith de la manière dont il fait ses éloges?[66]
Quelqu’un pourrait soulever des objections:
Question. Al-Harith et ses compagnons ont prié salat al-`icha' pendant que Ahmad était présent. Pourquoi Ahmad n’a t-il pas joint la prière prescrite, sachant précisément que la position d’Ahmad était de joindre la prière du groupe celle-ci étant obligatoire?
Réponse. Ahmad était avec le groupe, mais à l’étage, séparé du groupe, précisément dans une chambre où il pourrait entendre - mais sans nécessairement voir al-Mouhassibi, comme le rapport le mentionne? Plus loin:
- Ce n’est pas affirmé dans le rapport qu’il n’a pas prié derrière lui.
- C’est possible qu’il ne fusse pas en ablution.
- C’est possible qu’ils aient retardé le temps de `Icha et qu’au moment où ils priaient, il avait déjà fini.
Le premier cas ci-dessus est le moindre qui peut être dit, et tous les cas ont tendance à dire: Il n’a pas délibérément prié derrière lui pour plusieurs raisons parmi lesquelles: on sait que `Oumar pria derrière al-Hajjaj ibn Youssouf al-Thaqafi qui était un tyran qui répendit le sang d’innocents; il est aussi su que Ibn `Oumar pria derrière les Gens d’Innovation dont les Khawarij. Il disait souvent que: «La prière est une excellente action (hassana) et cela m’est égal que quiconque y prenne part avec moi et quiconque dit: Hayya `ala al-Salat, je lui répond oui.» [67]
Dire que l’Imam Ahmad ne pria pas délibérement derrière al-Mouhassibi est équivalent à attribuer à l’Imam Ahmad l’un des points de vue suivant:
- Ou bien il considérait al-Mouhassibi pire que al-Hajjaj et les Kwararij, ce qui est absurde et impieux;
- Ou bien il laissa la pratique du Sahaba `Abd Allah ibn `Oumar, quoique le madhab Hanbali est en partie une revivication de celle-ci, et ceci n’est pas le cas.
Question. Pourquoi Ahmad mentionna-t-il `ilm al-haqa`iq (la science des réalités) qui est une terminoligie Soufie?
Réponse. L’Imam Ahmad acceptait la terminologie Soufie. Il n’y a plus rien à dire à ce sujet. Supposer que cela est peu probable est parfaitement acceptable, mais supposer que ceci est impossible est faux. Encore, la fin de l’argument est que le rapport est fiable selon le critère des maîtres de hadiths, ainsi laissons la spéculation dans la mesure où nous avons une évidence solide.
Q. Pourquoi al-Dhahabi n’acceptait-il pas l’authenticité du récit?
R. al-Dhahabi fit des commentaires ambigus dans son Mizan al-I’tidal au sujet du récit ci-dessus, mais il ne questionne pas l’authenticité de sa chaîne de transmission. Il l’authentifie mais y exprime de la mécréance[68]. Cependant, son rejet subjectif, quoique connaissant le sujet – sa biographie de l’Imam Ahmad est d’environ 300 pages – n’est pas crédible devant l’évidence.
Il est clair que Dhahabi admirait al-Mouhassibi car il l’appela «d’un haut niveau» dans son Siyar a`lam al-noubala':
L’Ascétique, le Connaisseur…Je dis: al-Mouhassibi est d’un haut rang, et il toucha brièvement à la théologie spéculative; par conséquent, il eut des reproches à ce niveau.[69]
Tous les maîtres Soufis sont des savants de la Sunna, autrement ils ne seraient pas qualifiés de maîtres Soufis. De l’autre côté, plusieurs grands savants qui ne sont pas des maîtres Soufis admiraient profondément ces gens et voyaient clairement qu’ils étaient du groupe des élus d’Allah ou des awliya. L’histoire et ces jours présents sont remplis d’innombrables Savants de l’Islam, des muftis de nations aux cheicks al-Ahzar, et des ministres de l’Education Islamique aux Présidents des Ligues de Savants Islamiques, qui ont vu et compris que ces maîtres Soufis pratiquaient mieux la Sunna que ceux qui mémorisaient seulement les lois de la Chari`a. Plusieurs maîtres Soufis ont atteind de hautes positions parmi les savants de l’Islam de leur temps.
Certains aujourd’hui sont enclin à utiliser le terme «conflit» entre ce qu’ils imaginent être maîtres de tassawwouf d’un côté et non-savants Soufis de l’autre. Ceci est une dichotomie artificielle qui n’existe pas en réalité dans la communauté du Prophète. Cependant, certains frères non informés ou mal intentionnés prennent quelques citations illustrant des différences parmi les savants en vue de désunir et de créer l’image de ce qu’ils appellent «une histoire de conflict».
En réalité, les savants représentant les Quatre Madhahib en Islam ont défendu ceux qui pratiquent le tassawwouf de la diffamation érigée contre eux en certaines parties du monde Islamique. Pourquoi alors encore aujourd’hui certains sont-ils en train de fouiller les livres de littérature Islamique essayant de raviver quelques insignifiantes issues déjà résolues et semer le doute dans les cœurs de nos frères au sujet des voies de l’Islam? Ils mentionnent par exemple la censure d’Ibn al-Jawzi de quelques excès dans Talbis Iblis comme si c’était une condamnation entière du tassawwouf, oubliant qu’il écrivit plusieurs pages et des livres entiers sur les premiers Soufis dont Rabi`a al-`Adawiyya et Ibrahim al-Adham; ou bien ils mentionnent le blâme de kalam de l’Imam Ahmad dans la méthode de Mouhassibi, oubliant qu’il admirait beaucoup les discours Soufis d’al-Mouhassibi; ou bien ils citent le rapport de al-Dhahabi sur la censure d’Abou Zour`a d’al-Mouhassibi et la lamentation de Dhahabi sur le niveau médiocre d’érudition de hadith dans les livres Soufis, oubliant que Dhahabi admirait al-Mouhassibi et exprimait le plus grand respect pour les Soufis.
Il est étrange que Dhahabi soit cité pour illustrer des points de vue anti-Soufis alors qu’il dit explicitement au sujet de l’un des Soufis qui fut le plus attaqué, Ibn al-Farid: «Ne vous empressez pas à le juger.» Ici est la remarque de Dhahabi sur Ibn al-Farid dans Mizan al-i`tidal:
Il rapporta des hadiths de al-Qassim ibn `Assair; il parla haut d’une union franche avec Allah dans sa poésie, et ceci est une grande calamité: par conséquent, examinez précieusement ses compositons et ne vous empressez pas de juger, au contraire, aillez la meilleure opinion des Soufis (hassin al-zanna bi al-soufiyya).[70]
Voici encore d’autres extaits et exemples des éloges des Soufis de Dhahabi, tirés de Siyar a`lam al-noubala':
[#506] al-`Abdin connu sous le nom de Qassim al-Jou`i (d.248): l’Imam, le modèle, le saint, le Mouhaddith…le cheick des Soufis et l’ami d’Ahmad ibn al-Hawari. Il est connu comme al-Jou`i.
… Je dis, les acsétiques (zouhhhad) de ce temps étaient al-Jou`i à Damas, al-Sari al-Saqati à Bagdad, Ahmad ibn Hard à Naysabour, Dhou al-Noun en Egypte, et Mouhammad ibn Aslam à Tus. Où sont les semblables à ces maîtres? Seulement la poussière remplira mes yeux, ou ce qui est sous la poussière!
[#969] Chihab al-Din al-Souhrawardi; le cheick, l’Imam, le savant, le zahid, le connaisseur, le Mouhaddith, le Cheick Al-Islam, le Hors-Pair des Soufis…
[#512] Je dis: si vous voyez le Soufi se consacrer au hadith, alors ayez confiance en lui, et si vous le voyez s’éloigner du hadith alors retirez-vous de lui…
Ceci est une louange indirecte à tous les Soufis, dans la mesure où aucun d’eux ne peut être que dévoué aux hadiths et s’y référant constamment. Ces lignes montrent que Dhahabi n’était en aucun cas contre le tassawwouf, au contraire, il protesta contre quelques éléments de quelques Soufis qu’il ne voyait pas être dans sa ligne de compréhension de la Sunna. Il ne considéra pas la différence entre les adhérents et simples prétendants au tassawwouf, quoiqu’il le mentionna ailleurs .
Les Maîtres Soufis de Hadiths de Dhahabi
Les Soufis parmi les maîtres de hadiths de Dhahabi sont trop nombreux pour être cités. Ci-dessous quelques noms comme cela est énuméré par Dhahabi lui-même dans son Mou`jam shouyoukal-Dhahabi ou «l’abrégé des cheicks (de hadiths) de Dhahabi»:
· Ahmad ibn Abou al-Ma`ali al-Abarqouhi (d.701), qui dit au cours de sa dernière maladie lorsqu’il était à la Mecque: «Je mourrai de cette maladie parce que le Prophète m’a promis que je mourrais à Mecque.»[71]
· Ahmad ibn `Abd Allah al-Qadi Chouqayr (d.715), le Soufi Hariri.[72]
· Ahmad ibn `Abd Allah al-Rahman al-Chahrazouri al-Soufi al-Qadiri (d.701).[73]
· Ahmad ibn `Abd al-Moun`im Roukn al-Din Abou al-`Abbas al-Qazwini al-Tawoussi al-Soufi (d.704.).[74]
· Ahmad ibn `Ali al-Qadi al-Jayli al-Dimaschqi al-Soufi (d.724).[75]
· Ahmad ibn Mouhammad Najm al-Din Abou al-`Abbas ibn Sasra (d.723), le chef juge Chafi`i (qadi al-qoudat) et le chef des enseignants religieux (cheick al-chouyouck) à Damas. Il désapprouva Ibn Taymiyya et présida à son jugement à Damas en 705.[76]
· «Mon ami» Charaf al-Din Ahmad ibn Nasr Allah al-Faqih al-Soufi (d.730), de la Khaniqa al-Tawawis.[77]
· al-Cheick Abou Ichaq Ibrahim ibn Barakat al-Ba`albaki, connu comme Ibn al-Qourachiyya (d.740): «L’un des remarqables fouqara' Qadiri, un homme de religion, de clarté, de perfection, aimable, et de rare bénéfice.»[78]
· al-Cheick Abou Ichaq Ibrahim ibn Dawoud al-Hakkari al-Kourdi al-Mouqri' al-Soufi al-Zahid (d.712), le père de Chams al-Din et d’`Imad al-Din.[79]
· Le leader et Cheick Sadr al-Din Abou al-Majami' Ibrahim ibn Mouhammad al-Jouwayni al-Khourassani al-Soufi al-Mouhaddith (d.720). Dhahabi rapporta que le gouverneur Mongol Ghazan Khan accepta de devenir Musulman par lui. Il ajouta: «Il était extrêmement respecté par les Soufis à cause du niveau spirituel de son père Sa`d al-Din ibn Hammouwayh (ou Hamawayh).»[80] Sa`d al-Din (d.678) fut cheick al-chouyoukh à Damas.[81]
· «Mon cheick» Ibrahim ibn Mounir al-Ba`albaki al-`Abid al-Zahid al-Sayyah (d.725).[82]
· Ichaq ibn Ibrahim Mouzaffar al-Misri al-Waziri al-Mouqri' al-Mou`addid al-Soufi (d.719), l’enseignant des orphelins.[83]
· Aqouch Abou Mouhammad Houssam al-Din al-qoutbi al-Younini (d.720), «il était l’un des Soufis d’al-Assadiyya, il était pieux et récitait beaucoup le Coran.»[84]
· «Mon compagnon» `Izz al-Din al-Hassan ibn Ahmad al-Irbili le medecin (d.726), «il était l’un des Soufis de Douwayrat Hamd.»[85]
· Houssayn ibn Moubarak al-Mawsili al-Soufi (d.742). «Il était un homme de bonté et pieux. Il rédigea plusieurs livres de savoir et des livres au sujet de la Sunna, et il resta en compagnie des fouqara'.»[86]
· Abou Sa`d al-Khidr `Abd Allah al-Jouwayni al-Dimachqi al-Soufi (d.674). «Il était le cheick de la khaniqa soumayssatina… Il rédigea un livre d’histoire en deux volumes rempli de bienfaits et de merveilles.»[87]
· Oumm Mouhammad Zaynab bint `Ali al-Wassiti (d.695). «Une femme versée dans la servitude, dans le jeûne, forte, humble, honorable. Son frère l’Imam Taqi al-Din ibn al-Wassiti avait l’habitude de la visiter pour bénéficier de sa bénédiction (yaqsoud ziyarataha wa al-tabarrouk biha).»[88]
· Zayn al-`Rab bint `Abd al-Rahman al-Dimachqiyya al-Soulamiyya (d.704). Elle était la cheicka de la ribat à al-Kharimiyyin.[89]
· Abou `Ali Souwanj ibn Mouhammad al-Tourkoumani al-Dimachqi al-Faqir (d.694).[90]
· Abou al-Barakat Cha`ban ibn Abi Bakr al-Irbili al-Soufi al-Qadiri al-Zahiri al-Zahid (d.711). «Il était un homme de bonté, de clairvoyance, modeste, raffiné, qui n’a ni lu ni écrit.»[91]
· Abou Ghanim Zafir ibn Ja`far al-Soulami al-Dimachqi (d.615). «Il était l’un des fouqara' du mouqsoura (tombeau de saints) des Halabiyyin.»[92]
· Charaf al-Din `Abou Mouhammad Abd Allah ibn `Abd al-Halim ibn Taymiyya al-Harrani al-Hanbali (d.727). «Frugal dans son manger et dans son habillement, doté de plusieurs qualités, il avait l’habitude de faire des reproches à son frère sur certaines choses (Taqi al-Din Ibn Taymiyya) qu’il considéra blâmables de sa part.»[93]
· Ibn Abou Nasr `Abd Allah ibn Nasr ibn `Abd al-Razzaq ibn al-Cheick `Abd al-Qadir al-Jili (c’est-à-dire al-Gilani) al-Hanbali al-faqih al-Soufi (d.708).[94]
· Abou al-Majd `Abd al-Rahman ibn al-Mouhaddith Abi `Abd Allah al-Isfarayini al-Dimachqi al-Chafi`i (d.701). «Il était le cheick de la khaniqa chihabiyya.»[95]
· Zayn al-Din `Abd al-Rahman ibn mouhammad al-Zahid, Khatib Yalda (712). «Il était perspicace, saint, honorable, et restait en retraite pour éviter les gens.»[96]
· Abou al-Qassim `Abd al-Samad ibn Qadi al-Qoudat `Abd al-Karim al-Harastani al-Dimachqi al-Chafi`i (d.694). «Il apprit le fiqh et fréquenta les écoles, puis il devint un ascétique… Les gens le vénéraient et des miracles sont rapportés à son sujet. J’ai appris que mon cheick Zayn al-Din al-Fariqi mentionna qu’Ibn al-Harastani lui parla de la chute des Tartares avant qu’elle eût lieu en 680.»[97]
· `Izz al-Din `Abd al-`Izz ibn `Oumar al-Hamawi al-Ghassani al-Soufi (d.720).[98]
· Abou Mouhammad `Abd al-Ghaffar ibn Mouhammad al-Maqdissi al-Soufi (d.circa 700).[99]
· Abou Nasr `Abd al-Latif ibn Nasr al-Cheicki al-Soufi al-Halabi (d.697). «Il était cheick al-chouyouk à Aleppo.»[100]
· Najm al-Din `Abd al-Malik ibn `Abd al-Qahir Ibn `Abd al-Ghani Ibn Taymiyya al-Harrani al-Chahid al-Soufi (d.720).[101]
· Abou `Amr `Outhman ibn Abi Bakr al-Faqir al-Salih (Né en 674). «Un réciteur de Coran, il est érudit et est un homme de bonté, de décence, solitaire en dehors des gens. Je suis resté en sa compagnie depuis mon enfance.»[102]
· «L’Unique Leader, le Connaisseur et Savant de Hadith», Abou `Abd Allah Najm al-Din `Ali ibn Mouhammad al-Azli al-Hilali al-Dimaschqi al-Chafi`i (d.729). «Il avait l’habitude de raconter des récits bénéfiques, et il garda une excellente estime pour les saints – qu’Allah le compte ainsi que moi parmi eux.»[103]
· Abou Hafs `Oumar ibn Abi al-Qassim al-Younini al-Salawi al-Soufi (d.707). «Il resta en compagnie des fouqara'.»[104]
· Oumm Mouhammad `Aïcha Bint Rizq Allah al-Biladiyya al-Maqdissiyya (d.711). «Elle était l’une des femmes dévotes qui pleurait beaucoup, exhibait l’humilité, et tenait fermement à la récitation des dévotions (awrad).»[105]
· al-Foulk al-Soufi, `Ali ibn al-Foulk al-`Alawi al-Hassani al-Wassiti al-Mou`ammar (né en 600).[106]
· «Le faqih et le connaisseur» Abou al-Qassim al-Fadl ibn `Issa al-`Ajlouni al-Hanbali al-Masmari (d.735). «Il était de haute stature et portait un large turban et des tenues imposantes. Il était un bon interprète de rêves. Les gens le vénéraient comme un saint.»[107]
· Abou `Abd Allah Mouhammad ibn Ahmad al-Maqdissi al-Salihi (d.705). «Il était connu sous le nom de Chamlaj al-Faqir.»[108]
· Mouhammad ibn Ahmad al-Mawsili al-Salihi al-Faqir (d.723). «Il était clairvoyant, menait une vie simple, un homme de décence et de bonté.»[109]
· Diya' al-Din Abou `Abd Allah Mouhammad ibn Ahmad al-Faqir (d.713).[110]
· al-Imam al-khayyir Chams al-Din Abou `Abd Allah Mouhammad ibn Ahmad al-Khallati al-Chafi`i al-Soufi (d.706).[111]
· Abou `Abd Allah mouhammad ibn Jawhar al-Mouqri' al-Moujawwid al-Tala`fazi al-Soufi al-Moulaqqan (d.696).[112]
· «L’Imam, le Juge, l’Exégète, le Savant, l’Ascétique» Jamal al-Din Mouhammad ibn Soulayman al-Naqih al-Balkhi al-Dimaschqi al-Hanafi (d.698). «Il compila un très long commentaire du Coran en quatre-vingt-dix- neuf volumes dans lesquels il figura les lectures Coraniques, les contextes de la révélation, les explications linguistiques, les dires des exégètes, ceux des Soufis, et leurs haqa`iq (réalités spirituelles).»[113]
· Abou `Abd Allah Mouhammad ibn Soulayman al-Faqih al-Chafi`i (d.699). «Il était celui qui prenait soin de la tombe d’al-Sayyida Nafissa (la plus grande femme sainte d’Egypte).»[114]
· Abou `Abd Allah Mouhammad ibn `Abd Allah ibn al-Saqil al-Harrani (d.713). «Il était l’un des fouqara' de la ribat d’Ibn al-Askaf.»[115]
· «Le brillant savant et le spécialiste d’oussoul» Safi al-Din Mouhammad ibn `Abd al-Rahim al-Hindi al-Chafi`i (d.715). «Il était versé en prière, en adoration, en tassawwouf et d’une excellente croyance.»[116] Il témoigna contre Ibn Taymiyya au jugement de ce dernier à Damas.»[117]
· «Qadi al-qoudat, le Paragon de l’Islam, le porteur-standard de la Sunna, mon cheick» Jamal al-Din Abou al-Ma`ali Mouhammad ibn `Ali al-Anssari al-Zamalkani al-Dimaschqi al-Chafi`i (d.727).[118] Il remplaça Safi al-Din al-Hindi dans le jugement contre Ibn Taymiyya, contre lequel il rédigea par la suite une réfutation de sa position sur le divorce et de ses points de vue sur la Visitation du Prophète (al-ziyara).[119]
· Abou `Abd Allah Mouhammad ibn Mouhammad al-Mouhaddith al-Zahid al-Kikhi al-Soufi (d.684).[120]
· «Le vertueux de la bonté, l’Imam, le Connaisseur, le Mouhaddith» Abou `Abd Allah Badr al-din Mouhammad ibn Mas`oud Ibn al-Touwwazi al-Halabi al-Chafi`i (d.705). «Il était le Cheick de Hims et l’adjoint au juge ainsi que le Cheick de la Khaniqa.»[121]
· «L’Imam, le Réciteur, le Perfecteur, le Résidu des Salaf» Mouwaffaq al-Din Abou `Abd Allah Mouhammad ibn Abi al-`Ala' al-Rabbani al-Nassibi al-Chafi`i al-Soufi (d.695). «Le cheick des Soufis et des fouqara' à Ba`albak.[122]
· «L’Orateur, l’Ascétique, la Bénédiction de l’Humanité» Abou `Abd Allah Mouhammad ibn Abi al-Fadl al-Ja`bari al-Soufi (d.713). «L’Imam du Masjid al-Halabiyyin au Caire.»[123]
· al-Cheick al-Imam al-Moufti al-Zahid al-`Arif Zahir al-Din Abou al-Mahmid Mahmoud ibn `Oubayd Allah al-Zanjani al-Chafii al-Soufi (d.673). «Il tena compagnie avec Cheick Chihab al-Din al-Souhrawardi et apprit de lui `Awarif al-ma`arif, et d’`Abd al-Salam al-Dahiri il apprit l’œuvre al-Louma' d’Abou Nasr al-Sarraj.»[124]
· «L’Imam, le Mouhaddith de confiance, le Connaisseur, le Linguiste, l’Ascétique» Safi al-Din Abou al-Thana' Mahmoud ibn Abi Bakr al-Tannoukhi al-Armouwi al-Chami al-Chafi`i al-Soufi (d.723).[125]
· al-Alim al-Zahid Taqi al-Din Abou Bakr ibn Charaf al-Salihi Nazil Hims (d.728). «Il était un moutassawwif, avait l’éloquence, la noblesse, une connaissance intime des questions en main, et une large portion d’excellentes qualités.»[126]
· Abou Bakr ibn Sanjar al-`Ala'i al-Chayzari al-Soufi (pas de date).[127]
Plusieurs des maître de hadiths que Dhahabi cite dans son Tadhkirat al-houffaz sont Soufis:[128]
· Abou `Abd Allah Mouhammad Ibn al-Banna' al-Soufi
· Abou al-Hassan b. Jahdam al-Soufi
· Abou al-Houssayn al-Baghdadi Ahmad b. al-Hassan b. `Abd al-Jabbar al-Soufi al-Hakim
· Abou Mouhammad `Abd al-`Aziz b. Ahmad Ibn Mouhammad b. `Ali al-Tamimi al-Dimachqi al-Soufi al-Wahchi
· Abou Mouhammad al-Andalousi al-maghrib al-Qafassi al-Soufi
· Abou Sa'd Ahmad b. Mouhammad b. Ahmad b; Abdillah b. Hafs al-Anssari al-harawi al-Malini al-Soufi
· Abou Sa`id Ahmad b. Mouhammad b. Ziyad b. Bichr b. Dirham al-Basri al-Soufi
· Abou Ya`qoub Youssouf b. Ahmad b. Ibrahim al-Soufi
· Ahmad b. `Abd Allah b. Ahmad b. Ishaq b. Moussa b. Mahran al-Mihrani al-Isbahani
· al-Soufi al-Ahwal sibt al-Zahid Mouhammad b. Youssouf al-Banna' al-Talamanki
· al-Hafiz Abou Hafs al-Soukkari Ahmad b. al-Hassan al-Soufi
· Ishaq b. Balkouyah al-Soufi
· Isma`il b. Sa`d al-Soufi
· Mouhammad b. al-Houssayn b. Mouhammad b. Moussa al-Nissabouri al-Soufi al-Azdi
· Zaynouddin Abou al-Fath Mouhammad b. Ahmad b. Abi Bakr al-Abyourdi al-Soufi al-Chafi`i al-Is`irdi
En conclusion le supposé conflit entre les savants de hadiths d’un côté et les Soufis de l’autre est une fabrication intentionnelle en vue d’inspirer la division parmi certains membres de la Communauté. Les détracteurs rassemblent quelques dires qui soulèvent l’incertitude et le doute au sujet du tassawwouf, omettant de mentionner que de telles critiques tombent sous la rubrique de l’exception. La règle est que le tassawwouf est l’indication d’un niveau spirituel qui n’amène rien d’autre que de l’honneur à celui qui l’endosse, parmi eux l’Imam Ahmad, Dhahabi, Sakhawi, Souyouti, al-`Izz ibn `Abd al-Salam, al-Qari, al-Nawawi, et les autres Imams de hadiths l’ont attesté. Ceci est le cas même pour Ibn Taymiyya qui se considérait capable de définir le tassawwouf en profondeur, et se félicitait d’avoir pris la tariqa Qadiri, même s’il prit des inclinations anti-Soufies qui firent surfaces dans ses attaques contre ibn `Arabi et autres. Permettez-nous d’avertir nos frères et sœurs qu’en regardant les désaccords des grands savants sans un œil critique, nous invitons à la confusion. Al-Soubki avertit:
Prenez garde d'écouter ce qui s’est passé entre Abou Hanifa et Soufyan al-Thawri, ou entre Malik et ibn Abi Dhi'b, ou entre Ahmad ibn Salih et al-Nissa`i, ou entre Ahmad ibn Hanbal et al-Harith al-Mouhassibi (et autres dans les temps ultérieurs). Si vous êtes affairés avec cela, je crains la mort pour vous. Ceux-là sont les notables en religion et leurs paroles ont plusieurs explications que certains ont peut-être mal compris. En ce qui nous concerne, nous n’avons rien d’autre qu’à approuver ce qu’ils ont dit et de ne rien dire concernant ce qui a eu lieu entre eux, comme ce qui s’est passé entre les Compagnons, qu’Allah soit satisfait d’eux… O toi qui cherche à être guidé! Consacre-toi à la voie des bonnes manières avec les maîtres passés, évite de creuser dans leurs divergences sauf ce qui est le produit d’une claire démonstration. Si vous êtes capable d’y appliquer une bonne interprétation faites-le, dans le cas contraire, laissez ce qui eut lieu entre eux, et préoccupez-vous de ce qui vous concerne, et laissez ce qui ne vous concerne pas![129]
al-Qassim ibn `Outhman al-Joui`i (d.248)
L’un des grands saints de Damas qui étudia le hadith sous Soufyan ibn `Ouyayna. Ibn al-Jawzi rapporte dans Sifat al-safwa que al-Jou`i expliqua qu’il reçu le nom al-Jou`i (de la faim) parce qu’Allah l’a guéri contre la faim du corps au moyen de la faim spirituelle. Il dit:
Même si j’étais laissé un mois sans nourriture, je n’étais pas gêné. O Allah, tu as fait ceci avec moi: Cependant, complète le pour moi![130]
Al-Dhahabi écrit à propos de lui dans Siyar a`lam al-noubala':
[#506] al-`Abdi, connu sous le nom de Qassim al-Jou`i: L’Imam, le modèle, le saint, le Mouhaddith… le cheick des Soufis et l’ami d’Ahmad ibn al-Hawari. (al-Imam al-qoudwa al-wali al-mouhaddith Abou `Abd Al-Malik Al-Qassim ibn `Outhman al-`Abdi-Dimaqshqi, Cheick as-soufiyya wa rafiq Ahmad ibn al-Hawari, `Ourifa bi al-Jou`i).
Ibn al-Jawzi aussi rapporte qu’Ibn Abou Hatim al-Razi dit:
J’entrai à Damas pour voir les reporteurs de hadiths et je passai par le cercle de Qassim al-Jou`i et je vis une immense foule assise autour de lui. Je m’approchai et je l’entendis dire:
Faites cinq choses dans votre vie, sans les autres:
-Si vous êtes présent parmi les gens, ne soyez pas connu;
-Si vous êtes absent, que l‘on ne vous manque pas;
-Si vous connaissez quelque chose, votre conseil n’est pas recherché;
-Si vous dites quelque chose, votre parole est rejetée;
-Si vous faites quelque chose, n’en recevez pas d’honneur;
Je vous conseille de même cinq autres choses:
-Si du tort vous est fait, ne rendez pas la pareille;
-Si des éloges vous sont faites, ne soyez pas heureux;
-Si vous êtes blâmez, ne soyez pas éperdu;
-Si vous êtes appelé menteur, ne vous mettez pas en colère;
-Si vous êtes trahi, ne trahissez pas en retour.
Ibn Abou Hatim dit: «Je fis de ces mots tout le bénéfice de ma visite à Damas.»[131]
L’Imam al-Jounayd al-Baghdadi (d.297)
L’Imam du monde de son temps, al-Jounatd al-Baghdadi, dit en définissant un Soufi:
al-soufi man labissa al-soufa `ala al-safa
wa ittaba`a tariq al-moustafa
wa qthaqa al-jassada ta`m al-jafa
wa kanat al-dunya minhou `ala qafa.
Le Soufi est celui qui porte de la laine au-dessus de la pureté, suit le chemin du Prophète, endure les peines corporelles, dédit sa vie à l’adoration et se retire des plaisirs et abandonne tout ce qui à rapport au monde.[132]
Le texte du livre Kitab dawa' al-arwah (Livre du remède des âmes) d’al-Jounayd fut édité en arabe et traduit en anglais par le savant A.J.Arberry.[133]
al-Hakim al-Tirmidhi (d.320)
Abou `Abd Allah Mouhammad ibn `Ali al-Hakim al-Tirmidhi al-Hanafi, un faqih et un mouhaddith de Khorasssan et l’un des grands auteurs de tassawwouf que Ibn `Arabi cite particulièrement. Il rédigea plusieurs volumes parmi lesquels les suivants ont été publiés:
· al-Massq`il am-makanouna: Les affaires dissimulées;
· Adab al-nafs: La discipline de l’égo;
· Adab al-mouridin: Léthique des chercheurs d’Allah, ou l'éthique des disciples Soufis;
· al-amthal min al-kitab wa al-sunna: Les exemples du Coran et de la Sunna;
· Asrar moujahadat al-nafs: Les secrets du combat contre l’égo;
· `Ilm al-awliya': La connaissance des saints;
· Khatm al-awliya': Le sceau de la sainteté;
· Chifa' al-`ilal: La guérison des défauts;
· Kitab manazil al-`ibad min al-`ibadah, aw, Manazil al-qassidin ila Allah: Le livre des positions des adorateurs en relation à l’adoration, ou Les positions des voyageurs vers Allah;
· Kitab ma`rifat al-asrar: Le Livre de la connaissance des secrets;
· Kitab al-A`da' wa-alnafs; wa al-‘aql wa al-hawa: Le livre des ennemis, l’égo, l’esprit, et les vains désirs;
· al-Manhiyyat: Les interdits;
· Nawadir al-ousoul fi ma`rifat ahadith al-Rassoul: Les sources rares de la religion concernant la connaissance et les dires des Prophètes;
· Taba`i al-noufous: wa-houwa al-kitab al-moussamma bi al-akyas wa al-moughtarrin: Les différents caractères des âmes, ou Le livre des intelligents et des leurrés;
· al-Kalam `ala ma`na la ilaha illa Allah: Débat sur la signification de “Il n’y a de Dieu que Dieu.»
L’extrait suivant est une une reproduction des deux premiers chapitres de son Adab al-mouridin ou «L’éthique des disciples Soufis»:
I. Concernant le Mourid (l’aspirant) et Ce qui L’aide ou Ce qui lui fait du tort dans Son Trajet vers Allah le Plus Exalté, et Ce Que Doit être Son Premier Pas.
Il y a deux types de mourids: Ceux qui cherchent la grâce d’Allah en L’adorant, exécutant Ses commandes et évitant Ses interdits, ensuite se dévouant à performer des actes volontaires aussi nombreux qu’ils le peuvent, et cherchant à travers le salut à éviter le feu de l’enfer et parvenir à atteindre les récompenses qu’Il a préparées pour Ses fidèles.
D’autres approchent Allah en adoration, exécutant ses commandes et évitant Ses interdits, ensuite examinent leur moi interne trouvent plusieurs maladies dans leur coeur, comme l’amour pour le monde, le désir pour le pouvoir, l’honneur, la grandeur, l’avidité, le fourneau des appétits (chahawat), le bavardage au sujet des vains désirs (hawa), l’ambition, l’envie, l’amour des éloges et des compliments – tous des liens mondains aveuglant le cœur.
Un tel cœur portant ces teintes ne peut jamais trouver le chemin vers Allah, car aimant ce monde il se sépare de Son Seigneur. Il aime quelque chose qu’Allah a éloigné de lui-même et méprisé. Demander la grandeur, c’est se comparer à Allah Le Plus-Haut; dans le fourneau des désirs l’on fait face aux plus grandes séductions; et dans le bavardage des passions vaines repose la tyranie en elle-même et l’horreur de respecter les droits d’Allah, Le Seigneur de La Puissance et de la Majesté. Le cœur est voilé de la sagesse et de la compréhension du comment Allah dispose de Ses affaires.
Une telle personne est prisonnière de son égo (assir an-nafs). Elle performe les obligations alors qu’elle est attachée au monde, elle évite les interdits pendant qu’elle est attachée au monde, et elle adore généralement Allah selon sa propre commodité. Ceci est un serviteur qui doit chercher la sincérité en toute chose, en toute action, à tout moment et travailler sur son égo.
Celui ou celle qui désire la récompense d’Allah le Plus Haut, doit prendre la peine de demander la sincérité en son coeur jusqu’à ce que la porte lui soit ouverte. Lorsque la porte est ouverte et que le cadeau est offert, à ce moment le coût de son voyage lui sera remboursé en totalité. Il sera fortifié et continuera sur sa voie, et plus loin il ira, plus le cadeau s’accroîtra pour lui et il ira plus loin. Ceci ne s’arrête pas jusqu’à ce qu’il atteigne Allah à travers son cœur (hatta yassil ilallah qalban). A ce moment, Allah l’appointe selon son degré et il devient un Ami d’Allah (wali Allah). Il a gardé son cœur calme en présence d’Allah donc il a reçu sa nomination. De ce point, il continue de travailler avec un cœur solidifié par la force d’Allah et riche avec la profusion d’Allah, avec un égo irréprochable de péchés et de démons. Il s’est séparé des voies des passions vaines et de la poursuite de l’honneur et il s’est purifié.
Nous avons traité de ces sujets dans deux livres, «Le dressage de l’égo» (Riyadat al-nafs) et «La pratique des Saints» (Sirat al-awliya'), dans lesquels s’y trouve par la permission d’Allah, des remèdes pour tous ceux qui aspirent à la connaissance dans cette matière.
II. Concernant le Bien-Etre du cœur et ses Remèdes, et la Corruption du Cœur et ses maux.
Le bien-être du cœur réside dans la tristesse et l’anxiété, et le remède est le permanent souvenir (dhikr) d’Allah Le Plus Haut. La corruption du cœur provient de la joie du monde et du contentement dans les états (ahwal) de l’égo, et sa maladie est le refus du souvenir d’Allah et de s’adonner à tout ce qui distrait de ce souvenir.
La joie est pour l’égo ce qu’est l’eau pour le poisson. Le domaine de vie du poisson est dans l’eau, s’il reste en surface en dehors de l’eau, il ne pourra pas vivre. Similairement, si l’égo est restreint des joies de ce monde, il se fanera et deviendra faible, son pouvoir décroîtra, ses activités diminueront et prendront fin – car la tristesse tue sa vie – jusqu’à ce que le coeur se débarrasse de tout ce que y avait pris place auparavant et des impuretés qui en sont résultées.
Lorsque le cœur atteind Allah Le plus Exalté, Il lui donne vie. Lorsqu’Il lui donne vie, l’égo expérimente cette vie avec La Lumière d’Allah Le Plus Haut. Auparavant le cœur était mort avec le plaisir et les joies de l’égo: lorsque l’individu apprivoise l’égo et lui interdit ses joies, son Seigneur le remercie parce qu’il a mené un combat pour Allah avec toutes ses forces, et Allah a guidé son chemin comme Il l’a promis dans Sa révélation quand Il dit: «Ceux qui ont combattu pour Notre cause, Nous les guidons à Nos Voies» (29:69).
Quand la porte lui est ouverte, il continue avec son coeur sur la voie d’Allah Le Puissant et Majesté. Ensuite, vient le cadeau qui lui repaie le coût de son voyage jusqu’à Allah, qui le revivifie dans Sa proximité avec Sa Lumière, alors il devient l’un de ceux qui se sont Approchés (mouqarrabin). A ce point, il obtient la joie en Allah après avoir mis fin aux plaisirs du monde de l’égo et de ses différents états. Il a obtenu l’éminence auprès d’Allah, le Puissant et Majesté.
Quant à celui qui met fin au souvenir d’Allah, son cœur s’endurci, parce que le souvenir contient de la miséricorde de la part d’Allah Le Plus Haut, qu’Il a promis à Ses serviteurs dans Sa révélation lorsqu’Il dit: «Souvenez-vous de Moi et Je Me souviendrai de vous» (2:152). Lorsque la miséricorde arrive, le cœur devient léger et s’adoucit; alors le feu de l’égo s’éteind du fait d’avoir été attiré par la miséricorde qui apparait dans le cœur. Le cœur perd sa rudesse, sa grossièreté et sa brutalité.
Maintenant le cœur et l’égo sont partenaires dans ce corps. La force du cœur réside dans le gnostique ou la connaissance interne (ma`rifa), la raison (`aql), la connaissance externe (`ilm), la compréhension (fahm), l’intellect (dhihm), l’intelligence (fitna), la mémoire (hafz), et la vie en Allah. La joie en ces choses motive le coeur, le renforce et lui donne vie.
La force de l’égo provient de la joie, des plaisirs matériels, la gratification sexuelle, l’honneur, le pouvoir, les hauts rangs, et la satisfaction de tout appétit affamé. La joie en ces choses motive l’égo et le renforce. Tous ceux-ci sont les soldats des passions vaines, parce que les passions vaines gouvernent l’égo. Ce qui dirige le cœur est la connaissance interne, et les autres choses que nous avons mentionnées sont ses soldats.
Lorsque l’égo prospère et que ses joies se développent, l’égo étouffe le cœur. A cet instant, la vie du cœur cesse, ensemble avec les éléments avec lesquels il vit. Mais, lorsque ses plaisirs et contentements sexuels lui sont interdits, il perd sa force et relâche ses griffes, et au même moment l’anxiété et les remords s’accumulent et le rabaissent. Ainsi, à travers les anxiétés causées par le refus et l’abstinence, l’égo perd sa force, et le cœur gagne du pouvoir à travers les éléments déjà mentionnés.
La joie du cœur en Allah devient manifeste, et ceci est la raison pour laquelle Allah dit: «Dis: ceci provient de la grâce d’Allah et de Sa Miséricorde; Voilà de quoi ils devraient se réjouir. C’est mieux que tout ce qu’ils amassent» (10:58). Il est rapporté du Prophète, que la paix et la bénédiction d’Allah soit sur lui, dit:
L’égo de l’être humain est un feu violent comme celui au sommet d’un vieux volcan, sauf pour ceux dont Allah examine les cœurs pour la piété (taqwa) et ils sont peu nombreux.[134]
Il est rapporté d’Anas b. Malik, qu’Allah soit satisfait de lui, que le Prophète a dit:
"Même lorsque les êtres humains deviennent âgés et ont les cheveux blancs, deux choses restent rajeunies en eux: l’avidité pour l’argent et le désir pour la vie."[135]
Le Prophète par conséquent nous exhorte à nous souvenir de la mort comme il dit:
"Souvenez-vous de celui qui détruit les plaisirs. Se souvenir (d’Allah) amoindrit son pouvoir; se souvenir rarement renforce son pouvoir."[136]
Ce hadith rapporté avec une chaîne d’autorité par Abou Hourayra. Le sens de ceci, est que lorsque tu te rappelles de la mort, tu réalises que ton tout est de ne rien posséder, et qu’à la fin, tu te diriges vers l'extinction. Si tu te rappelles de ceci, la mort devient une chose facile pour toi, et si tu te rappelles du premier, tu réalises que le peu que l’on a dans ce monde est assez. Car l’on ne sait pas le temps et l’instant auquel soudainement la mort nous confrontera. Ainsi donc la mort est «le destructeur des joies.» Se rappeler de ses destructions enlèvera les fausses joies et les remplacera avec l’abattement et la tristesse.
Il t’est maintenant clair qu’il y a deux sortes de joie: la joie du cœur en Allah, en Sa Bonté, dans Sa Miséricorde, et la joie de l’égo dans le plaisir et les merveilles. Quiconque désire sincèrement atteindre Allah Le Plus Haut doit faire attention aux plaisirs de son égo, tant en matière religieuse que mondaine. Il doit ensuite lui interdire un tel plaisir jusqu’à ce qu’il s’affaiblisse et meurt (son égo) de chagrin dans sa poitrine.
Car lorsque l’on interdit à son égo la réjouissance des plaisirs mondains et à l’opposé on le satisfait avec la réjouissance de la religion, à titre d’exemple les bonnes œuvres et les dévotions, l’égo aura toujours de la satisfaction, et partant de là il reste en vie. La raison est que les passions d’une telle personne continuent d’ête une partie de chacune de ses bonnes actions. Malgré tous ses efforts, elle demeure une personne confuse et impie. Si elle renonce à ses efforts, ses teintes resteront sûrement avec lui, et il n’atteindra jamais Allah Le Plus Haut à travers ses erreurs et ses passions vaines. Cela est la raison pour laquelle Allah dit: «Luttez pour Allah jusqu’à votre exrême pouvoir» (22:78). Le «pouvoir extrême» signifie l’irradiation de tout plaisir de l’égo que se soit en matière religieuse ou mondaine. Dans la mesure où l’on a du plaisir dans toute bonne œuvre, et puisque la passion reste une composante de chacune d’elle, il est clair que de telles actions ne sont pas purement pour l’amour d’Allah. Il devient alors une obligation de se tourner vers d’autres actions qui excluront les plaisirs de l’égo.
Si l’un effectue cela avec sa force extrême et toute sa capacité, Allah Le Plus Haut le remerciera dans ce monde et celui qu’Allah remercie, Allah lui ouvre le cœur à Sa Lumière. Lorsque cette lumière s’élève dans la poitrine, l’égo trouve dans un tel présent tout ce qu’il ne pouvait pas avoir auparavant, c’est-à-dire les distractions, les plaisirs et les joies de ce bas-monde.
Ensuite, se présente la nécessité de contrôler l’égo, de peur qu’il commence à dériver de ces présents un plaisir qui piègera et tuera celui à qui de droit. Car l’ego trouve du plaisir dans les présents d’Allah, il prospère et se délecte de joie après avoir été fané et négligé, et c’est en cela que réside le plus grand danger. Voici où sont les cœurs de la majorité des aspirants dans la voie d’Allah. Ils ont été des proies à la traîtrise de l’égo. Ce chapitre contient en bref les réponses à plusieurs milliers de questions qui sont toutes des parties et corollaires à celle-ci.[137]
L’Imam Abou Mansour `Abd al-Qahir al-Baghdadi (d.429)
L’un de ceux qui possèdaient la connaissance couvrant les divers vues et croyances des groupes des musulmans et non-musulmans, il écrit dans son Farq bayn al-firaq:
Sachez que Ahl al-Sunna wa al-jama’a est divisé en huit groupes de gens… le sixième groupe étant les Soufis Ascétiques (al-zouhhad al-soufiyya), qui ont vue des choses pour ce qu’elles sont et malgré tout s’en sont abstenus, qui ont connu par expérience et cependant sont fidèlement prudents, qui ont accepté ce qu’Allah leur a assigné et se contentent avec ce qui est à leur portée.
Ils ont compris qu’entendre, voir, et penser est compté pour leurs bonnes et mauvaises actions et sont sujet à une estimation du poids d’un atome. En conséquence, ils se sont sécurisés avec la meilleure sécurité en préparation pour le Jour du retour. Leurs discours ont parcouru les deux voies des préceptes et allusions subtiles à la manière des Gens de Hadith mais sans la poursuite de discours futils. Ils ne cherchent ni à se faire voir dans la pratique des bonnes actions ni dans l’abandon des bonnes actions par timidité. Leur religion est la déclaration de la ténacité et le désavouement de la similitude. Leur école est l’engagement dans les devoirs d’Allah, dépendre de Lui, la soumission à Ses ordres, la satisfaction avec ce qu’ils ont reçu de Lui, et référer toute leur objection à Lui. «Telle est la grâce d’Allah, Il la donne à qui Il veut. Et Allah est le Détenteur de l’énorme grâce» (57:21).[138]
L’Imam `Abd al-Qadir al-Baghdadi écrit dans Oussoul al-Din:
Le livre Tarikh al-soufiyya (L’histoire des Soufis, plus connu sous le nom de Tabaqat al-soufiyya ou le niveau des Soufis) par Abou `Abd al-Rahman Soulami comprend la biographie d’à peu près mille cheicks Soufis, aucun d’eux n’appartenant à des sectes hérétiques et qui étaient de la communauté Sunnite à l’exception seulement de trois: Abou Hilman de Damas, qui prétendait être de Soufi mais qui en réalité croyait à l’incarnation (houloul): Houssayn ibn Mansour al-Hallaj dont le cas reste problématique, alors que Ibn `Ata Allah, Ibn Khaif, et Abou al-Qassim al-Nassir Abadi l’approuve [comme l’approuvent aussi les Hanbalis Ibn `Aqil, Ibn Qoudama, et al-Toufi]; et al-Qannad, que les Soufis accusent être un Mou`tazili et un rejeté, car le bon n’accepte pas le mauvais.[139]
L’Imam Abou al-Qasim al-Qouchayri (d.465)
Un mouhaddith qui transmit des hadiths par milliers à ses disciples à Nayssabour, à travers lesquels il combattit les Mou`tazila jusqu’à ce qu’il s’enfuit à la Mecque pour protéger sa vie, al-Qoushayri était le disciple du grand cheick Soufi Abou `Ali al-Daqqaq. C’était aussi un moufassir qui écrivit un commentaire complet du Coran intitulé Lata'if al-icharat bi tafsir al-Coran (Les subtilités et allusions dans le commentaire du Coran). Son œuvre la plus fameuse, est cependant son Rissala i
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Ecrit le 11 févr.04, 11:49
TEXTE NUMERO 5
1. L'Imâm Abû Hanîfah, que Dieu lui fasse miséricorde
Dans les passages où nous avons parlé de la Sharî`ah (législation islamique) et de la Haqîqah (vérité), tu as eu l'occasion de lire des propos détaillés concernant le Grand Imâm, Abû Hanîfah An-Nu`mân , que Dieu lui fasse miséricorde, et tu as vu qu'il transmettait la Sharî`ah et la Tarîqah et s'en faisait le champion - conférer les propos de l'érudit Ibn `Âbidîn dans sa célèbre Hâshiyah.
2. L'Imâm Mâlik, que Dieu lui fasse miséricorde
L'Imâm Mâlik , que Dieu lui fasse miséricorde, dit : « Quiconque s'initie au Fiqh (jurisprudence) sans s'initier au Tasawwuf tombe dans la perversion. Et quiconque s'initie au Tasawwuf sans s'initier au Fiqh tombe dans l'hérésie. Quiconque allie les deux atteint la vérité. »
3. L'Imâm Ash-Shâfi`î, que Dieu lui fasse miséricorde
L'Imâm Ash-Shâfi`î [4], que Dieu lui fasse miséricorde, dit : « J'ai accompagné les Soufis, je n'ai appris d'eux que deux mots (et selon une autre narration : que trois mots). Leur affirmation : le temps est tel un sabre, si tu ne le tranches pas, il te tranchera. Et Leur affirmation : si tu n'occupes pas ton esprit par la vérité, il t'occupera par l'erreur. Et leur parole : la privation est une protection. » [5]
Il dit aussi : « De ce monde-ci, j'ai aimé trois choses : délaisser les manières artificielles, vivre parmi les gens avec douceur et prendre exemple sur la voie des gens du Tasawwuf. » [6]
4. L'Imâm Ahmad Ibn Hambal, que Dieu lui fasse miséricorde
L'Imâm Ahmad Ibn Hambal [7], que Dieu lui fasse miséricorde, disait à son fils `Abd Allâh, avant d'avoir accompagné des Soufis : "Mon fils, je te recommande la science du Hadîth. Gare à toi de la compagnie de ceux qui s'appellent Soufis, car il se peut que l'un d'eux soit ignorant des lois de la religion." Quand il connut le Soufi Hamzah Al-Baghdâdî et lorsqu'il connut l'état spirituel des Soufis, il dit à son fils : « Ô mon fils, je te recommande la compagnie de ces gens, ils nous ont surpassés en science, en observance, en crainte de Dieu et en ascétisme. » [8]
L'érudit Muhammad As-Safarînî Al-Hambalî, que Dieu lui fasse miséricorde, a rapporté d'après Ibrâhîm Ibn `Abd Allâh Al-Qalânisî, que Dieu lui fasse miséricorde, que l'Imâm Ahmad Ibn Hambal a dit des Soufis : "Je ne connais guère de gens meilleurs qu'eux." On lui dit : "Mais ils font le samâ` et atteignent des états de wajd [9] !" Il dit : "Laissez-les se réjouir quelques instants avec Dieu." [10].
5. L'Imâm Al-Muhâsibî, que Dieu lui fasse miséricorde
L'Imâm Al-Muhâsibî, que Dieu lui fasse miséricorde, relata son effort amer pour atteindre la vérité, jusqu'à ce qu'il soit guidé vers le Tasawwuf et ses hommes. Ces lignes font partie des plus beaux écrits décrivant la vie soufie, la voie de l'éthique et de la foi : « Il est établi que cette communauté se divisera en soixante-dix et quelques sectes dont une seule sera sauvée, et Allâh sait mieux ce qui adviendra des autres. A aucun moment de ma vie, je n'ai cessé de méditer sur les divergences au sein de la communauté, essayant d'atteindre la voie claire (Al-Minhâj Al-Wâdih) et le chemin qui aboutit, et cherchant le savoir et la mise en pratique par les œuvres. Je me suis mis en quête de la voie du monde de l'au-delà en m'appuyant sur la guidance des savants, et j'ai assimilé de nombreuses Paroles d'Allâh - Exalté soit-Il - à la lumière de l'interprétation subtile (Ta'wîl) des jurisconsultes. J'ai alors réfléchi sur les états de la communauté et j'ai regardé de près ses différentes écoles de jurisprudence (Madhhab) et ses propos. J'en ai compris ce qu'il m'a été assigné de comprendre et j'ai vu que leur divergence était une mer profonde dans laquelle se sont noyées de nombreuses personnes, et peu y ont réchappé. J'ai vu chaque groupe prétendre que le salut réside dans son imitation et que la ruine est le lot de ceux qui ne le suivront pas.
Puis, j'ai vu que les gens appartenaient à diverses catégories. Il y a des gens connaisseurs de la nature de la vie de l'au-delà ; leur rencontre est si difficile et leur présence est tellement précieuse. Il y en a d'autres qui sont ignorants ; s'éloigner d'eux est un grand bienfait. D'autres tentent de ressembler aux savants, mais ils aiment la vie ici-bas et la préfèrent à l'au-delà. Certains ont une part de science ; on les associe à la religion, mais ils ne cherchent par leur savoir que les honneurs et la gloire, espérant atteindre les futilités d'ici-bas en se servant de la religion. D'autres encore ont porté une science qu'ils ne comprennent pas. Il y a aussi ceux qui imitent les dévots et s'attachent à faire le bien. Mais on ne trouve rien de profitable auprès d'eux, leur parole ne trouve aucun écho dans le coeur de leur audience et l'on ne peut accorder de crédit à leurs opinions.
D'autres font preuve d'intelligence et de ruse, mais ils sont privés de la crainte révérencielle et de l'observance d'Allâh. D'autres suivent leurs passions, s'humilient dans la recherche de la vie ici-bas et ambitionnent le pouvoir. D'autres sont les diables humains (Shayâtîn Al-Ins), ils s'emploient à détourner de la vie de l'au-delà et se ruent sur la vie d'ici-bas, cherchant à en amasser les ornements, avides d'en avoir toujours plus. Ils sont considérés comme vivants mais, en vérité, ils sont morts. Pour eux, la vertu est blâmable et la déviance est une vertu.
J'ai alors cherché à m'identifier à l'une de ces catégories mais cela m'a excédé. J'ai donc cherché la guidance des bien-guidés, désireux d'atteindre la droiture et la bonne voie. J'ai cherché la bonne orientation dans le savoir et je me suis livré à de profondes réflexions et à de longues méditations. Alors, j'ai vu, à la lumière du Livre d'Allâh, de la Sunnah de Son Prophète et de l'accord unanime de la communauté, que suivre la passion rend aveugle à la bonne voie, égare loin de la vérité et prolonge la durée de l'aveuglement.
J'ai commencé par bannir les passions de mon cœur ; je me suis arrêté sur la divergence de la communauté, recherchant le groupe sauvé et redoutant les viles passions et les groupes voués à la ruine, évitant de m'engager sans certitude et espérant atteindre la voie du salut pour apaiser mon âme. J'ai trouvé, à travers l'union de la communauté autour du Livre révélé par Allâh, que la voie du salut réside dans l'attachement permanent au Livre d'Allâh, dans l'accomplissement de Ses prescriptions, dans Son observance concernant le licite et l'illicite et toutes les limites qu'Il a fixées, dans le dévouement envers Lui par les actes d'obéissance et dans l'imitation du Messager d'Allâh - paix et bénédiction d'Allâh sur lui. J'ai donc essayé d'acquérir la connaissance des Prescriptions (Al-Farâ'id) et de la Sunnah auprès des savants connaisseurs des traditions. J'ai vu qu'il y avait concordance mais aussi divergence. J'ai néanmoins vu qu'ils étaient tous unanimes sur le fait que la connaissance des prescriptions divines et de la Sunnah se trouve chez les savants fins connaisseurs d'Allâh et de Ses Ordres, ainsi que chez les juristes oeuvrant pour Son Agrément, respectueux des lois divines et suivant le modèle du Messager d'Allâh paix et bénédiction d'Allâh sur lui, préférant l'au-delà à la vie ici-bas ; ceux-là sont ceux qui s'attachent véritablement à la Loi divine et aux traditions des Messagers.
Je me suis mis en quête de ceux qui, dans la communauté, répondent à cette description pour puiser dans leur science, et j'ai vu qu'ils étaient plus que rares. J'ai également découvert que leur science est entièrement négligée par le reste de la communauté, comme l'a dit le Messager d'Allâh paix et bénédiction d'Allâh sur lui : " L'islam était à son commencement un étranger, et il redeviendra l'étranger qu'il a été. Bienheureux sont les étrangers." Quel ne fut mon désarroi pour la perte des Alliés de Dieu (Awliyâ') et des Pieux. Je craignais que la mort me surprenne dans cet état de confusion face à la divergence de la communauté.
Je me suis empressé de rechercher tout savant dont le savoir m'était indispensable, et je n'ai aucunement réduit ma prudence dans ma quête. Le Très Miséricordieux envers Ses Serviteurs m'a fait connaître des gens en qui j'ai trouvé les signes de la piété et qui sont véritablement les étendards de la crainte révérencielle envers Lui, préférant l'au-delà à la vie ici-bas. J'ai vu que leurs enseignements concordaient avec les œuvres des imams de la guidance : ils prodiguent le bon conseil à la communauté, ils n'encouragent jamais à tomber dans la désobéissance, ils ne font pas désespérer de la Miséricorde de Dieu, ils font toujours preuve de patience dans la difficulté et l'adversité, ils sont satisfaits de ce qu'Allâh aura décidé, ils font preuve de gratitude dans l'aisance, ils cherchent à remplir le cœur des gens par l'Amour d'Allâh en rappelant Sa Bonté et Sa Bienfaisance, et appellent les serviteurs d'Allâh au repentir. Ils connaissent la Majesté d'Allâh, la majesté de Son Pouvoir, le Livre et la Sunnah. Ils ont la compréhension profonde de la religion, de ce qu'Allâh aime et de ce qu'Il déteste ; ils s'écartent des innovations et des passions, ils détestent les polémiques et s'éloignent de la médisance dans le dos d'autrui ainsi que de l'injustice. Ils contrarient leurs passions, font un examen de conscience où ils se jugent eux-mêmes, contrôlent leurs sens, observent Dieu dans leur nourriture, leurs habits et tous leurs états. Ils s'écartent de ce qui est équivoque, délaissent les vils plaisirs, puisent avec modération dans le licite, font preuve d'ascétisme et redoutent le Jugement et le Retour. Ils sont préoccupés par eux-mêmes […], chacun d'eux est préoccupé par son propre salut. Ils sont connaisseurs de la nature de l'au-delà, et connaissent les narrations relatives au Jour du Jugement, à la généreuse rétribution et au sévère châtiment. Cela les a comblés de tristesse et de soucis permanents, c'est ainsi qu'ils sont absorbés et ne connaissent pas la joie et les ornements d'ici-bas. Ils ont manifesté une conduite religieuse et ont montré des degrés de piété qu'il n'est pas en mon pouvoir de suivre.
J'ai su que la noble conduite religieuse et la vraie piété forment un océan dans lequel ne peuvent que se noyer mes semblables, et qu'un homme comme moi ne peut honorer comme il se doit. Leurs mérites étaient clairs à mes yeux, et j'ai vu clairement la valeur de leurs conseils, j'ai su avec certitude que ce sont eux qui marchent sur la voie de l'au-delà et prennent pour modèles les Messagers. Ce sont les chandelles de celui qui cherche la lumière et les guides de celui qui cherche la bonne voie.
J'ai cherché leur voie avec ardeur en puisant dans leurs précieuses vertus, agréant leurs nobles manières et aimant à me conformer à leurs enseignements. Nul ne les vaut à mes yeux et je ne leur préfère personne. Allâh m'a orienté vers un savoir dont la preuve est manifeste à mes yeux et Il m'a éclairé de son bienfait. Je nourris l'espoir que quiconque le reconnaît et s'y attache sera sauvé.
J'ai vu avec certitude que celui qui œuvre en concordance avec ce savoir aura le Secours et celui qui s'en éloigne dévie. J'ai vu les voiles envelopper le cœur de celui qui l'ignore ou le renie. J'ai vu l'argument suprême avec celui qui le comprend. J'ai donc vu qu'il m'était indispensable de faire mien ce savoir ; j'y ai cru en mon for intérieur, je l'ai embrassé dans mon esprit et j'en ai fait le fondement de ma foi. Sur ce savoir, j'ai édifié mes œuvres et en lui j'ai installé mes états. J'ai invoqué Allâh de m'accorder la gratitude en retour à cette faveur dont Il m'a comblé et de me renforcer dans l'observance de ce qu'Il m'a fait connaître. Cependant, je suis conscient de mon incapacité à accomplir cela comme il se doit et de mon impuissance, et jamais je ne pourrais remercier Allâh comme il se doit. » [11]
6.`Abd Al-Qâhir Al-Baghdâdî, que Dieu lui fasse miséricorde
Le grand Imâm, l'argument des gens du Kalâm, `Abd Al-Qâhir Al-Baghdâdi, que Dieu lui fasse miséricorde, dit dans son livre Al-Farq Bayna Al-Firaq (Les Différences entre les Groupes) :
« Chapitre I de cette Partie : Exposé sur les différentes branches des gens de la Sunnah.
Sachez, qu'Allâh vous accorde le bonheur, que les gens de la Sunnah appartiennent à huit catégories :
Première catégorie : ceux qui ont le savoir du Tawhîd (Monothéisme Pur), de la Prophétie, des règles relatives à la Promesse et à la Menace (Ahkâm Al-Wa`d wa Al-Wa`îd), de la rétribution, du châtiment, des conditions de l'Ijtihâd [12], de l'Imâmat et du leadership...
Deuxième catégorie : Les Imâms de la jurisprudence (Fiqh) des deux écoles - celle de l'opinion (Ra'y) et celle du Hadîth - parmi ceux qui croient en les Attributs Anciens et Eternels d'Allâh comme partie intégrante des fondements de la religion et qui ont désavoué les Qadariyyah et des Mu`tazilites. Ces savants droits ont affirmé l'éternité du bien-être et du confort pour les gens du Paradis, et l'éternel séjour des mécreants en Enfer. Ils ont reconnu la légitimité de Abû Bakr, de `Umar, de `Uthmân et de `Alî. Ils n'ont pas tari d'éloge sur les pieux prédécesseurs de la communauté. Ils ont affirmé le devoir d'accomplir la prière du vendredi derrière les imâms qui se sont innocentés des gens de la passion et de l'égarement. Ils ont cru au devoir de faire les déductions subtiles des lois (Al-Istinbât) à partir du Coran et de la Sunnah reconnue par l'unanimité des Compagnons. Rentrent dans cette catégorie les compagnons de Mâlik, d'Ash-Shâfi`î, d'Abû Hanîfah et d'Ahmad Ibn Hambal - qu'Allah les agrée.
Troisième catégorie : ceux qui ont le savoir des voies narratives par lesquelles sont parvenus les récits et les traditions du Prophète - paix et benediction d'Allâh sur lui - et qui ont discerné les narrations authentiques de celles entachées de défauts, ainsi que les principes du Jarh et du Ta`dîl [13], sans mêler à leur science quelque innovation présente chez les gens des passions déviantes.
Quatrième catégorie : des gens qui ont eu la connaissance de la majeure partie de la littérature, de la grammaire et de la déclinaison, et qui ont marché sur les pas des imâms de la Langue, comme Al-Khalîl, Abû `Amr Ibn Al-`Alâ et Sîbaweih.
Cinquième catégorie : ceux qui ont le savoir des lectionnaires du Coran (Qirâ'ât Al-Qur'ân), de l'éxégèse de ses versets (Tafsîr), leur interprétation (Ta'wîl) selon les écoles de jurisprudence des gens de la Sunnah, en s'ecartant des interprétations des gens de la passion déviante.
Sixième catégorie : les ascètes soufis qui ont vu et se sont détournés des futilités, qui ont experimenté et ont tiré la moralité. Ils ont accepté ce que Dieu leur accorde et se sont contentés de peu. Ils ont su que l'ouïe, la vue et le cœur seront tous interrogés sur le bien et le mal, questionnés sur tout - fût-ce du poids d'un atome. Ils ont ainsi fait la meilleure préparation pour le Jour du Retour. Et leurs propos se font par la voie de l'expression ainsi que par le signe, à l'image de gens du Hadith parmi ceux qui n'achètent pas les propos futiles. Ils ne font point le bien par hypocrisie, et ne le délaissent pas par timidité, leur pratique religieuse est basée sur le (Tawhîd) et la négation de l'anthropomorphisme (Tashbîh). Leur voie consiste à se confier à Allah - Exalté soit-Il - à compter sur Lui, à s'en remettre à Lui et à se soumettre à Son Ordre. Ils se contentent de ce qu'Il leur attribue comme bien et s'éloignent de toute objection contre Sa volonté. Telle est la Grâce d'Allah, Il l'accorde à qui Il veut. Et Allah est le Détenteur de l'énorme Grâce. [14].
Septième catégorie : Des gens en veille aux frontières des pays musulmans, prêts à contrer les mécreants, accomplissant le jihâd envers les ennemis de l'Islam et protégeant les musulmans.
Huitième catégorie : les différents pays où prédominent les principes des gens de la Sunnah, par opposition aux terres où sont apparus les slogans des gens de l'égarement… » [15].
7. L'Imâm Al-Qushayrî, que Dieu lui fasse miséricorde
Dans la préface de sa célèbre Risâlah, l'Imâm Abû Al-Qâsim Al-Qushayrî, que Dieu lui fasse miséricorde, dit au sujet des Soufis : « Dieu a fait de ce groupe l'élite de Ses Alliés bien-aimés (Awliyâ'). Il les a préférés à tous Ses serviteurs, hormis les Prophètes et les Messagers, que la paix soit sur eux. Il a fait de leurs cœurs le réceptacle de Ses Secrets. Il les a privilégiés par rapport à toute la communauté par des manifestations lumineuses. Pour eux, Dieu accorde le soutien aux gens.
Dans tous leurs états, ils sont avec le Vrai, par le Vrai. Dieu les a purifiés des impuretés humaines et les a élevés au degré de la contemplation de ce qu'Il leur a manifesté comme vérités de l'Unicité. Il les a aidés à honorer comme il se doit l'éthique de la servitude envers Lui. Il leur a montré la manifestation des Ordres de la Seigneurie.
Ils ont ainsi accompli les devoirs qui leur incombent. Ils ont adhéré véridiquement aux dons que Dieu leur a accordés, puis ils sont retournés vers Dieu - Exalté soit-Il - par la pauvreté sincère envers Lui et le brisement. Ils ne se sont pas fiés aux œuvres qu'ils ont accomplies ni aux états qu'ils ont obtenus, car ils savent que Dieu - Exalté soit-Il - fait ce qu'Il veut, Il élit qui Il veut parmi Ses Serviteurs (…), Sa rétribution est un bienfait de Lui, Son Châtiment est un Jugement équitable et Son Ordre est une destinée certaine. » [16].
8. L'Imâm Al-Ghazâlî, que Dieu lui fasse miséricorde
Et voilà les propos de l'Argument de l'Islam, Abû Hâmid Al-Ghazâlî, que Dieu lui fasse miséricorde, lorsqu'il a parlé, dans son livre Al-Munqidh min Ad-Dalâl [17], des Soufis, de leur comportement et de leur voie authentique menant à Dieu : "J'ai su avec certitude que les Soufis sont les itinérants vers Dieu, que leurs historiques sont les meilleurs de tous, leur voie est la plus correcte de toutes et leurs manières sont les plus nobles et les plus pures. »
Puis il a répondu à ceux qui critiquent les Soufis et les attaquent : « En somme, que diront ceux-là d'une voie dont la purification - qui en est la condition première - consiste à purifier le cœur entièrement de tout ce qui est autre que Dieu - Exalté soit-Il ? Que diront-ils d'une voie dont la clef est l'entière absorption du cœur dans la mention de Dieu et son terme est l'entière extinction (Fanâ' bil-Kuliyyah) pour Dieu ? » [18].
Nous avons fractionné la Cinquième Partie du livre de Sheikh `Abd Al-Qâdir `Isâ Al-Halabî Al-Husaynî en trois chapitres.
Abû Hanîfah est l'un des quatre célèbres Imâms du Fiqh. Il décéda à Bagdad en 150 A.H.
L'Imâm Mâlik est l'un des quatre grands Imâms du Fiqh. Il décéda à Médine en 179 A.H.
La Hâshiyah, v. 3 p. 195, de l'érudit Alî Al-`Adawî, en marge du commentaire de la `Izziyyah (dans le Fiqh Malékite) composé par l'Imâm Az-Zurqânî. Voir aussi le commentaire de Zayn Al-`Ilm wa Zayn Al-Hilm, v. 1. p. 33, par l'Imâm Mullâ `Alî Al-Qârî (décédé en 1014 A.H.).
[4] l'Imâm Ash-Shâfi`î est l'un des quatre grands Imâms du Fiqh. Il décéda en Egypte en 204 A.H.
[5] Ta'yîd Al-Haqîqah Al-`Aliyyah, p. 15, par l'Imâm Jalâl Ad-Dîn As-Suyûtî.
[6] Kâshif Al-Khafâ' wa Muzîl Al-Albâs `ammâ ishtahara min Ahâdith `alâ Alsinat An-Nâs, v. 1 p. 341, par l'Imâm Al-`Ajlûnî (décédé en 1162 A.H.).
[7] L'Imâm Ahmad est l'un des quatre célèbres Imâms du Fiqh. Il décéda à Médine en 241 A.H.
[8] Tanwîr Al-Qulûb, p. 405, par l'érudit Sheikh Amîn Al-Kurdî, décédé en 1332 A.H.
[9] Le wajd : état d'extase mystique.
[10] Ghidhâ' Al-Albâb Sharh Mandhûmat Al-Âdâb, v.1 p. 120.
[11] Al-Wasâyâ, pp. 27-32, par l'Imâm Abû `Abd Allâh Al-Hârith Al-Muhâsibî, décédé en 243 A.H. Le livre Al-Wasâyâ est un livre de référence du Tasawwuf.
[12] Effort intellectuel, produit par un savant habilité, pour déduire une jugement légal concernant une question n'ayant pas de réponse explicite dans les sources primaires de la législation islamique. NdT
[13] Le Jarh et le Ta`dîl : Science traitant de la critique et de la réhabilitation des narrateurs des traditions.
[14] Sourate Al-Jumu`ah, verset 4.
[15] Al-Farq Bayna Al-Firaq, p. 189, par l'Imâm Abd Al-Qâhir Al-Baghdâdî, décédé en 429 A.H.
[16] Ar-Risâlah Al-Qushayriyyah, p. 2, de l'Imâm Abû Al-Qâsim Al-Qushayrî, décédé en 465 A.H.
[17] Al-Munqidh min Ad-Dalâl : Le Sauveur de l'Egarement.
[18] Al-Munqidh Min Ad-Dalâl, p. 131, de l'Argument de l'Islam Al-Ghazâlî, décédé en 505 A.H.
1. L'Imâm Abû Hanîfah, que Dieu lui fasse miséricorde
Dans les passages où nous avons parlé de la Sharî`ah (législation islamique) et de la Haqîqah (vérité), tu as eu l'occasion de lire des propos détaillés concernant le Grand Imâm, Abû Hanîfah An-Nu`mân , que Dieu lui fasse miséricorde, et tu as vu qu'il transmettait la Sharî`ah et la Tarîqah et s'en faisait le champion - conférer les propos de l'érudit Ibn `Âbidîn dans sa célèbre Hâshiyah.
2. L'Imâm Mâlik, que Dieu lui fasse miséricorde
L'Imâm Mâlik , que Dieu lui fasse miséricorde, dit : « Quiconque s'initie au Fiqh (jurisprudence) sans s'initier au Tasawwuf tombe dans la perversion. Et quiconque s'initie au Tasawwuf sans s'initier au Fiqh tombe dans l'hérésie. Quiconque allie les deux atteint la vérité. »
3. L'Imâm Ash-Shâfi`î, que Dieu lui fasse miséricorde
L'Imâm Ash-Shâfi`î [4], que Dieu lui fasse miséricorde, dit : « J'ai accompagné les Soufis, je n'ai appris d'eux que deux mots (et selon une autre narration : que trois mots). Leur affirmation : le temps est tel un sabre, si tu ne le tranches pas, il te tranchera. Et Leur affirmation : si tu n'occupes pas ton esprit par la vérité, il t'occupera par l'erreur. Et leur parole : la privation est une protection. » [5]
Il dit aussi : « De ce monde-ci, j'ai aimé trois choses : délaisser les manières artificielles, vivre parmi les gens avec douceur et prendre exemple sur la voie des gens du Tasawwuf. » [6]
4. L'Imâm Ahmad Ibn Hambal, que Dieu lui fasse miséricorde
L'Imâm Ahmad Ibn Hambal [7], que Dieu lui fasse miséricorde, disait à son fils `Abd Allâh, avant d'avoir accompagné des Soufis : "Mon fils, je te recommande la science du Hadîth. Gare à toi de la compagnie de ceux qui s'appellent Soufis, car il se peut que l'un d'eux soit ignorant des lois de la religion." Quand il connut le Soufi Hamzah Al-Baghdâdî et lorsqu'il connut l'état spirituel des Soufis, il dit à son fils : « Ô mon fils, je te recommande la compagnie de ces gens, ils nous ont surpassés en science, en observance, en crainte de Dieu et en ascétisme. » [8]
L'érudit Muhammad As-Safarînî Al-Hambalî, que Dieu lui fasse miséricorde, a rapporté d'après Ibrâhîm Ibn `Abd Allâh Al-Qalânisî, que Dieu lui fasse miséricorde, que l'Imâm Ahmad Ibn Hambal a dit des Soufis : "Je ne connais guère de gens meilleurs qu'eux." On lui dit : "Mais ils font le samâ` et atteignent des états de wajd [9] !" Il dit : "Laissez-les se réjouir quelques instants avec Dieu." [10].
5. L'Imâm Al-Muhâsibî, que Dieu lui fasse miséricorde
L'Imâm Al-Muhâsibî, que Dieu lui fasse miséricorde, relata son effort amer pour atteindre la vérité, jusqu'à ce qu'il soit guidé vers le Tasawwuf et ses hommes. Ces lignes font partie des plus beaux écrits décrivant la vie soufie, la voie de l'éthique et de la foi : « Il est établi que cette communauté se divisera en soixante-dix et quelques sectes dont une seule sera sauvée, et Allâh sait mieux ce qui adviendra des autres. A aucun moment de ma vie, je n'ai cessé de méditer sur les divergences au sein de la communauté, essayant d'atteindre la voie claire (Al-Minhâj Al-Wâdih) et le chemin qui aboutit, et cherchant le savoir et la mise en pratique par les œuvres. Je me suis mis en quête de la voie du monde de l'au-delà en m'appuyant sur la guidance des savants, et j'ai assimilé de nombreuses Paroles d'Allâh - Exalté soit-Il - à la lumière de l'interprétation subtile (Ta'wîl) des jurisconsultes. J'ai alors réfléchi sur les états de la communauté et j'ai regardé de près ses différentes écoles de jurisprudence (Madhhab) et ses propos. J'en ai compris ce qu'il m'a été assigné de comprendre et j'ai vu que leur divergence était une mer profonde dans laquelle se sont noyées de nombreuses personnes, et peu y ont réchappé. J'ai vu chaque groupe prétendre que le salut réside dans son imitation et que la ruine est le lot de ceux qui ne le suivront pas.
Puis, j'ai vu que les gens appartenaient à diverses catégories. Il y a des gens connaisseurs de la nature de la vie de l'au-delà ; leur rencontre est si difficile et leur présence est tellement précieuse. Il y en a d'autres qui sont ignorants ; s'éloigner d'eux est un grand bienfait. D'autres tentent de ressembler aux savants, mais ils aiment la vie ici-bas et la préfèrent à l'au-delà. Certains ont une part de science ; on les associe à la religion, mais ils ne cherchent par leur savoir que les honneurs et la gloire, espérant atteindre les futilités d'ici-bas en se servant de la religion. D'autres encore ont porté une science qu'ils ne comprennent pas. Il y a aussi ceux qui imitent les dévots et s'attachent à faire le bien. Mais on ne trouve rien de profitable auprès d'eux, leur parole ne trouve aucun écho dans le coeur de leur audience et l'on ne peut accorder de crédit à leurs opinions.
D'autres font preuve d'intelligence et de ruse, mais ils sont privés de la crainte révérencielle et de l'observance d'Allâh. D'autres suivent leurs passions, s'humilient dans la recherche de la vie ici-bas et ambitionnent le pouvoir. D'autres sont les diables humains (Shayâtîn Al-Ins), ils s'emploient à détourner de la vie de l'au-delà et se ruent sur la vie d'ici-bas, cherchant à en amasser les ornements, avides d'en avoir toujours plus. Ils sont considérés comme vivants mais, en vérité, ils sont morts. Pour eux, la vertu est blâmable et la déviance est une vertu.
J'ai alors cherché à m'identifier à l'une de ces catégories mais cela m'a excédé. J'ai donc cherché la guidance des bien-guidés, désireux d'atteindre la droiture et la bonne voie. J'ai cherché la bonne orientation dans le savoir et je me suis livré à de profondes réflexions et à de longues méditations. Alors, j'ai vu, à la lumière du Livre d'Allâh, de la Sunnah de Son Prophète et de l'accord unanime de la communauté, que suivre la passion rend aveugle à la bonne voie, égare loin de la vérité et prolonge la durée de l'aveuglement.
J'ai commencé par bannir les passions de mon cœur ; je me suis arrêté sur la divergence de la communauté, recherchant le groupe sauvé et redoutant les viles passions et les groupes voués à la ruine, évitant de m'engager sans certitude et espérant atteindre la voie du salut pour apaiser mon âme. J'ai trouvé, à travers l'union de la communauté autour du Livre révélé par Allâh, que la voie du salut réside dans l'attachement permanent au Livre d'Allâh, dans l'accomplissement de Ses prescriptions, dans Son observance concernant le licite et l'illicite et toutes les limites qu'Il a fixées, dans le dévouement envers Lui par les actes d'obéissance et dans l'imitation du Messager d'Allâh - paix et bénédiction d'Allâh sur lui. J'ai donc essayé d'acquérir la connaissance des Prescriptions (Al-Farâ'id) et de la Sunnah auprès des savants connaisseurs des traditions. J'ai vu qu'il y avait concordance mais aussi divergence. J'ai néanmoins vu qu'ils étaient tous unanimes sur le fait que la connaissance des prescriptions divines et de la Sunnah se trouve chez les savants fins connaisseurs d'Allâh et de Ses Ordres, ainsi que chez les juristes oeuvrant pour Son Agrément, respectueux des lois divines et suivant le modèle du Messager d'Allâh paix et bénédiction d'Allâh sur lui, préférant l'au-delà à la vie ici-bas ; ceux-là sont ceux qui s'attachent véritablement à la Loi divine et aux traditions des Messagers.
Je me suis mis en quête de ceux qui, dans la communauté, répondent à cette description pour puiser dans leur science, et j'ai vu qu'ils étaient plus que rares. J'ai également découvert que leur science est entièrement négligée par le reste de la communauté, comme l'a dit le Messager d'Allâh paix et bénédiction d'Allâh sur lui : " L'islam était à son commencement un étranger, et il redeviendra l'étranger qu'il a été. Bienheureux sont les étrangers." Quel ne fut mon désarroi pour la perte des Alliés de Dieu (Awliyâ') et des Pieux. Je craignais que la mort me surprenne dans cet état de confusion face à la divergence de la communauté.
Je me suis empressé de rechercher tout savant dont le savoir m'était indispensable, et je n'ai aucunement réduit ma prudence dans ma quête. Le Très Miséricordieux envers Ses Serviteurs m'a fait connaître des gens en qui j'ai trouvé les signes de la piété et qui sont véritablement les étendards de la crainte révérencielle envers Lui, préférant l'au-delà à la vie ici-bas. J'ai vu que leurs enseignements concordaient avec les œuvres des imams de la guidance : ils prodiguent le bon conseil à la communauté, ils n'encouragent jamais à tomber dans la désobéissance, ils ne font pas désespérer de la Miséricorde de Dieu, ils font toujours preuve de patience dans la difficulté et l'adversité, ils sont satisfaits de ce qu'Allâh aura décidé, ils font preuve de gratitude dans l'aisance, ils cherchent à remplir le cœur des gens par l'Amour d'Allâh en rappelant Sa Bonté et Sa Bienfaisance, et appellent les serviteurs d'Allâh au repentir. Ils connaissent la Majesté d'Allâh, la majesté de Son Pouvoir, le Livre et la Sunnah. Ils ont la compréhension profonde de la religion, de ce qu'Allâh aime et de ce qu'Il déteste ; ils s'écartent des innovations et des passions, ils détestent les polémiques et s'éloignent de la médisance dans le dos d'autrui ainsi que de l'injustice. Ils contrarient leurs passions, font un examen de conscience où ils se jugent eux-mêmes, contrôlent leurs sens, observent Dieu dans leur nourriture, leurs habits et tous leurs états. Ils s'écartent de ce qui est équivoque, délaissent les vils plaisirs, puisent avec modération dans le licite, font preuve d'ascétisme et redoutent le Jugement et le Retour. Ils sont préoccupés par eux-mêmes […], chacun d'eux est préoccupé par son propre salut. Ils sont connaisseurs de la nature de l'au-delà, et connaissent les narrations relatives au Jour du Jugement, à la généreuse rétribution et au sévère châtiment. Cela les a comblés de tristesse et de soucis permanents, c'est ainsi qu'ils sont absorbés et ne connaissent pas la joie et les ornements d'ici-bas. Ils ont manifesté une conduite religieuse et ont montré des degrés de piété qu'il n'est pas en mon pouvoir de suivre.
J'ai su que la noble conduite religieuse et la vraie piété forment un océan dans lequel ne peuvent que se noyer mes semblables, et qu'un homme comme moi ne peut honorer comme il se doit. Leurs mérites étaient clairs à mes yeux, et j'ai vu clairement la valeur de leurs conseils, j'ai su avec certitude que ce sont eux qui marchent sur la voie de l'au-delà et prennent pour modèles les Messagers. Ce sont les chandelles de celui qui cherche la lumière et les guides de celui qui cherche la bonne voie.
J'ai cherché leur voie avec ardeur en puisant dans leurs précieuses vertus, agréant leurs nobles manières et aimant à me conformer à leurs enseignements. Nul ne les vaut à mes yeux et je ne leur préfère personne. Allâh m'a orienté vers un savoir dont la preuve est manifeste à mes yeux et Il m'a éclairé de son bienfait. Je nourris l'espoir que quiconque le reconnaît et s'y attache sera sauvé.
J'ai vu avec certitude que celui qui œuvre en concordance avec ce savoir aura le Secours et celui qui s'en éloigne dévie. J'ai vu les voiles envelopper le cœur de celui qui l'ignore ou le renie. J'ai vu l'argument suprême avec celui qui le comprend. J'ai donc vu qu'il m'était indispensable de faire mien ce savoir ; j'y ai cru en mon for intérieur, je l'ai embrassé dans mon esprit et j'en ai fait le fondement de ma foi. Sur ce savoir, j'ai édifié mes œuvres et en lui j'ai installé mes états. J'ai invoqué Allâh de m'accorder la gratitude en retour à cette faveur dont Il m'a comblé et de me renforcer dans l'observance de ce qu'Il m'a fait connaître. Cependant, je suis conscient de mon incapacité à accomplir cela comme il se doit et de mon impuissance, et jamais je ne pourrais remercier Allâh comme il se doit. » [11]
6.`Abd Al-Qâhir Al-Baghdâdî, que Dieu lui fasse miséricorde
Le grand Imâm, l'argument des gens du Kalâm, `Abd Al-Qâhir Al-Baghdâdi, que Dieu lui fasse miséricorde, dit dans son livre Al-Farq Bayna Al-Firaq (Les Différences entre les Groupes) :
« Chapitre I de cette Partie : Exposé sur les différentes branches des gens de la Sunnah.
Sachez, qu'Allâh vous accorde le bonheur, que les gens de la Sunnah appartiennent à huit catégories :
Première catégorie : ceux qui ont le savoir du Tawhîd (Monothéisme Pur), de la Prophétie, des règles relatives à la Promesse et à la Menace (Ahkâm Al-Wa`d wa Al-Wa`îd), de la rétribution, du châtiment, des conditions de l'Ijtihâd [12], de l'Imâmat et du leadership...
Deuxième catégorie : Les Imâms de la jurisprudence (Fiqh) des deux écoles - celle de l'opinion (Ra'y) et celle du Hadîth - parmi ceux qui croient en les Attributs Anciens et Eternels d'Allâh comme partie intégrante des fondements de la religion et qui ont désavoué les Qadariyyah et des Mu`tazilites. Ces savants droits ont affirmé l'éternité du bien-être et du confort pour les gens du Paradis, et l'éternel séjour des mécreants en Enfer. Ils ont reconnu la légitimité de Abû Bakr, de `Umar, de `Uthmân et de `Alî. Ils n'ont pas tari d'éloge sur les pieux prédécesseurs de la communauté. Ils ont affirmé le devoir d'accomplir la prière du vendredi derrière les imâms qui se sont innocentés des gens de la passion et de l'égarement. Ils ont cru au devoir de faire les déductions subtiles des lois (Al-Istinbât) à partir du Coran et de la Sunnah reconnue par l'unanimité des Compagnons. Rentrent dans cette catégorie les compagnons de Mâlik, d'Ash-Shâfi`î, d'Abû Hanîfah et d'Ahmad Ibn Hambal - qu'Allah les agrée.
Troisième catégorie : ceux qui ont le savoir des voies narratives par lesquelles sont parvenus les récits et les traditions du Prophète - paix et benediction d'Allâh sur lui - et qui ont discerné les narrations authentiques de celles entachées de défauts, ainsi que les principes du Jarh et du Ta`dîl [13], sans mêler à leur science quelque innovation présente chez les gens des passions déviantes.
Quatrième catégorie : des gens qui ont eu la connaissance de la majeure partie de la littérature, de la grammaire et de la déclinaison, et qui ont marché sur les pas des imâms de la Langue, comme Al-Khalîl, Abû `Amr Ibn Al-`Alâ et Sîbaweih.
Cinquième catégorie : ceux qui ont le savoir des lectionnaires du Coran (Qirâ'ât Al-Qur'ân), de l'éxégèse de ses versets (Tafsîr), leur interprétation (Ta'wîl) selon les écoles de jurisprudence des gens de la Sunnah, en s'ecartant des interprétations des gens de la passion déviante.
Sixième catégorie : les ascètes soufis qui ont vu et se sont détournés des futilités, qui ont experimenté et ont tiré la moralité. Ils ont accepté ce que Dieu leur accorde et se sont contentés de peu. Ils ont su que l'ouïe, la vue et le cœur seront tous interrogés sur le bien et le mal, questionnés sur tout - fût-ce du poids d'un atome. Ils ont ainsi fait la meilleure préparation pour le Jour du Retour. Et leurs propos se font par la voie de l'expression ainsi que par le signe, à l'image de gens du Hadith parmi ceux qui n'achètent pas les propos futiles. Ils ne font point le bien par hypocrisie, et ne le délaissent pas par timidité, leur pratique religieuse est basée sur le (Tawhîd) et la négation de l'anthropomorphisme (Tashbîh). Leur voie consiste à se confier à Allah - Exalté soit-Il - à compter sur Lui, à s'en remettre à Lui et à se soumettre à Son Ordre. Ils se contentent de ce qu'Il leur attribue comme bien et s'éloignent de toute objection contre Sa volonté. Telle est la Grâce d'Allah, Il l'accorde à qui Il veut. Et Allah est le Détenteur de l'énorme Grâce. [14].
Septième catégorie : Des gens en veille aux frontières des pays musulmans, prêts à contrer les mécreants, accomplissant le jihâd envers les ennemis de l'Islam et protégeant les musulmans.
Huitième catégorie : les différents pays où prédominent les principes des gens de la Sunnah, par opposition aux terres où sont apparus les slogans des gens de l'égarement… » [15].
7. L'Imâm Al-Qushayrî, que Dieu lui fasse miséricorde
Dans la préface de sa célèbre Risâlah, l'Imâm Abû Al-Qâsim Al-Qushayrî, que Dieu lui fasse miséricorde, dit au sujet des Soufis : « Dieu a fait de ce groupe l'élite de Ses Alliés bien-aimés (Awliyâ'). Il les a préférés à tous Ses serviteurs, hormis les Prophètes et les Messagers, que la paix soit sur eux. Il a fait de leurs cœurs le réceptacle de Ses Secrets. Il les a privilégiés par rapport à toute la communauté par des manifestations lumineuses. Pour eux, Dieu accorde le soutien aux gens.
Dans tous leurs états, ils sont avec le Vrai, par le Vrai. Dieu les a purifiés des impuretés humaines et les a élevés au degré de la contemplation de ce qu'Il leur a manifesté comme vérités de l'Unicité. Il les a aidés à honorer comme il se doit l'éthique de la servitude envers Lui. Il leur a montré la manifestation des Ordres de la Seigneurie.
Ils ont ainsi accompli les devoirs qui leur incombent. Ils ont adhéré véridiquement aux dons que Dieu leur a accordés, puis ils sont retournés vers Dieu - Exalté soit-Il - par la pauvreté sincère envers Lui et le brisement. Ils ne se sont pas fiés aux œuvres qu'ils ont accomplies ni aux états qu'ils ont obtenus, car ils savent que Dieu - Exalté soit-Il - fait ce qu'Il veut, Il élit qui Il veut parmi Ses Serviteurs (…), Sa rétribution est un bienfait de Lui, Son Châtiment est un Jugement équitable et Son Ordre est une destinée certaine. » [16].
8. L'Imâm Al-Ghazâlî, que Dieu lui fasse miséricorde
Et voilà les propos de l'Argument de l'Islam, Abû Hâmid Al-Ghazâlî, que Dieu lui fasse miséricorde, lorsqu'il a parlé, dans son livre Al-Munqidh min Ad-Dalâl [17], des Soufis, de leur comportement et de leur voie authentique menant à Dieu : "J'ai su avec certitude que les Soufis sont les itinérants vers Dieu, que leurs historiques sont les meilleurs de tous, leur voie est la plus correcte de toutes et leurs manières sont les plus nobles et les plus pures. »
Puis il a répondu à ceux qui critiquent les Soufis et les attaquent : « En somme, que diront ceux-là d'une voie dont la purification - qui en est la condition première - consiste à purifier le cœur entièrement de tout ce qui est autre que Dieu - Exalté soit-Il ? Que diront-ils d'une voie dont la clef est l'entière absorption du cœur dans la mention de Dieu et son terme est l'entière extinction (Fanâ' bil-Kuliyyah) pour Dieu ? » [18].
Nous avons fractionné la Cinquième Partie du livre de Sheikh `Abd Al-Qâdir `Isâ Al-Halabî Al-Husaynî en trois chapitres.
Abû Hanîfah est l'un des quatre célèbres Imâms du Fiqh. Il décéda à Bagdad en 150 A.H.
L'Imâm Mâlik est l'un des quatre grands Imâms du Fiqh. Il décéda à Médine en 179 A.H.
La Hâshiyah, v. 3 p. 195, de l'érudit Alî Al-`Adawî, en marge du commentaire de la `Izziyyah (dans le Fiqh Malékite) composé par l'Imâm Az-Zurqânî. Voir aussi le commentaire de Zayn Al-`Ilm wa Zayn Al-Hilm, v. 1. p. 33, par l'Imâm Mullâ `Alî Al-Qârî (décédé en 1014 A.H.).
[4] l'Imâm Ash-Shâfi`î est l'un des quatre grands Imâms du Fiqh. Il décéda en Egypte en 204 A.H.
[5] Ta'yîd Al-Haqîqah Al-`Aliyyah, p. 15, par l'Imâm Jalâl Ad-Dîn As-Suyûtî.
[6] Kâshif Al-Khafâ' wa Muzîl Al-Albâs `ammâ ishtahara min Ahâdith `alâ Alsinat An-Nâs, v. 1 p. 341, par l'Imâm Al-`Ajlûnî (décédé en 1162 A.H.).
[7] L'Imâm Ahmad est l'un des quatre célèbres Imâms du Fiqh. Il décéda à Médine en 241 A.H.
[8] Tanwîr Al-Qulûb, p. 405, par l'érudit Sheikh Amîn Al-Kurdî, décédé en 1332 A.H.
[9] Le wajd : état d'extase mystique.
[10] Ghidhâ' Al-Albâb Sharh Mandhûmat Al-Âdâb, v.1 p. 120.
[11] Al-Wasâyâ, pp. 27-32, par l'Imâm Abû `Abd Allâh Al-Hârith Al-Muhâsibî, décédé en 243 A.H. Le livre Al-Wasâyâ est un livre de référence du Tasawwuf.
[12] Effort intellectuel, produit par un savant habilité, pour déduire une jugement légal concernant une question n'ayant pas de réponse explicite dans les sources primaires de la législation islamique. NdT
[13] Le Jarh et le Ta`dîl : Science traitant de la critique et de la réhabilitation des narrateurs des traditions.
[14] Sourate Al-Jumu`ah, verset 4.
[15] Al-Farq Bayna Al-Firaq, p. 189, par l'Imâm Abd Al-Qâhir Al-Baghdâdî, décédé en 429 A.H.
[16] Ar-Risâlah Al-Qushayriyyah, p. 2, de l'Imâm Abû Al-Qâsim Al-Qushayrî, décédé en 465 A.H.
[17] Al-Munqidh min Ad-Dalâl : Le Sauveur de l'Egarement.
[18] Al-Munqidh Min Ad-Dalâl, p. 131, de l'Argument de l'Islam Al-Ghazâlî, décédé en 505 A.H.
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TEXTE NUMERO 6
Vérités sur le soufisme
Section : Témoignages des Savants
Témoignages des savants (2/3)
Le lundi 22 septembre 2003.
9. L'Imâm Fakhr Ad-Dîn Ar-Râzî, , que Dieu lui fasse miséricorde
Le grand érudit et célèbre exégète, l'Imâm Fakhr Ad-Dîn Ar-Râzî, que Dieu lui fasse miséricorde, dit dans son livre I`tiqâdât Firaq Al-Muslimîn wa Al-Mushrikîn (Croyances des groupes musulmans et celles des groupes polythéistes) : « Partie 8, au sujet des états des Soufis : Sache que la plupart de ceux qui recensèrent les groupes de la communauté ne mentionnèrent pas les Soufis. Ceci est une erreur de leur part. En effet, la quintessence de la pensée des Soufis est que la voie pour connaître Dieu consiste à se purifier et s'élever au-dessus des attachements matériels. C'est une bonne voie. » Il dit également : « Les Soufis sont des gens préoccupés par la méditation et l'élévation au-dessus des attachements matériels. Ils se dépensent pour que leur for intérieur soit constamment occupé par Dieu, Exalté Soit-Il, dans tous leurs comportements et oeuvres, observant une exemplaire beinséance avec Dieu, Exalté et Glorifié Soit-Il. Ceux-là sont les meilleurs humains. » .
10. Al-`Izz Ibn `Abd As-Salâm, que Dieu lui fasse miséricorde
Le Sultan des Savants, `Izz Ad-Dîn Ibn `Abd As-Salâm, que Dieu leur fasse miséricorde dit : « Les Soufis s'appuyèrent sur les bases de la Sharî'ah (Législation islamique) qui ne s'effondrent ni dans l'ici-bas ni dans l'au-delà, alors que les autres en restèrent à des apparences (Rusûm). Parmi les choses qui en témoignent, citons leurs prodiges (karamât). Il s'agit là d'un des dons que Dieu leur accorde, montrant qu'Il est satisfait d'eux. Et si la science sans oeuvre satisfaisait le Vrai, qu'Il Soit Exalté, Il aurait comblé ses détenteurs de prodiges, même si ils n'oeuvraient pas comme eux. Mais il n'en est rien, il n'en est rien. »
11. L'Imâm An-Nawawî, que Dieu lui fasse miséricorde
L'Imâm An-Nawawî, que Dieu lui fasse miséricorde, dit dans son épître Al-Maqâsid :
« Les fondements de la Voie du Tasawwuf sont au nombre de cinq :
1. La crainte révérencielle envers Dieu, et ce, en public comme en privé.
2. Suivre la Sunnah dans les œuvres et les paroles.
3. S'écarter des futilités des gens et ne pas avoir recours à eux.
4. Être satisfait de Dieu, qu'Il te donne peu ou prou.
5. Avoir toujours recours à Dieu dans les moments heureux comme dans l'adversité. »
12. Ibn Taymiyah, que Dieu lui fasse miséricorde
Ahmad Ibn Taymiyah, que Dieu lui fasse miséricorde, parla de l'attachement des (vrais) Soufis au Coran et à la Sounnah, dans le 10ème volume de Madjmû` Al-Fatâwâ : "Quant aux gens de la droiture parmi les itinérants vers Dieu, comme la plupart des Sheikhs du Salaf, Al-Fudayl Ibn `Iyâd, Ibrâhîm Ibn Adham, Abû Sulaymân Ad-Dârânî, Ma`rûf Al-Karkhî, As-Sirrî As-Saqtî, Al-Junayd Ibn Muhammad [4], et d'autres parmi les prédécesseurs, ou encore des contemporains comme, Sheikh `Abd Al-Qâdir [5], Sheikh Hammâd [Ad-Dabbâs], Sheikh Abû Al-Bayân, et d'autres, ils refusent que l'itinérant vers Dieu fasse une entorse aux ordres et aux interdits, quand bien même il volerait en l'air ou marcherait sur l'eau. Au contraire, ils exigent qu'il applique les ordres divins et s'écarte des interdits jusqu'à son dernier souffle. Et ceci est la vérité enseignée par le Coran et la Sunnah, et le consensus du Salaf. Cela revient souvent dans leurs paroles. » [6].
13. L'Imâm Ash-Shâtibî, que Dieu lui fasse miséricorde
Sous le titre « l'Imâm Ash-Shâtibî, un soufi et un salafi », le magazine Al-Muslim dirigé par Al-`Ashîrah Al-Muhammadiyyah, publia un article d'As-Sayyid Abû At-Tuqâ Ahmad Khalîl : « Le livre Al-I`tisâm est considéré comme un livre référence pour les prétendants à la salafiyyah dans certaines de leurs opinions ; ils voient en le Sheikh Abû Ishâq Ash-Shâtibî un de leurs Imâms. L'Imâm Ash-Shâtibî y rédigea de nobles chapitres dans le Tasawwuf islamique. Il prouve que le Tasawwuf fait pleinement partie de la religion et qu'il n'est point une chose innovée. Il traita largement de la question au point de laisser muettes les langues et de soumettre le cœur et la raison. Tendons une oreille attentive aux propos de l'Imâm Ash-Shâtibî :
« De nombreux ignorants pensent que les Soufis font preuve d'une souplesse négligente dans l'application de la loi et s'attachent au respect de choses que la Législation n'a pas imposées, que ce soit dans leurs dires ou œuvres. Loin d'eux de tomber dans cela dans leurs paroles ou actes ! En effet, la première chose sur laquelle ils bâtirent leur voie, c'est l'application assidue de la Sunnah et l'éloignement de ce qui la contredit, au point que le compilateur et le pilier de leur voie, Abû Al-Qâsim Al-Qushayrî dit : On les appela Soufis pour les distinguer des gens de l'innovation. »
Il évoqua le fait que les musulmans après la mort du Messager, paix et bénédiction de Dieu sur lui, les plus illustres parmi eux ne reçurent de titre autre que celui de « compagnon », car nul honneur ne surpasse la compagnie du Messager de Dieu. Puis les gens après eux furent appelés « successeurs ». Après cela, les gens varièrent et les rangs divergèrent. L'élite des gens - ceux qui accordent le plus grand soin à la religion - furent appelés « ascètes » (Zuhhâd) et « dévots » (`Ubbâd). Mais les innovations apparurent et chaque groupe prétendit compter des ascètes et des dévots dans ses rangs. L'élite de Ahl As-Sunnah, ceux qui observent leur relation avec Dieu et préservent leurs cœurs de la négligence, furent appelés Soufis. » [7]
14. Ibn Khaldûn, que Dieu lui fasse miséricorde
Ibn Khaldûn, que Dieu lui fasse miséricorde, dit en évoquant la discipline du Tasawwuf dans sa Muqaddimah : « Cette discipline fait partie des disciplines islamiques formalisées récemment (Hâdithah) dans la religion. Son origine remonte aux pieux prédécesseurs de la communauté (Salaf Al-Ummah) et ses maîtres parmi les Compagnons et ceux qui les suivirent sur la voie de la vérité et de la guidance. Son fondement consiste à se consacrer à l'adoration de Dieu, se diriger entièrement vers Lui en s'écartant du reste - notamment des ornements de la vie ici-bas -, l'ascétisme et le désintérêt vis-à-vis des biens qui attirent les humains en matière de jouissance, fortune et honneur. Il réside aussi dans le délaissement des gens, pour se diriger vers Dieu et se livrer à la retraite solitaire pour l'adoration ; cela était commun à l'époque des Compagnons et des prédécesseurs de la communauté. Mais lorsque l'attachement à la vie terrestre devint monnaie courante à partir du IIème siècle (après le Messager), et que les gens prirent goût à ses ornements, le titre « Soufi » fut attribué à ceux qui, au contraire, se dépensaient dans l'adoration de Dieu. » [8]
15. Tâj Ad-Dîn As-Subkî, que Dieu lui fasse miséricorde
Sheikh Tâj Ad-Dîn As-Subkî, que Dieu lui fasse miséricorde, écrivit dans son livre Mu`îd An-Ni`am wa Mubîd An-Niqam, sous le titre « Les Soufis » : « Que Dieu leur accorde longue vie, qu'Il les garde et qu'Il nous réunisse avec eux dans le paradis. Les paroles se sont multipliées à leur compte et les opinions ont grandement divergé à leur sujet. La raison est que beaucoup ignorent leur vérité, à cause de nombreux intrus qui se réclament d'eux. (…) La vérité est que ce sont des gens qui se sont détournés des artifices de l'ici-bas, préoccupés par les œuvres de dévotion. » Puis il aborda les définitions du Tasawwuf et dit : « En somme, ce sont les gens de Dieu (Ahlullâh) et Son élite. La Miséricorde de Dieu est espérée lorsqu'ils sont évoqués et la pluie descend par leurs invocations. Que Dieu les agrée et qu'Il nous agrée avec eux. » [9]
16. Jalâl Ad-Dîn As-Suyûtî, que Dieu lui fasse miséricorde
Le célèbre érudit Jalâl Ad-Dîn As-Suyûtî, que Dieu lui fasse miséricorde, dit : "Le Tasawwuf, par son essence même, est une noble science. Il consiste à appliquer la Sunnah, délaisser les innovations, désavouer l'ego, ses habitudes, ses vils intérêts, ses penchants et ses choix personnels, pour se soumettre pleinement à Allâh, en étant satisfait de Lui et de Sa Volonté, en recherchant son Amour et en voyant que toute autre chose est vaine... Je vis que de nombreux intrus se réclamèrent du Tasawwuf en essayant d'imiter les Soufis alors qu'ils n'en sont pas. Ils introduisirent dans le Tasawwuf ce dont il est innocent, ce qui conduisit certains à penser le mal de l'ensemble des Soufis. Les gens de science appelèrent à la distinction entre les deux catégories, afin que l'on différencie les gens de la vérité des gens de la déviance. Je méditai alors les choses que les imâms de la loi reprochèrent sévèrement aux Soufis, je vis que tout véritable Soufi en était innocent. En revanche, je trouvai cela dans les gens de l'innovation et de l'immodération qui prétendent être des Soufis alors qu'ils ne le sont guère." [10]
pp. 72-73, I`tiqâdât Firaq Al-Muslimîn wa Al-Mushrikîn, de l'Imâm Fakhr Ad-Dîn Ar-Râzî, décédé en 606 A.H. dans la vile de Harâh.
p. 6, Nûr At-Tahqîq, de Sheikh Hâmid Saqr.
Al-Maqâsid fî At-Tawhîd wa Al-`Ibâdah wa Usûl At-Tasawwuf de l'Imâm An-Nawawî, p. 20. L'Imâm An-Nawawî décéda en 676 A.H., à Nawâ, un village en Syrie.
[4] Il s'agit du Sheikh des Soufis, l'Imâm Al-Junayd Ibn Muhammad Al-Baghdâdî. NdT
[5] Il s'agit du Faucon Gris, Sheikh `Abd Al-Qâdir Al-Jilânî, que Dieu l'agrée. Sheikh Ibn Taymiyah avait beaucoup d'estime pour Sheikh `Abd Al-Qâdir et fit son éloge à diverses occasions. NdT
[6] Madjmû` Fatâwâ Ahmad Ibn Taymiyah, pp. 516-517, v. 10.
[7] Le magazine Al-Muslim de Al-`Ashîrah Al-Muhammadiyyah, numéro de Dhi'l-Qi`dah 1373 A.H.
[8] Al-Muqaddima d'Ibn Khaldûn, p. 328. Il s'agit de `Abd Ar-Rahmân Ibn Abî Bakr Muhammad Ibn Khaldûn Al-Hadramî. Il naquit en 732 A.H. et décéda en 808 A.H.
[9] Mu`îd An-Ni`am wa Mubîd An-Niqam, de l'Imâm Tâj Ad-Dîn `Abd Al-Wahhâb As-Subkî, p. 119., décédé en 771 A.H.
[10] Ta'yîd Al-Haqîqah Al-`Aliyyah, de l'érudit Jalâl Ad-Dîn As-Suyûtî, p. 57, décédé en 911 A.H.
Vérités sur le soufisme
Section : Témoignages des Savants
Témoignages des savants (2/3)
Le lundi 22 septembre 2003.
9. L'Imâm Fakhr Ad-Dîn Ar-Râzî, , que Dieu lui fasse miséricorde
Le grand érudit et célèbre exégète, l'Imâm Fakhr Ad-Dîn Ar-Râzî, que Dieu lui fasse miséricorde, dit dans son livre I`tiqâdât Firaq Al-Muslimîn wa Al-Mushrikîn (Croyances des groupes musulmans et celles des groupes polythéistes) : « Partie 8, au sujet des états des Soufis : Sache que la plupart de ceux qui recensèrent les groupes de la communauté ne mentionnèrent pas les Soufis. Ceci est une erreur de leur part. En effet, la quintessence de la pensée des Soufis est que la voie pour connaître Dieu consiste à se purifier et s'élever au-dessus des attachements matériels. C'est une bonne voie. » Il dit également : « Les Soufis sont des gens préoccupés par la méditation et l'élévation au-dessus des attachements matériels. Ils se dépensent pour que leur for intérieur soit constamment occupé par Dieu, Exalté Soit-Il, dans tous leurs comportements et oeuvres, observant une exemplaire beinséance avec Dieu, Exalté et Glorifié Soit-Il. Ceux-là sont les meilleurs humains. » .
10. Al-`Izz Ibn `Abd As-Salâm, que Dieu lui fasse miséricorde
Le Sultan des Savants, `Izz Ad-Dîn Ibn `Abd As-Salâm, que Dieu leur fasse miséricorde dit : « Les Soufis s'appuyèrent sur les bases de la Sharî'ah (Législation islamique) qui ne s'effondrent ni dans l'ici-bas ni dans l'au-delà, alors que les autres en restèrent à des apparences (Rusûm). Parmi les choses qui en témoignent, citons leurs prodiges (karamât). Il s'agit là d'un des dons que Dieu leur accorde, montrant qu'Il est satisfait d'eux. Et si la science sans oeuvre satisfaisait le Vrai, qu'Il Soit Exalté, Il aurait comblé ses détenteurs de prodiges, même si ils n'oeuvraient pas comme eux. Mais il n'en est rien, il n'en est rien. »
11. L'Imâm An-Nawawî, que Dieu lui fasse miséricorde
L'Imâm An-Nawawî, que Dieu lui fasse miséricorde, dit dans son épître Al-Maqâsid :
« Les fondements de la Voie du Tasawwuf sont au nombre de cinq :
1. La crainte révérencielle envers Dieu, et ce, en public comme en privé.
2. Suivre la Sunnah dans les œuvres et les paroles.
3. S'écarter des futilités des gens et ne pas avoir recours à eux.
4. Être satisfait de Dieu, qu'Il te donne peu ou prou.
5. Avoir toujours recours à Dieu dans les moments heureux comme dans l'adversité. »
12. Ibn Taymiyah, que Dieu lui fasse miséricorde
Ahmad Ibn Taymiyah, que Dieu lui fasse miséricorde, parla de l'attachement des (vrais) Soufis au Coran et à la Sounnah, dans le 10ème volume de Madjmû` Al-Fatâwâ : "Quant aux gens de la droiture parmi les itinérants vers Dieu, comme la plupart des Sheikhs du Salaf, Al-Fudayl Ibn `Iyâd, Ibrâhîm Ibn Adham, Abû Sulaymân Ad-Dârânî, Ma`rûf Al-Karkhî, As-Sirrî As-Saqtî, Al-Junayd Ibn Muhammad [4], et d'autres parmi les prédécesseurs, ou encore des contemporains comme, Sheikh `Abd Al-Qâdir [5], Sheikh Hammâd [Ad-Dabbâs], Sheikh Abû Al-Bayân, et d'autres, ils refusent que l'itinérant vers Dieu fasse une entorse aux ordres et aux interdits, quand bien même il volerait en l'air ou marcherait sur l'eau. Au contraire, ils exigent qu'il applique les ordres divins et s'écarte des interdits jusqu'à son dernier souffle. Et ceci est la vérité enseignée par le Coran et la Sunnah, et le consensus du Salaf. Cela revient souvent dans leurs paroles. » [6].
13. L'Imâm Ash-Shâtibî, que Dieu lui fasse miséricorde
Sous le titre « l'Imâm Ash-Shâtibî, un soufi et un salafi », le magazine Al-Muslim dirigé par Al-`Ashîrah Al-Muhammadiyyah, publia un article d'As-Sayyid Abû At-Tuqâ Ahmad Khalîl : « Le livre Al-I`tisâm est considéré comme un livre référence pour les prétendants à la salafiyyah dans certaines de leurs opinions ; ils voient en le Sheikh Abû Ishâq Ash-Shâtibî un de leurs Imâms. L'Imâm Ash-Shâtibî y rédigea de nobles chapitres dans le Tasawwuf islamique. Il prouve que le Tasawwuf fait pleinement partie de la religion et qu'il n'est point une chose innovée. Il traita largement de la question au point de laisser muettes les langues et de soumettre le cœur et la raison. Tendons une oreille attentive aux propos de l'Imâm Ash-Shâtibî :
« De nombreux ignorants pensent que les Soufis font preuve d'une souplesse négligente dans l'application de la loi et s'attachent au respect de choses que la Législation n'a pas imposées, que ce soit dans leurs dires ou œuvres. Loin d'eux de tomber dans cela dans leurs paroles ou actes ! En effet, la première chose sur laquelle ils bâtirent leur voie, c'est l'application assidue de la Sunnah et l'éloignement de ce qui la contredit, au point que le compilateur et le pilier de leur voie, Abû Al-Qâsim Al-Qushayrî dit : On les appela Soufis pour les distinguer des gens de l'innovation. »
Il évoqua le fait que les musulmans après la mort du Messager, paix et bénédiction de Dieu sur lui, les plus illustres parmi eux ne reçurent de titre autre que celui de « compagnon », car nul honneur ne surpasse la compagnie du Messager de Dieu. Puis les gens après eux furent appelés « successeurs ». Après cela, les gens varièrent et les rangs divergèrent. L'élite des gens - ceux qui accordent le plus grand soin à la religion - furent appelés « ascètes » (Zuhhâd) et « dévots » (`Ubbâd). Mais les innovations apparurent et chaque groupe prétendit compter des ascètes et des dévots dans ses rangs. L'élite de Ahl As-Sunnah, ceux qui observent leur relation avec Dieu et préservent leurs cœurs de la négligence, furent appelés Soufis. » [7]
14. Ibn Khaldûn, que Dieu lui fasse miséricorde
Ibn Khaldûn, que Dieu lui fasse miséricorde, dit en évoquant la discipline du Tasawwuf dans sa Muqaddimah : « Cette discipline fait partie des disciplines islamiques formalisées récemment (Hâdithah) dans la religion. Son origine remonte aux pieux prédécesseurs de la communauté (Salaf Al-Ummah) et ses maîtres parmi les Compagnons et ceux qui les suivirent sur la voie de la vérité et de la guidance. Son fondement consiste à se consacrer à l'adoration de Dieu, se diriger entièrement vers Lui en s'écartant du reste - notamment des ornements de la vie ici-bas -, l'ascétisme et le désintérêt vis-à-vis des biens qui attirent les humains en matière de jouissance, fortune et honneur. Il réside aussi dans le délaissement des gens, pour se diriger vers Dieu et se livrer à la retraite solitaire pour l'adoration ; cela était commun à l'époque des Compagnons et des prédécesseurs de la communauté. Mais lorsque l'attachement à la vie terrestre devint monnaie courante à partir du IIème siècle (après le Messager), et que les gens prirent goût à ses ornements, le titre « Soufi » fut attribué à ceux qui, au contraire, se dépensaient dans l'adoration de Dieu. » [8]
15. Tâj Ad-Dîn As-Subkî, que Dieu lui fasse miséricorde
Sheikh Tâj Ad-Dîn As-Subkî, que Dieu lui fasse miséricorde, écrivit dans son livre Mu`îd An-Ni`am wa Mubîd An-Niqam, sous le titre « Les Soufis » : « Que Dieu leur accorde longue vie, qu'Il les garde et qu'Il nous réunisse avec eux dans le paradis. Les paroles se sont multipliées à leur compte et les opinions ont grandement divergé à leur sujet. La raison est que beaucoup ignorent leur vérité, à cause de nombreux intrus qui se réclament d'eux. (…) La vérité est que ce sont des gens qui se sont détournés des artifices de l'ici-bas, préoccupés par les œuvres de dévotion. » Puis il aborda les définitions du Tasawwuf et dit : « En somme, ce sont les gens de Dieu (Ahlullâh) et Son élite. La Miséricorde de Dieu est espérée lorsqu'ils sont évoqués et la pluie descend par leurs invocations. Que Dieu les agrée et qu'Il nous agrée avec eux. » [9]
16. Jalâl Ad-Dîn As-Suyûtî, que Dieu lui fasse miséricorde
Le célèbre érudit Jalâl Ad-Dîn As-Suyûtî, que Dieu lui fasse miséricorde, dit : "Le Tasawwuf, par son essence même, est une noble science. Il consiste à appliquer la Sunnah, délaisser les innovations, désavouer l'ego, ses habitudes, ses vils intérêts, ses penchants et ses choix personnels, pour se soumettre pleinement à Allâh, en étant satisfait de Lui et de Sa Volonté, en recherchant son Amour et en voyant que toute autre chose est vaine... Je vis que de nombreux intrus se réclamèrent du Tasawwuf en essayant d'imiter les Soufis alors qu'ils n'en sont pas. Ils introduisirent dans le Tasawwuf ce dont il est innocent, ce qui conduisit certains à penser le mal de l'ensemble des Soufis. Les gens de science appelèrent à la distinction entre les deux catégories, afin que l'on différencie les gens de la vérité des gens de la déviance. Je méditai alors les choses que les imâms de la loi reprochèrent sévèrement aux Soufis, je vis que tout véritable Soufi en était innocent. En revanche, je trouvai cela dans les gens de l'innovation et de l'immodération qui prétendent être des Soufis alors qu'ils ne le sont guère." [10]
pp. 72-73, I`tiqâdât Firaq Al-Muslimîn wa Al-Mushrikîn, de l'Imâm Fakhr Ad-Dîn Ar-Râzî, décédé en 606 A.H. dans la vile de Harâh.
p. 6, Nûr At-Tahqîq, de Sheikh Hâmid Saqr.
Al-Maqâsid fî At-Tawhîd wa Al-`Ibâdah wa Usûl At-Tasawwuf de l'Imâm An-Nawawî, p. 20. L'Imâm An-Nawawî décéda en 676 A.H., à Nawâ, un village en Syrie.
[4] Il s'agit du Sheikh des Soufis, l'Imâm Al-Junayd Ibn Muhammad Al-Baghdâdî. NdT
[5] Il s'agit du Faucon Gris, Sheikh `Abd Al-Qâdir Al-Jilânî, que Dieu l'agrée. Sheikh Ibn Taymiyah avait beaucoup d'estime pour Sheikh `Abd Al-Qâdir et fit son éloge à diverses occasions. NdT
[6] Madjmû` Fatâwâ Ahmad Ibn Taymiyah, pp. 516-517, v. 10.
[7] Le magazine Al-Muslim de Al-`Ashîrah Al-Muhammadiyyah, numéro de Dhi'l-Qi`dah 1373 A.H.
[8] Al-Muqaddima d'Ibn Khaldûn, p. 328. Il s'agit de `Abd Ar-Rahmân Ibn Abî Bakr Muhammad Ibn Khaldûn Al-Hadramî. Il naquit en 732 A.H. et décéda en 808 A.H.
[9] Mu`îd An-Ni`am wa Mubîd An-Niqam, de l'Imâm Tâj Ad-Dîn `Abd Al-Wahhâb As-Subkî, p. 119., décédé en 771 A.H.
[10] Ta'yîd Al-Haqîqah Al-`Aliyyah, de l'érudit Jalâl Ad-Dîn As-Suyûtî, p. 57, décédé en 911 A.H.
- issa
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Ecrit le 11 févr.04, 20:11
je ne vois pas en quoi tout ces hadith et encore moins les verset coraniques induisent comme pensées soufie? peut tu me cité un ou deux versets a la fois (afin que je ne me noie pas sous le flot de verset)avec une explication qui "conduit" a idee soufie ? merci ainsi nous pourons posement discute de chaque verset cela sera plus facile pour ma comprehension et celle d eventuel lecteur car la je doit avouer que je me noie un peu sous tout ses versets donc si possible un ou deux a la fois histoire de discuter plus posement merci encore de ta gentillesse a l avance
- spiritualité_soufie
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Ecrit le 11 févr.04, 20:57
bon désolé issa d'avoir à te parler comme cela mais tu exagères un peu trop. Tu m'as demandé des éclaircissements à partir du coran et de la tradition prophétique. J'ai mis un temps fou pour les mettre à ta dispositions et tu esquives encore en me demendant de ne te mettre que les versets et ahadiths. Là je ne peux plus rien pour toi car je constate que tu es de mauvaise foi.
Tu fais comme les salafis de bas étage , tu demandes des versets coraniques et des ahadiths.
Si c'est ceci dont tu as besoin prends le coran les livres qui recencent les ahadiths , lis les et puis c'est tout.
Les preuves on ne peut plus explicites te sont données dans les textes que je te fais parvenir et tu ni prêtes aucune attention.
Restes avec tes idées psychiques. Pour toi l'islam c'est le mental.
Tu n'as même pas pris la peine de lire mes textes , j'en suis persuadé.
Alors je te laisse et je préfère 1000 fois mieux discuter avec d'autres croyants qu'avec un rationnaliste comme toi.
Tu fais comme les salafis de bas étage , tu demandes des versets coraniques et des ahadiths.
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Tu n'as même pas pris la peine de lire mes textes , j'en suis persuadé.
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- spiritualité_soufie
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Ecrit le 12 févr.04, 19:58
je sais parfaitement à qui j'ai à faire avec toi car une fois mis les versets coraniques , tu me diras " ah mais tes commentaires ne m'interéssent pas...".
Donc je vais poursuivre mes textes sur ce forum à l'attention des nobles âmes.
Quant à toi fais ce qu'il te plait.......comme le stipule un hadith.
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- issa
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Ecrit le 13 févr.04, 05:43
es tu Allah (que dieu pardonne) pour savoir si j ai une noble ame?non bien sur ,je croit que tu ne veux pas mettre les verset un par un car tu sait que je demonterais tes arguments partant des verset un par un car le soufisme ne vient pas d Allah ,ni du porphete(saw) cela vient de l esprit de vos savants voila la verite eclatante
- spiritualité_soufie
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Ecrit le 13 févr.04, 07:14
al hamdulillah ma petite technique a parfaitement fonctionnée !!!
Il sufisait simplement de te mettre comme face à un miroir pour enfin que tu puisses nous dévoiler le fond de te pensée !!!!
C'était ce à quoi je m'employais depuis le début avec toi sachant parfaitement à qui j'avais à faire.
Tu vois que cela ne servait à rien de répondre à tes questions car en définitive tes questions apparaissaient comme des questions mais elles étaient des leurres car en toi même ce sont TES réponses que tu recherchais.
Ne les ayant pas trouvées , ton égo , décidemment instatisfait a triomphé dans toute sa gloire et à consenti à nous apparaitre tel qu'il est !
Il sufisait simplement de te mettre comme face à un miroir pour enfin que tu puisses nous dévoiler le fond de te pensée !!!!
C'était ce à quoi je m'employais depuis le début avec toi sachant parfaitement à qui j'avais à faire.
Tu vois que cela ne servait à rien de répondre à tes questions car en définitive tes questions apparaissaient comme des questions mais elles étaient des leurres car en toi même ce sont TES réponses que tu recherchais.
Ne les ayant pas trouvées , ton égo , décidemment instatisfait a triomphé dans toute sa gloire et à consenti à nous apparaitre tel qu'il est !
- issa
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Ecrit le 13 févr.04, 23:07
ou alors autre hypothese,tu sais tres bien au fond de toi que le soufisme n est pas d institution coranique ni du prophetes ce pourquoi tu evitait de repondre a mes questions car cela serais impossible ?si comme tu le dit j ai des idee toutes faites et que le coran et le hadith montre le soufisme,je t invite a me donner 1 ou 2 versets afin que nous puissions en discute dansl e cas contraire cela signifie qu il ya aucun verset amenant au soufisme
- Jean
- issa
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Ecrit le 14 févr.04, 07:15
j avais comprit jean dou le terme"autre hypothese" au preface de mon message, par contre je suis ouvert bien sur si il me montre parl e coran (verset par verset pour que nous puissions en discuter) que le soufisme est vraiment d inspiration coranique ou encore qu il fut initie par le prophete (notre prophete dit ,ma communaute se divisera en 73 sectes et seul une entrera directement au paradis,c est celle qui s attache fermement au coran et a ma sounna (tradition) donc voila pourquoi je tiens tant a voir si le soufisme vient du prophete ou si c est un bida'(innovation) initie par les savants soufis)
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